dimanche 7 juin 2020

Élections municipales à Nice et "amnésie" supposée : clarifications

En aucun cas la liste Viva n'a demandé, accepté ou refusé une fusion de liste avec JM Governatori et P Allemand. Si, fait improbable, elle avait accepté une telle fusion, je n'y aurais pas participé. L'éthique d'action demande constance et cohérence.

La liste "Viva ! Démocratie, écologie, solidarité" a fait à Nice, en peu de temps, une très belle campagne et je remercie chaleureusement toutes celles et ceux qui y ont participé. Il nous a manqué 720 voix pour être présents au second tour : ce n'est que partie remise. 

Cette aventure collective rassemblant quatre forces politiques (LFI, PCF, Génération.s et Ensemble) et des citoyens non encartés, au-delà de l'exercice démocratique de la campagne, constitue, je l'espère, l'acte de refondation et l'avenir de la gauche niçoise.

Je pensais ne plus écrire d'article sur cette élection mais le billet d'humeur de Thierry Prudhon publié dans Nice Matin ce jour, bien légitime puisque subsiste une incompréhension, appelle réponse. Notre liste serait devenue "amnésique" et prête à s'allier à Jean-Marc Governatori après l'avoir critiqué durant la campagne. Clarifications :

- Le Collectif citoyen 06 nous a invité à une réunion en vue d'une union au second tour. Nous avons convenu de nous y rendre et que nos représentants à cet échange reviendraient vers nous pour que nous puissions décider collectivement et démocratiquement de la position à adopter. 

- Avant que nous n'ayons eu à prendre cette décision et à voter en interne, nous avons appris que cette union ne serait pas possible suite à un refus de la liste AEI-EELV.

- En conséquence, en aucun cas la liste Viva n'a demandé, accepté ou refusé de fusion ni avec la liste menée par Patrick Allemand ni avec celle menée par Jean-Marc Governatori.

- Je pense que nous aurions refusé mais, respectant nos règles démocratiques internes, je ne peux l'affirmer puisque ce vote n'a pas eu lieu.

- Par contre, opposé à toute fusion de listes, j'avais prévenu mes colistiers et l'ensemble de l'équipe de Viva qu'en cas de fusion je me retirerais et ne participerais ni à une liste ni à une campagne commune.

J'ai décrit les choix politiques nationaux et locaux de Patrick Allemand et Xavier Garcia ici : Etre ou ne pas être de gauche à Nice. J'ai écrit aux écologistes niçois pour leur dire qui était Jean Marc Governatori et quel était le bilan de mandat de Juliette Chesnel et Fabrice Decoupigny ici : Lettre ouverte aux écologistes niçois. Il n'y a aucune amnésie de ma part et en aucun cas je n'aurais renié mes écrits et mes engagements.

Je devrais tout naturellement, face à aux dangers que représentent les politiques défendues par Philippe Vardon et Christian Estrosi, voter pour une liste EELV. Mais, en raison des éléments explicités dans ma lettre aux écologistes niçois citée plus haut, il m'est impossible, d'un point de vue éthique, de voter pour Jean-Marc Governatori. Je voterai donc "blanc" au second tour.

Au-delà de ces péripéties politiciennes imposées, l'urgence sociale, écologique et démocratique est là et appelle mobilisation, éthique d'action et responsabilité. J'y répondrai à mon niveau au sein de "Tous citoyens", de "Viva", et avec l'ensemble des citoyennes et citoyens prêts à s'impliquer pour cela.

jeudi 7 mai 2020

Pour une démondialisation écologique et humaniste

La démondialisation ne doit, en aucun cas et d'aucune manière, pouvoir être assimilée d'une part à un productivisme aveugle contraire à l'écologie et d'autre part à un nationalisme contraire à notre humanisme. La démondialisation sera écologique et humaniste ou elle ne sera pas.

La crise sanitaire, sociale et économique du Covid-19 a fait enfin comprendre à ceux qui s'y refusaient que la France était trop dépendante de ses importations et que, pour faire face aux crises à venir de façon plus efficace qu'elle ne le fait face à celle que nous vivons actuellement, elle devait être plus autonome. Cette autonomie passe par la relocalisation de filières de productions essentielles.

Elle passe également par un renforcement des services publics, notamment hospitaliers, par une préservation des biens communs, par une nouvelle répartition des richesses et par la garantie d'un revenu universel d'existence pour tous sans avoir à improviser des dispositifs compensations sociales partiels et partiaux. J'ai déjà esquissé cela (lire ici) et j'y reviendrai ultérieurement.

Concernant ces fameuses relocalisations de filières industrielles stratégiques devant garantir l'autonomie (de préférence à "indépendance") sanitaire et économique de la France, se pose la question centrale de savoir comment nous concevons cette politique et comment nous la nommons. Resurgissent alors des mots comme "souverainisme", "protectionnisme", "frontière" et, dans un champs lexical proche mais différent, "relocalisation", "circuits courts", "autosuffisance". Entre les deux, un concept que nous sommes nombreux à avoir défendu, notamment avec Arnaud Montebourg depuis 2011 et que nous défendons toujours, sans forcément y entendre tous la même chose : la "démondialisation".

Patriotisme économique, souverainisme et protectionnisme

Le premier champs lexical, de "souverainisme" à "frontières" en passant par "protectionnisme", "made in France" ou "patriotisme économique", permet à certains de rêver d'un dépassement des clivages politiques traditionnels de droite et de gauche en réalisant une union nationale, ces thèmes pouvant séduire les citoyens jusqu'aux électeurs d'extrême droite. Mais la démondialisation ne doit pas aboutir à un repli sur soi chauvin, chaque patriote restant du bon côté de sa frontière, une main sur le cœur, l'autre tendant haut son drapeau et chantant bien fort son hymne national. Certains disent "les Français d'abord", d'autres "America First", mais cela ressort du même creuset.

Pour autant, la patrie n'est pas la nation et être patriote n'est pas une tare ou une faute. Pour autant, sans un protectionnisme qui taxe aux frontières de l'UE les produits fabriqués sans respecter la protection et des travailleurs et de l'environnement, le produit étranger fabriqué ainsi vaudra toujours moins cher qu'un produit européen ou national plus vertueux. Pour autant, la politique du "made in France" et du "redressement productif" menée par Arnaud Montebourg en tant que ministre de 2012 à 2014, de la tentative de renationalisation temporaire de Florange aux 34 plans industriels stratégiques en passant par le décret de mai 2014 limitant l'investissement étranger dans des secteurs clefs, correspond très précisément à la politique qu'il aurait fallu poursuivre pour nous éviter la dépendance actuelle. Tout cela est vrai. Mais la démondialisation ne doit, en aucun cas et d'aucune manière, être assimilable à un nationalisme et il faut se garder d'entretenir la confusion. Même la notion de "souverainisme" renvoie pour beaucoup aux mouvements souverainistes eurosceptiques ou pro frexit. Il s'agit de retrouver un juste milieu et de nous prémunir des extrêmes.

Afin d'éviter ce risque, certains reviennent à la "déglobalisation", le terme de mondialisation étant la traduction française du terme anglais "globalization" et la démondialisation étant une déglobalisation financière et marchande. D'autres relancent la notion, certes intéressante mais elle aussi polysémique et développée en des directions différentes, de "juste échange". Benoit Hamon propose, lui, propose dans un tweet de parler de "démarchandisation", terme qui porte bien l'idée d'extraire les biens communs du système marchand mais qui perd la notion de relocalisation.

Relocalisation, autosuffisance et décroissance

Le second champ lexical, de "relocalisation" à "autosuffisance" en passant par "circuits courts", "territoires résilients", "collapsologie" ou "décroissance", retranscrit bien la nécessité de l'autosuffisance (de préférence à "souverainisme") sanitaire, alimentaire ou énergétique. Il met également l'accent sur la dimension locale et territoriale de la résilience. La notion d'autosuffisance introduit l'idée, en plus de celle d'autonomie, de ne prélever dans la nature et de ne produire que ce qui nous est suffisant. Nous rejoignons là une sobriété qui s'oppose à la surproduction et à la surconsommation. 

La relocalisation n'est pas la renationalisation : niçois, je préfère un produit bio de la Ligurie italienne voisine à un produit gavé d'engrais chimiques et de pesticides du nord de la France. Le circuit court et l'intérêt écologique priment sur les frontières nationales. 

Mais les politiques regroupées dans ce champ lexical se heurtent à des précisions nécessaires sur la productivité. Si nous sommes déjà entrés dans une phase de décroissance subie, si l'arrêt brutal de l'économie durant le confinement évoque l'effondrement, il est indispensable de produire pour relocaliser les filières essentielles à l'autosuffisance. Il faut donc décroître dans certains domaines non essentiels et défendre une croissance raisonnée dans des filières stratégiques ciblées, à définir et à prioriser. Cette indispensable croissance liée à la relocalisation des filières stratégiques ne peut se faire en dépit de l'impératif écologique d'une économie décarbonée, soucieuses de préserver aux maximum nos ressources et d'être le moins polluante possible. Nous devons opérer une mutation profonde de l'Anthropocène telle que nous puissions le transformer de l'intérieur. Et, en aucun cas, la démondialisation et la relocalisation des filière industrielles essentielles ne peuvent se réduire à un productivisme aveugle et non écologique.  

Frontières

Pour saisir la portée de ces enjeux, un retour sur la question des frontières, ligne de démarcation idéologique, est utile et révélateur. Le RN propose une renationalisation de l'économie française en taxant les produits étrangers, quels qu'ils soient, aux frontières nationales, simplement parce qu'ils sont étrangers. Le protectionnisme peut ainsi être utilisé à des fins purement nationalistes. Mais il peut aussi être utilisé afin de préserver l'environnement et de protéger les travailleurs en taxant non pas aux frontières nationales mais aux frontières européennes les produits réalisés sans respecter les normes environnementales et les règles de l'Organisation Internationale du Travail (interdiction du travail des enfants, conditions de travail décentes, etc.).

Certains libéraux veulent ouvrir les frontières aux marchandises mais les fermer aux hommes et leur libéralisme économique se double d'une xénophobie mortifère. La démondialisation financière et marchande est, elle, fondamentalement humaniste. Elle refuse la mise en concurrence des travailleurs de pays importateurs avec ceux des pays exportateurs, tente de les protéger aussi bien les uns que les autres et retrouve ainsi l'ambition de l'Internationale socialiste. Elle ne saurait verser dans une traque inhumaine des réfugiés pris dans les affres des guerres et de la misère. 

La démondialisation doit intégrer ceux qui cherchent refuges au sein d'un écosystème économique local revivifié. Elle doit protéger les plus faibles et repenser le rapport au travail en se doublant d'un revenu universel d'existence pour toutes et tous. Elle doit permettre d'articuler l'action locale et celle de l'Etat. Elle doit aider l'ensemble des acteurs politiques et économiques à sortir de l'addiction à la recherche effrénée des profits et du mythe de la croissance illimitée. Elle doit savoir concilier la productivité indispensable à la relocalisation des filières stratégiques et la mise en oeuvre d'une véritable écologie politique. 

En définitive, la démondialisation sera écologique et humaniste ou elle ne sera pas.

vendredi 10 avril 2020

Tracking du Covid-19 : une nouvelle servitude volontaire

Participer volontairement à la traçabilité des personnes contaminées par le Covid-19 ne constitue rien de moins qu'une nouvelle servitude volontaire. J'invite chaque citoyenne et chaque citoyen à refuser de participer à toute forme de "tracking", de contrôle permanent des individus et de délation.

"Nous sommes en guerre", "couvre-feu", "drones", "tracking" et traçabilité des personnes contaminées... De crises en crises et à défaut de véritables solutions, la réponse sécuritaire s'impose peu à peu, banalisant le renoncement à nos libertés fondamentales.

Présenter la réponse sécuritaire comme seule réponse possible permet au pouvoir en place de masquer son incapacité à anticiper les crises et à y répondre de façon adéquate.

L'argument sécuritaire, face à la menace terroriste comme face à la menace sanitaire, pousse les citoyens à un "consentement" au renoncement.

La fabrique de ce consentement, véritable tour de force politique, ne constitue rien de moins qu'une nouvelle forme de servitude volontaire.

Dans cette droite ligne, le gouvernement français s'apprête à proposer son application de traçage des personnes contaminées par le Covid-19 sur la base du volontariat.

J'invite chaque citoyenne et chaque citoyen à refuser de participer à toute forme de "tracking", de contrôle permanent des individus et de délation.

Il en va de notre capacité à surmonter les crises que nous traversons sans renier nos valeurs.

Il en va de notre liberté et de notre humanité.

samedi 28 mars 2020

Il n'y aura pas de "jour d'après"

Les articles appelant à penser et à préparer "le jour d'après", souvent très pertinents, se multiplient. Or force est de constater que, les crises succédant aux crises, il n'y aura pas de jour d'après. Il faut, dès à présent, repenser le présent.

Les articles appelant à penser et à préparer "le jour d'après", souvent très pertinents, se multiplient, comme si le "moment post-coronavirus" était attendu comme moment fondateur d'un renouveau. Or force est de constater que, les crises succédant aux crises, il n'y aura pas de jour d'après. Il faut, dès à présent, repenser le présent.

Postulat

Notre époque n'est pas uniquement traversée par des crises successives, c'est le continuum de crises successives qui caractérise notre époque. 

Nous devons en conséquence repenser notre agir collectif et individuel afin d'être collectivement et individuellement aptes à résister et à surmonter ces crises, mais également afin d'être aptes à vivre et à nous émanciper collectivement et individuellement en temps de crise, pendant celle que nous traversons, quelle que soit sa nature et ses effets, car il y aura vraisemblablement de nouvelles crises après la crise.

Digression

Personne n'aurait pu prédire que nous allions tous être confinés et que l'économie mondiale serait partiellement à l'arrêt. Depuis le début du confinement, nous avons tous été enclins à penser, à un moment ou à un autre qu'une fois cette crise passée, "ce ne sera plus jamais comme avant." Aussitôt après avoir pensé cela, m'est revenu en mémoire notre état de sidération, à Nice, après l'attentat du 14 juillet 2016. Là également j'avais fait l'épreuve de cette pensée, bien que le contexte soit totalement différent : "rien ne sera plus jamais comme avant". Puis je me suis souvenu de l'expérience intime, d'un tout autre ordre, qu'a constitué pour moi la prise de conscience de l'urgence climatique, de l'impact de l'activité humaine sur la planète, de la décroissance subie et de l'effondrement. J'avais déjà vécu la prise de conscience individuelle de la contingence du monde en lisant Sartre ou celle du dépassement de l'illusion de liberté en lisant Spinoza. Mais là, lorsque nous réalisons que nous vivons une prise de conscience collective à grande échelle, nous sommes tentés de nous dire que "nous ne pourrons plus jamais voir les choses comme avant".

En réalité, nous sommes pris dans un tourbillon de crises successives et à chaque fois nous avons pensé que c'était la fin d'un cycle et que tout serait différent ensuite. Or, bien sûr, tout a repris, à chaque fois, de la même manière. Alors oui, le jour de la fin du confinement, nous irons tous voir les proches dont nous avons été séparés durant cette période, nous irons boire un verre entre amis et nous retrouverons l'infini plaisir de marcher ou de courir à plus d'un kilomètre de chez soi. Mais, de fait, nous devons affronter l'idée qu'au sortir de la crise du coronavirus et après un bref temps de répit, nous serons assaillis par un nouvel attentat ou un nouvel épisode caniculaire ou une nouvelle tempête, par une nouvelle crise politique ou sanitaire. Affronter l'idée qu'il n'y aura pas véritablement de "jour d'après" et encore moins de "monde d'après" nous impose une exigence de pensée encore plus grande. Le continuum de crise est tel que nous devons commencer à changer les choses dès maintenant, pendant la crise actuelle et sans attendre "le jour d'après".

Propositions

Proposition n°1 : préserver nos contre-pouvoir et notre démocratie en temps de crise

À chaque crise, qu'il s'agisse d'une vague d'attentat ou d'une crise sanitaire majeure, et afin de pouvoir prendre des décisions rapidement et efficacement, la tentation est grande de donner les clefs du pouvoir à quelques-uns voir à un seul en décrétant un état d'exception. Nous nous habituons ainsi à voir nos contre-pouvoirs suspendus ou réduits, à commencer par les prérogatives du parlement. Nous nous habituons également à voir nos libertés individuelles réduites voire supprimées en raison de la préservation de notre sécurité. Mais, à chaque fois et quelque soit la forme de l'état d'exception décrété, le risque de dérive autoritaire est grand, et le renoncement à nos droits et nos avancées démocratiques un peu plus ancré et accepté. Nous devons impérativement repenser nos institutions de sorte que des décisions rapides et efficaces puissent être prises sans contrevenir à la séparation des pouvoirs en France et en respectant chacun des contre-pouvoir. Nous devons également proclamer inaliénables et non suspensifs un certain nombre de droits collectifs et de libertés individuelles, qu'elle que soit la situation et la crise en cours.

Proposition n°2 : tendre vers une économie démondialisée et éco responsable

Afin d'affronter la crise actuelle et de parer aux crises futures il semble indispensable, entre autres, de :

- sortir les services publiques et les biens communs de l'exigence de rentabilité et de la loi du marché 

- diversifier l'économie et sortir de la mono activité, notamment touristique

- démondialiser, relocaliser et décarboner notre économie, filière par filière en s'emancipant autant que faire se peut des énergies fossiles.

- tendre vers l'autonomie alimentaire et énergétique 

Propositions n°3 : garantir un revenu universel à chacun

À chaque crise les plus démunis sont les oubliés des dispositifs mis en place et il faut à chaque fois lutter pour leur prise en charge. Nous devons garantir des conditions de vie décentes pour tous même lorsqu'une crise met l'économie à l'arrêt. Afin de ne pas devoir improviser de système d'aide universelle en temps de crise prenant le relais des aides classiques en temps "normal", il semble plus pertinent d'adopter un véritable "revenu universel" ou "revenu de base" garantissant, en temps de crise comme en tant normal, un revenu décent pour tous.

Chacune de ces propositions pourrait être complétée ou amendée et bien d'autres seraient à formuler. Mais l'essentiel est de garder à l'esprit que chacune d'entre elles doit être mise en oeuvre dès à présent.  Chacune doit pouvoir être appliquée aussi bien durant la crise actuelle que durant les temps de répit inclus dans le continuum de crises et durant les crises à venir, car il est vain d'attendre un "jour d'après".

mardi 24 mars 2020

Coronavirus : protection des sans-abri à Nice, encore un effort !

La mobilisation paye : Christian Estrosi ouvre l'internat du Lycée Massena et une auberge de jeunesse aux sans-abri. Mais si l'on ne va pas à leur rencontre les sans-abri n'en sauront rien et il faut organiser des maraudes couvrant l'intégralité de la ville pour les informer et les orienter.

La nature humaine est bien étrange. Personne n'aurait pu imaginer que nous soyons ainsi confinés. Par contre on aurait facilement pu parier qu'en cas de crise majeure, de quelque nature qu'elle soit, les sans-abri et les précaires seraient à nouveau oubliés et laissés pour compte.

Il en va ainsi du dispositif gouvernemental qui n’a pas anticipé la protection des sans-abri. Et, alors que beaucoup de communes ont pallié cet oubli en ouvrant rapidement des gymnases, des dispensaires ou autres bâtiments publics, la Ville de Nice, quelle surprise, a pensé aux drones et au couvre-feu avant de penser aux personnes en précarité.

Rappelons-le encore : les sans-abri ont droit à la même protection face au Covid-19 que l’ensemble de la population et les protéger permet en même temps de réduire le risque de propagation. Solidarité et lutte contre le virus vont de pair.

Suite à la mobilisation citoyenne à Nice, Christian Estrosi a annoncé l'ouverture aux sans-abri de l'auberge de jeunesse de la rue Sacha Guitry et de l'internat du Lycée Masséna et je salue cette avancée.

Mais nous n’avons fait que la moitié du chemin : il faut désormais sortir de la logique de guichet et aller au-devant des sans-abri.

En effet, le maire de Nice a déclaré à la presse qu'il avait proposé des places supplémentaires aux plus fragiles "qui se manifesteraient, ce qui n'est pas le cas pour le moment puisque l'Etat leur propose des chambres d'hôtels". Or c’est ignorer que la logique de guichet où l'on attend que les bénéficiaires potentiels se manifestent n'est pas adaptée aux politiques d'urgence sociale où il est indispensable d'aller à la rencontre des plus précaires.

De nombreux sans-abri ne sont pas au courant des moyens mis à leur disposition et n'ont à ce jour rencontré aucun travailleur social. Certains sont des exilés qui ne parlent pas le français et ne connaissent pas la ville. D’autres sont des SDF ayant connu de mauvaises expériences en centre d’accueil et ne souhaitant pas y retourner ou pensant simplement qu'ils sont, comme à l'accoutumée, plein à craquer. Mais il y a aussi celles et ceux qui vivent dans des squats, qui dorment dans leur voiture, leur caravane ou dans des camps de fortune. Tous doivent d’être informés des risques du Covid-19 et se voir proposer une prise ne charge.

Il s'avère dès lors indispensable d'organiser des maraudes coordonnées permettant de couvrir l'intégralité de la ville, de rencontrer les sans-abri, de les informer et de les orienter, tout en protégeant autant que faire se peut les travailleurs sociaux eux-mêmes. 

Et ce n’est qu’une fois que le plus grand nombre possible de sans-abri sera orienté vers les structures de prises en charge que nous verrons si les chambres d’hôtel du 115, les places disponibles du CCAS et des deux nouveaux sites mis à disposition seront suffisants, ce dont je doute fortement.

vendredi 20 mars 2020

Mineurs isolés : le Département 06 enfreint les règles de confinement

 Communiqué de presse de l’association « Tous citoyens ! » du 19 mars 2020

« Mise à la rue de jeunes exilés : 

le Département des Alpes-Maritimes enfreint les règles de confinement »

L’association « Tous citoyens ! » vient en aide aux exilés dans les Alpes-Maritimes et notamment aux Mineurs Non Accompagnés.

A 29 reprises en deux ans, notre association a accompagné des jeunes mis à la rue par le service d’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) des Alpes-Maritimes parce qu’ils ne pouvaient pas, selon ce service, prouver leur minorité. A 29 reprises le Tribunal pour Enfant de Nice a reconnu la minorité de ces jeunes, a ordonné leur placement jusqu’à leur majorité et a obligé l’ASE à les réintégrer.

Nous avons été contactés hier après-midi, mardi 17 mars 2020, par deux jeunes exilés, H., bangladais, et S., malien, car l’ASE les avait mis dehors du foyer où ils étaient mis à l'abri, le jour même, en pleine crise sanitaire du Covid-19, et à l’encontre de toutes les règles de confinement et de limitation des déplacements fixées par l’Etat.

Notre association étudie les possibilités de recours au tribunal concernant ces deux jeunes afin qu’ils obtiennent la protection de l’enfance jusqu’à leur majorité si celle-ci est établie, ainsi que le bien-fondé d'éventuelles demandes d’asile.

Cependant, qu’il s’agisse de mineurs ou de jeunes majeurs, le fait de mettre à la rue deux jeunes exilés étant vraisemblablement passés par l’Italie il y a deux mois, est totalement inconsidéré et irresponsable tant pour la santé de ces jeunes et que pour la santé publique.

Nous interpellons publiquement le service d’Aide Sociale à l’Enfance 06 et le Président du Département 06 dont il dépend, Charles-Ange Ginésy afin qu’ils expliquent pourquoi ils ont délibérément enfreint les consignes de confinement et afin que de tels actes ne se reproduisent plus.

Nous interpellons publiquement le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, afin de lui signaler les faits et qu’il puisse veiller au respect des consignes de confinement par les services du Département des Alpes-Maritimes.

Nous combattons au quotidien les entraves faites au respect des droits des mineurs isolés dans notre département. Nous ne nous attendions pas à devoir faire respecter les consignes de lutte contre la propagation du Covid-19 par le Département des Alpes-Maritimes lui-même.

Nice, le 18 mars 2020

Association « Tous citoyens ! »

jeudi 19 mars 2020

Répondre à l'urgence sanitaire et sociale à Nice

Cannes ouvre un centre d'accueil pour sans-abri au Palais des Festivals, Montpellier ouvre deux gymnases, Toulouse deux dispensaires... Quand Nice va-t-elle réagir ? Solidarité et lutte contre la propagation du Covid-19 vont de pair.


Communiqué de presse de "Viva ! démocratie, écologie, solidarité" 

du 19 mars 2020

Répondre à l'urgence sanitaire et sociale à Nice

Nous devons toutes et tous participer à la solidarité nationale, en responsabilité, pour faire face à la crise sanitaire que nous traversons.
Si nous appelons l’ensemble des citoyennes et des citoyens à respecter scrupuleusement les consignes données par le gouvernement, nous constatons à regret que les sans-abri, à nouveau, sont les oublié·es des dispositifs nationaux mis en place.

Or, pour leur propre santé comme pour la santé publique, il est indispensable de leur offrir les mêmes possibilités de confinement et d’hygiène qu’au reste de la population. Devant l’absence de mesure nationale, de nombreuses villes mettent en place des solutions d’hébergement d’urgence et de prise en charge des sans-abri.

Nous demandons officiellement au maire de Nice, Christian Estrosi, de faire de même et le plus vite possible en ouvrant des lieux d’accueil pour
les sans-abri.

Il s’agit d’une part de limiter la propagation du Covid-19 et, d’autre part, d’apporter des conditions de vie dignes et un peu d’humanité aux personnes sans domicile fixe en cette période de crise sanitaire majeure.

Nous avons proposé, lors de la campagne électorale du 1er tour des municipales, que le site de l’ancien Hôpital Saint-Roch retrouve sa vocation
de solidarité et d’hospitalité. Il pourrait servir, dès à présent, à l’accueil des plus démuni·es à Nice.


Nice, le 19 mars 2020