Bonjour,
Notre pétition pour un carnaval ouvert et sans palissades à Nice (Nice - Pétition pour un carnaval ouvert et sans palissades !) a dépassé en deux jours les 1 000 signatures et les 200 commentaires.
Les réponses du premier adjoint à la Ville de Nice, Anthony Borré, ont parfois été relayées sans que nous puissions y répondre. Vous trouverez ci-dessous notre "droit de réponse" point par point.
Si notre pétition n'a pas encore fait tomber les prix et les palissades, elle a d’ores et déjà suscité un large débat dans la ville et elle a forcé la Ville de Nice à proposer, sous réserve de l'accord du préfet, un défilé carnavalesque sur l'avenue Jean Médecin, événement entièrement gratuit et sans déguisement imposé !
Solidairement
David Nakache
Communiqué de presse du rassemblement citoyen Viva :
Libérer le carnaval de Nice, droit de réponse
Le rassemblement citoyen ViVA! a lancé une pétition pour libérer le carnaval de Nice à la fois privatisé et bunkérisé, pétition en ligne ici : Nice - Pétition pour un carnaval ouvert et sans palissades !
A la suite de propos du premier adjoint à la Ville de Nice relayés dans la presse sans que nous puissions parfois y répondre, nous souhaitons apporter les précisions nécessaires autour de trois axes majeurs :
1. Le surtourisme et la frustration des Niçoises et des Niçois
Autrefois, le carnaval de Nice était géré par un comité des fêtes qui avait pour vocation d'organiser des événements pour les habitant·es. Il est désormais géré par un office du tourisme dont la vocation est d'organiser des événements pour les touristes. Beaucoup de Niçoises et de Niçois regrettent le temps où le carnaval de Nice était financièrement accessible. C'était un moment festif, familial, attendu et fêté collectivement. Le carnaval de Nice était un événement réellement populaire. Il est devenu un événement dont les habitant·es se sentent exclu·es.
Nous réaffirmons que le carnaval de Nice doit être un événement avant tout destiné aux Niçoises et aux Niçois et nous refusons de sacrifier la qualité de notre vivre ensemble sur l'autel de l'attractivité et du surtourisme.
Les carnavals de quartier sont restreints et peu aidés par la Ville. Six carnavals de quartiers sont prévus mais enfermés dans des jardins et, de fait, statiques. Nous proposons que chacun de ces carnavals puisse défiler dans son quartier. Il est possible d'impliquer davantage les habitant·es dans la préparation des carnavals de quartier.
Nous avons également perdu l'implication des écoles de Nice qui ouvraient ou fermaient le carnaval.
L'ouverture était gratuite lors des défilés des écolier·es et les gradins réservés aux familles de toute la ville.
Cette année, le carnaval s'arrête deux jours avant mardi gras !
La mise en retrait des carnavals de quartiers et la clôture du carnaval font réagir et nous sommes interpellé·es par de nombreuses habitants et habitantes qui font part d'une réelle frustration, voire de colère parfois. Certain·es parlent de sélection par l'argent, d'autres d'exclusion au profit des touristes, d'autres encore y voient une forme de séparatisme qui s'est peu à peu instauré sous deux aspects : les tarifs et la sécurité.
2. Les tarifs et la gratuité
Un couple avec deux enfants qui souhaite profiter de places en tribunes place Masséna devra débourser 76 € en zone A et 62 € en zone B. Les zones piétonnes sont moins chères mais beaucoup de personnes ne peuvent tenir en station debout durant tout un événement. C'est beaucoup trop cher. Notre ville est frappée par une crise sociale sans précédent. Le taux de pauvreté y est de 22% contre une moyenne nationale à 14%. Un·e Niçois·e sur cinq vit sous le seuil de pauvreté. Le rassemblement citoyen ViVA ! milite depuis longtemps pour que la lutte contre la précarité et la pauvreté soit une priorité de la politique menée à Nice, ce qui n'est pas le cas. La Ville de Nice ne doit pas calibrer sa tarification sur le pouvoir d'achat des touristes mais sur celui des Niçoises et des Niçois. Fixer des tarifs trop élevés revient à opérer une sélection par l'argent. Ce n'est pas admissible.
On nous rétorque que la gratuité est possible à condition d'être déguisé·e. Mais pourquoi imposer le déguisement à celles et ceux qui ont peu de revenus et ne pas l'imposer aux plus fortuné·es ? Si on impose le déguisement, il faut l'imposer à toutes et tous, et sans sélection par l'argent.
Il existe par ailleurs une réelle opacité sur l'accès gratuit au carnaval :
- Beaucoup de personnes se sont vu refuser un accès gratuit car elles n'étaient pas intégralement déguisées "des pieds à la tête".
- Il n'y a aucune explication sur le nombre de places gratuites disponibles dans chaque zone.
- Enfin, l'accès à l'emblématique bataille des fleurs est exclusivement payant.
Si nous ne demandons pas une gratuité totale pour maintenir un équilibre financier de l'événement, il est indispensable de revoir la tarification en la rendant abordable pour les Niçoises et les Niçois et de clarifier et garantir un accès réellement gratuit y compris pour la bataille des fleurs.
Autre piste possible : un carnaval gratuit pour les Niçoises et les Niçois mais payant pour les touristes, en garantissant un nombre suffisant de places gratuites dans chaque zone et chaque événement.
3. La sécurité
Nous demandons dans notre pétition le retrait des palissades noires qui encerclent l'événement dans un véritable bunker. Toutes celles et tous ceux qui ne peuvent offrir une place à leurs enfants vivent cela comme une exclusion. Nous assistons chaque année à des scènes récurrentes où les passant·es tentent de voir l'événement dont ils sont privé·es en le regardant à travers les interstices entre deux palissades noires. Ces palissades et la disposition du carnaval coupent la ville en deux et imposent aux usager·es de la ligne 1 du tram de descendre pour reprendre le tram plus loin et contraignent les automobilistes à de nombreux détours.
L'un des arguments opposés à notre démarche est la sécurisation de l'événement. La gestion du carnaval a pris un tournant sécuritaire à la suite de l'attentat du 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais, renforcé à la suite de l'attentat de la Basilique Notre Dame le 29 octobre 2020. Garantir la sécurité des participant·es est une priorité. Mais l'on peut sécuriser sans bunkériser. Il faut trouver un juste milieu entre maintenir l'aspect festif du carnaval et garantir la sécurité de l'événement. Beaucoup de villes ont subi des attentats meurtriers et parviennent à organiser des événements qui restent ouverts et visibles. Les palissades coupe-vues ont en réalité bien peu d'effet sur la sécurité de l'événement. L'intrusion par véhicule bélier peut être empêchée par la pose de blocs bétons (ceux qui ont précisément fait défaut le 14 juillet 2016) ; un barriérage et un dispositif de sécurité peuvent empêcher les intrusions ; des protections résistantes en plexi transparent existent, etc. Anthony Borré évoque le risque d'attroupement derrière des panneaux non occultants mais cela peut être évité par un barriérage à distance des panneaux. Il faut repenser la sécurisation du carnaval de Nice, si besoin en regardant ce qui se fait lors des grands événements à Paris, Barcelone, Rome, Venise, Londres ou Berlin.
Christian Estrosi vante une Nice sécurisée. Avant l'attentat de la promenade des Anglais il osait même faire la leçon à la maire de Paris. Mais, malgré une vidéosurveillance développée à outrance et des sacrifices financiers conséquents, la politique sécuritaire menée à Nice, fondée sur la techno surveillance, est un échec. Nous avons subi deux terribles attentats et le narcotrafic se déploie dans des proportions jamais connues auparavant. Le dispositif de sécurité mis en place le 14 juillet 2016 devrait par ailleurs faire l'objet d'un procès spécifique.
Enfin, à court d'arguments, Anthony Borré improvise une réponse à notre pétition pour rendre à nouveau le carnaval populaire : un défilé carnavalesque sur l'avenue Jean Médecin, gratuit et ouvert à toutes et tous. Ce défilé n'apparaît pas dans le programme officiel déjà bouclé de l'événement et attendrait, selon le premier adjoint, l'aval du préfet. Nous nous réjouissons de cette éventualité : si notre pétition n'a pas encore fait tomber les prix et les palissades, elle a d’ores et déjà suscité un large débat dans la ville et elle a forcé la Ville de Nice à proposer un événement carnavalesque entièrement gratuit et sans déguisement imposé.
Nice, le 22 janvier 2025
Le rassemblement citoyen ViVA !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire