vendredi 2 juin 2023

"Reconquête" à Nice, la convergence des haines


"Reconquête" à Nice, la convergence des haines


Le mouvement d'Eric Zemmour, "Reconquête", organisait une "fête de la droite" square Durandy à Nice le 2 juin 2023 avec Philippe Vardon et Marion Maréchal en vedettes. A l'initiative du Comité Antifasciste 06, plus d'une trentaine de partenaires associatifs, syndicaux et politiques, dont l'association Tous citoyens et le rassemblement citoyen Viva, ont organisé un contre événement solidaire et fraternel, place Garibaldi. Il est important de mettre des mots sur ce à quoi nous sommes désormais confrontés.

Eric Zemmour, président du mouvement "Reconquête" a été condamné à trois reprises pour provocation à la haine raciale et religieuse. Reconquête est donc un mouvement mené par un délinquant multirécidiviste qui, les décisions de justice l'attestent, porte une parole raciste.

Reconquête est le parti qui promeut en France la théorie du "grand remplacement". Cette doctrine complotiste est totalement démentie par les faits : en 2021 le solde migratoire en France est de + 140 000 personnes à peine sur 67 millions d'habitants, et la population augmente seulement de + 0,3%. C'est une doctrine violente qui appelle à la "remigration" forcée des personnes étrangères. De nombreux attentats ont été commis par des suprémacistes blancs spécifiquement au nom du grand remplacement :
- Pittsburgh aux Etats Unis en octobre 2018 : 11 juifs tués devant une synagogue
- Christchurch en Nouvelle Zélande mars 2019 : 51 musulmans tués devant deux mosquées
- Buffalo aux Etats Unis en mai 2022 : 10 personnes majoritairement afro-américaines abattues dans un supermarchés
Les leaders de Reconquête font la promotion cette thèse en France, sans aucun discernement, sur tous les plateaux télé, sans se soucier de savoir si leur discours ne va pas pousser un plus extrémiste qu'eux à passer à l'acte.

Les campagnes menées par Reconquête libèrent la parole raciste, sexiste et homophobe dans le pays et incitent à la haine de l'autre. Les partis d'extrême droite institutionalisés désignent des cibles aux groupuscules d'activistes violents. On l'a vu avec le maire de Saint Brévin dont les véhicules et la maison ont été incendiés parce qu'il avait accepté que la préfecture ouvre un centre d'accueil pour réfugiés dans sa commune. Lorsque Philippe Vardon ou Alexandra Masson vont manifester devant un gymnase à Menton ou des hôtel meublés réquisitionnés pour l'accueil de mineurs isolés étrangers, ils désignent des cibles aux groupuscules d'ultra droite et rendent possible des actions violentes.

Si nous combattons Reconquête, qui est la formation politique la plus extrême et la plus radicalisée du panel politique actuel, nous combattons plus largement les idées d'extrêmes droites qui se propagent dans l'ensemble de la société via les médias et internet. Elles sont reprises par un arc de formations politiques ultralibéral et profondément xénophobe. Les thèses du retour au droit du sang, de la préférence nationale, de la déchéance de nationalité, de l'invasion, du grand remplacement ou de la remigration sont repris sous différentes formes et se diffusent de façon complètement banalisée. Pire, une partie du monde intellectuel et littéraire défend ouvertement des idées discriminatoires et fournit une matrice et une caution intellectuelle à l'extrême droite : Houellebecq, Onfray, Finkielkraut, Renaud Camus, etc. relayés sur une fascosphère très active sur les réseaux sociaux. Le rejet de l'autre, la xénophobie et le racisme sont leur ciment commun.

Le Président de la République reprend lui même le terme de "décivilisation" et c'est bien là une de leurs  caractéristiques communes : la défense d'une "civilisation" fantasmée qu'ils décrètent en danger, celle de l'homme blanc hétérosexuel, capitaliste et chrétien. Et cela se traduit par un dénigrement et un déclassement systématique de l'autre, de l'étranger. La diffusion et la banalisation des idées d'extrême droite est présente dès la première loi asile immigration de Macron avec Gérard Collomb. Elle est à l'œuvre dans chaque paragraphe de la loi sur le séparatisme. Elle transpire dans l'ensemble du travail législatif de la macronie. Elle est également à l'œuvre dans les pressions exercées sur la presse et sur les associations, dans le musèlement de l'action parlementaire, et, bien sûr, dans la répression des mouvements sociaux et les violences policières. On ne combat l'extrême droite en adoptant son langage, ses idées, et ses méthodes.

Du côté des LR, nous sommes à un point de bascule, celui d'un parti auto proclamé "les Républicains" qui passe publiquement à l'extrême droite. Quand des nationalistes veulent attaquer les droits de l'Homme dans leur pays ils doivent au préalable s'affranchir des accords et traités internationaux qui les en empêchent. C'est très précisément le sens de la réforme constitutionnelle et de la loi immigration proposées par Éric Ciotti. Ce projet va plus loin, sur plusieurs aspects, que celui du RN. La prise de contrôle des Républicains par Eric Ciotti est un tournant : Eric Ciotti, c'est le "républicain" qui est plus extrême que l'extrême droite elle-même.

Le RN de Marine Le Pen poursuit, lui, son travail de dédiabolisation, de normalisation et d'institutionnalisation, plaçant des élus à toutes les instances. Mais ce n'est pas parce qu'un parti d'extrême droite s'institutionalise qu'il n'en n'est pas moins dangereux, bien au contraire ! Après avoir été trois fois présent au second tour de l'élection présidentielle le RN est en mesure de faire basculer la France sous un gouvernement d'extrême droite, tout comme la Hongrie, la Pologne, la Suède et bien sûr l'Italie. Il se dessine ainsi une internationale fasciste très inquiétante. Quand Elisabeth Borne dit que le RN est "héritier de Pétain", Macron la recadre, alors qu'elle a historiquement raison : le RN est ici dédouané par le Président de la République lui-même.

Renaissance, LR, RN et Reconquête ont également en commun un ultralibéralisme économique et financier qui accroit les inégalités sociales. Par l'alliance du libéralisme économique et de la xénophobie ils cherchent à défaire toute possibilité de lien social et de vie commune. Ils détournent la colère des plus pauvres en désignant l'étranger comme bouc émissaire. Si l'extrême droite est souvent plébiscitée dans des territoires en difficultés c'est précisément en attisant les peurs et les ressentiments.

Marion Maréchal a expliqué, à Nice, vouloir faire des Alpes-Maritimes le "vaisseau amiral de la reconquête". Elle a réexpliqué sa volonté d'unir les droites sur la ligne idéologique de Reconquête. Or ce n'est pas un hasard si les leaders de Reconquête ou si Eric Ciotti ciblent Nice comme objectif politique. Nice est un laboratoire de ce continuum droites - extrêmes droites depuis de longues décennies : Jacques Médecin se disait d'accord à 99% avec le FN et a jumelé Nice avec le Cap en Afrique du Sud en plein apartheid. Jacques Peyrat, pro Algérie française, a opportunément rendu sa carte du FN pour prendre la ville. Christian Estrosi s'en prend régulièrement aux Roms, aux musulmans et aux SDF, pratique la ségrégation urbaine et transforme Nice en une zone techno surveillée à outrance. Et les leaders de Reconquête viennent ici festoyer, dans notre ville, et continuent de s'y implanter : nous ne laisserons pas faire. 

Nous ne laisserons pas Nice devenir un bastion xénophobe.  Nous ne laisserons pas Nice devenir le point de convergence des haines.

2 commentaires:

  1. Votre chiffre de 0,3% annuel est très largement contesté notamment par l’immigration clandestine. Une simple observation certes subjective dans la rue donne une autre impression et ceci partout en France. Vous êtes persuadé d’avoir raison mais devriez faire preuve de plus de modestie et doutes. Pour le rest au niveau du danger des extrémistes vous avez raison (racisme, sectarisme etc…). Mais au final votre discours ne les favorise t il pas en niants la situation qu’une large majorité des français perçoivent (de gauche et de droite) ? On peut certes décréter avec suffisance qu’ils sont manipulés par une presse aux ordres… ou percevoir un décalage entre vous et la population. Cdlt

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  2. 1° Nier une situation avec aplomb et assurance 2° 75 % des français disent vouloir un contrôle stricte de l’immigration 3° décréter qu’ils sont manipulés et donc les jeter dans les bras du RN 4° traiter de raciste et/ou de salaud , de fasciste tous ceux qui prônent un contrôle des frontières et de l’immigration comme au Danemark ou l’extrême-droite s’est effondrée. 5° Finir à 4% persuadé d’avoir raison et d’être un antifasciste…

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