dimanche 5 août 2018

Mineurs isolés étrangers dans le 06 : la réponse du Défenseur des Droits

La décision du Défenseur des Droits du 25.04.18 sur la situation des MIE dans les Alpes-Maritimes confirme en tous points le constat dressé par l'association "Tous citoyens" : non respect des droits à la frontière, nécessaire prise en charge et suivi post traumatique, indispensable ouverture des établissements scolaires...

Le 29 mars 2018 l'association "Tous citoyens !" a rendu publiques six propositions pour un accueil digne des mineurs isolés étrangers dans les Alpes-Maritimes (consultables ici).

Ces propositions ont permis d'une part de dresser un état des lieux des carences et non respect du droit à la protection de l'enfance à chaque étape du parcours administratif, social et judiciaire des mineurs isolés dans notre département et, d'autre part, d'émettre des propositions concrètes pour répondre point par point à ces manquements.

Elles ont été adressées au Préfet des Alpes-Maritimes, au Président du Département 06, au Recteur d'académie et au Défenseur des Droits.

Le Défenseurs des Droits a répondu à l'association "Tous citoyens" le 18 mai 2018 et nous adresse copie de sa décision n°2018-100 rendue le 25 avril 2018, suite à une saisine par plusieurs associations et syndicats et à une instruction qui a durée plusieurs mois :

- Sur le renvoi en Italie de mineurs non accompagnés : le Défenseur des Droits rappelle que cette pratique est contraire au droit et demande instamment au Préfet d'y mettre fin. Tout mineur intercepté à un point de passage autorisé doit être placé en zone d'attente, bénéficier d'informations dans une langue qu'il comprend et pouvoir être accompagné d'un avocat. Le Préfet doit respecter un jour franc avant tout renvoi et informer le Procureur de la République pour que ce dernier puisse désigner un administrateur ad hoc (habilité à déposer une demande d'asile pour le mineur). Les renvois à la frontières doivent être formalisée par des décisions écrites pouvant faire l'objet d'un recours, ce qui n'est pas le cas actuellement.

Il demande au Ministre de l'intérieur de veiller à le bonne application de ces recommandations.

Ces recommandations confirment l'illégalité des renvois à la frontières des mineurs non accompagnés par la Police de l'Air et des Frontières et le non respect des droits des mineurs, notamment pouvoir être accompagné d'un avocat et pouvoir déposer un recours. Le Ministre de l'Intérieur est officiellement saisi et ne peut continuer à ignorer la situation des mineurs isolés dans les Alpes-Maritimes.

Sur les conditions d'accueil des mineurs non accompagnés : le Défenseur des Droits rappelle son opposition aux tests osseux qui ne doivent intervenir qu'en dernier recours. 

Il rappelle au Président du Département et au Foyer de l'enfance que les mineurs doivent bénéficier d'examens médicaux particulièrement importants suite aux conditions extrêmes de survie durant leur migration et la nécessaire prise en compte de l'impact sur leur santé physique et psychique.

Il rappelle également, notamment au services de l'Education Nationale, que ces mineurs doivent être scolarisés en priorité dans les établissements scolaires ordinaires.

Il demande au Président du Conseil Départemental d'informer réellement les mineurs de leurs voies de recours auprès du Tribunal pour enfant et de leur fournir une liste d'associations pouvant les accompagner dans leurs démarches.

Il lui demande également de finaliser dans les meilleurs délais un protocole avec le Préfet afin de garantir une meilleurs prise en compte des documents d'état civil détenus par les mineurs. 

Le Défenseur des Droits demande enfin au Ministre, au Préfet, au Président du Département, au Recteur et au Directeur du foyer de l'enfance de rendre compte des suites données à ces recommandations dans un délais de trois mois suivant la notification de sa décision (rendue le 25 avril 2018).

Cette décision du Défenseur des Droits confirme en tous points le constat dressé par l'association "Tous citoyens" et par de nombreux observateurs et acteurs de terrain, associations, partis politiques et syndicats. Il conforte le bien fondé de nos propositions notamment sur le non respect des droits des mineurs isolés à la frontière, sur la nécessaire prise en charge et suivi post traumatique suite aux sévices subis et drames vécus lors de la migration, et sur l'indispensable ouverture des établissements scolaires aux mineurs non accompagnés.

Le dernier point relatif à la prise en compte des documents d'état civil est une allusion directe aux disparitions étranges des actes de naissance des mineurs dans les locaux de la Police de l'Air et des Frontières et des falsifications répétées des dates de naissance déclarées par les jeunes.

Nous attendons désormais les réponses à nos six propositions du Préfet, du Président du Département et du Recteur d'académie.

Enfin, le Ministre de l'Intérieur, le Président du Département, le Recteur et le Directeur du foyer de l'enfance doivent rendre des comptes au Défenseur des Droits avant fin juillet des mesures mises en œuvres suite à sa décision. Nous les invitons fortement, par soucis de transparence, à rendre public leur rapport.

La réponse du Défenseur des Droits et sa décision 2018-100 sont consultables ici.

Mineurs isolés dans le 06 : la CNCDH confirme le diagnostic de "Tous citoyens !"

La reprise du diagnostic de l'association "Tous citoyens !" par la CNCDH l'urgence d'une remise à plat complète de la prise en charge des mineurs isolés étrangers dans les Alpes-Maritimes. Combien faudra-t-il de rapports, d'observations et d'interpellations pour que les pouvoirs publics locaux des Alpes-Maritimes respectent le droit français, européen et international ?

La Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme (CNCDH) a rendu le 19 juin 2018 son "Avis sur la situation des migrants à la frontière franco-italienne".

L'association "Tous citoyens !" a été auditionné par la CNCDH le 13 avril et lui a remis ses "Six propositions pour un accueil digne des mineurs isolés étrangers dans les Alpes-Maritimes".

La CNCDH reprend, parmi ses 23 recommandations, les six propositions de "Tous citoyens !" qui deviennent respectivement les recommandations 14 à 19 :

- L'arrêt des renvois de mineurs en Italie et le respect de leurs droits à la frontière

- Une évaluation de minorité dans des conditions dignes, sans inverser la charge de la preuve

- Une meilleure formation du personnel menant les évaluations des mineurs

- Une information et la possibilité de déposer un recours pour les jeunes "déminorisés"

- Une meilleure intégration des mineurs isolés par l'éducation nationale et un apprentissage renforcé du français

- Un bilan et si besoin une prise en charge médico-psychologique des mineurs

Cette reprise de notre diagnostic au niveau national par la CNCDH, en plus du rapport du Défenseur des droits, vient confirmer notre analyse et l'urgence d'une remise à plat complète de la prise en charge des mineurs isolés étrangers dans les Alpes-Maritimes.

Nous rappelons que le Président du Département 06, le Préfet des Alpes-Maritimes, le Procureur de la République et le Recteur d'Académie ne nous ont toujours pas reçu et refusent nos propositions répétées de dialogue et de concertation.

Les droits de ces jeunes déracinés sont bafoués. Les soins médico-psychologiques d'adolescents ayant subis des sévices en Libye et le traumatisme de la traversée de la méditerranée ne sont toujours pas assurés. 

Combien faudra-t-il de rapports, d'observations et d'interpellations pour que les pouvoirs publics locaux des Alpes-Maritimes respectent le droit français, européen et international ?

L'association "Tous citoyens !"

"L'eau potable pour tous à Nice"


Communiqué de presse de l'association "Tous citoyens !" : "L'eau potable pour tous à Nice"


"La Ville de Nice a coupé l'eau de certaines fontaines pour éloigner les SDF en raisons des nuisances que leur présence provoquerait.
A Nice, il n'y a pas de toilettes ni de douches publiques gratuites que les SDF pourraient utiliser. On leur retire tout moyen de conserver un minimum d'hygiène, puis on prétexte de leur saleté pour les éloigner.

A Nice, les parcs sont grillagés et fermés la nuit. Des bancs publics ont des accoudoirs centraux pour que l'on ne puisse pas s'y allonger.

La Ville de Nice a pris un nouvel arrêté anti-SDF les chassant du centre ville pour que la misère ne soit pas visible sur les photos souvenirs des touristes.

On éloigne les pauvres, on ne combat pas la pauvreté. Tenter de sélectionner la population du centre ville, mener des actions de discrimination répétées à l'encontre d'un groupe donné, cela porte un nom : la ségrégation sociale.

L'eau, c'est la vie. Couper l'accès à l'eau potable est inacceptable. Il ne s'agit de pas de positionnement politique ni même de solidarité avec les plus démunis, il s'agit du respect des conditions minimales d'existence.

Le ministère de la santé a lancé le plan canicule 2018, préconisant à tous de s'hydrater. La Ville de Nice, par cet acte indigne porte atteinte à la santé publique.

Le maire de Nice doit réagir et revenir à la raison. Le Préfet des Alpes-Maritimes doit intervenir pour faire rétablir l'accès à l'eau potable partout dans la ville.

S'ils ne le font pas, nous, citoyens, mettrons tout en œuvre pour rétablir l'accès à l'eau potable pour tous à Nice."

L'association "Tous citoyens !

Canicule, vigilance orange : rétablir l'eau pour tous à Nice !

 L'eau pour toutes et tous à Nice !


La Ville de Nice a coupé l'eau de la fontaine de la Place du Pin pour éloigner les SDF, prétextant d'une demande de commerçants du quartier en raison des nuisances que leur présence provoquerait. En réalité, la très grande majorité des commerçants et restaurateurs sont opposés à cette fermeture et demandent simplement des mesures accrues de propreté et de sécurité.

On éloigne les pauvres, on ne combat pas la pauvreté. 

L'eau, c'est la vie. Couper l'accès à l'eau potable est inacceptable. Il ne s'agit de pas de positionnement politique mais du respect des conditions minimales d'existence.

Nous sommes, de plus, en alerte canicule et il est fortement recommandé à tous de s'hydrater au maximum. Couper l'accès à l'eau potable durant une alerte canicule, quel que soit le prétexte, est un acte irresponsable, contraire à la santé publique et à l'intérêt général.

Nous, riverains, associations, partis, syndicats, demandons :

- Le rétablissement en urgence de l'eau potable pour tous partout dans la ville

- La fin des mesures discriminatoires prises à l'encontre des SDF (arrêté anti-mendicité, mobilier urbain anti-SDF, insuffisance programmée des places d'hébergement d'urgence, suppression progressive des toilettes et douches publiques gratuites, etc.) et, au contraire, une réelle concertation et des mesures concrètes pour assurer des conditions d'existences dignes aux personnes en grande précarité à Nice : SDF (notamment les femmes), Roms, travailleurs pauvres, personnes âgées précaires, etc. 

Nous demandons également au Maire de Nice de bien vouloir nous recevoir pour faire toute la lumière sur ces mesures discriminatoires et œuvrer de façon constructive à l'amélioration des conditions de vie des personnes en grande précarité à Nice.

Enfin, nous demandons au Préfet des Alpes-Maritimes de faire respecter les mesures de santé publique en cas de canicule partout dans le département : à Nice comme ailleurs et sans aucun délai.

Premiers signataires : Les Amis de la liberté, Attac 06, Café suspendu Nice, la CGT 06, Convergence Services Publics, EELV 06, Ensemble ! Nice, France Insoumise, France Insoumise Migrants et Réfugiés, la FSU 06, Génération-s 06, la LDH section Nice, le Mouvement pour la paix 06, le MRAP, le NPA 06, Nice au Cœur, le PCF 06, le PS 06, le Parti de Gauche 06, RESF 06, le SAF Section Nice, Solidaires 06, Tous citoyens !

vendredi 11 mai 2018

Mineurs isolés étrangers : lettre ouverte au Président du Département 06

 Monsieur Charles-Ange Ginesy,

                  Président du Conseil Départemental 06

Nice, le 21 mai 2018


Objet : accueil et prise en charge des mineurs isolés étrangers

M. le Président,

Par ce courrier, nous souhaitons revenir sur l’accueil des mineurs isolés étrangers dans notre département.

Suite à de multiples rencontres et témoignages, nous pensons qu’il est fondamental d’améliorer leurs conditions d’accueil et d’accompagnement au plus vite, notamment à la Résidence Universitaire Nice Baie des Anges.

Notre département ne peut se satisfaire d’une simple « mise à l’abri », soit un lit et un peu de nourriture plus ou moins agréable.

La France est signataire de la Convention internationale des Droits de l’Enfant qui a des principes directeurs clairs :
- La non-discrimination
- L’intérêt supérieur de l’enfant
- Le droit à la survie et au développement
- L’opinion de l’enfant
- Le droit à l’éducation et la formation


Ces principes directeurs ne nous semblent pas respectés en l’état actuel des choses : un apprentissage de notre langue quasi inexistant, aucun accompagnement pour trouver une formation pour les plus de 16 ans, aucune possibilité de prendre les transports collectifs, aucun suivi psychologique alors qu’ils ont souvent vécu des atrocités insupportables, etc.

Comment pouvez-vous croire qu’un enfant isolé puisse trouver seul un contrat de formation quelconque en parlant peu le français et sans possibilité de transport ?

Le Conseil Départemental est garant des droits des mineurs et ces droits les plus fondamentaux ne sont toujours pas respectés.

Nous restons à votre disposition pour travailler à une amélioration importante de l’accueil des mineurs isolés étranger dans notre département.

Dans l’attente de votre réponse, veuillez agréer, Monsieur Le Président, nos respectueuses salutations.

Signataires : Fédération Syndicale Unitaire 06 – Groupe d'action thématique Réfugiés-migrants 06 de la France insoumise – Ligue des Droits de l’Homme 06 – Mouvement des Jeunes Communistes de France 06 - Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitiés entre les Peuples 06 – Parti Communiste Français 06 – Roya Citoyenne – Réseau Education Sans Frontière 06 – association Tous citoyens !

mercredi 2 mai 2018

Une marche contre le FN

 20 minutes Nice, 2 mai 2018




Nice, Paris, les enseignements du 1er mai 2018

On dit les Black Blocs d'extrême gauche mais la gauche n'a rien à voir avec eux. Face aux extrêmes-droites européennes nous avons organisé à Nice un 1er mai fraternel et bienveillant. Les ultra-libéraux veulent une UE uniquement économique. L'extrême droite propose une Europe politique, mais populiste et xénophobe. A nous de bâtir une Europe politique fondée sur l'éco-socialisme et l'humanisme.

Je condamne avec la plus grande fermeté les violences commises hier à Paris par les "Black Blocs". On les dit "d'extrême gauche" mais la gauche n'a rien à voir avec cela. La gauche c'est l'humanisme, la solidarité, la défense de l'égalité, des libertés et de l'intérêt général. Nous avons organisé à Nice un 1er mai sans violence, déterminé, fraternel et bienveillant.

Le FN, en invitant à Nice des partis ouvertement homophobes, sexistes, racistes et révisionnistes, a montré son vrai visage. Ne laissons jamais dire que c'est un parti respectable et républicain. Ne laissons pas Nice devenir le point de ralliement de l'extrême droite européenne, le point de convergence des haines.

La droite locale qui, au quotidien, met en oeuvre une politique d'exclusion et fait sienne les thèses d'extrême-droite n'est absolument pas légitime à jouer les remparts anti-FN. A l'imposture du FN qui tente de se faire passer pour un parti capable d'incarner les valeurs de la République, elle ajoute sa propre imposture qui consiste à prétendre s'opposer au FN tout en mettant en application une politique digne des villes frontistes (lire ici).

Marine Le Pen a lancé hier à Nice la campagne électorale du FN pour les élections européennes. Les ultra-libéraux ne veulent que d'une Union Européenne économique et empêchent systématiquement toute tentative d'Europe sociale. Mais l'extrême droite, elle, propose une Europe politique. Mais cette Europe-là est populiste et xénophobe. A nous de bâtir une Europe politique fondée sur l'écologie politique, une Europe humaniste, sociale et solidaire.