vendredi 28 février 2020

Être ou ne pas être de gauche à Nice

On m'interpelle encore et toujours sur la désunion de la gauche à Nice. En guise d'ultime réponse, je me souviens...

Beaucoup s'interrogent et m'interpellent sur la division de la gauche à Nice. J'ai déjà expliqué comment les tentatives d'union avaient échouées (lire ici) et je ne vais pas revenir sur ce sujet.

J'aimerais toutefois répondre différemment en partageant ici quelques souvenirs personnels. Et oui, il y a de l'humain derrière tout cela il n'y a pas lieu de le cacher.

Il y a six ans, j'étais encore au parti socialiste que j'ai quitté un an après en claquant la porte en juin 2015. J'étais encore au PS, nous venions de remporter l'élection présidentielle et nous allions de déconvenues en déconvenues avec la politique menée par François Hollande qui allait à l'encontre des engagements de campagne. Mais les municipales arrivant, il fallait faire bloc face à Christian Estrosi, face à une droite très dure que l'on avait bien souvent du mal à distinguer du FN. J'ai alors mené pleinement campagne au sein d'une liste d'union PS-EELV-PRG-MRC malgré, déjà, mes divergences profondes.

Je me souviens de ces soirées de campagne jusqu'à point d'heure, à quelques militants, planchant sur le programme municipal de la 5ème ville de France. J'ai co-écrit de nombreuses pages avec un militant PS dont je tairai le nom, moi commençant une phrase, lui la finissant dans cette émulation intellectuelle si particulière et si belle, propre à ces moments de cristallisation des idées et des projets. Aujourd'hui, six ans plus tard, je le vois retweeter frénétiquement les déclarations de Christian Estrosi et faire du porte à porte pour lui.

Je me souviens de ces séances de tractage avec les militants, dont un autre dont j'étais plus distant et dont je tairai également le nom, est aujourd'hui l'un des fidèles petits lieutenants d'Eric Ciotti.

Je me souviens de nos réunions de validation du programme avec le couple Mottard, dont Patrick est désormais colistier de Christian Estrosi, reniant ainsi l'espoir qu'ils avaient fait naître à Nice en 2001. Et c'est ce même Patrick Mottard qui appelait au début des municipales 2020 à une liste d'union de la gauche derrière Xavier Garcia !

Je me souviens de nos divergences avec Xavier Garcia qui a ensuite soutenu mordicus les pires excès sécuritaires de Valls et qui me soutiendra plus tard que "oui, les Roms n'ont vocation qu'à retourner en Roumanie" et ira jusqu'à défendre la tentative de déchéance de nationalité, reniant lui aussi nos idéaux humanistes. 

Je me souviens de Juliette Chesnel et de Fabrice Decoupigny, aujourd'hui colistiers de  l'affairiste Jean-Marc Governatori, lui qui a désormais purgé ses un an d'inéligibilité, lui qui était prêt jadis à faire campagne avec Brigitte Bardot dont les propos racistes et homophobes étaient déjà notoires, lui qui affirme en débat télé vouloir généraliser les voisins vigilants à Nice. Et je suis juste sidéré de voir Juliette et Fabrice rémunérer des salariés pour diffuser leurs tracts ou faire passer des militants pour des citoyens lambda dans de faux micro-trottoirs...

Je me souviens, bien sûr, de Patrick Allemand, qui a ensuite appelé à voter dès le premier tour de la présidentielle contre le candidat du PS, pourtant issu des primaires PS, Benoit Hamon, et a appelé à voter pour un candidat ultra-libéral, Emmanuel Macron, reniant lui aussi les fondamentaux du socialisme.

Je me souviens aussi de Jean-Christophe Picard et Marc Concas partis à l'époque avec Bettati, futur FN. L'un est aujourd'hui colistier de l'affairiste Governatori et l'autre d'Estrosi !

Je peux le dire en toute franchise, j'ai déjà goutté les joies du rassemblement de "toutes les gauches" et j'en ai encore le goût amer dans la bouche.

J'ai quitté depuis le PS pour rester socialiste et je le suis toujours, fidèle à mes idéaux. Mais, comme l'ensemble de l'échiquier politique a dérivé vers la droite pendant que je refusais de me laisser déporter avec lui, on m'a tout d'abord qualifié de "gauchiste", puis "d'islamo-gauchiste", puis "d'ultra-gauche" et maintenant de "candidat de gauche radicale". A croire que je mange aussi les petits enfants ! Je reste juste fidèle à Jaurès, à Blum, et à l'humanisme élémentaire qui devrait être le lot de tous.

Compte tenu des incompréhensions d'anciens camarades du PS pour qui j'ai toujours et respect et amitié, je vais clarifier une bonne fois pour toutes les choses concernant Patrick Allemand. Patrick, à de nombreuses reprises, par presse interposée et sur les réseaux sociaux, a mis en cause la liste Viva dont je suis membre, parlant à notre propos de "sectarisme" et "d'intolérance". Dans un message Facebook récent du 18 février il nous qualifie de "gauche de témoignage".

J'ai alors posé, publiquement, sur son mur Facebook, cinq questions à Patrick pour clarifier la situation : 

"Bonjour Patrick,

Jusqu'à présent je ne suis pas venu sur ton mur commenter tes propos. Mais si tu mets délibérément en cause la liste dont je suis membre, je vais te répondre. J'ai quelques questions pour toi et je te demande d'y répondre une à une sans en omettre aucune.
1. Penses tu que ton appel à voter Emmanuel Macron dès le premier tour de la présidentielle, c'est-à-dire un appel à faire perdre les candidats de gauche comme Benoit Hamon et Jean Luc Mélenchon, soit digne d'un homme de gauche et regrettes-tu cet appel et ce vote ?
2. Penses-tu que ta défense indéfectible du mandat de François Hollande et de Manuel Valls soit digne d'un homme de gauche ? Politique libérale comme politique sécuritaire, y compris leur tentative de déchéance de la nationalité ?
3. Comment as-tu pu voter pour une rue Jacques Médecin à Nice, homme politique ouvertement raciste, corrompu et 4 fois condamné à de la prison ferme et regrettes-tu ce vote ?
4. Comment un homme de gauche a-t-il pu s'abstenir et ne pas voter contre le travail le dimanche à Nice ?
5. Comment un homme de gauche a-t-il pu s'abstenir et ne pas voter contre le doublement de Cap 3000 ?

En te remerciant par avance pour tes réponses..."

La non réponse de Patrick est tombée un ou deux jours plus tard : "Cher David, (...) Quant à ta demande péremptoire de répondre à tes questions tu n'es ni mon père, ni mon professeur. C'est le retour de l'inquisition. Au lieu d'un tribunal ecclésiastique, c'est un tribunal militant qui juge qui est de gauche et qui ne l'est pas, un tribunal que tu adorerais présider..."

Tout est dit dans ce non dit : refuser d'expliquer ses prises de positions, refuser d'expliquer ses votes au conseil municipal alors qu'il est élu et donc représentant du peuple... C'est si facile d'appeler à voter contre la gauche, de ne pas défendre les valeurs de gauche en tant qu'élu et de refuser, ensuite, le débat consistant à savoir qui est de gauche et qui ne l'est pas. 

Alors oui, l'alliance avec Jean-Marc Governatori et Patrick Allemand est aujourd'hui impossible. 

Alors oui, je suis fier de faire partie de Viva !, une liste citoyenne présentant une femme à la mairie de Nice, Mireille Damiano, une liste citoyenne soutenue par le PCF, la France Insoumise, Ensemble et Génération.s et dans laquelle je me retrouve pleinement. 

Alors oui, merci de ne plus me parler d'alliance avec celles et ceux qui ont renié un à un les idéaux de la gauche à Nice. 

Les sondages donnent notre liste Viva ! aux portes du second tour. J'appelle l'ensemble des Niçoises et des Niçois humanistes et écologistes à voter en responsabilité, à nous rejoindre, à amplifier notre mouvement et à l’inscrire dans la durée en votant pour nous le 15 mars prochain.

lundi 3 février 2020

Pour une éthique municipale à Nice

 Charte pour une éthique municipale à Nice


Nous aimons Nice, mais souvent nous avons honte pour notre ville. Celle-ci traîne l’héritage pesant du médecinisme : clientélisme, corruption, discrimination, nonrespect des libertés individuelles et des droits fondamentaux, perte totale de valeurs et de priorités d'actions. Depuis plusieurs décennies, souvent, les politiques menées à Nice ont été marquées par un manque d'éthique.

La liste ViVA! présente ici 15 engagements permettant, a minima, de restaurer une véritable éthique municipale à Nice :

1. La Ville de Nice cessera d'honorer, célébrer ou attribuer des noms de rues à des personnalités ayant été condamnées pour des faits liés à la corruption, ayant tenu des propos racistes ou discriminatoires, ou ayant commis des actes répréhensibles.

2. La Ville de Nice cessera toute forme de stigmatisation ou de ségrégation de parties de la population, et cessera toute politique visant à alimenter les peurs et à favoriser la délation. Nous favoriserons l'émergence, à Nice, d'un « bien vivre ensemble ».

3. La Ville de Nice instaurera la parité femme-homme pour règle de toute instance existante ou à créer, y compris pour les présidences de commissions ou autres responsabilités.

4. La Ville de Nice respectera le plein exercice des droits de l'opposition, prises de paroles lors du conseil municipal, etc.

5. Nous garantirons la plus grande transparence concernant l'usage des fonds publics, les marchés et subventions.

6. Nous garantirons la plus grande transparence concernant l'attribution des logements sociaux et des places en crèche.

7. Nous garantirons la plus grande transparence concernant les décisions du conseil municipal, du conseil et du bureau métropolitains.

8. Nous garantirons la plus grande transparence concernant l'intégralité des indicateurs de sécurité, de pollutions et de santé publique, et plus largement l'accès aux données publiques.

9. Les élu·es devront respecter la laïcité, la liberté de culte et de conscience et une stricte neutralité en matière religieuse durant l'exercice de leur mandat municipal et/ou métropolitain.

10. Les élu·es devront rendre public leur patrimoine en début et fin de mandat, l'usage de leurs indemnités et l'effectivité de leurs présence et participation aux commissions et conseils municipaux.

11. Tout·e élu·e ViVA! au conseil municipal et/ou métropolitain n’exercera aucun autre mandat électif.

12. Tout·e élu·e ViVA! au conseil municipal et/ou métropolitain n’exercera pas plus de deux mandats consécutifs.

13. Tout·e conseiller·ère municipal·e mis·e en examen pour un délit d’atteinte à la probité dans l’exercice de ses fonctions d’élu·e sera suspendu·e.

14. Tout·e conseiller·ère municipal·e condamné·e définitivement pour un délit d’atteinte à la probité se verra retirer ses délégations.

15. Nous garantirons aux citoyennes et aux citoyens non seulement un pouvoir de contrôle, mais d’être partie prenante tant de l'élaboration, de la décision, de la mise en œuvre que de l'évaluation des politiques municipales.


Nice, vendredi 31 janvier 2020
Liste ViVA! Démocratie - Écologie - Solidarité

mardi 28 janvier 2020

Sur-tourisme et qualité de vie à Nice

Il a suffi de l'annonce d'une nouvelle épidémie, le coronavirus, pour que tremble l'économie niçoise. Certains commencent à comprendre, enfin, les dangers de la mono-activité touristique. En réalité, Nice est à un point de bascule dans un sur-tourisme écologiquement désastreux, dangereux pour la santé publique, destructeur de notre qualité de vie et économiquement contre-productif.

Nice est à la croisée des chemins. L'élection municipale des 15 et 22 mars 2020 constitue à bien des égards une dernière chance, une ultime possibilité pour inverser la tendance. D'un point de vue économique, il s'agit avant tout de ne pas franchir la ligne rouge du sur-tourisme, ce moment où le développement du tourisme nuit de façon irrémédiable à la santé publique, à l'équilibre social et économique, à notre qualité de vie et à notre environnement.

Le bon sens populaire nous invite à "ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier". C'est pourtant ce que l'intelligentia locale est train de faire. Le tourisme fait vivre beaucoup de niçois mais l'économie niçoise dépend trop du tourisme. Au lieu de diversifier les moteurs d'attractivité et de développement économique, nous sombrons encore davantage dans une mono-activité touristique dangereuse. La simple annonce de la propagation du coronavirus chinois a suffi pour faire comprendre à beaucoup que si l'une des principales provenance de touristes se tarissait les conséquences sur l'économie locale seraient immédiates. Pire, si les conditions climatiques se dérèglent encore davantage ou si le risque attentat devient tel que la "destination Nice" tombe pour les tours opérateurs, la très grande majorité de l'activité économique niçoise sera purement et simplement à l'arrêt. 

En réalité, trop de tourisme tue le tourisme. Le sur-tourisme, le développement à outrance du tourisme de masse, c'est la mort annoncée du tourisme éco-responsable. Et cette accélération du tourisme de masse intervient au moment même où une partie des acteurs locaux du tourisme font des efforts louables pour développer un tourisme respectueux de l'environnement.

Le choix du modèle de développement touristique constitue également un choix concernant l'image de notre ville et de nous-même que l'on souhaite donner au monde. Les touristes ne viennent pas à Nice pour retrouver le stress qu'ils ont fui à Paris ou ailleurs, des files d'attentes interminables, un tram saturé dès la station de départ à l'aéroport et des plages bondées. Nous voulons un tourisme où, en arrivant à Nice, les touristes se disent qu'il fait bon vivre à Nice, que nous, Niçois, nous avons bien de la chance de vivre ici et que, s'ils le pouvaient, ils resteraient ici pour s'y installer. Nous voulons donner aux voyageurs l'envie de revenir à Nice. Nous voulons montrer ce qu'est bien vivre à Nice et défendre notre art de vivre.

Le modèle de développement touristique a des conséquences directes sur la vie quotidienne des Niçoises et des Niçois :

- Sur la santé publique et sur la préservation de l'environnement tout d'abord. L'extension de l'aéroport de Nice est une aberration environnementale. Passer de 13 millions de passagers par an à 18 millions dès 2022 puis 21 millions en 2030 c'est plus de nuisances sonores pour les riverains, plus de production de déchets dans un système de gestion déjà saturé, plus d'embouteillages, plus de liaisons aériennes et de vols quotidiens et donc plus de pollution. Nice est classée avant dernière des douze plus grandes villes de France dans la lutte contre la pollution atmosphérique. 500 décès prématurés par ans sont liés, à Nice, à la pollution de l'air. Ne pas lutter contre la pollution est irresponsable, rajouter de la pollution à la pollution est coupable. 

- Sur l'emploi ensuite car plus le tourisme de masse est concentré sur des périodes ciblées de l'année et plus le travail devient un travail saisonnier et donc précaire. Une grande partie des actifs, et notamment des jeunes arrivant sur la marché du travail se trouvent alors cantonnés à des emplois de courtes durées et peu qualifiés.

- Sur le logement également car le sur-tourisme a pour effet une captation plus grande des appartements disponibles pour des locations saisonnières, y compris par des professionnels du Airbnb. Ce phénomène entraine une raréfaction des locations pour les habitants, une augmentation significative du prix du mettre carré et donc de plus grandes difficultés pour se loger, notamment pour les familles. Dans une ville où le taux de logements sociaux plafonne à 12% au lieu des 25 % fixés par la loi, il ne faut pas s'étonner si les actifs fuient là où le logement est moins cher. Et c'est l'un des facteurs déterminants de la perte d'attractivité et de la réduction du nombre d'habitants à Nice.

- Sur la qualité de vie enfin, et la façon d'habiter la ville et l'espace public. A l'échelle de la planète, 95% des touristes mondiaux s'agglutinent sur moins de 5% des terres émergées. Il en va de même à Nice où des parties entières de notre ville deviennent infréquentables, irrespirables tant ils sont surpeuplés en période estivale. Nous assistons alors à un développement urbain à deux vitesses : les "quartiers carte postale" où tout doit être parfait pour les touristes, beau, propre, sans cesse refait à neuf, et les autres, les oubliés, ceux qui ne concernent que les Niçois et sont délaissés, parfois laissés à l'abandon. Et ce développement à deux vitesses se retrouve également entre l'ouest et l'est de la ville. Christian Estrosi veut déplacer l'attractivité et "l'avenir" de la ville de Nice à l'ouest : OIN Plaine du Var, aéroport étendu, futur Palais des expositions et haut lieu du tourisme d'affaire… au détriment de l'est de la ville où les Arianencs bénéficieraient seulement d'un bien incertain tram-train. 

Le développement économique local doit être diversifié pour ne pas sombrer dans une mono-activité suicidaire et il doit également être équilibré sur l'ensemble de la ville.

Nous devons stopper le tourisme de masse et la bascule dans un sur-tourisme destructeur. Il en va de notre santé, de notre environnement, de nos emplois, de nos logements, de notre qualité de vie et de l'avenir de nos enfants.

La liste "Viva ! Démocratie, écologie, solidarité" constitue une réelle alternative à cette escalade désastreuse. Mobilisons-nous, votons et faisons voter les 15 et 22 mars. Après, il sera trop tard.

David Nakache

Président de l'association "Tous citoyens !"

Candidat à l'élection municipale à Nice sur la liste "Viva ! Démocratie, écologie, solidarités"