mardi 24 mars 2015

Elections départementales 2015 dans les Alpes-Maritimes, une défaite prévisible

Il est toujours difficile d’analyser la situation au lendemain d’une défaite. Au sortir du 1er tour des élections départementales 2015, dans les Alpes-Maritimes, la défaite est cinglante et appelle à une remise en question sans concession. La Gauche est éliminée dans 25 cantons sur 27 et cette déroute ne fait que confirmer et amplifier celle des municipales de 2014. Pour autant, nous ne devons pas noircir le tableau abusivement.
Marie Louise Gourdon et Jean Raymond Vinciguerra sont encore en lice à Grasse-2,  de même que le binôme Front de Gauche Tomasini – Tujague à Contes, et nous devons tout faire pour les aider à gagner.
La fédération du Parti Socialiste des Alpes-Maritimes a fait le pari de la jeunesse et du renouvellement. Je salue ce choix malgré la défaite. Nos candidats battus ont fait des campagnes courageuses et je tiens à les en féliciter. Un bon nombre d’entre eux a débuté la campagne avec un degré de notoriété quasi nul et ils ont tous obtenu des scores plus qu’honorables compte tenu du contexte.
Implanter de nouveaux visages dans le paysage politique local est une tâche longue mais cruciale, qui aurait dû être menée il y a déjà bien longtemps.
Les scores obtenus ont permis de contribuer à ce que le FN ne remporte pas une victoire éclatante dans le 06. Et cela, pour le républicain que je suis, c'est déjà une satisfaction.
Nous devons désormais tenter de tirer les enseignements de cet échec global et tenter de comprendre les mécanismes qui nous ont amenés là.
Le premier constat est nous payons cash la désunion de la gauche. Les Alpes-Maritimes ne font là que reproduire les erreurs des états-majors nationaux.
Le Front de Gauche, dès le début du quinquennat, ne s’est pas considéré comme faisant partie de la majorité et a préféré ne pas exercer le pouvoir plutôt que de risquer de se compromettre en menant une politique à laquelle il n’adhère pas.
Mais si, lorsqu’il s’agit de ne pas entrer au gouvernement, il laisse exercer le pouvoir par le Parti Socialiste, lorsqu’il s’agit de ne pas faire d’alliances aux élections locales, il laisse exercer le pouvoir par l’UMP ou pire, par le Front National.
Le socialisme gouvernemental lui, tente de reporter la responsabilité de l’accession au pouvoir local du Front National sur le seul Front de Gauche, comme si l’on pouvait défendre des positions libérales à longueur d’année et s’étonner ensuite du rejet du Front de Gauche lorsque l’on s’assoit à la table des négociations…
La réalité me semble éminemment plus complexe que cela et nous portons tous notre part de responsabilité dans la montée de l’extrême droite en France.
En 2012, notre candidat était en phase avec l’électoral de gauche. Et, par-delà le rejet du sarkozysme, les 60 engagements et le discours du Bourget faisaient sens pour le peuple de gauche. Le gouvernement, en menant une politique libérale, a brouillé le message.
Le Parti Socialiste, s’il veut rester fidèle à ses idéaux, à son identité historique et à ses électeurs, n’a pas à cautionner les renoncements de ce gouvernement. Et il a le devoir de proposer des solutions alternatives.
Il y a trois ans, nous détenions tous les pouvoirs et nous avions levé tant d’espoirs. Et qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Qu’en avons-nous fait ?
En réalité, la force du Front National réside dans notre propre faiblesse.
S’il ne fallait en donner qu’un seul exemple, et sans entrer dans les méandres des débats économiques, je prendrais celui de la République exemplaire. Si nous avions mis fin, de nous-même, à tous les abus d’une caste politique oligarchique, et sans attendre l’affaire Cahuzac, si nous avions donné l’exemple en assainissement l’ensemble des pratiques politiques, notamment par un non-cumul des mandats dans le temps et applicable durant le quinquennat, nous aurions donné moins de prises au sentiment du « tous pourris » qui nous fait tant de tort aujourd’hui et nous aurions démontré que oui, le changement, dès « maintenant », ce n’est pas qu’une coupable promesse.
Alors oui, le Parti Socialiste paye la désunion de la Gauche. Mais le Parti Socialiste paye surtout le manquement à la parole donnée, les renoncements, la perte de repères qu’il a lui-même causés. Et, en se mettant à la merci électorale du Front de Gauche, il ne révèle que sa propre incapacité à convaincre son électorat naturel.
Alors, quelle est la solution, me demanderez-vous ? Bien malin celui qui peut annoncer une recette miracle pour endiguer la montée de l’extrême droite. Mais, concernant la responsabilité de mon propre parti politique dans ce phénomène, je ne peux qu’appeler de mes vœux et œuvrer, à mon niveau, à son indispensable refondation.
Dans l’attente, et outre le soutien à nos candidats encore en piste, face au "ni - ni" irresponsable de l'UMP, nous devons, nous, démontrer aux électeurs que nous sommes exemplaires et que nous ne transigeons pas avec nos principes, quitte à être intelligents pour deux, et appeler publiquement tous les républicains à faire barrage au FN.
A ceux qui me diront à juste titre que la droite extrême azuréenne tient souvent des propos pires que ceux du Front National et entretient un populisme local dangereux, je répondrai « oui », c’est un fait. Pour autant, faire barrage au Front National ne veut pas dire dédouaner Eric Ciotti, Christian Estrosi ou Lionel Luca de leurs excès et de leurs fautes.
Mais ce dont il s’agit ici, c’est de la politique menée par le Conseil Général. Et, si elle est loin d’être parfaite et doit être largement améliorée, elle a le mérite, dans les Alpes-Maritimes, d’exister. La protection maternelle infantile et l'aide sociale à l'enfance, les aides aux personnes handicapées et aux personnes dépendantes, notamment aux personnes âgées, la précarité, nous parlons là du quotidien des plus faibles et des plus démunis. Souhaite-t-on réellement laisser le Front National peser sur tout cela ?

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