A Nice, les tensions sont vives entre des communautés et des quartiers qui se sentent méprisés et d'autres qui les rejettent. L'attentat de la promenade des Anglais a ravivé les plaies. Reportage dans une ville divisée.
Sur la route qui sépare la plage du jardin Albert 1er, ça hurle de tous les côtés. Au lendemain du carnage de la promenade des Anglais, c'est là qu'une foule de Niçois s'est réunie pour rendre hommage aux 84 victimes du camion fou.
Certains se recueillent, déposent une gerbe, une bougie, un dessin. D'autres cèdent à la crise de nerfs: "Pourquoi l'a-t-on laissé passer? Pourquoi? Qu'est-ce qu'ils ont fait, les flics? Ils étaient où?" s'époumone une jeune femme.
Très vite, cette "place de la mémoire" improvisée, cernée par les caméras, prend des allures d'Agora. Plusieurs personnes répondent à la question, lancée à la cantonade. Tentent d'engager le débat.
Un maximum de morts avec peu de moyens
Les mots "insécurité", "immigration", "vote blanc" sont lâchés dans le brouhaha. On fustige "Hollande et son coiffeur à 9000 euros". Il y a là des retraités au crâne lisse et des ados à piercings, des résidents du bord de mer descendus promener Simba, le labrador familial, des touristes en claquettes. Mais aussi des visages noirs, bronzés ou aussi blancs que les balcons de l'hôtel Méridien, situé juste en face. Un condensé du peuple niçois, secoué au plus profond de son identité depuis l'attentat revendiqué par Daech, le 15 juillet, lendemain du drame.