Communiqué de presse de l'association Tous citoyens !
Toxicomanes, pauvres, exilé-es : une maltraitance sociale planifiée à Nice
Après avoir tenté, en vain, en 2018, de couper l'eau place du Pin pour éloigner les SDF ; après avoir fermé les douches publiques du Vieux Nice en 2019 ; après avoir engrillagé plusieurs espaces publics en 2020 faute de parvenir à les sécuriser ; après avoir, en 2022, chassé les migrants qui dormaient sur la digue du port ou sous l'autopont ; après avoir tenté, en vain, en 2023, de chasser les exilées dormant devant l'église du Vœu ; ou supprimé des maraudes en centre-ville début 2025 ; après avoir régulièrement pris des arrêtés anti-SDF avant l'arrivée des touristes, la Ville de Nice a annoncé un ensemble de mesures destinées à chasser du centre-ville les "populations errantes" jugées indésirables.
La fermeture de la rue Tiranty
La décision du maire de Nice de fermer la rue Tiranty en raison de la présence de personnes toxicomanes est contre-productive pour plusieurs raisons :
- D'un point de vue sécuritaire : la Ville de Nice n'est pas un centre commercial géant avec des vigiles à l'entrée et la sortie. Les riverains doivent pouvoir circuler librement et l'on doit défendre la liberté de circuler dans la ville. Les policiers municipaux ont d'autres missions à accomplir que de rester immobilisés à surveiller une seule rue. Notons par ailleurs que décider de fermer la rue Tiranty de 8h à 20h démontre que la Ville se soucie davantage des touristes qui seraient susceptibles de voir cette rue en passant avenue Jean Médecin que des habitants qui subissent davantage l'insécurité la nuit que le jour. Enfin, l'effet est de la mesure est déjà connu : fermer une rue, c'est déplacer le problème sur les rues voisines.
- D'un point de vue social : la Ville de Nice a fermé le Centre d'Accueil et d'Accompagnement à la réduction des Risques pour Usagers de Drogues (CAARUD) rue Offenbach en 2012 et a soutenu les riverains Bd Tzarewitch qui s'opposaient à la création D'un CAARUD en 2022. Le maire avait également encouragé les riverains du centre-ville à s'opposer à l'ouverture de centre de soins psychiatriques de jour. Nous payons aujourd'hui de ce refus de prise en charge des personnes toxicomanes ou présentant des troubles de santé mentale. Chasser du centre-ville les personnes en souffrance et pénaliser les riverains n'est pas la solution. C'est d'une véritable politique sociale et d'une politique de soin adaptée dont nous avons besoin.
La fermeture du centre d'accueil et de soins rue Fodéré
Le centre de la rue Fodéré regroupe un accueil des familles géré par le Secours Populaire et le dispensaire médical de l'Ordre de Malte. Les familles aidées par le Secours Populaire sont en grandes difficultés et beaucoup, y compris avec des enfants en bas âges, dorment à la rue. Le dispensaire de l’Ordre de Malte dispose d’une équipe pluridisciplinaire complète (médecins généralistes, gynécologues, psychiatres, pédiatres, infirmières…). Or ce centre, à peine ouvert en septembre dernier, doit déjà partir sur ordre de la mairie. Cette décision est un non-sens tant l'utilité de cette double structure est importante. L'implantation des centres d'accueil et de soins nécessite un temps long pour habituer les personnes en grande précarité à y venir régulièrement. Trouver un nouveau local à Nice avant fin août pour ces deux associations est mission impossible. L'accompagnement social et médical des personnes à la rue est un enjeu collectif de santé publique et de vivre ensemble.
La réduction et le déplacement des maraudes alimentaires
Après l'arrêt de la maraude alimentaire place Garibaldi et celle de la rue Fodéré, le maire de Nice annonce la fin de la maraude du jardin Thiole. Le résultat de ces fermetures est que les structures restantes comme l'accueil de jour du XVème corps, sont et seront encore plus saturées. Une nouvelle maraude est annoncée rue Dabray, à proximité du centre d'accueil de nuit de la rue Trachel, ce qui devrait amplifier le regroupement des personnes en précarité en grand nombre au même endroit. Cette concentration organisée des personnes SDF ne peut qu'engendrer les mêmes conséquences : des nuisances accrues pour les riverains, puis de nouveaux déménagements des structures et lieux d'accueil et de distribution.
La traque des exilé-es de l'église du Vœu
En 2023 Ville de Nice avait tenté, en vain, de chasser les personnes dormant devant l'église du Vœu. Alors que Christian Estrosi et Anthony Borré dénonçaient la présence de "clandestins" il s'agissait très majoritairement de personnes en demande d'asile attendant le traitement de leur dossier. Rappelons ici que c'est parce qu'il n'y a pas assez de places dans les centres d'accueil pour demandeurs d'asile que ces personnes dorment devant l'église du Vœu et que le droit d’asile est internationalement reconnu par la convention de Genève et est inscrit dans la constitution française.
Le maire de Nice annonce engrillager prochainement le jardin attenant à l'église et créer un jardin d'enfant là où les exilé-es attendent durant la journée, sur la promenade du Paillon. Pire, il déclare à la presse que "Les gens ne supportent plus de voir des étrangers s'approprier les lieux destinés aux Niçoises et aux Niçois", exprimant à nouveau une hostilité envers les étrangers qui porte un nom, la "xénophobie".
La politique d'exclusion menée par la Ville de Nice depuis des années constitue une maltraitance sociale pensée, planifiée et mise délibérément en œuvre. Les nouvelles mesures annoncées renforcent cette traque organisée et sont inacceptables d'un point de vue moral, contre-productives d'un point de vue sécuritaire et désastreuses d'un point de vue social.
Nice, le 16 juillet 2025
Association Tous citoyens !
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