lundi 8 juillet 2024

2ème tour, le jour d'après

2ème tour, le jour d'après


Hier, la gauche unie a remporté les élections législatives, mais, plus que cela, c'est la démocratie qui a gagné.

Un immense merci à toutes les électrices et tous les électeurs qui ont sauvé notre modèle social et notre vivre ensemble, qui ont placé haut nos valeurs humanistes !

J’adresse un remerciement particulier à celles et ceux qui ont dû voter pour un-e candidat-e dont ils ne partagent pas le programme mais pour faire barrage à la haine. Pour avoir dû faire tant de fois barrage dans ma vie d'électeur, je sais ce qu'il en coute, je sais ce que cela représente. Mais accomplir ce devoir citoyen nous grandit individuellement et collectivement. Plus qu’un front républicain, c’est d’un front démocratique dont il s’agit, car c’est bien notre démocratie qui est sans cesse mise en péril.

J’adresse également un remerciement admiratif à l'ensemble des militant-es qui ont mené une campagne acharnée, une très belle campagne, avec un sens du devoir et un dévouement impressionnant, dans un élan superbe, portés par l'espoir et le sérieux du Nouveau Front Populaire. Je pense tout particulièrement aux jeunes militant-es dont c’était souvent, pour eux, la première campagne et parfois la première mobilisation d’ampleur. Cette campagne a été un moment majeur dans notre vie citoyenne commune, faite de débats et d'échanges de fonds.

Non, la France n'est pas un pays raciste. Oui, la gauche, unie, a remporté cette élection ! Mais la victoire nous oblige et le danger du fascisme reste comme une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes.

Je fais pleinement confiance aux forces qui composent le Nouveau Front Populaire, les négociateurs et responsables de partis qui ont su sceller l’union, concevoir et rédiger notre programme, et qui ont tenu bon quand tant de médias cherchaient à exploiter le moindre soupçon de division possible.

Non, la France n’est pas ingouvernable. Elle doit simplement apprendre ce qu’est le débat parlementaire, accepter de lui donner tout son rôle, de le respecter, cesser de brutaliser la vie démocratique par des 49.3 à répétition et des coups de force permanents.

Emmanuel Macron doit désormais acter la victoire de la gauche et ne pas tenter de détourner cette victoire et le sens du scrutin.

Localement, la situation dans les Alpes-Maritimes est très contrastée. Sur 9 circonscriptions, six sont gagnées par l'union nationaliste RN - Ciotti, trois restent LR. Un tel résultat pourrait sembler cinglant pour la gauche. Il n'en n'est rien. 

Pendant de nombreuses élections législatives la gauche n'avait aucun candidat au second tour. En 2022, Enzo Giusti, faisant une remarquable campagne, s'est hissé au second tour. En 2024 nous avons eu trois candidat-es au second tour. La gauche progresse. La gauche passe des paliers. Je tiens ici à remercier l'ensemble de nos candidat-es et de nos militant-es dans les Alpes-Maritimes pour cette valeureuse et belle campagne. 

A Nice, la gauche redevient la seconde force politique, en seconde position dans les trois circonscriptions niçoises.

Dans la 1ère circonscription, le duo Monetti-Estrosi a permis la réélection d’Éric Ciotti, préférant faire barrage à la gauche plutôt qu'à l'extrême droite.

Hier soir, Christian Estrosi, défait, hagard, constatait son échec. Obnubilé par sa rivalité avec Éric Ciotti il est complément passé à côté du moment historique auquel nous étions confrontés. Il a perdu le sens des responsabilités, le sens de l’intérêt général, le sens des valeurs républicaines. Il a entrainé avec lui Graig Monetti qui n’a pas su s’émanciper. Si ce dernier s’était désisté, Éric Ciotti aurait pu perdre cette élection législative. Le message national aurait alors été bien différent et aurait montré que ceux qui font alliance avec le pire finissent dans la défaite. Le duo Estrosi-Monetti a servi de marche pied à une union nationaliste des droites-extrêmes et des extrêmes-droites et en porte désormais la lourde responsabilité.

Hier soir, Éric Ciotti, lui qui se rêvait ministre de l’Intérieur, voyait son destin national s'éloigner. De chef de parti il redevient député-traître, sans aucune dignité, satellite égaré une extrême droite tenue en échec. Sa réussite locale ne masque pas sa déroute nationale. Nul doute que les procès et règlements de compte sur la présidence des LR, l’usage du logo et du nom du parti vont plomber longtemps celui qui a voulu tordre le bras à sa famille politique.

Je tiens à féliciter chaleureusement Olivier Salerno et Anne Laure Chaintron pour leur formidable campagne, pour cette sincérité, cette justesse et cet élan qui nous longtemps manqués.

Oui, il se passe quelque chose à Nice. Oui, nous sentons les regards et les échanges changer. Il y a un je-ne-sais quoi de nouveau, un presque-rien de différent, de fondamentalement différent. Le travail de fond sur les projets structurant comme l'encadrement des loyers et le logement, la gratuité des transports en commun, l'ensemble des questions écologiques et sociales où nous cherchons des solutions et pas simplement des oppositions porte ses fruits. La mobilisation de la société civile, associations, collectifs, syndicats, est un signe qui ne trompe pas.

Nous avons, durant cette campagne, dialogué avec des électeurs de Christian Estrosi et des électeurs tentés par le vote Ciotti-RN. Beaucoup nous écoutent, sentent, comprennent et pour certains reconnaissent les manques et les impasses de leurs camps. Les droites affairistes et l'extrême droite raciste, toutes deux ultra-libérales, n'ont pas de réponses à la hauteur des enjeux sociaux et environnementaux. Le doute s'installe. Le dialogue commence et dépasse largement les cercles habituels de la gauche. Oui, il se passe quelque chose à Nice et ce quelque chose est porteur d'une promesse nouvelle. Oui, la gauche et l’écologie, unies nationalement et localement, peuvent changer le cours des choses. 


Nice, le 8 juillet 2024,


David Nakache,

Président de l'association Tous citoyens,

Membre du rassemblement citoyen Viva !


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