vendredi 29 mars 2019

Nouvelle interdiction de manifester à Nice : le Préfet souffle sur les braises

Le Préfet des Alpes-Maritimes annonce une nouvelle interdiction de manifester à Nice, certes restreinte, mais inutile. Bon macronien, totalement irresponsable, il souffle sur les braises...


Communiqué de presse de l'association "Tous citoyens !"

Nouvelle interdiction de manifester à Nice : le Préfet des Alpes-Maritimes souffle sur les braises

"Geneviève Legay est à l'hôpital dans un état grave. Des preuves et des témoignages alarmants et concordants sur des violences policières commises à Nice le week-end dernier et sur la direction des opérations par le commissaire Rabah Souchi affluent. Des plaintes ont été déposées et sont en cours de traitement.

C'est dans ce contexte tendu qu'une nouvelle interdiction de manifester à Nice est annoncée, afin de "protéger l'attractivité commerciale et touristique de la ville". Cette interdiction, certes restreinte et ne concernant pas les deux points de rendez-vous annoncés pour samedi 30 mars, est inutile et infondée : les Gilets Jaunes n'ont jamais manifesté dans le Vieux Nice, l'argument commercial ne tient pas puisqu'il y a des commerces également dans les zones non interdites, l'argument touristique ne tient pas puisque la promenade des Anglais n'est pas interdite...

Que peut donc motiver Georges-François Leclerc, Préfet des Alpes-Maritimes, si ce n'est, irresponsable, la volonté d'entretenir un rapport de force dangereux ?

Quel sens donner à cette interdiction si ce n'est, bon macronien, le réflexe de souffler sur les braises de la colère sociale ?

Nous rappelons notre droit à manifester, expression citoyenne légitime.

Nous condamnons cette surenchère qui risque de s'avérer lourde de conséquences, entretenue par celui-là même qui est sensé être le garant de l'ordre public."

L'association "Tous citoyens !"

mercredi 27 mars 2019

Geneviève Legay : un arrêté si bien caché

Quelques instants avant de subir la charge des forces de l'ordre qui a causé sa chute, Geneviève Legay déclarait à la presse "l'arrêté, on l'a pas vu". L'arrêté préfectoral interdisant toute manifestation à Nice est, effectivement, si bien caché sur le site de la préfecture que l'on ne peut que s'interroger sur cette opacité sur un sujet si sensible...

Le samedi 23 mars au matin à Nice, place Garibaldi, lorsque le commissaire Rabah Souchi a donné l’ordre à ses troupes armées de charger, Geneviève Legay est tombée. Nous dénonçons cette charge disproportionnée et inutile puisque Geneviève Legay, comme l’ensemble des manifestants présents, ne présentaient aucune menace : ni insultes, ni jets de projectiles, ni coups ou actes quelconques de violence.

On nous répond immédiatement : « La manifestation était interdite, elle n’avait rien à faire là ». On nous dit presque « tant pis pour elle ». Sur les réseaux sociaux, des personnes bien intentionnées ajoutent « bien fait pour elle ».

Dans une interview donnée à Cnews, le matin même, Geneviève Legay déclarait : "L'arrêté, on l'a pas vu".

Question : comment savait-on que la place Garibaldi était interdite aux manifestants ce matin là ? 

Le Préfet des Alpes-Maritimes avait annoncé dans les médias, notamment dans l'édition du 22 mars de Nice Matin, que toute manifestation serait interdite sur Nice le 23 mars. 

Question : une déclaration d'un Préfet à la presse vaut elle interdiction ?

La réponse est non. Seul un arrêté préfectoral fait autorité. A titre d'exemple, dans cette même interview à la presse, le Préfet déclare que le port d'un gilet, de quelque couleur que ce soit, sera interdit à Nice le 23 mars. Or d'une part un Préfet ne peut interdire aux citoyens de se vêtir comme ils l'entendent (sauf dissimulation d'identité ou port de signes religieux dans certaines circonstances) d'autre part, cette interdiction n'apparaît pas dans l'arrêté préfectoral qui sera finalement pris. On ne peut donc pas se fier à la seule parole du Préfet des Alpes-Maritimes.

Question : comment un citoyen qui désirait manifester le 23 mars pouvait-il avoir accès à l'arrêté préfectoral interdisant la manifestation ?

Il fallait pour cela se rendre sur le site internet de la préfecture des Alpes-Maritimes. Et que voit-on en "une" du site de la préfecture ? Les mesures prises pour la venue du Président chinois à Nice : un arrêté fermant les gares de Nice Riquier à Monaco, un arrêté interdisant l'accès aux plages, un arrêté interdisant le vol en planeur et un arrêté de fermeture des ports. Rien sur l'interdiction de manifester. On cherche donc sur le site en déroulant les menus proposés et on commence par le menu "actualité". Rien dans les "dossiers de presse". Rien dans la rubrique "communiqué" alors que les mesures prises pour la venue du Président chinois y figurent. On cherche, on tourne, on tente le menu "publications" en se disant qu'un arrêté préfectoral est forcément "publié". On déroule le menu. Rien dans les "annonces légales". En fin de liste, on trouve le "recueil des actes administratifs". On ouvre la page, on clique sur l'année 2019. Puis on teste les "recueils mensuels". Mauvaise pioche. On repart en arrière et l'on tente les "recueils spécifiques". Mauvaise pioche encore. On essaie alors le dernier onglet possible, les "recueils  spéciaux" qui, bien évidemment, ne sont pas "spécifiques"... Dans la liste proposée on ouvre plusieurs recueils avant de trouver le "recueil spécial 54.2019" qui, comme son nom ne l'indique pas, contient bien l'arrêté préfectoral n°2019-253 portant interdiction de manifester le 23 mars 2019 à Nice dans un périmètre englobant la place Garibaldi (voir ici)

Question : à quelle heure cet arrêté a-t-il été mis en ligne ?

Impossible de le savoir, rien ne l'indique sur le site préfectoral. Le journal Libération indique que l'arrêté a été publié autour de 18h30 le soir du 22 mars (lire ici), soit la veille au soir de l'interdiction.

Question : le fait de placer une information déterminante dans un emplacement difficilement trouvable et de la publier très tardivement s'apparente-t-il à un défaut d'information du public ?

Au final, et en sachant que les arrêtés préfectoraux de ce type sont classés dans les recueils spéciaux, il faut aller dans six pages successives avant de trouver le bon arrêté : site de la Préfecture des Alpes-Maritimes / Publications/Recueil des actes administratifs / Année 2019 / Recueils spéciaux / Recueil spécial 54.2019. 

La Préfecture aurait très bien pu placer cet arrêté en première page, comme ceux concernant la venue du Président chinois.

Les juristes diront s'il s'agit ou non d'un défaut d'information. Notons que cela témoigne, à l'évidence, d'une opacité difficilement compréhensible sur un sujet aussi sensible.

Et quand Geneviève Legay déclarait, quelques instants avant de subir la charge des forces de l'ordre, "l'arrêté, on l'a pas vu", on ne peut que lui donner raison.

lundi 25 mars 2019

La sagesse de Geneviève, le mépris du Président

Pendant que Geneviève Legay est hospitalisée, le Président livre à son encontre un sarcasme inutile et insultant. Oui, Geneviève est septuagénaire. Et alors ? Arrête-t-on d'être citoyen lorsque l'on a plus de 70 ans ? Est-on soudain disqualifié à porter une revendication publique ? Geneviève, par son humanisme et sa solidarité, pourrait donner bien des leçons de sagesse à Emmanuel Macron.

Notre camarade et amie Geneviève Legay est hospitalisée et nous sommes tous inquiets pour elle. Ce matin, le Président Macron s'est fendu d'un sarcasme dont nous nous serions bien passés.

Samedi 23 mars 2019, Geneviève, 73 ans, inlassable défenderesse des libertés et des solidarités, a été grièvement blessée lors d'une chute provoquée par la charge brutale des forces de l'ordre. Elle souffre de plusieurs fractures du crâne. 

Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur, ne cesse, depuis le début du mouvement des Gilets Jaunes, d'expliquer qu'il fait la distinction entre les casseurs et les manifestants légitimes. Geneviève, Monsieur le ministre, n'est pas un dangereux Black Bloc, c'est une militante pacifiste venue défendre le droit de manifester.

Le rassemblement Place Garibaldi à Nice, bien que non autorisé, était pacifique et composé majoritairement de militants progressistes qui ne présentaient ni danger ni menace pour l'ordre public. Aucun jet de projectile, aucun acte de violence, ni même aucune insulte de la part des manifestants.

La charge policière, elle, ordonnée par le commissaire Rabah Souchi, en charge des opérations, était inutile et disproportionnée. Cette charge est la résultante de la pression continue des tenants du tout sécuritaire locaux et nationaux qui ne voient comme seule alternative aux mouvements populaires que la répression aveugle. Et Geneviève en paye le prix fort.

Le Président de la République affirme ce matin, dans les colonnes de Nice Matin, que Geneviève Legay "n'a pas été en contact avec les forces de l'ordre". En réalité, c'est l'enquête en cours qui établira les faits. Que le Président commence par laisser la justice travailler et par respecter la séparation des pouvoirs.

Il ajoute que "lorsqu'on est fragile, qu'on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans une situation comme celle-ci." Narquois, il termine en lui souhaitant un prompt rétablissement "et peut-être une forme de sagesse."

C'est par ce genre de petites phrases méprisantes que le chef de l'Etat, au lieu d'apaiser les tensions sociales, jette continuellement de l'huile sur le feu.

Comme le sien, les commentaires condescendants et paternalistes sur l'âge de Geneviève qui inondent le débat public résonnent pour nous comme une insulte. Oui, Geneviève est septuagénaire. Et alors ? Arrête-t-on d'être citoyen lorsque l'on a plus de 70 ans ? Est-on soudain disqualifié à porter une revendication publique ? On aurait encore le droit de voter mais pas le droit de manifester ? 

Monsieur le Président, Geneviève Legay, par son engagement humaniste et ses actions de solidarités, a fait preuve de bien plus de sagesse que vous. Et votre gestion du pays nous laisse tous penser que Geneviève pourrait vous donner bien des leçons de sagesse...

dimanche 24 mars 2019

Pour Geneviève Legay et pour le droit de manifester

 Communiqué de presse de l'association "Tous citoyens !"

Pour Geneviève Legay et pour le droit de manifester

Les Gilets Jaunes niçois ont toujours défilé sans casse ni violence. Devant l'état de siège décrété à Nice, nous appelions le Préfet des Alpes-Maritimes, par notre communiqué de presse du 21 mars, à la concertation, à une réponse sécuritaire proportionnée et raisonnée sans entraver le droit de manifester.

Hier, samedi 23 mars 2019, notre camarade et amie, Geneviève Legay, septuagénaire, inlassable défenderesse des libertés et des solidarités, a été grièvement blessée lors d'une chute provoquée par la charge brutale des forces de l'ordre. Elle souffre de plusieurs fractures du crâne et les médecins attendent la fin des 48h d'observation pour se prononcer. Nous pensons à elle et à ses proches.

Le rassemblement Place Garibaldi à Nice, bien que non autorisé, était pacifique et composé majoritairement de militants progressistes qui ne présentaient ni danger ni menace pour l'ordre public. Nous dénonçons avec la plus grande fermeté cette charge policière inutile et disproportionnée . 

Nous demandons des explications claires au Commissaire en charge des opérations, Rabah Souchi, au Préfet des Alpes-Maritimes, Georges-François Leclerc, et au Ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, sur les consignes qui ont été données aux forces de l'ordre et sur les circonstances de leur intervention. Une enquête est ouverte et nous espérons qu'elle permettra de faire la lumière sur ces événements et d'établir la responsabilité de chacun.

Nous souhaitons à Geneviève un prompt rétablissement et nous espérons que nous sortirons enfin de la logique dans laquelle les agitateurs des peurs et les tenants du tout sécuritaire souhaitent nous enfermer, "la répression ou le chaos", et dont nous voyons les terribles conséquences.  

Nous nous joignons à ATTAC 06 et à de nombreux partenaires associatifs, syndicaux et politiques pour appeler à un :

Rassemblement pacifique pour Geneviève Legay, 

Lundi 25 mars à 18h00 

Place Garibaldi à Nice

L'association "Tous citoyens !"

jeudi 21 mars 2019

Garantir le droit de manifester ET l'ordre public à Nice

 Communiqué de presse de l'association "Tous citoyens !" :

"Garantir le droit de manifester ET l'ordre public à Nice"

"Le Préfet des Alpes-Maritimes a annoncé une interdiction sectorisée de manifester à Nice pour l'acte 19 des Gilets Jaunes. Bien évidemment, la venue d'un chef d'État nécessite des mesures de sécurité. Bien évidemment, personne n'imagine l'avenue Jean Médecin à Nice ressembler aux Champs Elysées lors des actes de violences de samedi dernier. Dès lors, l'interdiction de manifester demandée par les tenants du tout répressif semblerait être la seule alternative. Pour autant, nous refusons de nous laisser enfermer dans l'impasse qui nous est imposée, "la répression ou le chaos", d'autant plus que les Gilets jaunes niçois ont toujours montré une bonne tenue lors de leurs défilés. Une autre alternative est possible :

1. Une réponse politique et économique : 

Nous demandons au Gouvernement d'annoncer avant samedi quelles suites seront données au grand débat national et de donner des garanties sur la possibilité d'avancées démocratiques et sociales grâce à ce processus : modalités de prises de décisions suite aux propositions émises (conférence sociale ? débat parlementaire ? référendum ?) et calendrier de réalisation. 

2. Une réponse sécuritaire proportionnée et raisonnée : 

Le Gouvernement n'a pas su garantir la sécurité et l'ordre public sans porter atteinte aux libertés fondamentales ni à l'intégrité physique et psychologique des personnes.

Nous demandons au Gouvernement et au Préfet des Alpes-Maritimes de permettre les manifestations à Nice tout en garantissant la sécurité de tous sans recourir aux armes mutilantes (grenades de désencerclement et LBD 40). 

Nous demandons aux Gilets Jaunes de se dissocier des casseurs et, si des casseurs se manifestent, de coopérer avec les forces de l'ordre afin de les laisser les isoler et les empêcher de nuire. 

Nous demandons au Préfet des Alpes-Maritimes d'organiser une réunion de concertation avant samedi en invitant les Gilets Jaunes azuréens à y envoyer leurs représentants et d'instaurer enfin un dialogue permettant de concilier droit de manifester, sécurité et ordre public."

L'association "Tous citoyens !"

mardi 19 février 2019

Carnaval de Nice : le sens de la fête

La Ville de Nice a réduit la fête carnavalesque à de l'événementiel. Puis elle l'a coupée des pauvres qu'elle ne veut pas voir à sa fête et l'a bunkérisée, pour mieux la contrôler. Dans ce laboratoire sécuritaire Christian Estrosi teste une société miniature sous contrôle total, permanent, par la reconnaissance faciale. Le carnaval de Nice tourne au cauchemar. Il devait faire rire. Il fait peur.

Un carnaval est une fête populaire et intempestive. C'est l'occasion de faire la fête en famille ou entre amis, un bon moment partagé. Mais si le rire est libérateur, c'est aussi parce qu'il est transgressif. Les caricatures sont corrosives et moqueuses, on fait ce que l'on n’a pas le droit de faire d'habitude, on est envahi par un délicieux sentiment de liberté.

La Ville de Nice a commencé par imposer une sélection d'accès au carnaval par l'argent, qui empêche le carnaval de rester populaire.

Puis elle a bunkerisé la fête en clôturant le périmètre du carnaval par d'immondes palissades noires, coupant littéralement la ville en deux. 

Pour entrer dans le bunker il faut passer tous les portiques de sécurité. Si la lutte contre la menace terroriste est indispensable et si rendre le dispositif de sécurité visible peut être rassurant, trop d'uniformes, d'armes et de fouilles tue le sens de la fête et l'une de ses indispensables composantes : la liberté.

A l'intérieur du bunker, les niçois qui ont fait la dépense ont le droit, eux, de s'amuser. Mais l'événement est millimétré, réglé comme du papier à musique. La folie carnavalesque est factice puisqu'elle est paramétrée à l'avance par les organisateurs. 

Le défilé des chars, malgré le talent des carnavaliers, en est le paroxysme. Moquer Trump, Merkel ou Macron est si facile ! Être subversif, ce serait de caricaturer Christian Estrosi et Eric Ciotti se chamaillant, hargneux et ridicules, en couches culottes dans un bac à sable... 

Enfin, Christian Estrosi vient d'annoncer que l'édition 2019 du carnaval de Nice serait l'occasion de tester la reconnaissance faciale. Les Niçois, à l'intérieur du bunker carnavalesque, deviennent les rats du laboratoire de la sécurité estrosiste. 

La Ville de Nice tient-elle réellement à savoir qui a lancé des confettis sur qui ? Non, elle teste un dispositif sécuritaire jamais installé en France, pays des droits de l'homme : contrôler à chaque instant qui fait quoi, où, et avec qui. Un contrôle en temps réel, permanent, de la population. C'est de la mauvaise science-fiction, une biopolitique poussée à l'extrême. Plus qu'un système de sécurité, c'est un modèle de société à tendance totalitaire que l'on ne voit qu'en Chine, dans les rêves de Donald Trump et de tout apprenti dictateur, et, désormais, à Nice.

La Ville de Nice a réduit la fête carnavalesque à de l'événementiel. Puis elle l'a coupée des pauvres qu'elle ne veut pas voir à sa fête. Ensuite elle l'a enfermée, cadenassée, bunkérisée, pour mieux la contrôler. Dans ce laboratoire sécuritaire qui ne fait plus rire du tout, Christian Estrosi teste une société miniature sous contrôle total, permanent, par la reconnaissance faciale. Le carnaval de Nice tourne au cauchemar. Il devait faire rire. Il fait peur.

samedi 9 février 2019

Macron, le tournant liberticide

Après le "tournant libéral" des gouvernements de gauche nous assistons au "tournant liberticide" d'un gouvernement libéral.

Alors que de nombreux électeurs ont dû se résoudre à voter pour un parti dont la seule idéologie identifiable était le libéralisme afin d'empêcher l'extrême droite d'accéder au pouvoir, le gouvernement issu de ce vote met en oeuvre une politique liberticide digne d'un parti d'extrême droite.

L'opposition au libéralisme a toujours posé des difficultés à la gauche car le libéralisme politique, dans ses fondements historiques, défend les libertés individuelles quand, dans les faits, le libéralisme économique alimente un système déshumanisant brisant l'individu. Or, avec Emmanuel Macron, nous avons un candidat qui défendait les libertés individuelles, notamment sur des questions sociétales comme le burkini ou sur les questions sécuritaires comme l'état d'urgence. Une fois au pouvoir, il opère un tournant liberticide fondamentalement contradictoire avec son libéralisme précédemment revendiqué. Nous sommes confronté à une donne politique nouvelle : un libéralisme liberticide.
S'il ne prétend ni "terroriser les terroristes" ni "nettoyer" les cités "au Karcher", le pouvoir macronien n'engage pas moins la France dans un tournant sécuritaire et liberticide extrêmement dangereux. Celui qui était encore inconnu quatre ans avant son élection à la présidence de la République fait glisser notre société dans un processus assumé de privation de libertés. 

François Hollande, durant son mandat, sous couvert de lutte contre le terrorisme, avait mené des attaques frontales contre les libertés individuelles. Il n'avait eu de cesse de brider le pouvoir judiciaire et le pouvoir législatif au profit du pouvoir exécutif. Emmanuel Macron poursuit cette politique, l'amplifie et la systématise.
En octobre 2017 il fait transposer dans le droit commun les mesures sécuritaires de l'état d'urgence. De fait, l'exception devient la règle et l'exécutif obtient des pouvoirs exorbitants.

En 2018 il fait voter une loi asile-immigration qui instaure un droit de seconde catégorie pour les migrants et constitue un processus systématique d'entrave au droit d'asile.

En 2019 les violences policières et le nombre de manifestants mutilés explosent. Sous couvert de mobilisation des gilets jaunes, l'État est passé du monopole de la violence légitime à un abus systématique et systémique de violences légales. L'interdiction des LDB et des armes intermédiaires contre les manifestants devrait être une évidence.

Dans la foulée, Emmanuel Macron fait voter une loi dite "anti-casseurs" qui limite le droit de manifester. Ce devrait être uniquement aux juges et non aux préfets de décider d'une interdiction de manifester et on ne peut condamner qu'un acte commis et non un acte à venir. Mais rien n'y fait, le gouvernement instaure une dangereuse présomption de culpabilité et transfert les prérogatives des juges à des préfets aux ordres. Là encore, on affaiblit la séparation des pouvoirs en France. Là encore, on prive le citoyens de droits fondamentaux. Là encore, on profite d'un climat anxiogène pour limiter tout contre-pouvoir possible. Que se passera-t-il, demain, si un parti extrémiste arrive au pouvoir ? Interdira-t-il à ses opposants politiques de manifester ? 
La récente tentative de perquisition chez Médiapart constitue une entrave à la protection des sources et donc au travail de la presse libre s'inscrivant dans ce vaste mouvement vers un exercice liberticide du pouvoir.
Quand le gouvernement a prétendu s'en prendre uniquement aux terroristes, les citoyens n'ont rien dit, car ils ne sont pas terroristes.

Quand le gouvernement s'en est pris aux demandeurs d'asile, les français n'ont rien fait, car ils ne sont pas demandeurs d'asile.

Quand le gouvernement a dit s'en prendre aux casseurs, les manifestants n'ont rien fait, car ce ne sont pas des casseurs.

Quand le gouvernement s'en est pris à la presse indépendante, la majorité silencieuse est restée silencieuse, car elle ne lit pas la presse.

Mais c'est à notre démocratie qu'ils s'en prennent et, en réalité, ils sont déjà venus nous chercher.