mardi 16 janvier 2018

Nice, la surveillance de tous contre tous

La Ville de Nice a lancé la phase test d'une application mobile nommée "Reporty" permettant à tout citoyen géolocalisé l'ayant installée d'envoyer les images d'incivilités dont il est témoin au centre de supervision urbain où des policiers municipaux les visualiseront en direct.

Il y a au minimum trois enseignements à tirer de cette expérimentation :

1. La Ville de Nice veut faire de tous ses fonctionnaires des auxiliaires de police

En effet, la Ville de Nice teste son application sur un panel de 2000 personnes dont en premier lieu ses agents disposant d'un téléphone portable professionnel qu'elle a incités à plusieurs reprises à utiliser Reporty.

Or on peut très bien être fonctionnaire territorial sans vouloir automatiquement devenir un auxiliaire de police bis...

2. Le maire de Nice enfreint les règles de la CNIL et porte atteinte à la vie privée

En effet, lors de la pause des premières caméras de vidéo surveillance, la ville de Nice s'était engagée auprès de la CNIL à ne pas filmer l'intérieur des maisons et à orienter ses caméras de telle sorte que ne puisse être filmée la vie privée des citoyens.

Or avec Reporty, n'importe quelle personne peut envoyer une image filmée à l'intérieur d'une habitation et cette image sera immédiatement visionnable au centre de supervision urbain. Cela constitue une atteinte manifeste à la liberté fondamentale qu'est le respect de la vie privée.

3. Christian Estrosi prône un modèle de société où la défiance et la délation deviennent la règle

Ainsi, quiconque voulant régler des comptes personnels, nuire à un voisin ou tout autre personne pourra utiliser Reporty pour cela. Christian Estrosi avait déclaré vouloir faire de Nice un laboratoire de la sécurité. Mais le tout sécuritaire franchit ici un pallier supplémentaire et on ne pourra plus revenir un arrière : la surveillance de tous contre tous est érigée en règle de vie. Une ville où la délation est félicitée, où les pouvoirs publics incitent à la défiance généralisée ne peut retrouver le chemin du vivre ensemble et de la cohésion sociale.

Un an et demi après l'attentat du 14 juillet 2016, Nice panse encore ses plaies et doit retrouver le chemin de l'apaisement. Attiser les peurs, alimenter la défiance et la surveillance de tous contre tous ne fait qu'entretenir un climat malsain et nous ramener en arrière. Alors que les citoyens relèvent la tête et veulent aller de l'avant, alors que partout les solidarités se font jours et que les citoyens tendent la mains aux plus démunis, le maire de Nice veut replonger la ville dans la peur. La France a déjà connu des régimes encourageant la délation. Nous refusons de revivre cela à Nice.

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