vendredi 30 janvier 2015

Un enfant de 8 ans au poste de police, la bonne réponse au terrorisme ?


Un petit niçois de 8 ans a été interrogé au poste de police pour des propos dont il ne mesure à l'évidence pas la portée. Ce n'est pas admissible. Que l'équipe pédagogique prenne en charge cet enfant et lui permette de comprendre ce qu'il a dit, rien de plus normal. Qu'elle fasse un signalement si elle l'estime nécessaire aussi, elle est parfaitement dans son rôle, surtout si les propos font l'apologie du terrorisme. Que les forces de police vérifient si l'enfant et ses frères évoluent dans un milieu fondamentaliste, c'est une évidence. Mais le procédé est disproportionné. On ne fait pas subir à un enfant un interrogatoire au poste de police pour cela. Un entretien au sein de l'école, dans le bureau du directeur avec des agents de police spécialisés, en civil, aurait très bien pu avoir lieu, comme dans bien d'autres procédures.

Sans entrer dans le commentaire des propos des uns et des autres (avocat, famille, directeur d'école, Ministre de l'éducation, etc.), cette affaire témoigne de deux risques majeurs dans la période post-attentats que nous traversons.

lundi 19 janvier 2015

Non Monsieur Estrosi, les maires ne doivent pas décider du contenu de l'Histoire de France !

Suite aux attentats récents, Christian Estrosi vient de proposer, ce matin, en Conseil Municipal, 14 mesures visant à renforcer la sécurité parmi lesquelles la proposition 10 prévoit des cours d'Histoire de France et d'instruction civique dispensés durant le temps périscolaire à Nice : « Nous proposons également que 45 minutes des temps d'accueil extrascolaires soient consacrées à des séances sur l'Histoire de France et l'instruction civique ».
Trois remarques rapides :
1. Le contenu des cours d'Histoire et de d'instruction civique est un sujet extrêmement sensible qui relève exclusivement de l'éducation nationale. Permettre à chaque maire de décider, dans la très riche Histoire de notre pays, ce qui doit être enseigné et mis en avant, c'est prendre un risque considérable. 
Quelle vision du colonialisme sera-t-elle enseignée à Béziers, sous l'égide de Robert Ménard, ou d'en d'autres villes gérées par le FN ? 
Quelle vision du vivre ensemble sera-t-elle enseignée à Nice, où le maire, Christian Estrosi, a déclaré "l'islam incompatible avec la démocratie", entretenant ainsi un amalgame dangereux entre Islam et islamisme radical ?
Non, Monsieur Estrosi, le contenu de l'Histoire de France et de l'éducation civique doit rester une prérogative de l'éducation nationale. 

jeudi 15 janvier 2015

Patriot Act et tentation sécuritaire, une victoire pour le terrorisme

Dix sept. 
Dix sept victimes du terrorisme et de l'abject. Depuis, un pays unanime, de marches en rassemblements, le besoin de partager les inquiétudes, les peurs, le sentiment de révolte aussi, la communion d'un peuple dans le traumatisme commun.
Vient ensuite le temps du questionnement et des propositions.
N'en déplaise à Valérie Pecresse et Nicolas Dupont-Aignan, Manuel Valls, lors de son discours à l'Assemblée Nationale le 13 janvier 2015, a posé une limite salutaire aux mesures sécuritaires à prendre suite aux actes terroristes  : face à une "situation exceptionnelle", oui à des "mesures exceptionnelles", non à des "mesures d'exception".
Si la distinction peut sembler subtile, elle est néanmoins fondamentale et met fin à toute hypothèse d'un "Patriot Act à la française", selon l'expression désormais consacrée par la presse.
En effet, le Patriot Act, s'il constitue un ensemble de mesures sécuritaires votées par le Sénat américain le 2 octobre 2001 suite aux attentats du 11 septembre, renforcé notamment par le "military order" du 13 novembre 2001 permettant la détention illimitée  et aboutissant à la création du camp de Guantanamo, est avant tout un état d'exception, c'est-à-dire la suspension temporaire du droit commun.

mercredi 7 janvier 2015

Prisons : les indignations sélectives

Indignés, révoltés, outragés... il n'y a pas de mot assez fort pour décrire l'émotion ressentie par Eric Ciotti et Christian Estrosi qui, par l'intermédiaires  des réseaux sociaux, ont découvert, il y a deux jours à peine, que la drogue et l'argent circulaient dans les prisons de Marseille et de Nice.
Immédiatement, comme un seul homme, ils ont rejeté la faute sur l'actuelle Garde des Sceaux, demandant publiquement des comptes à Christiane Taubira.
Dans cette affaire, il faut tout d'abord louer le rôle positif des réseaux sociaux sans qui nos deux élus de la Nation n'auraient visiblement jamais découvert ce qui se passe derrière les murs de nos prisons. Des rapports annuels du Contrôleur général des lieux de privation de liberté sur l'état des prisons en France? Des condamnations récurrentes de la France par la Cour  Européenne des Droits de l'Homme sur les conditions de vie des détenus ? Des récits, des témoignages ? Des études, des colloques... que dis-je, des reportages télévisés ? Non, il aura fallu des photos provocantes de détenus sur Facebook pour que nos deux députés se saisissent de l'épineux problème des prisons françaises.