samedi 28 mars 2020

Il n'y aura pas de "jour d'après"

Les articles appelant à penser et à préparer "le jour d'après", souvent très pertinents, se multiplient. Or force est de constater que, les crises succédant aux crises, il n'y aura pas de jour d'après. Il faut, dès à présent, repenser le présent.

Les articles appelant à penser et à préparer "le jour d'après", souvent très pertinents, se multiplient, comme si le "moment post-coronavirus" était attendu comme moment fondateur d'un renouveau. Or force est de constater que, les crises succédant aux crises, il n'y aura pas de jour d'après. Il faut, dès à présent, repenser le présent.

Postulat

Notre époque n'est pas uniquement traversée par des crises successives, c'est le continuum de crises successives qui caractérise notre époque. 

Nous devons en conséquence repenser notre agir collectif et individuel afin d'être collectivement et individuellement aptes à résister et à surmonter ces crises, mais également afin d'être aptes à vivre et à nous émanciper collectivement et individuellement en temps de crise, pendant celle que nous traversons, quelle que soit sa nature et ses effets, car il y aura vraisemblablement de nouvelles crises après la crise.

Digression

Personne n'aurait pu prédire que nous allions tous être confinés et que l'économie mondiale serait partiellement à l'arrêt. Depuis le début du confinement, nous avons tous été enclins à penser, à un moment ou à un autre qu'une fois cette crise passée, "ce ne sera plus jamais comme avant." Aussitôt après avoir pensé cela, m'est revenu en mémoire notre état de sidération, à Nice, après l'attentat du 14 juillet 2016. Là également j'avais fait l'épreuve de cette pensée, bien que le contexte soit totalement différent : "rien ne sera plus jamais comme avant". Puis je me suis souvenu de l'expérience intime, d'un tout autre ordre, qu'a constitué pour moi la prise de conscience de l'urgence climatique, de l'impact de l'activité humaine sur la planète, de la décroissance subie et de l'effondrement. J'avais déjà vécu la prise de conscience individuelle de la contingence du monde en lisant Sartre ou celle du dépassement de l'illusion de liberté en lisant Spinoza. Mais là, lorsque nous réalisons que nous vivons une prise de conscience collective à grande échelle, nous sommes tentés de nous dire que "nous ne pourrons plus jamais voir les choses comme avant".

En réalité, nous sommes pris dans un tourbillon de crises successives et à chaque fois nous avons pensé que c'était la fin d'un cycle et que tout serait différent ensuite. Or, bien sûr, tout a repris, à chaque fois, de la même manière. Alors oui, le jour de la fin du confinement, nous irons tous voir les proches dont nous avons été séparés durant cette période, nous irons boire un verre entre amis et nous retrouverons l'infini plaisir de marcher ou de courir à plus d'un kilomètre de chez soi. Mais, de fait, nous devons affronter l'idée qu'au sortir de la crise du coronavirus et après un bref temps de répit, nous serons assaillis par un nouvel attentat ou un nouvel épisode caniculaire ou une nouvelle tempête, par une nouvelle crise politique ou sanitaire. Affronter l'idée qu'il n'y aura pas véritablement de "jour d'après" et encore moins de "monde d'après" nous impose une exigence de pensée encore plus grande. Le continuum de crise est tel que nous devons commencer à changer les choses dès maintenant, pendant la crise actuelle et sans attendre "le jour d'après".

Propositions

Proposition n°1 : préserver nos contre-pouvoir et notre démocratie en temps de crise

À chaque crise, qu'il s'agisse d'une vague d'attentat ou d'une crise sanitaire majeure, et afin de pouvoir prendre des décisions rapidement et efficacement, la tentation est grande de donner les clefs du pouvoir à quelques-uns voir à un seul en décrétant un état d'exception. Nous nous habituons ainsi à voir nos contre-pouvoirs suspendus ou réduits, à commencer par les prérogatives du parlement. Nous nous habituons également à voir nos libertés individuelles réduites voire supprimées en raison de la préservation de notre sécurité. Mais, à chaque fois et quelque soit la forme de l'état d'exception décrété, le risque de dérive autoritaire est grand, et le renoncement à nos droits et nos avancées démocratiques un peu plus ancré et accepté. Nous devons impérativement repenser nos institutions de sorte que des décisions rapides et efficaces puissent être prises sans contrevenir à la séparation des pouvoirs en France et en respectant chacun des contre-pouvoir. Nous devons également proclamer inaliénables et non suspensifs un certain nombre de droits collectifs et de libertés individuelles, qu'elle que soit la situation et la crise en cours.

Proposition n°2 : tendre vers une économie démondialisée et éco responsable

Afin d'affronter la crise actuelle et de parer aux crises futures il semble indispensable, entre autres, de :

- sortir les services publiques et les biens communs de l'exigence de rentabilité et de la loi du marché 

- diversifier l'économie et sortir de la mono activité, notamment touristique

- démondialiser, relocaliser et décarboner notre économie, filière par filière en s'emancipant autant que faire se peut des énergies fossiles.

- tendre vers l'autonomie alimentaire et énergétique 

Propositions n°3 : garantir un revenu universel à chacun

À chaque crise les plus démunis sont les oubliés des dispositifs mis en place et il faut à chaque fois lutter pour leur prise en charge. Nous devons garantir des conditions de vie décentes pour tous même lorsqu'une crise met l'économie à l'arrêt. Afin de ne pas devoir improviser de système d'aide universelle en temps de crise prenant le relais des aides classiques en temps "normal", il semble plus pertinent d'adopter un véritable "revenu universel" ou "revenu de base" garantissant, en temps de crise comme en tant normal, un revenu décent pour tous.

Chacune de ces propositions pourrait être complétée ou amendée et bien d'autres seraient à formuler. Mais l'essentiel est de garder à l'esprit que chacune d'entre elles doit être mise en oeuvre dès à présent.  Chacune doit pouvoir être appliquée aussi bien durant la crise actuelle que durant les temps de répit inclus dans le continuum de crises et durant les crises à venir, car il est vain d'attendre un "jour d'après".

mardi 24 mars 2020

Coronavirus : protection des sans-abri à Nice, encore un effort !

La mobilisation paye : Christian Estrosi ouvre l'internat du Lycée Massena et une auberge de jeunesse aux sans-abri. Mais si l'on ne va pas à leur rencontre les sans-abri n'en sauront rien et il faut organiser des maraudes couvrant l'intégralité de la ville pour les informer et les orienter.

La nature humaine est bien étrange. Personne n'aurait pu imaginer que nous soyons ainsi confinés. Par contre on aurait facilement pu parier qu'en cas de crise majeure, de quelque nature qu'elle soit, les sans-abri et les précaires seraient à nouveau oubliés et laissés pour compte.

Il en va ainsi du dispositif gouvernemental qui n’a pas anticipé la protection des sans-abri. Et, alors que beaucoup de communes ont pallié cet oubli en ouvrant rapidement des gymnases, des dispensaires ou autres bâtiments publics, la Ville de Nice, quelle surprise, a pensé aux drones et au couvre-feu avant de penser aux personnes en précarité.

Rappelons-le encore : les sans-abri ont droit à la même protection face au Covid-19 que l’ensemble de la population et les protéger permet en même temps de réduire le risque de propagation. Solidarité et lutte contre le virus vont de pair.

Suite à la mobilisation citoyenne à Nice, Christian Estrosi a annoncé l'ouverture aux sans-abri de l'auberge de jeunesse de la rue Sacha Guitry et de l'internat du Lycée Masséna et je salue cette avancée.

Mais nous n’avons fait que la moitié du chemin : il faut désormais sortir de la logique de guichet et aller au-devant des sans-abri.

En effet, le maire de Nice a déclaré à la presse qu'il avait proposé des places supplémentaires aux plus fragiles "qui se manifesteraient, ce qui n'est pas le cas pour le moment puisque l'Etat leur propose des chambres d'hôtels". Or c’est ignorer que la logique de guichet où l'on attend que les bénéficiaires potentiels se manifestent n'est pas adaptée aux politiques d'urgence sociale où il est indispensable d'aller à la rencontre des plus précaires.

De nombreux sans-abri ne sont pas au courant des moyens mis à leur disposition et n'ont à ce jour rencontré aucun travailleur social. Certains sont des exilés qui ne parlent pas le français et ne connaissent pas la ville. D’autres sont des SDF ayant connu de mauvaises expériences en centre d’accueil et ne souhaitant pas y retourner ou pensant simplement qu'ils sont, comme à l'accoutumée, plein à craquer. Mais il y a aussi celles et ceux qui vivent dans des squats, qui dorment dans leur voiture, leur caravane ou dans des camps de fortune. Tous doivent d’être informés des risques du Covid-19 et se voir proposer une prise ne charge.

Il s'avère dès lors indispensable d'organiser des maraudes coordonnées permettant de couvrir l'intégralité de la ville, de rencontrer les sans-abri, de les informer et de les orienter, tout en protégeant autant que faire se peut les travailleurs sociaux eux-mêmes. 

Et ce n’est qu’une fois que le plus grand nombre possible de sans-abri sera orienté vers les structures de prises en charge que nous verrons si les chambres d’hôtel du 115, les places disponibles du CCAS et des deux nouveaux sites mis à disposition seront suffisants, ce dont je doute fortement.

vendredi 20 mars 2020

Mineurs isolés : le Département 06 enfreint les règles de confinement

 Communiqué de presse de l’association « Tous citoyens ! » du 19 mars 2020

« Mise à la rue de jeunes exilés : 

le Département des Alpes-Maritimes enfreint les règles de confinement »

L’association « Tous citoyens ! » vient en aide aux exilés dans les Alpes-Maritimes et notamment aux Mineurs Non Accompagnés.

A 29 reprises en deux ans, notre association a accompagné des jeunes mis à la rue par le service d’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) des Alpes-Maritimes parce qu’ils ne pouvaient pas, selon ce service, prouver leur minorité. A 29 reprises le Tribunal pour Enfant de Nice a reconnu la minorité de ces jeunes, a ordonné leur placement jusqu’à leur majorité et a obligé l’ASE à les réintégrer.

Nous avons été contactés hier après-midi, mardi 17 mars 2020, par deux jeunes exilés, H., bangladais, et S., malien, car l’ASE les avait mis dehors du foyer où ils étaient mis à l'abri, le jour même, en pleine crise sanitaire du Covid-19, et à l’encontre de toutes les règles de confinement et de limitation des déplacements fixées par l’Etat.

Notre association étudie les possibilités de recours au tribunal concernant ces deux jeunes afin qu’ils obtiennent la protection de l’enfance jusqu’à leur majorité si celle-ci est établie, ainsi que le bien-fondé d'éventuelles demandes d’asile.

Cependant, qu’il s’agisse de mineurs ou de jeunes majeurs, le fait de mettre à la rue deux jeunes exilés étant vraisemblablement passés par l’Italie il y a deux mois, est totalement inconsidéré et irresponsable tant pour la santé de ces jeunes et que pour la santé publique.

Nous interpellons publiquement le service d’Aide Sociale à l’Enfance 06 et le Président du Département 06 dont il dépend, Charles-Ange Ginésy afin qu’ils expliquent pourquoi ils ont délibérément enfreint les consignes de confinement et afin que de tels actes ne se reproduisent plus.

Nous interpellons publiquement le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, afin de lui signaler les faits et qu’il puisse veiller au respect des consignes de confinement par les services du Département des Alpes-Maritimes.

Nous combattons au quotidien les entraves faites au respect des droits des mineurs isolés dans notre département. Nous ne nous attendions pas à devoir faire respecter les consignes de lutte contre la propagation du Covid-19 par le Département des Alpes-Maritimes lui-même.

Nice, le 18 mars 2020

Association « Tous citoyens ! »

jeudi 19 mars 2020

Répondre à l'urgence sanitaire et sociale à Nice

Cannes ouvre un centre d'accueil pour sans-abri au Palais des Festivals, Montpellier ouvre deux gymnases, Toulouse deux dispensaires... Quand Nice va-t-elle réagir ? Solidarité et lutte contre la propagation du Covid-19 vont de pair.


Communiqué de presse de "Viva ! démocratie, écologie, solidarité" 

du 19 mars 2020

Répondre à l'urgence sanitaire et sociale à Nice

Nous devons toutes et tous participer à la solidarité nationale, en responsabilité, pour faire face à la crise sanitaire que nous traversons.
Si nous appelons l’ensemble des citoyennes et des citoyens à respecter scrupuleusement les consignes données par le gouvernement, nous constatons à regret que les sans-abri, à nouveau, sont les oublié·es des dispositifs nationaux mis en place.

Or, pour leur propre santé comme pour la santé publique, il est indispensable de leur offrir les mêmes possibilités de confinement et d’hygiène qu’au reste de la population. Devant l’absence de mesure nationale, de nombreuses villes mettent en place des solutions d’hébergement d’urgence et de prise en charge des sans-abri.

Nous demandons officiellement au maire de Nice, Christian Estrosi, de faire de même et le plus vite possible en ouvrant des lieux d’accueil pour
les sans-abri.

Il s’agit d’une part de limiter la propagation du Covid-19 et, d’autre part, d’apporter des conditions de vie dignes et un peu d’humanité aux personnes sans domicile fixe en cette période de crise sanitaire majeure.

Nous avons proposé, lors de la campagne électorale du 1er tour des municipales, que le site de l’ancien Hôpital Saint-Roch retrouve sa vocation
de solidarité et d’hospitalité. Il pourrait servir, dès à présent, à l’accueil des plus démuni·es à Nice.


Nice, le 19 mars 2020

dimanche 8 mars 2020

Lettre ouverte aux écologistes niçois

 Bonjour,

J'ai hésité longtemps à vous écrire ces mots, mais j'ai pour habitude de pratiquer la transparence et, devant l'enjeu et devant le sentiment d’écœurement qui me submerge, je me suis décidé à rédiger ces quelques lignes. 

Nous sommes à une semaine du premier tour des élections municipales niçoises. Nous devrions vraisemblablement subir un troisième mandat estrosiste qui nous promet encore plus de béton, encore plus de pollution atmosphérique, encore plus de déchets, de nuisances sonores, de pollution visuelle et de déperdition énergétique.

Je ne suis pas un spécialiste du climat. Je ne suis pas un spécialiste de la décroissance, de la sobriété, ni de la collapsologie. Mais je sais que le mandat qui arrive est décisif. Durant les six prochaines années, si la transition écologique n'est pas réellement engagée à Nice, nous passerons un irrémédiable pallier, nous atteindrons un point de non retour. 

Le Collectif citoyens 06 est parvenu à faire entendre une triste réalité. 500 décès prématurés par an à Nice sont liés directement à la pollution atmosphérique parce que nous ne suivons pas les prescriptions de l'OMS. Mais sur combien d'autres décès et sur combien de pathologie cette pollution a-t-elle des impacts qui n'entrent pas dans ces 500 décès prématurés ? Il ne s'agit pas seulement de protection de l'environnement et de la biodiversité. Il s'agit de santé publique et cette question devrait interpeller même les plus climato-sceptiques.

Cette question aurait dû être au cœur du débat démocratique des municipales. Parmi les douze plus grandes villes de France, Nice est classée avant dernière dans la lutte contre la pollution de l'air. Ne pas lutter contre la pollution est irresponsable. Décider sciemment de polluer davantage est coupable. Or c'est très précisément ce que fait l'actuelle municipalité avec l'extension de l'aéroport de Nice et l'augmentation du nombre de passagers de 13 millions à 21 millions en 2030. Voter Christian Estrosi, c'est lui donner un permis de polluer encore davantage durant six ans.

Au niveau de la Métropole NCA, 60 % de la production de gaz à effet de serre provient des transports. Il faut bien sûr prendre des mesures sur les transports de marchandises et les poids lourds. Il faut surtout s'atteler à la place de la voiture en ville sans pour autant pénaliser ceux qui sont contraints de prendre leur voiture et qui ne peuvent acheter de véhicule moins polluant. Or nous ne pourrons réduire significativement, en six ans, la place de la voiture à Nice si nous ne parvenons pas à amorcer un profond changement de comportement. C'est la raison pour laquelle, en plus du développement des mobilités douces et d'un véritable plan vélo et des ZFE, nous proposons la gratuité totale des transports en commun pour offrir une alternative concrète et à moindre coût à l'usage du véhicule particulier.

Face aux dérèglements climatiques de plus en plus fréquents, qu'il s'agisse des inondations ou des canicules, il n'y a aucune anticipation de la part de la Ville de Nice, aucun plan de perméabilisation des sols, aucune réflexion sur le bâti et sur les nouvelles constructions vis-à-vis de la chaleur, rien. On continue à construire en zones anciennement inondables avec le même types de matériaux. On continue d'imperméabiliser les sols et d'importer des dalles sombres de Chine...

Nous sommes d'accord, je l'espère, pour dire que l'écologie doit être une priorité pour le futur mandat municipal. Mais l'urgence climatique et l'urgence sociale sont indissociables et nous ne devons pas traiter l'une sans l'autre : à causes communes, solutions communes. Et nous ne pourrons répondre à l'urgence sociale et à l'urgence climatique sans une démocratie active où chacun et chacun deviennent pleinement acteurs de la mutation que nous voulons mener. C'est la raison pour laquelle la liste Viva allie ces trois priorités qui interagissent et s'enrichissent les unes les autres : démocratie, écologie, solidarité.

Mais, une fois cela posé, je me dois de dénoncer ici un leurre, un mensonge, une supercherie. La liste EELV-AEI ne peut représenter l'alternative que nous appelons de nos voeux. Elle ne peut incarner l'écologie politique au conseil municipal et au conseil métropolitain. Et cela pour trois raisons : la première est politique, la seconde idéologique et la troisième est éthique.

D'un point de vue politique tout d'abord, alors que l'ensemble de la société civile s'est mobilisée, de collectifs citoyens en associations, de pétitions, de recours en justices en marches pour le climat, les élus EELV sortant ont été inaptes, durant six longues années d'opposition, à incarner une alternative et à donner à voir une autre vision du développement urbain à Nice, une autre gestion possible des déchets, une autre conception du réseau de transports, un autre mode de gestion de l'eau et des ressources énergétique. Ne cherchez pas leur bilan de mandats, ils n'en n'ont pas.

D'un point de vue idéologique, l'idée que l'écologie est ni de droite ni de gauche ne tient pas. L'écologie n'est pas soluble dans le libéralisme économique tel qu'il se développe actuellement et poser comme le fait cette liste une compatibilité entre l'écologie et le capitalisme est une erreur fondamentale. J'ajoute que ceux qui se disent "ni de droite ni de gauche" finissent généralement à droite. La proposition de Jean-Marc Governatori de généraliser les voisins vigilants et donc un système de délation citoyenne dans toute la ville le démontre.

D'un point de vue éthique désormais : Jean-Marc Governatori a été condamné à un an d'inéligibilité. Il a proposé à Brigitte Bardot d'être candidate à l'élection présidentielle alors que ses propos racistes et homophobes étaient connus de tous. Durant cette campagne municipale, la liste EELV-AEI a fait passer des salariés rémunérés qui distribuaient leurs tracts pour des militants écologistes. Ce n'est que lorsque l'affaire a été révélée par la presse qu'elle a reconnu les faits. Cette liste a également diffusé de faux micro trottoirs où l'on faisait passer pour des citoyens lambda des militants chevronnés. Mais il y a pire. Aucune réponse crédible n'a été apportée aux accusations extrêmement graves portées contre Jean-Marc Governatori selon lesquelles il serait un marchand de sommeil exploitant la misère humaine. J'espère que la famille en question sera rapidement relogée, que la justice sera saisie de cette affaire et que toute la lumière sera faite sur les faits rapportés. Mais, dans ses propres propos, le tête de liste EELV-AEI confirme qu'il relevait bien des loyers et quand on évoque le fait que la Préfecture avait déclaré le dit logement impropre à l'habitation, il botte en touche sans répondre en déclarant que l'Etat peut se tromper.

Autant je peux accepter le débat démocratique d'égal à égal avec des adversaires politiques ayant leur propre cohérence, autant là, nous touchons à la légitimité même à prétendre à des responsabilités d'élus. Nous sommes bien au-delà des enjeux politiciens. Nous sommes à un niveau de civisme qui nous impose de dénoncer l'illégitimité de cette liste à incarner des valeurs écologistes et humanistes.

Et ce n'est pas un hasard si Mari-Luz Hernandez Nicaise, ancienne conseillère municipale EELV de 2001 à 2014 et ancienne présidente de la Commission d'Appel d'Offres de 2008 à 2014 à la Ville de Nice, si Rémi Gaechter, ancien conseiller municipal EELV de 2001 à 2014 et si Jean-Noël Montagné, fondateur des Assises de la transition écologique et citoyenne 06 soutiennent la liste Viva.

En conséquence, j'invite l'ensemble des écologistes niçois à rallier la liste Viva !, à nous donner les moyens de peser dans les débats démocratiques en qualité d'élus municipaux et métropolitains, de tout faire pour bloquer et empêcher les projets polluants de Christian Estrosi et de démontrer avec vous, à l'ensemble de la population, tout au long du prochain mandat, dossier après dossier, qu'une alternative réellement écologique est possible à Nice.

Les 15 et 22 mars prochain, votez et faites voter massivement pour la liste Viva ! Démocratie, écologie, solidarité.

David Nakache

Président de l'association "Tous citoyens !"

Candidat sur la liste Viva, démocratie, écologie, solidarité.

dimanche 1 mars 2020

Nice, ville d'hospitalité

Jeudi 27 février 2020, au Théâtre de la Tour Gobella à Nice, la liste Viva a présenté le volet « solidarité » de son programme municipal. En charge de la partie consacrée à la grande précarité et l’urgence sociale, voici en substance les éléments que j’ai présenté, pour faire de Nice, enfin, une ville d'hospitalité. Verbatim.

"On nous demande souvent ce que l’on pense du bilan de Christian Estrosi. La liste Viva pose un premier principe simple : tant que nous verrons à Nice des enfants dormir à la rue ou des personnes âgées contraintes de faire les poubelles pour se nourrir, nous ne pourrons pas considérer que le bilan d’une municipalité soit positif. 

Aujourd’hui que se passe-t-il à Nice ? Comme d’autres acteurs associatifs, on nous appelle parce qu’il y a une jeune maman en larmes dans un square avec deux enfants. Ils ont déjà dormi deux ou trois nuits dehors, ils ont faim, ils sont épuisés. Si vous appelez la Ville de Nice, on vous répond d’appeler le 115. Si vous appelez de 115 on vous demande immédiatement l’âge des enfants : dans les Alpes-Maritimes les enfants de plus d’un an ne sont pas prioritaires. On estime qu’ils ne sont pas en danger et peuvent dormir dehors, alors que dans la majorité des autres départements les enfants sont automatiquement pris en charge jusqu’à trois ans. Et si les foyers sont pleins on prend une chambre d’hôtel meublée pour la famille. Mais pas dans les Alpes-Maritimes. Et, bien souvent, quand des familles sont hébergées parce qu’elles ont un enfant de moins d’un an, on les met à la rue la semaine suivant le 1er anniversaire du bébé. Et il en va de même pour les femmes enceintes à la rue : on ne les prend qu’à partir du 7ème mois de grossesse alors elles sont accueillies ailleurs dès leur 4ème mois de grossesse. Quelle est cette ville où l’on considère qu’une jeune fille à la rue, enceinte de six mois, n’est pas vulnérable ?

Bien évidemment, la municipalité sortante se défaussera sur les prérogatives légales de l'État et sur la compétence du Conseil Départemental. « Ce n’est pas nous, c’est eux… ». Mais d'autres villes en France assurent, elles, davantage de solidarité et pallient aux multiples carences par un maillage serré de dispositifs autrement plus denses et plus efficaces que l'organisation niçoise de l'action sociale.

Nous posons un second principe d’action : quand bien même il faut pousser chaque partenaire institutionnel à jouer son rôle et assumer pleinement ses prérogatives, la Ville de Nice mènera une action volontariste pour garantir des conditions de vie dignes pour toutes et tous.

Mais la Ville de Nice ne se défausse pas que sur ses partenaires, elle ne s’en remet pas seulement au dévouement de ses travailleurs sociaux qu’elle pressurise sans cesse en leur laissant de moins en moins de moyens d’action, elle laisse également les associations et les citoyens solidaires pallier son indifférence.

Nous posons un troisième principe d’action : si le soutien aux associations est indispensable et sera maintenu avec une planification dans la durée, la Ville de Nice cessera de se défausser sur le travail des associations et mettra en œuvre une véritable politique municipale de solidarité et d’hospitalité.

En effet, le dévouement des travailleurs sociaux ne parvient à pas compenser le manque criant d’équipements de solidarité et de première nécessité. Et, lorsque l’on parle de conditions de vies dignes, cela passe en premier lieu par l’hébergement d’urgence.

Les places d’hébergement d’urgence sont largement insuffisantes. Il y a à Nice, 5ème ville de France, 80 places municipales d’hébergement d’urgence pour hommes, nous les doublerons.

Il n’y a que 19 places réservées aux femmes ! C’est dérisoire et indigent quand l’on connait les besoins et les risques de violences pour les femmes à la rue. Nous triplerons ce chiffre pour atteindre 60 places d’hébergement d’urgence pour femmes.

Il n’y a pas de centre municipal d’hébergement d’urgence pour les familles, nous en créerons un.

Il n’y a pas de centre municipal d’accueil spécifique pour les exilés alors que nous sommes si proche de la frontière, nous en créerons un également.

Mais l’on nous oppose systématiquement l’argument du manque de foncier disponible pour créer ces structures. Il n’y aurait donc, à Nice, pas de locaux ni de terrains disponibles pour répondre à l’urgence sociale. Et il y a là un phénomène bien étrange : quand il s’agit de sécurité, tout est possible à Nice, mais, dès qu’il s’agit de social, soudain, la volonté, la détermination et les moyens financiers font défaut !

La liste Viva s’engage à restituer sa dimension sociale à l’ancien Hôpital Saint Roch, qui redeviendra un lieu de soin, de solidarité et d’hospitalité.

Nous avons déjà le plus grand nombre de policiers municipaux et le plus grand nombre de caméras de vidéo surveillance par habitant, nous avons un budget sécurité largement supérieur à celui des villes semblables pour des résultats équivalents, nous n’avons pas besoin de dépenser 45 millions d’euros en trois ans pour un grand centre de sécurité ! Nous allons utiliser les 45 millions prévus pour répondre à l’urgence sociale. Nous casserons la convention passée avec le gouvernement et nous utiliserons les 30 000 m2 de l’hôpital, qui avait une capacité de 218 lits en 2014, pour accueillir et prendre soin. EHPAD ? Lieu intergénérationnel ? Hébergement d'urgence pour femmes, familles ou pour exilés ? Maison des femmes ou centre de soin ? Le bâtiment est suffisamment vaste pour y installer plusieurs structures faisant actuellement défaut mais nous aviserons en fonction d'un état des lieux précis des besoins puisque les données fournies par la Ville sont partielles et partiales.

Nous créerons également une aire de grand passage pour les gens du voyage et nous développerons un accompagnement social spécifique à leur attention.

Illustration 1

Mais, lorsque l’on parle de conditions minimales d’existence, avec l’hébergement, vient la question de l’hygiène. Les conditions de vie et d’hygiène dans les rues de Nice pour les sans-abris sont indignes : ni toilettes, ni douches gratuites.

Nous rétablirons des toilettes et des douches publiques fixes et gratuites dans tous les quartiers de la ville !

On ne peut garantir des conditions dignes sans nourriture et sans eau. Faut-il rappeler que nous avons dû mener bataille pour que l’accès à l’eau potable soit rétablie sur la Place du Pin car la mairie avait trouvé le moyen de couper l’eau pour chasser les SDF ?

Nous garantirons l’accès gratuit à l’eau potable pour toutes et tous, nous organiserons des maraudes municipales en complément des maraudes associatives pour un maillage complet du territoire et nous créerons des épiceries sociales municipales.

La dignité passe également par le respect de la personne, la non-discrimination et le respect des biens et des droits. Car, non contente de laisser les sans-abris dans des conditions indigentes, la Ville de Nice mène une politique discriminatoire à leur encontre en prenant chaque année des arrêtés anti-mendicité en période estivale, tout aussi injustes qu’inefficaces. Elle installe du mobilier urbain anti-SDF : accoudoirs sur les bancs publics et revêtement de galets pour empêcher les SDF de s’allonger, espaces publics clos et grillagés.

Nous mettrons fin aux politiques de stigmatisation et de ségrégation : fin des arrêtés et du mobilier urbain anti-SDF

Nous faciliterons l’inclusion des sans-abris par un véritable accompagnement municipal à la domiciliation, la préservation des biens et des données personnelles et par le respects des droits individuels.

Nous permettrons au sans-abri d’exercer leur citoyenneté et leur droit de vote et de participation aux nouvelles instances démocratiques que nous créerons.

Mireille Damiano, notre tête de liste et la liste Viva font d’ailleurs partie des premiers signataires de la charte de la Fondation Abbé Pierre pour des villes d’hospitalité et les droits des sans-abris.

Mais, dès que l’on veut mettre en place une véritable politique sociale, après l’argument du foncier non disponible, on nous objecte immédiatement qu’il n’y a pas d’argent pour cela. Or, après douze années de mandat, force est de constater que l’action sociale est le véritable parent pauvre de la politique menée à Nice par Christian Estrosi et son équipe. Et cet abandon de la politique sociale est flagrant dès que l’on regarde le budget de la Ville de Nice.

Dans le budget primitif 2020, en investissement, quand la sécurité rafle 21 M€, l’action sociale cumulée à la politique de la ville ne plafonne qu’à 8 M€. En fonctionnement, quand la sécurité atteint 72 M€ l’action sociale n’a que 25 M€ !

Et que dire des dépenses d’événementiel et de communication de la Ville qui vont s’élever à 22 M€ en 2020 !

Et que dire du financement du grand prix de formule 1 du Castellet à hauteur de 6 M€ ? À titre d’exemple, 6 M€, c’est le coût de construction d’un centre d’hébergement et d’accompagnement social.

Nous posons un quatrième principe : le gel des dépenses non indispensables de la Ville de Nice tant que les réponses à l’urgence sociale ne sont pas garanties. C’est cela, faire du social une véritable priorité !

Vous le voyez, toutes ces mesures concrètes et ces quatre principes d’action concourent à faire de Nice une ville de solidarité et d’hospitalité, qui sache tout autant prendre soin de ceux qui sont déjà ici qu'accueillir ceux qui arrivent. 

Nous refusons toute concurrence dans la misère entre « nos » SDF et les exilés qui arrivent et cherchent un refuge.

La précarité frappe aussi bien les jeunes, les familles et notamment les familles monoparentales que les personnes âgées. Nous combattrons la pauvreté sans stigmatiser les pauvres, quels qu’ils soient.  Et c’est l’engagement que nous prenons ici, ce soir, devant vous…"

David Nakache

Président de l'association "Tous citoyens !"

Membre de la liste Viva pour les élections municipales 2020 à Nice