France 3 Côte d'Azur - "Ils ont déjà à peine de quoi se nourrir", une distribution solidaire de fournitures scolaires à Nice
Publie le 05.09.2024
"Ils ont déjà à peine de quoi se nourrir", une distribution solidaire de fournitures scolaires à Nice
"En France on a comme principe républicain l’égalité où l'école publique est gratuite. Alors, si elle l’est en théorie, elle doit aussi l’être dans les faits." (David Nakache - Président de "Tous citoyens !")Et le président de "tous citoyens !" d'ajouter : "un enfant a le droit d’avoir du beau matériel neuf, ça aide à prendre confiance et favorise forcément l’intégration. L'intégration de ces familles passe par l’école et il n’est pas rare que les enfants instruits aident ensuite leur famille dans leurs démarches”.
Une action citoyenne de longue halène
Depuis plus de 7 ans, ce collectif agit dans le département des Alpes-Maritimes. Il fonctionne de deux manières distinctes. D’une part, en faisant appel à la générosité de chacun et d’autre part en effectuant, lui-même, des achats de fournitures.
Ainsi, cet été, les associations ont lancé une campagne d’appel aux dons, qu’ils soient financiers ou matériels. Leur but, sensibiliser le public à la difficulté d’acheter des fournitures à la rentrée pour les familles dans le besoin.
“Nous avons effectué trois journées de récoltes devant le magasin Cultura et nous avons aussi pu négocier des achats groupés à un prix très compétitif avec Auchan La Trinité” explique David Nakache.
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En leur offrant des fournitures scolaires, nous les aidons aussi et surtout à s’intégrer par l’école. (David Nakache)Alisa Marchitau est moldave. Elle a entendu parler, par le bouche-à-oreille, de cette distribution de fournitures scolaires. Elle a deux enfants qui sont scolarisés, cette rentrée, à Nice.
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Accrochées au mur du local de distribution, les listes détaillées du matériel nécessaire pour chaque enfant, selon son niveau. Au pied de ces pense-bêtes, des sacs prêts entassé les uns sur les autres. Une sorte de "petit nécessaire" de première nécessité pour bien apprendre à l’école, cahiers, feuilles, stylos, classeurs ou encore trousses et ardoises…
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Nous essayons de fournir ce qu’il n’y a pas ou ce qui manque à une rentrée digne.Ainsi, un kit complet est constitué pour chaque niveau.
Marica Gassin - Bénévole du collectif
Pour les maternelles, il s’agit d’un petit sac à goûter, d’une boîte de crayon de couleur et d’un petit cahier et un crayon gris. "C’est symbolique, mais c’est important pour faire sa rentrée à l’école en maternelle" nous confie la bénévole.
Pour les plus grands, du CP au lycée : ardoise blanche, compas, kit de traçage, feutres ou crayons de couleurs, cahiers petit et grand format, classeurs, feuilles de copie simples et doubles, intercalaires, stylos, colle, gommes…
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Ce sont les bénévoles eux-mêmes qui collectent et confectionnent les kits. Et ils font de leur mieux possible avec les moyens qu'ils ont comme l'explique Marica Gassin : “Ces kits ne répondent pas toujours, exactement, à la liste de fournitures qui est souvent trop grande au collège ou au lycée, mais ils permettent d’assurer l’essentiel pour une rentrée digne”.
Des demandes en nette hausse
Cette année, la rentrée scolaire s'est traduite, pour beaucoup de familles, par une augmentation sensible des dépenses.
Lors de la rentrée scolaire 2023, le collectif niçois a distribué 700 kits.
Cette année, la demande est en forte croissance : “Nous avons préparé 200 kits de rentrée supplémentaires après en avoir distribué 700 le premier jour ! Soit pratiquement deux fois plus que l’an dernier” nous fait remarquer David Nakache.
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"Aujourd’hui, nous avons à faire à une vraie misère sociale, à une vraie précarité. Il y a beaucoup de personnes qui se présentent chez nous qui ne sont soutenues par aucune structure sociale. Elles ne sont dans aucun circuit d’aide et leurs enfants ont vraiment besoin d’aide".
Cette rentrée, nous avons pratiquement distribué deux fois plus de kits que l’an dernier."J’en appelle aux pouvoirs publics. C’est leur rôle de fournir, à ces enfants, du matériel pour pouvoir bien travailler à l’école et donc de bien s’intégrer dans le pays qui les accueille. La ville de Marseille le fait. Lille aussi. À paris aussi".
David Nakache.
La semaine dernière, l'Unicef France et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) alertaient sur "les conséquences désastreuses, d'une enfance sans toit. Selon elles, plus de 2000 enfants sont contraints de dormir à la rue".
"C'est inadmissible, on ne peut pas accepter qu'une société traite ses enfants de cette manière", déclare à l'AFP la représentante de l'agence onusienne dans l'Hexagone, Adeline Hazan, dénonçant une "violation flagrante des principes de la Convention internationale des droits de l'enfant" ratifiée par la France.
À noter que ce baromètre ne prend pas en compte ceux qui ont renoncé à appeler le 115, les enfants vivant dans des bidonvilles ou en squats ou encore les mineurs non accompagnés. Le chiffre de 2000 serait donc largement sous-évalué, insistent Unicef France et la FAS.
Une étude qui fait, à sa plus grande tristesse, écho aux oreilles de David Nakache.
Y a une vraie précarité de l’enfance et de la petite enfance dans les Alpes-maritimes. Pour ces enfants-là, le fait d’avoir un stylo, un cahier et une trousse un peu jolie, c’est un rayon de soleil.
David Nakache.
Pour mémoire, selon l’enquête du 18 novembre 2023 sur le mal-logement sur le territoire de la Métropole Nice Côte-d’Azur réalisée par la Fondation Abbé Pierre auprès d’un panel d’acteurs institutionnels et associatifs, "près d’une personne sur cinq vit sous le seuil de pauvreté dans la Métropole Nice Côte d’Azur".
À titre de comparaison, en France, selon les données de l'INSEE de février 2024, 9,1 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, incluant environ 3 millions de familles.