vendredi 27 septembre 2024

Xénophobie obsessionnelle


Xénophobie obsessionnelle


Une xénophobie obsessionnelle sature les chaînes d'information continue, les médias et les réseaux sociaux. Elle s'étend par contagion à l'ensemble du débat public. 

Fonds de commerce de l'extrême droite, on la retrouve désormais chez les LR et au sein de la macronie, ceux-là mêmes qui prétendaient faire barrage... à l'extrême droite.

Elle se cristallise, en ce mois de septembre post-dissolution, autour de trois thématiques récurrentes :

Le fantasme de la frontière

Contrôler, durcir les contrôles, déployer des drones, traquer, arrêter, refouler, expulser, poser des barbelés, bâtir des murs et des miradors...

Le fantasme de la frontière étanche revient constamment mais se heurte pourtant à la réalité. Les murs de Trump et Orban, le blocus maritimes de Meloni, toutes ces tentatives échouent les unes après les autres. L'Homme a toujours migré et migrera toujours. Murs, barbelés et miradors n'y pourront rien changer. Penser que l’on peut stopper des personnes luttant pour survivre est illusoire. La "fermeture" des frontières a le plus souvent pour conséquence de pousser les personnes cherchant refuge à prendre des risques inconsidérés et à se mettre en danger pour passer. Les décès se multiplient dans la Méditerranée, dans la Manche, comme à la frontière franco-italienne.

Rêvant d'une société fermée et du contrôle permanent des individus, des territoires ont développé une forme de paranoïa institutionnelle où le pouvoir devrait savoir en permanence qui est où, avec qui et pour quelles raisons. Vidéo surveillance, drones, demande de reconnaissance faciale, tout un arsenal technologique est déployé dans ce dessein. La frontière représente alors la clef de voûte de cet univers clos. L'idée même qu'une personne transgresse les interdits et passe la frontière, quelqu'un qui n'a pas de papiers d'identité, pas de visa et qui vient, ici et maintenant, incarner, là, devant vous, la figure de l'étranger, voilà qui est proprement insupportable pour les tenants du tout sécuritaire. Le migrant incarne l'échec de cette volonté de contrôle permanent, l'échec de la techno-surveillance poussée à l'extrême. Et cet échec, pour certains, devient insupportable.

Christian Estrosi, maire de Nice et président de la Métropole Nice Côte d'Azur, a publié un communiqué de presse le 17 septembre dernier demandant le rétablissement des contrôles à la frontière franco-italienne. Il a aussitôt été imité par Alexandra Masson, RN. Michel Barnier, premier ministre LR, a lui aussi évoqué le renforcement des contrôles et les "frontières passoires" de la France.

Tous citent l'exemple allemand et la restauration du contrôle à certaines frontières internes de l'Union Européenne.

Cette demande témoigne d'une méconnaissance totale de la réalité, pour au moins deux raisons :

1. Le nombre d'arrivées d’exilés à la frontière franco-italienne est historiquement bas.

2. Cette frontière interne à l'Union Européenne est en réalité déjà "fermée" et soumise à contrôles depuis 2015. Ces contrôles ont même été renforcés en 2020.

Le fantasme de la frontière, contredit par la réalité, révèle alors toute son irrationalité.

La focalisation sur l'Aide Médicale d'Etat (AME)

Les attaques récurrentes contre l'Aide Médicale d'État touchent à notre humanité la plus profonde : refuser de soigner des personnes malades ou blessées. Quel degré de xénophobie ambiante ou de racisme généralisé faut-il que l’on ait collectivement atteint pour que l’on soit contraint de défendre le fait de soigner une personne indépendamment de son statut administratif ? Sommes nous devenus à ce point inhumains qu'il faille justifier de soigner un malade ?

Bruno Retailleau, à peine nommé ministre de l'intérieur, s'est empressé de réaffirmer sa volonté de déconstruire le dispositif de l'AME.

Supprimer l'Aide Médicale d'État ou la réduire aux situations d'urgence, c'est :

- Attenter à notre humanité : toute personne a droit aux soins, quelle que soit sa situation administrative.

- Attenter à l'éthique et la déontologie des soignants et leur imposer le non-respect du serment d'Hippocrate.

- Créer un risque pour la santé publique en augmentant le risque de contagion

- Augmenter la dépense publique car attendre que les pathologies s'aggravent coûtera plus cher que de soigner les patients le plus tôt possible.

Le débat sans fin sur l’Aide Médicale d’Etat est symptomatique d’une xénophobie ambiante poussant à la déraison collective. Ni le caractère à l'évidence discriminatoire du refus de l'accès aux soins ni le risque de contagion ne semblent plus peser dans le débat. Le nouveau ministre de l’Intérieur adopte une posture purement idéologique et déconnectée du réel.

La surproduction d'Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF)

Le débat sur les Obligations de Quitter le Territoire Français est d'une pauvreté affligeante et une grande confusion est entretenue. Les OQTF visent très majoritairement des étrangers non-délinquants. Or le débat public actuel laisse penser que toute personne sous OQTF est délinquante, ce qui est faux. Nous assistons à une production massive d'OQTF, 130 000 en 2022, dont beaucoup sont inexécutables ou illégales. Cette surproduction génère une saturation des services qui empêche de suivre la minorité de personnes présentant un danger réel pour l'ordre public.

On se focalise à tort sur la non-exécution des OQTF sans regarder le contenu et la qualité des OQTF produites.

Dans les Alpes-Maritimes :

- Nous constatons régulièrement des OQTF mal rédigées, voire bâclées, des erreurs matérielles fréquentes et des copiés-collés grossiers. L'intéressé est mentionné guinéen en début de texte et se retrouve ivoirien trois paragraphes plus bas. Une dame est qualifiée de "Madame" en début de texte mais l'on indique "Monsieur" en fin de document. Les erreurs de dates de naissances ou de dates d'entrées sur le territoire sont récurrentes. Des paragraphes entiers sont copiés d'une OQTF sur une autre alors que l'argument évoqué ne s'applique pas dans le second cas. Etc.

- La préfecture ne tient pas compte des décisions de justice :

- Premier exemple : une personne demande sa régularisation. La préfecture ne répond pas. Un recours est déposé au tribunal administratif et le juge fait injonction au préfet d'examiner la demande. Mais la préfecture ne le fait pas. Le juge, après un examen du dossier au fond, fait injonction au préfet de délivrer un titre de séjour à la personne. Mais la préfecture refuse d'obtempérer. Il faut une troisième décision de justice infligeant une pénalité financière journalière tant que la carte de séjour n'est pas délivrée pour qu'enfin le droit au séjour du demandeur soit respecté. Durant ce long parcours judiciaire, parfaitement inutile et qui peut durer plusieurs mois, la personne concernée, sans papier, est plongée dans la précarité alors que c'est l'administration préfectorale qui n'a pas traité sa demande et a refusé d'obtempérer aux injonctions de la justice.

- Second exemple : le préfet délivre une OQTF à un jeune exilé se déclarant mineur suite à son interpellation à la frontière sur la base d'une "appréciation de minorité" réalisée par un agent de l'Aide Sociale à l'Enfance (service du Département 06) détaché au poste frontière de Menton. Le tribunal administratif casse cette OQTF car "l'appréciation" de minorité ne constitue pas une réelle "évaluation" faite dans le cadre d'une mise à l'abri. Le préfet sait donc que ce type d'OQTF ne respecte pas le droit. Il recommence pourtant. Une seconde OQTF identique est délivrée puis cassée elle aussi au tribunal... puis une troisième, une quatrième... nous en sommes à plus d'une dizaine. Le préfet des Alpes-Maritimes délivre donc sciemment des OQTF illégales. La plupart des jeunes migrants ne déposent pas de recours et leurs droits sont bafoués.

Et l'on voudrait que 100% des OQTF soient appliquées ? Alors qu'une grande partie des OQTF délivrées actuellement sont infondées et illégales et seraient cassées par la justice si elles étaient contestées ? La politique du chiffre et la production systématique d'OQTF génère des atteintes manifestes aux droits et a pour conséquence des drames humains, plongeant les demandeuses et demandeurs dans la clandestinité et la précarité. Mais, plus que cela, la législation accroît sans cesse le pouvoir discrétionnaire des préfets, ce qui est pleinement le cas de la loi asile-immigration. Ainsi les préfets peuvent attenter aux droits des personnes et très peu d'entre elles auront la possibilité d'aller en justice.

Obsession ou stratégie ?

Fantasme de la frontière, focalisation sur l'AME, surproduction d'OQTF, ces thèmes sont la preuve d'une xénophobie généralisée, décomplexée, tournant à l'obsession, qui anime le pouvoir et sature les médias. Bruno Retailleau, Michel Barnier, Emmanuel Macron et Marine le Pen ne parlent pas de "grand remplacement", "d'invasion" ou de "remigration", mais ces thèmes sont les présupposés de leur politique. Les électrices et les électeurs ont pourtant massivement voté pour un front républicain faisant barrage à l'extrême droite. Mais c'est bien une politique d'extrême droite qui est en passe d'être menée.

S'agit-il d'une réelle obsession ou simplement d'une stratégie de diversion pour écarter du débat public les questions de pouvoir d'achat, d'augmentation des salaires, des retraites ou du mal logement ? Sûrement les deux. Et si pour certains il s'agit au départ de faire diversion, la classe politique macroniste, LR, ciottiste, RN et Reconquête semble tellement abreuvée par son propre discours xénophobe qu'elle s'en est convaincue. Tout se passe comme si la xénophobie obsessionnelle s'auto alimentait en permanence. Cette phobie de l'étranger, cette hostilité manifeste envers la figure de l'étranger, infusant l'ensemble de la société, vient apporter un semblant de justification et de légitimité à ce qui n'est autre qu'une politique d'exclusion, xénophobe, si ce n'est raciste.

mercredi 18 septembre 2024

Appel à solidarité : un toit pour Patrick !

 Bonjour,


Patrick est un jeune camerounais de 16 ans qui a fui les conflits armés.

Il n'a pas été reconnu mineur par le Département 06 car il n'avait pas de documents d'état civil originaux. Une procédure est en cours au tribunal pour enfants de Nice pour prouver sa minorité et qu'il retourne en foyer.

Il est actuellement hébergé par une famille de bénévoles mais va se retrouver sans solution le 29 septembre.

Qui pourrait prendre le relais et l'héberger, à partir du dimanche 29 septembre, pour lui éviter la rue ?

Il est possible d'alterner l'hébergement entre plusieurs familles.

Contactez directement Murielle au 06.65.50.20.49

Solidairement,

L'équipe de Tous citoyens !

mardi 17 septembre 2024

Hébergement le week-end : aidez Bengaly à poursuivre ses études !

Bonjour 

Bengaly est un jeune guinéen de 17 ans, non reconnu mineur par l'Aide Sociale à l'Enfance car il n'avait pas de documents d'état civil originaux. Une procédure est en cours pour prouver sa minorité.

Bengaly est scolarisé au lycée professionnel Vauban à Nice. Il est hébergé en internat du lundi soir au jeudi soir mais il se retrouve à la rue le vendredi soir après les cours.

Nous recherchons un hébergement solidaire du vendredi soir au lundi matin. Il est possible d'alterner les hébergements en le prenant par exemple une semaine sur deux.

Poursuivre ses études est déterminant pour Bengaly, pour sa formation, pour son moral, pour son intégration en France et ce sera décisif à ses 18 ans, pour obtenir un titre de séjour.

Qui pourrait l'héberger le week-end ? 

Contactez directement Murielle au 06.65.50.20.49

Solidairement

L'équipe de Tous citoyens !

lundi 9 septembre 2024

Bilan de l'opération fournitures scolaires 2024

  

Communiqué de presse inter associatif :

Bilan de l'opération fournitures scolaires 2024



Il y a des records qui laissent un goût amer : cette année nous avons distribué un kit de fournitures scolaires de base à 871 enfants démunis.

Une formidable chaîne de solidarité :

Ce bilan est tout d'abord le résultat d'une formidable chaîne de solidarité. Nos associations ont collecté des dons financiers et en nature, acheté des fournitures neuves au plus bas prix possible, constitué de kits de fournitures scolaires de base par niveaux et les ont distribués aux enfants en situation de précarité, très majoritairement des écoliers et des collégiens. 

Nous remercions chaleureusement les donateurs, particuliers et associations, qui ont permis de collecter au total près de 16 000 €, les bénévoles qui ont dépensé une folle énergie avec plus de 70 personnes mobilisées, et nos partenaires : le soutien indispensable de la FSGT qui cette année encore a mis ses locaux à notre disposition, l'aide précieuse du Secours Populaire et des magasins Cultura, Intersport et Auchan.

Une misère sociale grandissante : 

Mais ce bilan est le reflet d'une misère grandissante. D'année en année le nombre de bénéficiaires augmente de façon alarmante : nous sommes passés de 250 enfants aidés en 2018 à 871 cette année, plus du triple en sept ans.

Notre action se fonde sur le principe d'égalité républicaine. L'école ne doit pas reproduire et encore moins accroître les inégalités sociales. L'école publique est gratuite en théorie, elle doit le devenir dans les faits !

Acheter des fournitures scolaires représente un poids important dans le budget des ménages, accru avec l'inflation et la crise sociale. Dans la seule ville de Nice, une personne sur cinq vit sous le seuil de pauvreté. 

82% des familles aidées cette année ne perçoivent pas l'allocation de rentrée scolaire. Il s'agit le plus souvent de demandeurs d'asile et de familles de nationalités étrangères venant d'arriver en France et ne percevant pas encore de prestations familiales. L'école est, pour ces enfants ayant connu l'exil, l'un des principaux vecteurs d'intégration. Réussir leur entrée en classe et leur scolarisation est déterminant.

Un appel aux maires des Alpes-Maritimes et au Département 06 :

Cette action citoyenne solidaire et bienveillante ne fait, en réalité, que pallier une carence des pouvoirs publics. En l'absence d'une loi nationale garantissant une gratuité effective de l'école publique, de nombreuses communes distribuent gratuitement des fournitures scolaires aux écoliers à la rentrée des classes : Paris, Lille, Roubaix, Grenoble, Marseille, etc. Dans les Alpes-Maritimes, à notre connaissance, seule Andon distribue des fournitures scolaires aux enfants. De nombreux Départements fournissent également une aide.

Nous appelons les maires des communes des Alpes-Maritimesle Département 06 et la Région Sud à prendre en charge la distribution gratuite des fournitures scolaires. L'accès à l'éducation est un droit, l'éducation est un bien commun et un service public. L'égalité républicaine et la justice sociale sont au fondement de notre citoyenneté et de notre vivre ensemble !


Nice, le 10 septembre 2024,

Les associations ADN, Cent Pour Un 06, Habitat et Citoyenneté,  Roya citoyenne, Tous citoyens, Vallées solidaires 06 et le Réseau Education Sans Frontières 06


dimanche 8 septembre 2024

« L’Avant-scène à Nice : l’impasse de la bétonisation à outrance »

 

Communiqué de presse de l’association Tous citoyens :

« L’Avant-scène à Nice : l’impasse de la bétonisation à outrance »

Le chantier de l’immeuble « l’Avant-scène » est à l’arrêt. Situé dans le quartier de l’Arénas, face au nouveau pôle de transport multimodal, l’aile Est de ce bâtiment de 36 000 m2 de surface au sol s’est enfoncée dans le sol de 16 cm.


Notre association Tous citoyens a été saisie par l’un des nombreux acquéreurs lésés. Nous demandons aux différents acteurs de ce dossier de faire toute la transparence nécessaire :
  • Le promoteur immobilier, le groupe Quartus
  • La Ville de Nice et la Métropole Nice Côte d’Azur
  • L’Établissement Public d’Aménagement (EPA) « Nice Eco vallée » qui pilote l’Opération d’Intérêt National (OIN) Plaine du Var
  • Le préfet des Alpes-Maritimes
Un constat s’impose et, a minima, deux questions se posent.

Le constat : une bétonisation en dépit du bon sens

Le projet immobilier l’Avant-Scène est situé dans la plaine du Var, dans une zone anciennement classée inondable et inconstructible. L’aménagement urbain de cette zone fait partie l’OIN Plaine du Var, projet dénoncé par de nombreuses associations et élus locaux depuis plusieurs années, qui aboutit à la bétonisation de zones naturelles et de terre fertiles, les anciennes cultures maraichères de Nice.


Le bâtiment l’Avant-scène, géré par le groupe Quartus, est contigu, au Sud, à la nouvelle gare Sncf Saint Augustin et à la nouvelle gare routière, et, à l’Est, aux trois arrêts de tram L2 et L3 « Grand Arénas ». Il est situé à 70 mètres à peine, à l’Est toujours, du tunnel en cours de construction reliant la voie rapide à l’autoroute A8.


L’immeuble est positionné, à l’Ouest, à proximité du Marché d’intérêt National (MIN) où doit être implanté le futur palais des congrès. L’Avant-Scène est donc au cœur d’un projet phare de la Ville de Nice et de la Métropole Nice Côte d’Azur : un nouveau pôle économique constitué d’un palais des congrès et de bureaux entourés d’hôtels de luxe, situés à proximité de l’aéroport (devant lui aussi faire l’objet d’une extension), d’une gare Sncf, d’une gare routière et de plusieurs arrêts de tram.

Si le projet économique peut, sur le papier, être séduisant, il se heurte à la réalité :

- Qui a pu penser construire un bâtiment aussi lourd et imposant sur un sol anciennement inondable ?

- Qui a pu penser que ce bâtiment ne subirait pas les vibrations causées par le passage incessant des trams et des trains ?

- Qui a pu penser que creuser le tunnel souterrain de la voie rapide dans un périmètre si réduit n’entraînerait aucune conséquence sur l’immeuble en cours de construction ?

La réalité est simple : la bétonisation à outrance et en dépit du bon sens, mène à l’impasse.

Question n°1 : quel accompagnement des acquéreurs lésés ?

Le permis de construire initial délivré par l'Etat date du 13.08.2018. Un permis modificatif a été délivré le 19.05.2021.

Les acquéreurs, séduits par un projet validé et soutenu par l'Etat, la mairie, la métropole et l'EPA Nice Eco Vallée, ont fait confiance au promoteur immobilier. La livraison initiale était prévue pour fin 2023. Elle a été reportée à début 2025, puis… fin 2026 !

Après que le sinistre ait été déclaré (bâtiment enfoncé dans le sol) et après l’arrêt du chantier, une expertise judiciaire a été rendue en septembre 2023 qui avançait l’hypothèse de consolider l’édifice par micro-pieux, des tiges d’acier plantées dans le sol tout autour du bâtiment. L’assureur demande désormais que toutes les pistes soient étudiées, y compris la démolition partielle ou totale. En clair, démolir reviendrait peut-être moins cher que consolider. L’expert judiciaire doit étudier toutes les options en vue de la prochaine réunion d’expertise du 9 octobre prochain.

Si le promoteur est responsable légal du projet, l'Etat a autorisé la construction. La Ville, la Métropole et l’EPA Nice Eco Vallée ont publiquement soutenu le projet et ont dans ce dossier une responsabilité morale. Comment se fait-il que l’ensemble des acquéreurs n’aient pas été reçu, a minima, par la Ville de Nice ? Qu’ils restent sans nouvelles hormis des courriers sporadiques du Groupe Quartus les menant de déconvenues en déconvenues ? Quel accompagnement et, éventuellement, quels dédommagements sont envisagés ?

Question n°2 : quel avenir pour l’Avant-Scène et l’ensemble du périmètre ?

Très concrètement, que va devenir le bâtiment ? Être renforcé et « redressé » ? Être construit mais en étant partiellement détruit ? Être totalement rasé ? Si destruction totale, que va devenir ce site ensuite, sera-t-il renaturé ?

Le maire de Nice, dans sa première missive à l’encontre du promoteur, évoquait un « défaut de conception » du bâtiment, ce qui semble être une évidence. Mais, s’il y a un défaut de conception du bâtiment « l’Avant-Scène », n’y a-t-il pas également un défaut de conception de l’aménagement urbain de l’ensemble du périmètre ? Est-il réellement sérieux de construire un pôle multimodal et un bâtiment de 36 000 m2 de façon concomitante au creusement du tunnel de la voie Mathis, le tout en zone anciennement inondable ?

Un autre immeuble devait être construit entre l’Avant-Scène et le tunnel de la voie Mathis, face au bâtiment « Connexio », comprenant 75 logements en « coliving » et des commerces. La conception du projet a été accordée par l’EPA Nice Eco vallée à l’opérateur « Apsys, aire nouvelle » en 2022. Ce projet, qui n’a toujours pas démarré, sera-t-il lui abandonné avant le premier coup de pioche ?

Le député Éric Ciotti cible le maire de Nice à propos de l’Avant-Scène, dans la poursuite de leur rivalité politicienne, mais le Département 06 dont il a été président et où il siège encore est membre du conseil d’administration de l’EPA Nice Eco Vallée qui a conçu l’aménagement de la Plaine du Var. Et c’est bien le projet de l’OIN Plaine du Var qui prévoit de bétonner l’ensemble de cette zone. Ne voir que les difficultés de construction d’un immeuble donné sans s’interroger sur l’ensemble de l’aménagement urbain de la zone entière serait une erreur.

Les déboires de l’Avant-Scène s’ajoutent à ceux de la construction de la nouvelle gare Saint Augustin et à ceux du tunnel reliant la voie rapide à l’autoroute qui a nécessité l’injection de ciment en urgence pour consolider le lit de l’édifice et qui devait initialement être livré en juin 2024. La réalité est pourtant simple : on ne construit pas sur des sols instables et sablonneux.

Ces différents chantiers auraient, selon la presse locale, pompé plus que de raison dans la nappe phréatique. Le préfet Moutouh vient enfin d’acter le conditionnement du développement urbain et des constructions à venir aux disponibilités de ressource en eaux. Nul doute que si une telle décision avait été prise avant le lancement des chantiers du pôle multimodal, du tunnel de la voie Mathis et de l’Avant-Scène, ces constructions auraient été revues à la baisse ou totalement empêchées.

L’ensemble du périmètre était autrefois classé inondable et inconstructible. Le porté à connaissance du préfet Gonzales, en février 2023, reclasse une partie alors constructible en zone rouge inondable, englobant une partie de l’aéroport et du quartier de l’Arénas.



Cette zone est limitrophe au MIN qui doit accueillir le futur palais des congrès, au pôle multimodal, à l’Avant-Scène et au reste du quartier de l’Arénas.

Dans ces conditions, et ce zonage pouvant encore évoluer, est-il raisonnable de poursuivre les constructions dans un périmètre si proche de la zone rouge inondable ?


Notre association demande :

- Que les acquéreurs de logements au sein de l’Avant-Scène soient reçus dans les plus brefs délais, réellement accompagnés et le cas échéant dédommagés.

- Que toute la transparence soit faite par le groupe Quartus, le préfet et la Ville de Nice sur la situation de l’Avant-Scène.

- Que toute la transparence soit faite par la Ville de Nice, la Métropole, l’EPA Nice éco vallée et le préfet sur l’aménagement de la plaine du Var, les avancées et retards des chacun des projets en cours.

- Qu’un moratoire soit décrété sur toute nouvelle construction dans la Plaine du Var tant que toute la transparence n’aura pas été faite sur chacun des projets en cours et que l’ensemble des risques n’auront pas été réévalués.



Nice, le 8 septembre 2024
Association Tous citoyens !

samedi 7 septembre 2024

"Ils ont déjà à peine de quoi se nourrir", une distribution solidaire de fournitures scolaires à Nice

 France 3 Côte d'Azur - "Ils ont déjà à peine de quoi se nourrir", une distribution solidaire de fournitures scolaires à Nice


Publie le 05.09.2024

"Ils ont déjà à peine de quoi se nourrir", une distribution solidaire de fournitures scolaires à Nice

Comme chaque année, "rentrée scolaire" rime, pour beaucoup, avec "dépenses en hausse". Alors, afin "d’assurer l’essentiel pour "une rentrée digne pour toutes et tous", sans condition, ni restriction, plusieurs associations niçoises se sont associées. Leur objectif : permettre de remplir le cartable d'un enfant avec un kit complet.

Elles sont sept ! Sept associations niçoises à être à l’origine d’une distribution solidaire de fournitures scolaires, cette rentrée 2024 à Nice.


Lors de la rentrée 2023, ce sont 700 kits qui ont été distribués. Cette année, dès la fin de la première journée... 595 kits étaient déjà partis.
Les kits de l’égalité des chances

Aider les plus précaires et contribuer à l'égalité des chances à l'école. Il est bien là l’objectif de ce collectif.
"En France on a comme principe républicain l’égalité où l'école publique est gratuite. Alors, si elle l’est en théorie, elle doit aussi l’être dans les faits." (David Nakache - Président de "Tous citoyens !")
Et le président de "tous citoyens !" d'ajouter : "un enfant a le droit d’avoir du beau matériel neuf, ça aide à prendre confiance et favorise forcément l’intégration. L'intégration de ces familles passe par l’école et il n’est pas rare que les enfants instruits aident ensuite leur famille dans leurs démarches”.
Une action citoyenne de longue halène

Depuis plus de 7 ans, ce collectif agit dans le département des Alpes-Maritimes. Il fonctionne de deux manières distinctes. D’une part, en faisant appel à la générosité de chacun et d’autre part en effectuant, lui-même, des achats de fournitures.

Ainsi, cet été, les associations ont lancé une campagne d’appel aux dons, qu’ils soient financiers ou matériels. Leur but, sensibiliser le public à la difficulté d’acheter des fournitures à la rentrée pour les familles dans le besoin.

“Nous avons effectué trois journées de récoltes devant le magasin Cultura et nous avons aussi pu négocier des achats groupés à un prix très compétitif avec Auchan La Trinité” explique David Nakache.


Ils sont une dizaine de bénévoles pour accueillir, durant deux jours entiers, les parents qui viennent chercher un ou plusieurs kits pour leurs enfants. • © France Montagne/FTV
Une aide sans condition ni restriction

Cette action citoyenne s’adresse à des familles en grande précarité, et ce, sans condition, ni restriction, comme l’explique David Nakache : "En fait, on a beaucoup de familles qui ne perçoivent aucune d’allocation familiale. Dans 90% des cas, ce sont des familles demandeuses d’asile, des "primo arrivants" en situation régulière dont les enfants doivent aller à l’école et qui ne perçoivent pas encore d’allocation rentrée scolaire".

Dans le système français, pour prétendre aux allocations familiales, les personnes étrangères doivent attendre 6 mois de résidence avant de pouvoir, légalement, y avoir droit.


Lors de la rentrée 2023, ce sont 700 kits qui ont été distribués. Cette année, dès la fin de la première journée... 595 kits étaient déjà partis ! • © France Montagne/FTV

Et David Nakache d'ajouter : "En général, les enfants de ces familles ont connu l’exil. Pour la plupart, ils sont traumatisés par leur histoire. Aujourd’hui, ils arrivent dans un pays qu’ils ne connaissent pas et dont ils ne comprennent pas la langue. Quand vient le moment de la rentrée scolaire, ils n'ont aucune fourniture scolaire. Leurs parents n'ont absolument pas les moyens de leur en offrir. Ils ont déjà à peine de quoi se nourrir, vous imaginez bien ! Alors, bien évidemment, c’est humain, quand ces enfants se retrouvent avec les petits Niçois... ils se sentent déclassés ! À part. Ils n’ont ni crayon, ni gomme, ni cahier. Rien".
En leur offrant des fournitures scolaires, nous les aidons aussi et surtout à s’intégrer par l’école. (David Nakache)
Alisa Marchitau est moldave. Elle a entendu parler, par le bouche-à-oreille, de cette distribution de fournitures scolaires. Elle a deux enfants qui sont scolarisés, cette rentrée, à Nice.

Mais, au vu de sa situation personnelle, elle n'a pas les moyens de leur offrir tout ce que l'école demande : " Nous sommes arrivés à Nice depuis seulement un mois et je n'ai droit à rien. Avant, nous étions dans un autre département français. Si je n'avais pas eu connaissance de cette action, les enfants n'auraient pas eu grand-chose pour étudier. C'est vraiment formidable, car ici, on ne nous demande rien. Pour être éligible à ce genre de chose, il faut tout un tas de documents que je n'ai pas encore. Je suis tellement heureuse qu'ils puissent être "un peu" comme les autres. Pour nous, les grands ce n'est déjà pas facile, mais pour eux encore plus. Les enfants ne sont pas tendres les uns avec les autres".


A chaque niveau sa spécificité en termes de matériel demandé par l'école. Pour le cours élémentaire, pas de compas ! • © France Montagne/FTV

Des kits pour chaque niveau

Accrochées au mur du local de distribution, les listes détaillées du matériel nécessaire pour chaque enfant, selon son niveau. Au pied de ces pense-bêtes, des sacs prêts entassé les uns sur les autres. Une sorte de "petit nécessaire" de première nécessité pour bien apprendre à l’école, cahiers, feuilles, stylos, classeurs ou encore trousses et ardoises…


Les listes des fournitures scolaires de rentrée sont, au fil des ans, de plus en plus fournies. • © France Montagne/FTV
Nous essayons de fournir ce qu’il n’y a pas ou ce qui manque à une rentrée digne.
Marica Gassin - Bénévole du collectif
Ainsi, un kit complet est constitué pour chaque niveau.

Pour les maternelles, il s’agit d’un petit sac à goûter, d’une boîte de crayon de couleur et d’un petit cahier et un crayon gris. "C’est symbolique, mais c’est important pour faire sa rentrée à l’école en maternelle" nous confie la bénévole.

Pour les plus grands, du CP au lycée : ardoise blanche, compas, kit de traçage, feutres ou crayons de couleurs, cahiers petit et grand format, classeurs, feuilles de copie simples et doubles, intercalaires, stylos, colle, gommes…


Depuis 7 ans, les associations ADN, Cent Pour Un 06, Habitat et citoyenneté, Réseau Education Sans Frontière 06, Roya citoyenne, Tous citoyens et Vallées solidaires 06 organisent, à chaque rentrée, une distribution de fournitures scolaires. Cette année elles ont distribué gratuitement plus de 800 kits scolaires. • © France Montagne/FTV

Ce sont les bénévoles eux-mêmes qui collectent et confectionnent les kits. Et ils font de leur mieux possible avec les moyens qu'ils ont comme l'explique Marica Gassin : “Ces kits ne répondent pas toujours, exactement, à la liste de fournitures qui est souvent trop grande au collège ou au lycée, mais ils permettent d’assurer l’essentiel pour une rentrée digne”.
Des demandes en nette hausse

Cette année, la rentrée scolaire s'est traduite, pour beaucoup de familles, par une augmentation sensible des dépenses.

Lors de la rentrée scolaire 2023, le collectif niçois a distribué 700 kits.

Cette année, la demande est en forte croissance : “Nous avons préparé 200 kits de rentrée supplémentaires après en avoir distribué 700 le premier jour ! Soit pratiquement deux fois plus que l’an dernier” nous fait remarquer David Nakache.

Parmi les dons, matériels, récoltés par les bénévoles il y a aussi des dictionnaires, des calculatrices, des livres... De quoi faire le bonheur de ceux qui les recevront. • © France Montagne/FTV

"Aujourd’hui, nous avons à faire à une vraie misère sociale, à une vraie précarité. Il y a beaucoup de personnes qui se présentent chez nous qui ne sont soutenues par aucune structure sociale. Elles ne sont dans aucun circuit d’aide et leurs enfants ont vraiment besoin d’aide".

Cette rentrée, nous avons pratiquement distribué deux fois plus de kits que l’an dernier.
David Nakache.
"J’en appelle aux pouvoirs publics. C’est leur rôle de fournir, à ces enfants, du matériel pour pouvoir bien travailler à l’école et donc de bien s’intégrer dans le pays qui les accueille. La ville de Marseille le fait. Lille aussi. À paris aussi".

Un schéma identique au niveau national

La semaine dernière, l'Unicef France et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) alertaient sur "les conséquences désastreuses, d'une enfance sans toit. Selon elles, plus de 2000 enfants sont contraints de dormir à la rue".

"C'est inadmissible, on ne peut pas accepter qu'une société traite ses enfants de cette manière", déclare à l'AFP la représentante de l'agence onusienne dans l'Hexagone, Adeline Hazan, dénonçant une "violation flagrante des principes de la Convention internationale des droits de l'enfant" ratifiée par la France.

À noter que ce baromètre ne prend pas en compte ceux qui ont renoncé à appeler le 115, les enfants vivant dans des bidonvilles ou en squats ou encore les mineurs non accompagnés. Le chiffre de 2000 serait donc largement sous-évalué, insistent Unicef France et la FAS.

Une étude qui fait, à sa plus grande tristesse, écho aux oreilles de David Nakache.

Y a une vraie précarité de l’enfance et de la petite enfance dans les Alpes-maritimes. Pour ces enfants-là, le fait d’avoir un stylo, un cahier et une trousse un peu jolie, c’est un rayon de soleil.
David Nakache.

Pour mémoire, selon l’enquête du 18 novembre 2023 sur le mal-logement sur le territoire de la Métropole Nice Côte-d’Azur réalisée par la Fondation Abbé Pierre auprès d’un panel d’acteurs institutionnels et associatifs, "près d’une personne sur cinq vit sous le seuil de pauvreté dans la Métropole Nice Côte d’Azur".

À titre de comparaison, en France, selon les données de l'INSEE de février 2024, 9,1 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, incluant environ 3 millions de familles.