samedi 26 décembre 2015

Déchéance de nationalité : l'impossible synthèse

Francois Hollande est passé, aux yeux de certains, maitre en l'art de la synthèse. Après les attentats de novembre, il a tenté, sous couvert d'unité nationale, une impossible synthèse : les idées du Front National ne sont pas conciliables avec l'égalité républicaine.

Du temps où il dirigeait le PS, François Hollande était reconnu pour son art de la synthèse. Il parvenait à faire signer un texte commun aux tenants de positions diamétralement opposées. 
Ceux qui ne s'intéressent qu'à la politique politicienne louaient son sens tactique. Ceux qui se préoccupent des mesures applicables concrètement savaient qu'on ne progresse pas en rassemblant sur le plus petit dénominateur commun.
Les synthèses de François Hollande sont à la politique ce que la sophistique est à la philosophie, un leurre.
Après les attentats de novembre 2015, François Hollande a voulu, sous couvert d'unité nationale, faire une synthèse en reprenant les propositions issues de partis opposés.
Mais les idées du Front National ne sont pas conciliables avec l'égalité républicaine : cette synthèse là est impossible.

jeudi 24 décembre 2015

Déchéance de nationalité, état d'urgence : les dangers du hollandisme sécuritaire

Déchéance de nationalité, état d'urgence : le hollandisme sécuritaire, sous couvert d’union nationale et de lutte contre le terrorisme et sous couvert de lutte contre la progression de l’extrême droite en France, d’une part valide les thèses portées par l’extrême droite en les reprenant à son compte et d’autre part contribue à la division des français recherchée par les terroristes eux-mêmes.

En réaction aux attentats de janvier 2015, François Hollande et son gouvernement ont fait voter une loi sur le renseignement donnant une nouvelle orientation à la politique sécuritaire française. Les droites françaises, prises de court, après avoir ergoté, ne purent qu’approuver.
En réaction aux attentats de novembre 2015,  François Hollande a tenu, devant le Parlement réuni en congrès, à Versailles, un discours guerrier, annonçant la mise en place de l’état d’urgence et de plusieurs mesures sécuritaires.
Il était alors important d’une part de montrer aux Français que l’Etat prenait la mesure du danger et ne restait pas inactif, afin d’éviter que chacun cherche à se faire justice soi-même en trouvant des boucs émissaires, et d’autre part d’envoyer un signal fort et de fermeté aux terroristes qui préparaient de nouvelles attaques contre la France.
Pour autant ce n’est pas parce que François Hollande, au lendemain des attentats, reprenait à son compte une idée que nous avions combattue lorsqu’elle était défendue par Nicolas Sarkozy, Nadine Morano et Marine Le Pen que cette idée doive soudain nous sembler positive. Ou alors disons clairement que Nicolas Sarkozy, Nadine Morano et Marine Le Pen avaient raison avant nous tous.
Alors que la loi sur le renseignement, le nouvel usage de la notion de guerre et la constitutionnalisation de l’Etat d’urgence concernent directement tous les français, le débat public se focalise sur la déchéance de nationalité des binationaux nés en France. Revenons sur les éléments du débat.

vendredi 18 décembre 2015

Délit de solidarité : Claire, 72 ans, condamnée pour un peu d'humanité

Le TGI de Grasse vient de rétablir le délit de solidarité, pourtant supprimé par le gouvernement en janvier 2014, au détriment de Claire, 72 ans, pour avoir aidé deux réfugiés à rejoindre la gare d'Antibes. Menottée, interrogée et placée en garde à vue durant 24h, Claire a été traitée comme une dangereuse délinquante...

Claire a 72 ans. Maître de conférences à la retraite, Claire est une bénévole associative, une militante de la solidarité et de l'entraide.
Claire a été menottée, placée en garde à vue durant 24h, son domicile perquisitionné et son téléphone portable mis sous scellées.
Aujourd'hui, 18 décembre 2015, Claire vient d'être condamnée à 1500€ d'amende par le TGI de Grasse.
Son délit ?
Avoir accompagné deux réfugiés à la gare d'Antibes en voiture, leur permettant de déjouer les contrôles de police. 
Le délit de solidarité, c'est-à-dire le fait d'aider l'entrée ou le sejour de personnes en situation irrégulière (sans contrepartie et sans risque d'atteinte à la dignité humaine des personnes aidées) a pourtant été supprimé en janvier 2014 par le gouvernement. C'était même un engagement de campagne du candidat François Hollande.
Ce qui choque dans l'affaire de Claire c'est, d'une part, le fait qu'elle ait été traitée comme une dangereuse délinquante, allant jusqu'à la menotter, et, d'autre part, qu'il ne s'agit à l'évidence pas d'une passeuse mais d'une militante associative. 
A l'heure où l'on apprend à nos jeunes que les Justes parmi les Nations ont bravé l'interdit et le danger pour ce qu'ils estimaient être juste, on condamne une septuagénaire pour un geste de solidarité et d'humanité.

vendredi 11 décembre 2015

Elections régionales PACA, l'abstentionnisme et le vote blanc

Le retrait de liste du PS en PACA laisse les électeurs de gauche orphelins. Beaucoup souhaitent manifester leur rejet des deux candidatures en lice sans pour autant s'abstenir. Pour cela, le vote blanc doit devenir bloquant. Car les Français ne se désintéressent pas de la politique, c'est l'offre politique qui est en inadéquation profonde avec leurs attentes.

"Inadmissible", "honteux", "scandaleux"... les mots sont forts et les témoignages nombreux. Le retrait de la liste PS-PRG-MRC en PACA laisse des électeurs de gauche orphelins, au bord de la nausée, avec le sentiment amer de s'être fait piégés. Impossible de voter pour une liste réellement républicaine au second tour puisqu'il n'y en a plus aucune en lice. On leur demande alors de choisir, selon la très juste expression de Jean-Luc Mélenchon, entre deux "nuances de xénophobie".
La responsabilité collective est grande dans la montée du Front National, depuis une trentaine d'années, à droite comme à gauche.
A gauche, depuis Mitterrand bien sûr, mais encore plus depuis l'arrivée au pouvoir de François Hollande. "Le changement c'est maintenant" s'est mué en la démonstration froide d'une incapacité profonde à proposer un projet de société, une vision fédératrice de l'avenir, tant le prisme de pensée de nos gouvernants s'est emmuré dans une politique libérale austéritaire empêchant toute relance économique et toute action refondatrice. Le ressentiment et le dégoût du peuple sont à la hauteur de son espérance déçue.

lundi 7 décembre 2015

Elections régionales : le retrait de liste, une faute politique majeure

Au lendemain du 1er tour des élections régionales, le retrait de listes PS constitue une faute politique majeure. Elle fausse le choix démocratique du 2nd tour et prive les citoyens d'élus de gauche pour défendre leurs intérêts à la Région. Etre candidat à une élection c'est assumer la fonction d'élu même dans l'opposition, même dans l'ombre, dossier après dossier. Un renoncement de plus.

Au lendemain du 1er tour des élections régionales 2015, le retrait de listes PS constitue une faute politique majeure.
On comprend bien évidemment le choix de ne pas porter directement et nominativement la responsabilité de l'accession du FN aux responsabilités régionales. Et ce choix constitue un réel dilemme moral.

mercredi 25 novembre 2015

Souviens toi l'été dernier : la Côte d'Azur, une plage de sable et... le roi d'Arabie Saoudite

Été 2015, la République s'efface devant le roi d'Arabie Saoudite, privatisant pour lui une plage publique au nom du partenariat financier entre le pays des Lumières et le pays de l'islamisme radical. Cet épisode est un symbole de la dérive de la politique étrangère française qui, renonçant à ses valeurs, renonce peu à peu à peser dans le monde et à parler au nom des droits de l'Homme.

Nous étions nombreux, l'été dernier, à nous émouvoir de la privatisation d'une plage azuréenne au profit du roi d'Arabie Saoudite (lire ici et ici).

Je me souviens d'élus locaux nous expliquant qu'il fallait penser aux retombées économiques du royal séjour, le roi venant avec une suite de 1000 personnes venant consommer chez nous, avec près de 800 chambres réservées.

Je me souviens des décomptes précis des bénéfices attendus pour la restauration, l'hôtellerie et les commerces des villes voisines publiés dans la presse azuréenne.

Je me souviens du sous-Prefet de Grasse, représentant de l'État, nous expliquant que l'on ne pouvait froisser l'Arabie Saoudite qui "a fourni un milliard d'euros pour équiper l'armée libanaise en armes françaises."

Le drame tout entier de la politique étrangère française est contenu dans ce type d'affaires : prétendre être le pays des droits de l'Homme tout en les reniant pour de l'argent.

vendredi 20 novembre 2015

"Nique ta mère toi le juif !"

De retour à Nice après une journée à Marseille, dans une ruelle près de la gare, j'entends sur mon passage un "Nique ta mère toi le juif !" suivi, lorsque je me suis retourné, d'un "Ouais c'est ça y s'est reconnu, bâtard" et de quatre rires gras.
Sur l'instant, je ne me suis pas senti insulté ni même affecté, j'étais comme hébété, pris de court tellement cela me semblait irréel, vous savez, comme si vous étiez spectateur d'une scène et tout d'un coup vous réalisiez que non, ça vous arrive vraiment... puis j'ai passé mon chemin.
J'ai partagé cette mésaventure sur les réseaux sociaux et j'ai reçu depuis de très nombreux messages de soutien et de sympathie. Je vous remercie tous de ces témoignages de solidarité.
Pour la petite histoire, je suis un athée convaincu d'origine juive, une origine visiblement bien visible...  Et je ne me sens juif que dans le regard de l'antisémite.
De nombreuses personnes subissent des violences physiques ou verbales racistes, homophobes, islamophobes ou judéophobes récurrentes. J'ai juste été insulté une fois dans la rue, dans ma ville, à Nice. Ce n'est pas un drame mais c'est un symptôme supplémentaire du risque de division et de rejet de l'autre qui nous guette. Nous vivons une période douloureuse où la peur de nouveaux attentats nous plonge dans une tension permanente.

vendredi 13 novembre 2015

Manuel Valls, fossoyeur

Que d'éminentes personnalités politiques s'étonnent publiquement de la stratégie de Manuel Valls de fusion des listes régionales socialistes avec les listes "Les Républicains", relève au mieux d'une sidérante naïveté, au pire d'un cynisme assumé.
Manuel Valls, fossoyeur libéral et sécuritaire d'une gauche agonisante, poursuit méthodiquement son oeuvre.
Mais revenons un instant sur la stratégie de la défaite proposée par le premier ministre.
Le projet d'un Front Républicain n'est envisageable qu'avec de véritables républicains, ce que le parti politique "Les Républicains" n'est pas.
L'UMP est progressivement passée d'une droite décomplexée à une droite extrême ne faisant que promouvoir des thèses nationalistes et xénophobes. Puis elle s'est renommée, comme si porter le nom de "républicain" la dispensait définitivement de l'être.

dimanche 1 novembre 2015

La France, c'est chacun d'entre nous. Réponse à la Fédération des Musulmans du Sud

La Fédération des Musulmans du Sud (FMS) a publié le 30 octobre 2015, via Facebook, une "Lettre à France" à la fois sincère et révélatrice des contradictions qui tourmentent aujourd'hui une partie de nos compatriotes de confession musulmane.
Je la retranscris ici en intégralité et me propose d'y apporter quelques éléments de réponse susceptibles, je l'espère, d'alimenter notre réflexion commune.
"Lettre à France:
Nous sommes à un tournant de ton Histoire. Un tournant où nous, Français musulmans, issus de l'immigration ou pas, attendons que tu reconnaisses tes erreurs et les répare. 

Peut-être sommes nous bercés d'illusions mais nous voulons y croire.
Croire que nos livres ne mentaient pas lorsqu'ils nous décrivaient une France multiculturelle, laïque et loin des discriminations.
Malheureusement plus le temps avance et plus la situation pour nous devient insupportable. Il ne se passe pas une journée sans que nous ne soyons le sujet fétiche des médias. Ce principe de laïcité, qui devait garantir notre liberté est devenu notre bourreau. Chaque jour, au nom de l'Etat laïc, tu exclus.
Aujourd'hui, on est loin de cette France des années 80-90 où l'Etat Islamique et Daesh n'existaient pas.
Le problème c'est qu'après chaque attentat, chaque horreur perpétrée par ces monstres, tu en profites pour restreindre nos libertés. Que tu l'admettes ou pas, tu nous tiens pour complices.
Il est normal que tu luttes contre les attaques terroristes et que tu prennes les mesures nécessaires pour les neutraliser, mais tu dois aussi comprendre que cette lutte ne se fera pas sans nous.
Quel type de message crois-tu envoyer à nos enfants lorsque des établissements refusent que des mères voilées puissent les accompagner à des sorties scolaires? Tu les attaques à travers ce qu'ils ont de plus cher, leur maman. Ce n'est pas la meilleure façon de faire naître un sentiment de patriotisme. Tu produiras l'effet inverse et tu le sais, mais peut-être que ça te plaît. Tu pourras ensuite accuser les jeunes de se communautariser. Alors qu'en réalité, tu es seule à devoir en porter la responsabilité.
Sur la question du voile, il faut accepter qu'une tenue vestimentaire relève des libertés individuelles. Il est inconcevable que tu puisses encore envisager qu'en 2015, les femmes voilées le sont parce qu'elles sont forcées et que tu dois à tout prix les libérer. Ce paternalisme post-colonial doit cesser. Le voile n'est pas un signe de soumission même si tu t'évertues à le présenter comme tel.
Mais si seulement tu t'étais arrêtée au voile...
Tu nous parles aujourd'hui de nos repas. Viande halal et repas sans porc sont devenus des sujets récurrents. Pourquoi vouloir encore t'occuper de ce qui se trouve dans nos assiettes? Les repas de substitution à la cantine ont toujours existé, sauf qu'en 2015, la France est Charlie. Donc à la réponse, comment stigmatiser encore un peu plus les musulmans, tu répondras par cette polémique stérile. L'école ce lieu de vivre-ensemble et d'apprentissage montre nos enfants du doigt.
Il n'est pas trop tard pour que tu reprennes tes esprits et que cette période noire ne devienne qu'un mauvais souvenir.
Il n'est pas trop tard pour que ta devise "Liberté, Égalité, Fraternité" retrouve son sens.
Il n'est pas trop tard pour que tu ne fasses plus de différences entre tes enfants. Les enfants de cette République.
Qu'Allah te bénisse.
La Fédération des Musulmans du Sud"

mardi 20 octobre 2015

Polygone Riviera, symbole d'une urbanisation commerciale en dépit du bon sens ?

Il aura fallu 20 morts durant les terribles inondations de la nuit du 3 au 4 octobre pour que la question de l'urbanisation et l'imperméabilisation des sols soit enfin posée dans le débat azuréen. 
L'inauguration en grandes pompes d'un nouveau centre commercial proche d'un cours d'eau classé "zone rouge", trois semaines à peine après le drame, résonne comme une insulte faite aux victimes, à leurs proches et à tous les sinistrés.
En effet, le Polygone Riviera de Cagnes Sur Mer sera inauguré demain 21 octobre 2015. Il est situé dans une zone historiquement marécageuse, à côté du Malvan, un cours d'eau classé "à risques" et par endroit "zone rouge". On annonce pourtant fièrement l'ouverture du premier centre commercial de France à ciel ouvert, avec 70 000 m2 de surface commerciales, 150 boutiques, 24 restaurants, 1 casino, 1 cinéma et 3 000 places de parking en sous-sol, vous savez, ce sous-sol déjà inondé par les intempéries il y a trois semaines à peine...

samedi 17 octobre 2015

Referendum socialiste : à la recherche d'une légitimité perdue

Le PS veut organiser un referendum sur l'union de la gauche aux élections régionales dès le premier tour. 
La logique veut pourtant que chaque parti interroge ses propres adhérents sur la stratégie électorale pour savoir s'ils souhaitent des unions avec les autres partis, sous quelles formes et à quel moment, ce que les autres formations politiques de gauche ont fait.
Le PS, lui, veut interroger au delà de ses rangs, dans des conditions plus qu'aléatoires, pour trouver une légitimité qu'il n'a pas à proposer une union d'une gauche qu'il ne représente plus.
Ce referendum résonne donc comme un terrible constat d'échec, celui d'une perte de légitimité à incarner les valeurs communes de la gauche suite à trois années de libéralisme appliqué méthodiquement par le gouvernement.

mercredi 7 octobre 2015

De la droite décomplexée à l’extrême droite

Qui sème le sarkozysme récolte Morano
Déferlement de haine, d'islamophobie et de racisme. Les digues volent en éclats. Les barrières patiemment érigées contre la haine s'effondrent pendant que l'on dresse des barbelés et des murs à nos frontières. Ceux-là même qui veulent le retour de la morale à l'école ne savent plus où se situe le bien et le mal. Ceux-là même qui parlent du vivre ensemble traquent l'ennemi de l'intérieur et désignent le bouc émissaire. De vagues de terreurs en vagues de rancœurs, la France écume de rage.
Overdose médiatique autour d'un Zemmour au grand récit national maurrassien, obsession idenditaire réactionnaire d'un Finkielkraut, retour au droit du sang et culte de l'autorité d'un Ciotti, troisième guerre mondiale et cinquième colonne d'un Estrosi, préférence nationale soudain devenue politiquement correcte lorsqu'il s'agit de préférer un SDF français à un réfugié étranger, préférence confessionnelle assumée lorsqu'il s'agit de préférer un réfugié chrétien à un réfugié musulman, racisme grossier d'une Nadine Morano faisant presque passer Nicolas Sarkozy pour un "républicain"... Le débat public français est saturé de xénophobie. Car il ne faut pas s'y tromper, Nadine Morano n'est qu'un symptôme. Mais de quel mal plus profond est-elle alors la manifestation ?
Depuis de longues années les médias nous parlent de "dérapage" de telle ou telle personnalité. On nous a parlé de "proximité" entre droite et extrême droite, puis de "porosité" et de "collusion". Enfin on a évoqué une "droite extrême" proche de l'extrême droite. Le Front National, en dénonçant l'UMPS, s'il rejetait ainsi dos à dos les partis traditionnels, tentait surtout de masquer sa gémellité nouvelle avec l'UMP. La droite française, de son côté, a dû s'autoproclamer républicaine pour tenter de se rassurer sur sa propre identité politique. Car à force de vouloir séduire l'électorat frontiste elle a dû parler le langage et adopter les réflexes de l’extrême droite. Afin d'apparaître comme le dernier rempart face au FN, elle a tout simplement fait une OPA sur le corpus idéologique du Front National.

dimanche 20 septembre 2015

Il faut toujours avoir un Macron à recadrer

Emmanuel Macron n'en finit plus de saper les fondations de la maison socialiste, et, plus largement, de la gauche. Hier la réduction du temps de travail, aujourd'hui le statut des fonctionnaires. Il ne semble pas exister de "ligne jaune" pour ce ministre qui, lui, sera soutenu "jusqu'au bout".

Alors bien sûr, aucun sujet ne doit rester tabou pour qui veut briser un à un tous les totems. Freud en redemanderait. Les Républicains s'en frottent les mains.

Autrefois c'est Manuel Valls qui jouait à gauche le rôle du démineur, jusqu'à proposer de changer le nom et donc une partie de l'identité du parti, jusqu'à tenir des propos et des positions sur les Roms dignes d'un Charles Pasqua, sûrement inspiré par le Nicolas Sarkozy de 2007, grand pourfendeur des tabous de notre temps (double peine, laïcité, identité nationale, travailler plus, etc).

Mais à quoi bon, aujourd'hui, embaucher et donc donner un micro à un briseur de totems ? La réponse est simple, tellement simple qu'elle en est redoutablement efficace : pour se recentrer.

Avoir un Macron à recadrer, c'est devenir le garant des acquis sociaux, endosser le costume du protecteur, se faire, à moindre frais, le défenseur de ce qui nous rassemble encore.

Manuel Valls permet à Francois Hollande, depuis les primaires de 2011, de ne pas être l'homme de gauche le plus à droite de la gauche. Mais, Valls devenu premier ministre, il lui est difficile, voir impossible de continuer à jouer ce rôle tout en étant le chef d'orchestre de la politique gouvernementale.

La situation frisait l'impasse. Hollande invente alors Macron, le droitier utile, celui qui permet au chef de l'Etat et au premier ministre de se recentrer. Macron, le ministre qui ferait presque passer Valls pour un homme de gauche...

Francois Hollande apparaît alors en véritable stratège. Il a réussi là où Nicolas Sarkozy avait echoué : l'ouverture. Sarkozy croyait que débaucher des personnalités de gauche lui permettrait de se recentrer tout en continuant à chasser l'électeur sur terres d'extrême droite. Hollande, lui, recrute dans son propre camp des hommes de droite pour en déplacer le centre de gravité vers le centre.

A chaque sortie médiatique de feu Manuel Valls le démineur, le centre de gravité de la gauche gouvernementale se déplaçait de deux pas vers la droite. A chaque recentrage de Francois Hollande ce centre de gravité revenait un pas en arrière vers la gauche. Mais au final, le gouvernement et le parti socialiste inféodé avaient bien fait un pas vers la droite.

Valls devenu garant de l'unité du gouvernement, c'est Macron qui pousse à droite : deux pas à droite avec Macron, un pas à gauche avec Valls ou Hollande pour se recentrer. Et au final, on a encore avancé d'un pas vers la droite.

Que François Hollande recadre Macron ou que Manuel Valls le soutienne, le mal est fait : on a laissé un ministre d'un gouvernement issu de la gauche valider la remise en question faite depuis des années par la droite du statut des fonctionnaires. Encore un pas de plus vers la droite.

Cette nouvelle stratégie des petits pas aboutit à un repositionnement constant du gouvernement et de son parti vassalisé au centre de l'échiquier politique, ce qui est clairement le but recherché.

Comment devenir le protecteur des acquis qui ne sont pas encore menacés tout faisant sauter une à une les digues qui contenait le libéralisme ? En créant artificiellement cette menace.

François Hollande veut casser le code du travail. Comment faire ? Facile !

1. Macron fait peser une menace sur les 35h et les fonctionnaires.

2. La presse alimente le buzz. La gauche tombe dans le panneau en ne s'en prenant qu'à Macron, parfois à Valls mais sans jamais ou très rarement inquiéter Hollande.

3. Tantôt demander à Valls de le recadrer ou le recadrer soi même, tantôt le recadrer tout en demandant à Valls de le soutenir.

4. Pendant ce temps, déconstruire tranquillement le code du travail, détruire ce qui protégeait les salariés, appliquer un libéralisme froid, méthodique, implacable précisément parce qu'il est imposé par ceux-là même qui devaient le combattre.

Emmanuel Macron et Manuel Valls ne peuvent agir comme ils le font que parce que François Hollande le veut bien. Faire sauter un fusible n'a jamais changé le système.

C'est terrible pour ces petites PME qui luttent pour ne pas fermer. C'est dramatique pour ces familles qui luttent jour après jour pour ne pas sombrer dans la précarité. C'est extrêmement grave pour des millions de français.

Ces petites stratégies politiciennes de captation et de conservation du pouvoir affaiblissent toujours un peu plus les véritables forces productrices de notre pays au profit des grands groupes financiers et des exigences démesurées du MEDEF, bref, au profit de ce "monde de la finance" hier adversaire déclaré et aujourd'hui partenaire privilégié.

Et l'on s'étonne que les citoyens n'aillent plus voter.

jeudi 17 septembre 2015

Accueillir en tirant les leçons du passé

On essaie de nous faire croire que la vie d'un SDF français vaut plus que la vie d'un réfugié étranger, comme si l'on devait opposer la misère de l'un à la souffrance l'autre, comme si la préférence nationale, hier honteuse et illégale, devenait aujourd'hui la norme. Mais nous, humanistes, nous savons que l'on ne classe pas les êtres, décrétant qui mérite de vivre et qui peut mourir.
On essaie de nous faire admettre que la vie d'un demandeur d'asile chrétien vaut plus que la vie d'un demandeur d'asile musulman, comme si tout musulman était un terroriste potentiel, comme si à la préférence nationale des uns devait s'ajouter la préférence religieuse des autres. Mais nous, héritiers de la tradition des Lumières, universalistes et républicains, nous ne sommes pas de ceux qui classent les êtres en fonction de leur confession. Nous défendons une France qui demeure un pays laïque, respectant toutes les croyances. Nous refusons de traiter différemment les individus en fonction de leur origine, leur race, leur genre ou leur religion.

samedi 12 septembre 2015

Demandeurs d’asile : « Les Chrétiens seulement » ou l’invention de la préférence religieuse

Nous connaissions la préférence nationale chère au FN, portée par le fameux slogan « Les Français d’abord ! ».  
"Les Républicains" sont en train d’inventer une préférence religieuse qui pourrait, dans le cas spécifique de l’accueil des demandeurs d’asile, se résumer par la formule : « Les Chrétiens seulement ! »
La question de l’accueil des demandeurs d’asile agit, depuis l’invitation piégeuse du Ministre de l’intérieur aux maires de France à participer à leur prise en charge, comme un révélateur de la doctrine politique de chacun. Depuis, la ligne politique des « Républicains » oscille entre le meilleur et le pire.


Le maire "Les Républicains" de Roanne, Yves Nicolin, affirme qu'il est normal d'accueillir des réfugiés s'ils sont chrétiens mais refuse d'accueillir des réfugiés musulmans car il souhaite avoir « l'absolu certitude que ce ne sont pas de terroristes déguisés ».



mardi 8 septembre 2015

L'accueil des demandeurs d'asile, le choc des identités

La menace terroriste, l'afflux des demandeurs d'asile ou les récurrentes questions liées à la laïcité sont autant d'occasions pour les leaders politiques de définir leur ligne politique, les contours de leur idéologie. 
S'inscrivant dans le champ théorique du choc des civilisations cher à Huntington, les droites françaises nous entraînent peu à peu dans la spirale néfaste d'un choc des identités. Nous devons prendre la mesure de ce processus afin d’en anticiper les conséquences.
Le choc des identités
Alors qu'un élu est sensé défendre les intérêts de l'ensemble des citoyens qu'il représente, certains élus "Les Républicains" affirment aujourd'hui haut et fort leur appartenance à une civilisation donnée, la civilisation judéo-chrétienne.
François Fillon déclarait il y a peu que nous devions accueillir les réfugiés "sinon nous ne serions pas digne de notre héritage chrétien", préférant ainsi se référer à une identité religieuse plutôt qu'à une tradition humaniste.

samedi 29 août 2015

71ème anniversaire de la libération de Nice

Le 28 août 1944, comme le dira plus tard le Général de Gaulle, "Nice, par l'héroïque sacrifice de ses enfants, s'est libérée de ses occupants."
Ils sont 32 combattants niçois, dont les noms restent gravés sur des plaques de marbre devant lesquelles nous passons tous les jours, sans même parfois les remarquer.
32 noms, 32 vies données pour la liberté, pour notre liberté.
Parmi eux, Verdun Vial, Antoine Suarez, Jean Badino ou Raymond Albin, respectivement 28, 39, 20 et 33 ans, une jeunesse sacrifiée.
Raymond Albin, tenant son poste place Arson, touché à 14h, tout d'abord transporté par son chef Antoine Anelli à l'école Barla, decèdera ensuite à l'hôpital Saint Roch.
Raymond Albin, je passe régulièrement devant ton nom gravé sur une plaque de marbre en emmenant ma fille à l'école. Hommage à toi et à tes frères d'armes et, d'un niçois libre et trop souvent insouciant, "merci".

jeudi 13 août 2015

Pourquoi je n'irai pas à "Gaza sur Prom"

Citoyen engagé à Nice, on me sollicite pour rejoindre la manifestation "Gaza sur Prom" organisée aujourd'hui à Nice pour protester contre le fameux "Tel-Aviv sur Seine" organisé à Paris par Anne Hidalgo.
Une réponse rapide pour expliquer pourquoi je refuse de participer à cette initiative.
1. Tel-Aviv n'est pas Israel
Tel-Aviv, ville progressiste, doit être soutenue. La condamner en condamnant Israël revient à manquer de discernement et à adopter une posture manichéenne.
La maire de Paris, Anne Hidalgo, s'est expliquée très clairement sur son choix (lire l'intégralité de son communiqué ici) :
Même dans le contexte enlisé et violent du conflit israélo-palestinien, Tel-Aviv reste une ville ouverte à toutes les minorités, y compris sexuelles, créative, inclusive, en un mot une ville progressiste, détestée à ce titre en Israël par tous les intolérants.
C’est à Tel-Aviv qu’ont eu lieu les manifestations de solidarité les plus impressionnantes avec la famille de l’enfant palestinien brûlé vif par des fanatiques. Et c’est de là-bas que, le 1er août, son oncle a pris la parole pour s’adresser à la foule venue partager sa douleur.
(...) je ne saurais rendre une ville ou une population comptable de la politique de son gouvernement. Ce serait mépriser la démocratie locale et donc la démocratie tout court.
S’agissant ici de la première ville d’opposition en Israël, ce serait au mieux grotesque, au pire contre-productif. On peut condamner la politique du gouvernement Nétanyahou sans punir la population israélienne et nous punir nous-mêmes en refusant tout échange permettant d’apprendre à nous connaître.
Nos pactes d’amitié avec Tel-Aviv ou Haïfa ne nous ont pas empêchés en tant que ville, de reconnaître la Palestine avant l’Etat français ; d’être solidaires de la population de Gaza en mobilisant des aides d’urgence après les destructions de l’été dernier, et surtout d’avoir avec des villes palestiniennes, comme Jéricho et Bethléem, parmi nos plus importantes coopérations décentralisées en cours dans le monde.

mardi 11 août 2015

Nice, l'islam et l'art de ne rien comprendre

L'édition du 8 août 2015 de Nice Matin révèle, au détour d'une affaire de salle de prière, un condensé de l'incurie d'une classe dirigeante et son inaptitude profonde à appréhender l'évolution sociétale qui s'impose pourtant à elle.

"Ce n'est pas entendable"
Une association qui loue un local servant de lieu de culte depuis 14 ans se voit expulsée. Faute de lieu suffisamment proche et suffisamment grand pour les accueillir, les fidèles décident de prier au pied d'une tour d'immeuble.
Nous sommes à Nice, à Bon Voyage, l'un des quartiers défavorisés de la ville, et ils sont deux cents à prier ainsi dehors, depuis près de neuf mois.
Le maire de la ville, Christian Estrosi, grand défenseur de la laïcité devant l’Éternel, déclare qu'il s'en référera au Préfet si la situation perdure.
Nice Matin a alors la bonne idée d'interviewer Dominique Estrosi Sassone, présidente du principal bailleur social local, Côte d'Azur Habitat, par ailleurs conseillère municipale et métropolitaine, adjointe au maire au logement, vice-présidente du conseil départemental, secrétaire générale de la fédération des offices publics de l’habitat, sénatrice (membre de la commission spéciale sur le projet de loi pour la croissance, membre de la commission nationale chargée de l'examen du respect des obligations de logements sociaux,  membre du conseil national des villes) et secrétaire nationale à l'industrie du parti "Les Républicains."

dimanche 26 juillet 2015

Vallauris : le roi arrive, la République s'efface

Le roi d'Arabie Saoudite, Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, est arrivé en France hier soir, samedi 25 juillet 2015. Installé dans sa résidence à Vallauris, dans les Alpes-Maritimes, la polémique sur sa venue s'est cristallisée autour de la privatisation temporaire de la plage attenante à sa propriété.

Deux éléments sont particulièrement choquants dans cette affaire : les faits et les justifications données par l'Etat.

Les faits :

Interdire d'accès au public une plage publique au bénéfice d'un individu isolé ou d'un groupe restreint de personnes est contraire à la loi littorale. Cette loi, qui, d'ordinaire, s'applique avec fermeté au quidam, est, cette fois-ci, allègrement contournée par l'Etat qui autorise sa transgression. "Selon que vous soyez puissant ou misérable..." disait La Fontaine. Malheureusement, cette entorse n'a rien d'une fable et révèle une violence symbolique que l'Etat, visiblement, a sous-estimée.

L'espace public, la chose publique, c'est la Res Publica, notre République. Son libre accès et son égal usage sont le socle de l'égalité républicaine. Sa privatisation est le symbole de l'inégalité.

Des travaux d'aménagement pour interdire l'accès à la plage aux riverains et, inversement, faciliter l'accès à cette plage au roi ont été entrepris sans autorisation. Les riverains interloqués ont alerté la Préfecture qui a assuré avoir fait stopper ces travaux et a précisé que le souverain saoudien s'était mis en conformité avec le droit français.

Une pétition a été signée massivement (cliquez ici). La presse suit l'événement avec attention. 

Trois arrêtés préfectoraux ont été pris : interdiction d'accéder à la plage, de survoler la plage et la résidence, de plonger et de naviguer autour de la plage tant que le souverain sera là, c'est-à-dire une bonne partie du mois d'août.

Mais, encore une fois, c'est le symbole de l'inégalité dont il est ici question bien plus que de la privation concrète d'un droit : le roi arrive, la République s'efface.

Les justifications données par l'Etat :

L'Etat s'est exprimé, en deux temps, par la voix du sous-préfet de Grasse, Philippe Castanet.

Dans un premier temps, lors d'une interview donnée à Nice Matin le 22 juillet, le sous-préfet donne une justification proprement hallucinante du non respect du droit républicain : l'argent.

Le sous-préfet précise : "Si l'enjeu d'un visite du roi d'Arabie Saoudite avec plus de mille personne à ses côtés n'a aucune importante, qu'on le dise clairement." Selon lui, cette visite va "faire tourner l'industrie touristique", le roi venant avec "une suite qui va énormément consommer" et qui "a réservé 400 chambres" via l'ambassade et "un nombre équivalent à titre privé".

Voilà pour l'argument touristique. Le sous-préfet a visiblement oublié ses leçons sur la distinction entre intérêt général et intérêts privés. Mais il enfonce le clou : le souverain saoudien, dont le pays est "engagé dans des conflits au côté de la France" (...) "a fourni un milliard d'euros pour équiper l'armée libanaise en armes françaises."

Tout est dit. Acheter ou faire acheter des armes françaises vaut bien le sacrifice temporaire d'une plage, et de l'égalité républicaine avec.

Bref, la République s'achète, c'est le représentant de l'Etat qui nous le dit.

Ce n'est pas le droit qui s'impose, ce n'est pas même la personnalité du roi en question qui pèse dans la balance, c'est l'argent qui est roi.

Dans un second temps, en répondant au Monde, le sous-préfet de Grasse donnera un argument plus diplomatique : « Dans le contexte actuel, il est impossible de faire coexister un chef d’Etat en exercice, qui plus est engagé sur des terrains de guerre, avec des riverains (...). La France a le devoir de protéger les chefs d’Etat des pays alliés qui la visite, et l’Arabie saoudite en fait partie. »

Ce que ne dit qu'à demi-mots cette déclaration, c'est que l'Arabie Saoudite, longtemps soupçonnée de financer le terrorisme, s'est convertie à la lutte contre le terrorisme et contre l'argent du terrorisme et est devenue récemment un allié stratégique indispensable contre Daesh.

Peu importe donc, que l'on bafoue la loi pour le chef d'un Etat faisant le lit du fondamentalisme depuis des décennies, appliquant la charia de façon intransigeante et procédant à de nombreuses persécutions en violation totale du droit international, en témoigne si besoin les châtiments infligés à Raif Badawi (cliquez ici).

La raison d'Etat a ses raisons que la raison ne connaît pas. Mais ce que l'Etat a oublié, se faisant, c'est que le sentiment d'injustice a des ressorts insoupçonnés, et que la violence symbolique de l'inégalité alimente colère et ressentiment.

C'est pourtant bien François Hollande qui avait promis une "démocratie exemplaire".

Et l'on s'étonne que les citoyens n'aillent plus voter...

mardi 21 juillet 2015

Règlements de comptes à Nice : une classe politique immorale

Nice, centre-ville, quartier de la gare, mai 2015. Une jeune femme est tuée par balle, en pleine tête, sous les yeux de ses deux jeunes enfants. La presse nationale en parle, Paris Match s'émeut et reprend l'information. Même quartier, une rue plus loin, à quelques semaines d'intervalle, décès d'un SDF d'un coup de couteau. Quelques lignes à peine dans une brève de la presse locale. L'affaire est moins "sensationnelle". Le quartier de la gare est coutumier du fait. Résignation et indifférence générale y règnent tandis qu'une brigade de policiers municipaux montés du segway, lancée avec trompette et fanfare un an auparavant par le maire de la ville, sillonne fièrement l'avenue Jean Médecin, principale artère commerçante, à 200 mètres à peine de là.
Nice, les Moulins, l'Ariane, juillet 2015. Deux morts dans les deux dernières semaines dans les banlieues de la 5ème ville de France, trois depuis le début de l'année 2015. Une victime collatérale, une dame qui rentrait chez elle, blessée par une balle perdue. "Règlements de compte liés à la drogue", "tué par balle dans le véhicule où il s'était réfugié", "la victime a reçu au moins dix balles", "narco banditisme", "rixe entre une vingtaine de personnes", "quartiers défavorisés", les mots clefs repris par la presse masquent la douloureuse réalité. La presse parle un peu des deux premières victimes, dans les rubriques "faits divers" ou "insécurité", puis s'emballe à propos de la troisième : les politiques entrent dans la danse médiatique.

samedi 20 juin 2015

lundi 15 juin 2015

Quitter le PS pour rester socialiste

Je suis entré au Parti Socialiste en 2006. Adhérent de la section "Nice Massena" puis à "Nice 9", j'y ai rencontré des camarades sincères et désintéressés, avec qui nous avons milité et débattu des heures durant avec un plaisir sans cesse renouvelé.
Mandataire d'Arnaud Montebourg depuis la si belle campagne des primaires ouvertes en 2011, j'ai été directeur de campagne au niveau fédéral pour les présidentielles de 2012 (organisation des opérations "Tous sur le pont !", des porte-à-porte et des meetings, dont ceux de de Christiane Taubira et de François Hollande) puis membre des instances fédérales et secrétaire fédéral au laboratoire des idées. J'ai également été coordinateur du projet municipal pour la campagne de Patrick Allemand à Nice, en 2014, que j'ai secondé et soutenu autant qu'il m'était possible dans sa difficile opposition à Christian Estrosi.
Nous avons organisé une bonne trentaine de débats publics ou conférences, tantôt avec la section Nice Massena (la laïcité avec Henri Pena Ruiz), tantôt avec le comité « Des idées et des rêves 06 » (l’éducation avec Jean-Pierre Obin, l'environnement avec Philippe et Catherine Outrequin, l'immigration dans les AM avec Yvan Gastaut, l'open data avec Inès Hammami, les systèmes familiaux chez Todd avec Jean Marc Glachant, la démocratie participative avec Anne Piriou, la place des oppositions locales au sein de l’UE avec Rémi Boggio, les institutions européennes avec Jean Baptiste Coutelis, la démondialisation, le libéralisme, la dérive populiste, le multiculturalisme, etc.), tantôt avec le laboratoire des idées (conseil interfédéral avec Laurent Bouvet et Sarah Proust, la République exemplaire avec Paul Alliès, la loi sur l'ESS avec Marc Daunis, Jean Jaurès avec Arno Munster, etc.).
A l'initiative de campagnes de terrain comme la votation citoyenne sur le tramway en souterrain, j'ai participé, avec de nombreux camarades, anonymes et dévoués, à toutes les campagnes, toutes les réunions, toutes les manifestations...
Bref, voilà pour le résumé factuel de 9 années de militantisme et mes états de service à la fédération du Parti Socialiste des Alpes-Maritimes.
Je tiens à remercier ici l'ensemble des intervenants et participants à ces débats et conférences, l'ensemble des militants ayant contribué à ces campagnes et actions de terrain.
Mais, en tant que socialiste, j'ai décidé de quitter le PS pour rester fidèle à mes idéaux et à mes engagements. 
Les bilans et analyses de la politique gouvernementale menée, d'inspiration libérale, ont déjà été produits par quantité d'observateurs plus qualifiés que moi. Le positionnement "suiviste" du Parti Socialiste a déjà fait l'objet de critiques argumentées durant le congrès de Poitiers. Je ne vais pas refaire ici l'inventaire des renoncements et manquements à la parole donnée, il suffira de citer la capitulation de Florange, la non renégociation du TSCG, l’ANI, la non réforme fiscale, l’insuffisance coupable de la lutte contre la finance, les dizaines de milliards d'aides aux entreprises sans contrepartie ni discernement, le plafonnement des indemnités prud’homales, l’extension du travail le dimanche, la loi sur le renseignement ou le recours au 49-3…
Pour autant, les faits sont là : Jean Christophe Cambadelis a été démocratiquement élu, il peut légitimement, avec sa nouvelle direction du Parti Socialiste, redéfinir le Parti Socialiste en parti social-démocrate (ce qu'il s'est empressé de faire au soir du vote sur les motions) et cautionner la politique sociétale-libérale menée par le gouvernement. Et il en va de même pour la fédération des Alpes-Maritimes où Xavier Garcia a été plébiscité par les adhérents.
Si j'estime que la politique gouvernementale et la ligne politique du PS ne correspondent plus au socialisme que je défends, force est de constater, a contrario, que je n'ai plus de légitimité à parler au nom de ce parti. Je le quitte donc à compter de ce jour.
Je ne critique personne et ne veut pas m'inscrire dans la longue liste des camarades claquant la porte dans des règlements de comptes internes déballés en public. Si les idées que je porte sont restées minoritaires au sein de ma propre famille politique, c'est tout simplement que je n'ai pas su convaincre les miens.
Beaucoup me disent aujourd'hui que je devrais rester pour préparer l'avenir parce que "c'est maintenant qu'il faut se placer" puisqu'une "génération s'en va". D'autres me disent que je devrais rester car sinon je ne "passerais plus dans la presse" ou encore que je ne pourrais jamais "arrêter" la politique...
Je ne me suis pas engagé en politique pour "me placer", "faire carrière" ou être "sous les projecteurs". Les medias permettent la diffusion des idées, l'information et la formation des citoyens. J'y porte une voix pour contribuer, à mon niveau, à combattre les hégémonies culturelles nationales et locales.
Je ne vais pas mettre un terme à mon militantisme parce que je quitte le Parti Socialiste : je quitte le Parti Socialiste précisément afin de pouvoir continuer à militer pour les causes que j'estime être justes et défendre les solutions auxquelles je crois, indépendamment des querelles de courants ou des ambitions personnelles des uns et des autres.
Socialiste, humaniste et républicain, je ne peux rester adhérent du PS sans trahir mes idéaux ni manquer à mes engagements.
On me demande déjà dans quel autre parti je m’engage et je remercie au passage les camarades d'autres partis m'ayant déjà invité à les rejoindre. Qu'il me soit donné un peu de temps afin de déterminer les modalités de mon militantisme à venir...

mardi 9 juin 2015

Christian Estrosi et Eric Ciotti : jusqu'où iront-ils ?

Le Collectif citoyen contre l'imposture politique et la diffusion des idées d'extrême droite a tenu une conférence presse intitulée "Christian Estrosi et Eric Ciotti : jusqu'où iront-ils ?" pour dénoncer la promotion des thèses d'extrême droite par les deux élus azuréens.


Nice Matin, 9 juin 2015 :


Direct Matin Côte d'Azur, 9 juin 2015 :



Le Patriote Côte d'Azur, 12 juin 2015 :



mardi 2 juin 2015

Atteinte à la laïcité à Nice : l'argument fallacieux de la tradition

«Moi, successeur des consuls de Nice, au nom du conseil municipal et du peuple de Nice, renouvelle ce vœu et confie les destinées de la ville à Notre Dame des Grâces.»
C'est ainsi que Christian Estrosi a, à nouveau, ostensiblement, bafoué les principes de la laïcité, dimanche 3 mai 2015 à Nice.
Qu'un maire se rende à l'église, la synagogue ou la mosquée à titre personnel, cela relève de la plus stricte application de la liberté de culte.
Mais qu'au nom de la Ville de Nice il participe à une cérémonie religieuse, c'est une atteinte à la neutralité en matière religieuse qui incombe aux pouvoirs publics nationaux comme locaux.
Pire, lorsqu'il "confie les destinées de la Ville" à une entité religieuse, il contrevient à l'article 2 de la loi de 1905 selon lequel la République "ne reconnaît aucun culte".

samedi 23 mai 2015

Congrès du Parti Socialiste dans les Alpes-Maritimes : à 48 voix près !

Le vote sur les motions présentées lors du congrès Parti Socialiste a enfin eu lieu et appelle quelques commentaires.
La motion A l'a emporté et je félicite ses signataires pour cette victoire.
Si, pour les signataires de la motion B dont je fais partie, les résultats nationaux sont décevants, la situation dans les Alpes-Maritimes est encourageante.
En effet, nationalement, les chiffres annoncés par Christophe Borgel à la presse (ils ne seront officiels après commission de récolement des voix) donnent la répartion suivante (voir le détail ici) :
Participation : 65.431 votants, soit 54,5%.
- Motion A : 39.259 voix, soit 60%.
- Motion B : 18.975 voix, soit 29%.
- Motion C : 981 voix, soit 1,5%.
- Motion D : 6.216 voix, soit 9,5%.
Pour autant, au niveau local, le rapport de force n'est pas le même : la motion B fait 11% de plus qu'au niveau national, la motion A de Jean-Christophe Cambadelis perd 12% dans les Alpes-Maritimes et ne demeure majoritaire qu'avec 48 voix d'écart !