mercredi 13 décembre 2017

Antisémitisme, Twitter, Finkielkraut

"On appelle les collabos juifs des kapos et David Nakache en est un" ; "Tu écris comme un gauchiste, comme une merde donc" ; "Le coallahbo David Nakache devrait faire son Aliah" ; "J'en peux plus des gauchiasses" ; "islamogauchos même en Israël ils ne veulent pas de toi" ; ... Bref, il ne fait pas bon critiquer Alain Finkielkraut sur Twitter.

Le lundi 11 décembre au soir, j'ai lancé une pétition afin qu'Alain Finkielkraut soit destitué de l'Académie Française. Cette pétition a déjà récolté plus 13 000 signatures (lire et signer ici) et j'ai subi dans le même temps, sur Twitter, un déluge d'insultes dont un bon nombre à caractère clairement antisémite.

Comment réagir ? Quels enseignements tirer de cette profusion de haine ? 

Revenons tout d'abord sur cette pétition...

Pétition pour la destitution d'Alain Finkielkraut de l'Académie Française :

On peut être contre cette pétition parce que l'on défend les idées portées par Alain Finkielkraut. 

On peut y être opposé parce que, quand bien même on n'approuve pas les propos de l'intellectuel, on pense que l'exclusion n'est pas la solution. 

Pour ma part je pense qu'Alain Finkielkraut, qui a déjà repris à son compte la thématique du "grand remplacement", en opérant une catégorisation des citoyens entre français "de souche" et "non-souchien" contribue à promouvoir les thèses d'extrême droite. Et le fait qu'il le fasse en sa qualité d'académicien alimente la banalisation et la normalisation de ces thèses.

En clair, on peut tenir des propos xénophobes dans tous les grands médias et y être toujours présenté comme membre de l'Académie Française, comme si, en France, nous honorions ceux qui propagent la discrimination et la haine.

Et je précise que cette pétition ne porte pas atteinte à la liberté d'expression : que M. Finkielkraut s'exprime, mais pas en tant qu'académicien.

Cette pétition appelle deux grands débats qui ne pourront être traités et tranchés ici : 

- Qu'est-ce que l'extrême droite ? Selon quels critères peut-on déterminer que nous sommes face à une pensée d'extrême droite ?

- Comment lutter contre elle ? Doit-on pour cela aller jusqu'à interdire ou exclure, puisque le racisme n'est pas une opinion mais un délit ?

Riposte laïque a, par ailleurs, lancé une contre pétition citant la mienne pour s'y opposer, ce qui montre à quel point le rôle de caution intellectuelle joué par Alain Finkielkraut pour ces mouvements est important.

Mais, quoiqu'il en soit de ces débats, rien ne justifie ni l'insulte ni l’antisémitisme.

Un antisémitisme tenace :

Le premier constat est la vivacité de l'antisémitisme. On entend chaque années le décompte des actes antisémites. On se fait parfois insulter quand on porte un nom juif (lire ici). Mais ce déferlement là, vulgaire, bête, avilissant, me rappelle brutalement à la réalité :

Illustration 1
Illustration 2

Pourtant, j'avais déjà du porter plainte suite à un tweet antisémite en janvier :

Illustration 3

Je n'avais pas subi un tel déluge quand je m'étais opposé à l'opération Defend Europe des Identitaires. Il a suffi cette fois d'un échange sur Twitter avec Philippe Vardon, ancien identitaire devenu leader du Front National local, pour alerter la fachosphère :

Illustration 4

Il est significatif de voir qui défend Alain Finkielkraut et les thèses qu'il promeut. Mais ne nous méprenons pas : il est très probable que l'auteur de L'identité malheureuse ne sache pas lui-même qui le défend. Et l'on peut se demander s'il a conscience ou non d'alimenter par ses écrits et ses prises de positions des militants aux propos violents et même parfois aux actes violents.

La radicalisation de la droite dite républicaine, la banalisation et la normalisation de la xénophobie et ici la virulence et la violence des attaques antisémites, bien au-delà de mon cas personnel, doivent nous conforter, plus que jamais, dans notre combat contre la promotion et la diffusion des idées d'extrême droite, où qu'elles soient, d'où qu'elles viennent. 

Mise à jour du 28.12.2017 :

La pétition pour la destitution d'Alain Finkielkraut de l'Académie Française a rassemblée 16 409 signatures à ce jour. Celle pour son maintien, soutenue par Boulevard Voltaire et Riposte Laïque, 8 447. Au-delà des batailles de chiffres, quelles leçons tirer de cette polémique et surtout de la violence qu'elle a libérée ?

Les attaques les plus violentes à mon encontre, sur Twitter et Facebook, viennent de personnes juives défendant Alain Finkielkraut et me reprochant d'être un "mauvais juif", un "traître", un "renégat" ou un "kapo" car je serais "islamo-gauchiste". Il ne s'agit donc pas d'un antisémitisme classique mais, en réalité, d'un anti-non-sémitisme juif, voir sioniste.

Au-delà de ma personne, cette violence révèle à quel point l'islamophobie de Finkielkraut sert de ciment entre la haine d'extrême droite "traditionnelle" française et celle des sionistes, toutes deux tournées contre les musulmans ou les personnes supposées musulmanes.

Bref, la figure d'Alain Finkielkraut, paré de ses beaux habits d'académicien et des ors de la République, caution intellectuelle d'une islamophobie délirante, devient le triste symbole de la convergence des haines.

mardi 28 novembre 2017

Alpes-Maritimes : généralisation de la séparation familiale contrainte

L'Aide Sociale à l'Enfance des Alpes-Maritimes généralise le principe de la séparation familiale contrainte en proposant des hébergements pour les enfants en bas-âges seulement, parfois accompagnés de leur mère, les séparant du reste de leur famille. Une situation indigne, inhumaine et intenable.

Triste constat dans les rues de Nice et des autres villes du département, de nombreuses familles avec enfants en bas âges dorment à la rue en plein hiver.

Roms, demandeurs d'asile, quiconque va parler un peu avec ces parents fait le même constat, récurrent : les services de l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE) des Alpes-Maritimes proposent des places d'hébergement pour une partie de la famille seulement, séparant tantôt parents et enfants, tantôt les fratries.

Dans certains cas, on propose un hébergement au plus jeune enfant et sa mère, les séparant du père et des frères et soeurs. Mais l'ASE propose de plus en plus des places pour les enfants en bas âge seuls, séparés même de leur mère.

Le plus souvent les familles refusent la séparation, avec toujours la peur qu'elle soit définitive, amplifiée par la barrière de la langue et la méconnaissance des droits.

On peut bien sûr discuter de la responsabilité des parents dans ce choix et de l'intérêt de l'enfant, mais la réalité est qu'aucune administration ne devrait placer des familles face à de tels dilemme.

Comment peut-on oser proposer à une mère de se séparer de son fils de 3 ans et demi, qu'elle allaite encore ?

Que révèle cette procédure sur l'état de notre système d'aide sociale ? 

Quel degrés d'inhumanité faut-il atteindre pour valider et voter un tel dispositif ? 

Pourquoi le Département des Alpes-Maritimes ne se dote-t-il pas de structures pouvant accueillir dignement les familles entières ? Où sont les priorités budgétaires quand des enfants dorment dans le froid et que la seule réponse des services sociaux est la séparation familiale contrainte ?

Les citoyens continuent, eux, d'apporter des couvertures et de distribuer des repas chauds. Les travailleurs sociaux, en première ligne face à une misère sans cesse plus grande, sont les premiers choqués par ces mesures qu'on leur impose d'appliquer. Mais quand retrouvera-t-on un minimum d'humanité dans notre departement et une protection de l'enfance digne de ce nom ?

Le principe de généralisation de la séparation familiale contrainte en échange d'un hébergement est indigne, inhumain et intenable.

mercredi 22 novembre 2017

Transfert du Centre de Rétention Administrative de Nice à l'hôpital St Roch

Communiqué de presse de l'association Tous citoyens ! : 

"Transfert du Centre de Rétention Administrative à l'hôpital Saint Roch : transparence et concertation"



"Le 19 juillet dernier nous avons lancé une pétition pour l'ouverture de l'ancien hôpital Saint Roch de Nice aux réfugiés, pétition qui a rapidement recueilli près de 2000 signatures et plus de 300 commentaires de soutien (lire ici).

La logique est simple : aucune prise en charge sociale n'est prévue pour les demandeurs d'asile arrivant dans les Alpes-Maritimes jusqu'à leur rendez-vous en préfecture, rendez-vous souvent fixé à plus de deux mois. Les autorités renvoient ces demandeurs vers le 115 et les structures d'hébergement d'urgence existantes. Or ces structures sont déjà sous-dimensionnées pour l'accueil des SDF et chaque fois que notre association a accompagné des demandeurs d'asile dans ces foyers, ce sont des SDF qui ont dormi à la rue. Nous refusons d'entretenir la concurrence dans la misère. Nous avons donc demandé l'ouverture de locaux adaptés spécifiquement réservés aux demandeurs d'asiles, majeurs, mineurs isolés, familles.

Les locaux de l'hôpital Saint Roch étant très majoritairement vacants et ce site ayant une superficie de 29 900 m2, il est impératif, compte tenu de la pénurie de foncier sur Nice, de leur redonner une utilité sociale.

Notre pétition restant sans réponse, nous avons écrit au Maire de Nice et au Directeur du CHU de Nice le 7 août 2017 qui nous ont tous deux répondu en se renvoyant la balle et en bottant en touche, nous expliquant que ce lieu historique de soin et d'hospitalité serait désormais dédié à la sécurité.

La Ville de Nice a peu à peu dévoilé son projet de "centre de sécurité intérieure" regroupant police municipale, centre de supervision urbain et police nationale, mais, à l'évidence, ce projet ne couvre pas les 29 900 m2 vacants du site.

Le conseil municipal a voté le 13 novembre 2017 une délibération renvoyant à une convention signée entre l'Etat et la Ville de Nice qui, elle, prévoit également le transfert du Centre de Rétention Administrative (CRA).

Étrangement, la Ville de Nice n'a pas communiqué sur ce sujet alors que ce transfert justifie peut-être l'utilisation de la totalité de l'espace disponible sur le site.

Nous nous étonnons de l'absence de communication de l'Etat et de la Ville de Nice sur un sujet aussi sensible et aussi important que le transfert du Centre de Rétention Administrative.

Les Centre de Rétention Administrative sont les lieux où l'on enferme les étrangers en situation irrégulière dans l'attente de leur reconduite à la frontière. Mais la France y enferme également des enfants accompagnant leurs parents. La Cours Européenne des Droits de l'Homme a jugé cette pratique "inhumaine et dégradante" et a condamné la France à plusieurs reprises. De nombreux observateurs associatifs, des élus ou le Défenseur des droits ont protesté devant les conditions d'accueil indignes de ces centres.

Le CRA de Nice n'accueille pour l'instant que les hommes, les femmes et les enfants étant envoyés au centre de rétention de Marseille. Ses locaux sont exigus, vétustes et non adaptés à la mission qui est la sienne. Son transfert peut constituer une amélioration notable des conditions de rétention mais il peut également être l'occasion d'une modification de ses prérogatives et amener à la rétention d'enfants à Nice.

Indépendamment du débat national sur l'existence même des centres de rétentions et sans présager du caractère positif ou négatif de ce transfert, l'association "Tous citoyens !" demande à ce que la plus grande transparence soit faite sur ce sujet.

Nous demandons à ce que les associations de défense des libertés fondamentales puissent avoir accès à ce dossier et que les citoyens niçois et azuréens soient informés sur ce transfert et sur ses conséquences.

Nous invitons en conséquence le Préfet des Alpes-Maritimes et le Maire de Nice à la transparence et à la concertation et à faire rapidement la lumière sur le transfert du Centre de Rétention Administrative de Nice sur le site de l'hôpital Saint Roch."

L'association Tous citoyens !

mardi 14 novembre 2017

Pic de pollution mégalomaniaque sur Nice

Alors que de nombreuses villes luttent contre les pollutions visuelles et lumineuses la municipalité de Nice installe une armada d'écrans publicitaires en centre ville pour y diffuser des images... de son maire. Combien coûte aux contribuables niçois la mégalomanie de Christian Estrosi ?
De nombreuses villes luttent contre les pollutions visuelles (panneaux publicitaires) qui dégradent le paysage et saturent l'espace public.
La lutte contre la pollution lumineuse (écrans, enseignes, éclairages des bâtiments publics...) est également devenue un levier majeur pour réduire la consommation énergétique.
A contre courant de tout cela et en dépit du bon sens la municipalité de Nice vient d'installer une armada d'écrans publicitaires en centre ville.
Pour quelle raison ? Pour satisfaire l'insatiable mégalomanie de Christian Estrosi qui voit là la possibilité pour sa commune de disposer d'une "chaîne de télévision sur l'espace public".
Et, effectivement, le maire omniprésent est désormais visible partout et en permanence, en vidéo, dans notre ville.
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Côté finances, si la Ville annonce vaguement que le coût de l'opération revient principalement à JC Decaux nous savons bien qu'aucune société privée n'est là pour faire de cadeaux et que l'entretien de tels équipements numériques a un coût. 
D'habitude, ce sont les annonceurs publicitaires qui payent pour que leurs produits s'affichent et qui rapportent de l'argent à la Ville. 
Or là c'est la Ville qui est l'annonceur....
Combien coûte aux contribuables niçois la mégalomanie de Christian Estrosi ?
Nous connaissions les nuages de pollution atmosphérique, les vagues de pollution aux hydrocarbures, voici, à Nice, un pic de pollution mégalomaniaque...

samedi 4 novembre 2017

Pour que la Ville de Nice rende un hommage laïque aux morts pour la France

Communiqué de presse : "Pour que la Ville de Nice rende un hommage laïque aux morts pour la France"
L'ancien conseiller municipal Razak Fetnan et l'actuel conseiller municipal Patrick Allemand se sont à juste titre émus qu'un hommage aux morts pour la France soit rendu par la Ville de Nice de façon discriminante : alors que les anciens combattants de confession juive, catholique et protestante seront honorés dans leurs lieux de cultes respectifs, les anciens combattants de confession musulmane le seront dans un simple jardin public.
Osons le dire : cette énième discrimination atteste encore un peu plus l'insupportable islamophobie institutionnelle entretenue par la Ville de Nice depuis plusieurs années.
Mais nous devons aller plus loin : il n'est pas normal que la 5ème ville de France ne rende pas un hommage laïque aux morts pour la France.
Ce qui rassemble ces hommes morts pour la France c'est l'appartenance à la communauté nationale, le sacrifice de leur vie pour notre pays, et c'est ce qui nous lie intimement à eux, ce pourquoi nous les honorons.
Que vient faire ici la religion de chacun ? Que viens faire ce qui nous différencie quand nous voulons rassembler ? 
De nombreuses questions se posent si l'on entérine la logique de la Ville de Nice : pourquoi honorer de façon différente les soldats musulmans ? Où sont honorés les soldats athées ou agnostiques ? Comment savoir ce en quoi croyaient ou ne croyaient pas ces soldats ?
Chaque communauté religieuse est libre d'honorer ses morts. Mais les institutions et les collectivités territoriales françaises doivent s'en tenir à un hommage républicain et laïque, unique, et commun à tous.
La Ville de Nice doit rendre un hommage laïque et républicain aux morts pour la France, sans tenir compte de la confession supposée de chacun.

vendredi 13 octobre 2017

Le vrai visage d'Olivier Bettati

En engageant une action en justice contre les citoyens solidaires de la Roya Olivier Bettati montre à tous son véritable visage : non, ce n'est pas un simple opportuniste mais bel et bien l'un des acteurs azuréens d'une extrême droite xénophobe, raciste, anti-réfugiés et anti-humaniste.

Communiqué de presse : Le vrai visage d'Olivier Bettati
L'action en justice engagée par Olivier Bettati contre Roya citoyenne nous révèle le véritable visage d'Olivier Bettati.
Quand il a rejoint le FN beaucoup, notamment ceux qui l'avaient cru sincère aux élections municipales niçoises, ont préféré penser qu'il était simplement opportuniste. Comme si, dans le petit jeu politicien azuréen, tout se valait. Et bien non, tout ne se vaut pas. Non, Olivier Bettati n'est pas simplement un opportuniste, c'est l'un des nombreux partisans de cette nébuleuse d'extrême droite xénophobe, raciste et anti-humaniste. 
Il attaque aujourd'hui les citoyens solidaires de Roya Citoyenne qui, comme tous les citoyens solidaires, tendent la main à ceux qui ont faim et froid, à ceux qui ont fui la guerre, le terrorisme et la misère et qui demandent asile en France. Il attaque en justice ceux qui précisément veulent faire respecter le droit, bafoué dans notre département, puisque le Préfet a été lui-même condamné deux fois pour "atteinte grave et manifestement illégale à la liberté fondamentale qu'est le droit d'asile".
Alors bien évidemment, Olivier Bettati réalise un coup politique en essayant d'être plus radical et intransigeant encore qu'Eric Ciotti. Mais les citoyens solidaires de notre département ne doivent pas faire les frais de concurrences politiciennes pour savoir qui est le plus extrême d'entre eux dès que l'on parle de migration.
Nous apprenons à nos enfants, dans nos foyers comme à l'école, ce qu'est une action juste. Nous leur apprenons à faire la différence entre bien et mal agir. Face à l'action d'entraide et d'humanisme des bénévoles de Roya Citoyenne, Olivier Bettati offre à tous l'exemple de tout ce qu'il ne faut pas faire.

mercredi 27 septembre 2017

Etat d'urgence : les deux cadeaux d'Emmanuel Macron

En transférant dans le droit commun les mesures de l’état d’urgence, Emmanuel Macron mène une politique contre-productive. Il rompt avec la séparation des pouvoirs sans garantir davantage de sécurité. Il offre une victoire idéologique majeure aux djihadistes et livre clefs en main un régime autoritaire à tout parti d'extrême droite arrivant un jour au pouvoir en France.
Le débat sur l'état d'urgence ne peut pas être un débat serein. Il est empreint de notre peur légitime des attentats, habité par l'insondable douleur des proches des victimes, écrasé par le poids de nos frustrations, de notre incapacité collective à trouver des solutions efficace face au terrorisme.
Il ne s'agit pas ici d'opposer libertés individuelles et sécurité. Nous devons dépasser les clivages manichéens entre sécuritarisme et laxisme. Nous souhaitons tous garantir un maximum de sécurité possible à chacun et endiguer au mieux la menace djihadiste.
La question est de savoir quelle est la meilleure politique sécuritaire pour atteindre cet objectif. L'état d'urgence n'est que l'un des outils à disposition, un traitement dont nous devons évaluer l'efficacité et mesurer l'impact des effets secondaires avant de l'abandonner, l'amender ou le pérenniser.
Le gouvernement a choisi, en suivant ainsi le gouvernement précédent, d'intégrer les dispositions de l'état d'urgence dans le droit commun. C’est un choix paradoxal car tout en actant officiellement la sortie de l’état d’urgence il transfert en réalité ses principales dispositions dans le droit commun et, de ce fait, l’entérine. Emmanuel Macron convertit donc ce qui était l’exception en règle. Ce faisant, il modifie profondément l'équilibre des pouvoirs en France en mettant sur de nombreux points le pouvoir judiciaire en retrait au profit d'un exécutif libre de tous contre-pouvoirs.
Concrètement de quoi s’agit-il ?
Le projet de loi de lutte contre le terrorisme présenté par le gouvernement reprend très largement les dispositions prévues par l’état d’urgence et les intègre dans le droit commun :
  • Il instaure des périmètres de protection autour de grands événements sportifs ou culturels, laissés à la libre discrétion des préfets, dans lesquels les fouilles de véhicules et palpations physiques pourront être réalisées par des agents de sécurité privés et des policiers municipaux.
  • Les perquisitions, aseptisées en « visites domiciliaires », seront toujours réalisées sans l’aval du juge, sur simple décision administrative.
  • Les assignations à résidence passent également dans le droit ordinaire en étant renouvelables tous les trois mois durant un an avec obligation de pointer tous jours.
  • Les contrôles au faciès rendus possibles dans les zones frontalières seront généralisés puisque ces zones seront elles-mêmes étendues : au lieu de s’appliquer dans un périmètre de 20km autour des frontières, elles s’appliqueront dans un périmètre de 20 km autour des gares recevant des trains de l’étranger !
  • La fermeture des lieux de culte sera possible durant six mois sur simple décision préfectorale et donc sans décision ou avis d’un juge.
À titre d’exemple, le Préfet des Alpes-Maritimes a été condamné deux fois par le tribunal administratif pour atteinte grave et manifestement illégale à la liberté fondamentale qu’est le droit d’asile. En conséquence, lorsque l’on sait qu’un Préfet peut impunément enfreindre la loi et poursuivre son action de façon inchangée, on ne peut que s’inquiéter de leur voir confier des pouvoirs exorbitants.
Un état d’urgence à l’efficacité non prouvée et détourné de sa fonction
Rappelons que les gouvernements qui se sont succédé depuis l’instauration de l’état d’urgence en novembre 2015 n’ont pas été capables de démontrer de façon incontestable son efficacité.
Faut-il le rappeler, les attentats de Nice, de Saint Etienne du Rouvray en 2016 ou celui des Champs-Élysées en 2017 ont eu lieu durant l’état d’urgence.
Les projets terroristes déjoués par les forces de l’ordre l’ont très majoritairement été grâce au travail des services de renseignement et d’infiltration et non grâce aux dispositions de l’état d’urgence.
Sur les 4000 perquisitions annoncées fièrement au début de l’instauration de l’état d’urgence 95 % n’ont fait l’objet d’aucune procédure.
De plus, l’état d’urgence, dont la fonction est de lutter contre les attentats terroristes, a été détourné de son objectif et utilisé à des fins purement politiciennes : arrestations et assignations à résidence d’opposants écologistes durant la COP 21, fermeture de la frontière franco-italienne et politique délibérée de non accueil des réfugiés…
La longue tradition de l’état d’exception
En transposant dans le droit commun les dispositions de l’état d’urgence, Emmanuel Macron créé un état d’urgence permanent. Or l’état d’urgence constitue un régime d’exception et relève d’une longue tradition. L’état d’exception, quelle que soit sa forme (état de siège, état d’urgence, pleins pouvoirs), est avant tout une suspension du droit commun, de la norme, pour instaurer un état temporaire permettant de prendre des mesures extraordinaires en confiant des pouvoirs accrus à l'exécutif. Il est au fondement de théories politiques extrêmes comme le décisionnisme de Carl Schmitt, dont on connait la compromission avec le régime nazi. Il rompt avec une longue tradition française visant à instaurer des contre-pouvoirs afin d’éviter les dangers d’une concentration des pouvoirs dans les mains d’un seul. Ainsi, la constitution française est un savant jeu d’équilibre. Elle met en place des voies de recours à chaque type de décisions et des organes de contrôle indépendant du pouvoir exécutif. De même, la séparation des pouvoirs prônée par Montesquieu, visait déjà à empêcher la concentration des pouvoirs et la tentation de l’arbitraire.
Historiquement, l’état d’exception renvoie aux pages sombres de l’Histoire. En 1933, Adolf Hitler promulgue un décret suspendant les articles de la Constitution de Weimar relatifs aux libertés individuelles, ouvrant ainsi la porte aux pires exactions et à la Shoah. Non révoqué durant tout le IIIème Reich, cet état d'exception a duré 12 ans. En 2001 le Sénat américain vote le Patriot Act qui suspend une partie des droits individuels et a rendu possible les exactions de Guantanamo. En France l’état d’urgence est instauré lors de la guerre d’Algérie, en Nouvelle Calédonie puis lors des violences urbaines de 2005.
En intégrant ce qui était exceptionnel dans le droit ordinaire le gouvernement banalise ce qui a toujours été considéré comme un dernier recours, une action ultime et temporaire pour rétablir l’ordre et réinstaller ensuite une vie normale.
Les deux cadeaux d'Emmanuel Macron
Mais il y a plus grave encore. Avec l'intégration de l'état d'urgence dans le droit commun Emmanuel Macron fait deux cadeaux :
Le premier cadeau est donné aux terroristes :
Si la séparation des pouvoirs limite les prérogatives dont dispose le gouvernant en lui imposant des contre-pouvoirs, c’est pour préserver les libertés individuelles. Or ces libertés individuelles constituent tout ce que le terrorisme souhaite abolir et tout ce dont la France, en tant que fer de lance de l'idéal démocratique, est porteuse. Le terrorisme combat nos libertés et ce n'est pas en renonçant à nos libertés que nous le combattrons. Restreindre nos libertés pour combattre le terrorisme, c'est très précisément faire le jeu du terrorisme et lui donner gain de cause. En nous privant nous-mêmes de ce que nous avons de plus précieux et de ce qui fait notre identité, nous offrons aux terroristes une victoire à peu de frais. Daech n'en n'attendait pas moins.
Le second cadeau est fait à l'extrême droite :
Si un jour l'extrême droite arrive au pouvoir en France, elle n'aura même pas à faire voter des lois d'exception pour museler ses opposants. L'exception devenant la règle, l'exécutif disposera désormais d'un panel complet permettant un usage autoritaire et discrétionnaire du pouvoir. Que deviendront les « zones de protections », les « visites domiciliaires », les fermetures de lieux de culte, les assignations à résidence et les contrôles au faciès si l’extrême droite arrive un jour au pouvoir en France ? Il sera alors trop tard pour pleurer notre belle démocratie et nos libertés perdues : c’est nous-même qui nous en privons ! Le Front National, lui non plus, n'en n'espérait pas tant.
En transférant dans le droit commun les mesures de l’état d’urgence, Emmanuel Macron mène une politique contre-productive. Ce projet de loi ne garantit pas plus de sécurité pour nos concitoyens. Il constitue un danger en concentrant dans les mains du seul pouvoir exécutif des prérogatives exorbitantes. Il rompt avec la séparation et l’équilibre des pouvoirs en France. Il rompt avec la défense des libertés individuelles. Il offre une victoire idéologique majeure aux djihadistes et livre clefs en main un régime autoritaire à tout parti d'extrême droite arrivant un jour au pouvoir en France.

dimanche 27 août 2017

L'équipage du C-Star quitte le navire !

Communiqué de presse de "Tous citoyens !" : 
"L'équipage du C-Star quitte le navire ! 
D'après les premières informations qui nous sont transmises, les identitaires ont gagné Malte et sont rentrés chez eux, mettant fin à leur abjecte et lamentable mission.
C'est une victoire car les actions des citoyens des deux rives de la méditerranée ont montré que la route leur serait barrée où qu'ils aillent.
Mais cette victoire n'est que partielle car d'autres opérations de ce type sont annoncées et qu'aucune prise de position officielle des autorités françaises (locales et nationales) ou européennes n'est venue mettre une fin de non recevoir à ces tentatives.
Nous adressons un grand merci à l'ensemble des citoyennes et citoyens qui ont répondu à appel.
Notre pétition a recueilli plus de 2000 signatures en moins de deux jours !
Ensemble, nous avons contribué à démontrer que Nice, déjà douloureusement meurtrie par la haine, refusait de devenir un bastion de l'extrême droite, de la xénophobie et de la haine de l'autre.
Ensemble, restons vigilants et mobilisés !"
David Nakache
Président de l'association "Tous citoyens !"

samedi 26 août 2017

Non au C-Star à Nice : signez la pétition !

L'association "Tous citoyens !" vient de lancer la pétition suivante :

"Le C-STAR, bateau des identitaires voulant empêcher les réfugiés d’atteindre les côtes européennes, envisage de mouiller dans le port de Nice.
Nous refusons que Nice devienne la base arrière d'une entreprise raciste et mortifère.
Nous refusons que, ce faisant, Nice fasse honte à la France et à l’Europe.
Nous demandons au Préfet des Alpes maritimes, à la Capitainerie du port de Nice, à la Chambre de Commerce et d'Industrie (qui gère le port) et à la Métropole Nice Côte d’Azur (qui en est propriétaire) d’empêcher le C-STAR de s'installer dans le port de Nice.
Nous appelons les citoyennes et citoyens niçois et azuréens à se mobiliser. Et si les autorités ne font pas le nécessaire et que le C-STAR tente d'accoster à Nice, nous serons prêts.
Nous ne pouvons pas accepter que ce bateau, qui représente la haine de l’autre et la xénophobie s'installe dans la 5ème ville de France, Nice, ville ouverte et cosmopolite, déjà douloureusement meurtrie par la haine."

Pour signer la pétition, cliquez ici.

En comptant sur votre soutien et votre participation,

Fraternellement,

David Nakache
Président de l'association "Tous citoyens !"

lundi 24 juillet 2017

Quand Christian Estrosi a peur du noir

Christian Estrosi véhicule de fausses informations et alimente délibérément les thèses de l'extrême droite.

Christian Estrosi s'est fendu, lundi 24 juillet 2017 vers 15h, d'un communiqué de presse mensonger.
Il y déclare que 200 migrants, menés par Cédric Herrou, auraient tenté de pénétrer sur la Promenade du Paillon à Nice.
Or à cette heure-là seuls 113 demandeurs d'asile étaient arrivés à Nice par le train de 12h, les 120 autres n'arrivant que par le train de 16h40.
Sur les 113 réfugiés arrivés à 12h, douze se sont rendus à la Plateforme d'Accueil des Demandeurs d'Asile, Bd François Grosso, accompagnés de bénévoles. Les autres, ne souhaitant par rester sur Nice et préférant poursuivre leur parcours migratoire vers Marseille ou Paris, se sont rendus à la gare.
Il est possible qu'un petit groupe ait tenté de passer par la coulée verte et par ailleurs rien n'interdit à des demandeurs d'asile d'emprunter la Promenade du Paillon, jardin public de la ville de Nice. Mais en aucun cas 200 demandeurs d'asile ne s'y sont rendus.
Il est par contre fort probable que le maire de Nice, ne parvenant pas à soigner sa phobie du noir, ne se renseignant qu'en lisant Twitter au lieu de vérifier les images de ses propres caméras de vidéo surveillance, ait préféré alimenter les délires de l'extrême droite et la peur de l'invasion...

vendredi 7 juillet 2017

Tramway en souterrain, je me souviens...

Le tramway en souterrain à Nice est un condensé de tout ce que l'on fait de plus absurde en démocratie : comment un projet qui est à la fois un gouffre financier, un non-sens écologique et un risque géologique majeur peut être mis en oeuvre dans la cinquième ville de France par la démesure de l'ego d'un seul, le poids du clientélisme local et la servitude volontaire d'une société civile résignée.

Un trou béant de 5 mètre de diamètre et de plusieurs mètres de profondeurs est apparu rue de France, mardi 4 juillet 2017, juste au dessus du passage du tunnelier creusant le souterrain par lequel le tramway de Nice doit passer.
Photo Nice MatinPhoto Nice Matin
Ah, tramway de nos polémiques locales ! Je me souviens...
Je me souviens de la décision du maire de Nice de bâtir un grand stade avant la ligne 2 du tramway alors que les pics d'ozone à répétition, années après années, faisaient de la ligne de tramway est-ouest une priorité absolue pour la santé des Niçois.
Je me souviens expliquer en débat public, en 2012, que le passage en souterrain est un non-sens écologique : on fait un tramway pour réduire la pollution en limitant la circulation automobile, pas pour laisser les voitures rouler en surface pendant que le tram passe sous terre.
Je me souviens des effondrements à Cimiez à cause du gypse dans le sol, des affaissements sur la Promenade des Anglais, des chantiers de l'hôpital Pasteur II et du parking des Douanes inondés "soudainement" suite à des infiltrations d'eau "totalement imprévisibles"...
Je me souviens du regard sévère et du ton accusateur d'un adjoint au maire me reprochant "de faire peur aux niçois" lorsque je disais que le passage en souterrain comportait un risque géologique majeur, que Nice avait toujours eu un sol instable et poreux.
Je me souviens et je me revois expliquer dans le vide que le souterrain était un gouffre financier et qu'aucune autre ville ne creusait sous terre pour une si petite distance. 
Je me souviens du refus catégorique de Christian Estrosi d'organiser un référendum local sur le passage du tramway en souterrain ou en surface.
Je me souviens des recours en justice, des conférences de presse et des débats publics.
Je me souviens de la votation citoyenne organisée en 2013, lorsque j'étais encore au PS 06, et du regard incrédule des passants : "Ah bon ? Un souterrain ? Non, ce n'est pas possible..."
Je me souviens 8 470 niçois votants et des 91% d'entre eux ayant voté contre le passage en souterrain.
Je me souviens des 15 632 niçois ayant signé la pétition s'opposant à ce projet.
Je me souviens de la désinvolture du maire qui balaya ces expressions citoyennes d'un revers de la main. 
Je me souviens que Christian Estrosi a bien organisé une consultation publique, mais sur le choix des arbres le long des voies du tramway...
Je me souviens de la remarque acide d'un journaliste, après les élections municipales, me disant "Lâchez l'affaire M. Nakache, admettez votre défaite", comme si une question d'intérêt général se résumait à une bataille électorale.
Je me souviens du mot d'ordre de la ville de Nice : on ne dira plus "souterrain" mais "tunnel", ça fait moins peur... et de la presse locale qui soudain ne parla plus que du "tunnel"...
Je me souviens des fissures qui lézardaient les murs de feu le Théâtre de la Photographie et de l'Image Bd Dubouchage en novembre 2016.
Je me souviens des fissures apparues sur le Bd Victor Hugo en février 2017.
L'affaire du tramway en souterrain est un condensé de tout ce que l'on fait de plus absurde en démocratie locale : comment un projet qui est à la fois un gouffre financier, un non-sens écologique et un risque géologique majeur peut être mis en oeuvre dans la cinquième ville de France, par la démesure de l'ego d'un seul, le poids du clientélisme local et la servitude volontaire d'une société civile résignée.

lundi 26 juin 2017

Pour que le Préfet Leclerc écoute le Président Macron

Le Préfet des Alpes-Maritimes a déployé une double stratégie aveugle et mortifère : entrave systématique au droit d'asile et harcèlement des citoyens solidaires. Cette stratégie entre en contradiction flagrante avec la volonté du Président de la République d'accueillir dignement les demandeurs d'asile.

Le Président de la République a déclaré, le 23 juin à Bruxelles : "Nous devons accueillir les réfugiés car c'est notre tradition et notre honneur".
Cette volonté louable entre en totale contradiction avec la double stratégie mise en oeuvre et réaffirmée récemment par le Préfet des Alpes-Maritimes : l'entrave au droit d'asile et le harcèlement des citoyens solidaires.

1. L'entrave au droit d'asile est organisée de façon systématique dans les Alpes-Maritimes en empêchant les demandeurs d'accéder à Nice et aux bureaux d'enregistrement de leur demande : on essaie d'empêcher les exilés d'atteindre le domicile de Cédric Herrou en transformant sa demeure en une encerclée par les forces de l'ordre et surveillée en permanence ; la plate-forme d'acceuil des demandeurs d'asile (PADA) est située à Nice alors qu'elle pourrait l'être à Breil ou Menton et la SNCF réclame désormais que les exilés payent un billet de train pour y accéder alors qu'ils fuient des pays en guerre et que nous sommes face à une crise humanitaire évidente ; après le passage à la PADA les exilés ont un rendez-vous en Préfecture généralement une, deux ou trois semaines plus tard mais sans hébergement, nourriture ou soins proposés ; les rendez-vous sont souvent donnés à des heures où les bureaux sont annoncés fermés au public et sans un accompagnateur francophone, impossible d'accéder au guichet. 
La Préfecture des Alpes-Maritimes s'entête alors qu'elle a déjà été condamnée par le Tribunal administratif pour "atteinte grave et manifestement illégale au droit d'asile" le 31 mars dernier. Plus grave encore, une quinzaine de réfugiés sont décédés ou ont été grièvement blessé en tentant de passer la frontière franco-italienne. 
2. Le harcèlement policier et judiciaire des citoyens solidaires est également organisé de façon intentionnelle, préméditée et systématique : surveillance permanente, perquisitions, arrestations et poursuites judiciaires alors que ces citoyens font simplement oeuvre de solidarité et d'humanisme.
Cédric Herrou a ainsi été à nouveau placé en garde à vue arbitrairement la semaine dernière, sans aucun fondement juridique. 
Au total dans les Alpes-Maritimes se sont 18 personnes arrêtées, placées en garde à vue ou poursuivies. Les peines avec sursis et les relaxes prononcées par les différents juges ne plaisent par au Procureur qui, sur ordre, a fait appel des jugements concernant Pierre Alain Mannoni et Cedric Herrou.
Aucun de ces citoyens solidaires n'a jamais profité de la situation pour obtenir de l'argent. Seule la SNCF veut faire payer les réfugiés de guerre...
Ce harcèlement constant témoigne d'une volonté de pousser les citoyens solidaires à la faute, sûrement pour décridibiliser ce mouvement de contestation. Mais cette stratégie est dangereuse et peut nous mener à un drame.
Plus d'une quinzaine d'associations dont Médecins du monde, la Ligue des droits de l'Homme, Roya citoyenne ou Tous citoyens ont demandé audience au Préfet pour trouver une solution pour un accueil digne et efficace des demandeurs d'asile dans le département, en vain. Nous en avons alors appelé au Ministre de l'intérieur pour obtenir la nomination d'un médiateur avec qui dialoguer, en vain.
Dans le bras de fer absurde que nous impose le Préfet Leclerc nous, citoyens, devons être responsables pour deux.
Nous espérons que le Préfet Leclerc entende les discours du Président de la République et que ce dernier veille à l'application de sa politique jusque dans les Alpes-Maritimes.
Dans l'attente et face à cette double stratégie aveugle et mortifère il nous revient de ne pas céder aux provocations policières, judiciaires et politiciennes. 
Nous poursuivrons nos actions de solidarité et, ensemble, nous ferons respecter le droit dans les Alpes-Maritimes.

vendredi 23 juin 2017

Nice, acharnement contre la mosquée En-nour et les Niçois de confession musulmane

La Ville de Nice et la Préfecture des Alpes-Maritimes reprennent leur acharnement administratif et judiciaire contre la mosquée niçoise En-nour. Dans leur entreprise aveugle et purement idéologique le Maire et le Préfet ont juste oublié deux petits détails qui font que la France est un état de droit et un état laïque : le respect de la loi et la liberté de culte.

Alors que la Ville de Nice a déjà été condamnée par le Conseil d’Etat pour atteinte aux libertés fondamentales et excès de pouvoir contre l'Institut Niçois En-nour, et que l'entrave à la liberté de culte a, à Nice, un lourd passé (lire ici et ici), le maire de Nice, poussé par le Préfet des Alpes-Maritimes, va déposer une seconde déclaration d'utilité publique (DUP) pour obtenir l'expropriation du lieu de culte.
Si nous devons tous lutter contre la propagation du djihadisme en France, rappelons qu'aucun élément probant attestant de radicalisation ou de promotion de doctrines fondamentalistes par l'Institut Niçois En-nour n'a été ne serait-ce qu'évoqué dans le dossier.
De plus, l'Institut En-nour est désormais propriétaire des locaux et ne peut donc plus être taxé d'ingérence étrangère.
Rappelons enfin que les Niçois de confession musulmane, comme tous citoyens, ont le droit d'exercer leur culte dans des conditions décentes et que l'Institut Niçois En-nour, contribuant ainsi à apaiser un sentiment d'injustice, facilite le vivre ensemble à Nice.
Le Maire de Nice et le Préfet des Alpes-Maritimes, dans leur entreprise aveugle et purement idéologique, ont donc juste oublié deux petits détails qui font que la France est un état de droit et un état laïque : le respect de la loi et la liberté de culte.

dimanche 28 mai 2017

Demandeurs d'asile à Nice : la dangereuse stratégie de l'Etat

Le périple niçois des demandeurs d'asile venus avec Cédric Herrou le mercredi 24 mai 2017 est révélateur à bien des égards. Une stratégie dangereuse, en trois temps, a été sciemment mise en œuvre par les pouvoirs publics : le pourrissement, le défaussement et le harcèlement. L'État doit assumer ses responsabilités et ne pas laisser les citoyens gérer seuls cette crise humanitaire.

Le périple niçois des demandeurs d'asile venus avec Cédric Herrou mercredi 24 mai 2017 est révélateur à bien des égards.
Quand on arrive en ville...Quand on arrive en ville...
Ne pouvant gérer l'afflux de migrants arrivant chez lui, Cédric Herrou les a accompagnés à Nice afin qu'ils puissent enregistrer leur pré-demande d'asile et obtenir un rendez-vous dans une préfecture pour déposer leur demande d'asile.
Ces migrants viennent principalement du Soudan, du Tchad ou du Kenya et ont mis un an et demi à deux ans pour arriver en France.
Les pré-demandes sont délivrées à la Plateforme d'accueil des demandeurs d'asile (PADA), boulevard François Grosso à Nice, par l'association Forum Réfugiés habilitée par l'État.
Une vingtaine seulement de demandes pouvant être saisies mercredi, il a été demandé de revenir vendredi, après le pont de l'Ascension. 
Les 53 demandeurs d'asile non enregistrés se sont, dans l'attente, installés au parc Estienne d'Orves.
Une stratégie en trois temps a alors été sciemment mise en œuvre par les pouvoirs publics : le pourrissement, le défaussement et le harcèlement.
1. Le pourrissement
La Préfecture aurait très bien pu réquisitionner du personnel d'astreinte pour enregistrer l'ensemble des pré-demandes dans la journée de mercredi.
Au lieu de cela, elle a laissé les demandeurs d'asile dans l'attente jusqu'à la réouverture des bureaux, après le pont de l'Ascension, le vendredi matin.
Et si le personnel de l'association Forum Réfugiés ne s'était pas démené pour enregistrer les 53 demandeurs vendredi, il aurait fallu attendre le week-end et revenir le lundi suivant.
Le préfet des Alpes-Maritimes, continuellement informé, a donc délibérément choisi de laisser pourrir la situation.
2. Le défaussement 
La préfecture, la ville de Nice ou le département étaient en mesure d'ouvrir un gymnase, une école ou tout bâtiment public adéquat pour héberger les demandeurs d'asile et gérer humainement cette crise.
Au lieu de cela, les pouvoirs publics se sont entièrement défaussés sur les citoyens pour subvenir aux besoins des demandeurs d'asile. 
Ni eau, ni nourriture, ni hébergement n'ont à aucun moment été proposés.
C'est la seule générosité de particuliers et d'associations qui a permis de les accompagner durant ces trois jours passés à Nice, de les nourrir et de les héberger. 
3. Le harcèlement
Pire, les forces de l'ordre se sont livrées à un harcèlement continu durant deux jours.
Si le personnel policier n'est pas en cause, ne faisant qu'appliquer les consignes données, nous devons dénoncer ici très clairement cette ligne de conduite indigne, irresponsable et dangereuse.
Les demandeurs d'asile ont été expulsés du parc Estienne d'Orves. Nous nous sommes dirigés vers le palais préfectoral.
Les policiers nous ont barré la route, nous empêchant d'y accéder.
Nous nous sommes alors installés place du palais de justice. Les forces de l'ordre ont tenté de nous déloger de force et un demandeur d'asile a été blessé lors d'une chute, puis transporté à l'hôpital. 
Les migrants ont finalement dormi à même le sol, devant le palais de justice.
Le lendemain, après qu'a été négociée une installation dans un parc public, bd Franck Pilatte, cinq cars de CRS sont arrivés et il nous a été demandé d'évacuer.
L'alternative était claire : être déplacés de gré ou de force toutes les deux heures, ou accepter d'être cantonnés au Mont Boron !
Ce n'est que grâce à l'accueil du Secours catholique pour la journée, puis d'associations et de particuliers pour la nuit que nous avons échappé à une errance continue toutes les deux heures.
Le lendemain, les 53 demandeurs ont pu obtenir leur pré-demandes grâce au volontarisme et au professionnalisme du personnel de Forum Réfugiés. Mais ce n'est qu'une étape dans le long parcours administratif pour faire valoir leur droit à l'asile.
Remercions ici l'ensemble de cette belle chaîne de solidarité qui s'est mobilisée : Roya Citoyenne, le Secours catholique, Emmaüs, La Croix rouge, Un geste pour tous, Un toit pour toi, la FMS, Amnesty, la LDH, le MRAP, Tous citoyens... et j'en oublie forcément... Sans compter les citoyens solidaires venus spontanément aider, les uns accompagnant les migrants, quitte à veiller sur eux toute la nuit place du palais de justice, les autres faisant une soixantaine de sandwichs en 2 heures pour les ravitailler, tel particulier allant acheter savons et brosses à dents, tel autre apportant du thé... 
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À court terme et très concrètement :
- Les pré-demandes d'accueil enregistrées à Nice auraient pu l'être à Breil ou Menton, ce qui aurait évité ce périple. Si l'association Forum Réfugiés bénéficiait de moyens suffisants, une plateforme d'accueil des demandeurs d'asile itinérante pourrait tenir des permanences dans la Roya ou à Menton.
- Un Centre d'accueil et d'orientation doit être créé à Menton ou à Nice. 
L'État doit cesser de se défausser sur les citoyens et de les laisser gérer seuls cette crise humanitaire.
De façon plus globale, la France doit prouver qu'elle est toujours le pays des droits de l'homme en accueillant dignement les demandeurs.
Nous savons que le préfet ne prend pas seul ses décisions sur un dossier aussi médiatisé. Il est donc évident que le nouveau ministre de l'intérieur, le nouveau premier ministre, voire le nouveau président de la République suivent ce dossier.
Emmanuel Macron a déclaré à plusieurs reprises durant sa campagne que la France devait accueillir dignement les demandeurs d'asile. Il est temps de passer des promesses aux actes.
Demandeurs d'asile à Nice (priés de rester cachés) © bobpretendstobeblind
Nice : l'attente se poursuit pour les demandeurs d'asile © AZUR TV
Nice : la mobilisation se poursuit pour les demandeurs d'asile © AZUR TV