mercredi 2 mai 2018

Une marche contre le FN

 20 minutes Nice, 2 mai 2018




Nice, Paris, les enseignements du 1er mai 2018

On dit les Black Blocs d'extrême gauche mais la gauche n'a rien à voir avec eux. Face aux extrêmes-droites européennes nous avons organisé à Nice un 1er mai fraternel et bienveillant. Les ultra-libéraux veulent une UE uniquement économique. L'extrême droite propose une Europe politique, mais populiste et xénophobe. A nous de bâtir une Europe politique fondée sur l'éco-socialisme et l'humanisme.

Je condamne avec la plus grande fermeté les violences commises hier à Paris par les "Black Blocs". On les dit "d'extrême gauche" mais la gauche n'a rien à voir avec cela. La gauche c'est l'humanisme, la solidarité, la défense de l'égalité, des libertés et de l'intérêt général. Nous avons organisé à Nice un 1er mai sans violence, déterminé, fraternel et bienveillant.

Le FN, en invitant à Nice des partis ouvertement homophobes, sexistes, racistes et révisionnistes, a montré son vrai visage. Ne laissons jamais dire que c'est un parti respectable et républicain. Ne laissons pas Nice devenir le point de ralliement de l'extrême droite européenne, le point de convergence des haines.

La droite locale qui, au quotidien, met en oeuvre une politique d'exclusion et fait sienne les thèses d'extrême-droite n'est absolument pas légitime à jouer les remparts anti-FN. A l'imposture du FN qui tente de se faire passer pour un parti capable d'incarner les valeurs de la République, elle ajoute sa propre imposture qui consiste à prétendre s'opposer au FN tout en mettant en application une politique digne des villes frontistes (lire ici).

Marine Le Pen a lancé hier à Nice la campagne électorale du FN pour les élections européennes. Les ultra-libéraux ne veulent que d'une Union Européenne économique et empêchent systématiquement toute tentative d'Europe sociale. Mais l'extrême droite, elle, propose une Europe politique. Mais cette Europe-là est populiste et xénophobe. A nous de bâtir une Europe politique fondée sur l'écologie politique, une Europe humaniste, sociale et solidaire.

samedi 28 avril 2018

Pour le tram à l’Ariane : Non à la ségrégation urbaine !

Le Maire de Nice a annoncé que le tramway ne desservirait pas le quartier de l'Ariane or c’est dans les quartiers où le taux de chômage est le plus élevé, où l’accès à la santé et aux hautes études est le plus difficile et où l’insécurité est la plus forte que le tramway est une priorité. Nous refusons la ségrégation urbaine : l’Ariane, c’est Nice, et le tramway doit aller à l’Ariane !

L'association "Tous citoyens !" se joint à plusieurs associations citoyennes et partis politiques pour s'opposer à la ségrégation urbaine à Nice et pour que le tramway desserve l'Ariane et la Trinité :

TRAMWAY – EXTENSION DE LA LIGNE 1 

Pour le tram à l’Ariane : Non à la ségrégation urbaine ! 

Depuis le début des années 2000, l'Ariane et la Trinité attendent le tram. Jacques Peyrat s'y était engagé vis-à-vis de l'Etat qui avait subventionné la ligne 1. Plusieurs débats avaient même été organisés pour choisir le tracé du tramway, validé par le conseil de quartier de 2004. Depuis, plus rien ! 
Lors de la dernière séance du conseil métropolitain du 5 avril 2018, Christian Estrosi a confirmé l’abandon définitif du projet d’extension de la ligne 1 du tramway, à partir d’une analyse basée sur la seule rentabilité au détriment de la qualité de vie des habitants et habitantes. Les arguments avancés par la mairie de Nice sont fallacieux. Cette décision est une faute politique majeure car elle ôte aux Arianencs et aux Trinitaires tout espoir de désenclavement. 

1 – Les arguments fallacieux du maire de Nice 

Un TER n’est pas un TRAM ! Le premier argument du maire de Nice est que le tramway n’est pas indispensable à l’Ariane car le TER y va déjà. Or le service rendu n’est pas comparable. 
La fréquence des arrêts ? Un TER toutes les 20 minutes contre un tramway toutes les 4 minutes ! 
La distance entre les arrêts ? Tous les 1,5 kilomètre avec le TER contre un arrêt tous les 400 mètres avec le tramway ! 
Et le TER passe sur la rive gauche du Paillon alors que l’Ariane est sur la rive droite, là où pourrait passer le tramway. 
Le second argument du maire de Nice est le ratio de population. Il faudrait desservir 12.000 habitant-e-s au kilomètre pour rentabiliser une extension du tramway. Il n’en compte que 5.000. Nous dénonçons cette logique comptable, axée sur la rentabilité de l’aménagement urbain. Si l’on suivait la logique de Christian Estrosi, aucune ligne de bus ni de train n’irait dans l’arrière-pays et la France rurale serait un désert. 
Mais, même si l’on suit sa logique, on se rend compte que son calcul est faux : l'extension de la ligne 1 entre Pasteur et La Trinité est de 3,9 kilomètres. Cette ligne desservirait directement : 
- Le centre hospitalier spécialisé de Sainte-Marie qui représente 1.139 emplois. 
- Le secteur de l’Ariane : 12.000 habitants. 
- La Trinité : 10.200 habitants. 
- Mais, aussi indirectement par du transport multimodal (tramway + voiture ou bus) les communes des vallées du Paillon, soit a minima : Berre-les- Alpes (1.300 habitants), Blausasc (1.500 habitants), Cantaron (1.300 habitants), Châteauneuf (900 habitants), Contes (7.400 habitants), Drap (4.400 habitants), L'Escarène (2.500 habitants), Peillon (1.500 habitants), Saint-André-de-la- Roche (5.400 habitants), et Tourrette-Levens (4.900 habitants). 
Ce sont 30.100 habitants supplémentaires qu’il faut rajouter, ce qui conduit à un ratio minimum de 13.360 habitants au kilomètre de ligne. 
Les arguments avancés par Christian Estrosi ne tiennent donc pas ! 

2 – Une faute politique majeure 

Dire aux Arianencs que le tramway n’ira pas jusqu’à eux et jusqu'à elles, c’est les exclure encore un peu plus. C’est leur dire : « Tout ce qui est beau et neuf dans la ville, tout ce qui est moderne et améliore la qualité de vie, ce n’est pas pour vous. » 
Lutter contre les bouchons et les thromboses automobiles ? Oui, mais pas à l’Ariane ! Permettre aux jeunes et aux moins jeunes d’être mobiles pour trouver un emploi plus facilement ? Oui, mais pas à l’Ariane ! 
Permettre aux personnes âgées de se déplacer en ville pour leurs visites médicales, leurs courses, pour voir leur famille ? Oui, mais pas à l’Ariane ! 
Le Maire de Nice doit être le maire de tous les habitants, de toutes les habitantes et pas seulement de ceux et celles des beaux quartiers. 
C’est très précisément dans les quartiers où le taux de chômage est le plus élevé, où l’accès à la santé et aux hautes études est le plus difficile, que le tramway est prioritaire. 
Christian Estrosi ne cesse de parler de sécurité. Nous affirmons que désenclaver un quartier isolé par le tramway est un levier plus efficace que toutes les stratégies sécuritaires que le maire de Nice ne pourra inventer (Reporty, reconnaissance faciale, caméras de vidéosurveillance). 
Nous affirmons que rien n’égalera un quartier ouvert, embelli, où les allers-retours du centre-ville et vice versa seront facilités. Un quartier où un transport public performant permettra le développement de l’économie locale, le renouvellement urbain et de nouveaux investissements. 
Dire aux Trinitaires que le tramway n'ira pas jusqu'à eux et jusqu'à elles, c'est leur ôter tout espoir d'en finir avec ce nœud routier qui est devenu chaque matin un enfer. 
La non-desserte de l’Ariane et de La Trinité par le tramway n’est rien d’autre qu’une politique volontaire de ségrégation urbaine. Nous refusons que l’Ariane soit coupée du reste de la ville. L’Ariane, c’est Nice, et le tramway doit aller à l’Ariane et à La Trinité ! 


Premiers signataires : Association Les Arianencs, EELV 06, Ensemble ! Nice, la LDH Nice, le MRAP, le MRC 06, Nice Au Cœur, le PCF Nice, le PS 06, l'association Ressources, Tous citoyens !

vendredi 27 avril 2018

Les deux impostures du 1er mai à Nice

Le 1er mai à Nice se joue une double imposture. La première est celle de Marine Le Pen qui fait passer le FN pour un parti républicain mais révèle sa vraie nature invitant des partis d'extrême-droite européens publiquement nostalgiques du fascisme. La seconde est celle de Christian Estrosi qui s'auto-proclame opposant à l'extrême-droite mais mène à Nice une politique digne des villes frontistes.

Nice est, à l'occasion du 1er mai, le théâtre d'une double imposture. 

La première imposture est celle commise par Marine Le Pen. Depuis qu'elle est à la tête du Front National elle tente de faire croire qu'il s'agit d'un parti respectable et républicain. Elle nie systématiquement qu'il soit une formation politique d'extrême-droite. Or Marine Le Pen révèle la vraie nature du FN en invitant, à Nice, les leaders de partis d'extrême-droite européens, dont certains sont ouvertement néo-fascistes, nostalgiques du IIIème Reich, tiennent publiquement des propos racistes et ont fait l'objet de condamnations par la justice. 

Le rassemblement frontiste du 1er mai est piloté par Philippe Vardon, fondateur de feu le Bloc Identitaire. Les Identitaires est un mouvement d'ultra-droite radical, longtemps tenu à distance par Jean-Marie Le Pen, qui fait la promotion des thèses de Renaud Camus comme le "grand remplacement". Il s'agit ni plus ni moins d'une coordination de différents groupuscules européens d'extrême-droite jusqu'alors éparses et non structurés. Génération Identitaire organise, via son projet "Defend Europe", des campagnes en méditerranée ou au Col de l'Echelle pour stopper les migrants. Si cette opération n'est pas déclarée illégale et empêchée, elle finira par provoquer un drame.

La dédiabolisation du FN est une mascarade. Nous refusons que la ville de Nice deviennent le point de rassemblement de l'extrême-droite européenne. Nous ne laisserons pas Nice devenir le point de convergence des haines.

Face au rassemblement des extrêmes-droites européennes, de nombreux syndicats, partis politiques et associations citoyennes se sont réunis pour organiser à Nice un 1er mai fraternel : 

Défilé pour la justice sociale

départ à 10h30, Jardins Albert 1er 

et concert-meeting contre l'extrême droite

13h, place Garibaldi

La seconde imposture est celle commise par Christian Estrosi. Le maire qui, au quotidien, mène à Nice une politique d'exclusion digne des villes frontistes et tente de se faire passer pour un opposant à l'extrême droite en publiant une tribune dans Le Monde, signée notamment par Eric Ciotti. Or combattre l'extrême droite ne se résume pas à faire de beaux discours, il faut mettre en conformité les paroles et les actes. Christian Estrosi et Eric Ciotti ont en réalité grandement contribué à banaliser les thèses du Front National en les reprenant à leur compte. 

Faut il rappeler le déchaînement réactionnaire constant d'Eric Ciotti ? Stigmatisation des migrants assimilés aux djihadistes, dénigrement des pauvres, réduction de l'aide sociale à "l'assistanat", retour au "droit du sang" cher aux partis nationalistes, "préférence nationale" déguisée en "modèle social différencié", culte du chef et de l'autorité,  instrumentalisation xénophobe de la laïcité contre les musulmans au profit des "racines chrétiennes" de la France et de l'Europe, etc. 

Faut-il rappeler le populisme sécuritaire obsessionnel et l'islamophobie chronique de Christian Estrosi ? 

Il entretient volontairement un amalgame constant entre islam et djihadisme notamment en déclarant que « l’islam est incompatible avec la démocratie ». Il a été condamné par le Conseil d'Etat pour "atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de culte" lors de son acharnement contre la mosquée En-Nour. Il a pris de nombreux arrêtés municipaux discriminants tous cassés par le Tribunal Administratif : contre les SDF, contre les Roms, contre les "mariages bruyants", contre les "drapeaux étrangers", etc. Il condamne le quartier défavorisé de l'Ariane en refusant que le tramway le desserve. 

Il entretient une surenchère sécuritaire constante entre vidéosurveillance,  reconnaissance faciale, policiers municipaux présents dans les écoles primaires, tentative d'incitation à la défiance généralisée par l'application "Reporty", heureusement interdite par la CNIL, etc. Il instrumentalise les faits divers, comme lors de "l'affaire du bijoutier". Il alimente sans cesse le rejet de l'autre, les polémiques et les invectives. Son comportement après l'attentat du 14 juillet 2016 fut proprement indigne et indécent. 

En définitive, qu'est-ce qui différencie réellement la politique municipale d'une ville FN et celle menée à Nice ? 

Parmi les signataires de son texte nous retrouvons également Gaël Nofri, l'ancien directeur de campagne du FN lors de l'élection municipale niçoise en 2014 ! Ce dernier a été depuis accueilli à bras ouvert dans la majorité municipale estrosiste, ce qui montre la porosité entre les deux formations politiques. La signature d'un plaidoyer anti-FN par un ancien directeur de campagne FN n'ayant jamais renié publiquement son idéologie est tout simplement grotesque.  

Bref, il ne suffit pas de publier une tribune dans un quotidien national pour devenir un opposant à l'extrême-droite, il faut en faire la preuve par les actes.

Face à cette double imposture, le 1er mai, à Nice, mobilisons-nous massivement, montrons que nous sommes plus nombreux qu'eux, montrons le véritable visage de Nice, des Niçoises et des Niçois, ouverts, solidaires, bienveillants et défenseurs de libertés.

mercredi 4 avril 2018

La P.A.F. devrait faire respecter la loi et non l'enfreindre !

 Communiqué de presse de l'association "Tous citoyens !" : "La Police de l'Air et des Frontières devrait faire respecter la loi et non l'enfreindre !"

Les associations venant en aide aux réfugiés dénoncent depuis plusieurs mois les exactions commises à la frontière italienne par la France.

Le Préfet des Alpes-Maritimes, qui a vu deux fois ses procédures concernant les majeurs condamnées par le Tribunal Administratif de Nice a vu également deux fois ses services condamnés par la même instance pour avoir refoulé illégalement à la frontières des mineurs isolés étrangers. Il s'agit là non pas d'une entrave au droit d'asile mais d'une atteinte à la protection de l'enfance puisque ces mineurs, du fait de leur vulnérabilité, doivent être protégés jusqu'à leur majorité.

La note laissée par les agents de la Police de l'Air et des Frontière « Si presse sur place, pas d'embarquement de mineurs dans les trains pour Vintimille »  est d'un cynisme absolu (lire ici et ici). Elle résume à elle seule toute la situation : la PAF bafoue quotidiennement le droit à la frontière italienne et ne fait mine de le respecter que si des journalistes sont présents !

Nous rappelons que notre association a présenté jeudi 29 mars ses six propositions pour un accueil digne et efficient des mineurs isolés étrangers dans les Alpes-Maritimes (en ligne ici) dont la première est précisément l'arrêt immédiat de tout refoulement à la frontière italienne des mineurs isolés étrangers.

Nous rappelons que la Police de l'Air et des Frontières devrait faire respecter la loi et non l'enfreindre. 

Nous demandons au Préfet des Alpes-Maritimes et au Ministre de l'Intérieur de faire, le plus rapidement possible, toute la lumière sur cette note et surtout sur les pratiques qu'elle confirme. 

Nous leur demandons de prendre toutes les mesures nécessaires pour faire cesser immédiatement ces entraves à la protection de l'enfance et que les jeunes exilés présents sur le sol français soient mis à l'abris et protégés conformément au droit français.

Pour l'association "Tous citoyens !"

David Nakache

jeudi 29 mars 2018

Six propositions pour un accueil digne des Mineurs Isolés dans les Alpes-Maritimes

Les six propositions de l'association « Tous citoyens ! » pour une prise en charge digne et efficiente des mineurs isolés étrangers dans les Alpes-Maritimes :

1. Arrêt immédiat de tout refoulement à la frontière italienne des mineurs isolés étrangers : 

Tout mineur isolé étranger présent sur le territoire national, du seul fait de son isolement, c'est-à-dire du fait qu'il n'ait ni parent ni tuteur légal pour s'occuper de lui, est considéré légalement comme vulnérable et doit bénéficier de l'aide sociale à l'enfance. Que son pays d'origine soit en guerre ou non, il ne s'agit pas ici du droit d'asile mais du droit à la protection de l'enfance. Or la Préfecture des Alpes-Maritimes expulse régulièrement des mineurs isolés à la frontière italienne et ces pratiques ont été condamnées deux fois par le Tribunal Administratif de Nice.

Le respect de la loi par les représentants de l'État, et donc l'arrêt immédiat des refoulements à la frontière de mineurs isolés dans les Alpes-Maritimes, est la condition sine qua non d'une gestion "normale" de la situation. 

2. Prendre en charge les mineurs dans les locaux du Département et non au commissariat de police :

Dans chaque département le Préfet et le Président du Département décident où doivent s'adresser les mineurs isolés pour être pris en charge : soit dans les locaux du Département, soit au commissariat de police. Dans les Alpes-Maritimes, tout mineur demandant la protection de l'enfance doit passer par le commissariat Auvare à Nice. Conséquence : de très nombreux mineurs ayant peur de la police et craignant d'être renvoyés en Italie ne font pas valoir leurs droits et dorment à la rue ou poursuivent leur migration au lieu d'être pris en charge.

Les policiers du service du "Quart" à Auvare font ce qu'ils peuvent mais les locaux ne sont pas adaptés à la prise en charge de mineurs, notamment pour ceux qui, arrêtés dans la soirée ou la nuit vont y dormir : pas de lit, pas de douche, pas de budget alloué pour les nourrir, ils attendent dans un couloir avec les gardés à vue...

La Préfecture et le Département doivent rendre public le protocole local de gestion des mineurs isolés, le modifier afin que le premier accueil soit effectué par les travailleurs sociaux du Département, dans les Maisons Sociales Départementales (MSD). Lors des horaires de fermeture des MSD les mineurs doivent être accueillis au commissariat à la brigade des mineurs ou dans un autre lieu adapté, mais pas au « quart ».

3. Améliorer les modalités d'évaluation de minorité

Une fois passée l'étape du commissariat les mineurs sont placés dans un centre de répit et une évaluation doit avoir lieu dans les cinq jours. Réalisée en régie directe par l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE) des Alpes-Maritimes cette évaluation se déroule dans des conditions déplorables. Souvent sans traducteur alors que le jeune comprend et parle mal le français, cet entretien qui dure en général entre 30 et 40 minutes ne permet pas aux adolescents de se livrer, de raconter les véritables raisons de leur départ, les un an à un an et demi de migration, les sévices subis en Lybie, la traversée de la méditerranée et les éventuels naufrages, leur situation actuelle et leur volonté concernant leur avenir.

Il revient à l’ASE de mener les investigations pour vérifier si le jeune est mineur ou majeur. Or l’ASE 06 décrète que c’est au jeune de prouver sa minorité, rejette les copies de document d’état civil en disant que c’est aux adolescents d’obtenir par leurs propres moyens des originaux. Elle fait pratiquer des tests osseux dont le caractère approximatif et non fiable a été prouvé. Tout est fait de telle sorte que le jeune soit considéré majeur et que le Département 06 ait le moins de mineurs à prendre financièrement en charge jusqu’à 18 ans.

L’évaluation de minorité doit être réalisée dans des conditions permettant de connaître la situation véritable du jeune et donc de recueillir son récit. La présence d’un traducteur, qui est une obligation légale, doit être respectée. Les associations ou particuliers accompagnant le jeune devraient pouvoir être présents ou être entendus. Le Département 06 doit cesser d’inverser la charge de la preuve et doit mener les investigations pour établir la minorité du jeune au lieu d’exiger de lui qu’il la prouve sans lui en donner les moyens.

4. Détecter systématiquement les besoins de suivis post-traumatiques des mineurs

Nous, bénévoles associatifs, savons nourrir, héberger et réconforter les mineurs. Nous savons même déposer des recours en justices. Mais nous sommes totalement démunis face à la détresse causée par les traumatismes subis par les jeunes que nous aidons. En Libye, Benjamin a vu son frère se faire tuer sous ses yeux. Mohamed a été séquestré trois mois dans une cage, accroupi, sans pouvoir se lever, mangeant au milieu de ses déjections. Amadou a subi des tortures à l’électricité et à l’eau. Tous ont été au minimum battus. Magdalène a été prostituée de force. Mahmadi a été vendu comme esclave sexuel…

Tous ces jeunes, à leur arrivée en France, devraient bénéficier d’un suivi post-traumatique et, au lieu de cela, nous les accueillons aves les grilles du commissariat Auvare et des policiers en armes…

Lors de l’entretien d’évaluation de minorité, l’agent administratif de l’ASE 06 est censé, en une demi-heure et sans formation, détecter les besoins de suivi post-traumatiques des jeunes et cocher la case adéquate dans son formulaire. Bien peu le font…

L’évaluation administrative de minorité devrait être systématiquement doublée d’une évaluation psychologique permettant de détecter les besoins en suivi post-traumatique des mineurs isolés.

5. Ouvrir les portes de l'éducation nationale aux mineurs isolés étrangers

De nombreux jeunes sont non francophones et beaucoup parlent ou lisent un français très approximatif. Alors que d’autres académies accueillent les mineurs isolés jusqu’à leur majorité et parfois au-delà, l’Académie des Alpes-Maritimes, se retranchant derrière le fait que l’école n’est obligatoire que jusqu’à 16 ans refuse d’accueillir les jeunes qui ont dépassé cet âge.

La maîtrise de la langue est pourtant la condition rendant l’intégration possible. Ces jeunes doivent être accueillis dans des classes spécialisées par l’éducation nationale, au sein de nos lycées, afin de pouvoir s’intégrer rapidement.

L’Académie des Alpes-Maritimes doit ouvrir les portes de ses établissements aux mineurs de plus de 16 ans pour rendre possible leur intégration.

6. Donner les moyens suffisants aux éducateurs pour accompagner les mineurs isolés et préparer leur passage à la majorité

Les foyers des Alpes-Maritimes, qu’il s’agisse du centre de mise à l’abri (avant décision) ou des foyers où sont placés les jeunes jusqu’à leur majorité, sont littéralement débordés. Le Département, au lieu d’ouvrir une structure adaptée et suffisamment grande, préfère payer des chambres dans un, puis deux, puis trois hôtels à Nice, ce qui est une absurdité tant au niveau de la qualité de la prise en charge des jeunes qu’au niveau financier.

Les jeunes sont certes nourris et logés mais ils s’ennuient à ne quasiment rien faire de la journée et l’oisiveté est tout sauf utile à ces adolescents en détresse et désœuvrés.

On demande à des éducateurs au bord de la rupture de travailler dans des locaux non adaptés, de courir de foyers en hôtels en s’occupant de toujours plus de jeunes avec toujours moins de moyens. Qu’ils demandent l’asile ou qu’ils doivent demander un titre de séjour de droit commun à leur majorité, ils ont besoins de formations professionnalisantes et la recherches de contrats d’apprentissages devient un parcours du combattant pour les jeunes comme pour les éducateurs.

Le Département des Alpes-Maritimes doit ouvrir une structure adaptée à l’accueil des mineurs isolés, recruter davantage d’éducateurs et leur donner les moyens de travailler convenablement. Il faut créer un dispositif spécifique de recherche de contrats d’apprentissage et d’accompagnement des mineurs isolés durant leur formation.

Ces six propositions concrètes ne sont pas exhaustives. Elles sont le fruit des observations de terrain quotidiennes de nos bénévoles à Nice et dans les Alpes-Maritimes. Elles sont rendues publiques ce jour et sont également envoyées par courrier au Préfet des Alpes-Maritimes, au Président du Département 06, au Recteur d’Académie et au Défenseur des Droits 

L’association « Tous citoyens ! » - 28 mars 2018

samedi 24 février 2018

Soit le Préfet Leclerc accepte de respecter la loi, soit il doit être remplacé

 Communiqué de presse de l'association Tous Citoyens ! : 

"Soit le Préfet Leclerc accepte de respecter la loi, soit il doit être remplacé"

Le Préfet des Alpes-Maritimes vient d'être condamné pour la 4ème fois pour des pratiques illégales envers les migrants.

Le 31 mars 2017, le Tribunal Administratif reconnaît que le Préfet Leclerc a porté atteinte au droit d'asile en refusant l'enregistrement de la demande d'asile d'une famille érythréenne.

Le 4 septembre 2017, le Tribunal Administratif constate que renvoyer trois soudanais en Italie sans qu'ils aient pu faire valoir leur droit à l'asile en France porte une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté fondamentale qu'est le droit d'asile.

Le 22 janvier 2018, le Préfet Leclerc est condamné pour la reconduction à la frontière italienne d'un enfant de 12 ans, sans aide ni assistance et porte atteinte à la protection de l'enfance !

Le 23 février 2018, le Préfet Leclerc est condamné pour la reconduction à la frontière italienne d'une vingtaine de jeunes mineurs isolés alors que tout mineur sans parent ni tuteur légal est de droit considéré vulnérable et doit bénéficier de la protection de l'enfance.

Ces manquements au droit répétés, et réitérés malgré les multiples rappels à l'ordre par le Tribunal, mènent notre département dans une impasse :

- Comment le représentant de l'État, censé être garant de l'ordre public, peut être lui-même un multirécidiviste notoire ? 

- Est-il encore légitime à incarner l'État de droit ? 

- Combien faudra-t-il de condamnations et, au-delà de cela, de vies brisées, pour que le Préfet applique la loi de la République ?

- Doit-on laisser la France, pays des Droits de l'Homme, bafouer les libertés fondamentales dans notre département ?

Il ne s'agit pas d'une question de personne mais du discrédit porté sur l'action des pouvoirs publics. 

Il n'y a désormais qu'une seule alternative : soit le Préfet Georges-François Leclerc accepte de respecter la loi, soit il doit être remplacé."

L'association Tous citoyens !