vendredi 30 décembre 2016

Non, M. Ciotti ne peut être Président du Conseil Départemental des Alpes-Maritimes

Comme le Préfet Leclerc avant lui, Eric Ciotti perd ses nerfs et déverse sa colère et son extrême agitation dans les colonnes de Nice Matin. Il y signe une diatribe rageuse suite à l'élection par les lecteurs du journal de Cedric Herrou comme "Azuréen de l'année". Occasion pour le député d'entretenir un amalgame coupable entre menace terroriste et accueil des migrants.

Comme le Préfet Leclerc avant lui (lire ici), Eric Ciotti perd ses nerfs et déverse sa colère et son extrême agitation dans les colonnes de Nice Matin, où il signe une diatribe rageuse.
Avant même de poursuivre, témoignons ici notre compassion à l'égard de l'équipe de rédaction dudit journal, qui doit vivre dans l'angoisse quotidienne de la réception d'une nouvelle tribune courroucée d'une autorité locale hyperactive.
Venons-en au fait : le quotidien publie en ligne un sondage pour élire l'azuréen de l'année. Parmi ceux-ci figure Cédric Herrou, citoyen solidaire qui est venu en aide aux migrants dans la vallée de la Roya. Et là, catastrophe : des citoyens, lecteurs du journal en ligne, plébiscitent la solidarité. Cédric Herrou est élu "azuréen de l'année" par 55% des suffrages, soit 4257 voix sur 7677.
Oh rage ! Oh désespoir ! Oh presse libre, traîtresse ennemie ! Quoi ? Comment ? Est-ce vraiment possible ? Un suffrage échapperait donc à tout contrôle dans les Alpes-Maritimes ?
Eric Ciotti vocifère et lance uns à uns tous les amalgames possibles, même si répondre à chacun serait ici trop long : 
Non, M. Ciotti, tant que M. Herrou n'a pas été jugé, il est présumé innocent (et vous avez vous-même rappelé ce principe quand vous souteniez un certain candidat aux nombreuses affaires en cours).
Non, M. Ciotti, les actions des citoyens solidaires ne constituent pas des insultes aux forces de l'ordre, et de nombreux gendarmes, policiers et militaires font preuve de bien plus d'humanité que vous.
Non, M. Ciotti, un migrant souhaitant demander l'asile n'est pas dans l'illégalité et il ne le sera que s'il demeure sur le territoire national après refus de sa demande d'asile.
Non, M. Ciotti, le Conseil Départemental dont vous êtes le Président n'assume pas ses obligations légales de prise en charge des mineurs isolés relevant de la protection de l'enfance.
Non, M. Ciotti, ce n'est pas parce que des djihadistes ont pu s'infiltrer parmi les réfugiés que la France doit renoncer à sa politique d'hospitalité et bafouer les conventions internationales qu'elle a ratifiées. Faire un amalgame volontaire entre secours porté aux migrants et menace terroriste est indigne d'un élu de la Nation. 
Non, M. Ciotti, la solidarité n'est pas un délit. La solidarité est un geste naturel de l'homme, mû par une empathie innée qui le pousse à aider son prochain. Certains expliquent cela par une approche anthropologique, d'autre par un discours religieux consistant à aimer son prochain comme soi-même, d'autre encore appellent cela d'un nom pour vous étrange et inquiétant : l'humanisme.
Vous ponctuez votre texte d'un "Non, M. Herrou ne peut pas être l'Azuréen de l'année" niant ainsi le vote qui a eu lieu.
Alors non, M. Ciotti ne peut pas être député de la Nation. Non, M. Ciotti ne peut pas être Président du Conseil Départemental des Alpes-Maritimes. Non, puisque l'on peut apparemment passer outre les suffrages exprimés et nier la réalité, je déclare que M. Ciotti, compte tenu de son inaptitude fondamentale à comprendre ce qui fait l'humanité du genre humain ne peut, en aucun cas et d'aucune manière, nous représenter.
L'article annonçant l'élection de Cédric Herrou comme "azuréen de l'année" (Nice Matin, 29.12.2016) : 
La réponse d'Eric Ciotti (Nice Matin, 30.12.2016) :

jeudi 22 décembre 2016

Vieillesse et précarité à Nice: il y a urgence !

Nice a un taux de pauvreté deux fois plus élevé que la moyenne nationale. C’est la 4ème des 100 plus grandes villes de France ayant le plus de personnes âgées parmi les personnes vivant sous le seuil de pauvreté. Il y a urgence. Le silence et l'indifférence règnent pourtant sur cette question. Mais rien de grave, cette année encore, nous élirons notre «stars senior» et notre «super mamie»...


Alors que la Ville de Nice conserve encore, vue de l’extérieur, une image de richesse et de vie facile, la précarité y est très importante et une catégorie de Niçois en souffrent particulièrement : les personnes âgées.

A Nice, de plus en plus de personnes âgées ne peuvent se soigner faute d’argent, mendient ou font les poubelles pour se nourrir.

De très nombreuses familles sont confrontées à l’épineuse question de la dépendance des personnes âgées et ne parviennent pas à placer leurs parents ou grands-parents dans des maisons de retraites ou des EHPAD.

Ces constats quotidiens sont confortés par une estimation récente, menée par le bureau d’étude Compas, qui a réalisé une comparaison des taux de pauvreté et une typologie des personnes vivant sous le seuil de pauvreté dans les cent plus grandes villes de France métropolitaine.

100 500 Niçois vivent sous le seuil de pauvreté (1000 € par mois), ce qui représente 28,5% de la population, soit 7% de plus que Paris (21,5%) et… le double de la moyenne nationale (14,5%) !

Nice est classée par l’étude dans la catégorie « C » : "Pauvreté élevée / sur-représentation des couples sans enfant et des ménages âgés parmi les personnes pauvres".

En effet, Nice présente un des plus forts taux de personnes âgées (8,6%) parmi les personnes pauvres. Seules Ajaccio (12%), Antibes (11,5%) et Cannes (10,1%) font pire.

Alors que plus de 8600 personnes âgées vivent sous le seuil de pauvreté à Nice, la question ne semble être la priorité ni du Conseil Départemental ni de la Ville de Nice, pourtant en charge des aides extra-légales aux personnes âgées.

Communiquer sur la « Silver économie », organiser chaque année le concours de « super mamie » ou la très médiatisée « Star Senior » sont sûrement de très bonnes choses, fermer les yeux devant le phénomène inquiétant de précarisation croissante des personnes âgées en est une autre.

Nice présente un taux de pauvreté deux fois plus élevé que la moyenne nationale. C’est la quatrième des cent plus grandes villes de France métropolitaine ayant le plus de personnes âgées parmi les personnes vivant sous le seuil de pauvreté. La situation est alarmante. L’indifférence et le silence règnent pourtant sur cette question.

Il ne fait pas bon vieillir à Nice. Mais ce n’est pas grave, l’an prochain, la Star Senior fera sûrement des claquettes…

Source de l'étude : Pauvreté et types de ménages : une typologie des intercommunalités

jeudi 8 décembre 2016

Délit de solidarité : la réponse du Préfet Leclerc, le déshonneur de l'Etat

Entre soutien politique à Eric Ciotti et tentative pour influencer les juges dans les affaires de délits de solidarité en cours, le nouveau Préfet des Alpes-Maritimes signe un texte polémique, méprisant et insultant. Il s'en prend à l'historien Yvan Gastaut et s'avère inapte à comprendre les actions citoyennes d'entraide, de solidarité et d'humanisme qui font pourtant honneur à notre pays.

Un préfet incarne l'Etat et doit faire preuve, en toutes circonstances, de sang froid, de discernement et de hauteur de vue. Le nouveau Préfet des Alpes-Maritimes, Georges-François Leclerc, fraîchement arrivé dans notre département, n'échappe pas à la règle. 
Il vient pourtant de prendre la plume dans Nice Matin, pour signer une violente diatribe en réponse à une tribune libre de l'historien Yvan Gastaut, publiée dans le même quotidien local (voir les deux textes en fin d'article). Le Maître de conférences niçois y dressait l'historique de la longue tradition de solidarité dans la Vallée de la Roya jusqu'aux gestes d'humanité récents des citoyens venant au secours de réfugiés ayant passé la frontière italienne. 
La réponse du Préfet est celle d'un homme impatient et imprécis, visiblement excédé, sortant de la neutralité de l'Etat pour alimenter une polémique aux arrières plans politiques évidents. Il vole au secours du Président du Conseil Départemental, Eric Ciotti, en assurant que ce dernier respecte bien ses obligations légales et prend en charge les mineurs isolés, niant ainsi l'évidence que tous constatent sur place. Mais, plus grave encore, prétextant  une réponse à l'historien, il porte la position de l'Etat sur la place publique et tente ainsi d'influencer les juges dont les délibérés sont attendus début janvier dans les procès de deux citoyens désobeisseurs, Cédric Herrou et Pierre Alain Mannoni (lire ici).
Passons rapidement sur le ton méprisant, l'outrance et les inexactitudes du propos : non, Monsieur le Préfet, l'analyse de l'historien, qu'elle vous plaise ou non, ce n'est pas "n'importe quoi". Non, Monsieur le Préfet, ce n'est pas parce que l'on décrit une réalité que vous ne voulez pas admettre qu'il y a "imposture" ou "injure". Non, Monsieur le Préfet, critiquer les règles de droit injustes que vous défendez ne veut pas dire manquer de respect ou dénigrer les fonctionnaires qui les appliquent. Non, Monsieur le Préfet, lorsqu'il agit par humanité et quand bien même cette humanité le pousse à la désobéissance, cela ne veut pas forcément dire que le citoyen est "manipulé". Non, Monsieur le Préfet, la solidarité n'est pas un délit, quand bien même elle montre au grand jour votre propre inaction et vos propres carences.
Car s'il y a des désobeisseurs dans la vallée de la Roya et plus généralement dans les Alpes-Maritimes, c'est avant tout pour pallier à l'inaptitude de l'Etat à faire face à la crise humanitaire majeure à laquelle nous sommes confrontés. De simples citoyens agissent là où l'Etat ne fait rien. Ils secourent d'autres être humains en périls, des personnes ayant fui des pays en guerre, traversé une partie du Sahara, la méditerranée, l'Italie, la frontière italo-française par les chemins de montagne et errent sur les routes, démunis, en ce début d'hivers.
Une jeune réfugiée a été blessée cette semaine en tentant de traverser l'autoroute pour passer la frontière. Trois personnes ont déjà trouvé la mort dans des circonstances similaires. Combien faudra-t-il de drames pour que vous réagissiez enfin, Monsieur le Préfet, au lieu de vous perdre en vaines polémiques ? L'exemple de Calais ne vous a-t-il donc rien appris ?
Et dire que ces actes de secours, envers et par delà des lois iniques, nous rappellent les actes des "Justes parmi les Nations" ne veut pas dire que l'on compare l'incomparable, que la République française soit assimilée au Régime de Vichy, ni que l'Italie d'aujourd'hui soit semblable à celle de Mussolini. Bien évidemment les désobeisseurs d'aujourd'hui risquent des amendes et quelques mois de prison quand les "Justes" d'hier risquaient la déportation et la mort. Mais le geste d'humanité de ces citoyens qui bravent l'interdit pour secourir ceux qui sont en danger, quand bien même le contexte est différent et les risques encourus sont moindres, est au fond de même nature.
Ces gestes d'humanité, Monsieur le Préfet, faits par de simples citoyens, sont l'essence même de notre grande Nation qu'est la France, terre de liberté et de fraternité. Ils perpétuent cette tradition de solidarité dont nous sommes fiers. Ils font battre le coeur de cette si belle République dont, par votre dogmatisme et votre mépris, vous faites aujourd'hui le déshonneur.
L'article d'Yvan Gastaut (Nice Matin, 29.11.2016) :
La réponse du Préfet Leclerc (Nice Matin, 07.12.2016) :

jeudi 1 décembre 2016

Le triple échec de François Hollande

Échec de la politique économique et sociale menée, du pacte de responsabilité à la loi El Khomri, atteintes au socle démocratique et à l'équilibre des pouvoirs en France, incapacité à rassembler les Français et à consolider l'unité nationale face aux attentats, la non candidature de François Hollande est la conséquence logique du triple échec de son quinquennat.


Nous ne devons pas nous laisser duper par un jeu d'acteur de 10 mn, fut il très bon. Nous devons au contraire regarder avec lucidité ce qui a été fait et ce qui n'a pas été fait durant quatre ans et demi.

Le quinquennat de François Hollande s'achève sur un triple échec 

Tout d'abord un échec économique et social cuisant : outre le non-respect des engagements de campagne (lutte contre le monde de la finance, renégociation des traités européens, etc. ), une politique de l'offre désastreuse avec 41 milliards d'euros versés aux entreprises sans contreparties en termes de créations d'emplois dans le cadre du pacte de responsabilité, une précarisation croissante de pans entiers de la population, notamment des personnes âgées, etc., et je ne reviens pas sur la loi Macron, la loi El Khomri ou la réforme des rythmes scolaires.

Ensuite des atteintes sans précédent au socle démocratique de notre pays et à l'équilibre des pouvoirs en France : un pouvoir judiciaire en retrait avec la loi renseignement et la prolongation de l'état d'urgence, un pouvoir législatif bafoué avec le recours répété au 49.3, sans parler de la tentative de rupture de l'égalité républicaine avec la déchéance de nationalité ou de la gestion inhumaine des migrants.

Enfin, face à la barbarie des attentats et aux terribles drames qui ont frappé notre pays, François Hollande n'a pas su rassembler les Français et n'a pas su consolider l'indispensable unité nationale. Il a divisé, il a remis en question les libertés fondamentales dont l'Etat est pourtant garant, il a amoindri l'image de la France dans le monde.

A tous ceux qui nous disent que ce sera pire si François Fillon ou Marine Le Pen gagne l'élection présidentielle et qu'en comparaison François Hollande apparaîtra comme un bon président aux yeux de l'Histoire je réponds oui, à l'évidence ce sera bien pire, mais si une majorité de Français ne voient d'alternative qu'en une droite extrême ou une extrême droite, c'est aussi parce que la politique menée par François Hollande n'a su redonner ni confiance ni espoir en un avenir commun.

Le bilan du quinquennat de François Hollande s'avère donc néfaste pour la gauche, pour la France et surtout pour les innombrables personnes en souffrance dans notre pays.