jeudi 13 août 2015

Pourquoi je n'irai pas à "Gaza sur Prom"

Citoyen engagé à Nice, on me sollicite pour rejoindre la manifestation "Gaza sur Prom" organisée aujourd'hui à Nice pour protester contre le fameux "Tel-Aviv sur Seine" organisé à Paris par Anne Hidalgo.
Une réponse rapide pour expliquer pourquoi je refuse de participer à cette initiative.
1. Tel-Aviv n'est pas Israel
Tel-Aviv, ville progressiste, doit être soutenue. La condamner en condamnant Israël revient à manquer de discernement et à adopter une posture manichéenne.
La maire de Paris, Anne Hidalgo, s'est expliquée très clairement sur son choix (lire l'intégralité de son communiqué ici) :
Même dans le contexte enlisé et violent du conflit israélo-palestinien, Tel-Aviv reste une ville ouverte à toutes les minorités, y compris sexuelles, créative, inclusive, en un mot une ville progressiste, détestée à ce titre en Israël par tous les intolérants.
C’est à Tel-Aviv qu’ont eu lieu les manifestations de solidarité les plus impressionnantes avec la famille de l’enfant palestinien brûlé vif par des fanatiques. Et c’est de là-bas que, le 1er août, son oncle a pris la parole pour s’adresser à la foule venue partager sa douleur.
(...) je ne saurais rendre une ville ou une population comptable de la politique de son gouvernement. Ce serait mépriser la démocratie locale et donc la démocratie tout court.
S’agissant ici de la première ville d’opposition en Israël, ce serait au mieux grotesque, au pire contre-productif. On peut condamner la politique du gouvernement Nétanyahou sans punir la population israélienne et nous punir nous-mêmes en refusant tout échange permettant d’apprendre à nous connaître.
Nos pactes d’amitié avec Tel-Aviv ou Haïfa ne nous ont pas empêchés en tant que ville, de reconnaître la Palestine avant l’Etat français ; d’être solidaires de la population de Gaza en mobilisant des aides d’urgence après les destructions de l’été dernier, et surtout d’avoir avec des villes palestiniennes, comme Jéricho et Bethléem, parmi nos plus importantes coopérations décentralisées en cours dans le monde.
2. On se trompe de cible :
En tant que citoyen français, partisan du respect des droits de l'Homme et souhaitant la création d'un Etat palestinien indépendant, je trouve tout à fait légitime de critiquer la position de François Hollande et Laurent Fabius vis à vis d'Israël.

En tant que niçois, je trouve parfaitement normal de s'opposer à la posture délibérément pro-israélienne du maire de ma ville, Christian Estrosi.

On peut penser qu'Anne Hidalgo a tort, que l'initiative est à contre-temps ou tout simplement malhabile, mais, en tant que niçois, manifester contre la maire de Paris... se serait clairement se tromper de cible.
La Ville de Nice développe-t-elle des coopérations importantes avec des villes palestiniennes comme le fait la Ville de Paris ?
La Ville de Nice a-t-elle reconnu la Palestine comme l'a fait la Ville de Paris ?
Défenseurs niçois de la cause palestinienne, regardez un peu la politique menée en votre nom par votre propre Ville...
3. Ne pas importer le conflit israélo-palestinien en France :
Nous avons suffisamment de populistes en tous genres à Nice, dans les Alpes-Maritimes et en PACA en général pour ne pas en rajouter en adoptant une position manichéenne sur une situation aussi complexe.
La situation à Nice est tendue. La cause palestinienne est souvent instrumentalisée pour alimenter un sentiment de rejet de la France, bien souvent prise comme premier argument par les fondamentalistes. 

Nice est victime du prosélytisme. Nice est l'une des villes de France d'où sont partis le plus de candidats au djihad, l'une des villes européennes où le recrutement pour le djihad a trouvé le plus d'écho.

Il me semble dangereux de contribuer à importer, ici plus qu'ailleurs, le conflit israélo-palestinien.
Voilà, rapidement, les raisons pour lesquelles je ne peux m'associer à cette démarche.
Je comprends bien sûr les arguments des organisateurs et, même si je ne les partage pas, je ne remets pas en cause leurs intentions.
Pour autant, la cause palestinienne mérite mieux, à mon sens, qu'une approche simpliste et nous devons nous garder, en toutes circonstances, de toute forme d'instrumentalisation, d'un côté comme de l'autre.

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