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dimanche 2 novembre 2025

Nice : du mésusage de la protection fonctionnelle


Nice : du mésusage de la protection fonctionnelle


Christian Estrosi est coutumier des procédures bâillons, ces procédures visant à faire taire des opposants politiques, des journaliste d’investigation ou toute voix remettant en question le récit politique qu’il tente d’imposer. Il a ainsi intenté de nombreuses actions en justice contre les journalistes David Thomson (prix Albert Londres 2017), Elise Lucet, Loïc Tanant et Hélène Constanty, contre Séverine Tessier (porte-parole d’Anticor), contre des opposants politiques comme Patrick Allemand, Jean Christophe Picard, Juliette Chesnel, Christelle d’Intorni, et, à deux reprises, contre moi-même.

Ces procédures ont pour conséquence de judiciariser le débat public et d’encombrer inutilement les tribunaux. Elles amputent le débat public en réglant au tribunal ce qui devrait être débattu sur la place publique. Elles dissuadent par la peur d'un procès tout citoyen qui voudrait défendre des revendications fortes et elles portent atteinte à la liberté d’expression. Elles constituent de véritables procédés d'intimidation pour réduire des opposants au silence. Elles ne devraient pas avoir leur place en démocratie. 

Dans le cadre de ces procédures bâillons Christian Estrosi a fréquemment recours à la protection fonctionnelle. La protection fonctionnelle est une disposition légale utile et souvent indispensable qui sert à protéger les agents publics et les élus contre les attaques ou les mises en causes pénales dont ils peuvent être l'objet dans le cadre de l'exercice de leurs fonctions ou de leurs mandats. L’administration concernée prend alors en charge la défense ainsi que les frais de justice et les frais d'avocats nécessaires. Or dans ces affaires, le maire de Nice ne demande pas la protection fonctionnelle pour se défendre lorsqu’il est attaqué en justice mais lorsqu'il choisit délibérément d’attaquer lui-même des journalistes ou des opposants.

Il s'agit clairement là d'un usage abusif de la protection fonctionnelle, détournée de son objet premier, pour servir des intérêts personnels et électoralistes. 

Dans les deux procédures que Christian Estrosi a engagées et a perdues contre moi, il aurait, selon ce qui a été déclaré en séance du conseil municipal, fait dépenser plus de  23 000 € aux contribuables niçois. Combien Christian Estrosi a-t-il gaspillé d’argent public sur l’ensemble des procédures en justice qu’il a lui-même intentées ? 

Les Niçoises et les Niçois n'ont pas à payer l'acharnement politique du maire de Nice contre ses opposants. 

Lors du conseil métropolitain du 22 octobre 2025 le maire de Nice a sollicité la protection fonctionnelle pour engager une action en justice contre Éric Ciotti. Si certains élus se sont opposés avec constance au détournement de l’usage de la protection fonctionnelle (Jean-Christophe Picard, Juliette Chesnel et, à l’autre bout de l’échiquier politique, Philippe Vardon), d'autres, proches du président de l’UDR, semblent avoir soudain découvert la question du bon usage des fonds publics en la matière. Mais, qu’il s’agisse de procédures engagées à l'encontre d'Eric Ciotti comme de toute autre personne, la protection fonctionnelle ne doit pas être instrumentalisée et les contribuables niçois n'ont pas à financer les règlements de compte politiciens du maire de Nice.

Le mésusage récurrent de la protection fonctionnelle à Nice, par le maire lui-même et sa majorité, soulève un double questionnement : sur le bon usage des fonds publics d'une part et, de l'autre, sur le dévoiement des dispositifs légaux et des fonctions électives à des fins personnelles.


Nice, le 3 novembre 2025
David Nakache

mercredi 29 octobre 2025

Journal d'un bénévole, 27 octobre 2025

Comment une jeune fille, ayant subi une excision, des violences sexuelles et un naufrage en Méditerranée, peut elle être passée par un foyer de l'Aide Sociale à l'Enfance des Alpes-Maritimes sans avoir vu ni gynécologue, ni psychologue ?

Parce qu'elle est guinéenne et étiquetée "migrante" ?

Ecœurement.

Journal d'un bénévole, 27 octobre 2025

David Nakache
Association Tous citoyens

lundi 20 octobre 2025

« En finir avec la corruption à Nice »

 

« En finir avec la corruption à Nice »

(mise à jour octobre 2025)

 

Lorsque, durant la campagne des élections municipales 2020, j’ai déclaré « Il faut en finir avec la corruption à Nice », Christian Estrosi, se sentant directement visé, m’a attaqué en justice pour diffamation. Il a fallu deux ans de procédure pour que je sois définitivement relaxé. Sujet sensible, quiconque dénonce la corruption à Nice peut se retrouver soi-même sur le banc des accusés…

En réalité, il faut lever le tabou de la corruption, reconnaitre l’étendue du problème et se donner les moyens de lutter efficacement contre ce phénomène. La lutte contre la corruption doit devenir une priorité de l’action publique locale.

Depuis plusieurs décennies les affaires de corruption se multiplient. A Nice, les années 1990 ont été marquées par les condamnations, la fuite en Uruguay puis l’arrestation de Jacques Médecin à la suite d’un mandat d’arrêt international (délit d’ingérence, détournement de fonds, abus de biens sociaux…). Les années 2000 ont été rythmées par l’affaire Vialatte (détournement de fonds), la condamnation du juge Renard (violation du secret professionnel) puis celle du groupe Thalès (corruption active dans l’affaire de la ligne 1 du tramway). Mais Nice n’est pas la seule où la corruption sévit : rien qu’en Provence Alpes-Côte d’Azur, l’affaire Guerini, dont la condamnation vient d’être définitivement confirmée, a profondément marqué Marseille. Rappelons la condamnation définitive et l’inéligibilité du maire de Toulon, Hubert Falco, ou celle de l’ancien maire de Cannes, Bernard Brochand, etc.

Il y a actuellement plus d'une douzaine d'« affaires majeures » concernant la Ville de Nice, la Métropole Nice Côte d'Azur, le Département 06 ou, directement, certains de leurs élus respectifs. 

Ces "affaires" sont de natures bien différentes mais toutes liée à la gestion de l'action publique locale :

- Cumul d'emplois
Un rapport de la Cour Régionale des Comptes de décembre 2023 (chapitre 5.6.2) relève que quatre collaborateurs de cabinet et deux agents du Département 06 qui exerçaient également leurs fonctions au sein du cabinet ont été, dans le même temps, assistants parlementaires d'Eric Ciotti à l’Assemblée nationale. Ces cumuls d'emplois ne sont pour certains pas légaux et, pour d'autres, auraient pu l'être mais les autorisations nécessaires n'ont pas été demandées ni délivrées.

13.05.2024 : enquête préliminaire ouverte par le procureur de Nice pour détournement de fonds publics. 

- Détournement de déchets : 
Suite à un reportage de la chaine M6 dévoilant le détournement illégal de 26 000 tonnes de déchets vers l’Espagne, une enquête judiciaire a été déclenchée. Enjeux : l'exécution des marchés publics. Le producteur de déchets (la Métropole Nice Côte d'Azur) doit en garantir la traçabilité jusqu'à l'exutoire final, même s'il en a confié ou délégué la gestion a un prestataire.

30.06.2024 : perquisition dans les locaux de la Métropole

27.06.2025 : six personnes mises en examen dont une placée en détention provisoire
- Emplois fictifs : 
Soupçons d’emplois fictifs au Centre Départemental de Gestion de la fonction publique des Alpes-Maritimes (organisme de formation du personnel de la fonction publique territoriale), à la suite d’un rapport de la Cour Régionale des comptes de 2020 (chapitre 6.7) visant deux proches du maire de Nice actuellement Adjoint à la Ville de Nice et la Métropole Nice Côte d'Azur pour l'un et Directeur de cabinet pour l'autre.

24.11.2020 : ouverture d'une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics par le procureur de Marseille

- Fichage d'administrés :
Soupçons de fichage illégal d'administrés. L'affaire a été révélée par le journal Libération : le député et conseiller départemental aurait fiché sans leur consentement plus de 800 personnes avec des données sensibles et des mentions spécifiques : "sourde", "non voyant", "confession juive", "protestant", "propriétaire foncier". En outre, les fichiers mentionneraient également les personnes ayant bénéficié d'interventions positives "crèche", "emploi", "terrain"... ce qui s'apparente clairement à une démarche clientéliste. 

12.08.2025 : perquisition dans les locaux du Département 06

 13.10.2025 : dépôt de plainte de la LDH et l'association ADN

- Favoritisme :
Charles Ange Ginesy, président du Département 06 est soupçonné de favoritisme en ayant signé en 2017 un bail incluant plus de 500.000 euros de travaux pour reloger les salariés du SICTIAM, syndicat qu’il présidait, sans appel d’offres pour une part des travaux (331.000 euros), ce qui est contraire aux règles de la commande publique.

03.07.2025 : le procureur de la République requiert à l'encontre du président du Département 06 une peine de 18 mois de prison avec sursis, trois ans d’inéligibilité ainsi qu'une une amende de 35 000 €.

29.09.2025 : le tribunal correctionnel de Marseille prononce la relaxe de Charles Ange Ginesy. Reste à savoir si le Parquet fera appel de cette décision. 


- GIP Grand Prix de Formule 1 : 
Soupçons d’irrégularités comptables avec 32 millions de dettes à la clef dans la gestion du Grand Prix de Formule 1 par le Groupement d'Intérêt Public dont Christian Estrosi était le président et qui est placé depuis en liquidation. L'enquête vise également des frais de bouches et des voyages de Christian Estrosi dont un voyage de 3 jours pour 10 personnes à Abu Dhabi dans le cadre du Grand Prix chiffré à 70 000 €. 
Christian Estrosi a par ailleurs fait voter, en tant que président de la Métropole, une subvention de 12 millions d’euros alors que le Grand prix se déroulait… au Castellet dans le Var.
Septembre 2023 : ouverture d'une enquête judiciaire pour favoritisme et détournement de fonds. 

 - Hopman Cup : 

Enquête préliminaire menée par le Parquet National Financier pour détournements de fonds publics concernant la gestion du tournoi de tennis Hopman Cup en juillet 2023. 
Le "Nice Lawn Tennis Club" aurait reçu 800 000 € de la mairie et 150 000 € de l'office de tourisme mais pourrait ne pas avoir été, sur le plan légal, le réel organisateur du tournoi.

22.05.2024 : perquisitions à la mairie de Nice et à l'office du tourisme

- Loi SRU : 

Enquête pour concussion visant l’ancien préfet des Alpes-Maritimes, Bernard Gonzalez, qui aurait dû faire payer des pénalités à la Ville de Nice qui ne produit pas assez de logements sociaux et ne respecte pas la loi SRU. 

- Nice Climate Summit et l’Eurovision Junior :

Laura Tenoudji-Estrosi et Christian Estrosi visés par une enquête pour prise illégale d’intérêts et détournement de fonds publics. 
L'épouse du maire a co animé la cérémonie d'ouverture de l'Eurovision junior alors que la ville de Nice aurait contribué à l'événement à hauteur de 605 000 €.
Laura Tenoudji-Estrosi devait également animer le Nice Climate Summit mais y a renoncé suite à la polémique suscitée par cette annonce.

03.04.2025 : perquisition à la mairie de Nice et dans les locaux de la Métropole

30.06.2025 : Christian Estrosi et son épouse sont placés 13h en garde à vue.

Voir à ce sujet mon interview BFM Nice Côte d'Azur


- Parking du port de Nice :
Soupçons de détournements de fonds publics concernant la mise à disposition gratuite de cartes de parking par la CCI 06 entre 2021 et 2023 au bénéficie d'Eric Ciotti et de plusieurs de ses collaborateurs, notamment durant la campagne des législatives de 2022.

31.05.2024, enquête préliminaire pour détournements de fonds publics par le procureur de Nice 

20.11.2024 : perquisition au port de Nice 


- Projets immobiliers « Iconic » et « Avant-Scène » : 
Enquête pour trafic d’influence, escroquerie en bande organisée, abus de bien sociaux, faux et usage de faux. L’Avant-Scène, construit face à la nouvelle gare Saint Augustin, dans une zone longtemps classée inondable, s’est enfoncé de 16 cm dans le sol (communiqué Tous citoyens).

26.01.2024 : perquisitions dans les locaux de la Métropole

29.06.2024 : seconde perquisitions dans les locaux de la Métropole

- Tempête Alex : 
Enquête pour escroquerie en bande organisée, détournement de fonds publics, faux et usage de faux, blanchiment en bande organisée, prise illégale d’intérêts et recel.

La tempête Alex, en octobre 2020, a fait 11 décès et 8 disparus. Le passage de la tempête Aline en octobre 2023, a démontré que les structures de reconstruction en dur avaient tenues mais que les structures provisoires avaient été emportées. Si la tempête Aline avait été plus forte il y aurait vraisemblablement eu de nouveaux décès. 

L’enquête porte sur des travaux de reconstruction financés par la Métropole de Nice mais non réalisés ou réalisés partiellement. On estime le préjudice financier à plus de 8 millions d’euros. En question, le suivi et l’application des marchés publics de la Métropole niçoise.
Au niveau de la Métropole, trois niveaux de responsabilités sont possibles (interview BFM) :
  • Les services et les élus n’ont rien vu (défaillance ? défaut de compétence ? manque de moyens dédiés au suivi des marchés ?)
  • Ils ont laissé faire (complicité)
  • Ils ont participé (culpabilité directe)
21.12.2023 : perquisition dans les locaux de la Métropole

15.03.2024 : 21 personnes placées en garde à vue, dont des chefs d’entreprises du BTP, le Directeur de Cabinet, le Directeur Général des Services et la Présidente de la Commission d’Appels d’Offres de la Métropole. 6,5 M€ et des véhicules saisis.

- Richard Orlinski : 
Enquête du Parquet National Financier sur des cadeaux qu'aurait reçu Christian Estrosi de la part du sculpteur Orlinski alors que la Ville de Nice a passé pour 170 000 € de commande publique avec lui.
18.03.2025 : perquisitions dans les locaux de la mairie de Nice et au domicile de Christian Estrosi

- Statue de Jeanne d'Arc :

14.01.2025 : le tribunal administratif de Nice prononce l'annulation du marché public conclu entre la Régie Parcs d'Azur  et l'atelier Missor pour 170 000 € car ce marché a été passé sans publicité ni mise en concurrence. La Régie doit rembourser la somme versée et déboulonner la statue.

28.01.2025 : perquisitions dans les bureaux de la Régie Parcs Azur dans le cadre d'une enquête pour favoritisme.

17.07.2025 : la cour administrative d'appel de Marseille donne raison à la Régie Parc Azur et annule la décision du tribunal administratif de Nice. La préfecture étudie l'opportunité d'un pourvoi.

Non liée à la gestion des fonds publics mais pouvant avoir des retombées sur l'image de la Ville de Nice :

- "Projet fou"

20.10.2025 : Nice Matin révèle que Christian Estrosi et son épouse, Laura Tenoudji, sont visés par une plainte concernant la facturation de plus de 1,5 millions d'euros d'honoraires par leurs sociétés respectives Hopkins & Hopkins et Startup Story.

Il faut, dans chacune de ces affaires, respecter la présomption d’innocence et attendre la fin des procédures. Mais cette accumulation d’enquêtes judiciaires en cours interroge.

Ce qui est frappant c’est que malgré la multiplication des des enquêtes judiciaires en cours visant aussi bien la Ville et la Métropole de Nice que le Département 06, malgré les perquisitions à répétition, le placement en gardes à vues du maire de Nice lui-même, malgré la gravité des sujets en jeu, la lutte contre la corruption n’est toujours pas devenue un enjeu majeur du débat public local.

Face à la corruption à Nice, que faire ?

A minima, quelques pistes :

1. Lever les tabous et faire de la lutte contre la corruption une priorité de l’action publique locale. 
La corruption, au sens large du terme, gangrène l'ensemble de l'action municipale et métropolitaine. Elle renforce l'idée du "tous pourris" et contribue à rompre le lien entre les citoyens et les pouvoirs publics. 
2. Rétablir de l’éthique en politique : la ville de Nice doit cesser d’honorer, célébrer ou attribuer des noms de rues à des personnalités ayant été condamnées pour des faits liés à la corruption (Jacques Médecin, Charles Pasqua, Jacques Chirac…).

3. Respecter et tenir compte des décisions de justice : le maire, officier de police judiciaire, ne peut déclarer choisir délibérément de ne pas appliquer un jugement s’imposant à lui (sens de la circulation au port).
Nommer comme responsable de la police municipale un homme condamné en première instance pour violences policières (nomination de Rabah Souchi) est également un signal fort de non respect du travail judiciaire.

4. Imposer un minimum de probité aux élus. Des mesures fermes doivent être prises et être suivies d’effet dans la durée. 
Une charte éthique contraignante ou un règlement intérieur doivent être imposés pour que tout élu condamné pour un délit d’atteinte à la probité dans l’exercice de ses fonctions se voit retirer ses délégations et ne bénéficie pas d’un « reclassement opportun » dans une administration connexe (charte éthique proposée par Viva)
Au titre du principe de précaution, tout élu mis en examen pour de tels faits devrait être suspendu. De même toute entreprise privée ayant fait l’objet de condamnation ou étant sous le coup d’une procédure en cours ne devrait pas pouvoir bénéficier de la commande publique.

5. Garantir la transparence de toutes les procédures : usage des fonds publics, subventions, passation et suivi des marchés publics, procédures d’attribution des logements sociaux, des places de crèches ou des places en Ehpad municipal, etc.
Le clientélisme est le début de la corruption et il faut tout faire pour en limiter au maximum le développement.

6. Mettre fin à la frénésie de projets lancés à la va vite dans une surenchère communicationnelle permanente.
Les services administratifs n’ont pas le temps de mettre en œuvre correctement un projet que plusieurs sont déjà lancés en urgence, la communication prenant le pas sur la faisabilité technique.
L’obsession de l’attractivité permanente rend impossible une modernisation raisonnée et un aménagement progressif d’un territoire. Or, très souvent, c’est dans le suivi des marchés publics et dans la mise en œuvre effective des projets que se nichent les faits de corruption.

7. Lutter contre le poids des lobbys : des mesures phares qui pourraient améliorer la vie des habitants de la Métropole, comme l’encadrement des loyers, sont bloquées par des lobbys à qui l’on donne trop d’importance.
Le politique cède face aux pressions économiques et perd le sens de l’intérêt général.

8. Une véritable prise de conscience citoyenne : les citoyennes et les citoyens ne peuvent continuer à élire (ou laisser élire en s’abstenant) des personnes présentant des signes forts de manque d’éthique.
La démocratie, le "gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple", implique et nécessite, pour être effective, une responsabilité citoyenne. 
Il revient aux citoyennes et aux citoyens d’imposer aux politiques des pratiques dignes et éthiques. Si certains profitent et abusent du système, c’est aussi parce qu’on les laisse faire.

mercredi 15 octobre 2025

Rejoignez "Nice Front Populaire" !


Rejoignez nous !


Nous avons lancé, dimanche 12 octobre, notre campagne pour les élections municipales à Nice, lors d'un beau rassemblement, festif et populaire. Notre liste, "Nice Front Populaire", résolument de gauche, résolument écologiste, est menée dans un esprit d'ouverture et de dialogue et nous appelons toutes celles et ceux qui sont fidèles à l'esprit et au programme du Nouveau Front Populaire à nous rejoindre.

Je suis heureux et fier d'y figurer en 4ème position avec mes ami-es Mireille Damiano (n°1), Olivier Salerno (n°2) et Anne-Laure Chaintron (n°3).

Lors de cette présentation je suis intervenu pour esquisser brièvement un premier bilan des mandatures de Christian Estrosi, maire de Nice pour la première fois il y a... 17 ans ! Crise sociale, déni écologique et greenwashing, mono activité économique et dépendance au tourisme, extension du narcotrafic, décisions unilatérales littéralement "hors sol" (destruction du TNN et d'Acropolis, drapeau israélien, parvis Sarkozy...), il aurait fallu de longue heures pour décrire et analyser la situation de notre ville et de notre métropole. 

J'ai également évoqué la radicalisation progressive d'Eric Ciotti, aboutissement de la banalisation de l'extrême droite en France. Mais ceux que la presse présente comme des "frères ennemis" demeurent en réalité des frères et, entre la droite extrême de Christian Estrosi et l'extrême droite d'Eric Ciotti, il y a une différence de degrés et non une différence de nature.

 Vous retrouverez la vidéo de mon intervention ici : 




J'ai également été interviewé par Ici Azur et j'ai pu préciser que nous continuerons à tendre la main à l'ensemble des forces de gauche et écologistes jusqu'à la date butoire de dépôt des listes au 1er tour de l'élection, le 26 février à 18h :




Vous pouvez suivre l'actualité de notre liste "Nice Front Populaire" : 






Il est un moment où s'engager n'est plus une option, c'est une nécessité. Rejoignez nous !

Solidairement,
David Nakache



lundi 6 octobre 2025

7 octobre

 

7 octobre


Par Jonathan Gensburger et David Nakache


Il y a deux ans jour pour jour, le 7 octobre 2023, le Hamas lançait depuis la bande de Gaza une attaque terroriste contre Israël par les airs, la terre et la mer, faisant 1 195 victimes et 250 otages. Des femmes, des enfants, des vieillards.

Aujourd'hui, alors que nous espérons un cessez le feu, nous voulons réaffirmer à la fois notre profonde condamnation de la politique meurtrière de Benyamin Netanyahu et de son gouvernement et notre profond soutien aux juifs du monde, victimes collatérales innocentes. Et non, cela n'est pas antinomique : combattre la folie guerrière de l’Etat d’Israël et combattre aussi les actes antisémites qui ont lieu dans notre pays et notre région.

Rien ne peut justifier d'arracher les oliviers plantés en souvenir du jeune Ilan Halimi à Epinay-sur-Seine et à Menton. Rien ne peut justifier qu'un jeune cannois soit coursé et doive se réfugier, sous les insultes antisémites, chez un commerçant. Rien ne peut justifier qu'un rabbin soit roué de coups devant son fils à Orléans ou qu’un homme soit traité de « sale juif » sur la promenade des anglais. Rien. Celui qui agresse un juif en prétextant la guerre à Gaza se trompe d’adversaire et ne saurait être excusé. Il est l’auteur d’une agression antisémite et doit répondre de ses actes devant la justice.

Aujourd’hui, le Rassemblement National se maquille mais nous n’oublions pas que c’est historiquement le parti de l’antisémitisme et du négationnisme. La poussière est seulement sous le tapis, la haine derrière la cravate.

Le 7 octobre 2023 est également le début de la réponse totalement disproportionnée à l’attaque du Hamas, l’épuration ethnique lancée par Israël à Gaza faisant plus de 67 000 morts. Benyamin Netanyahu est sous le coup d’un mandat d’arrêt international pour crime de guerre et crime contre l’humanité. L’ONU a déclaré l’état de famine à Gaza touchant plus de 500 000 personnes. L’annexion de la Cisjordanie se poursuit sans lien avec la lutte contre le Hamas.

Tout comme s’en prendre aux personnes de confession juive en pensant combattre l’Etat d’Israël est une erreur, assimiler la défense des droits de l’Homme et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes à de l’antisémitisme est une faute politique.

Assimiler la dénonciation des exactions israéliennes à de l’antisémitisme revient à faire taire la défense des droits de l’Homme et à empêcher la dénonciation du génocide en cours.

Plus que jamais attachés à une paix juste et durable entre israéliens et palestiniens, condamnant l’assimilation des personnes de confession juive aux exactions de l’Etat d’Israël, condamnant l’assimilation de la défense des droits de l’Homme à de l’antisémitisme, nous devons nous rassembler et réaffirmer sans relâche nos valeurs humanistes.

 

Nice, le 7 octobre 2025

Jonathan Gensburger et David Nakache


samedi 4 octobre 2025

Nice : quelle politique face au narcotrafic ?



Nice : quelle politique face au narcotrafic ?


Une nouvelle fusillade meurtrière a eu lieu à Nice vendredi 3 octobre 2025, dans le quartier des Moulins, faisant deux morts et cinq blessés. Des familles sont endeuillées. Les habitants du quartier sont une nouvelle fois plongés dans l'effroi, l'horreur et la terreur.

Le narcotrafic étend son emprise sur notre ville : l'année 2024 comptabilise au moins 9 décès direct liés au narcotrafic (règlements de compte et incendie criminel). Depuis le 1er janvier 2025, déjà 5 décès directs sont recensés. Et combien de victimes indirectes ? Les victimes du narcotrafic sont multiples et diverses : les personnes vivant sous le joug des trafiquants (dealers, guetteurs, nourrices, mules, habitants et commerçants des quartiers défavorisés), les consommateurs victimes d'addictions et leurs proches, mais aussi les professionnels et forces de l’ordre qui luttent contre le déploiement du narcotrafic (exposition au danger, pressions, épuisement).

2024 - 2025, les années pivots

Le narcotrafic n'est pas, à Nice, une nouveauté. Comme partout en France, le confinement de 2020 a marqué un tournant dans les modalités de vente avec la généralisation des livraisons à domicile dites "Uber shit". Mais c'est en 2024, véritable année pivot, que l'étendue de la mainmise sur la ville et le nombre de ses victimes directes a pris une ampleur nouvelle. Le tournant auquel nous assistons depuis rend la nécessité de repenser collectivement la politique de lutte contre ce phénomène plus urgente encore.

Bref rappel des faits en 2024 (liste non exhaustive) :
  • 24 janvier 2024 : un homme est abattu bd René Cassin, à Nice Ouest, de plusieurs balles dans la tête et au thorax
  • 26 mars 2024 : rixe entre bandes rivales et tirs en pleine rue place des Amaryllis aux Moulins, à Nice Ouest
  • 18 juillet 2024 : 7 personnes décèdent dans un incendie criminel aux Moulins
  • 30 août 2024 : un homme abattu par plusieurs tirs de kalachnikov rue Fenoglio de Briga, quartier de Roquebillière à Nice Est
  • 11 décembre 2024 : rafales de tirs à la kalachnikov aux Moulins, pas de blessés mais plusieurs immeubles touchés, une balle se loge dans le plafond d'un appartement.
La préfecture des Alpes-Maritimes a dressé le bilan annuel de son action de lutte contre le narcotrafic en 2024 :
  • 1629 opérations « Places nettes » effectuées
  • 1,2 million d'euros liés au narcotrafic, deux tonnes de cannabis, plus de 300 kilos de cocaïne et 94 armes à feu saisis
  • 5 points de deals démantelés, il en reste alors 48, début 2025, à Nice.

Depuis le 1er janvier 2025 (liste non exhaustive) :
  • 1er février 2025 : un homme est abattu dans un appartement, rue Fenoglio de Briga, quartier de Roquebillière à Nice Est. 5 personnes dont 3 mineurs interpellées avec détention de kalachnikov
  • 12 avril : rue Maurice Maccario, un homme exécuté par balles
  • 18 avril 2025 : rixe rue Fenoglio de Briga, un blessé grave par coups de couteaux, trois interpellations
  • 24 mai 2025 : un homme meurt égorgé aux Moulins
  • 30 septembre 2025 : un jeune homme est blessé par balle à la jambe aux Moulins
  • 3 octobre 2025 : fusillade aux Moulins, 2 décès et cinq blessés dont trois graves

Les faits nouveaux :
  • L'étendue du trafic, l'augmentation de la consommation de drogues dures
  • La multiplication des règlements de comptes et tirs en pleine rue, le nombre de blessés et décès directs et indirects
  • Les renforts de trafiquants extérieurs, venant de Marseille ou de la région parisienne, le recrutement des Mineurs Non Accompagnés
  • L'ampleur de la circulation d'armes et notamment d'armes de guerre.

Face au narcotrafic comme face à la menace terroriste, personne, en France, en Europe ou dans le monde, n'a de solution miracle. De droite comme de gauche, les mairies luttent pour endiguer la progression du phénomène. Cependant, à Nice, plusieurs erreurs ont été commises, lourdes de conséquences, empêchant de lutter efficacement contre le narcotrafic. 

Il est indispensable de changer de paradigme et d’appréhender différemment le phénomène auquel nous sommes confrontés :

Instaurer une véritable politique de prévention :

La politique du tout sécuritaire est un échec : la répression, sans la prévention, est inefficace dans la durée.

La prévention constitue la prérogative des maires en matière de sécurité. Nice manque d'une politique ambitieuse et cohérente de prévention, complémentaire de la politique de répression pilotée par le préfet, dotée de moyens humains et matériels suffisants, mobilisant l'ensemble des acteurs concernés, qu'ils soient institutionnels, associatifs, sociaux, culturels ou sportifs.

Nous devons analyser pourquoi certains quartiers tombent plus facilement que d'autres sous la domination du narcotrafic, pourquoi des personnes, principalement des jeunes, basculent dans la délinquance et ne parviennent pas à en sortir. Car c'est là l'angle mort de la politique du tout sécuritaire : ignorer les facteurs qui font que des personnes sont plus exposées à basculer dans le trafic de drogue, à devenir des proies faciles pour les narcotrafiquants.

Il est, en parallèle, déterminant d'identifier l'ensemble des acteurs locaux qui doivent être mobilisés et doivent pouvoir agir ensemble, de façon cohérente et complémentaire. Il faut activer l’ensemble des leviers d’actions qui permettent d'affaiblir le narcotrafic et de limiter autant que possible son extension. Cette stratégie globale ne produira pas d'effets immédiats mais elle est indispensable, à long terme, pour déployer les politiques à mettre en œuvre dans chacun des domaines concernés.

Favoriser la résilience sociale des territoires :

Si les consommateurs de drogue vivent bien souvent dans les beaux quartiers, le narcotrafic ne s'implante ni à Cimiez ni dans le Carré d'Or : à Nice, la carte du narcotrafic se superpose à l'identique à une autre carte, celle de la pauvreté. La lutte contre la pauvreté et le mal logement sont, de fait, des facteurs déterminants d’une politique globale de sécurité. La présence de tous les services publics est nécessaire. Le renforcement des moyens humains et matériels donnés au travail social est central.

La situation des femmes est particulièrement préoccupante dans les quartiers défavorisés. Elles sont davantage touchées par la précarité et y sont donc plus nombreuses, mais elles y sont littéralement invisibilisées dans l'espace public. Un soutien accru à la parentalité et notamment à la monoparentalité y est indispensable. 

Les quartiers défavorisés cumulent extrême pauvreté, ghettoïsation et insécurité. Le renouvellement urbain constitue, même s’il ne porte ses fruits que sur un temps long, un puissant levier à la fois de mixité sociale et de lutte contre le développement de la délinquance et la criminalité. 

Rendre un quartier plus résilient socialement, c’est-à-dire plus à même de résister aux menaces et, ici, au déploiement d’un réseau de trafic de drogue, demande une action conjuguée dans tous ces domaines : action sociale, renouvellement urbain, désenclavement par les transports en commun, lutte contre les inégalités.

Lutter contre les facteurs de bascule dans la délinquance et la récidive :

Les trafiquants repèrent les « proies faciles ». Un jeune exilé à la rue sera bien plus facile à recruter qu’un jeune soutenu par ses parents et ses amis, ayant de bons résultats au lycée et se projetant déjà dans un avenir professionnel et social. Une mère isolée, au RSA et en impayés de loyer, sans famille autour d’elle pour la défendre, sera plus exposée à la menace physique et plus susceptible de devenir, sous la contrainte, une « nourrice » et que son appartement serve à cacher de la drogue ou des armes, etc.

Les critères qui exposent les personnes au narcotrafic sont connus : la précarité, le chômage, l’échec scolaire et l'absence de projet personnel des jeunes, l’absence d’activités structurelles (sportives ou culturelles), la rupture des liens familiaux et sociaux, un environnement violent, une culture « antisociale » (rejet des institutions et des normes associé à une valorisation de l’illégalité et de la violence), etc.

Une politique de prévention devra travailler sur chacun de ces facteurs : la lutte contre l’échec scolaire, l'aide à l'emploi, le soutien aux associations culturelles et aux clubs de sports, le renforcement de la Protection Judiciaire de la Jeunesse, un accueil digne et adapté des Mineurs Non Accompagnés, la refonte de certaines structures d’accueil des mineurs et jeunes majeurs, etc.

Cesser d'instrumentaliser le logement social à des fins sécuritaires :

La Ville de Nice et Côte d'Azur Habitat ont mis en place un dispositif d'expulsions locatives de familles dont l'un des membres du foyer commet des actes délictueux grâce à une convention passée avec le procureur de la République et le préfet. Lors du lancement de ce dispositif le 1er adjoint au maire et président de Côte d'Azur Habitat déclarait à la presse qu'un logement social "ça se mérite" et qu'il n'y aurait plus, à Nice, de logements sociaux pour "les ennemis de la République". Il s'est plus tard félicité, en conseil municipal, d'avoir expulsé 183 familles en 2024 grâce à cette convention.

En réalité, le droit au logement ne dépend pas de la moralité des personnes ni du fait d'avoir un casier judiciaire vierge, sans quoi les anciens détenus ne pourraient plus se loger. Ce dispositif ajoute à la condamnation pénale une condamnation sociale et transforme le logement social en outil de répression de la délinquance, ce qui est contraire à sa vocation sociale. Cette sanction est, de plus, collective : des familles entières sont mises à la rue. Des enfants se retrouvent sans logement parce que leur grand frère a basculé dans le deal, sanctionnés eux aussi alors qu'ils n'y sont pour rien.

Ce dispositif participe d'une stigmatisation des habitants des quartiers défavorisés qui doivent être aidés et soutenus plutôt que montrés du doigt. La solidité du cadre familial est déterminante pour aider un jeune à sortir de la drogue, expulser toute la famille ne résoudra rien. 

Sortir de la répression à courts termes :

Les préfets successifs des Alpes-Maritimes ont tout misé sur une répression visible et médiatique grâce aux opérations "place nette". Or une fois l'opération achevée, le trafic de drogue reprend son cours. Pire, les forces de l'ordre ne parviennent pas à tenir longtemps les quelques points de deals repris aux trafiquants. Fin 2024 le préfet Moutouh a dressé le bilan : "5 points de deals ont été démantelés à Nice, il en reste 48."

Les professionnels de la police et de la justice convergent sur un premier constat : c'est davantage la police d'investigation et non la police d'intervention qu'il faut développer en priorité. La police judiciaire qui peut, elle, démanteler les réseaux, est largement sous-dotée. La protection judiciaire de la jeunesse qui accompagne les jeunes pour éviter la récidive est, elle aussi, en sous effectifs et manque cruellement de moyens. La police de proximité, doit, à l'évidence, être restaurée.

Mettre fin à la désunion des institutions :

Alors que l'ensemble des institutions devraient faire bloc face au narcotrafic grandissant, le maire de Nice a demandé publiquement le remplacement du préfet Moutouh. Durant l'été 2024, après l'incendie criminel ayant coûté la vie à 7 personnes aux Moulins, le maire de Nice a demandé que soit nommé "un préfet compétent qui protège les gens", accusant le préfet Moutouh de laxisme. Ce faisant, le maire de Nice a envoyé un message pour le moins déstabilisant aux policiers nationaux leur disant que leur patron local était incompétent. Depuis, à chaque drame, le maire s'en prend au préfet qu'il accuse de ne pas garantir la sécurité des habitants. 

Les policiers, qui travaillent d'arrache-pied dans des conditions de plus en plus difficiles, ont besoin de tout sauf de cette désunion. Et comment restaurer la confiance des habitants dans les forces de l'ordre dans ces conditions ? 

Cette division des acteurs locaux de la sécurité est désastreuse et contre-productive. A l'inverse, nous avons besoin d'une complémentarité entre le préfet et le maire, entre la police nationale et la police municipale.

Stopper la privatisation de la sécurité :

La municipalité et le bailleur social Côte d'Azur Habitat ont déployé une brigade de sécurité privée nommée "Gaida" (Groupement d’Agents Interbailleurs contre les Désordres et les Abus) dont les prérogatives, les organes décisionnels et les financements sont flous. Il s'agit d'une brigade composée de 16 vigiles, anciens policiers ou anciens militaires, qui serait principalement financée, pour un total de 1,8 M€, grâce aux charges locatives des habitants du quartier et par des subventions locales. 

Pour financer cette police privée, des subventions auraient été retirées à la prévention et au moins dix postes de médiateurs spécialisés auraient été, selon la presse, supprimés. La sécurité des habitants et des habitantes ne doit pas être déléguée à des sociétés privées et encore moins au détriment de la prévention.

Affaiblir le marché de la drogue :

Le narcotrafic est un business. La structure des réseaux est conçue comme entreprise capitaliste hiérarchisée tendant vers un seul but : l'enrichissement. Un point de deal peut rapporter, pour les chefs de réseaux et sur un point de deal aussi important que fut celui de la Laverie aux Moulins, jusqu'à 15 à 20 000 € par jours.

En conséquence, tout ce qui peut contribuer à affaiblir ce marché doit être mis en œuvre :
  • La réhabilitation et le désenclavement des quartiers prioritaires qui réduit le périmètre de déploiement du narcotrafic.
  • L'accompagnement des personnes les plus vulnérables qui prive le narcotrafic d'une partie de ses recrues potentielles.
  • La lutter contre le blanchiment de l'argent de la drogue qui freine le retour sur investissement 
  • La légalisation du cannabis qui permet de retirer une part de marché importante aux trafiquants.

Conclusion :

En matière de sécurité il faut avant tout clarifier le rôle de chacun des acteurs publics afin de pouvoir coordonner leurs actions. L'Etat, la Ville et les structures sociales doivent mener leurs actions de façon complémentaires.

Il est impératif changer de paradigme et de doter la Ville de Nice d'une véritable stratégie de prévention agissant en amont sur tous les facteurs de bascule dans la délinquance et le trafic tant.

Loin de la politique spectacle et loin des querelles partisanes, il est nécessaire d'établir un diagnostic partagé et de coordonner l'intervention des acteurs institutionnels et de l'ensemble des acteurs de la société civile, dans une approche pluridisciplinaire, en constante concertation et coopération, à court, moyen et long termes.

lundi 16 juin 2025

Drapeaux israéliens à la maire de Nice : "Pas en notre nom !"


Le nouveau préfet des Alpes-Maritimes, Laurent Hottiaux, a demandé au maire de Nice, Christian Estrosi, de retirer les drapeaux israéliens du fronton des bâtiments municipaux au nom de la neutralité du service public et je salue cette décision.
 
Christian Estrosi doit obtempérer et cesser d'entretenir des polémiques et tensions inutiles dans notre ville.

Cette situation relève d'une posture idéologique personnelle du maire de Nice, qui a pris ses décisions sans débat public ni vote au conseil municipal.


Dès le mois d'octobre 2023, nous demandions, avec le rassemblement citoyen Viva, de mettre fin à un un traitement totalement déséquilibré du conflit israélo-palestinien par la Ville de Nice :

En novembre 2024, à la suite du mandat d'arrêt international prononcé à l'encontre de Benyamin Netanyahu, nous avons à nouveau demandé le retrait de ces drapeaux :

Aujourd'hui Christian Estrosi place la Ville de Nice en porte à faux avec la politique étrangère française. Il fait de la Ville de Nice un soutien inconditionnel de la politique de Benyamin Netanyahu et rend notre Ville symboliquement complice des atrocités subies par les populations civiles de Gaza. Cette posture est totalement inadmissible.

Si Christian Estrosi maintient sa position, sans tenir compte d'une mobilisation citoyenne constante et du rappel à l'ordre par l'Etat, c'est qu'il est décidé à faire l'apologie des crimes de guerre, du crime contre l'humanité et du génocide en cours à Gaza. Christian Estrosi et sa majorité municipale en portent l'entière responsabilité juridique, politique et morale. Mais nous sommes de plus en plus nombreuses et nombreux, à Nice, à dire et à redire "pas en notre nom !"


Nice, le 17 juin 2025
David Nakache

mardi 29 avril 2025

Reprenons la main : une agora vivifiante et déterminée !

Une salle pleine à craquer, des idées, de l'envie, la première réunion organisée à la suite de notre appel "Nice 2026 : reprenons la main" a donné lieu à une agora vivifiante et déterminée hier soir.


Nous y étions, nous l'avons fait, et ce n'est que le début !






Notre appel et la liste des 200 premiers signataires sont en ligne ici : https://nice2026reprenonslamain.blogspot.com/?m=1 

Prochain rendez-vous à venir très vite,

Solidairement,
David Nakache


dimanche 27 avril 2025

100 signataires de plus !

Bonjour,

 
Edmond Baudoin, Violaine Darmon, Jonathan Gensburger, Annie Carton, Cédric Petipas et 95 autres citoyennes et citoyens s'engagent à leur tour pour une union large et ouverte de la gauche et de l'écologie aux élections municipales à Nice.

Vous trouverez le texte de notre appel et la liste complète des 200 premiers signataires ci-dessous et en ligne ici : https://nice2026reprenonslamain.blogspot.com/?m=1

Un premier rendez-vous aura lieu :

Mardi 29 avril à 18h30

à la FSGT, 27 rue Smolett à Nice

Venez nombreuses et nombreux, ensemble, reprenons la main !

Solidairement,
David Nakache



NICE 2026 

REPRENONS LA MAIN MAINTENANT!


 La Promenade des Anglais, le Vieux Nice, la colline du Château, la coulée verte... La beauté de ces paysages, dignes des nombreuses cartes postales connues du monde entier, ne doit pas masquer le fait que plus d’un·e Niçois·e sur cinq vit sous le seuil de pauvreté, que Nice est l’une des villes les plus polluées de France et que la crise du logement y sévit, touchant une majorité des habitants et habitantes de notre ville.


 À l’Assemblée nationale, Nice est représentée par trois député·es d’extrême droite. Ici, comme ailleurs à travers le pays et la planète, un vent mauvais souffle : celui de la régression sociale, du racisme et de la xénophobie, de l’autoritarisme, de l’inaction face au dérèglement climatique... 


Faut-il se résigner à cette situation ? Faut-il assister, sans rien faire, aux prochaines élections municipales, à la reconduction de la droite extrême et, pire encore, à l’arrivée de l’extrême droite ?? Devra-t-on, une nouvelle fois, constater l’incapacité des forces de gauche et de l’écologie à porter une véritable alternative à Nice ??? 


Résignation et passivité ? Non merci ! 


Mettre en œuvre une véritable alternative à Nice, comme ailleurs, est une urgence. Mais cela ne se décrète pas, ne se délègue pas. Cela se construit en créant une véritable dynamique, associant très largement, non seulement les forces politiques, mais aussi les forces sociales, associatives et citoyennes qui agissent au quotidien et qui ont toute leur place pour proposer une nouvelle voie pour Nice. 


Face à la droitisation de notre société, face au danger que représente l’extrême droite, des femmes et des hommes attaché·es aux valeurs de progrès veulent s’en mêler ! 


Si nous voulons créer les conditions d’une véritable rupture avec cette dynamique mortifère, le temps de l’élaboration d’un programme par quelques-un·es n’est plus de mise. 


Si nous voulons que le plus grand nombre s’y retrouve, il faut créer les conditions pour que, dans notre ville, toutes celles et ceux pour qui l’humanisme et la solidarité ne sont pas de vains mots, puissent être partie prenante et non de simples spectateurs et spectatrices. 


Nous, citoyennes et citoyens de la gauche et de l’écologie, dans la diversité et le respect de nos engagements, face aux Estrosi, Ciotti et autres Vardon, nous voulons créer les conditions pour rendre possible une véritable alternative à Nice. 


Pour en débattre, nous vous invitons à un premier échange 

le mardi 29 avril à 18h30 

à la salle FSGT, au 27 rue Smolett à Nice. 




Interviews données concernant cet appel :


BFM Nice Côte d'Azur : https://youtu.be/AHOW_COpXPE?si=gluTs3wA_mNggJte


Nice Presse : https://nicepresse.com/municipales-dans-nice-presse-lappel-a-lunion-de-la-gauche-cest-le-moment-reprenons-la-main/



Les 200 signataires : 


Akeb Théo Syndicaliste étudiant et militant politique

Andres Hervé Citoyen pour la démocratie, l’écologie et la justice

Anelli Louis Retraité, animateur MJC, porteur de projets socio-éducatifs pour les familles et les jeunes (secteur Nice Est)

mardi 1 avril 2025

Condamnation de Marine Le Pen - "Dura lex, sed lex"


Condamnation de Marine Le Pen : "dura lex, sed lex"


Le retour de l'ordre, le strict respect de la règle, la ferme application des lois. Ils fustigent à longueur d'année le laxisme de la justice. Ils demandent des peines planchers, des comparutions immédiates. Elle demandait même, jadis, des inéligibilités à vie. Puis, soudain, dès que les sanctions les concernent, eux, ils tentent d'inverser la totalité du discours. Soudain, une décision de justice ne devrait plus être appliquée. Soudain, la justice elle-même ne serait plus légitime. Bref, le retour de l'ordre, le strict respect de la règle, la ferme application des lois, oui, mais uniquement pour les autres.

On vous dira tout et n'importe quoi sur la condamnation de Marine Le Pen. La réalité est pourtant simple : nul n'est au-dessus des lois.

Oui, le 4 août 1789 l'Assemblée nationale constituante a voté l'abolition des privilèges. Il n'y a plus, en France, de régime d'exception. La loi s'applique pour toutes et tous.

Oui, la condamnation de Marine Le Pen est un signe de bonne santé pour notre démocratie et pour le respect de l'Etat de droit.

Oui, Marine Le Pen a été déclarée coupable et condamnée à 4 ans de prison dont 2 fermes et à 5 ans d'inéligibilité avec exécution provisoire.

Oui, Marine Le Pen a la possibilité de faire appel. Oui, l'exécution provisoire empêche le risque de récidive, à savoir de recommencer à frauder et de détourner à nouveau des fonds publics.

Oui, la lutte contre la corruption, la moralisation de la vie publique et la restauration de la confiance des citoyennes et des citoyens dans la politique sont des enjeux essentiels pour notre vie démocratique.

Signe des temps, c'est la nouvelle internationale fasciste qui vole au secours de Marine Le Pen et lui apporte son soutien.

Signe des temps, alors que l'on critique l'Etat de droit et la stricte application des lois, l'Etat se tait : le président garde le silence, le premier ministre se dit troublé et le ministre de la justice avait par avance donné raison à celles et ceux qui sapent l'autorité de la justice.

Rappelons le encore et toujours : "Dura lex, sed lex", la loi est dure, mais c'est la loi.


Nice, le 2 avril 2025

David Nakache

Président de l'association Tous citoyens !
Membre du rassemblement citoyen Viva !

vendredi 17 janvier 2025

Je quitte X

Bonjour,


Le 20 janvier, jour de l'investiture de Donald Trump, quittons massivement le réseau social d'Elon Musk !

Je quitte X et vous incite à le faire si vous y avez encore un compte.

Vous pouvez me retrouver sur :



Solidairement,
David Nakache

vendredi 27 septembre 2024

Xénophobie obsessionnelle


Xénophobie obsessionnelle


Une xénophobie obsessionnelle sature les chaînes d'information continue, les médias et les réseaux sociaux. Elle s'étend par contagion à l'ensemble du débat public. 

Fonds de commerce de l'extrême droite, on la retrouve désormais chez les LR et au sein de la macronie, ceux-là mêmes qui prétendaient faire barrage... à l'extrême droite.

Elle se cristallise, en ce mois de septembre post-dissolution, autour de trois thématiques récurrentes :

Le fantasme de la frontière

Contrôler, durcir les contrôles, déployer des drones, traquer, arrêter, refouler, expulser, poser des barbelés, bâtir des murs et des miradors...

Le fantasme de la frontière étanche revient constamment mais se heurte pourtant à la réalité. Les murs de Trump et Orban, le blocus maritimes de Meloni, toutes ces tentatives échouent les unes après les autres. L'Homme a toujours migré et migrera toujours. Murs, barbelés et miradors n'y pourront rien changer. Penser que l’on peut stopper des personnes luttant pour survivre est illusoire. La "fermeture" des frontières a le plus souvent pour conséquence de pousser les personnes cherchant refuge à prendre des risques inconsidérés et à se mettre en danger pour passer. Les décès se multiplient dans la Méditerranée, dans la Manche, comme à la frontière franco-italienne.

Rêvant d'une société fermée et du contrôle permanent des individus, des territoires ont développé une forme de paranoïa institutionnelle où le pouvoir devrait savoir en permanence qui est où, avec qui et pour quelles raisons. Vidéo surveillance, drones, demande de reconnaissance faciale, tout un arsenal technologique est déployé dans ce dessein. La frontière représente alors la clef de voûte de cet univers clos. L'idée même qu'une personne transgresse les interdits et passe la frontière, quelqu'un qui n'a pas de papiers d'identité, pas de visa et qui vient, ici et maintenant, incarner, là, devant vous, la figure de l'étranger, voilà qui est proprement insupportable pour les tenants du tout sécuritaire. Le migrant incarne l'échec de cette volonté de contrôle permanent, l'échec de la techno-surveillance poussée à l'extrême. Et cet échec, pour certains, devient insupportable.

Christian Estrosi, maire de Nice et président de la Métropole Nice Côte d'Azur, a publié un communiqué de presse le 17 septembre dernier demandant le rétablissement des contrôles à la frontière franco-italienne. Il a aussitôt été imité par Alexandra Masson, RN. Michel Barnier, premier ministre LR, a lui aussi évoqué le renforcement des contrôles et les "frontières passoires" de la France.

Tous citent l'exemple allemand et la restauration du contrôle à certaines frontières internes de l'Union Européenne.

Cette demande témoigne d'une méconnaissance totale de la réalité, pour au moins deux raisons :

1. Le nombre d'arrivées d’exilés à la frontière franco-italienne est historiquement bas.

2. Cette frontière interne à l'Union Européenne est en réalité déjà "fermée" et soumise à contrôles depuis 2015. Ces contrôles ont même été renforcés en 2020.

Le fantasme de la frontière, contredit par la réalité, révèle alors toute son irrationalité.

La focalisation sur l'Aide Médicale d'Etat (AME)

Les attaques récurrentes contre l'Aide Médicale d'État touchent à notre humanité la plus profonde : refuser de soigner des personnes malades ou blessées. Quel degré de xénophobie ambiante ou de racisme généralisé faut-il que l’on ait collectivement atteint pour que l’on soit contraint de défendre le fait de soigner une personne indépendamment de son statut administratif ? Sommes nous devenus à ce point inhumains qu'il faille justifier de soigner un malade ?

Bruno Retailleau, à peine nommé ministre de l'intérieur, s'est empressé de réaffirmer sa volonté de déconstruire le dispositif de l'AME.

Supprimer l'Aide Médicale d'État ou la réduire aux situations d'urgence, c'est :

- Attenter à notre humanité : toute personne a droit aux soins, quelle que soit sa situation administrative.

- Attenter à l'éthique et la déontologie des soignants et leur imposer le non-respect du serment d'Hippocrate.

- Créer un risque pour la santé publique en augmentant le risque de contagion

- Augmenter la dépense publique car attendre que les pathologies s'aggravent coûtera plus cher que de soigner les patients le plus tôt possible.

Le débat sans fin sur l’Aide Médicale d’Etat est symptomatique d’une xénophobie ambiante poussant à la déraison collective. Ni le caractère à l'évidence discriminatoire du refus de l'accès aux soins ni le risque de contagion ne semblent plus peser dans le débat. Le nouveau ministre de l’Intérieur adopte une posture purement idéologique et déconnectée du réel.

La surproduction d'Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF)

Le débat sur les Obligations de Quitter le Territoire Français est d'une pauvreté affligeante et une grande confusion est entretenue. Les OQTF visent très majoritairement des étrangers non-délinquants. Or le débat public actuel laisse penser que toute personne sous OQTF est délinquante, ce qui est faux. Nous assistons à une production massive d'OQTF, 130 000 en 2022, dont beaucoup sont inexécutables ou illégales. Cette surproduction génère une saturation des services qui empêche de suivre la minorité de personnes présentant un danger réel pour l'ordre public.

On se focalise à tort sur la non-exécution des OQTF sans regarder le contenu et la qualité des OQTF produites.

Dans les Alpes-Maritimes :

- Nous constatons régulièrement des OQTF mal rédigées, voire bâclées, des erreurs matérielles fréquentes et des copiés-collés grossiers. L'intéressé est mentionné guinéen en début de texte et se retrouve ivoirien trois paragraphes plus bas. Une dame est qualifiée de "Madame" en début de texte mais l'on indique "Monsieur" en fin de document. Les erreurs de dates de naissances ou de dates d'entrées sur le territoire sont récurrentes. Des paragraphes entiers sont copiés d'une OQTF sur une autre alors que l'argument évoqué ne s'applique pas dans le second cas. Etc.

- La préfecture ne tient pas compte des décisions de justice :

- Premier exemple : une personne demande sa régularisation. La préfecture ne répond pas. Un recours est déposé au tribunal administratif et le juge fait injonction au préfet d'examiner la demande. Mais la préfecture ne le fait pas. Le juge, après un examen du dossier au fond, fait injonction au préfet de délivrer un titre de séjour à la personne. Mais la préfecture refuse d'obtempérer. Il faut une troisième décision de justice infligeant une pénalité financière journalière tant que la carte de séjour n'est pas délivrée pour qu'enfin le droit au séjour du demandeur soit respecté. Durant ce long parcours judiciaire, parfaitement inutile et qui peut durer plusieurs mois, la personne concernée, sans papier, est plongée dans la précarité alors que c'est l'administration préfectorale qui n'a pas traité sa demande et a refusé d'obtempérer aux injonctions de la justice.

- Second exemple : le préfet délivre une OQTF à un jeune exilé se déclarant mineur suite à son interpellation à la frontière sur la base d'une "appréciation de minorité" réalisée par un agent de l'Aide Sociale à l'Enfance (service du Département 06) détaché au poste frontière de Menton. Le tribunal administratif casse cette OQTF car "l'appréciation" de minorité ne constitue pas une réelle "évaluation" faite dans le cadre d'une mise à l'abri. Le préfet sait donc que ce type d'OQTF ne respecte pas le droit. Il recommence pourtant. Une seconde OQTF identique est délivrée puis cassée elle aussi au tribunal... puis une troisième, une quatrième... nous en sommes à plus d'une dizaine. Le préfet des Alpes-Maritimes délivre donc sciemment des OQTF illégales. La plupart des jeunes migrants ne déposent pas de recours et leurs droits sont bafoués.

Et l'on voudrait que 100% des OQTF soient appliquées ? Alors qu'une grande partie des OQTF délivrées actuellement sont infondées et illégales et seraient cassées par la justice si elles étaient contestées ? La politique du chiffre et la production systématique d'OQTF génère des atteintes manifestes aux droits et a pour conséquence des drames humains, plongeant les demandeuses et demandeurs dans la clandestinité et la précarité. Mais, plus que cela, la législation accroît sans cesse le pouvoir discrétionnaire des préfets, ce qui est pleinement le cas de la loi asile-immigration. Ainsi les préfets peuvent attenter aux droits des personnes et très peu d'entre elles auront la possibilité d'aller en justice.

Obsession ou stratégie ?

Fantasme de la frontière, focalisation sur l'AME, surproduction d'OQTF, ces thèmes sont la preuve d'une xénophobie généralisée, décomplexée, tournant à l'obsession, qui anime le pouvoir et sature les médias. Bruno Retailleau, Michel Barnier, Emmanuel Macron et Marine le Pen ne parlent pas de "grand remplacement", "d'invasion" ou de "remigration", mais ces thèmes sont les présupposés de leur politique. Les électrices et les électeurs ont pourtant massivement voté pour un front républicain faisant barrage à l'extrême droite. Mais c'est bien une politique d'extrême droite qui est en passe d'être menée.

S'agit-il d'une réelle obsession ou simplement d'une stratégie de diversion pour écarter du débat public les questions de pouvoir d'achat, d'augmentation des salaires, des retraites ou du mal logement ? Sûrement les deux. Et si pour certains il s'agit au départ de faire diversion, la classe politique macroniste, LR, ciottiste, RN et Reconquête semble tellement abreuvée par son propre discours xénophobe qu'elle s'en est convaincue. Tout se passe comme si la xénophobie obsessionnelle s'auto alimentait en permanence. Cette phobie de l'étranger, cette hostilité manifeste envers la figure de l'étranger, infusant l'ensemble de la société, vient apporter un semblant de justification et de légitimité à ce qui n'est autre qu'une politique d'exclusion, xénophobe, si ce n'est raciste.

lundi 2 septembre 2024

Nice, chronique d'un racisme institutionnel ordinaire


Nice, chronique d'un racisme institutionnel ordinaire


"Il n'avait qu'à pas venir en France". 

"Il est venu jusqu'ici de Guinée ? Il peut bien passer encore une nuit dehors". 

"Si vous n'êtes pas content, prenez le chez vous".

L'homme qui m'assène ces propos porte l'uniforme, encouragé par sa collègue, elle aussi en uniforme. Il incarne l'Etat et la République française. Nous sommes le 1er septembre 2024 devant le commissariat Auvare à Nice, et il est policier.

Les échanges se déroulent durant les 5h d'attente, de 20h à 1h du matin, passées à l'extérieur du commissariat, en présence de Mamadou (dont j'ai changé le prénom), Mineur Non Accompagné faisant l'objet d'une Ordonnance de Placement Provisoire (OPP) du tribunal pour enfants ordonnant son placement avant son audience prochaine.

Le Département 06 et la police imposent aux jeunes bénéficiaires d'une décision de placement après recours, de façon totalement inutile, de passer par le commissariat pour être ensuite placés en foyer. L'accueil au commissariat Auvare varie du tout au tout selon les équipes présentes.

Le policier a d'abord refusé de tenir compte de la décision de justice car le jeune, venu seul, la lui a présentée en photo dans son téléphone. Il a fallu que je le rejoigne sur place avec l'OPP imprimée pour qu'il accepte de s'occuper de Mamadou. 

Nous avons dû attendre 5h avant que le chauffeur d'un foyer ne vienne le chercher. Le policier a refusé de faire entrer Mamadou dans le commissariat, le laissant à l'extérieur, sous prétexte qu'aucun local, dans tout le bâtiment, n'était disponible. 

Échanges très tendus, propos racistes proférés par un agent de l’État, il a fallu parlementer pour parvenir à établir une communication plus respectueuse et, enfin, un semblant de compréhension mutuelle lorsque le policier a peu à peu réalisé que les foyers contactés et le responsable d'astreinte du Département 06 auraient dû et auraient pu faire diligence et ne pas laisser attendre Mamadou la moitié de la nuit pour rien.

Durant ces 5h, nous avons vu défiler une femme en larmes, victimes de violences conjugales, plusieurs personnes devant pointer pour un contrôle judiciaire, un homme voulant déposer plainte, etc. Chacun s'est adressé à une vitre sans tain, ne voyant pas leur interlocuteur, le commissariat Auvare étant en effet équipé d'un guichet fermé, totalement déshumanisant, où l'on ne voit personne de l'extérieur. Chacun a dû raconter les détails de sa situation et de sa vie privée : les violences du mari, le motif de la détention en prison donnant lieu au contrôle judiciaire, etc., sans aucune zone de confidentialité, les réponses des policiers au micro, cachés derrière leur vitre sans tain, résonnant fort dans le silence de la nuit.

Après ces 5h de maltraitance institutionnelle, Mamadou a pu être amené dans un hôtel à Antibes, les foyers étant pleins.

Après ces 5h d'attente, j'ai pu rentrer chez moi, non sans passer devant la plaque commémorative située sur le mur du commissariat, l'ancienne caserne Auvare. Cette plaque rappelle que c'est ici qu'étaient regroupées les personnes arrêtées avant leur déportation à Auschwitz durant l'occupation…


David Nakache

Président de l'association Tous citoyens !