samedi 27 mai 2023

Mineurs Non Accompagnés : 25h d’attente au commissariat Auvare à Nice !




Communiqué de l’association Tous citoyens :

Mineurs Non Accompagnés : 25h d’attente au commissariat Auvare à Nice !


Une convention passée entre le Département des Alpes-Maritimes et le Préfet impose à tout Mineur Non Accompagné (MNA) souhaitant bénéficier de la protection de l’enfance de se rendre au commissariat Auvare à Nice. Les policiers signalent alors la présence de mineurs à l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), service du Département 06, qui doit envoyer un éducateur pour venir les chercher. Les jeunes sont ensuite mis à l’abri et l’ASE procède à leur évaluation de minorité.

Le premier visage de l’administration française sera donc, pour les jeunes exilés, un homme en armes et une ancienne caserne militaire. Le service du « Quart » du commissariat Auvare est un lieu totalement inadapté à la prise en charge de mineurs en souffrance. Les jeunes attendent dans un couloir plusieurs heures, dans le même espace que des gardés à vue, et assistent à des altercations souvent violentes. Aucun dispositif n’est prévu : ni repas, ni accompagnement, ni traducteur.

Ibrahim, Mamady et Madou, trois jeunes exilés déclarant être mineurs ont été accompagnés par le Secours Catholique et l’association Tous citoyens au commissariat Auvare pour une demande de protection de l'enfance mardi 25 avril à 16h30. Ils n’ont été pris en charge par le Département 06 que le lendemain à 17h30, après une attente de 25h. Aucun repas ne leur a été donné et se sont nos bénévoles qui leur ont apporté de quoi manger !

Le 5 avril dernier le jeune Youssouf avait déjà attendu, seul, 9h au service du Quart. Le 27 avril, le jeune Mohamed a, lui, attendu 10h30 dans ce service. Le 26 avril, Ousmane et Ibrahima ont attendu, eux, 9h.

Ces attentes prolongées et les nuits passées sur place sur multiplient alors que l’Aide Sociale à l’Enfance doit prendre en charge les Mineurs Non Accompagnés dans des délais raisonnables. Les policiers relancent l’ASE régulièrement qui n’envoie personne. Pour les MNA, à Nice, ni la « charte d’accueil » des services publics ni la « charte d’accueil du public et d’assistance aux victimes » du ministère de l’intérieur ne sont respectées.

Nous demandons :

- Que les Mineurs Non Accompagnés puissent déposer une demande de protection de l’enfance dans les locaux des services sociaux du Département 06 et soient pris en charge par un travailleur social, comme c’est le cas dans d’autres départements ;

- Que, lorsque ces locaux sont fermés, les Mineurs Non Accompagnés soient accueillis au commissariat dans un espace adapté, par du personnel formé à l’aide aux mineurs en danger, et que l’Aide Sociale à l’Enfance envoie un éducateur les chercher dans un délai raisonnable.


Nice, le 27 mai 2023
L'association Tous citoyens


mardi 23 mai 2023

Nice : inadmissibles éloges de la corruption

 

Communiqué de presse de l'association "Tous citoyens !"

Nice : inadmissibles éloges de la corruption

 

Chaque élu de droite condamné par la justice française aura-t-il son mot de soutien du maire de Nice et de son premier adjoint ?

Le 14 avril 2023, alors qu'Hubert Falco, maire de Toulon, vient d'être condamné à trois ans de prison avec sursis et cinq ans d'inéligibilité avec effet immédiat pour recel de détournement de fonds publics, Christian Estrosi partage sur twitter un courrier avec en tête de la Ville de Nice et de la Métropole pour lui réaffirmer son amitié et son soutien. 

Le 17 mai 2023 la cours d'appel de Paris confirme la condamnation à trois ans de prison dont un an ferme de Nicolas Sarkozy avec ajout d'une privation de droits civiques pour trois ans, pour corruption et trafic d'influence. Anthony Borré se précipite alors pour réaffirmer sur twitter son "total soutien" pour celui qui "a inspiré tout une génération d'élus." Dans la foulée, Christian Estrosi publie sur le même réseau social un nouveau message de solidarité.

La Ville de Nice a, à plusieurs reprises, honoré des personnes corrompues :

- En novembre 2018, attribution d'un nom de rue à Charles Pasqua, condamné à 18 mois avec sursis pour financement illégal de campagne électoral et à un an avec sursis pour détournement de fonds en 2010.

- En novembre 2019, inauguration de la rue Jacques Médecin qui a été condamné en 1992 à un an de prison ferme pour délit d'ingérence, en 1995 à deux ans de prison ferme, cinq ans de privation de droits civiques pour détournements de fonds et trois ans de prison ferme pour corruption et abus de bien sociaux et, en 1998, à deux ans de prison ferme pour fraude fiscale.

- En février 2020, inauguration du cours et de la statue de Jacques Chirac, condamné à deux ans avec sursis en 2011 pour détournement de fonds, prise illégale d'intérêts et abus de confiance.

L’association Tous citoyens, dont la vocation est de favoriser l’engagement citoyen et le vivre ensemble, rappelle que la corruption des élus contribue à briser le lien de confiance entre les citoyens et les institutions. Soutenir ouvertement des personnes condamnées, voire des récidivistes, c'est faire l'éloge de la corruption.

Il serait temps que le maire de Nice et son premier adjoint cessent ces inadmissibles éloges de la corruption et, à l’inverse, défendent l’honnêteté et la probité en politique.


Nice, le 23 mai 2023

Association Tous citoyens

vendredi 19 mai 2023

Lettre ouverte à Christian Estrosi au sujet du Paillon



Lettre ouverte à Christian Estrosi au sujet du Paillon 


 A l’attention de 

Monsieur Christian Estrosi, Maire de Nice, 

Président de la Métropole Nice Côte d’Azur.

Nice le 17 mai 2023


Monsieur le Maire, 

A l’occasion du conseil municipal du 13 octobre dernier, vous avez évoqué, en citant la pluviométrie de la tempête Alex, le risque de submersion du Paillon. 

Ce risque est plus que jamais d’actualité avec l’impact du dérèglement climatique et la transformation du bassin méditerranéen en une véritable marmite, pour reprendre l’expression du GIEC.  

Nous constatons, avec regret, que mise à part cette déclaration le Paillon est souvent oublié dans l’anticipation des risques à venir. 

Ainsi, le document « La Métropole Nice Côte d’Azur face aux risques climatiques », (réalisé par le GREC-SUD et édité par Air climat en juin 2021  à la demande de la Métropole), est très intéressant, mais les risques liés au Paillon ne sont pas évoqués.

Tout aussi inquiétant : le PPRI Paillon (Plan Prévention Risques d’Inondation) adopté le 17 novembre 1999, est le plus ancien du département, et si la préfecture, par un arrêté préfectoral en date du 25 mars 2020, a lancé la révision de ce document, à ce jour rien n’a été publié, aucune consultation publique n'a été engagée.  

Pourtant, vous n’êtes pas sans savoir que les risques existent, ils sont même bien identifiés dans un autre document, «EPRI (Evaluation Préliminaire des Risques d'Inondation un diagnostic préalable pour aller vers des choix partagés, première étape de la directive inondation» (Ministère écologie, développement durable 2011 avec un ajout en 2018).

Dès 2011, ce document pointe qu’ « En l’espace d’un siècle (1868-1972) et au fil des projets urbains, le fleuve Paillon a été recouvert sur toute la traversée de la ville, et que le retour de crues exceptionnelles comme celles survenues en 1886 ou 1940 aurait des conséquences graves dans la cité. » (Partie X, page 535). Le même document pointe l’impact des inondations avec la notion EAIP, (Enveloppe Approchée des Inondations Potentielles). Pour la petite histoire, ce document ne pointait pas de risque d'inondation dans la Roya, à l’exception de Breil…

Enfin il y a le PAPI (Programme d’actions de prévention des inondations)  des inondations du bassin versant des Paillons pour les années 2013-2019, avec des actions sur lesquelles s’engagent communes, préfet, département et la Métropole…

Un avenant n°1 à ce PAPI, adopté par le bureau métropolitain en date du 12 juillet 2019, le prolonge jusqu’au 31/12/2021 afin de permettre la réalisation d’un certain nombre d’actions, lesquelles ne sont toujours pas engagées six ans après l’adoption dudit document. Ainsi la  Métropole (qui doit assurer la maîtrise d’ouvrage) est censée s’engager sur la réalisation de plusieurs actions : la réalisation d’un modèle numérique de la  traversée de Nice/ la modélisation hydraulique de la couverture du Laghet dans la traversée de la Trinité/ Créer et développer système de prévision et d’alerte sur les bassins des Paillons/ Mise en œuvre de règles d’urbanisme pour réduire le ruissellement urbain…/Étude des mesures de réduction de la vulnérabilité envisageables sur les ERP de Nice… 

A ce jour, sauf erreur de notre part, il n'y a rien de nouveau. Vous comprendrez, Monsieur le Maire, nos inquiétudes. 

Alors que les risques sont connus, et amplifiés avec le dérèglement climatique, tout semble traîner en longueur concernant la réactualisation du PPRI, la mise en œuvre des actions dans le cadre du PAPI, sans parler de « l’oubli » de l’existence du Paillon dans le document de la Métropole: «La Métropole Nice Côte d’Azur face aux risques climatiques»

Cela nous amène à vous poser plusieurs questions :

- Sur quels chiffres ou analyses se basent vos déclarations du 13 octobre 2022 ?

- Existe-t-il des études actualisées sur l’impact de la couverture du Paillon sur les niveaux de débordements et de submersion de celui-ci en amont du Palais des Expositions ?

- Où en êtes-vous de la réactualisation, lancée en mars 2020, du PPRI Paillon dont la précédente version date de 1999… Et quelles dispositions sont envisagées pour y associer pleinement les citoyens ?

- Où en êtes-vous des actions que la Métropole doit engager dans le cadre du PAPI Paillons depuis 2013, actions relancées par une délibération du bureau métropolitain le 12 juillet 2019?

- Lors de ce même conseil municipal, à propos du lycée Appolinaire, considérant qu’il n’aurait jamais dû être construit à cet endroit, vous avez déclaré avoir demandé au Conseil Régional de trouver un lieu de substitution pour déplacer ce lycée. Avez-vous eu une réponse et laquelle ?

- Si le TNN et Acropolis sont détruits et le lycée prochainement déplacé en raison du risque de submersion, pourquoi maintenir le Mamac ? La bibliothèque Louis Nucéra ? Pourquoi faire à la place des bâtiments détruits un parc public avec jardin d’enfants ?

- Enfin, si le danger est tel que vous l'avez décrit, pourquoi n'envisagez-vous pas d'enlever la dalle couvrant le Paillon pour redonner au fleuve son aspect naturel, en effectuant les aménagements nécessaires pour réduire au maximum tout risque de débordement ?

Ces questions relèvent d'enjeux de sécurité publique et dépassent tout positionnement partisan. Nous vous demandons expressément de faire toute la transparence nécessaire en communiquant les études dont vous disposez et en expliquant vos choix devant les Niçoises et les Niçois.

Dans l’attente de vos réponses, nous vous prions de croire, Monsieur le Maire, en l’assurance de notre respectueuse considération.

                                                                     

Rassemblement Citoyen Viva ! 


lundi 15 mai 2023

En débat sur France 3 côte d'Azur : "Mineurs isolés, comment les accueillir"

J'étais en débat, sur France 3 Côte d'Azur, le 14 mai 2023, face à Eric Pauget (député LR) et Bryan Masson (député RN) sur le thème "Mineurs isolés, comment les accueillir" :

Cliquez sur l'image pour suivre le lien :

Verbatim :

- "Il y a une grande confusion sur les chiffres. 4 fois plus d'arrivées sur les côtes italiennes ne veut pas dire 4 fois plus d'arriver à la frontière franco-italienne"

- "Quand un jeune essaie de passer 5 fois la frontière avant d'être renvoyé en Italie, Eric Ciotti et d'autres comptent 5 personnes alors qu'il s'agit de 5 passages".

- "Depuis trois ans les deux foyers de mise à l'abri sont saturés et le Département 06 prend des chambres d'hôtel à l'année, en plus. Le dispositif est saturé et le Département aurait dû anticiper en ouvrant des structures pérennes supplémentaires".

- "En accueillant 15 000 ukrainiens dans les Alpes-Maritimes en un an, et on a eu raison de le faire, on a démontré que l'on pouvait matériellement accueillir. On est davantage confronté à un problème de l'accueil, à une volonté de pas accueillir, qu'à un problème de flux migratoire."

- "On ne peut pas tout résorber par la police. Les policiers ne sont pas des travailleurs sociaux : l'entretien d'évaluation de minorité est un entretien social. Chacun son métier."

- "La frontière franco italienne est une frontière interne à l'Union Européenne et n'a pas vocation a être fermée. La fermeture de la frontière enrichit les passeurs et livre les exilés à la traite des être humain."

- "Prétendre fermer hermétiquement une frontière est un leurre. Cela n'a jamais fonctionné."



vendredi 12 mai 2023

BFM Nice : "Ils profitent électoralement de la misère humaine"

Frontière italienne: David Nakache dénonce un défilé des figures politiques pour "alimenter les peurs"

    


David Nakache, président de l'association Tous citoyens, est l'invité de Bonjour la Côte d'Azur ce mardi 9 mai 2023. Il dénonce ces dernières semaines un défilé figures politiques à la frontière italienne qui tiennent des propos "faux" et "sidérants".

lundi 1 mai 2023

Métropole Nice Côte d'Azur : une politique climaticide ?

La Métropole Nice Côte d'Azur a pris successivement plusieurs décisions climaticides, c'est-à-dire des choix politiques qui participent au dérèglement climatique. Ces choix sont d'autant plus surprenants qu'ils vont à l'encontre des objectifs que la Métropole a elle-même fixés en matière de lutte contre la pollution et les dérèglements climatiques dans ses deux documents maîtres en la matière : le Plan Climat Air Energie Territorial 2019-2025 (PCAET) voté en conseil métropolitain le 5 avril 2018 et le Plan d'Action de la Qualité de l'Air (PAQA) voté le 16 décembre 2021.

Ces décisions climaticides sont : 
- Concernant la circulation automobile, l'augmentation des tarifs des mobilités douces (bus, tram et vélos bleus) et la non application des Zone à Faibles Emissions mobilité (ZFE-m)
- Concernant le trafic aérien, l'extension de l'aéroport et la non limitation des jets privés
- Concernant l'artificialisation des sols, la poursuite de la bétonisation de la plaine du Var

Les conséquences du dérèglement climatique sont pourtant connues :  prolifération d'espèces invasives, sécheresses et pénuries d'eau, pluies torrentielles, inondations et tempêtes, etc. Rappelons, pour notre seul département, les 20 décès causés par les inondations survenues dans la nuit du 3 au 4 octobre 2015 dans les communes de Biot, Vallauris, Mandelieu, Antibes et Cannes. Rappelons également les 10 morts et 8 disparus dus à la tempête Alex dans les vallées de la Tinée, la Vésubie et la Roya le 2 octobre 2020. 

Les conséquences de la pollution sur la santé sont également bien identifiées : maladies respiratoires chez les personnes âgées et les enfants, aggravation des maladies cardio vasculaires, etc. Le Collectif citoyens 06 estime à 500 le nombre de décès prématurés par an dus à la pollution atmosphérique à Nice, chiffre finalement confirmé par la Métropole.

La Métropole fixe elle-même, dans ces deux documents planificateurs, ses objectifs pour atteindre la neutralité carbone, parmi lesquels :
- Réduire les émissions de gaz à effet de serre de 22 % d'ici 2026, de 33% d'ici 2030 et de 75 % d'ici 2050  
- Réduire les émissions de polluants atmosphériques de 44 % d'ici 2026 et de 48 % d'ici 2030. 

Dans son baromètre de la transition écologique, la Métropole annonce avoir réduit les émissions de gaz à effet de serre de 14% en 10 ans, de 2012 à 2022, soit 1,4% par an. A ce rythme là, d'ici 2050, au lieu de réduire les émissions de 75 % et d'atteindre la neutralité carbone, la Métropole n'aura baissé ses émissions que de 53,2 % : on est loin du compte ! Il faut en conséquence accélérer ce processus. Or les décisions prises vont dans le sens inverse et vont ralentir la réduction des émissions de gaz à effet de serre, voire les augmenter. 

Revenons sur les choix climaticides récents de la Métropole Nice Côte d'Azur :

1. Circulation automobile : augmentation des tarifs des mobilités douces (bus, tram et vélos bleus) et non application des Zone à Faibles Emissions  (ZFE-m)

Le transport routier représente 55 % de la production de gaz à effet de serre et 40 % des polluants atmosphériques. Très logiquement, le premier levier d'action identifié dans le PCAET est "la réduction de la part modale du véhicule thermique grâce à la restructuration du réseau de tramway et de bus ainsi que le développement des modes doux comme le vélo". Or la Métropole vient de faire l'inverse en augmentant les tarifs d'abonnements au vélo bleu en février dernier. Elle va de plus augmenter les tarifs des transports en commun au 1er juillet 2023 : le ticket solo passe de de 1,50 € à 1,70 € (+ 13,33 %) ; l'abonnement annuel passe de 326,50 euros à 360 euros (+ 10,20 %) ; la carte de 10 voyages à 10 € (la plus plébiscitée par les usagers) est supprimée et remplacée par une carte de 50 voyages nécessitant de débourser 50 euros. Déni social, contresens écologique, cette augmentation des tarifs va être forcément dissuasive et va freiner l'utilisation des transports doux. Les mobilités durables, levier déterminant pour faire baisser la pollution atmosphérique en centre ville, sont donc clairement délaissées par la Métropole. Et cela va très précisément à l'encontre du plan d'action fixée par la Métropole elle-même dans son propre PCAET et son action IV.1.3 : "Induire un report modal vers les transports collectifs par une gamme tarifaire attractive et une facilitation des gestes des usagers des transports en commun."

Autre levier permettant de faire chuter la production de gaz à effet de serre et réduire le bruit : les Zone à Faibles Emissions mobilité (ZFE-m). Pour circuler dans les territoires placés en ZFE-m, il faut un certificat qualité de l’air et les véhicules les plus polluants ne peuvent y accéder. Alors qu'il s'agit d'une obligation légale, la Métropole a délimité le plus petit périmètre possible (2% des véhicules concernés sur seulement 4% de la superficie de la commune de Nice), et Christian Estrosi a déclaré à la presse et en conseil métropolitain qu'il ne sanctionnerait pas le non respect de ces zones. Autrement dit, sans coercition, pas de baisse de production de CO2. L'argument avancé pour ne pas rendre opérationnel ce dispositif est d'ordre social et doit être pris en compte : beaucoup de personnes, malgré les primes à la conversion, ne peuvent changer de véhicule et se verraient ainsi privées d'accès au centre ville. Devant cette difficulté les élus métropolitains renoncent à cet outil déterminant de lutte contre la pollution atmosphérique que sont les ZFE-m.

Un autre levier est pourtant à la disposition de la Métropole et permet de répondre à ces difficultés, mais elle refuse de s'en servir : la gratuité des transports en commun.
Ce choix, déjà opéré par 38 villes en France dont Calais, Dunkerque et tout récemment Montpellier, permet de faire d'une pierre deux coups : on rend les transports en commun le plus attractifs possible et on compense la mise en œuvre des zones à faibles émissions mobilité. 
Aujourd'hui 40% des trajets effectués dans la Métropole font moins de 3 km, beaucoup se font à l'intérieur de Nice intra-muros. Le seul moyen de faire chuter la production de gaz à effet de serre et de limiter le tout voiture est de provoquer un changement de comportement profond. Faire abandonner la voiture à ceux qui roulent pour le moindre déplacement n'est possible qu'en changeant radicalement l'image collective que l'on a des transports en commun. Et ce ne sont pas les aménagements tarifaires par catégories d'usagers qui y parviennent. La gratuité, c'est la liberté de monter dans un bus ou un tramway sans se soucier d'avoir renouvelé son abonnement, d'avoir payé un titre de transports ou de risquer un contrôle. C'est la liberté pour tous d'abandonner la voiture en centre ville. La gratuité des transports en commun est de plus une mesure qui réconcilie écologie et progrès social : elle permet de réduire la pollution tout en faisant baisser le budget transport des ménages. Alors que l'augmentation des tarifs votée par les élus métropolitains sanctionne financièrement les habitants, la gratuité rend la mobilité accessible à tous.
La gratuité permet d'offrir une solution à celles et ceux qui seraient sanctionnés par les ZFE-m en rendant l'accès au centre ville gratuit, par les transports en commun, à condition de ne plus y utiliser son véhicule trop polluant.
Certains disent que la gratuité des transports réduit la marche à pied. C'est en partie vrai, mais l'expérience démontre que c'est davantage le côté agréable ou désagréable de l'environnement urbain qui incite à marcher ou à ne pas marcher en ville. D'autres disent qu'il est injuste de rendre gratuits les transports pour les personnes aisées. C'est également vrai mais d'une part les personnes les plus aisées ne prennent actuellement que très peu les transports en commun, et, d'autre part, on ne peut changer radicalement l'image des transports en commun dans notre imaginaire collectif sans passer par une gratuité inconditionnelle pour tous et sur tout le réseau.
Seule la gratuité inconditionnelle des transports en commun permet un changement radical de la mobilité dans notre imaginaire collectif et rend possible l'abandon du "tout voiture". Nice peut devenir la 39ème ville et la 2ème métropole de France à la mettre en œuvre.
Avec le rassemblement citoyen Viva nous avons lancé une pétition contre l'augmentation des tarifs des mobilités douces et pour la gratuité inconditionnelle des transports en commun qui a déjà récolté plus de 1 500 signatures. A signer et faire signer ici : https://www.mesopinions.com/petition/social/transports-commun-nice-augmentation-tarifs/204302

2. Trafic aérien : extension de l'aéroport et non limitation des jets privés

Le trafic aérien constitue une autre source importante de pollution atmosphérique. Si l'Aéroport de Nice se défend et se prétend vertueux en ne mesurant que la pollution causée par les avions au sol, sur les pistes, il est évident que l'augmentation du trafic aérien augmente la pollution atmosphérique. Et si l'Aéroport de Nice affiche une neutralité carbone, c'est uniquement une neutralité "par compensation", c'est-à-dire en payant un droit de polluer ici et en compensant ailleurs sur la planète... 

Le projet d'extension de l'aéroport de Nice consistait initialement à passer de 13 millions de passagers par an à 18 millions dès 2022 puis 21 millions en 2030. Le Covid et le confinement ont ralenti le processus mais la Métropole a réaffirmé sa volonté d'extension de l'aéroport à l'identique tout en restant plus floue sur le calendrier. Or on ne peut augmenter le nombre de passagers et donc principalement de touristes sans augmenter la pollution atmosphérique, les nuisances sonores pour les riverains, la production de déchets dans un système de gestion déjà saturé, les d'embouteillages, etc. 

Nous sommes nombreux à alerter depuis plusieurs années sur les dangers du tourisme de masse et du sur-tourisme, ce point de bascule où le développement du tourisme nuit de façon irrémédiable à la santé publique, à l'équilibre social et économique, à notre qualité de vie et à notre environnement. Dès janvier 2020 je dénonçais dans un article "Sur-tourisme et qualité de vie à Nice" les dangers écologiques, sociaux et économiques de la mono-activité touristique. Le tourisme fait vivre beaucoup de niçois mais l'économie niçoise dépend trop du tourisme. Au lieu de diversifier les moteurs d'attractivité et de développement économique, nous sombrons encore davantage dans une mono-activité touristique dangereuse. Si les conditions climatiques se dérèglent encore davantage ou si le risque attentat devient tel que la "destination Nice" tombe pour les tours opérateurs, la très grande majorité de l'activité économique niçoise sera purement et simplement à l'arrêt. De plus, alors que de nombreux acteurs du secteur font des efforts pour tendre vers un tourisme éco-responsable, le choix de maintenir l'extension de l'aéroport de Nice relance le modèle pourtant dépassé du tourisme de masse. Tant que la Métropole n'aura pas renoncé à son projet d'extension de l'aéroport de Nice, elle sera disqualifiée à prétendre lutter contre les dérèglements climatiques.

Le rassemblement citoyen Viva a lancé en 2020 une pétition contre l'extension de l'aéroport qui a rassemblé plus de 13 000 signataires : https://www.mesopinions.com/petition/social/referendum-extension-aeroport-nice/78071https://www.mesopinions.com/petition/social/referendum-extension-aeroport-nice/78071
Une seconde pétition a été lancée par le collectif "Stop à l'extension de l'aéroport de Nice" et a déjà récolé plus de 4 800 signatures : https://agir.greenvoice.fr/petitions/non-a-l-extension-de-l-aeroport-nice-cote-d-azur-une-bombe-climatique-et-sanitaire

Si la Métropole continue de s'enfoncer dans le sur-tourisme au détriment d'un tourisme éco responsable, elle développe bien un modèle de tourisme particulier : le tourisme de luxe. Outre le tourisme de luxe maritime, elle a développé un trafic aérien de jets privés considérable, au point de faire de Nice la troisième destination mondiale la plus prisée des propriétaires de jets privés. L'aéroport de Nice Côte d'Azur serait ainsi l'aéroport européen qui a accueilli le plus de vols de jets privés en 2022 : 34.710 jets privés, soit 95 vols par jour ! Au total, 6% du trafic aérien européen en jet privé passerait par Nice.
Les jets privés sont 50 fois plus polluants que les trains. On a tracé l'impact écologique des déplacements des hyper-riches : l'empreinte carbone en jet privé de la 3e plus grosse fortune mondiale, Bernard Arnault, pour le seul mois de mai 2022, est égale à celle d'un français moyen en... 17 ans. Un jet polluerait autant en une heure qu’un Français en un an. 

Portée par EELV et localement par le groupe écologiste d'opposition à la Métropole Nice Côte d'Azur ou Extinction Rébellion, l'opposition aux jets privés a fait l'objet d'un projet de loi déposé à l'Assemblée Nationale et une pétition a également été lancée, recueillant plus de 56 000 signatures : https://agir.greenvoice.fr/petitions/mesdames-et-messieurs-les-deputes-interdisez-les-vols-en-jet-prive. Les élus de la majorité métropolitaine niçoise ont répondu par le déni et n'envisagent en rien de limiter la prolifération des vols en jets privés. 

Etrangement, la mesure de la pollution causée à Nice par le trafic aérien n'est pas clairement étayée. Les documents produits par la Métropole sont effectivement bien silencieux sur la pollution liée au trafic aérien. Le PCAET et le PAQA mentionnent bien le trafic aérien dans les sources de pollutions mais sans donner de détail : "Les transports maritimes et aériens représentent 16% des émissions de NOx et 5% des émissions de particules fines." La Métropole ne donne donc pas le bilan carbone précis du trafic aérien à Nice. Pire, les mots "jets privés" sont absents de tous les documents planificateurs mis en ligne. Il y a là un défaut de transparence évident.

3. Artificialisation des sols : poursuite de la bétonisation de la plaine du Var

Autre décision climaticide : la bétonisation de la plaine du Var. L'objectif fixé par la loi est d'atteindre zéro artificialisation nette d'ici 2050, ce qui implique, pour les territoires (communes, départements, régions) de réduire de 50 % le rythme d’artificialisation et de la consommation des espaces naturels, agricoles et forestiers d’ici 2030 par rapport à la consommation mesurée entre 2011 et 2020. Rappelons que l'artificialisation est un phénomène qui consiste à transformer un sol naturel, agricole ou forestier, par des opérations d’aménagement pouvant entraîner une imperméabilisation partielle ou totale. Les conséquences de l'artificialisation des sols sont connues : perte de biodiversité, augmentation du risque inondation, réduction de la capacité agricole pour produire de la nourriture, et, bien sûr, dérèglement climatique (un sol artificialisé n’absorbe plus le CO2 et participe à la hausse du réchauffement climatique). Le changement d'affectation d'un sol a un impact direct sur la production ou la captation de carbone et joue sur l'évolution du stock carbone d'un territoire.

La plaine du Var est historiquement un vivier agricole fertile ayant permis d'approvisionner Nice et sa région en produits frais durant des siècles. L'Opération d'Intérêt National "éco vallée", dont le préfixe vise le développement économique et non l'écologie, est un projet d'un autre temps qui a permis de construire au détriment des terres fertiles et d'artificialiser massivement la plaine. Les projets, en cours de réalisation ou à venir, constituent une aberration environnementale majeure : 
  • Grand Arénas = 565 000 m2
  • Le Pôle d'échange multi-modal = 108 000 m2
  • Nice Méridia = 320 000 m2
  • IKEA = 40.000 m2, etc. 
Outre le PLUm qui permet de limiter l'artificialisation des sols, le document planificateur qui doit compléter le PCAET et qui permet à un territoire de préserver ses terres arables et d'augmenter son autonomie alimentaire est le "Projet Alimentaire Territorial" (PAT). Or malgré différentes annonces faites depuis 2020, la Métropole Nice Côte d'Azur ne s'est toujours pas dotée d'un PAT. Il n'y a donc ni diagnostic précis, ni stratégie, et encore moins de plan d'actions concrètes. Tout reste l'état de projet et c'est là un retard très inquiétant. Si la Métropole s'était dotée d'un PAT, nul doute que la bétonisation actuellement en cours de la Plaine du Var aurait été incompatible avec ses prescriptions. Cette bétonisation est un contresens écologique total. 

Dans cette plaine, on construit en zone historiquement inondable. Résultat : l'immeuble "l'Avant-Scène", en cours de construction face à la gare Saint Augustin et qui monopolise à lui seul 36 000 m2, s'est enfoncé de 16 cm dans le sol. Pire, pour construire le pôle multimodal et pour assécher la zone on aurait pompé 47 000 m3 d'eau dans la nape phréatique ! 
Le 25 janvier 2023 le parquet financier de Paris effectuait une série de perquisitions dans les bureaux d'agents et d'élus de la Métropole concernant plusieurs contrats passés parmi lesquels le bâtiment "Iconic" près de la gare Thiers et... les conditions d'acquisition par la société Fondimmo des 36.000m2 sur lesquels l’"Avant Scène" est érigé.


On le voit à travers ces trois domaines d'interventions majeurs que sont la circulation automobile, le trafic aérien et l'artificialisation des sols, les choix opérés par la Métropole démentent les belles déclarations de ses élus et contredisent les documents planificateurs qu'elle a elle-même votés et les objectifs qu'elle s'est elle-même fixés. 
En augmentant les tarifs des transports doux, en ne rendant pas effectives les ZFE-m et en n'instaurant pas la gratuité inconditionnelle des transports publics, la Métropole laisse la production de gaz à effet de serre progresser et s'empêche de l'enrayer. 
En maintenant son projet d'extension de l'aéroport de Nice et en ne limitant pas les vols en jets privés, elle va augmenter la production de gaz à effets de serre et de polluants atmosphériques et contribuer à accélérer le dérèglement climatique. 
En poursuivant la bétonisation de la Plaine du Var elle s'empêche d'augmenter son autonomie alimentaire et poursuit une artificialisation des sols aux conséquences dramatiques. 

Ne pas lutter suffisamment contre le dérèglement climatique est irresponsable, contribuer à l'accélérer est coupable.