vendredi 31 août 2018

Réfugiés : l'imposture Macron

Il y a aujourd'hui, entre la politique migratoire de la France et de l'Italie, une différence de degrés et non de nature. Emmanuel Macron est illégitime à se dire opposant à l'axe Orban - Salvini et l'ensemble de son action depuis son élection le prouve. S'il veut prétendre incarner une Europe solidaire, respectant le droit d'asile et le devoir de secours, il doit en faire la preuve.

Il est peu de Président chez qui la dichotomie entre les paroles et les actes a été aussi profonde que chez Emmanuel Macron. Certains ont beaucoup promis étant candidats pour tenir peu de leurs engagements une fois élus. Emmanuel Macron, lui, dit et fait très précisément le contraire de ce qu'il dit une fois élu, en fonction. 

La conséquence de cette inconséquence se situe moins au niveau d'un sentiment de trahison des électeurs et des militants qu'au niveau du discrédit jeté sur la parole présidentielle et, de l'étranger, sur la France elle-même.

Il est un domaine où ce décalage permanent est des plus flagrants : le droit d'asile.

Aujourd'hui, l'Union Européenne, par le sort qu'elle réserve aux exilés, choisit son propre destin. Alors qu'elle s'est jusqu'à présent auto-censurée en refusant de devenir une réelle puissance politique et en privilégiant son développement économique, elle est confrontée à une décision morale et politique : le respect des droits fondamentaux et l'accueil des réfugiés ou, au contraire, leur rejet. La France doit désormais choisir son camp entre l'Europe néofasciste d'Orban et de Salvini et une Europe respectant le devoir de secours et le droit d'asile.

Comment Emmanuel Macron ose-t-il se déclarer opposant à Orban et Salvini alors que, dans les faits, tout démontre que la France mène une politique allant dans la même direction ? 

  • La France maintient abusivement la frontière franco-italienne fermée, faisant le jeu des passeurs qui y trouvent commerce et poussant les exilés à risquer leur vie pour passer : une vingtaine d'entre eux sont décédés en tentant de passer cette frontière. Le droit d'asile y est régulièrement bafoué. Comment la France peut-elle laisser en poste, dans les Alpes-Maritimes, un Préfet condamné à deux reprises pour atteinte au droit d'asile et à deux reprises pour atteinte à la protection de l'enfance ? Quand le gouvernement fera-t-il respecter le droit à la frontière franco-italienne ?
  • La France maintient les demandeurs d'asile dans des conditions de vie littéralement inhumaines. Il a fallu une condamnation par le Conseil d'Etat pour que l'Etat soit obligé, dans le Nord, de garantir l'accès à l'eau potable, à des toilettes et à des douches aux migrants.
  • La France a voté une loi qui constitue en réalité un mode d'emploi de l'entrave au droit d'asile. La loi asile-immigration instaure une justice de seconde zone pour les demandeurs d'asile et les empêchent matériellement de faire valoir leurs droits.
  • La France bafoue les droits des mineurs isolés et, non seulement ne respecte plus le droit d'asile, mais porte maintenant atteinte à la protection de l'enfance.
  • La France, pourtant condamnée par la Cours Européenne des droits de l'Homme à de nombreuses reprises, continue à enfermer des enfants dans des centres de rétention administrative.
  • La France a refusé d'ouvrir ses ports à l'Aquarius et aux autres bateaux secourant des migrants en mer. Elle enfreint le droit maritime et n'accomplit pas son devoir de secours.
  • La France criminalise la solidarité et poursuit des citoyens dont l'action de fraternité ne fait que pallier à ses propres carences.

Il y a entre la politique migratoire de la France et de l'Italie une différence de degrés et non de nature. Emmanuel Macron est illégitime à se dire opposant à l'axe Orban - Salvini.

Il ne suffit pas de proclamer les droits de l'Homme, de prononcer des beaux discours sur l'honneur de la France, il faut, dans les faits, sauver des vies, respecter le droit international, européen et français.

C'est aujourd'hui le gouvernement, pourtant garant de l'Etat de droit, sous la présidence d'Emmanuel Macron, qui enfreint le droit.

Si Emmanuel Macron veut se prétendre, à des fins électorales évidentes à l'approche des élections européennes, l'opposant à Orban et Salvini, il doit en faire la preuve. 

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