samedi 29 août 2015

71ème anniversaire de la libération de Nice

Le 28 août 1944, comme le dira plus tard le Général de Gaulle, "Nice, par l'héroïque sacrifice de ses enfants, s'est libérée de ses occupants."
Ils sont 32 combattants niçois, dont les noms restent gravés sur des plaques de marbre devant lesquelles nous passons tous les jours, sans même parfois les remarquer.
32 noms, 32 vies données pour la liberté, pour notre liberté.
Parmi eux, Verdun Vial, Antoine Suarez, Jean Badino ou Raymond Albin, respectivement 28, 39, 20 et 33 ans, une jeunesse sacrifiée.
Raymond Albin, tenant son poste place Arson, touché à 14h, tout d'abord transporté par son chef Antoine Anelli à l'école Barla, decèdera ensuite à l'hôpital Saint Roch.
Raymond Albin, je passe régulièrement devant ton nom gravé sur une plaque de marbre en emmenant ma fille à l'école. Hommage à toi et à tes frères d'armes et, d'un niçois libre et trop souvent insouciant, "merci".

jeudi 13 août 2015

Pourquoi je n'irai pas à "Gaza sur Prom"

Citoyen engagé à Nice, on me sollicite pour rejoindre la manifestation "Gaza sur Prom" organisée aujourd'hui à Nice pour protester contre le fameux "Tel-Aviv sur Seine" organisé à Paris par Anne Hidalgo.
Une réponse rapide pour expliquer pourquoi je refuse de participer à cette initiative.
1. Tel-Aviv n'est pas Israel
Tel-Aviv, ville progressiste, doit être soutenue. La condamner en condamnant Israël revient à manquer de discernement et à adopter une posture manichéenne.
La maire de Paris, Anne Hidalgo, s'est expliquée très clairement sur son choix (lire l'intégralité de son communiqué ici) :
Même dans le contexte enlisé et violent du conflit israélo-palestinien, Tel-Aviv reste une ville ouverte à toutes les minorités, y compris sexuelles, créative, inclusive, en un mot une ville progressiste, détestée à ce titre en Israël par tous les intolérants.
C’est à Tel-Aviv qu’ont eu lieu les manifestations de solidarité les plus impressionnantes avec la famille de l’enfant palestinien brûlé vif par des fanatiques. Et c’est de là-bas que, le 1er août, son oncle a pris la parole pour s’adresser à la foule venue partager sa douleur.
(...) je ne saurais rendre une ville ou une population comptable de la politique de son gouvernement. Ce serait mépriser la démocratie locale et donc la démocratie tout court.
S’agissant ici de la première ville d’opposition en Israël, ce serait au mieux grotesque, au pire contre-productif. On peut condamner la politique du gouvernement Nétanyahou sans punir la population israélienne et nous punir nous-mêmes en refusant tout échange permettant d’apprendre à nous connaître.
Nos pactes d’amitié avec Tel-Aviv ou Haïfa ne nous ont pas empêchés en tant que ville, de reconnaître la Palestine avant l’Etat français ; d’être solidaires de la population de Gaza en mobilisant des aides d’urgence après les destructions de l’été dernier, et surtout d’avoir avec des villes palestiniennes, comme Jéricho et Bethléem, parmi nos plus importantes coopérations décentralisées en cours dans le monde.

mardi 11 août 2015

Nice, l'islam et l'art de ne rien comprendre

L'édition du 8 août 2015 de Nice Matin révèle, au détour d'une affaire de salle de prière, un condensé de l'incurie d'une classe dirigeante et son inaptitude profonde à appréhender l'évolution sociétale qui s'impose pourtant à elle.

"Ce n'est pas entendable"
Une association qui loue un local servant de lieu de culte depuis 14 ans se voit expulsée. Faute de lieu suffisamment proche et suffisamment grand pour les accueillir, les fidèles décident de prier au pied d'une tour d'immeuble.
Nous sommes à Nice, à Bon Voyage, l'un des quartiers défavorisés de la ville, et ils sont deux cents à prier ainsi dehors, depuis près de neuf mois.
Le maire de la ville, Christian Estrosi, grand défenseur de la laïcité devant l’Éternel, déclare qu'il s'en référera au Préfet si la situation perdure.
Nice Matin a alors la bonne idée d'interviewer Dominique Estrosi Sassone, présidente du principal bailleur social local, Côte d'Azur Habitat, par ailleurs conseillère municipale et métropolitaine, adjointe au maire au logement, vice-présidente du conseil départemental, secrétaire générale de la fédération des offices publics de l’habitat, sénatrice (membre de la commission spéciale sur le projet de loi pour la croissance, membre de la commission nationale chargée de l'examen du respect des obligations de logements sociaux,  membre du conseil national des villes) et secrétaire nationale à l'industrie du parti "Les Républicains."

dimanche 26 juillet 2015

Vallauris : le roi arrive, la République s'efface

Le roi d'Arabie Saoudite, Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, est arrivé en France hier soir, samedi 25 juillet 2015. Installé dans sa résidence à Vallauris, dans les Alpes-Maritimes, la polémique sur sa venue s'est cristallisée autour de la privatisation temporaire de la plage attenante à sa propriété.

Deux éléments sont particulièrement choquants dans cette affaire : les faits et les justifications données par l'Etat.

Les faits :

Interdire d'accès au public une plage publique au bénéfice d'un individu isolé ou d'un groupe restreint de personnes est contraire à la loi littorale. Cette loi, qui, d'ordinaire, s'applique avec fermeté au quidam, est, cette fois-ci, allègrement contournée par l'Etat qui autorise sa transgression. "Selon que vous soyez puissant ou misérable..." disait La Fontaine. Malheureusement, cette entorse n'a rien d'une fable et révèle une violence symbolique que l'Etat, visiblement, a sous-estimée.

L'espace public, la chose publique, c'est la Res Publica, notre République. Son libre accès et son égal usage sont le socle de l'égalité républicaine. Sa privatisation est le symbole de l'inégalité.

Des travaux d'aménagement pour interdire l'accès à la plage aux riverains et, inversement, faciliter l'accès à cette plage au roi ont été entrepris sans autorisation. Les riverains interloqués ont alerté la Préfecture qui a assuré avoir fait stopper ces travaux et a précisé que le souverain saoudien s'était mis en conformité avec le droit français.

Une pétition a été signée massivement (cliquez ici). La presse suit l'événement avec attention. 

Trois arrêtés préfectoraux ont été pris : interdiction d'accéder à la plage, de survoler la plage et la résidence, de plonger et de naviguer autour de la plage tant que le souverain sera là, c'est-à-dire une bonne partie du mois d'août.

Mais, encore une fois, c'est le symbole de l'inégalité dont il est ici question bien plus que de la privation concrète d'un droit : le roi arrive, la République s'efface.

Les justifications données par l'Etat :

L'Etat s'est exprimé, en deux temps, par la voix du sous-préfet de Grasse, Philippe Castanet.

Dans un premier temps, lors d'une interview donnée à Nice Matin le 22 juillet, le sous-préfet donne une justification proprement hallucinante du non respect du droit républicain : l'argent.

Le sous-préfet précise : "Si l'enjeu d'un visite du roi d'Arabie Saoudite avec plus de mille personne à ses côtés n'a aucune importante, qu'on le dise clairement." Selon lui, cette visite va "faire tourner l'industrie touristique", le roi venant avec "une suite qui va énormément consommer" et qui "a réservé 400 chambres" via l'ambassade et "un nombre équivalent à titre privé".

Voilà pour l'argument touristique. Le sous-préfet a visiblement oublié ses leçons sur la distinction entre intérêt général et intérêts privés. Mais il enfonce le clou : le souverain saoudien, dont le pays est "engagé dans des conflits au côté de la France" (...) "a fourni un milliard d'euros pour équiper l'armée libanaise en armes françaises."

Tout est dit. Acheter ou faire acheter des armes françaises vaut bien le sacrifice temporaire d'une plage, et de l'égalité républicaine avec.

Bref, la République s'achète, c'est le représentant de l'Etat qui nous le dit.

Ce n'est pas le droit qui s'impose, ce n'est pas même la personnalité du roi en question qui pèse dans la balance, c'est l'argent qui est roi.

Dans un second temps, en répondant au Monde, le sous-préfet de Grasse donnera un argument plus diplomatique : « Dans le contexte actuel, il est impossible de faire coexister un chef d’Etat en exercice, qui plus est engagé sur des terrains de guerre, avec des riverains (...). La France a le devoir de protéger les chefs d’Etat des pays alliés qui la visite, et l’Arabie saoudite en fait partie. »

Ce que ne dit qu'à demi-mots cette déclaration, c'est que l'Arabie Saoudite, longtemps soupçonnée de financer le terrorisme, s'est convertie à la lutte contre le terrorisme et contre l'argent du terrorisme et est devenue récemment un allié stratégique indispensable contre Daesh.

Peu importe donc, que l'on bafoue la loi pour le chef d'un Etat faisant le lit du fondamentalisme depuis des décennies, appliquant la charia de façon intransigeante et procédant à de nombreuses persécutions en violation totale du droit international, en témoigne si besoin les châtiments infligés à Raif Badawi (cliquez ici).

La raison d'Etat a ses raisons que la raison ne connaît pas. Mais ce que l'Etat a oublié, se faisant, c'est que le sentiment d'injustice a des ressorts insoupçonnés, et que la violence symbolique de l'inégalité alimente colère et ressentiment.

C'est pourtant bien François Hollande qui avait promis une "démocratie exemplaire".

Et l'on s'étonne que les citoyens n'aillent plus voter...

mardi 21 juillet 2015

Règlements de comptes à Nice : une classe politique immorale

Nice, centre-ville, quartier de la gare, mai 2015. Une jeune femme est tuée par balle, en pleine tête, sous les yeux de ses deux jeunes enfants. La presse nationale en parle, Paris Match s'émeut et reprend l'information. Même quartier, une rue plus loin, à quelques semaines d'intervalle, décès d'un SDF d'un coup de couteau. Quelques lignes à peine dans une brève de la presse locale. L'affaire est moins "sensationnelle". Le quartier de la gare est coutumier du fait. Résignation et indifférence générale y règnent tandis qu'une brigade de policiers municipaux montés du segway, lancée avec trompette et fanfare un an auparavant par le maire de la ville, sillonne fièrement l'avenue Jean Médecin, principale artère commerçante, à 200 mètres à peine de là.
Nice, les Moulins, l'Ariane, juillet 2015. Deux morts dans les deux dernières semaines dans les banlieues de la 5ème ville de France, trois depuis le début de l'année 2015. Une victime collatérale, une dame qui rentrait chez elle, blessée par une balle perdue. "Règlements de compte liés à la drogue", "tué par balle dans le véhicule où il s'était réfugié", "la victime a reçu au moins dix balles", "narco banditisme", "rixe entre une vingtaine de personnes", "quartiers défavorisés", les mots clefs repris par la presse masquent la douloureuse réalité. La presse parle un peu des deux premières victimes, dans les rubriques "faits divers" ou "insécurité", puis s'emballe à propos de la troisième : les politiques entrent dans la danse médiatique.

samedi 20 juin 2015