samedi 9 février 2019

Macron, le tournant liberticide

Après le "tournant libéral" des gouvernements de gauche nous assistons au "tournant liberticide" d'un gouvernement libéral.

Alors que de nombreux électeurs ont dû se résoudre à voter pour un parti dont la seule idéologie identifiable était le libéralisme afin d'empêcher l'extrême droite d'accéder au pouvoir, le gouvernement issu de ce vote met en oeuvre une politique liberticide digne d'un parti d'extrême droite.

L'opposition au libéralisme a toujours posé des difficultés à la gauche car le libéralisme politique, dans ses fondements historiques, défend les libertés individuelles quand, dans les faits, le libéralisme économique alimente un système déshumanisant brisant l'individu. Or, avec Emmanuel Macron, nous avons un candidat qui défendait les libertés individuelles, notamment sur des questions sociétales comme le burkini ou sur les questions sécuritaires comme l'état d'urgence. Une fois au pouvoir, il opère un tournant liberticide fondamentalement contradictoire avec son libéralisme précédemment revendiqué. Nous sommes confronté à une donne politique nouvelle : un libéralisme liberticide.
S'il ne prétend ni "terroriser les terroristes" ni "nettoyer" les cités "au Karcher", le pouvoir macronien n'engage pas moins la France dans un tournant sécuritaire et liberticide extrêmement dangereux. Celui qui était encore inconnu quatre ans avant son élection à la présidence de la République fait glisser notre société dans un processus assumé de privation de libertés. 

François Hollande, durant son mandat, sous couvert de lutte contre le terrorisme, avait mené des attaques frontales contre les libertés individuelles. Il n'avait eu de cesse de brider le pouvoir judiciaire et le pouvoir législatif au profit du pouvoir exécutif. Emmanuel Macron poursuit cette politique, l'amplifie et la systématise.
En octobre 2017 il fait transposer dans le droit commun les mesures sécuritaires de l'état d'urgence. De fait, l'exception devient la règle et l'exécutif obtient des pouvoirs exorbitants.

En 2018 il fait voter une loi asile-immigration qui instaure un droit de seconde catégorie pour les migrants et constitue un processus systématique d'entrave au droit d'asile.

En 2019 les violences policières et le nombre de manifestants mutilés explosent. Sous couvert de mobilisation des gilets jaunes, l'État est passé du monopole de la violence légitime à un abus systématique et systémique de violences légales. L'interdiction des LDB et des armes intermédiaires contre les manifestants devrait être une évidence.

Dans la foulée, Emmanuel Macron fait voter une loi dite "anti-casseurs" qui limite le droit de manifester. Ce devrait être uniquement aux juges et non aux préfets de décider d'une interdiction de manifester et on ne peut condamner qu'un acte commis et non un acte à venir. Mais rien n'y fait, le gouvernement instaure une dangereuse présomption de culpabilité et transfert les prérogatives des juges à des préfets aux ordres. Là encore, on affaiblit la séparation des pouvoirs en France. Là encore, on prive le citoyens de droits fondamentaux. Là encore, on profite d'un climat anxiogène pour limiter tout contre-pouvoir possible. Que se passera-t-il, demain, si un parti extrémiste arrive au pouvoir ? Interdira-t-il à ses opposants politiques de manifester ? 
La récente tentative de perquisition chez Médiapart constitue une entrave à la protection des sources et donc au travail de la presse libre s'inscrivant dans ce vaste mouvement vers un exercice liberticide du pouvoir.
Quand le gouvernement a prétendu s'en prendre uniquement aux terroristes, les citoyens n'ont rien dit, car ils ne sont pas terroristes.

Quand le gouvernement s'en est pris aux demandeurs d'asile, les français n'ont rien fait, car ils ne sont pas demandeurs d'asile.

Quand le gouvernement a dit s'en prendre aux casseurs, les manifestants n'ont rien fait, car ce ne sont pas des casseurs.

Quand le gouvernement s'en est pris à la presse indépendante, la majorité silencieuse est restée silencieuse, car elle ne lit pas la presse.

Mais c'est à notre démocratie qu'ils s'en prennent et, en réalité, ils sont déjà venus nous chercher.

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