dimanche 5 décembre 2021

Migrants, citoyens solidaires, Mimmo Lucano : pourquoi un tel acharnement ?

Invité à participer, au nom de l'association "Tous citoyens" à la très belle soirée organisée en soutien à Mimmo Lucano, ex maire de Riace, le 17 novembre 2021 à la Bourse du travail à Paris, je n'ai pu, faute de temps, y développer tous mes arguments. Voici, affinée pour sa publication, la réflexion que j'aurais aimé livrer lors de cet événement fondateur.

"Bonsoir,

Vu que nous avons très peu de temps je voudrais ce soir aller à l'essentiel et vous faire part de quatre questionnements simples, mais qui me semblent centraux : pourquoi un tel acharnement contre les migrants ? Pourquoi cet acharnement se focalise-t-il désormais contre les mineurs isolés ? Pourquoi un tel acharnement contre les citoyens solidaires ? Pourquoi cet acharnement devient-il si extrême à l'encontre de Mimmo Lucano ?

Pour répondre à ces questions je vais faire un détour nécessaire, en vous expliquant d'où je vous parle et qui nous sommes. Notre association s'appelle "Tous citoyens". Elle est basée à Nice et vient en aide aux Mineurs Non Accompagnés (MNA). Dans les Alpes-Maritimes, les mineurs isolés subissent une série d'entraves dans l'exercice de leurs droits : refoulements illégaux à la frontière ; évaluation de minorité à charge par les agents du département eux-mêmes, en régie direct et par conséquent "juges et partis" ; difficultés d'accès aux soins et à l'éducation ; non prise en charge des traumatismes causés par la migration (et, pour beaucoup, des sévices subis en Libye et des errances en méditerranée) ; tests osseux aléatoires ; blocage des dossiers au moment d'obtenir un titre de séjour. Les travailleurs sociaux de la si mal nommée "Aide Sociale à l'Enfance"(ASE) en viennent même à prévenir la police pour faire arrêter les jeunes exilés en cas de mainlevée de leur placement. Notre association intervient quand ces jeunes sont remis à la rue par l'ASE. Nous avons dû constituer, comme bien d'autres associations locales, un réseau d'hébergement solidaire le temps des procédures judiciaires. Mais nous sommes une goutte d'eau dans un océan de détresse et de violences administratives et judiciaires.

Nous agissons à Nice et dans les Alpes-Maritimes, territoire où l'obsession sécuritaire est portée à son paroxysme : vidéosurveillance à outrance, expérimentation de la reconnaissance faciale, projet de reconnaissance émotionnelle, applications numériques de délation généralisée, messages sécuritaires diffusés par haut-parleurs, drones utilisés durant les confinements sanitaires, présence policière massive face aux manifestants et répression (que l'on se souvienne de ce qu'a subi Geneviève Legay), arrêtés municipaux liberticides, et, bien sûr, fermeture de la frontière franco-italienne, les frontières étant la condition sine qua non de toute société fermée. L'ensemble de ces dispositifs ne sont que les émanations d'un projet de société autoritaire de contrôle permanent des individus. Savoir à chaque instant où est chaque individu, ce qu'il fait et avec qui, voilà le projet fou et terrifiant que nourrissent certains. Est-ce par simple calcul électoral et par cynisme politique ? Est-ce par conviction ou par idéologie ? Sont-ils mus par une incontrôlable volonté de puissance, un désir pathologique de domination ? Quoi qu'il en soit, ce monde dystopique qu'ils nous imposent progresse à chaque nouvelle mesure liberticide et à chaque nouveau dispositif sécuritaire.

Revenons désormais à notre quadruple questionnement.

Pourquoi un tel acharnement contre les migrants ? 

Des murs bâtis entre Etats-Unis et Mexique ou aux frontières de l'Europe, la Méditerranée et la Manche devenues charniers, partout dans le monde, la fermeture des frontières tue. Pourquoi un tel acharnement ? La xénophobie et le racisme ne suffisent pas, à eux seuls, à rendre raison d'un tel phénomène. Quand on veut instaurer une société de contrôle et de défiance de tous contre tous, quand on veut, par la vidéosurveillance, les drones et la reconnaissance faciale, savoir où est et que fait chaque individu à chaque instant, l'idée même qu'une personne transgresse les interdits et passe la frontière, quelqu'un qui n'a pas de papiers d'identité, pas de visa et qui vient, ici et maintenant, incarner, là, devant vous, la figure de l'étranger, voilà qui est proprement insupportable. Le migrant symbolise à lui seul l'échec annoncé du désir irrépressible qui anime les tenants d'un contrôle permanent des individus. Il est la preuve incarnée que leur insatiable volonté de puissance et de contrôle est par définition irréalisable. Le migrant est la matérialisation de leur frustration. Dans un processus d'imposition d'une domination autoritaire et sécuritaire, le degrés d'intensité de la traque des migrants est l'exact baromètre de la frustration des puissants.

Pourquoi un tel acharnement contre les mineurs isolés ?

Pourquoi cibler désormais les mineurs isolés étrangers, désignés également sous le sigle de "Mineurs Non Accompagnés" ? Dans les années 80, l'extrême droite de Jean-Marie Le Pen s'en prenait à l'immigration légale, au regroupement familial et aux clandestins, mais elle ne touchait pas aux réfugiés, et l'on ne parlait même pas, à l'époque, dans le débat public, des mineurs. Puis, dans les années 2000 l'extrême droite et la droite extrême ont commencé à remettre en question le droit d'asile. Les attentats leur ont permis d'imposer peu à peu dans les médias l'équation "migrants = terrorisme". Mais on ne touchait toujours pas aux mineurs. Enfin, certains politiques, en commençant par Eric Ciotti, alors président du Département des Alpes-Maritimes et député, ont commencé à remettre en question la protection de l'enfance en insinuant le doute entre les "vrais" et les "faux" mineurs. Jamais jusqu'à présent, les mineurs isolés n'avaient constitué un enjeu lors de l'élection présidentielle. Or on a vu Valérie Pécresse, tout récemment, lors de l'un des débats de la primaire LR, s'y positionner contre les MNA. On avait entendu, déjà, les propos extrêmement violents et discriminatoires d'Eric Zemmour déclarant que les mineurs isolés étaient tous "des voleurs, des assassins et des violeurs". Les droites françaises font d'une pierre deux coups : s'en prendre aux migrants sous un angle nouveau et casser la protection de l'enfance, pierre angulaire du modèle social français. La décentralisation ayant confié aux Départements la protection de l'enfance, les entraves aux droits des mineurs isolés dépendent des potentats politiques des barons locaux. Ainsi, des politiques discriminatoires peuvent être mises en œuvre en ne ciblant qu'une frange très réduite de la population. Elle vise des victimes qui ne pourront de toutes façons que très exceptionnellement s'exprimer pour dénoncer ce qu'elles subissent, seuls les citoyens solidaires qui les accompagnent font alors entendre leurs voix.

Pourquoi un tel acharnement contre les citoyens solidaires ?

Partout les citoyens solidaires sont poursuivis. Dans les Alpes-Maritimes les procédures tendant à imposer un délit de solidarité n'ont pas cessé depuis 2015. Plusieurs ont été médiatisées comme celles engagées contre Martine Landry, Pierre Alain Mannoni et bien sûr Cédric Herrou qui interviendra tout à l'heure. Et, quand on ne parvient pas à trouver dans les actions humanitaires de quoi accuser un citoyen solidaire, on tente le faire taire autrement, par des attaques en justice pour diffamation ou injure publique, ce qui est mon cas personnel. Il s'agit de "procédures baillons" n'ayant aucune autre vocation que de réduire au silence celles et ceux qui s'opposent à la traque des exilés. Nous sommes dans un département où les principaux élus, dont la parenté idéologique avec l'extrême droite italienne est évidente, on institutionnalisé la xénophobie en politique publique locale. Mais, plus que cela, ils glorifient l'ordre, l'uniforme, et vouent un véritable culte à l'autorité. La pensée sécuritaire veut réduire les citoyens à des individus dociles, obéissants et, surtout, ne réfléchissant pas trop. Que des personnes transgressent les interdits voilà qui est pour elle, là aussi, proprement insupportable. Que ces personnes pensent par leurs propres moyens, évaluent les règlements, lois et décrets et décident, selon leur propre conscience, de les appliquer ou non, voilà qui remet en question tout l'édifice élaboré par une caste de dominants occupant un à un les lieux de pouvoirs. La désobéissance civile est un acte de liberté, perçu par les tenants du tout sécuritaire comme un acte de résistance à l'ordre autoritaire qu'ils veulent imposer. La solidarité devient pour eux l'ennemi à abattre. Le simple geste consistant à aider son prochain devient un acte de résistance. Aujourd'hui, dans une société tendant au tout sécuritaire et à l'autoritarisme, aider, c'est résister.

Pourquoi un tel acharnement contre Domenico Lucano ?

Mon dernier questionnement concerne l'acharnement contre Mimmo Lucano lui-même. Mais la réponse découle logiquement de ce que nous venons de voir. Dans une tentative d'instauration d'une société fermée, xénophobe, et de contrôle permanent, la figure du migrant symbolise l'échec de ce contrôle total et son impossibilité même. Dans une tentative d'instauration d'une société autoritaire où les individus ne doivent qu'obéir, le citoyen solidaire, par sa désobéissance civile, vient contrecarrer l'ordre établi et symbolise la résistance à cet autoritarisme. Dans une société qui tente d'imposer l'image du migrant comme constituant le mal absolu, le danger de l'invasion et du terrorisme, et qui tente d'imposer l'image du citoyen solidaire comme celle d'un passeur de terroristes, rendre l'accueil impossible devient un objectif stratégique. Or un maire qui démontre au quotidien, dans sa commune, que la question n'est pas de savoir s'il y a ou non invasion ou s'il faut ou non accueillir, mais, à l'inverse, que l'enjeu est de faire société avec les exilés, voilà qui constitue le comble de l'inadmissible pour les tenants d'un ordre autoritaro-xénophobe. Alors qu'ils tentent de la réduire à une contestation du système, l'expérience de Riace démontre que la solidarité peut être érigée en règle et qu'elle peut devenir la clef de voûte du vivre ensemble. Voilà qui constitue pour eux le paroxysme de l'insupportable. Et Mimmo incarne ce paroxysme, il est celui qui a démontré qu'accueillir dignement les migrants et être solidaires nous permettait de refaire société et de retrouver, à travers cette solidarité, notre propre dignité. Et il n'est alors malheureusement pas étonnant qu'ils s'en prennent autant à lui, d'où la démesure absolue de sa condamnation à treize années de prison.

Mais Mimmo nous ouvre la voie. Mimmo est le contre-exemple par excellence. Il est le démenti concret du modèle de société fermée, du tout sécuritaire autoritaire et xénophobe. C'est pour cela que nous le soutenons, et c'est pour cela que nous luttons et que nous ne cesserons de lutter ensemble."



vendredi 8 octobre 2021

S'opposer à Zemmour, un devoir citoyen

 Éric Zemmour a été condamné pour provocation à la haine raciale. Il est raciste et prône une vision raciste de la société. Nous devons le dire, l'écrire, le dénoncer et combattre son projet politique. Toute pondération et tout atermoiement à ce sujet est le début d'une inacceptable compromission.

Le régime de Vichy a participé à la solution finale. Minimiser le rôle du Maréchal Pétain et tenter de le réhabiliter comme le fait Érc Zemmour n'est rien d'autre qu'une forme de révisionnisme.

La mise sur le même plan, volontaire, par Éric Zemmour de l'islam et de l'islamisme et ses propos réitérés contre les musulmans sont clairement islamophobes.

Le virilisme qu'il défend depuis de longues années repose tout à la fois sur un sexisme rétrograde assumé et sur une homophobie à peine voilée.

La droite qui nous somme, à chaque élection, de faire un front républicain contre l'extrême droite n'ose pas s'opposer à Éric Zemmour et refuse de dénoncer clairement son racisme, son révisionnisme ou son sexisme. Sa non-opposition à Zemmour lui retire toute légitimité à prétendre être une droite "républicaine".

Dans les Alpes-Maritimes, Éric Ciotti, député LR et questeur à l'Assemblée, dévoile plus ouvertement encore qu'auparavant sa ligne politique d'extrême droite et annonce qu'il voterait Zemmour face à Macron.

La Ville de Nice, via son Centre Universitaire Méditerranéen, a invité plusieurs fois Éric Zemmour, sans contradicteurs face à lui. Un conseiller municipal de la majorité et adjoint au maire, Gaël Nofri, l'a récemment "accueilli" pour un quasi-meeting de campagne.

La gauche, quant à elle, a trop longtemps fait l'autruche. Le sempiternel argument selon lequel parler de Zemmour serait faire sa promotion a cautionné un silence coupable face au déversement de thèses d'extrême droite dans les médias.

Le simple fait que l'on débatte pour savoir si Jean-Luc Mélenchon devait ou non débattre avec Zemmour est le symptôme d'un profond renoncement.

Bien au-delà de la personne d'Éric Zemmour, la politique qu'il défend est profondément discriminatoire et attentatoire aux libertés comme à l'égalité. Elle repose sur une vision de la société qui ne peut générer, si elle accède au pouvoir, de façon directe ou indirecte, que des conflits ouverts, de la violence d'État et de multiples souffrances. Elle est l'antithèse des valeurs républicaines qui fondent et régissent notre démocratie.

Aujourd'hui, qu'Éric Zemmour aille au bout de la campagne présidentielle ou non et que les partis politiques progressistes se décident ou non à réellement s'opposer à lui, il revient à chaque citoyenne et à chaque citoyen de combattre pied à pied chacune des thèses dont il fait la promotion.

mardi 7 septembre 2021

Nice : expulsion locative injuste et arbitraire

Anthony Borré, premier adjoint à la Ville de Nice et président de Côte d'Azur Habitat, principal bailleur social de la ville, annonce fièrement dans les médias avoir obtenu l'expulsion d'une mère de famille dont le fils, majeur, est un délinquant. Il explique à qui veut l'entendre combattre ainsi les "ennemis de la République", expression utilisée par Emmanuel Macron pour désigner les djihadistes.

Le jeune en question a été condamné à 20 mois de prison par la justice. Mais sa mère, elle, n'a commis ni délit ni crime. Elle n'a pas été reconnue coupable par un tribunal. Ce n'est pas une terroriste. C'est juste une mère de famille dont le fils a mal tourné et est devenu dealer. Elle est pourtant sanctionnée par Côte d'Azur Habitat qui va l'expulser et la mettre à la rue pendant que son fils, lui, sera incarcéré. 

Cette double peine est choquante pour au moins quatre raisons :

1. Une sanction injuste :

C'est l'idée même de justice qui est en jeu : on ne doit sanctionner quelqu'un que pour les actes qu'il a commis et non pour ceux commis par d'autres personnes. Des parents sont légalement responsables des actes de leurs enfants quand ceux-ci sont mineurs, ce qui n'est pas le cas ici. 

Cette dame n'a été condamnée ni au civil ni au pénal mais Côte d'Azur Habitat la sanctionne en inventant ainsi une "condamnation sociale" nouvelle : l'expulsion pour des faits commis par un proche. 

Sa seule faute serait donc d'avoir un fils délinquant. Or combien de parents ne sont pas parvenus à empêcher la dérive de leur enfant ? Combien ont demandé, en vain, l'aide des pouvoirs publics ? C'est d'aide et d'accompagnement dont ils ont besoin et non d'une mise à la rue. Le droit au logement est un droit, non la contrepartie d'un comportement jugé ou non méritant.

2. Un consentement contraint :

Cette expulsion a été validée par un tribunal comme conforme au nouveau règlement intérieur du bailleur social. Mais ce nouveau règlement rendant possible l'expulsion de toute une famille si l'un des occupant du logement a commis un délit a été modifié unilatéralement par Côte d'Azur Habitat. 

Les bénéficiaires de logement sociaux n'ont pas eu le choix : soient ils acceptaient cette modification soit ils se retrouvaient à la rue. Un consentement obtenu sous contrainte n'est pas un consentement. 

Si cette décision a été jugée légale au regard de l'application de ce nouveau règlement intérieur, elle n'en n'est pas pour autant légitime. 

3. Une décision arbitraire et illégitime :

Qui est Anthony Borré pour s'arroger le droit de décider qui est et qui n'est pas un "ennemi de la République" ? Que recouvre cette notion utilisée par Emmanuel Macron pour désigner les djihadistes lors de son allocution sur le séparatisme ? S'applique-t-elle à Nice à tous les délinquants, y compris ceux en cols blancs, ou uniquement aux familles pauvres des quartiers défavorisés ?

En réalité ni des élus locaux ni un bailleur social ne doivent se substituer à la justice et infliger des condamnations sociales à des personnes innocentes.

Il s'agit là d'une dérive manifeste dans l'exercice du pouvoir local. Cette pratique n'est possible que par le cumul du mandat d'élu et de la fonction de président d'un bailleur social, cumul qu'il faudrait interdire.

4. Une stratégie de diversion :

La surmédiatisation de cette expulsion inique relève d'une stratégie de communication ayant pour but de masquer une double réalité : 

- La volonté de la Ville de Nice de ne pas créer suffisamment de logements sociaux. Nice n'a en effet que 12,5% de logements sociaux quand la loi en exige 25%. Si 16 000 niçois sont sur des listes d'attente pour obtenir le logement social auquel ils ont droit, ce n'est pas parce que ces logements sont occupés par des personnes qui "ne le méritent pas", mais parce que la municipalité refuse de se mettre en conformité avec la loi.

- L'incapacité de la Ville de Nice a endiguer les réseaux structurés de trafiquants de drogue et à garantir la sécurité des habitants de quartiers délaissés. Ce n'est pas un hasard si cette affaire a eu lieu à l'Ariane. La Ville de Nice a abandonné la politique de prévention au profit d'une politique de répression. Elle a dépensé des sommes folles en vidéo surveillance et en outils technologiques toujours plus nombreux et plus onéreux. Or les résultats chiffrés d'une baisse significative de la délinquance sont désespérément absents.

On voudrait donc que l'opinion publique se focalise sur cette expulsion et non sur l'échec flagrant de la politique menée dans la cinquième ville de France. Il est en effet toujours plus facile de sanctionner les plus faibles que d'assumer ses responsabilités.

vendredi 20 août 2021

Collecte et distribution solidaires de fournitures scolaires dans les Alpes-Maritimes

 Habitat et citoyenneté - PCF 06 - RESF 06 - Tous citoyens - Vallées solidaires

Collecte et distribution solidaires de fournitures scolaires
 

Ils ont besoin de nous !  Chaque année, des enfants démunis vont à l'école mais n'ont pas les fournitures scolaires demandées. Leurs parents, souvent sans papiers ou demandeurs d'asile, ne perçoivent pas l'allocation de rentrée scolaire et ne peuvent acheter le matériel scolaire nécessaire pour la rentrée des classes.

L'an dernier vos dons et notre collecte ont permis à 463 enfants de recevoir un kit de base de fournitures (trousse, cahier, stylo, crayon, feutres, gomme, règle, etc.). 
Cette année, un nouveau partenaire, Vallées solidaires, vient grossir nos rangs et organise la collecte avec nous.  

Vous pouvez soit nous apporter vos fournitures neuves ou usagées soit faire un don en ligne et qui nous permettra d'acheter des fournitures neuves et de les distribuer aux enfants.

Liste du matériel le plus recherché : cartables et sacs à dos, calculatrices collège et lycée, dictionnaires, cahiers 24x32, protège-cahiers, grands classeurs et intercalaires, papier canson, chemises à élastiques, porte-vues, feutres et surligneurs, compas, matériel de géométrie, ciseaux, colle en stick, feuilles simples et doubles, stylos billes de toutes les couleurs, crayons à papier, et... des masques !
Dépôts des contributions- locaux du PCF :
- A Nice (6 rue Balatchano – T. 06 80 50 98 88) : Les 23, 24, 25, 26 et 30 août le matin à partir de 9 h
- A Cannes (40 rue Jean Gras, bat. Le Cézanne C, Cannes La Bocca - panneau Cannes à vous, angle rues Joseph Flory et du Bosquet – T. 06 20 51 33 38) : Lundi 30 août de 15h à 19h.
- A Antibes (10 rue Pasteur – T. 06.25.54.51.18) : Mercredi 25 août à partir de 17 h
- A Menton (14 rue des sœurs Munet - T. 06 10 13 22 00) : Mercredi 25 août à partir de 17 h 30 
Les dons par chèques (à l’ordre de ADF PCF, inscrire au dos fournitures scolaires) peuvent être déposés dans les permanences du PCF ou envoyés par courrier (adresses ci-dessus).
Les dons par virements peuvent être effectués sur le compte ADF-PCF : IBAN :  FR76 1027 8089 5400 0200 7730 156 et  BIC: CMCIFR2A

La distribution des fournitures aux familles sera organisée (dans le respect des mesures sanitaires) : le mercredi 1er septembre de 14 à 17h et le samedi 4 septembre de 10 à 12h dans les locaux du PCF à Cannes et Nice.


Solidairement,

Habitat et citoyenneté – PCF 06 – RESF 06 – Tous citoyens ! – Vallées solidaires

mercredi 4 août 2021

Séparer pour mieux régner, la biopolitique en marche

 Il faut savoir assumer ses positions même si l'on sait pertinemment que l'on va être minoritaire, que l'on va déplaire ou choquer des personnes, y compris des proches. C'est une question de transparence, de cohérence et de courage politique. 

Le soir de l'allocution présidentielle annonçant l'obligation vaccinale du personnel soignant et l'imposition du passe sanitaire, après m'être exprimé contre ces mesures au nom de la défense des libertés individuelles et collectives, j'ai reçu sur les réseaux sociaux et par messages privés les mêmes commentaires indignés, accusateurs et culpabilisateurs que lorsque je m'étais opposé au premier état d'urgence, le soir de son annonce, à la suite des attentats de Charlie Hebdo. La similitude frappante des postures adoptées lors de ces deux "moments politiques" pousse à interroger les fondements communs à ces deux situations "pivot" auxquelles nous avons été et nous sommes confrontés.

Dans les deux cas on essaie de caricaturer les défenseurs des libertés mais il est en réalité possible et parfaitement légitime de vouloir tracer la voie d'une politique responsable, a minima aussi efficace que celle menée sinon plus, tout en ne bafouant pas les droits fondamentaux.

Dans les deux situations, le débat public s'est à ce point polarisé qu'il s'est enfermé dans un schéma binaire empêchant toute réflexion et toute émancipation collective. 

Séparatisme d'Etat

Lors du tournant sécuritaire et liberticide post-attentats, on a tenté de faire passer les défenseurs des libertés pour des personnes complaisantes avec l'islamisme et le terrorisme. Nous avons tout d'abord été traités d'islamogauchistes par l'extrême droite puis par la droite extrême avant que le gouvernement lui-même ne lance une chasse aux sorcières jusque dans les rangs de l'Université. J'ai même été, localement, traité de salafiste...

Dès son allocution, Emmanuel Macron a stigmatisé les non vaccinés par un discours moralisateur n'hésitant pas à parler, pour les désigner, "d'égoïsme". Dès lors, le coupable idéal était trouvé. Un gouvernement qui a accéléré le manque de moyens des hôpitaux et fermé des lits de réanimation, qui a lui aussi laissé délocaliser des filières sanitaires stratégiques, qui n'a pas su gérer la pénurie de masque ni celle des tests, ni enfin les retards dans le lancement de la campagne de vaccination, qui a improvisé des mesures contradictoires de confinements en déconfinements, venait enfin de trouver un bouc émissaire pour masquer son incurie : les mauvais citoyens qui refusent le vaccin ! Diviser pour mieux régner, encore et toujours. Et nous devrions tous crier "haro" sur les mauvais français qui mettent en péril notre défense collective contre le virus, participer à leur mise au ban de la société. Dans la foulée, le ministre de l'éducation n'a rien trouvé de mieux que d'annoncer fièrement que les collégiens non vaccinés, en cas de contamination dans une classe, seront "évincés". Des adolescents seront alors "déclassés", au sens propre du terme, et devront suivre les cours à distance. Dès le collège donc, on apprend à montrer du doigt ceux qui mettent en péril le reste de la classe. Ce discours rappelle celui asséné contre les "ennemis de la République" supposés être complaisants avec l'islamisme. Et nous apprenions déjà, là également, dès le collège et le lycée, à "séparer" les élèves en montrant du doigt celles qui portent le voile ou certains signes religieux ostentatoires. La politique sociétale d'Emmanuel Macron, de son gouvernement et de sa majorité se résume par ce mot lancé dans le débat public en théorie pour le dénoncer mais en réalité pour l'appliquer à la lettre : le séparatisme.

Dès le début de la crise sanitaire le "nous sommes en guerre" du Président donnait le ton de l'impératif moral de "l'unité nationale" qui réduirait au silence toute personne faisant simplement œuvre d'esprit critique en la catégorisant dans le camp maudit des ennemis de la nation. A un an de la présidentielle, quoi de mieux qu'un bouc émissaire pour faire oublier l'incurie du gouvernement dans sa gestion du covid ? La dimension politicienne flagrante du discours présidentiel est venue percuter de plein fouet l'appel à l'unité nationale et la gravité de la situation. Il est impossible, pour tout défenseur du vivre ensemble, de l'idée qu'il est sans cesse nécessaire mais toujours possible de faire et refaire société, que la "Res Publica" est notre bien commun, d'accéder à la demande présidentielle et d'accepter de diviser le peuple entre les "bons" et les "mauvais" citoyens. Il impossible à tout humaniste d'accepter ce "séparatisme d'Etat" que le gouvernement met en place.

Président pyromane

A partir du moment où une instance médicale internationale faisant référence, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), préconise d'inciter à la vaccination mais de ne pas l'imposer, et où bien d'autres pays luttent tout comme nous contre le covid mais sans rendre la vaccination obligatoire, il apparaît clairement que l'obligation vaccinale directe pour le personnel soignant et l'obligation vaccinale indirecte pour tout un chacun par le passe sanitaire relèvent d'un choix politique plus que d'une obligation sanitaire. L'insistance du gouvernement à expliquer "qu'il n'y a pas d'autre alternative", reprenant à la lettre la formule du mot d'ordre libéral de Margaret Thatcher, souligne la volonté d'enfermer le débat sous le sceau du dogmatisme. L'annonce martiale s'est poursuivie par un débat à marche forcée au parlement où l'alternative binaire "passe sanitaire ou confinement" a été martelée par le gouvernement.

Le passage en force à l'obligation vaccinale intervient au pire des moments : un contexte psychologique post confinements fragile où l'on constate des comportements individuels et collectifs exacerbés voire extrêmes ; un contexte social très difficile suite à la précarisation accélérée d'une grande partie de la population ; un contexte politique tendu suite à l'émergence du mouvement des gilets jaunes et sa répression policière aveugle. Nous vivons une situation politique paradoxale où, dans le même temps, nous connaissons une abstention record et une contestation politique constante voire croissante rejetant pour certains toute forme de représentativité institutionnelle. Au moment où la moindre étincelle peut mettre le feu aux poudres, la décision politique et politicienne d'Emmanuel Macron, président pyromane, d'obliger de façon directe ou indirecte à la vaccination vient délibérément ajouter une crise démocratique à la crise sanitaire dont nous voulons tous sortir.

Consentement forcé

En réalité, nous pouvons tout à fait être favorables au vaccin, être nous-mêmes vaccinés et promouvoir le vaccin mais penser que rendre la vaccination obligatoire n'est pas nécessaire et respecter la liberté de celles et ceux qui ne souhaitent pas être vaccinés. Le passe sanitaire est une obligation vaccinale qui ne dit pas son nom. Pire, il est la négation d'une politique de santé publique digne de ce nom, fondée sur l'accompagnement et le consentement. Il ne s'agit pas simplement, pour celles et ceux qui ne disposeront pas du passe sanitaire, de ne pas pouvoir entrer dans un restaurant ou un théâtre, mais bien de suspensions de salaires sans limitation de durée et de licenciements. De plus, la mise en œuvre du passe sanitaire s'inscrit dans une politique plus large de traçabilité et de contrôle permanent des personnes. L'état d'urgence, qu'il soit sanitaire ou non, est la négation de la séparation des pouvoirs et d'un fonctionnement réellement démocratique de notre société. Les privations de liberté opérées en réponse au risque sanitaire constituent bel et bien, après celles mises en œuvre face au risque terroriste, un second tournant sécuritaire et liberticide. 

Il est important de dire et de redire que l'on peut être opposé aux mesures annoncées par Emmanuel Macron sans pour autant est "antivaccin" ni reprendre de façon absurde et abjecte la symbolique de l'étoile jaune et du génocide juif. On peut très bien penser que nous ne vivons pas dans une dictature tout en constatant à regrets que si un apprenti dictateur accédait au pouvoir demain il disposerait de tous les dispositifs légaux de contrôle pour instaurer un fonctionnement non démocratique de notre société. 

Accepter ce passe sanitaire et le suivi des personnes par une application informatique c'est accepter un contrôle des corps et une traçabilité des corps à l'avenir, par d'autres gouvernements et d'en d'autres circonstances. On ouvre une porte. On fait reculer le seuil de l'acceptable. On intègre les contraintes. On force le consentement. La vaccination obligatoire dans le cas du covid-19 et dans ces conditions est une atteinte évidente aux libertés individuelles et collectives. Faire payer le test PCR est une discrimination par l'argent. On ne soigne pas en renonçant à la liberté et à l'égalité, valeurs fondamentales de notre République.

Biopolitique

Accorder ou non la liberté de faire ceci ou cela en fonction non des droits des personnes mais en fonction des caractéristiques physiologiques et des corps, c'est l'avènement de la biopolitique combattue par Michel Foucault et bien d'autres. On ne parle plus de "personnes", de "citoyens" ni de "peuple" mais "d'individus" et de "population", de taux, de densité, de courbes et de pics. Le contrôle biopolitique consiste, au lieu d'affirmer que les hommes sont libres et égaux devant la loi en leur qualité de citoyen, sans distinction d'origine, de race ou de religion (article 1er de notre constitution), à accorder des droit aux uns et à en refuser à d'autres en fonction de leurs caractéristiques physiologiques. C'est une remise en question fondamentale du principe d'égalité comme de celui de liberté. C'est la reconnaissance de droits, non en fonction du statut politique des personnes constitutives du corps politique, mais en fonction de leurs caractéristiques physiques et corporelles. Il y a là un double processus de déshumanisation et de réification d'une part et d'abaissement de l'Etat de droit et de négation des droits fondamentaux de l'autre. 

Il est évident que le gouvernement n'a pas créé le virus ni la crise sanitaire, tout comme il est évident que ni lui ni les gouvernements précédents n'ont créé le risque terroriste. Pour autant, force est de constater une propension particulière des gouvernants à saisir les aubaines politiques leur permettant d'assoir un contrôle des personnes et une société sécuritaire. Après les atteintes à la liberté de la presse et les atteintes à la liberté de manifester, après le fichage des citoyens selon leurs opinions politiques ou syndicales, après un contrôle accru des associations pour faciliter leur dissolution, voici venu le passe sanitaire. Après les auto-attestations et les confinements, les masques en extérieur même dans les zones très peu densifiées, les couvre-feux, les dérives locales de surveillance par drones et messages sécuritaires diffusés par haut-parleurs, voici venu une nouvelle instauration d'un laisser-passer permettant ou non de circuler et de vivre en société. Or un passe sanitaire, sur papier ou smartphone peut être falsifié, volé à un voisin ou à un passant. Quelle sera donc la seconde étape ? Que tout employé de restaurant ou de magasin soit habilité à contrôler votre identité ? Ce passe sanitaire fait voler en éclat et le secret médical et la réglementation encadrant les contrôles d'identité. Et lorsque l'on voit les dérives lors des contrôles pourtant effectués par des agents formés et assermentés, qu'il s'agisse de contrôle au faciès racistes ou de remarques et gestes sexistes, on peut légitimement s'inquiéter de la généralisation du pouvoir de contrôle d'identité donné à n'importe qui. De plus, tout est fait pour que le passe sanitaire soit plus pratique à l'usage par l'application gouvernementale Tous anti-covid ce qui induit une traçabilité des faits et gestes de chacun, à chaque instant. 

Nous aurons bien du mal à expliquer à nos enfants et à nos petits-enfants à quel moment précis et pourquoi nous avons de nous-même accepté de basculer dans une société du contrôle permanent, pour quelles obscures raisons nous avons renoncé, de nous-mêmes et les premiers, au pays des Droits de l'Homme et du Citoyen, à notre liberté.

jeudi 24 juin 2021

Le front républicain, ça se mérite

Un front républicain ne peut être constitué qu'entre républicains. Or une partie de la droite française s'est peu à peu convertie aux idées d'extrême droite. Il revient à la droite de faire barrage à l'extrême droite dans ses propres rangs avant de pouvoir légitimement exiger des forces politiques de gauche et écologistes un front républicain et des électeurs humanistes un vote en sa faveur.

Malheur à celui qui arrive troisième ! C’est un peu le leitmotiv des élections. Depuis que l’extrême droite est devenue en France le premier parti d’opposition, cette malheureuse place incombe à la gauche. Nous pourrions deviser longtemps sur la responsabilité de la gauche dans la perte de son rang et dans l’avènement du Rassemblement National mais cela ne résoudra pas l’ultimatum du moment. Car c’est bel et bien d’un ultimatum qu’il s’agit, imposé aux partis devant ou non se désister comme aux électeurs tiraillés entre le vote du moindre mal, le vote blanc ou l’abstention.

Mais l’injonction de faire barrage à l’extrême droite en constituant un Front Républicain pose une autre responsabilité : celle de la droite elle-même. Un front républicain ne peut être réalisé qu’entre… républicains. Or une part croissante de la droite française a quitté depuis longtemps les rivages du républicanisme. La droite française est désormais scindée en deux camps : une droite traditionnelle, gaulliste, modérée, ne transigeant jamais avec les idées d’extrême droite, et une droite extrême, reprenant largement à son compte une bonne part de la doxa d’extrême droite.

Face à la montée électorale de l’extrême droite, si la droite extrême a remporté des succès électoraux et a endigué la progression du RN sur ses terres c’est en réalité en reprenant à son compte les fondamentaux de l’extrême droite. Electoralement parlant, le résultat est probant puisqu’ils triomphent dans les urnes. Mais le problème est d’une autre nature. Il est éthique : on ne combat pas l’extrême droite en faisant la promotion et en appliquant les idées d’extrême droite. Ainsi la mainmise électorale d’un Éric Ciotti ou d’un Laurent Wauquiez est une victoire en trompe l’œil : si cette droite là laisse peu de place au RN c’est qu’elle s’est en réalité convertie à l’extrême droite. Les succès électoraux de la droite extrême française constituent au final une victoire de l’extrême droite. Or il ne s’agit pas ici seulement d’une « banalisation » des idées d’extrême droite mais d’une extension du domaine de la haine, du rejet de l’autre, du culte de l’autorité, d’un tout-sécuritaire omniprésent, de l’exacerbation d’un identitarisme culturel et ethnique mortifère.

La droite française ne sera légitime à faire injonction à la gauche et à l’écologie de faire barrage à l’extrême droite que lorsqu’elle aura elle-même fait barrage à l’extrême droite dans son propre camp, dans ses propres rangs, et qu’elle aura tracé une ligne rouge à ne pas franchir entre le républicanisme et l’extrême droite.



De son côté, le camp de la gauche et de l’écologie s’est entre-déchiré en un éclair, enfermé dans les tourments d’un lendemain de premier tour électoral en PACA. On a vu fleurir, en ce début d’été, des champs d’anathèmes. On a récolté des invectives et des excommunications par foison. Peut-on seulement entendre que chacune des deux positions contraires, le maintien ou le retrait, se défendait légitimement ? Certains, bardés de certitudes, inaptes à vaincre droite et extrême droite, ont pris un plaisir inavoué à accabler ceux de leur propre camp qui, sur le terrain, étaient pris par le doute.

En vérité le devoir moral qui soudain incombait à la gauche et à l’écologie n’aurait pas dû leur incomber, ou du moins pas à elles seules. Si la droite, en PACA, avait de façon irréprochable et dans une clarté sans cesse renouvelée, fait barrage dans son propre camp aux idées d’extrême droite, la gauche et l’écologie auraient sans aucune hésitation constitué le fameux front républicain tant demandé.

La progression des idées d’extrême droite en France est telle que les lignes sont brouillées partout. L’extrême droite a semé ses graines dans les médias, dans la droite républicaine, dans la majorité présidentielle mais aussi à gauche. Il suffit de regarder CNEWS, de lire de contenu des lois dites de sécurité globale ou sur le séparatisme ou d’écouter un discours de Manuel Valls pour le constater.

A la dédiabolisation du RN s’ajoute la diabolisation de La France Insoumise. Une partie de cette nouvelle extrême droite exige désormais un front républicain anti-France Insoumise. Le renversement des valeurs est à son comble et une nouvelle injonction est désormais faite à la gauche de se séparer de la France Insoumise (injonction qu’avait anticipé EELV en PACA en refusant toute alliance avec la FI dans la liste de Jean-Laurent Félizia).

Or les ressorts de cette diabolisation de la France Insoumise ne relèvent pas d’une conception différente de la stratégie de développement économique (libéralisme – antilibéralisme) ou d’enjeux stratégiques majeurs (fédéralisme européen - frexit) mais, au fond, du déferlement de l’accusation d’islamo-gauchisme par la droite mais aussi et surtout par La République En Marche et les membres du gouvernement.

Cette diabolisation et cette nouvelle injonction faite à la gauche et à l’écologie est révélatrice car elle repose sur le triomphe de thèmes sociétaux, identitaires et sécuritaires qui saturent l’espace médiatique : l’obsession de l’islam et de la laïcité, le renoncement aux libertés individuelles devant la menace terroriste ou le risque sanitaire, le renouvellement perpétuel d’états d’urgences successifs rompant avec la séparation des pouvoirs, les atteintes répétées aux droits de la presse, de l’opposition, des associations, des manifestants, etc.

Or c’est très précisément sur chacun de ces thèmes que la droite traditionnelle doit se démarquer de l’extrême droite. C’est là la condition sine qua non de la légitimité à la fois de sa demande aux forces politiques de constitution d’un front républicain et à la fois de sa demande aux électeurs humanistes d’un vote à sa faveur.

Mesdames et Messieurs les représentants de la droite encore républicaine, la balle est dans votre camp.

mercredi 14 avril 2021

Convoqué par l'Aide Sociale à l'Enfance ? Vous ressortirez menotté !

 Communiqué de presse 

 Convoqué par l'Aide Sociale à l'Enfance ? Vous ressortirez menotté ! 

Nous, bénévoles de l'association Tous Citoyens et avocats membres du Syndicat des Avocats de France, dénonçons avec la plus grande fermeté les pratiques mises en œuvre par le Département et la Préfecture des Alpes-Maritimes :

De jeunes exilés ayant demandé la protection de l'enfance en qualité de Mineur Non Accompagné (MNA) mais ayant été évalués majeurs par l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE) sont convoqués dans les bureaux du Département 06, au Centre Administratif des Alpes-Maritimes, pour que leur soit notifiée leur fin de prise en charge. Ils sont, au sortir de cet entretien, arrêtés par la police, quasi systématiquement menottés et placés en retenue administrative, sans pouvoir bénéficier des conseils d'une permanence juridique. Après une audition expéditive et plusieurs heures au sein du local de retenue de la caserne Auvare, Il leur est notifiée une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF), porte ouverte à l’expulsion.

Cette procédure est d'une violence extrême pour des jeunes exilés ayant très souvent subi des sévices durant leur migration et présentant fréquemment des symptômes post-traumatiques. Elle entraîne une privation de l’exercice effectif de leurs droits : on explique aux jeunes qu'ils peuvent contester leur OQTF mais sans leur donner les moyens matériels d'exercer un recours, en les laissant seuls, à la rue, sans argent et sans accompagnement, avec 48h pour contester ladite décision et, souvent, sans même comprendre le français. 

L'avenir de ces jeunes qui ont subi, de leur exil et leur migration à leur arrivée en France, bien des souffrances, se trouve ainsi brisé, subissant de nouvelles entraves dans l'accès à leurs droits.

Il est, de plus, extrêmement choquant qu'un service social procède à des signalements donnant lieu à des arrestations par la police concernant de jeunes exilés ne présentant pas de menace pour l'ordre public. Ce procédé jette un discrédit sur l'ensemble de l'action sociale et est contraire au modèle social français. 

Nous demandons à Charles Ange Ginesy, Président du Département des Alpes-Maritimes et à Bernard Gonzalez, Préfet des Alpes-Maritimes, de mettre immédiatement fin à ces pratiques choquantes. 

Nous demandons à Claire Hédon, Défenseure des droits, que nous saisissons, d'intervenir auprès d'eux dans l'hypothèse où ils maintiennent ces pratiques.

Nous invitons, enfin, l'ensemble des acteurs concernés par la prise en charge des MNA (Département, Préfecture, Juge pour Enfant, structures de placement, associations bénévoles) d'accepter de dialoguer et d'œuvrer en commun pour un accueil digne et respectueux des droits de ces jeunes exilés dans les Alpes-Maritimes. 

vendredi 26 février 2021

Non à l'interdiction d'accès au bord de mer à Nice !

"Homme libre toujours tu chériras la mer" écrivait le poète. L'interdiction d'accès au bord de mer à Nice est absurde et contre-productive. L'insatiable et irrépressible besoin d'interdire de certains dirigeants touche au ridicule mais n'en demeure pas moins pénalisant pour habitants.


Interdire l'accès au bord de mer à Nice, en plus des mesures gouvernementales prises en concertation et à l'identique pour les différentes communes concernées, est absurde.

Quand la Ville de Nice comprendra-t-elle que la contamination est plus forte en espace clos qu'en extérieur ?

Osera-t-on nous dire que nous avons plus de risques de contamination sur le sentier du littoral que dans la file d'attente d'un supermarché ?

La municipalité anticipe-t-elle les conséquences de ses décisions ? Où les familles vont-elles pouvoir emmener les enfants durant ces week-end de vacances scolaires ? Interdire le bord de mer c'est immanquablement provoquer une concentration de population dans les parcs et jardins.

Quand Christian Estrosi comprendra-t-il que nous avons besoin de la mer, de son immensité, de cette infinie sensation de liberté qu'elle nous procure ?

Le sentier du littoral, la Réserve, la Promenade des Anglais, on dirait qu'entre arguments sécuritaires et sanitaires tout prétexte est bon pour priver les Niçois de ces sites incomparables.

Tout se passe comme si, chaque fois que la décision échappe au pouvoir du maire, certains maires se sentent obligés de montrer qu'eux aussi ont ce pouvoir suprême d'interdire, quitte à transformer le pouvoir politique local en simple pouvoir de nuisance.

vendredi 29 janvier 2021

Notre seuil démocratique de tolérance est atteint

L’exigence citoyenne de démocratie, de cohérence et de justice sociale face aux privations de libertés dues aux restrictions sanitaires est pleinement légitime. L'équation est simple : plus la démocratie fera défaut et moins les mesures imposées, quand bien même elles seraient indispensables, seront acceptables et acceptées. Notre seuil démocratique de tolérance est atteint.

La fable du monde d'après

Lors du premier confinement, un débat s'est engagé sur le "monde d'après". Nous étions nombreux, sceptiques, à ne pas croire à cette soudaine prise de conscience sociétale allant jusqu'au plus haut sommet de l'État. J'indiquais, le 28 mars 2020, qu'il n'y aura pas de monde d'après. Nous sommes entrés dans un continuum de crises successives qui, désormais, caractérise notre époque. Nous devons repenser notre agir collectif et individuel afin d'être collectivement et individuellement aptes à résister et à surmonter ces crises. Mais nous devons être aptes à vivre et à nous émanciper en temps de crise, précisément pendant celle que nous traversons, quelle que soit sa nature et ses effets. Je reprenais alors trois propositions connues de tous afin de nous permettre de traverser la crise actuelle en nous donnant les moyens d'anticiper celles à venir : 

1. Préserver nos contre-pouvoir et notre démocratie en temps de crise, ce qui implique de ne pas succomber à la tentation de l'État d'urgence.

2. Tendre vers une économie démondialisés et éco responsable. J'ai ensuite précisé en quoi la démondialisation ne peut être qu'écologique et humaniste.

3. Garantir un revenu universel à chacun. Et l'on voit aujourd'hui l'urgente nécessité de protéger les plus démunis et notamment les jeunes.

Dix mois plus tard, où en sommes-nous ? Le continuum de crise est bien là et, dans les Alpes-Maritimes d'où j'écris ces mots, nous avons été successivement submergés par la crise du Covid, l'attentat terroriste de la Basilique Notre Dame à Nice et la tempête Alex dans les vallées de la Tinée, la Vésubie et la Roya. Les atermoiements du pouvoir sont allés de mal en pis, infantilisant les citoyens et officialisant une gestion au coup par coup, sans aucun point de repère tangible dans un océan d'incertitudes. Le changement radical permettant de reconnaitre l'importance et de mieux rémunérer celles et ceux assurant des fonctions essentielles n'a pas eu lieu. Pire, le chômage partiel, les faillites et le recours aux minimas sociaux ont explosés. Des pans entiers d'activités faisant le propre de notre humanité ont été déclarés non essentiels comme l’art et les spectacles ou l'enseignement et la recherche universitaires, sans pour autant que les activités reconnues essentielles ne soient revalorisées. Le changement radical permettant de relocaliser les productions stratégiquement indispensables n'a pas eu lieu. La prise de conscience écologique est restée lettre morte. Après la pénurie des masques et la lenteur des tests vint la farce des vaccins. Ceux qui s'avèrent incapables de gérer la crise sont, de fait, inaptes à la surmonter. Les dégâts économiques, sociaux et psychologiques engendrés par cette non gestion de crise sont terribles. Et lorsque les citoyens exercent leur esprit critique et s'interrogent légitimement sur les mesures gouvernementales le Président voit en eux des "procureurs", formalisant ainsi une défiance des gouvernants face à la simple expression de la citoyenneté des gouvernés.

Homme providentiel, État d'urgence et décisionisme : une pensée d'extrême droite

Dans un fonctionnement démocratique normal, le parlement aurait voté, après le premier confinement, les mesures et dispositifs à mettre en place en cas de propagation faible, forte ou critique du Covid-19, avec des seuils clairement définis et les contraintes sanitaires correspondantes. Les citoyens, dûment représentés et correctement informés, auraient su à l'avance ce qui allait advenir au fur et à mesure de l'évolution de la contagion. Au lieu de cela, sous couvert d'un état d'urgence sanitaire fallacieux, nous assistons à une mise en scène du pouvoir aux mains d'un seul. Les citoyens sont contraints d'attendre ses allocutions télévisées comme celles d'un oracle, dans une fausse urgence sans cesse entretenue. Nous devons modifier notre mode de vie du jour au lendemain et plus l'incertitude perdure et plus la prédominance de celui qui décide en dernier ressort est grande. Emmanuel Macron a saisi l'opportunité de s'assurer enfin une stature de chef d'État, reprenant volontairement un vocabulaire martial et nous déclarant "en guerre". Plus cette situation d'urgence dure, plus l'effort de guerre demandé est lourd, et plus le citoyen accepte de suspendre l'exercice de sa citoyenneté et de s'en remettre à l'homme providentiel qui, seul, guide le peuple. Mais ce calcul du pouvoir est un jeu dangereux. Il pousse le citoyen dans ses derniers retranchements et, passé le discours culpabilisateur, la menace à peine voilée se fait jour : refuser d'obéir aveuglément fait automatiquement de vous un dissident.

On nous explique gentiment qu'un fonctionnement démocratique normal ne nous permet pas de faire face à une situation de crise où il faut prendre des décisions en urgence. On justifie ainsi le transfert des compétences du pouvoir législatif au pouvoir exécutif. On décrète un état d'urgence que l'on renouvelle sans cesse, devenant peu à peu permanent. La légitimité des décisions jusqu'alors fondée sur la représentativité des parlementaires n'est plus. C'est la décision seule qui préside et non la norme. Or l'histoire des idées politiques a une mémoire et cette théorie porte un nom : le décisionisme. Étrange mise en garde de l'Histoire, elle fut principalement portée par des penseurs d'extrême droite, Carl Schmitt en tête, théoricien du parti Nazi. Carl Schmitt écrivait : "Est souverain celui qui décide de la situation exceptionnelle". Entretenir une situation exceptionnelle sans cesse renouvelée par de nouvelles menaces permet ainsi de maintenir la figure du souverain et, de fait, la servitude, volontaire ou non, des gouvernés. Cette suspension de la démocratie est contraire avec tout ce qui fait l'identité politique de la France et rompt avec la séparation des pouvoirs. Elle prive le citoyen de l'exercice de sa citoyenneté. Elle n'est démocratiquement pas acceptable. Ce n'est pas cela, la démocratie.

Le seuil démocratique de tolérance

Nous avons accepté le premier confinement, puis le second. Nous avons accepté dociles, de ne sortir qu'une heure par jour dans un rayon d'un kilomètre. Nous avons accepté les auto-attestations vides de sens, les contrôles de police et, dans certaines villes, les drones et les haut-parleurs. Nous avons subi le discours martial, les déclarations de guerre contre un ennemi invisible, les laisser-passer et les couvre-feux. Nous avons été infantilisés et culpabilisés. Nous nous sommes résolus à ne plus nous voir, à nous priver de nos proches, à nous priver d'une part de nous-même en nous privant de relation sociale et de chaleur humaine. Des couples séparés par un confinement trop soudain, des séniors isolés, des jeunes privés d'avenir. N'y avait-il réellement aucune autre alternative ? Des accouchements avec masque et présence interdite du père, des mariages sans cesse reportés, des décès en EHPAD avec présence interdite ou très limitée de la famille. Est-ce ainsi que nous voulons vivre ?

Nous sommes prêts à bien des sacrifices encore mais il faut que les décisions prises soient partagées, que nous soyons consultés et que nos représentants aient un réel pouvoir de décision. Il ne s'agit pas de tirer au sort une trentaine d'entre nous pour donner le change. Il ne s'agit pas de reporter sans cesse les élections comme si la vie démocratique et notre pouvoir de décision étaient subsidiaires. Nous sommes prêts à participer encore davantage à notre lutte commune contre la propagation du virus mais encore faut-il que des explications claires et probantes nous soient données :

- Qui est en mesure de démontrer que le risque de contamination est plus grand assis dans une salle de théâtre, en respectant gestes barrières et distances physiques, que dans la file d'attente d'un supermarché ? 

- Qui peut démontrer que le risque de contamination est plus grand à 18h30 qu'à 17h30 ? 

- Qui peut nous expliquer pourquoi écouter un quatuor de Schubert à l'opéra est interdit quand aller au Puy-du-Fou est permis ? 

- Qui rendra des comptes sur la fermeture inutile des librairies quand les bureaux de tabacs restaient ouverts ? 

- Qui justifiera la mise économique à mort des clubs de sports amateurs quand les clubs professionnels jouent et passent à la télé ? 

- Qui nous prouvera qu'il est logique de fermer les restaurants respectant gestes barrières et distances physiques quand les cantines sont ouvertes ?

- Qui viendra expliquer pourquoi une manifestation contre une mesure gouvernementale est interdite pour raisons sanitaires quand le gouvernement appelle lui-même à manifester contre le terrorisme suite à un attentat ? 

- Qui rendra des comptes sur l'inadmissible fermeture des universités ? 

- Qui osera mettre dans la balance, de façon étayée, les conséquences économiques, sociales et psychologiques des restrictions sanitaires et leur efficacité démontrée ?

- Qui peut, enfin, nous démontrer que l'on agit avec autant d'énergie et de moyens pour lutter contre les autres principales causes de mortalité que contre la Covid ? 

Nous pourrions continuer longtemps la liste des incohérences, iniquités, décisions arbitraires et absurdes que nous subissons au quotidien.

Avant de proposer de prolonger des restrictions sanitaires et de reconfiner à nouveau, il faudrait a minima démontrer l'utilité des mesures sanitaires déjà prises, des couvre-feux et des confinements précédents.

Porter le masque, limiter les relations sociales, se confiner partiellement ou totalement, tout cela ne peut être sérieusement envisagé que s’il est prouvé, à l'issu d'un débat contradictoire libre et non faussé et d'un vote des parlementaires non tronqué, que ces mesures sont réellement indispensables et qu'il n'y a aucune autre alternative. 

L’exigence de démocratie, de cohérence, de transparence et de justice sociale face aux privations de libertés et aux atteintes à la vie privée provoquées par les restrictions sanitaires est pleinement légitime.

L’équation est simple : plus la démocratie fera défaut et moins les mesures sanitaires imposées, quand bien même elles seraient indispensables, seront acceptables et acceptées.

Aujourd'hui la réalité à est là : notre seuil démocratique de tolérance est atteint.