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lundi 30 juin 2025

« En finir avec la corruption à Nice »

 

« En finir avec la corruption à Nice »

(mise à jour juin 2025)

 

Lorsque, durant la campagne des élections municipales 2020, j’ai déclaré « Il faut en finir avec la corruption à Nice », Christian Estrosi, se sentant directement visé, m’a attaqué en justice pour diffamation. Il a fallu deux ans de procédure pour que je sois définitivement relaxé. Sujet sensible, quiconque dénonce la corruption à Nice peut se retrouver soi-même sur le banc des accusés…

En réalité, il faut lever le tabou de la corruption, reconnaitre l’étendue du problème et se donner les moyens de lutter efficacement contre ce phénomène. La lutte contre la corruption doit devenir une priorité de l’action publique locale.

Depuis plusieurs décennies les affaires de corruption se multiplient. A Nice, les années 1990 ont été marquées par les condamnations, la fuite en Uruguay puis l’arrestation de Jacques Médecin à la suite d’un mandat d’arrêt international (délit d’ingérence, détournement de fonds, abus de biens sociaux…). Les années 2000 ont été rythmées par l’affaire Vialatte (détournement de fonds), la condamnation du juge Renard (violation du secret professionnel) puis celle du groupe Thalès (corruption active dans l’affaire de la ligne 1 du tramway). Mais Nice n’est pas la seule où la corruption sévit : rien qu’en Provence Alpes-Côte d’Azur, l’affaire Guerini, dont la condamnation vient d’être définitivement confirmée, a profondément marqué Marseille. Rappelons la condamnation en première instance et l’inéligibilité du maire de Toulon, Hubert Falco, ou celle de l’ancien maire de Cannes, Bernard Brochand, etc.

Il y a actuellement au moins une dizaine d'« affaires majeures » concernant la Métropole Nice Côte d'Azur, de natures bien différentes mais toutes liée à l'action publique locale :

- Tempête Alex : 
Enquête pour escroquerie en bande organisée, détournement de fonds publics, faux et usage de faux, blanchiment en bande organisée, prise illégale d’intérêts et recel.

La tempête Alex, en octobre 2020, a fait 11 décès et 8 disparus. Le passage de la tempête Aline en octobre 2023, a démontré que les structures de reconstruction en dur avaient tenues mais que les structures provisoires avaient été emportées. Si la tempête Aline avait été plus forte il y aurait vraisemblablement eu de nouveaux décès. 

L’enquête porte sur des travaux de reconstruction financés par la Métropole de Nice mais non réalisés ou réalisés partiellement. On estime le préjudice financier à plus de 8 millions d’euros. En question, le suivi et l’application des marchés publics de la Métropole niçoise.
Au niveau de la Métropole, trois niveaux de responsabilités sont possibles (interview BFM) :
  • Les services et les élus n’ont rien vu (défaillance ? défaut de compétence ? manque de moyens dédiés au suivi des marchés ?)
  • Ils ont laissé faire (complicité)
  • Ils ont participé (culpabilité directe)
21.12.2023 : perquisition dans les locaux de la Métropole

15.03.2024 : 21 personnes placées en garde à vue, dont des chefs d’entreprises du BTP, le Directeur de Cabinet, le Directeur Général des Services et la Présidente de la Commission d’Appels d’Offres de la Métropole. 6,5 M€ et des véhicules saisis.

- Projets immobiliers « Iconic » et « Avant-Scène » : 
Enquête pour trafic d’influence, escroquerie en bande organisée, abus de bien sociaux, faux et usage de faux. L’Avant-Scène, construit face à la nouvelle gare Saint Augustin, dans une zone longtemps classée inondable, s’est enfoncé de 16 cm dans le sol (communiqué Tous citoyens).

26.01.2024 : perquisitions dans les locaux de la Métropole

29.06.2024 : seconde perquisitions dans les locaux de la Métropole

- GIP Grand Prix de Formule 1 : 
Soupçons d’irrégularités comptables avec 32 millions de dettes à la clef. Enquête judiciaire pour favoritisme et détournement de fonds.

Christian Estrosi, président du GIP, a par ailleurs fait voter, en tant que président de la Métropole, une subvention de 12 millions d’euros alors que le Grand prix se déroulait… dans le Var.

- Détournements de fonds publics :
Plusieurs enquêtes visant des frais de bouches et des voyages du maire de Nice à l'étranger, dont un voyage de 3 jours pour 10 personnes à Abu Dhabi dans le cadre du Grand Prix de formule 1 chiffré à 70 000 €

 

- Emplois fictifs : 

Soupçons d’emplois fictifs au centre départemental de gestion des Alpes-Maritimes, à la suite d’un rapport de la cour régionale des comptes de 2020 visant deux proches du maire de Nice.

- Détournement de déchets : 
Suite à un reportage de la chaine M6, le détournement illégal de 26 000 tonnes de déchets vers l’Espagne a donné lieu à une enquête judiciaire.

30.06.2024 : perquisition dans les locaux de la Métropole

27.06.2025 : six personnes mises en examen dont une placée en détention provisoire

- Loi SRU : 
Enquête pour concussion visant l’ancien préfet des Alpes-Maritimes, Bernard Gonzalez, qui aurait dû faire payer des pénalités à la Ville de Nice qui ne produit pas assez de logements sociaux et ne respecte pas la loi SRU. 

- Hopman Cup : 
Enquête préliminaire menée par le Parquet National Financier pour détournements de fonds publics concernant la gestion du tournoi de tennis Hopman Cup en juillet 2023. 
Le "Nice Lawn Tennis Club" aurait reçu 800 000 € de la mairie et 150 000 € de l'office de tourisme mais pourrait ne pas avoir été le réel organisateur du tournoi, sur le plan légal.

22.05.2024 : perquisitions à la mairie de Nice et à l'office du tourisme


- Richard Orlinski : 
Enquête du Parquet National Financier sur des cadeaux qu'aurait reçu Christian Estrosi de la part du sculpteur Orlinski alors que la Ville de Nice a passé pour 170 000 € de commande publique avec lui.
18.03.2025 : perquisitions dans les locaux de la mairie de Nice et au domicile de Christian Estrosi


- Statue de Jeanne d'Arc :

14.01.2025 : le tribunal administratif de Nice prononce l'annulation du marché public conclu entre la Régie Parcs d'Azur  et l'atelier Missor pour 170 000 € car ce marché a été passé sans publicité ni mise en concurrence. La Régie doit rembourser la somme versée et déboulonner la statue.

28.01.2025 : perquisitions dans les bureaux de la Régie Parcs Azur dans le cadre d'une enquête pour favoritisme.


- Nice Climate Summit et l’Eurovision Junior :
Laura Tenoudji-Estrosi et Christian Estrosi visés par une enquête pour prise illégale d’intérêts et détournement de fonds publics. 
L'épouse du maire a co animé la cérémonie d'ouverture de l'Eurovision junior alors que la ville de Nice aurait contribué à l'événement à hauteur de 605 000 €.
Laura Tenoudji-Estrosi devait également animer le Nice Climate Summit mais y a renoncé suite à la polémique suscitée par cette annonce.

03.04.2025 : perquisition à la mairie de Nice et dans les locaux de la Métropole

30.06.2025 : Christian Estrosi et son épouse sont placés 13h en garde-à-vue.

Les élus du Département 06 font eux aussi l'objet de poursuites : 

- Eric Ciotti, député et ancien président du Conseil Départemental des Alpes-Maritimes, est sous le coup de trois enquêtes en cours :
Depuis 2020, enquête pour détournement de fonds publics.
Depuis 2023, enquête concernant des cumuls d'emplois dont aurait bénéficiée entre autres son ex épouse, Caroline Magne. 
Depuis le 31 mai 2024, nouvelle enquête préliminaire pour détournements de fonds publics concernant la mise à disposition gratuite de cartes de parking par la CCI 06.
20.11.2024 : perquisition dans la permanence au port de Nice
- Charles Ange Ginesy, président du Département 06, est lui aussi visé par la justice :
Enquête du Parquet National Financier sur signalement Tracfin pour détournements de fonds publics. 

22.05.2024 : perquisitions au Conseil Départemental et dans 5 autres lieux des Alpes-Maritimes
Il faut, dans chacune de ces affaires, respecter la présomption d’innocence et attendre la fin des procédures. Mais cette accumulation d’enquêtes judiciaires en cours interroge.

Ce qui est frappant c’est que malgré la multiplication des affaires et des enquêtes judiciaires en cours, malgré les perquisitions à répétition, le placement en gardes à vues d’une élue, des plus hauts responsables de la Métropole puis du maire de Nice lui-même, malgré la gravité des sujets en jeu, la lutte contre la corruption n’est toujours pas devenue un enjeu majeur du débat public local.

Face à la corruption à Nice, que faire ?

A minima, quelques pistes :

1. Lever les tabous et faire de la lutte contre la corruption une priorité de l’action publique locale. 
La corruption, au sens large du terme, gangrène l'ensemble de l'action municipale et métropolitaine. Elle renforce l'idée du "tous pourris" et contribue à rompre le lien entre les citoyens et les pouvoirs publics. 
2. Rétablir de l’éthique en politique : la ville de Nice doit cesser d’honorer, célébrer ou attribuer des noms de rues à des personnalités ayant été condamnées pour des faits liés à la corruption (Jacques Médecin, Charles Pasqua, Jacques Chirac…).

3. Respecter et tenir compte des décisions de justice : le maire, officier de police judiciaire, ne peut déclarer choisir délibérément de ne pas appliquer un jugement s’imposant à lui (sens de la circulation au port, déboulonnage de la statue de Jeanne d'Arc).
Nommer comme responsable de la police municipale un homme condamné en première instance pour violences policières (nomination de Rabah Souchi) est également un signal fort de non respect du travail judiciaire.

4. Imposer un minimum de probité aux élus. Des mesures fermes doivent être prises et être suivies d’effet dans la durée. 
Une charte éthique contraignante ou un règlement intérieur doivent être imposés pour que tout élu condamné pour un délit d’atteinte à la probité dans l’exercice de ses fonctions se voit retirer ses délégations et ne bénéficie pas d’un « reclassement opportun » dans une administration connexe (charte éthique proposée par Viva)
Au titre du principe de précaution, tout élu mis en examen pour de tels faits devrait être suspendu. De même toute entreprise privée ayant fait l’objet de condamnation ou étant sous le coup d’une procédure en cours ne devrait pas pouvoir bénéficier de la commande publique.

5. Garantir la transparence de toutes les procédures : usage des fonds publics, subventions, passation et suivi des marchés publics, procédures d’attribution des logements sociaux, des places de crèches ou des places en Ehpad municipal, etc.
Le clientélisme est le début de la corruption et il faut tout faire pour en limiter au maximum le développement.

6. Mettre fin à la frénésie de projets lancés à la va vite dans une surenchère communicationnelle permanente.
Les services administratifs n’ont pas le temps de mettre en œuvre correctement un projet que plusieurs sont déjà lancés en urgence, la communication prenant le pas sur la faisabilité technique.
L’obsession de l’attractivité permanente rend impossible une modernisation raisonnée et un aménagement progressif d’un territoire. Or, très souvent, c’est dans le suivi des marchés publics et dans la mise en œuvre effective des projets que se nichent les faits de corruption.

7. Lutter contre le poids des lobbys : des mesures phares qui pourraient améliorer la vie des habitants de la Métropole, comme l’encadrement des loyers, sont bloquées par des lobbys à qui l’on donne trop d’importance.
Le politique cède face aux pressions économiques et perd le sens de l’intérêt général.

8. Une véritable prise de conscience citoyenne : les citoyennes et les citoyens ne peuvent continuer à élire (ou laisser élire en s’abstenant) des personnes présentant des signes forts de manque d’éthique.
La démocratie, le "gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple", implique et nécessite, pour être effective, une responsabilité citoyenne. 
Il revient aux citoyennes et aux citoyens d’imposer aux politiques des pratiques dignes et éthiques. Si certains profitent et abusent du système, c’est aussi parce qu’on les laisse faire.

lundi 16 juin 2025

Drapeaux israéliens à la maire de Nice : "Pas en notre nom !"


Le nouveau préfet des Alpes-Maritimes, Laurent Hottiaux, a demandé au maire de Nice, Christian Estrosi, de retirer les drapeaux israéliens du fronton des bâtiments municipaux au nom de la neutralité du service public et je salue cette décision.
 
Christian Estrosi doit obtempérer et cesser d'entretenir des polémiques et tensions inutiles dans notre ville.

Cette situation relève d'une posture idéologique personnelle du maire de Nice, qui a pris ses décisions sans débat public ni vote au conseil municipal.


Dès le mois d'octobre 2023, nous demandions, avec le rassemblement citoyen Viva, de mettre fin à un un traitement totalement déséquilibré du conflit israélo-palestinien par la Ville de Nice :

En novembre 2024, à la suite du mandat d'arrêt international prononcé à l'encontre de Benyamin Netanyahu, nous avons à nouveau demandé le retrait de ces drapeaux :

Aujourd'hui Christian Estrosi place la Ville de Nice en porte à faux avec la politique étrangère française. Il fait de la Ville de Nice un soutien inconditionnel de la politique de Benyamin Netanyahu et rend notre Ville symboliquement complice des atrocités subies par les populations civiles de Gaza. Cette posture est totalement inadmissible.

Si Christian Estrosi maintient sa position, sans tenir compte d'une mobilisation citoyenne constante et du rappel à l'ordre par l'Etat, c'est qu'il est décidé à faire l'apologie des crimes de guerre, du crime contre l'humanité et du génocide en cours à Gaza. Christian Estrosi et sa majorité municipale en portent l'entière responsabilité juridique, politique et morale. Mais nous sommes de plus en plus nombreuses et nombreux, à Nice, à dire et à redire "pas en notre nom !"


Nice, le 17 juin 2025
David Nakache

mardi 29 avril 2025

Reprenons la main : une agora vivifiante et déterminée !

Une salle pleine à craquer, des idées, de l'envie, la première réunion organisée à la suite de notre appel "Nice 2026 : reprenons la main" a donné lieu à une agora vivifiante et déterminée hier soir.


Nous y étions, nous l'avons fait, et ce n'est que le début !






Notre appel et la liste des 200 premiers signataires sont en ligne ici : https://nice2026reprenonslamain.blogspot.com/?m=1 

Prochain rendez-vous à venir très vite,

Solidairement,
David Nakache


dimanche 27 avril 2025

100 signataires de plus !

Bonjour,

 
Edmond Baudoin, Violaine Darmon, Jonathan Gensburger, Annie Carton, Cédric Petipas et 95 autres citoyennes et citoyens s'engagent à leur tour pour une union large et ouverte de la gauche et de l'écologie aux élections municipales à Nice.

Vous trouverez le texte de notre appel et la liste complète des 200 premiers signataires ci-dessous et en ligne ici : https://nice2026reprenonslamain.blogspot.com/?m=1

Un premier rendez-vous aura lieu :

Mardi 29 avril à 18h30

à la FSGT, 27 rue Smolett à Nice

Venez nombreuses et nombreux, ensemble, reprenons la main !

Solidairement,
David Nakache



NICE 2026 

REPRENONS LA MAIN MAINTENANT!


 La Promenade des Anglais, le Vieux Nice, la colline du Château, la coulée verte... La beauté de ces paysages, dignes des nombreuses cartes postales connues du monde entier, ne doit pas masquer le fait que plus d’un·e Niçois·e sur cinq vit sous le seuil de pauvreté, que Nice est l’une des villes les plus polluées de France et que la crise du logement y sévit, touchant une majorité des habitants et habitantes de notre ville.


 À l’Assemblée nationale, Nice est représentée par trois député·es d’extrême droite. Ici, comme ailleurs à travers le pays et la planète, un vent mauvais souffle : celui de la régression sociale, du racisme et de la xénophobie, de l’autoritarisme, de l’inaction face au dérèglement climatique... 


Faut-il se résigner à cette situation ? Faut-il assister, sans rien faire, aux prochaines élections municipales, à la reconduction de la droite extrême et, pire encore, à l’arrivée de l’extrême droite ?? Devra-t-on, une nouvelle fois, constater l’incapacité des forces de gauche et de l’écologie à porter une véritable alternative à Nice ??? 


Résignation et passivité ? Non merci ! 


Mettre en œuvre une véritable alternative à Nice, comme ailleurs, est une urgence. Mais cela ne se décrète pas, ne se délègue pas. Cela se construit en créant une véritable dynamique, associant très largement, non seulement les forces politiques, mais aussi les forces sociales, associatives et citoyennes qui agissent au quotidien et qui ont toute leur place pour proposer une nouvelle voie pour Nice. 


Face à la droitisation de notre société, face au danger que représente l’extrême droite, des femmes et des hommes attaché·es aux valeurs de progrès veulent s’en mêler ! 


Si nous voulons créer les conditions d’une véritable rupture avec cette dynamique mortifère, le temps de l’élaboration d’un programme par quelques-un·es n’est plus de mise. 


Si nous voulons que le plus grand nombre s’y retrouve, il faut créer les conditions pour que, dans notre ville, toutes celles et ceux pour qui l’humanisme et la solidarité ne sont pas de vains mots, puissent être partie prenante et non de simples spectateurs et spectatrices. 


Nous, citoyennes et citoyens de la gauche et de l’écologie, dans la diversité et le respect de nos engagements, face aux Estrosi, Ciotti et autres Vardon, nous voulons créer les conditions pour rendre possible une véritable alternative à Nice. 


Pour en débattre, nous vous invitons à un premier échange 

le mardi 29 avril à 18h30 

à la salle FSGT, au 27 rue Smolett à Nice. 




Interviews données concernant cet appel :


BFM Nice Côte d'Azur : https://youtu.be/AHOW_COpXPE?si=gluTs3wA_mNggJte


Nice Presse : https://nicepresse.com/municipales-dans-nice-presse-lappel-a-lunion-de-la-gauche-cest-le-moment-reprenons-la-main/



Les 200 signataires : 


Akeb Théo Syndicaliste étudiant et militant politique

Andres Hervé Citoyen pour la démocratie, l’écologie et la justice

Anelli Louis Retraité, animateur MJC, porteur de projets socio-éducatifs pour les familles et les jeunes (secteur Nice Est)

mardi 1 avril 2025

Condamnation de Marine Le Pen - "Dura lex, sed lex"


Condamnation de Marine Le Pen : "dura lex, sed lex"


Le retour de l'ordre, le strict respect de la règle, la ferme application des lois. Ils fustigent à longueur d'année le laxisme de la justice. Ils demandent des peines planchers, des comparutions immédiates. Elle demandait même, jadis, des inéligibilités à vie. Puis, soudain, dès que les sanctions les concernent, eux, ils tentent d'inverser la totalité du discours. Soudain, une décision de justice ne devrait plus être appliquée. Soudain, la justice elle-même ne serait plus légitime. Bref, le retour de l'ordre, le strict respect de la règle, la ferme application des lois, oui, mais uniquement pour les autres.

On vous dira tout et n'importe quoi sur la condamnation de Marine Le Pen. La réalité est pourtant simple : nul n'est au-dessus des lois.

Oui, le 4 août 1789 l'Assemblée nationale constituante a voté l'abolition des privilèges. Il n'y a plus, en France, de régime d'exception. La loi s'applique pour toutes et tous.

Oui, la condamnation de Marine Le Pen est un signe de bonne santé pour notre démocratie et pour le respect de l'Etat de droit.

Oui, Marine Le Pen a été déclarée coupable et condamnée à 4 ans de prison dont 2 fermes et à 5 ans d'inéligibilité avec exécution provisoire.

Oui, Marine Le Pen a la possibilité de faire appel. Oui, l'exécution provisoire empêche le risque de récidive, à savoir de recommencer à frauder et de détourner à nouveau des fonds publics.

Oui, la lutte contre la corruption, la moralisation de la vie publique et la restauration de la confiance des citoyennes et des citoyens dans la politique sont des enjeux essentiels pour notre vie démocratique.

Signe des temps, c'est la nouvelle internationale fasciste qui vole au secours de Marine Le Pen et lui apporte son soutien.

Signe des temps, alors que l'on critique l'Etat de droit et la stricte application des lois, l'Etat se tait : le président garde le silence, le premier ministre se dit troublé et le ministre de la justice avait par avance donné raison à celles et ceux qui sapent l'autorité de la justice.

Rappelons le encore et toujours : "Dura lex, sed lex", la loi est dure, mais c'est la loi.


Nice, le 2 avril 2025

David Nakache

Président de l'association Tous citoyens !
Membre du rassemblement citoyen Viva !

vendredi 17 janvier 2025

Je quitte X

Bonjour,


Le 20 janvier, jour de l'investiture de Donald Trump, quittons massivement le réseau social d'Elon Musk !

Je quitte X et vous incite à le faire si vous y avez encore un compte.

Vous pouvez me retrouver sur :



Solidairement,
David Nakache

vendredi 27 septembre 2024

Xénophobie obsessionnelle


Xénophobie obsessionnelle


Une xénophobie obsessionnelle sature les chaînes d'information continue, les médias et les réseaux sociaux. Elle s'étend par contagion à l'ensemble du débat public. 

Fonds de commerce de l'extrême droite, on la retrouve désormais chez les LR et au sein de la macronie, ceux-là mêmes qui prétendaient faire barrage... à l'extrême droite.

Elle se cristallise, en ce mois de septembre post-dissolution, autour de trois thématiques récurrentes :

Le fantasme de la frontière

Contrôler, durcir les contrôles, déployer des drones, traquer, arrêter, refouler, expulser, poser des barbelés, bâtir des murs et des miradors...

Le fantasme de la frontière étanche revient constamment mais se heurte pourtant à la réalité. Les murs de Trump et Orban, le blocus maritimes de Meloni, toutes ces tentatives échouent les unes après les autres. L'Homme a toujours migré et migrera toujours. Murs, barbelés et miradors n'y pourront rien changer. Penser que l’on peut stopper des personnes luttant pour survivre est illusoire. La "fermeture" des frontières a le plus souvent pour conséquence de pousser les personnes cherchant refuge à prendre des risques inconsidérés et à se mettre en danger pour passer. Les décès se multiplient dans la Méditerranée, dans la Manche, comme à la frontière franco-italienne.

Rêvant d'une société fermée et du contrôle permanent des individus, des territoires ont développé une forme de paranoïa institutionnelle où le pouvoir devrait savoir en permanence qui est où, avec qui et pour quelles raisons. Vidéo surveillance, drones, demande de reconnaissance faciale, tout un arsenal technologique est déployé dans ce dessein. La frontière représente alors la clef de voûte de cet univers clos. L'idée même qu'une personne transgresse les interdits et passe la frontière, quelqu'un qui n'a pas de papiers d'identité, pas de visa et qui vient, ici et maintenant, incarner, là, devant vous, la figure de l'étranger, voilà qui est proprement insupportable pour les tenants du tout sécuritaire. Le migrant incarne l'échec de cette volonté de contrôle permanent, l'échec de la techno-surveillance poussée à l'extrême. Et cet échec, pour certains, devient insupportable.

Christian Estrosi, maire de Nice et président de la Métropole Nice Côte d'Azur, a publié un communiqué de presse le 17 septembre dernier demandant le rétablissement des contrôles à la frontière franco-italienne. Il a aussitôt été imité par Alexandra Masson, RN. Michel Barnier, premier ministre LR, a lui aussi évoqué le renforcement des contrôles et les "frontières passoires" de la France.

Tous citent l'exemple allemand et la restauration du contrôle à certaines frontières internes de l'Union Européenne.

Cette demande témoigne d'une méconnaissance totale de la réalité, pour au moins deux raisons :

1. Le nombre d'arrivées d’exilés à la frontière franco-italienne est historiquement bas.

2. Cette frontière interne à l'Union Européenne est en réalité déjà "fermée" et soumise à contrôles depuis 2015. Ces contrôles ont même été renforcés en 2020.

Le fantasme de la frontière, contredit par la réalité, révèle alors toute son irrationalité.

La focalisation sur l'Aide Médicale d'Etat (AME)

Les attaques récurrentes contre l'Aide Médicale d'État touchent à notre humanité la plus profonde : refuser de soigner des personnes malades ou blessées. Quel degré de xénophobie ambiante ou de racisme généralisé faut-il que l’on ait collectivement atteint pour que l’on soit contraint de défendre le fait de soigner une personne indépendamment de son statut administratif ? Sommes nous devenus à ce point inhumains qu'il faille justifier de soigner un malade ?

Bruno Retailleau, à peine nommé ministre de l'intérieur, s'est empressé de réaffirmer sa volonté de déconstruire le dispositif de l'AME.

Supprimer l'Aide Médicale d'État ou la réduire aux situations d'urgence, c'est :

- Attenter à notre humanité : toute personne a droit aux soins, quelle que soit sa situation administrative.

- Attenter à l'éthique et la déontologie des soignants et leur imposer le non-respect du serment d'Hippocrate.

- Créer un risque pour la santé publique en augmentant le risque de contagion

- Augmenter la dépense publique car attendre que les pathologies s'aggravent coûtera plus cher que de soigner les patients le plus tôt possible.

Le débat sans fin sur l’Aide Médicale d’Etat est symptomatique d’une xénophobie ambiante poussant à la déraison collective. Ni le caractère à l'évidence discriminatoire du refus de l'accès aux soins ni le risque de contagion ne semblent plus peser dans le débat. Le nouveau ministre de l’Intérieur adopte une posture purement idéologique et déconnectée du réel.

La surproduction d'Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF)

Le débat sur les Obligations de Quitter le Territoire Français est d'une pauvreté affligeante et une grande confusion est entretenue. Les OQTF visent très majoritairement des étrangers non-délinquants. Or le débat public actuel laisse penser que toute personne sous OQTF est délinquante, ce qui est faux. Nous assistons à une production massive d'OQTF, 130 000 en 2022, dont beaucoup sont inexécutables ou illégales. Cette surproduction génère une saturation des services qui empêche de suivre la minorité de personnes présentant un danger réel pour l'ordre public.

On se focalise à tort sur la non-exécution des OQTF sans regarder le contenu et la qualité des OQTF produites.

Dans les Alpes-Maritimes :

- Nous constatons régulièrement des OQTF mal rédigées, voire bâclées, des erreurs matérielles fréquentes et des copiés-collés grossiers. L'intéressé est mentionné guinéen en début de texte et se retrouve ivoirien trois paragraphes plus bas. Une dame est qualifiée de "Madame" en début de texte mais l'on indique "Monsieur" en fin de document. Les erreurs de dates de naissances ou de dates d'entrées sur le territoire sont récurrentes. Des paragraphes entiers sont copiés d'une OQTF sur une autre alors que l'argument évoqué ne s'applique pas dans le second cas. Etc.

- La préfecture ne tient pas compte des décisions de justice :

- Premier exemple : une personne demande sa régularisation. La préfecture ne répond pas. Un recours est déposé au tribunal administratif et le juge fait injonction au préfet d'examiner la demande. Mais la préfecture ne le fait pas. Le juge, après un examen du dossier au fond, fait injonction au préfet de délivrer un titre de séjour à la personne. Mais la préfecture refuse d'obtempérer. Il faut une troisième décision de justice infligeant une pénalité financière journalière tant que la carte de séjour n'est pas délivrée pour qu'enfin le droit au séjour du demandeur soit respecté. Durant ce long parcours judiciaire, parfaitement inutile et qui peut durer plusieurs mois, la personne concernée, sans papier, est plongée dans la précarité alors que c'est l'administration préfectorale qui n'a pas traité sa demande et a refusé d'obtempérer aux injonctions de la justice.

- Second exemple : le préfet délivre une OQTF à un jeune exilé se déclarant mineur suite à son interpellation à la frontière sur la base d'une "appréciation de minorité" réalisée par un agent de l'Aide Sociale à l'Enfance (service du Département 06) détaché au poste frontière de Menton. Le tribunal administratif casse cette OQTF car "l'appréciation" de minorité ne constitue pas une réelle "évaluation" faite dans le cadre d'une mise à l'abri. Le préfet sait donc que ce type d'OQTF ne respecte pas le droit. Il recommence pourtant. Une seconde OQTF identique est délivrée puis cassée elle aussi au tribunal... puis une troisième, une quatrième... nous en sommes à plus d'une dizaine. Le préfet des Alpes-Maritimes délivre donc sciemment des OQTF illégales. La plupart des jeunes migrants ne déposent pas de recours et leurs droits sont bafoués.

Et l'on voudrait que 100% des OQTF soient appliquées ? Alors qu'une grande partie des OQTF délivrées actuellement sont infondées et illégales et seraient cassées par la justice si elles étaient contestées ? La politique du chiffre et la production systématique d'OQTF génère des atteintes manifestes aux droits et a pour conséquence des drames humains, plongeant les demandeuses et demandeurs dans la clandestinité et la précarité. Mais, plus que cela, la législation accroît sans cesse le pouvoir discrétionnaire des préfets, ce qui est pleinement le cas de la loi asile-immigration. Ainsi les préfets peuvent attenter aux droits des personnes et très peu d'entre elles auront la possibilité d'aller en justice.

Obsession ou stratégie ?

Fantasme de la frontière, focalisation sur l'AME, surproduction d'OQTF, ces thèmes sont la preuve d'une xénophobie généralisée, décomplexée, tournant à l'obsession, qui anime le pouvoir et sature les médias. Bruno Retailleau, Michel Barnier, Emmanuel Macron et Marine le Pen ne parlent pas de "grand remplacement", "d'invasion" ou de "remigration", mais ces thèmes sont les présupposés de leur politique. Les électrices et les électeurs ont pourtant massivement voté pour un front républicain faisant barrage à l'extrême droite. Mais c'est bien une politique d'extrême droite qui est en passe d'être menée.

S'agit-il d'une réelle obsession ou simplement d'une stratégie de diversion pour écarter du débat public les questions de pouvoir d'achat, d'augmentation des salaires, des retraites ou du mal logement ? Sûrement les deux. Et si pour certains il s'agit au départ de faire diversion, la classe politique macroniste, LR, ciottiste, RN et Reconquête semble tellement abreuvée par son propre discours xénophobe qu'elle s'en est convaincue. Tout se passe comme si la xénophobie obsessionnelle s'auto alimentait en permanence. Cette phobie de l'étranger, cette hostilité manifeste envers la figure de l'étranger, infusant l'ensemble de la société, vient apporter un semblant de justification et de légitimité à ce qui n'est autre qu'une politique d'exclusion, xénophobe, si ce n'est raciste.

lundi 2 septembre 2024

Nice, chronique d'un racisme institutionnel ordinaire


Nice, chronique d'un racisme institutionnel ordinaire


"Il n'avait qu'à pas venir en France". 

"Il est venu jusqu'ici de Guinée ? Il peut bien passer encore une nuit dehors". 

"Si vous n'êtes pas content, prenez le chez vous".

L'homme qui m'assène ces propos porte l'uniforme, encouragé par sa collègue, elle aussi en uniforme. Il incarne l'Etat et la République française. Nous sommes le 1er septembre 2024 devant le commissariat Auvare à Nice, et il est policier.

Les échanges se déroulent durant les 5h d'attente, de 20h à 1h du matin, passées à l'extérieur du commissariat, en présence de Mamadou (dont j'ai changé le prénom), Mineur Non Accompagné faisant l'objet d'une Ordonnance de Placement Provisoire (OPP) du tribunal pour enfants ordonnant son placement avant son audience prochaine.

Le Département 06 et la police imposent aux jeunes bénéficiaires d'une décision de placement après recours, de façon totalement inutile, de passer par le commissariat pour être ensuite placés en foyer. L'accueil au commissariat Auvare varie du tout au tout selon les équipes présentes.

Le policier a d'abord refusé de tenir compte de la décision de justice car le jeune, venu seul, la lui a présentée en photo dans son téléphone. Il a fallu que je le rejoigne sur place avec l'OPP imprimée pour qu'il accepte de s'occuper de Mamadou. 

Nous avons dû attendre 5h avant que le chauffeur d'un foyer ne vienne le chercher. Le policier a refusé de faire entrer Mamadou dans le commissariat, le laissant à l'extérieur, sous prétexte qu'aucun local, dans tout le bâtiment, n'était disponible. 

Échanges très tendus, propos racistes proférés par un agent de l’État, il a fallu parlementer pour parvenir à établir une communication plus respectueuse et, enfin, un semblant de compréhension mutuelle lorsque le policier a peu à peu réalisé que les foyers contactés et le responsable d'astreinte du Département 06 auraient dû et auraient pu faire diligence et ne pas laisser attendre Mamadou la moitié de la nuit pour rien.

Durant ces 5h, nous avons vu défiler une femme en larmes, victimes de violences conjugales, plusieurs personnes devant pointer pour un contrôle judiciaire, un homme voulant déposer plainte, etc. Chacun s'est adressé à une vitre sans tain, ne voyant pas leur interlocuteur, le commissariat Auvare étant en effet équipé d'un guichet fermé, totalement déshumanisant, où l'on ne voit personne de l'extérieur. Chacun a dû raconter les détails de sa situation et de sa vie privée : les violences du mari, le motif de la détention en prison donnant lieu au contrôle judiciaire, etc., sans aucune zone de confidentialité, les réponses des policiers au micro, cachés derrière leur vitre sans tain, résonnant fort dans le silence de la nuit.

Après ces 5h de maltraitance institutionnelle, Mamadou a pu être amené dans un hôtel à Antibes, les foyers étant pleins.

Après ces 5h d'attente, j'ai pu rentrer chez moi, non sans passer devant la plaque commémorative située sur le mur du commissariat, l'ancienne caserne Auvare. Cette plaque rappelle que c'est ici qu'étaient regroupées les personnes arrêtées avant leur déportation à Auschwitz durant l'occupation…


David Nakache

Président de l'association Tous citoyens !

vendredi 12 juillet 2024

Eric Ciotti, Jean Moulin et nous


C'est un tweet d'Eric Ciotti publié sur X, dans le flot nourri de ses tweets, un parmi tant d'autres. Et pourtant...

Eric Ciotti, qui soutient depuis longtemps des thèses d'extrême droite et notamment l'instauration du droit du sang, a rejoint publiquement l'extrême droite française et a fait alliance avec le Rassemblement National aux élections législatives.

Or qu'est-ce que le RN ? Un parti fondé par d'anciens SS, un parti longtemps dirigé par Jean Marie Le Pen, condamné plus d'une vingtaine de fois pour apologie de crimes de guerre, provocations à la haine et à la discrimination, antisémitisme ou encore pour des injures publiques... six de ces condamnations concernent les chambres gaz décrites comme un "détail" de l'histoire.

Eric Ciotti prône l'union des droites nationalistes. Il a déjà déclaré, lors des élections présidentielles, qu'en fonction des choix possibles, il était prêt à voter pour Eric Zemmour, celui-là même qui a tenté de réhabiliter le maréchal Pétain.

Et voilà ce même Eric Ciotti qui tweete, le 8 juillet, un hommage à Jean Moulin.

Inversion de toutes les valeurs, comble de la honte !

Venir renforcer l'extrême droite française puis rendre hommage à Jean Moulin...


Non, Eric Ciotti, vous n'avez aucune légitimité à vous réclamer de Jean Moulin quand vous ralliez l'extrême droite.

Votre hommage est en réalité une insulte à tous les résistants et à la Résistance elle-même.

Vous avez rejoint les héritiers de Pétain. Cessez cette mascarade et ayez la décence de ne pas salir la mémoire de la Résistance française.



David Nakache

Président de l'association Tous citoyens !
Membre du rassemblement citoyen Viva !


lundi 8 juillet 2024

2ème tour, le jour d'après

2ème tour, le jour d'après


Hier, la gauche unie a remporté les élections législatives, mais, plus que cela, c'est la démocratie qui a gagné.

Un immense merci à toutes les électrices et tous les électeurs qui ont sauvé notre modèle social et notre vivre ensemble, qui ont placé haut nos valeurs humanistes !

J’adresse un remerciement particulier à celles et ceux qui ont dû voter pour un-e candidat-e dont ils ne partagent pas le programme mais pour faire barrage à la haine. Pour avoir dû faire tant de fois barrage dans ma vie d'électeur, je sais ce qu'il en coute, je sais ce que cela représente. Mais accomplir ce devoir citoyen nous grandit individuellement et collectivement. Plus qu’un front républicain, c’est d’un front démocratique dont il s’agit, car c’est bien notre démocratie qui est sans cesse mise en péril.

J’adresse également un remerciement admiratif à l'ensemble des militant-es qui ont mené une campagne acharnée, une très belle campagne, avec un sens du devoir et un dévouement impressionnant, dans un élan superbe, portés par l'espoir et le sérieux du Nouveau Front Populaire. Je pense tout particulièrement aux jeunes militant-es dont c’était souvent, pour eux, la première campagne et parfois la première mobilisation d’ampleur. Cette campagne a été un moment majeur dans notre vie citoyenne commune, faite de débats et d'échanges de fonds.

Non, la France n'est pas un pays raciste. Oui, la gauche, unie, a remporté cette élection ! Mais la victoire nous oblige et le danger du fascisme reste comme une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes.

Je fais pleinement confiance aux forces qui composent le Nouveau Front Populaire, les négociateurs et responsables de partis qui ont su sceller l’union, concevoir et rédiger notre programme, et qui ont tenu bon quand tant de médias cherchaient à exploiter le moindre soupçon de division possible.

Non, la France n’est pas ingouvernable. Elle doit simplement apprendre ce qu’est le débat parlementaire, accepter de lui donner tout son rôle, de le respecter, cesser de brutaliser la vie démocratique par des 49.3 à répétition et des coups de force permanents.

Emmanuel Macron doit désormais acter la victoire de la gauche et ne pas tenter de détourner cette victoire et le sens du scrutin.

Localement, la situation dans les Alpes-Maritimes est très contrastée. Sur 9 circonscriptions, six sont gagnées par l'union nationaliste RN - Ciotti, trois restent LR. Un tel résultat pourrait sembler cinglant pour la gauche. Il n'en n'est rien. 

Pendant de nombreuses élections législatives la gauche n'avait aucun candidat au second tour. En 2022, Enzo Giusti, faisant une remarquable campagne, s'est hissé au second tour. En 2024 nous avons eu trois candidat-es au second tour. La gauche progresse. La gauche passe des paliers. Je tiens ici à remercier l'ensemble de nos candidat-es et de nos militant-es dans les Alpes-Maritimes pour cette valeureuse et belle campagne. 

A Nice, la gauche redevient la seconde force politique, en seconde position dans les trois circonscriptions niçoises.

Dans la 1ère circonscription, le duo Monetti-Estrosi a permis la réélection d’Éric Ciotti, préférant faire barrage à la gauche plutôt qu'à l'extrême droite.

Hier soir, Christian Estrosi, défait, hagard, constatait son échec. Obnubilé par sa rivalité avec Éric Ciotti il est complément passé à côté du moment historique auquel nous étions confrontés. Il a perdu le sens des responsabilités, le sens de l’intérêt général, le sens des valeurs républicaines. Il a entrainé avec lui Graig Monetti qui n’a pas su s’émanciper. Si ce dernier s’était désisté, Éric Ciotti aurait pu perdre cette élection législative. Le message national aurait alors été bien différent et aurait montré que ceux qui font alliance avec le pire finissent dans la défaite. Le duo Estrosi-Monetti a servi de marche pied à une union nationaliste des droites-extrêmes et des extrêmes-droites et en porte désormais la lourde responsabilité.

Hier soir, Éric Ciotti, lui qui se rêvait ministre de l’Intérieur, voyait son destin national s'éloigner. De chef de parti il redevient député-traître, sans aucune dignité, satellite égaré une extrême droite tenue en échec. Sa réussite locale ne masque pas sa déroute nationale. Nul doute que les procès et règlements de compte sur la présidence des LR, l’usage du logo et du nom du parti vont plomber longtemps celui qui a voulu tordre le bras à sa famille politique.

Je tiens à féliciter chaleureusement Olivier Salerno et Anne Laure Chaintron pour leur formidable campagne, pour cette sincérité, cette justesse et cet élan qui nous longtemps manqués.

Oui, il se passe quelque chose à Nice. Oui, nous sentons les regards et les échanges changer. Il y a un je-ne-sais quoi de nouveau, un presque-rien de différent, de fondamentalement différent. Le travail de fond sur les projets structurant comme l'encadrement des loyers et le logement, la gratuité des transports en commun, l'ensemble des questions écologiques et sociales où nous cherchons des solutions et pas simplement des oppositions porte ses fruits. La mobilisation de la société civile, associations, collectifs, syndicats, est un signe qui ne trompe pas.

Nous avons, durant cette campagne, dialogué avec des électeurs de Christian Estrosi et des électeurs tentés par le vote Ciotti-RN. Beaucoup nous écoutent, sentent, comprennent et pour certains reconnaissent les manques et les impasses de leurs camps. Les droites affairistes et l'extrême droite raciste, toutes deux ultra-libérales, n'ont pas de réponses à la hauteur des enjeux sociaux et environnementaux. Le doute s'installe. Le dialogue commence et dépasse largement les cercles habituels de la gauche. Oui, il se passe quelque chose à Nice et ce quelque chose est porteur d'une promesse nouvelle. Oui, la gauche et l’écologie, unies nationalement et localement, peuvent changer le cours des choses. 


Nice, le 8 juillet 2024,


David Nakache,

Président de l'association Tous citoyens,

Membre du rassemblement citoyen Viva !


vendredi 28 juin 2024

La possibilité du fascisme


Chèr-es ami-es,

Depuis bien longtemps nous craignons un retour de l'extrême droite au pouvoir en France. Depuis bien longtemps nous voyons d'autres pays, pourtant démocratiques, y compris en Europe, être gouvernés par des régimes d'extrême droite dont certains assument publiquement leur filiation avec le fascisme. Depuis bien longtemps nous voyons, en France, la droite devenir "droite extrême" et reprendre à son compte les idées d'extrême droite. Depuis bien longtemps nous voyons les idées d'extrême droite s'insinuer même à gauche, ou à ce qui se prétendait au départ être de gauche, comme le Printemps Républicain.

Nous avons vu récemment des tentatives de réhabilitation du Maréchal Pétain. Nous avons vu récemment la Macronie, les LR et le RN voter de concert une loi d'extrême droite, la loi asile-immigration, clairement xénophobe, comme un aboutissement de cette convergence des haines. Nous avons vu récemment Emmanuel Macron, par la dissolution de l’Assemblée nationale, ouvrir de façon totalement irresponsable les portes du pouvoir à l'extrême droite. Nous avons vu récemment Eric Ciotti et Marion Maréchal rallier le RN en appelant à une "union des droites".

Aujourd'hui nous y sommes, le RN peut réellement accéder au pouvoir. Et le RN porte en lui la possibilité du fascisme.

Malgré sa longue entreprise de dédiabolisation, le RN s'inscrit dans la tradition et la continuité de l'extrême droite française, dont Jordan Bardella est le nouveau visage. Faut-il rappeler "la France juive" de Drumont ? La propagande autour d'un prétendu Protocole des Sages de Sion ? L'Action française de Maurras ? La collaboration et le régime de Vichy ? Les rafles, les déportations et la "solution finale" ? La fondation du FN par d’anciens Waffen-SS ? Les chambres à gaz "détail de l'Histoire" de Jean Marie Le Pen ? Les propos racistes de nombreux candidats actuels du RN à la députation ?

Le déclassement des juifs sous Vichy a commencé par l'interdiction d'exercer certains métiers. Aujourd'hui Jordan Bardella propose de faire exactement la même chose envers les binationaux.

Jordan Bardella va fracturer la société française, trier les citoyens, retirer le droit à la citoyenneté française à toute une partie de la population par l'instauration du droit du sang, priver de droits sociaux les non français par la préférence nationale, plonger des familles entières dans la précarité.

L'accession au pouvoir de l'extrême droite libérerait totalement la parole et les actes islamophobes, antisémites, racistes, sexistes, homophobes et transphobes en France, les injures, les violences et les discriminations.

Citoyen-nes, camarades, mes chèr-es ami-es, nous avons aujourd'hui un devoir individuel et collectif : résister !

Cela passe en premier lieu, les 30 juin et 7 juillet, par faire barrage au Rassemblement National et à Jordan Bardella.

Le Nouveau Front Populaire, qu'on l'estime imparfait ou qu'on y adhère pleinement, nous offre une opportunité unique : faire barrage à l'extrême droite, tourner le dos à la "droite extrême" des LR et à la Macronie, changer de paradigme et porter haut des valeurs de solidarités, le combat contre les inégalités sociales et contre le dérèglement climatique. 

C'est par la gauche que sont arrivés les congés payés, la réduction du temps de travail et le temps libéré, l'abolition de la peine de mort, un revenu minimum pour vivre (le RMI transformé ensuite en RSA), le droit à la santé pour tous (la sécurité sociale, la CMU), le droit au mariage pour les personnes de même sexe, le droit d'être défendu en justice même si l'on n'a pas d'argent (aide juridictionnelle), etc. C'est par la gauche que peuvent arriver le SMIC à 1 600 € net, le retour à la retraite à 60 ans, la gratuité réelle de l'école publique, l'augmentation de 10% du point d'indice de tous les fonctionnaires, une véritable politique du droit au logement et le renforcement de l'ensemble de nos services publics, l'imposition de la règle verte, l'abrogation du 49.3 et, enfin, poser les bases qui nous mèneront à une 6ème République...

Aujourd'hui nous pouvons faire reculer la possibilité du fascisme tout en reprenant la longue marche du progrès social, de l'émancipation individuelle et collective.

Les 30 juin et 7 juillet, votez et faites voter pour le Nouveau Front Populaire !

Solidairement,

David Nakache,

Président de l'association Tous citoyens
Membre du rassemblement citoyen Viva !

 

mercredi 1 mai 2024

Couvre feu pour mineurs à Nice : une fausse bonne idée et un manque de courage politique

La Ville de Nice a pris un arrêté municipal le 26 avril 2024 imposant un couvre-feu pour les moins de 13 ans de 23h à 6h dans les quartiers suivants : Las Planas, l'Ariane, Bon Voyage, Pasteur, Saint Roch, Pilatte-Lorrain, Trachel-Gare du Sud, Centre ville, Vieux Nice, Madeleine et Jean Vigo, ainsi qu'un couvre-feu pour les moins de 16 ans aux mêmes horaires dans le quartier des Moulins.

Cette décision est à la fois une fausse bonne idée et un réel manque de courage politique.

Une fausse bonne idée :

Cette idée apparaît au premier abord être une bonne solution : personne n'est favorable à ce que des jeunes de 10, 13 ou 15 ans soient seuls dehors la nuit.  Le seul problème est que rien ne démontre que ces couvre-feux soient efficaces. En effet, des couvre-feux pour mineurs ont déjà été mis en œuvre à Nice et le sont dans d'autres communes, mais aucune étude sérieuse ne démontre que cela fonctionne.

Cette mesure s'inscrit dans un discours sécuritaire qui est très populaire. Mais en réalité la répression, sans la prévention, est un échec. Pire, ce type d'effets d'annonces envenime les rapports avec les jeunes pour les policiers, les éducateurs et toutes les structures d'accompagnement.

L'arrêté municipal cite le chiffre de 1 230 mineurs interpellés en 2023 et début 2024 mais ne donne pas l'évolution de ces interpellations sur plusieurs années. L'arrêté évoque le nombre d'interpellations mais ne donne pas le nombre de condamnations par la justice pour des faits avérés de délinquance. Or, nationalement, les chiffres des tribunaux montrent que la délinquance des mineurs est en baisse. 

Un réel manque de courage politique

Le courage en politique, face à la délinquance des mineurs, ce n'est pas de faire des annonces médiatiques clinquantes, c'est de déployer une politique de prévention ambitieuse, à long terme, et sans baisse de budget. 

Cette politique de prévention doit être menée en complémentarité avec les services de l'Etat, l'éducation nationale et la protection judiciaire de la jeunesse, la justice pour mineurs et le tribunal pour enfants, le Département et l'Aide Sociale à l'Enfance, les travailleurs sociaux qui accompagnent les familles, et, bien sûr, les associations de terrain. Or nous assistons à une mesure à court terme, prise par la Ville, sans coordination avec l'ensemble des autres acteurs.

Le courage en politique, c'est de dépasser les querelles politiciennes et d'agir pour l'intérêt général. Or aujourd'hui les services de la Ville et du Département ne travaillent plus ensemble, alors que c'est bien le Département qui est en charge de la protection de l'enfance.

Le courage en politique c'est d'avoir une vision globale et réfléchie de la situation sociale des jeunes et de leurs familles et d'arrêter de les stigmatiser à des fins électoralistes. Ce couvre-feu s'inscrit en effet dans un processus de stigmatisation déjà à l'œuvre lorsque la Ville de Nice souhaite, avec Côte d'Azur Habitat, expulser des logements sociaux les familles dont un membre a commis des actes de délinquance. Le maire de Nice emboîte le pas du premier ministre, Gabriel Attal, qui divulgue un message simpliste de répression et de retour à l'autorité en déployant des mesures qui ont déjà été mises en œuvre et que l'on avait supprimées car elles étaient inefficaces. 

Le courage en politique, c'est de favoriser l'émancipation des jeunes et, avant tout autre chose, de leur procurer des conditions de vie digne, notamment avec une véritable politique de logement et de lutte contre la ghettoïsation, ce dont nous sommes, à Nice, très, très loin.

lundi 20 novembre 2023

Statue de Jeanne d'Arc - Il était une fois un maire...


Statue de Jeanne d'Arc - Il était une fois un maire...


Il était une fois un maire provocateur qui s'ennuyait un peu.

Nous étions dans le sud de la France, en 2023, en plein conflit israélo-palestinien. Il avait bien affiché un soutien inconditionnel au gouvernement de Netanyahu en tentant de caricaturer toute défense de la paix en apologie du terrorisme et tout défenseur des droits de l'Homme en antisémite, mais ça ne l'amusait plus vraiment.

Il avait bien essayé de monter en épingle des prétendus phénomènes de prières musulmanes dans les écoles, mais il avait été vite démasqué.

Il avait bien, depuis déjà de longues années, détourné la laïcité en islamophobie tout en paradant, en tant que maire, à chaque messe ou procession catholique possible. Il avait même trouvé le prétexte d’une ancienne tradition pour remettre le destin de sa ville dans les mains de la vierge Marie et il allait renouveler ce Vœu, chaque année, en tant que maire, dans une église ! Mais ses opposants s'étaient lassés de dénoncer cette atteinte flagrante à la laïcité et non, vraiment, maintenant, il s'ennuyait ferme.

Alors il s'était souvenu de sa joie enfantine quand il avait fait payer par sa ville une statue du pape Jean Paul II. Ah la belle polémique ! La belle empoignade ! Les micros tendus, les bons mots et les plateaux télé...

Alors un jour il se lança. C'était en conseil municipal, le 7 novembre, et il avait bien préparé son coup. Il trépignait d'impatience, vous savez, comme ces petits enfants cachés derrière la porte qui attendent de pouvoir faire peur à la personne qui va entrer. Il avait fait voter une délibération sur la laïcité et il savait que ses opposants de gauche seraient obligés de lui rappeler que lui-même manquait de neutralité et participait régulièrement à des offices catholiques en qualité de maire. Et là, triomphant, savourant en le dévoilant son nouveau coup d'éclat, dans un élan aussi superbe que puéril, il annonça la truculente et absurde nouvelle : il allait faire ériger une statue de sainte Jeanne d'Arc sur un parking-jardin en face d'une église éponyme ! Une énorme statue pour une sainte ! Une statue qui allait coûter très très cher aux contribuables qui, pour beaucoup d'entre eux, n'arrivaient plus à se nourrir ni à se soigner ! Une statue commandée à un collectif d'artistes d'extrême droite ! Ah la belle polémique ! La gauche abasourdie ! L'extrême droite ravie et en même temps décontenancée devant un si beau cadeau sans même avoir à le demander ! Tous les petits fascistes de la ville, tous les petits nazillons de la région allaient pouvoir faire les fiers et déposer des gerbes devant leur idole !

Et ce maire goguenard qui défie en plein conseil les possibles opposants à ce projet : "On va vous donner du fil à retordre..."

Mais, depuis son coup d'éclat, bien peu d'émoi. A croire que les défenseurs de la laïcité, lassés de ses provocations permanentes, ne l'écoutaient même plus. A croire que s'autoproclamer défenseur de la laïcité tout en lui portant atteinte, s'autoproclamer rempart contre l'extrême droite tout en lui faisant des cadeaux, ça ne faisait plus recette. En fait, ça faisait même très très 20ème siècle...

Reste le dilemme existentiel des défenseurs de la laïcité : que faire ? Des communiqués de presse indignés devant tant d'indignité ? Oui, bien sûr. Mais, en attendant, un peu d'humour pourra peut-être empêcher que ce maire provocateur ne nous emporte complètement dans ses vaines provocations.

 

mardi 14 novembre 2023

Normalisation de l'extrême droite niçoise

 

Normalisation de l'extrême droite niçoise 



La marche contre l'antisémitisme du dimanche 12 novembre 2023 a été l'objet, en France, d'une instrumentalisation politicienne : loin de sa juste cause, elle a servi à normaliser les extrêmes droites françaises.

A Paris, Elisabeth Borne, première ministre, a défilé avec ceux qu'elle qualifiait quelques mois plus tôt "héritiers de Pétain". L'ensemble de la classe politique du centre et de la droite a ainsi adoubé Marine Le Pen, Jordan Bardella, Éric Zemmour et Marion Maréchal, lavant officiellement l'extrême droite de son passé.

Rappelons que lorsque nous luttons contre l'antisémitisme nous luttons contre toute forme de discrimination et de racisme. S'associer à des forces politiques qui refusent d'accepter l'égalité entre tous les êtres humains est incompatible avec la lutte contre l'antisémitisme.

A Nice, la querelle entre Christian Estrosi et Eric Ciotti passant pour eux avant la lutte contre l'antisémitisme, il y a eu deux rassemblements. Dans chacun des deux rassemblements, Philippe Vardon fut présent et intégré parmi les élus, achevant ainsi le long processus de normalisation de l'extrême droite la plus radicale.

Philippe Vardon, conseiller municipal et métropolitain niçois, a participé dans sa jeunesse a un concert entouré de jeunes faisant le salut hitlérien, chantant des chansons du groupe Fraction Hexagone ou "Zyclon Army" d'Evil Skins. Il est passé par le Bloc identitaire, Nissa Rebela, Unité radicale, le MNR de Bruno Mégret, le RN de Marine Le Pen et est désormais membre de Reconquête d'Eric Zemmour. Il incarne une frange politique de l'extrême droite française la plus radicale ayant accédé au statut d'élu.

Christian Estrosi l'a qualifié en 2017 "d'héritier de Goebbels" mais ne cesse depuis de trouver avec lui des convergences au conseil municipal et au conseil métropolitain. Ils étaient présents ensemble dimanche 12 novembre. Christian Estrosi y a déclaré : "La haine a changé de visage mais elle n'a pas changé de victimes". Or si l'antisémitisme est aujourd'hui alimenté à la fois par l'extrême droite française et par les mouvements djihadistes, le maire de Nice fait volontairement comme si l'extrême droite n'était plus une menace pour les français de confession juive.

Comme à Paris, l'extrême droite est désormais officiellement normalisée. Mais, à Nice, la confusion est encore accrue car les prises de positions d'Eric Ciotti et Christian Estrosi sont souvent très proches de celles de l'extrême droite.

Eric Ciotti reprend à son compte des thèses classiques d'extrêmes droite comme le retour au droit du sang. Il pousse l'ensemble de sa famille politique, sur la question migratoire et sur l'intégration des personnes de nationalité étrangère, sur des positions souvent plus extrêmes que celles du RN. Il utilise la question du referendum de façon populiste pour dresser les français contre les étrangers et fracturer la société française. Au Département des Alpes-Maritimes il n'a eu de cesse de stigmatiser les bénéficiaires du RSA et les mineurs isolés étrangers. Il glorifie l'ordre, l'uniforme et le culte de l'autorité. Il n'y a aujourd'hui plus aucun moyen objectif de différencier un discours ou un projet de loi d'Eric Ciotti de ceux de l'extrême droite.

Christian Estrosi se place dans la filiation de Jacques Médecin qui se déclarait lui même d'accord à 99% avec les idées du FN. Il a intégré dans on équipe municipale et métropolitaine Gael Nofri, ancien directeur de campagne de Jean Marie Le Pen aux élections européennes de 2014. Il tient régulièrement des propos hostiles aux étrangers, aux Roms et aux musulmans (l'islam et la démocratie seraient "incompatibles" ; donner le droit de vote aux étrangers reviendrait à donner le droit de vote à "ceux qui haïssent la France" ; il déclare vouloir "mater" les Roms et a proposé sa méthode à tous les maires de France ; etc.). Il mène une politique du tout sécuritaire à outrance et du contrôle permanent des personnes. Il pratique une ségrégation urbaine en repoussant sans cesse le désenclavement du quartier de l'Ariane, en stigmatisant les pauvres et en organisant la traque des migrants. Il est bien difficile aujourd'hui de différencier la gestion de Nice par Christian Estrosi de la gestion par l'extrême droite des villes où elle est majoritaire.

De nombreux opposants politiques comme certains journalistes ont d'abord qualifié la ligne politique incarnée par Christian Estrosi et Eric Ciotti de "droite radicale" puis de "droite extrême". Ils ne savent plus vraiment quel qualificatif employer aujourd'hui. Certains vont jusqu'à penser que, de Christian Estrosi à Eric Ciotti et d'Eric Ciotti à Philippe Vardon, nous sommes désormais confrontés à Nice à un continuum gradué de droites extrêmes ou d'extrêmes droites.

Cette normalisation de l'extrême droite niçoise est grave et lourde de conséquences. Il revient désormais à Christian Estrosi et Eric Ciotti de dire et de démontrer publiquement ce qui les différencie encore de ceux avec qui ils s'associent.