dimanche 2 décembre 2018

Gilets Jaunes, le prix du mépris

Les violences urbaines sont totalement inacceptables et desservent la cause. Emmanuel Macron paye le prix de son mépris. Au lieu de sortir de l'impasse en rétablissant la justice fiscale et sociale, le gouvernement pousse à la faute un mouvement déjà très instable et s'avère aussi irresponsable que les casseurs.

Paris a été, pour la seconde fois, la scène de violences urbaines inacceptables. Elles desservent la cause. Elles ne font pas porter le débat sur la faute du gouvernement - son libéralisme aveugle et sa politique antisociale - mais sur la faute du mouvement des Gilets Jaunes, qui, en appelant à manifester à Paris une seconde fois, savait pertinemment ce qui allait se produire.

Le gouvernement envisage d'instaurer l'état d'urgence. Et pourquoi pas, tant qu'on y est, des chars d'assaut pour protéger Paris ? 

En réalité, Emmanuel Macron ne fait que payer le prix de son mépris. La France applique, depuis la fin du gouvernement Jospin, un libéralisme aveugle et déshumanisant, destructeur tant pour l'environnement que pour la protection sociale. Les classes moyennes sont écrasées. Les déclassés, précaires et SDF de plus en plus nombreux. Mais c'est bien le mépris de ce chef de l'Etat-là qui a fait déborder le vase de la colère et du désespoir. Ce sont « ceux qui ne sont rien », les « illettrés », les « fainéants » et ceux qui n’ont « qu’à traverser la rue » pour trouver un travail qui sont descendus les premiers dans la rue. La violence du mouvement est la réponse directe à l’arrogance et la morgue du pouvoir macronien.

Au lieu d'écouter réellement et de dialoguer, le gouvernement va poursuivre un bras de fer lourd de conséquences pour le pays.

Il suffirait pourtant d'instaurer une taxe carbone proportionnelle au taux de pollution produite et que les plus gros payeurs soient les plus gros pollueurs : Total, les compagnies pétrolières, aériennes, ferroviaires, etc. Il suffirait de réinstaurer l'impôt sur la fortune, de taxer les transactions financières et de lutter véritablement contre l'évasion fiscale. Il suffirait, pour avoir un effet immédiat et calmer la colère qui secoue le pays, d'augmenter le SMIC et d'instaurer une TVA zéro sur les produits de première nécessité. C'est l'injustice fiscale et sociale autant que le montant des prélèvements qui est source d'autant de rancœurs et de douleurs. 

Mais non, le gouvernement va continuer à pousser à la faute un mouvement déjà très instable, dans une attitude tout aussi irresponsable que celle des casseurs.

Nous avons été nombreux à alerter les Gilets Jaunes sur les dérives du mouvement, à les appeler soit à se désolidariser, soit à se démarquer en clarifiant leur position. Ce mouvement est encore tenu, localement, des groupes aux revendications populistes et aux comportements racistes et homophobes. Un peu partout, des leaders d'extrême droite, Dieudonné, Laurent Wauquiez ou, à Nice, Eric Ciotti, se sont mêlés aux Gilets Jaunes sans être repoussés. Les débordements et exactions sont nombreux, partout en France. Une femme a été forcée de retirer son voile. Des migrants ont été dénoncés et livrés à la gendarmerie. Les blocages de préfectures donnent lieu à des scènes inquiétantes où des Gilets Jaunes chantent la Marseillaise en empêchant d'entrer les demandeurs d'asile et les étrangers venant renouveler leurs cartes de séjour. Mais, surtout, le mouvement a provoqué deux décès directs et deux décès indirects, ainsi que de nombreux blessés.

La tentative d'organisation du mouvement est positive. Les revendications rédigées vont dans le bon sens. Mais il est très inquiétant d'apprendre que des représentants départementaux ne sont pas montés à Paris en raison de menace directes faites par des mouvances radicales au sein des Gilets Jaunes.

Nous ne pouvons qu'espérer que ce sombre tableau s'arrête là, que la pression mise sur le gouvernement paye tout en évitant de nouveaux drames, que cette colère collective ne sombrera pas en mouvement majoritairement populiste et ne devienne l'expression généralisée d'un racisme latent. 

On a systématiquement critiqué les syndicats, qui "prenaient la France en otage" et étaient incapables d'empêcher les casseurs de ravager Paris. Si le traitement médiatique des Gilets Jaunes est, comparativement, étonnamment complaisant, on se rend compte à quel point dévaloriser la société civile et les corps intermédiaires est dangereux et rompt l'équilibre démocratique et social de notre pays

Pour sortir de l'impasse, il faudrait qu'Emmanuel Macron, son gouvernement et sa majorité comprennent que ce n'est pas en méprisant les citoyens que l'on gouverne une République. La politique a besoin d'éthique et d'équité, sans quoi elle cède la place à la violence et au chaos.

mardi 27 novembre 2018

Rue Jacques Médecin: à Nice, on honore la corruption et le racisme

 Communiqué de presse de l'association "Tous citoyens !" : 

"Rue Jacques médecin : à Nice, on honore la corruption et le racisme"

 "Après Charles Pasqua, la Ville de Nice honore le multirécidiviste Jacques Médecin, quatre fois condamnés à de la prison ferme. 

Quand arrêtera-t-on de glorifier le clientélisme et la corruption à Nice ? 

Nous demandons à ce qu'aucun nom de rue ou quelconque reconnaissance ou honneur ne soit attribué à Nice à une personne condamnée pour des faits liés à la corruption, mal qui gangrène notre société et la Côte d'Azur en particulier.

Par ailleurs, Jacques Médecin n'a jamais caché ses positions extrêmes et racistes. Il a publiquement déclaré, en juin 1987 "Aujourd'hui, 99% des thèses du Front National sont les miennes". Pire, il affirmait, en mars 1986 : "La France va être envahie par tous les macaques qui n'ont rien d'autre à faire que venir vivre chez nous". Il a de plus jumelé la ville de Nice avec celle du Cap, en Afrique du Sud, en soutien à la politique d'apartheid qui y était mené. Nous refusons que la Ville de Nice honore ceux qui ont fait la promotion des thèses d'extrême droite, du racisme et de l'apartheid. 

Donner un nom de rue à Jacques Médecin c'est donc honorer à la fois et la corruption et le racisme.

D'une façon plus large, le temps est venu d'un véritable "droit d'inventaire" du médecinisme à Nice et de ses conséquences."

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"Nice/Le Cap", oeuvre d'Ernest Pignon Ernest pour dénoncer le jumelage de Nice avec Le Cap, "capitale du racisme institutionnalisé".

mardi 20 novembre 2018

Honorer Charles Pasqua, le déshonneur de Nice

Communiqué de presse de l'association "Tous citoyens !" du 16 novembre 2018 : "Honorer Charles Pasqua, le déshonneur de Nice"

"Charles Pasqua a été condamné à deux reprises : pour complicité d’abus de biens sociaux et recel (un an de prison avec sursis) et pour financement illégal de campagne électorale (un an et demi de prison avec sursis).

Baptiser une rue à son nom revient à cautionner des actes délictueux, nier l'importance des décisions de justice et de ce fait affaiblir le pouvoir judiciaire, passer sous silence et banaliser la corruption.

La Ville de Nice, en honorant Charles Pasqua, se déshonore elle-même. 

L'image de la Côte d'Azur, et de Nice en particulier, est très souvent associée à une image de corruption, d'argent roi et de mafia locale.

Dans le même temps, on ne cesse de déplorer l'abstention croissante et la perte de sens de la parole publique aux yeux des citoyens.

A Nice aussi, la politique nécessite un minimum d'éthique."

La lutte contre l'habitat indigne : l'affaire de tous

 Communiqué de presse de l'association "Tous citoyens !" du 7 novembre 2018 : La lutte contre l'habitat indigne : l'affaire de tous

Le bilan ne cesse de s'alourdir à Marseille où une sixième victime a été découverte sous les gravats. À l'heure où beaucoup d'incertitudes subsistent, trois points sont connus de tous :

1. Il y a bien une spécificité Marseillaise où l'habitat indigne et la pauvreté sont plus fortes que dans le reste du pays. Ces immeubles étaient signalés et théoriquement suivis. L'enquête établira les culpabilités immédiates mais c'est l'ensemble des décideurs locaux, passés comme présents, qui portent une part de responsabilité.

2. Si la situation marseillaise est critique, chaque grande ville a ses logements insalubres. La Fondation Abbé Pierre tente depuis longtemps de dresser une cartographie des taudis en France. A chacun de se mobiliser localement pour faire pression sur sa mairie et demander un état des lieux précis de l'habitat indigne et des moyens mis en oeuvre pour l'éradiquer.
L'association "Tous citoyens !" demande à cet effet à la Ville de Nice de faire toute la transparence sur l'habitat indigne dans notre ville : état des lieux précis, publics concernés, mesures déjà prises et à venir.

3. Prendre des arrêtés de péril et d'insalubrité ne suffit pas. Il faut produire encore et toujours plus de logements à un coût abordable. Il faut impérativement faire respecter les 25 % de logements sociaux de la loi SRU. Le gouvernement doit faire de la lutte contre le mal logement une priorité nationale et tout mettre en oeuvre pour obtenir des résultats concrets.

Au-delà de ce constat, dans l'attente d'une réponse précise de la Ville de Nice et dans l'espoir d'une prise de conscience de chacun, nous exprimons nos condoléances pour les familles et les proches des victimes, notre tristesse pour Marseille, notre solidarité avec les personnes relogées et avec l'ensemble des personnes devant vivre, en France, dans un habitat indigne.

lundi 8 octobre 2018

Palais de justice : la chasse aux pauvres continue à Nice

Après la Place du Pin, Christian Estrosi veut chasser les SDF des marches du Palais de Justice. Manque de logements sociaux, d'hébergements d'urgence, gestion à court terme et répression ne font pas une politique sociale. Jusqu'où ira-t-on dans cette chasse aux pauvres grotesque et inhumaine ?

Autrefois les marches du Palais de Justice de Nice étaient accessibles à tous. Puis la Ville de Nice, estimant qu'il y avait trop de SDF sur ces marches, a fait poser des barrières à mi-hauteur. Mais ce qui devait arriver arriva : les SDF descendirent de quelques marches.

Le maire de Nice, Christian Estrosi, décidé à faire la chasse aux pauvres au lieu de les aider, fait poser des grilles en bas des marches. Le Palais de Justice donnera désormais l'image déplorable d'un bunker inaccessible. Et ce qui devrait arriver arrivera : les SDF se déplaceront vers la fontaine voisine.

Christian Estrosi coupera-t-il l'eau de la fontaine Place du Palais comme il a tenté de le faire Place du Pin ? Engrillagera-t-il la fontaine comme il a engrillagé le tribunal et les jardins publics ? Quand décidera-t-on à Nice d'aider les SDF au lieu de les chasser ? Et jusqu'où les chassera-t-on ainsi ? 

Le maire de Nice tente-t-il, par ce biais, d’empêcher les rassemblements de soutien aux citoyens solidaires injustement accusés parce qu’ils aident des réfugiés ?

Illustration 1

Nous sommes nombreux, associations, syndicats, partis politiques, citoyennes et citoyens, à avoir mené la bataille de l’eau pour rétablir l’accès à l’eau potable pour tous Place du Pin. Nous luttons pour des conditions de vie dignes pour tous à Nice. Doit-on lancer une mobilisation à chaque tentative du maire de Nice pour chasser les pauvres de la ville ?

Il est temps d’engager à Nice une véritable politique sociale de lutte contre la pauvreté. Ce sont les travailleurs sociaux et les associations d’aide aux démunis qui détiennent les solutions à long terme pour accompagner les SDF, les travailleurs pauvres, les personnes en grande précarité à se réinsérer socialement et professionnellement, à scolariser les enfants, à lutter contre la dépendance à l’alcool, à permettre l’accès aux soins, etc.

On ne peut maintenir un taux de logements sociaux à 13 % dans la 5ème ville de France, y maintenir un nombre de places d’hébergements d’urgence dérisoire et chasser les SDF de places en places. La Ville de Nice a pris un arrêté anti-SDF pour les chasser des lieux touristiques pendant l’été mais cela n'a rien réglé.

Manque de logements sociaux et d’hébergements d’urgences, répression et traque des SDF ne font pas une politique sociale. Jusqu'où ira-t-on dans cette chasse aux pauvres grotesque et inhumaine ? Qu'est-ce qu'une ville, qu'une société qui pose des grilles, des barreaux et des verrous partout ? En tentant de chasser les pauvres, Christian Estrosi engrillage la ville, enferme les Niçois à l'intérieur de ses propres peurs.

Nous voulons une ville et une société ouvertes et nous nous battrons autant qu'il le faudra pour cela.

vendredi 5 octobre 2018

Théâtre de la photographie, artistes de rue... quelle politique culturelle à Nice ?

 des artistes de rue, réduction de la culture à l'événementiel, recherche effrénée du clinquant, du vedettariat et de l'éphémère. La politique culturelle à Nice est au point mort. Gaspillage d'argent public, copinage, bling bling et business ne font pas une politique culturelle.

Coups sur coups, les décisions tombent et laissent sans voix. Un pianiste est verbalisé pour du Chopin place Massena, un peintre est verbalisé pour une toile sur la promenade des Anglais. Le message est clair : les artistes de rue ne sont pas les bienvenus à Nice.

La Ville de Nice annule le Festival de la Libé pour budget non bouclé alors qu'elle a fait déménager le Théâtre de la Photographie et de l'image pour faire venir Francis Huster, qui ne viendra pas, et dont le projet n'a jamais été ni financé ni sécurisé : deux poids, deux mesures !

Le Festival de la Libé est un très beau projet artistique et populaire qui s'est heurté à une municipalité qui croit pouvoir réduire la culture à l'événementiel, tout contrôler, et bloquer toute initiative qui n'émane pas de ses rangs.   

L'affaire du Théâtre de la photographie et de l'image est révélatrice de l'amateurisme de la municipalité : trois ans de perdus et un déménagement pour rien ! Combien cela a-t-il coûté au contribuable niçois ? La Ville de Nice a cassé une dynamique artistique en forçant le théâtre à déménager place Gautier pour courir après une célébrité sans aucune garantie sur le sérieux financier de son projet. Christian Estrosi réintroduit Daniel Benoin par la petite porte pour y organiser des master class d'art et des formations... pour entrepreneurs. Mais le Théâtre de la photographie doit rester un lieu dédié à la culture ! Les chefs d'entreprises ont déjà des espaces adaptés et la Chambre de Commerce et d'Industrie est toute proche.

La Ville de Nice a laissé pourrir le dossier du Volume. Elle a perdu des années dans la relance de la Friche du 109 en la confiant à Sophie Duez. Elle court après des coups d'éclats, elle court après le vedettariat, elle court après tout ce qui brille et passe à la télé. 

Le développement et la place des arts dans une ville, ce n'est pas la recherche du clinquant et de l'éphémère. C'est une politique de long terme, du sérieux et de la stabilité. Gaspillage d'argent public, copinage, bling bling, paillettes et business ne font pas une politique culturelle.

mercredi 3 octobre 2018

Accueil des migrants : l'humain d'abord, ici et maintenant !

La question de l'accueil des migrants, ligne de fracture européenne, deviendrait, à en croire la presse, une ligne de fracture au sein de la gauche française. Des êtres humains meurent en tentant de survivre et de faire valoir leurs droits. L'heure n'est ni aux tergiversations ni aux faux prétextes. L'humain d'abord, oui, mais ici et maintenant !

J'ai signé le manifeste pour l'accueil des migrants et je vous invite à le signer. 

Des êtres humains fuient la misère et/ou la guerre, beaucoup sont torturés en Libye, beaucoup meurent en mer, d'autres meurent en tentant de passer nos frontières. Tous ont des droits et nous devons les aider à faire valoir leurs droits.

L'heure n'est ni aux tergiversations ni aux faux prétextes. "L'humain d'abord !", oui, mais cela ne doit pas rester un simple slogan. L'humain d'abord, oui, mais ici et maintenant !

L'Europe doit choisir entre le modèle néo-fasciste d'Orban et Salvini et le retour au projet européen originel : la paix, ce qui veut dire garantir la vie, faire reculer la mort et la misère.

Ne laissons pas Emmanuel Macron s'auto-proclamer opposant à Orban et Salvini quand la fermeture de la frontière italienne entraîne décès et vies brisées, quand il ferme les ports français à l'Aquarius, quand la loi asile-immigration entérine une régression sans précédent du droit d'asile en France, quand les citoyens solidaires sont toujours poursuivis.

L'Union Européenne sera politique ou elle ne sera pas. Le néo-libéralisme et la recherche effrénée du profit détruisent l'environnement, annihilent toute protection sociale et constituent un facteur déterminant dans les migrations dont nous ne voyons ici qu'une faible partie des effets. 

Proposons une Europe politique, humaniste et sociale, et cela commence par un accueil digne des exilés, d'où qu'ils viennent.

jeudi 27 septembre 2018

Boycottons les racismes de tous bords et ceux qui les médiatisent

On met à nouveau racisme anti-blancs et racisme anti-noirs et anti-arabes sur le même plan pour éviter de remettre en question la médiatisation du racisme. À nous, citoyens, de boycotter tous les porteurs de haines et de violences, de tous bords et d'où qu'ils viennent, ceux qui tiennent ces propos comme ceux qui les médiatisent.


Tout appel à la haine et au meurtre, toute incitation à la haine raciale et toute forme de racisme doivent être condamnés. Il n'est pas question de transiger sur ce principe, le clip "pendez les blancs" est interdit et le rappeur Nick Conrad doit s'expliquer devant la justice, et c'est une très bonne chose.
Par ailleurs, il n'est pas interdit de s'interroger sur l'empressement médiatico-politique à faire connaître un clip que quasi personne n'avait vu, un rappeur que quasi personne ne connaissait et qui ne représente rien pour à nouveau mettre le racisme anti-blancs au même plan que le racisme anti-noirs et anti-arabes.
Conrad ne vend pas de disques et n'est invité par aucun média. Zemmour vends beaucoup de livres et est surmédiatisé. Mais soudain c'est magique, on a trouvé un appel au racisme et au meurtre anti-blancs pour continuer à inviter Zemmour et ne pas se remettre en question.
À nous, citoyens, de boycotter tous les porteurs de haines et de violences, de tous bords et d'où qu'ils viennent, ceux qui tiennent ces propos comme ceux qui les médiatisent.

mardi 18 septembre 2018

Eric Zemmour : trop, c'est trop

 "Eric Zemmour : trop, c'est trop.

La légitimation de la torture "qui a permis d'éviter des attentats" contre la France et de l'assassinat de Maurice Audin "qui méritait 12 balles dans la peau" est absolument inadmissible.

J'ai suffisamment critiqué Emmanuel Macron par ailleurs pour saluer et son geste vis à vis de la famille de Maurice Audin et l'ouverture des archives concernant les disparus durant la guerre d'Algérie.

La censure est une question complexe et délicate, mais le racisme n'est pas une opinion, c'est un délit.

Ce n'est pas le prénom d'Hapsatou Sy qui "fait honte à la France", ce sont les propos d'Eric Zemmour.

Dans l'attente de condamnations par la justice de ses propos, j'espère des médias qu'ils auront la décence de ne plus l'inviter. J'espère des libraires que, s'ils continueront à vendre son livre, ils ne le placeront plus en tête de gondole. J'espère de ses lecteurs potentiels qu'ils n'iront pas acheter son livre.

Quelle est cette société qui permet la promotion de la haine et du meurtre ? Est-ce cela notre vivre ensemble ? Est-ce comme cela que nous voulons vivre ?

La société, la démocratie, la France elle-même n'est que ce que nous en faisons."

Fraternellement,

David Nakache

vendredi 31 août 2018

Réfugiés : l'imposture Macron

Il y a aujourd'hui, entre la politique migratoire de la France et de l'Italie, une différence de degrés et non de nature. Emmanuel Macron est illégitime à se dire opposant à l'axe Orban - Salvini et l'ensemble de son action depuis son élection le prouve. S'il veut prétendre incarner une Europe solidaire, respectant le droit d'asile et le devoir de secours, il doit en faire la preuve.

Il est peu de Président chez qui la dichotomie entre les paroles et les actes a été aussi profonde que chez Emmanuel Macron. Certains ont beaucoup promis étant candidats pour tenir peu de leurs engagements une fois élus. Emmanuel Macron, lui, dit et fait très précisément le contraire de ce qu'il dit une fois élu, en fonction. 

La conséquence de cette inconséquence se situe moins au niveau d'un sentiment de trahison des électeurs et des militants qu'au niveau du discrédit jeté sur la parole présidentielle et, de l'étranger, sur la France elle-même.

Il est un domaine où ce décalage permanent est des plus flagrants : le droit d'asile.

Aujourd'hui, l'Union Européenne, par le sort qu'elle réserve aux exilés, choisit son propre destin. Alors qu'elle s'est jusqu'à présent auto-censurée en refusant de devenir une réelle puissance politique et en privilégiant son développement économique, elle est confrontée à une décision morale et politique : le respect des droits fondamentaux et l'accueil des réfugiés ou, au contraire, leur rejet. La France doit désormais choisir son camp entre l'Europe néofasciste d'Orban et de Salvini et une Europe respectant le devoir de secours et le droit d'asile.

Comment Emmanuel Macron ose-t-il se déclarer opposant à Orban et Salvini alors que, dans les faits, tout démontre que la France mène une politique allant dans la même direction ? 

  • La France maintient abusivement la frontière franco-italienne fermée, faisant le jeu des passeurs qui y trouvent commerce et poussant les exilés à risquer leur vie pour passer : une vingtaine d'entre eux sont décédés en tentant de passer cette frontière. Le droit d'asile y est régulièrement bafoué. Comment la France peut-elle laisser en poste, dans les Alpes-Maritimes, un Préfet condamné à deux reprises pour atteinte au droit d'asile et à deux reprises pour atteinte à la protection de l'enfance ? Quand le gouvernement fera-t-il respecter le droit à la frontière franco-italienne ?
  • La France maintient les demandeurs d'asile dans des conditions de vie littéralement inhumaines. Il a fallu une condamnation par le Conseil d'Etat pour que l'Etat soit obligé, dans le Nord, de garantir l'accès à l'eau potable, à des toilettes et à des douches aux migrants.
  • La France a voté une loi qui constitue en réalité un mode d'emploi de l'entrave au droit d'asile. La loi asile-immigration instaure une justice de seconde zone pour les demandeurs d'asile et les empêchent matériellement de faire valoir leurs droits.
  • La France bafoue les droits des mineurs isolés et, non seulement ne respecte plus le droit d'asile, mais porte maintenant atteinte à la protection de l'enfance.
  • La France, pourtant condamnée par la Cours Européenne des droits de l'Homme à de nombreuses reprises, continue à enfermer des enfants dans des centres de rétention administrative.
  • La France a refusé d'ouvrir ses ports à l'Aquarius et aux autres bateaux secourant des migrants en mer. Elle enfreint le droit maritime et n'accomplit pas son devoir de secours.
  • La France criminalise la solidarité et poursuit des citoyens dont l'action de fraternité ne fait que pallier à ses propres carences.

Il y a entre la politique migratoire de la France et de l'Italie une différence de degrés et non de nature. Emmanuel Macron est illégitime à se dire opposant à l'axe Orban - Salvini.

Il ne suffit pas de proclamer les droits de l'Homme, de prononcer des beaux discours sur l'honneur de la France, il faut, dans les faits, sauver des vies, respecter le droit international, européen et français.

C'est aujourd'hui le gouvernement, pourtant garant de l'Etat de droit, sous la présidence d'Emmanuel Macron, qui enfreint le droit.

Si Emmanuel Macron veut se prétendre, à des fins électorales évidentes à l'approche des élections européennes, l'opposant à Orban et Salvini, il doit en faire la preuve. 

vendredi 24 août 2018

Tous défenseurs des droits, journal d'un citoyen

Plus les décideurs votent des lois iniques et plus les citoyens se mobilisent. Donner à manger devient un acte de résistance. Aujourd'hui en France, aider, c'est résister. Les citoyens sont les derniers défenseurs des droits, envers et contre des élus censés les représenter, envers et contre les prétendus garants de l'Etat de droit : tous humains, tous citoyens, tous défenseurs des droits.

Le 8 août 2018, à Nice, nous avons fêté une petite victoire : le rétablissement de l'eau d'une fontaine sur la Place du Pin, coupée par la mairie pour chasser les SDF. Rassemblement lancé le matin même, improvisé, festif, pour fêter une victoire au gout amère. Ces combats-là, personne ne devrait avoir à les mener. Il paraît que chaque génération se forge dans les combats de son époque. Il fut un temps où l'on se querellait pour savoir comment bâtir un monde meilleur.  Nous en sommes réduits à nous battre pour l'accès à l'eau potable pour tous, dans la cinquième ville de France, pays des droits de l'Homme, au 21ème siècle.  

Il n'en reste pas moins que cette victoire est belle, parce qu'elle est le fruit d'une mobilisation collective exemplaire. Quoiqu'en dise le maire de Nice, il n'avait pas prévu de rétablir l'accès à l'eau potable Place du Pin. Il n'avait pas davantage prévu de stopper l'application "Reporty", généralisant la défiance et la délation et portant à l'évidence atteinte à la vie privée. Il n'avait pas plus prévu de financer des Bus à Haut Niveau de Service à l'Ariane, lui qui refuse de desservir ce quartier défavorisé par le tram, entérinant encore un plus sa politique de ségrégation urbaine. Non, un maire ne peut agir contre l'intérêt général comme bon lui semble. La société civile veille. Les citoyens ne baisseront pas la garde.
Apporter des packs d'eau, rencontrer les riverains, rédiger un communiqué de presse, dialoguer avec les commerçants et les restaurateurs, donner des interviews, animer un rassemblement citoyen, parvenir à un texte commun de 22 organisations associatives, syndicales et politiques. Nous avons fait tout cela ensemble, entre citoyens qui pour certains ne se connaissaient pas auparavant mais qui ne pouvaient pas ne pas agir face à cet acte indigne. Oui, il fallait le faire et nous l'avons fait. Mais comment comprendre ce que nous venons de vivre ?
A Calais, il a fallu une décision du Conseil d'Etat pour obliger un Préfet à garantir de l'eau, de la nourriture, des toilettes et des douches à des exilés qui ont fui la guerre et la misère, qui ont pour beaucoup subi des sévices et ont vu leurs proches mourir durant leur terrible diaspora. A Vintimille il a fallu une mobilisation citoyenne pour que des êtres humains aient le droit de donner à manger à d'autres êtres humains, et pour que la municipalité ne reconduise pas son arrêt interdisant d'apporter à manger aux réfugiés. A Briançon, un secouriste est poursuivi pour avoir secouru des êtres humains en danger (une femme enceinte de huit mois et ses deux enfants !), simplement parce que ces êtres humains-là sont noirs, parce qu'ils sont étrangers, parce que nos démocraties sont rongées de l'intérieur par la peur de l'autre. Dans la vallée de la Roya des citoyens sont traînés en justice pour des actes de solidarité, pour de simples gestes d'humanisme.
Que cela révèle-t-il sur l'état de nos démocraties ? Que sommes-nous en train de devenir ?
Il suffit d'évoquer ces quelques cas pour montrer que ce processus est généralisé. Partout, la chasse aux pauvres, la traque des exilés, la criminalisation des solidaires. Partout, un degré d'inhumanité que l'on croyait consigné aux pages sombres de notre histoire est désormais banalisé, normé et normalisé. Partout, une banalité du mal intériorisée est devenue la nouvelle normalité des inhumains normaux. 

Le 13 août 2018, notre association "Tous citoyens !" a lancé une pétition pour l'ouverture du port de Nice à l'Aquarius et aux autres bateaux portant secours aux réfugiés. Cette pétition a déjà rassemblé plus de 17 000 signataires. Nous refusons que la France ne respecte pas le droit maritimes et le devoir de secours. Nous refusons que la France tourne le dos à sa tradition d'accueil et à son humanisme. Nous refusons que la France choisisse le camp des Orban et des Salvini. Nous refusons de voir le projet européen devenir une Europe forteresse et au final meurtrière. Nous refusons que la voix de la France se réduise à celle des Collomb et des Macron. Nous, citoyens, nous sommes aussi la France. 

A un ami qui me disait dans le rue "Ouah David, tu cartonnes avec ton association, c'est top", je ne su que répondre. "Cartonner" n'a aucun sens. Nous menons des actions qu'il ne devrait pas être nécessaire de mener. Nous combattons l'intolérable inhumanité de ceux qui nous représentent tout en tentant de ne pas céder au rejet de la démocratie représentative. Nous faisons entendre nos voix citoyennes et nous montrons à d'autres citoyens qu'ils ne sont pas seuls, qu'ils peuvent eux aussi s'exprimer, se mobiliser, agir.

Le 22 août 2018, après mes 8h de travail au bureau, j'ai entamé, comme beaucoup de bénévoles partout en France, ma seconde journée. 

Rencontre avec une famille albanaise de demandeurs d'asile, un couple et trois enfants de 2, 6  et 10 ans. Le plus jeune est atteint d'un retard de développement, ne vois pas à un mètre, ne tiens pas debout et à des problèmes d'équilibre. La petite de 6 ans est atteinte de surdité d'une oreille. Ils dorment à la rue depuis trois semaines. Le 115 considère que les enfants, puisqu'ils sont avec leurs parents, ne sont pas en danger. Ils dormiront pour quelques nuits à l'hôtel grâce à la solidarité citoyenne et seront normalement placés la semaine prochaine en CADA. Mais il est courant de voir à Nice des familles de demandeurs d'asile avec enfants à la rue. 

L'aide sociale ne considère comme vulnérable que les enfants de moins de six mois et les femmes enceintes qu'au huitième mois de grossesse. Et tout le monde trouve cela normal. Cela ne choque personne. Comment un travailleur social peut-il accepter de ne proposer à une famille à la rue un hébergement que pour le nourrisson et sa mère qui l'allaite en laissant le père et la plus grande fille de 5 ans à la rue, en séparant ainsi la famille ? Comment des élus peuvent-ils voter et entériner de tels dispositifs ?

Le même soir rencontre avec Ousmane, 16 ans, jeune ivoirien rescapé des geôles libyennes et de la traversée de la méditerranée, qu'il faut calmer, nourrir, puis accompagner au commissariat pour qu'il bénéficie de la protection de l'enfance et soit mis à l'abri. Dans les Alpes-Maritimes, la situation des mineurs non accompagnés est critique. A tous ces jeunes déracinés que l'on devrait accueillir avec du personnel formé et un suivi post-traumatique adapté, on offre les violences de la rue. Puis, s'ils entrent dans le circuit administratif et "social" de la prise en charge, le premier visage de la France sera un policier en armes et les murs du commissariat. Nous avons toujours eu des diatribes d'extrême droite sur le fantasme de l'invasion. On s'en prend désormais, au quotidien, à la protection de l'enfance.

Bref, une journée ordinaire de citoyen, en France, pendant que le gouvernement rentre de vacances et regarde ailleurs.  

Les Alpes-Maritimes sont une zone de non-droit institutionnel : les atteintes au droit sont le fait des pouvoirs publics eux-mêmes. Dans ce département, le Préfet, représentant de l'Etat, garant de l'ordre public, a été condamné à quatre reprises, deux fois pour atteinte au droit d'asile puis deux fois pour atteinte à la protection de l'enfance, suite aux refoulements abusifs à la frontière italienne de mineurs isolés étrangers. Plusieurs maires des Alpes-Maritimes ont été condamnés par le Conseil d'Etat pour atteinte grave et manifestement illégale aux libertés individuelles dans l'affaire du burkini. Le maire de Nice a été condamné pour atteinte à la liberté de culte dans l'affaire de la mosquée En-Nour. A chaque fois, ce sont des citoyens qui se sont élevés contre ces atteintes aux libertés fondamentales et qui ont fait triompher le droit. Envers et contre des élus censés les représenter, envers et contre le représentant de l'Etat, garant de l'Etat de droit, ils sont devenus les derniers défenseurs des droits, les derniers remparts pour défendre les libertés et la solidarité. 

Cette situation se répète un peu partout en France et en Europe. Chacun agit fasse à aux inégalités auxquelles il est confronté. Chacun agit et réagit comme il le peut. Mais plus nos décideurs votent des lois iniques et font appliquer des règlements discriminatoires ou meurtriers et plus les citoyens ouvrent leur portent, donnent à manger, se mobilisent partout et chacun à sa façon. Nous vivons à l'heure où regarder un être humain en être humain, avec humanité, où donner à boire à celle qui a soif, nourrir celui qui a faim, secourir ceux qui sont en danger devient des actes de résistance citoyenne. Aujourd'hui, en France, aider, c'est résister.

Le 23 août 2018 au soir, j'écris ces mots entre espoir et consternation. Tous humains, tous citoyens, tous défenseurs des droits.

lundi 13 août 2018

Pétition pour l'ouverture du port de Nice à l'Aquarius

Pétition à l'attention d'Emmanuel Macron, Edouard Philippe, Gérard Collomb et Chrisitan Estrosi afin d'ouvrir le port de Nice à l'Aquarius et aux bateaux secourant les migrants en mer.

L'Aquarius est à nouveau à la recherche d'un port d'accueil sûr. 

S.O.S. Méditerranée a lancé un appel aux pays européens, les appelant à la responsabilité, au respect du droit maritime et du devoir de secours.

La France doit répondre à cet appel, faire preuve d'humanisme et accueillir l'Aquarius.

Nice est l'un des ports d'accueil de taille suffisante les plus proches. 

Nous demandons l'ouverture du port de Nice à l'Aquarius et aux autres bateaux portant secours aux réfugiés."

Pour signer la pétition en ligne, cliquez ici.

Association "Tous citoyens !"

dimanche 5 août 2018

Mineurs isolés étrangers dans le 06 : la réponse du Défenseur des Droits

La décision du Défenseur des Droits du 25.04.18 sur la situation des MIE dans les Alpes-Maritimes confirme en tous points le constat dressé par l'association "Tous citoyens" : non respect des droits à la frontière, nécessaire prise en charge et suivi post traumatique, indispensable ouverture des établissements scolaires...

Le 29 mars 2018 l'association "Tous citoyens !" a rendu publiques six propositions pour un accueil digne des mineurs isolés étrangers dans les Alpes-Maritimes (consultables ici).

Ces propositions ont permis d'une part de dresser un état des lieux des carences et non respect du droit à la protection de l'enfance à chaque étape du parcours administratif, social et judiciaire des mineurs isolés dans notre département et, d'autre part, d'émettre des propositions concrètes pour répondre point par point à ces manquements.

Elles ont été adressées au Préfet des Alpes-Maritimes, au Président du Département 06, au Recteur d'académie et au Défenseur des Droits.

Le Défenseurs des Droits a répondu à l'association "Tous citoyens" le 18 mai 2018 et nous adresse copie de sa décision n°2018-100 rendue le 25 avril 2018, suite à une saisine par plusieurs associations et syndicats et à une instruction qui a durée plusieurs mois :

- Sur le renvoi en Italie de mineurs non accompagnés : le Défenseur des Droits rappelle que cette pratique est contraire au droit et demande instamment au Préfet d'y mettre fin. Tout mineur intercepté à un point de passage autorisé doit être placé en zone d'attente, bénéficier d'informations dans une langue qu'il comprend et pouvoir être accompagné d'un avocat. Le Préfet doit respecter un jour franc avant tout renvoi et informer le Procureur de la République pour que ce dernier puisse désigner un administrateur ad hoc (habilité à déposer une demande d'asile pour le mineur). Les renvois à la frontières doivent être formalisée par des décisions écrites pouvant faire l'objet d'un recours, ce qui n'est pas le cas actuellement.

Il demande au Ministre de l'intérieur de veiller à le bonne application de ces recommandations.

Ces recommandations confirment l'illégalité des renvois à la frontières des mineurs non accompagnés par la Police de l'Air et des Frontières et le non respect des droits des mineurs, notamment pouvoir être accompagné d'un avocat et pouvoir déposer un recours. Le Ministre de l'Intérieur est officiellement saisi et ne peut continuer à ignorer la situation des mineurs isolés dans les Alpes-Maritimes.

Sur les conditions d'accueil des mineurs non accompagnés : le Défenseur des Droits rappelle son opposition aux tests osseux qui ne doivent intervenir qu'en dernier recours. 

Il rappelle au Président du Département et au Foyer de l'enfance que les mineurs doivent bénéficier d'examens médicaux particulièrement importants suite aux conditions extrêmes de survie durant leur migration et la nécessaire prise en compte de l'impact sur leur santé physique et psychique.

Il rappelle également, notamment au services de l'Education Nationale, que ces mineurs doivent être scolarisés en priorité dans les établissements scolaires ordinaires.

Il demande au Président du Conseil Départemental d'informer réellement les mineurs de leurs voies de recours auprès du Tribunal pour enfant et de leur fournir une liste d'associations pouvant les accompagner dans leurs démarches.

Il lui demande également de finaliser dans les meilleurs délais un protocole avec le Préfet afin de garantir une meilleurs prise en compte des documents d'état civil détenus par les mineurs. 

Le Défenseur des Droits demande enfin au Ministre, au Préfet, au Président du Département, au Recteur et au Directeur du foyer de l'enfance de rendre compte des suites données à ces recommandations dans un délais de trois mois suivant la notification de sa décision (rendue le 25 avril 2018).

Cette décision du Défenseur des Droits confirme en tous points le constat dressé par l'association "Tous citoyens" et par de nombreux observateurs et acteurs de terrain, associations, partis politiques et syndicats. Il conforte le bien fondé de nos propositions notamment sur le non respect des droits des mineurs isolés à la frontière, sur la nécessaire prise en charge et suivi post traumatique suite aux sévices subis et drames vécus lors de la migration, et sur l'indispensable ouverture des établissements scolaires aux mineurs non accompagnés.

Le dernier point relatif à la prise en compte des documents d'état civil est une allusion directe aux disparitions étranges des actes de naissance des mineurs dans les locaux de la Police de l'Air et des Frontières et des falsifications répétées des dates de naissance déclarées par les jeunes.

Nous attendons désormais les réponses à nos six propositions du Préfet, du Président du Département et du Recteur d'académie.

Enfin, le Ministre de l'Intérieur, le Président du Département, le Recteur et le Directeur du foyer de l'enfance doivent rendre des comptes au Défenseur des Droits avant fin juillet des mesures mises en œuvres suite à sa décision. Nous les invitons fortement, par soucis de transparence, à rendre public leur rapport.

La réponse du Défenseur des Droits et sa décision 2018-100 sont consultables ici.

Mineurs isolés dans le 06 : la CNCDH confirme le diagnostic de "Tous citoyens !"

La reprise du diagnostic de l'association "Tous citoyens !" par la CNCDH l'urgence d'une remise à plat complète de la prise en charge des mineurs isolés étrangers dans les Alpes-Maritimes. Combien faudra-t-il de rapports, d'observations et d'interpellations pour que les pouvoirs publics locaux des Alpes-Maritimes respectent le droit français, européen et international ?

La Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme (CNCDH) a rendu le 19 juin 2018 son "Avis sur la situation des migrants à la frontière franco-italienne".

L'association "Tous citoyens !" a été auditionné par la CNCDH le 13 avril et lui a remis ses "Six propositions pour un accueil digne des mineurs isolés étrangers dans les Alpes-Maritimes".

La CNCDH reprend, parmi ses 23 recommandations, les six propositions de "Tous citoyens !" qui deviennent respectivement les recommandations 14 à 19 :

- L'arrêt des renvois de mineurs en Italie et le respect de leurs droits à la frontière

- Une évaluation de minorité dans des conditions dignes, sans inverser la charge de la preuve

- Une meilleure formation du personnel menant les évaluations des mineurs

- Une information et la possibilité de déposer un recours pour les jeunes "déminorisés"

- Une meilleure intégration des mineurs isolés par l'éducation nationale et un apprentissage renforcé du français

- Un bilan et si besoin une prise en charge médico-psychologique des mineurs

Cette reprise de notre diagnostic au niveau national par la CNCDH, en plus du rapport du Défenseur des droits, vient confirmer notre analyse et l'urgence d'une remise à plat complète de la prise en charge des mineurs isolés étrangers dans les Alpes-Maritimes.

Nous rappelons que le Président du Département 06, le Préfet des Alpes-Maritimes, le Procureur de la République et le Recteur d'Académie ne nous ont toujours pas reçu et refusent nos propositions répétées de dialogue et de concertation.

Les droits de ces jeunes déracinés sont bafoués. Les soins médico-psychologiques d'adolescents ayant subis des sévices en Libye et le traumatisme de la traversée de la méditerranée ne sont toujours pas assurés. 

Combien faudra-t-il de rapports, d'observations et d'interpellations pour que les pouvoirs publics locaux des Alpes-Maritimes respectent le droit français, européen et international ?

L'association "Tous citoyens !"

"L'eau potable pour tous à Nice"


Communiqué de presse de l'association "Tous citoyens !" : "L'eau potable pour tous à Nice"


"La Ville de Nice a coupé l'eau de certaines fontaines pour éloigner les SDF en raisons des nuisances que leur présence provoquerait.
A Nice, il n'y a pas de toilettes ni de douches publiques gratuites que les SDF pourraient utiliser. On leur retire tout moyen de conserver un minimum d'hygiène, puis on prétexte de leur saleté pour les éloigner.

A Nice, les parcs sont grillagés et fermés la nuit. Des bancs publics ont des accoudoirs centraux pour que l'on ne puisse pas s'y allonger.

La Ville de Nice a pris un nouvel arrêté anti-SDF les chassant du centre ville pour que la misère ne soit pas visible sur les photos souvenirs des touristes.

On éloigne les pauvres, on ne combat pas la pauvreté. Tenter de sélectionner la population du centre ville, mener des actions de discrimination répétées à l'encontre d'un groupe donné, cela porte un nom : la ségrégation sociale.

L'eau, c'est la vie. Couper l'accès à l'eau potable est inacceptable. Il ne s'agit de pas de positionnement politique ni même de solidarité avec les plus démunis, il s'agit du respect des conditions minimales d'existence.

Le ministère de la santé a lancé le plan canicule 2018, préconisant à tous de s'hydrater. La Ville de Nice, par cet acte indigne porte atteinte à la santé publique.

Le maire de Nice doit réagir et revenir à la raison. Le Préfet des Alpes-Maritimes doit intervenir pour faire rétablir l'accès à l'eau potable partout dans la ville.

S'ils ne le font pas, nous, citoyens, mettrons tout en œuvre pour rétablir l'accès à l'eau potable pour tous à Nice."

L'association "Tous citoyens !

Canicule, vigilance orange : rétablir l'eau pour tous à Nice !

 L'eau pour toutes et tous à Nice !


La Ville de Nice a coupé l'eau de la fontaine de la Place du Pin pour éloigner les SDF, prétextant d'une demande de commerçants du quartier en raison des nuisances que leur présence provoquerait. En réalité, la très grande majorité des commerçants et restaurateurs sont opposés à cette fermeture et demandent simplement des mesures accrues de propreté et de sécurité.

On éloigne les pauvres, on ne combat pas la pauvreté. 

L'eau, c'est la vie. Couper l'accès à l'eau potable est inacceptable. Il ne s'agit de pas de positionnement politique mais du respect des conditions minimales d'existence.

Nous sommes, de plus, en alerte canicule et il est fortement recommandé à tous de s'hydrater au maximum. Couper l'accès à l'eau potable durant une alerte canicule, quel que soit le prétexte, est un acte irresponsable, contraire à la santé publique et à l'intérêt général.

Nous, riverains, associations, partis, syndicats, demandons :

- Le rétablissement en urgence de l'eau potable pour tous partout dans la ville

- La fin des mesures discriminatoires prises à l'encontre des SDF (arrêté anti-mendicité, mobilier urbain anti-SDF, insuffisance programmée des places d'hébergement d'urgence, suppression progressive des toilettes et douches publiques gratuites, etc.) et, au contraire, une réelle concertation et des mesures concrètes pour assurer des conditions d'existences dignes aux personnes en grande précarité à Nice : SDF (notamment les femmes), Roms, travailleurs pauvres, personnes âgées précaires, etc. 

Nous demandons également au Maire de Nice de bien vouloir nous recevoir pour faire toute la lumière sur ces mesures discriminatoires et œuvrer de façon constructive à l'amélioration des conditions de vie des personnes en grande précarité à Nice.

Enfin, nous demandons au Préfet des Alpes-Maritimes de faire respecter les mesures de santé publique en cas de canicule partout dans le département : à Nice comme ailleurs et sans aucun délai.

Premiers signataires : Les Amis de la liberté, Attac 06, Café suspendu Nice, la CGT 06, Convergence Services Publics, EELV 06, Ensemble ! Nice, France Insoumise, France Insoumise Migrants et Réfugiés, la FSU 06, Génération-s 06, la LDH section Nice, le Mouvement pour la paix 06, le MRAP, le NPA 06, Nice au Cœur, le PCF 06, le PS 06, le Parti de Gauche 06, RESF 06, le SAF Section Nice, Solidaires 06, Tous citoyens !

vendredi 11 mai 2018

Mineurs isolés étrangers : lettre ouverte au Président du Département 06

 Monsieur Charles-Ange Ginesy,

                  Président du Conseil Départemental 06

Nice, le 21 mai 2018


Objet : accueil et prise en charge des mineurs isolés étrangers

M. le Président,

Par ce courrier, nous souhaitons revenir sur l’accueil des mineurs isolés étrangers dans notre département.

Suite à de multiples rencontres et témoignages, nous pensons qu’il est fondamental d’améliorer leurs conditions d’accueil et d’accompagnement au plus vite, notamment à la Résidence Universitaire Nice Baie des Anges.

Notre département ne peut se satisfaire d’une simple « mise à l’abri », soit un lit et un peu de nourriture plus ou moins agréable.

La France est signataire de la Convention internationale des Droits de l’Enfant qui a des principes directeurs clairs :
- La non-discrimination
- L’intérêt supérieur de l’enfant
- Le droit à la survie et au développement
- L’opinion de l’enfant
- Le droit à l’éducation et la formation


Ces principes directeurs ne nous semblent pas respectés en l’état actuel des choses : un apprentissage de notre langue quasi inexistant, aucun accompagnement pour trouver une formation pour les plus de 16 ans, aucune possibilité de prendre les transports collectifs, aucun suivi psychologique alors qu’ils ont souvent vécu des atrocités insupportables, etc.

Comment pouvez-vous croire qu’un enfant isolé puisse trouver seul un contrat de formation quelconque en parlant peu le français et sans possibilité de transport ?

Le Conseil Départemental est garant des droits des mineurs et ces droits les plus fondamentaux ne sont toujours pas respectés.

Nous restons à votre disposition pour travailler à une amélioration importante de l’accueil des mineurs isolés étranger dans notre département.

Dans l’attente de votre réponse, veuillez agréer, Monsieur Le Président, nos respectueuses salutations.

Signataires : Fédération Syndicale Unitaire 06 – Groupe d'action thématique Réfugiés-migrants 06 de la France insoumise – Ligue des Droits de l’Homme 06 – Mouvement des Jeunes Communistes de France 06 - Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitiés entre les Peuples 06 – Parti Communiste Français 06 – Roya Citoyenne – Réseau Education Sans Frontière 06 – association Tous citoyens !