vendredi 27 avril 2018

Les deux impostures du 1er mai à Nice

Le 1er mai à Nice se joue une double imposture. La première est celle de Marine Le Pen qui fait passer le FN pour un parti républicain mais révèle sa vraie nature invitant des partis d'extrême-droite européens publiquement nostalgiques du fascisme. La seconde est celle de Christian Estrosi qui s'auto-proclame opposant à l'extrême-droite mais mène à Nice une politique digne des villes frontistes.

Nice est, à l'occasion du 1er mai, le théâtre d'une double imposture. 

La première imposture est celle commise par Marine Le Pen. Depuis qu'elle est à la tête du Front National elle tente de faire croire qu'il s'agit d'un parti respectable et républicain. Elle nie systématiquement qu'il soit une formation politique d'extrême-droite. Or Marine Le Pen révèle la vraie nature du FN en invitant, à Nice, les leaders de partis d'extrême-droite européens, dont certains sont ouvertement néo-fascistes, nostalgiques du IIIème Reich, tiennent publiquement des propos racistes et ont fait l'objet de condamnations par la justice. 

Le rassemblement frontiste du 1er mai est piloté par Philippe Vardon, fondateur de feu le Bloc Identitaire. Les Identitaires est un mouvement d'ultra-droite radical, longtemps tenu à distance par Jean-Marie Le Pen, qui fait la promotion des thèses de Renaud Camus comme le "grand remplacement". Il s'agit ni plus ni moins d'une coordination de différents groupuscules européens d'extrême-droite jusqu'alors éparses et non structurés. Génération Identitaire organise, via son projet "Defend Europe", des campagnes en méditerranée ou au Col de l'Echelle pour stopper les migrants. Si cette opération n'est pas déclarée illégale et empêchée, elle finira par provoquer un drame.

La dédiabolisation du FN est une mascarade. Nous refusons que la ville de Nice deviennent le point de rassemblement de l'extrême-droite européenne. Nous ne laisserons pas Nice devenir le point de convergence des haines.

Face au rassemblement des extrêmes-droites européennes, de nombreux syndicats, partis politiques et associations citoyennes se sont réunis pour organiser à Nice un 1er mai fraternel : 

Défilé pour la justice sociale

départ à 10h30, Jardins Albert 1er 

et concert-meeting contre l'extrême droite

13h, place Garibaldi

La seconde imposture est celle commise par Christian Estrosi. Le maire qui, au quotidien, mène à Nice une politique d'exclusion digne des villes frontistes et tente de se faire passer pour un opposant à l'extrême droite en publiant une tribune dans Le Monde, signée notamment par Eric Ciotti. Or combattre l'extrême droite ne se résume pas à faire de beaux discours, il faut mettre en conformité les paroles et les actes. Christian Estrosi et Eric Ciotti ont en réalité grandement contribué à banaliser les thèses du Front National en les reprenant à leur compte. 

Faut il rappeler le déchaînement réactionnaire constant d'Eric Ciotti ? Stigmatisation des migrants assimilés aux djihadistes, dénigrement des pauvres, réduction de l'aide sociale à "l'assistanat", retour au "droit du sang" cher aux partis nationalistes, "préférence nationale" déguisée en "modèle social différencié", culte du chef et de l'autorité,  instrumentalisation xénophobe de la laïcité contre les musulmans au profit des "racines chrétiennes" de la France et de l'Europe, etc. 

Faut-il rappeler le populisme sécuritaire obsessionnel et l'islamophobie chronique de Christian Estrosi ? 

Il entretient volontairement un amalgame constant entre islam et djihadisme notamment en déclarant que « l’islam est incompatible avec la démocratie ». Il a été condamné par le Conseil d'Etat pour "atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de culte" lors de son acharnement contre la mosquée En-Nour. Il a pris de nombreux arrêtés municipaux discriminants tous cassés par le Tribunal Administratif : contre les SDF, contre les Roms, contre les "mariages bruyants", contre les "drapeaux étrangers", etc. Il condamne le quartier défavorisé de l'Ariane en refusant que le tramway le desserve. 

Il entretient une surenchère sécuritaire constante entre vidéosurveillance,  reconnaissance faciale, policiers municipaux présents dans les écoles primaires, tentative d'incitation à la défiance généralisée par l'application "Reporty", heureusement interdite par la CNIL, etc. Il instrumentalise les faits divers, comme lors de "l'affaire du bijoutier". Il alimente sans cesse le rejet de l'autre, les polémiques et les invectives. Son comportement après l'attentat du 14 juillet 2016 fut proprement indigne et indécent. 

En définitive, qu'est-ce qui différencie réellement la politique municipale d'une ville FN et celle menée à Nice ? 

Parmi les signataires de son texte nous retrouvons également Gaël Nofri, l'ancien directeur de campagne du FN lors de l'élection municipale niçoise en 2014 ! Ce dernier a été depuis accueilli à bras ouvert dans la majorité municipale estrosiste, ce qui montre la porosité entre les deux formations politiques. La signature d'un plaidoyer anti-FN par un ancien directeur de campagne FN n'ayant jamais renié publiquement son idéologie est tout simplement grotesque.  

Bref, il ne suffit pas de publier une tribune dans un quotidien national pour devenir un opposant à l'extrême-droite, il faut en faire la preuve par les actes.

Face à cette double imposture, le 1er mai, à Nice, mobilisons-nous massivement, montrons que nous sommes plus nombreux qu'eux, montrons le véritable visage de Nice, des Niçoises et des Niçois, ouverts, solidaires, bienveillants et défenseurs de libertés.

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