mardi 20 mai 2014

Européennes 2014 : blocage, boycott et désobéissance

Les "eurosceptiques" ont décidément bien du mal à exprimer une position claire et constructive durant ces élections européennes du 25 mai 2014.

Les "eurosceptiques" ont décidément bien du mal à exprimer une position claire et constructive durant ces élections européennes du 25 mai 2014.
Alors qu'une position souverainiste avait été posée de façon argumentée lors du référendum sur Maastricht, alors qu'une position anti-libérale s'était fortement affirmée lors du référendum sur le Traité Constitutionnel Européen, certains aujourd'hui souhaitent se faire élire pour "bloquer l'Europe", d'autre pour que la France entre "en résistance" face à l'UE et "désobéisse" à ses directives, d'autres enfin ne souhaitent pas se faire élire du tout puisqu'ils appellent au "boycott" du scrutin, et donc à l'auto-privation d'un droit fondamental acquis de haute lutte, le droit de vote.
Alors, me direz-vous, c'est parce qu'il n'y a pas "un" euroscepticisme, mais "des" eurosceptiques, certes. Vous me direz également qu'il ne faut pas mettre extrême droite et extrême gauche dans le même panier, et je vous rejoins sur ce point. Mais les positions exprimées sont elles pour autant tenables ?
Le blocage, c'est cette idée étrange trouvée par des personnes opposées à l'Union Européenne pour se faire élire... au Parlement Européen ! Et l'argument consiste à dire : "votez pour moi, j'irai à Bruxelles pour bloquer et paralyser l'Union Européenne". Résultat de cette stratégie grotesque : Jean-Marie Le Pen siège au Parlement Européen depuis près de 30 ans, y touche ses indemnités d'eurodéputé sans rien bloquer du tout. Mais les médias diffusent le discours en boucle, les électeurs y croient, et le FN devrait réaliser un très gros score le 25 mai. Triste monde.
Le boycott, c'est cette idée décapante d'auto-privation d'un droit pour la défense de ses droits. Si si, vous avez bien lu. L'argument consiste à dire : l'UE nous prive de nos droits et de notre souveraineté nationale, et, pour protester, je n'irai pas voter. Le jusqu'alors très républicain MRC de Jean-Pierre Chevènement, lui qui aurait pu se faire le champion d'un souverainisme républicain de gauche, va même jusqu'à lancer une campagne d'affichage sous le slogan : "L'Europe se fait sans nous, le 25 mai, ce sera sans moi". Si le rejet de l'Europe ultra libérale est légitime, on comprend alors mal comment, en désertant les instances décisionnelles que sont le Parlement et la Commission, une telle démarche peut aboutir à l'émergence d'une autre Europe. Et, si l'on estime que le Parlement n'a pas le pouvoir nécessaire, on comprend mal pourquoi ne pas aller voter serait préférable à voter pour une liste souhaitant renforcer le pouvoir législatif au sein de l'Union... Mais laissons là les questions subalternes ! Oubliée, l'importance du droit de vote ! Oubliée, la représentativité démocratique ! Oubliée, même, la reconnaissance du vote blanc ! Non non et non, le 25 mai 2014, qu'on le dise haut et fort, ces républicains là ne s'abstiendront pas en restant chez eux, ils boycotteront !
La désobéissance, parfois aussi affublée du doux nom de "résistance", c'est l'idée lumineuse selon laquelle en passant outre les décisions de l'Europe, en faisant fi de son autorité, on la renforcerait. Non, vous ne rêvez pas. L'argument consiste à dire : "votez pour moi, et la France résistera à Bruxelles. Ce sera une participation à l'Union à la carte, en prenant ce qui nous semble bon et en rejetant ce qui nous semble mauvais". Et d'ailleurs, pourquoi s'en priver ? Quoi de plus facile que d'en appeler à la résistance et la désobéissance civile face à l'oppression de la technocratie bruxelloise ? La tentation populiste l'emporte malheureusement sur le discours républicain. Et peu importe si l'argument se retourne contre ceux qui en usent. Car enfin, ceux qui appellent à la désobéissance sont précisément ceux qui, à gauche, souhaitent imposer un traité de l'Europe sociale, une véritable lutte contre les paradis fiscaux et une taxation des produits financiers réellement efficace. Mais ne comprennent-ils donc pas que lorsqu'ils voudront imposer ces mesures aux autres Etats membres, ceux-ci pourront dire : "Je désobéis ! Je résiste ! Vous, Français, vous désobéissiez lorsque tel ou tel traité ne vous convenait pas, et bien moi, je désobéis à mon tour et je n'appliquerait ni votre taxation des produits financiers, ni votre SMIC européen, ni vos mesures de protections des plus faibles !" La réalité, c'est qu'en affaiblissant l'autorité de l'Union aujourd'hui par la désobéissance, on se prive de toute Europe sociale demain.
Blocage, boycott, désobéissance : trois leurres auxquels il faut échapper le 25 mai. 
Alors, me direz-vous, que faire ? Si cette Union Européenne ne nous convient pas, il faut la réformer et pour cela, il faut voter et faire basculer la présidence de la Commission à gauche. 
Mais pour qui voter ? Je ne vais pas me cacher : socialiste contre l'austérité, en France comme en Europe, j'appelle à voter pour le PSE et pour Martin Schulz. 
Il faut lutter contre les paradis fiscaux, taxer suffisamment les produits financiers et contrôler les banques, suspendre les négociations du traité trans-atlantique et poser nos conditions, taxer aux frontières de l'Europe les productions ne respectant pas les normes sociales et/ou environnementales, imposer un salaire minimum dans chaque pays de l'Union et lutter contre le dumping social, réformer les institutions et renforcer les pouvoirs du Parlement... autant de propositions que porte Martin Schulz.
Il y a quelques temps déjà, Arnaud Montebourg avait déclaré : "Manuel Barroso est le carburant du Front National" (lire ici), expliquant que la politique d'austérité menée par le Président de la Commission, empêchant les Etats membres de répondre aux besoins des peuples d'Europe, faisait le lit du populisme et favorisait la montée des extrêmes droites au sein de l'Union. Il s'agit, en effet, de tirer les conséquences politiques des choix économiques de l'Union Européenne. Le candidat du PPE, Jean-Claude Juncker, ancien premier ministre de ce beau petit paradis fiscal qu'est le Luxembourg, ne fera que poursuivre la politique libérale de José Manuel Barroso. Or le vote pour des "petits" partis ne permettra pas de renverser la majorité libérale à la Commission. Seul le vote pour le PSE permettra de réellement changer la donne. 
Le 25 mai, ne nous cachons ni derrière une désobéissance ou un boycott contre-productifs ni derrière un blocage fictif, votons, et votons socialiste !

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