vendredi 12 mai 2023

BFM Nice : "Ils profitent électoralement de la misère humaine"

Frontière italienne: David Nakache dénonce un défilé des figures politiques pour "alimenter les peurs"

    


David Nakache, président de l'association Tous citoyens, est l'invité de Bonjour la Côte d'Azur ce mardi 9 mai 2023. Il dénonce ces dernières semaines un défilé figures politiques à la frontière italienne qui tiennent des propos "faux" et "sidérants".

lundi 1 mai 2023

Métropole Nice Côte d'Azur : une politique climaticide ?

La Métropole Nice Côte d'Azur a pris successivement plusieurs décisions climaticides, c'est-à-dire des choix politiques qui participent au dérèglement climatique. Ces choix sont d'autant plus surprenants qu'ils vont à l'encontre des objectifs que la Métropole a elle-même fixés en matière de lutte contre la pollution et les dérèglements climatiques dans ses deux documents maîtres en la matière : le Plan Climat Air Energie Territorial 2019-2025 (PCAET) voté en conseil métropolitain le 5 avril 2018 et le Plan d'Action de la Qualité de l'Air (PAQA) voté le 16 décembre 2021.

Ces décisions climaticides sont : 
- Concernant la circulation automobile, l'augmentation des tarifs des mobilités douces (bus, tram et vélos bleus) et la non application des Zone à Faibles Emissions mobilité (ZFE-m)
- Concernant le trafic aérien, l'extension de l'aéroport et la non limitation des jets privés
- Concernant l'artificialisation des sols, la poursuite de la bétonisation de la plaine du Var

Les conséquences du dérèglement climatique sont pourtant connues :  prolifération d'espèces invasives, sécheresses et pénuries d'eau, pluies torrentielles, inondations et tempêtes, etc. Rappelons, pour notre seul département, les 20 décès causés par les inondations survenues dans la nuit du 3 au 4 octobre 2015 dans les communes de Biot, Vallauris, Mandelieu, Antibes et Cannes. Rappelons également les 10 morts et 8 disparus dus à la tempête Alex dans les vallées de la Tinée, la Vésubie et la Roya le 2 octobre 2020. 

Les conséquences de la pollution sur la santé sont également bien identifiées : maladies respiratoires chez les personnes âgées et les enfants, aggravation des maladies cardio vasculaires, etc. Le Collectif citoyens 06 estime à 500 le nombre de décès prématurés par an dus à la pollution atmosphérique à Nice, chiffre finalement confirmé par la Métropole.

La Métropole fixe elle-même, dans ces deux documents planificateurs, ses objectifs pour atteindre la neutralité carbone, parmi lesquels :
- Réduire les émissions de gaz à effet de serre de 22 % d'ici 2026, de 33% d'ici 2030 et de 75 % d'ici 2050  
- Réduire les émissions de polluants atmosphériques de 44 % d'ici 2026 et de 48 % d'ici 2030. 

Dans son baromètre de la transition écologique, la Métropole annonce avoir réduit les émissions de gaz à effet de serre de 14% en 10 ans, de 2012 à 2022, soit 1,4% par an. A ce rythme là, d'ici 2050, au lieu de réduire les émissions de 75 % et d'atteindre la neutralité carbone, la Métropole n'aura baissé ses émissions que de 53,2 % : on est loin du compte ! Il faut en conséquence accélérer ce processus. Or les décisions prises vont dans le sens inverse et vont ralentir la réduction des émissions de gaz à effet de serre, voire les augmenter. 

Revenons sur les choix climaticides récents de la Métropole Nice Côte d'Azur :

1. Circulation automobile : augmentation des tarifs des mobilités douces (bus, tram et vélos bleus) et non application des Zone à Faibles Emissions  (ZFE-m)

Le transport routier représente 55 % de la production de gaz à effet de serre et 40 % des polluants atmosphériques. Très logiquement, le premier levier d'action identifié dans le PCAET est "la réduction de la part modale du véhicule thermique grâce à la restructuration du réseau de tramway et de bus ainsi que le développement des modes doux comme le vélo". Or la Métropole vient de faire l'inverse en augmentant les tarifs d'abonnements au vélo bleu en février dernier. Elle va de plus augmenter les tarifs des transports en commun au 1er juillet 2023 : le ticket solo passe de de 1,50 € à 1,70 € (+ 13,33 %) ; l'abonnement annuel passe de 326,50 euros à 360 euros (+ 10,20 %) ; la carte de 10 voyages à 10 € (la plus plébiscitée par les usagers) est supprimée et remplacée par une carte de 50 voyages nécessitant de débourser 50 euros. Déni social, contresens écologique, cette augmentation des tarifs va être forcément dissuasive et va freiner l'utilisation des transports doux. Les mobilités durables, levier déterminant pour faire baisser la pollution atmosphérique en centre ville, sont donc clairement délaissées par la Métropole. Et cela va très précisément à l'encontre du plan d'action fixée par la Métropole elle-même dans son propre PCAET et son action IV.1.3 : "Induire un report modal vers les transports collectifs par une gamme tarifaire attractive et une facilitation des gestes des usagers des transports en commun."

Autre levier permettant de faire chuter la production de gaz à effet de serre et réduire le bruit : les Zone à Faibles Emissions mobilité (ZFE-m). Pour circuler dans les territoires placés en ZFE-m, il faut un certificat qualité de l’air et les véhicules les plus polluants ne peuvent y accéder. Alors qu'il s'agit d'une obligation légale, la Métropole a délimité le plus petit périmètre possible (2% des véhicules concernés sur seulement 4% de la superficie de la commune de Nice), et Christian Estrosi a déclaré à la presse et en conseil métropolitain qu'il ne sanctionnerait pas le non respect de ces zones. Autrement dit, sans coercition, pas de baisse de production de CO2. L'argument avancé pour ne pas rendre opérationnel ce dispositif est d'ordre social et doit être pris en compte : beaucoup de personnes, malgré les primes à la conversion, ne peuvent changer de véhicule et se verraient ainsi privées d'accès au centre ville. Devant cette difficulté les élus métropolitains renoncent à cet outil déterminant de lutte contre la pollution atmosphérique que sont les ZFE-m.

Un autre levier est pourtant à la disposition de la Métropole et permet de répondre à ces difficultés, mais elle refuse de s'en servir : la gratuité des transports en commun.
Ce choix, déjà opéré par 38 villes en France dont Calais, Dunkerque et tout récemment Montpellier, permet de faire d'une pierre deux coups : on rend les transports en commun le plus attractifs possible et on compense la mise en œuvre des zones à faibles émissions mobilité. 
Aujourd'hui 40% des trajets effectués dans la Métropole font moins de 3 km, beaucoup se font à l'intérieur de Nice intra-muros. Le seul moyen de faire chuter la production de gaz à effet de serre et de limiter le tout voiture est de provoquer un changement de comportement profond. Faire abandonner la voiture à ceux qui roulent pour le moindre déplacement n'est possible qu'en changeant radicalement l'image collective que l'on a des transports en commun. Et ce ne sont pas les aménagements tarifaires par catégories d'usagers qui y parviennent. La gratuité, c'est la liberté de monter dans un bus ou un tramway sans se soucier d'avoir renouvelé son abonnement, d'avoir payé un titre de transports ou de risquer un contrôle. C'est la liberté pour tous d'abandonner la voiture en centre ville. La gratuité des transports en commun est de plus une mesure qui réconcilie écologie et progrès social : elle permet de réduire la pollution tout en faisant baisser le budget transport des ménages. Alors que l'augmentation des tarifs votée par les élus métropolitains sanctionne financièrement les habitants, la gratuité rend la mobilité accessible à tous.
La gratuité permet d'offrir une solution à celles et ceux qui seraient sanctionnés par les ZFE-m en rendant l'accès au centre ville gratuit, par les transports en commun, à condition de ne plus y utiliser son véhicule trop polluant.
Certains disent que la gratuité des transports réduit la marche à pied. C'est en partie vrai, mais l'expérience démontre que c'est davantage le côté agréable ou désagréable de l'environnement urbain qui incite à marcher ou à ne pas marcher en ville. D'autres disent qu'il est injuste de rendre gratuits les transports pour les personnes aisées. C'est également vrai mais d'une part les personnes les plus aisées ne prennent actuellement que très peu les transports en commun, et, d'autre part, on ne peut changer radicalement l'image des transports en commun dans notre imaginaire collectif sans passer par une gratuité inconditionnelle pour tous et sur tout le réseau.
Seule la gratuité inconditionnelle des transports en commun permet un changement radical de la mobilité dans notre imaginaire collectif et rend possible l'abandon du "tout voiture". Nice peut devenir la 39ème ville et la 2ème métropole de France à la mettre en œuvre.
Avec le rassemblement citoyen Viva nous avons lancé une pétition contre l'augmentation des tarifs des mobilités douces et pour la gratuité inconditionnelle des transports en commun qui a déjà récolté plus de 1 500 signatures. A signer et faire signer ici : https://www.mesopinions.com/petition/social/transports-commun-nice-augmentation-tarifs/204302

2. Trafic aérien : extension de l'aéroport et non limitation des jets privés

Le trafic aérien constitue une autre source importante de pollution atmosphérique. Si l'Aéroport de Nice se défend et se prétend vertueux en ne mesurant que la pollution causée par les avions au sol, sur les pistes, il est évident que l'augmentation du trafic aérien augmente la pollution atmosphérique. Et si l'Aéroport de Nice affiche une neutralité carbone, c'est uniquement une neutralité "par compensation", c'est-à-dire en payant un droit de polluer ici et en compensant ailleurs sur la planète... 

Le projet d'extension de l'aéroport de Nice consistait initialement à passer de 13 millions de passagers par an à 18 millions dès 2022 puis 21 millions en 2030. Le Covid et le confinement ont ralenti le processus mais la Métropole a réaffirmé sa volonté d'extension de l'aéroport à l'identique tout en restant plus floue sur le calendrier. Or on ne peut augmenter le nombre de passagers et donc principalement de touristes sans augmenter la pollution atmosphérique, les nuisances sonores pour les riverains, la production de déchets dans un système de gestion déjà saturé, les d'embouteillages, etc. 

Nous sommes nombreux à alerter depuis plusieurs années sur les dangers du tourisme de masse et du sur-tourisme, ce point de bascule où le développement du tourisme nuit de façon irrémédiable à la santé publique, à l'équilibre social et économique, à notre qualité de vie et à notre environnement. Dès janvier 2020 je dénonçais dans un article "Sur-tourisme et qualité de vie à Nice" les dangers écologiques, sociaux et économiques de la mono-activité touristique. Le tourisme fait vivre beaucoup de niçois mais l'économie niçoise dépend trop du tourisme. Au lieu de diversifier les moteurs d'attractivité et de développement économique, nous sombrons encore davantage dans une mono-activité touristique dangereuse. Si les conditions climatiques se dérèglent encore davantage ou si le risque attentat devient tel que la "destination Nice" tombe pour les tours opérateurs, la très grande majorité de l'activité économique niçoise sera purement et simplement à l'arrêt. De plus, alors que de nombreux acteurs du secteur font des efforts pour tendre vers un tourisme éco-responsable, le choix de maintenir l'extension de l'aéroport de Nice relance le modèle pourtant dépassé du tourisme de masse. Tant que la Métropole n'aura pas renoncé à son projet d'extension de l'aéroport de Nice, elle sera disqualifiée à prétendre lutter contre les dérèglements climatiques.

Le rassemblement citoyen Viva a lancé en 2020 une pétition contre l'extension de l'aéroport qui a rassemblé plus de 13 000 signataires : https://www.mesopinions.com/petition/social/referendum-extension-aeroport-nice/78071https://www.mesopinions.com/petition/social/referendum-extension-aeroport-nice/78071
Une seconde pétition a été lancée par le collectif "Stop à l'extension de l'aéroport de Nice" et a déjà récolé plus de 4 800 signatures : https://agir.greenvoice.fr/petitions/non-a-l-extension-de-l-aeroport-nice-cote-d-azur-une-bombe-climatique-et-sanitaire

Si la Métropole continue de s'enfoncer dans le sur-tourisme au détriment d'un tourisme éco responsable, elle développe bien un modèle de tourisme particulier : le tourisme de luxe. Outre le tourisme de luxe maritime, elle a développé un trafic aérien de jets privés considérable, au point de faire de Nice la troisième destination mondiale la plus prisée des propriétaires de jets privés. L'aéroport de Nice Côte d'Azur serait ainsi l'aéroport européen qui a accueilli le plus de vols de jets privés en 2022 : 34.710 jets privés, soit 95 vols par jour ! Au total, 6% du trafic aérien européen en jet privé passerait par Nice.
Les jets privés sont 50 fois plus polluants que les trains. On a tracé l'impact écologique des déplacements des hyper-riches : l'empreinte carbone en jet privé de la 3e plus grosse fortune mondiale, Bernard Arnault, pour le seul mois de mai 2022, est égale à celle d'un français moyen en... 17 ans. Un jet polluerait autant en une heure qu’un Français en un an. 

Portée par EELV et localement par le groupe écologiste d'opposition à la Métropole Nice Côte d'Azur ou Extinction Rébellion, l'opposition aux jets privés a fait l'objet d'un projet de loi déposé à l'Assemblée Nationale et une pétition a également été lancée, recueillant plus de 56 000 signatures : https://agir.greenvoice.fr/petitions/mesdames-et-messieurs-les-deputes-interdisez-les-vols-en-jet-prive. Les élus de la majorité métropolitaine niçoise ont répondu par le déni et n'envisagent en rien de limiter la prolifération des vols en jets privés. 

Etrangement, la mesure de la pollution causée à Nice par le trafic aérien n'est pas clairement étayée. Les documents produits par la Métropole sont effectivement bien silencieux sur la pollution liée au trafic aérien. Le PCAET et le PAQA mentionnent bien le trafic aérien dans les sources de pollutions mais sans donner de détail : "Les transports maritimes et aériens représentent 16% des émissions de NOx et 5% des émissions de particules fines." La Métropole ne donne donc pas le bilan carbone précis du trafic aérien à Nice. Pire, les mots "jets privés" sont absents de tous les documents planificateurs mis en ligne. Il y a là un défaut de transparence évident.

3. Artificialisation des sols : poursuite de la bétonisation de la plaine du Var

Autre décision climaticide : la bétonisation de la plaine du Var. L'objectif fixé par la loi est d'atteindre zéro artificialisation nette d'ici 2050, ce qui implique, pour les territoires (communes, départements, régions) de réduire de 50 % le rythme d’artificialisation et de la consommation des espaces naturels, agricoles et forestiers d’ici 2030 par rapport à la consommation mesurée entre 2011 et 2020. Rappelons que l'artificialisation est un phénomène qui consiste à transformer un sol naturel, agricole ou forestier, par des opérations d’aménagement pouvant entraîner une imperméabilisation partielle ou totale. Les conséquences de l'artificialisation des sols sont connues : perte de biodiversité, augmentation du risque inondation, réduction de la capacité agricole pour produire de la nourriture, et, bien sûr, dérèglement climatique (un sol artificialisé n’absorbe plus le CO2 et participe à la hausse du réchauffement climatique). Le changement d'affectation d'un sol a un impact direct sur la production ou la captation de carbone et joue sur l'évolution du stock carbone d'un territoire.

La plaine du Var est historiquement un vivier agricole fertile ayant permis d'approvisionner Nice et sa région en produits frais durant des siècles. L'Opération d'Intérêt National "éco vallée", dont le préfixe vise le développement économique et non l'écologie, est un projet d'un autre temps qui a permis de construire au détriment des terres fertiles et d'artificialiser massivement la plaine. Les projets, en cours de réalisation ou à venir, constituent une aberration environnementale majeure : 
  • Grand Arénas = 565 000 m2
  • Le Pôle d'échange multi-modal = 108 000 m2
  • Nice Méridia = 320 000 m2
  • IKEA = 40.000 m2, etc. 
Outre le PLUm qui permet de limiter l'artificialisation des sols, le document planificateur qui doit compléter le PCAET et qui permet à un territoire de préserver ses terres arables et d'augmenter son autonomie alimentaire est le "Projet Alimentaire Territorial" (PAT). Or malgré différentes annonces faites depuis 2020, la Métropole Nice Côte d'Azur ne s'est toujours pas dotée d'un PAT. Il n'y a donc ni diagnostic précis, ni stratégie, et encore moins de plan d'actions concrètes. Tout reste l'état de projet et c'est là un retard très inquiétant. Si la Métropole s'était dotée d'un PAT, nul doute que la bétonisation actuellement en cours de la Plaine du Var aurait été incompatible avec ses prescriptions. Cette bétonisation est un contresens écologique total. 

Dans cette plaine, on construit en zone historiquement inondable. Résultat : l'immeuble "l'Avant-Scène", en cours de construction face à la gare Saint Augustin et qui monopolise à lui seul 36 000 m2, s'est enfoncé de 16 cm dans le sol. Pire, pour construire le pôle multimodal et pour assécher la zone on aurait pompé 47 000 m3 d'eau dans la nape phréatique ! 
Le 25 janvier 2023 le parquet financier de Paris effectuait une série de perquisitions dans les bureaux d'agents et d'élus de la Métropole concernant plusieurs contrats passés parmi lesquels le bâtiment "Iconic" près de la gare Thiers et... les conditions d'acquisition par la société Fondimmo des 36.000m2 sur lesquels l’"Avant Scène" est érigé.


On le voit à travers ces trois domaines d'interventions majeurs que sont la circulation automobile, le trafic aérien et l'artificialisation des sols, les choix opérés par la Métropole démentent les belles déclarations de ses élus et contredisent les documents planificateurs qu'elle a elle-même votés et les objectifs qu'elle s'est elle-même fixés. 
En augmentant les tarifs des transports doux, en ne rendant pas effectives les ZFE-m et en n'instaurant pas la gratuité inconditionnelle des transports publics, la Métropole laisse la production de gaz à effet de serre progresser et s'empêche de l'enrayer. 
En maintenant son projet d'extension de l'aéroport de Nice et en ne limitant pas les vols en jets privés, elle va augmenter la production de gaz à effets de serre et de polluants atmosphériques et contribuer à accélérer le dérèglement climatique. 
En poursuivant la bétonisation de la Plaine du Var elle s'empêche d'augmenter son autonomie alimentaire et poursuit une artificialisation des sols aux conséquences dramatiques. 

Ne pas lutter suffisamment contre le dérèglement climatique est irresponsable, contribuer à l'accélérer est coupable.

samedi 22 avril 2023

Communiqué de presse - Mineurs Non Accompagnés : désinformation et xénophobie


 Communiqué de presse :

Mineurs Non Accompagnés : désinformation et xénophobie


Les mineurs non accompagnés (MNA) font l’objet de désinformations constantes et de campagnes de dénigrement xénophobes. Droite extrême et extrême droite convergent pour alimenter les peurs et empêcher l’intégration de jeunes exilés.

Le député Éric Ciotti, dans deux courriers successifs adressés au ministre de l’intérieur demande des renforts de gendarmerie à la frontière franco-italienne pour éviter « qu’un raz-de marée migratoire ne s’abatte sur notre pays » et, plus précisément, pour contrôler l’arrivée de jeunes déclarant être mineurs isolés. La député RN Alexandra Masson, elle, s’oppose à « un nouveau Calais à Menton » à la suite de la réquisition d’un gymnase pour y accueillir les jeunes exilés. Philippe Vardon, conseiller municipal et métropolitain niçois organise un rassemblement samedi 22 avril à 15h devant ledit gymnase.

Rappelons que l’entrée d’un mineur non accompagné en France n’est pas une entrée irrégulière ni illégale. Tout mineur sans parent ni tuteur légal a droit à la protection de l’enfance jusqu’à sa majorité et c’est l’honneur du modèle social français que de les protéger.

Rappelons que la multiplication des forces de l'ordre à la frontière ne changera en rien car ce n'est pas aux forces de l’ordre de juger de l'âge d’un jeune se déclarant mineur. C’est l’Aide Sociale à l'Enfance (ASE), service du Département 06, qui évalue l’isolement et la minorité des jeunes se déclarant mineurs. Refouler un jeune à la frontière sans évaluation sociale préalable est illégal et c’est une négation de la présomption de minorité.

Rappelons que l’ouverture de structures temporaires est nécessaire à court terme si des arrivées plus importantes sont avérées mais qu’il est indispensable de créer des structures d’accueil pérennes supplémentaires dans les Alpes-Maritimes. Le Département 06 a un dispositif de prise en charge des MNA largement carencé avec des foyers et des éducateurs diplômés en nombre très insuffisant. Les défauts de soins, de prise en charge psychologique, d’accès à l’éducation et à la formation professionnelle et d’accompagnement dans les démarches administratives sont récurrents.

A la recherche de chiffres alarmistes, le député Ciotti annonce des données invérifiables et contradictoires, parlant tantôt de jeunes reconnus mineurs après évaluation, tantôt de « prétendus mineurs » qui ont franchi la frontière. Quand un jeune essaie de passer à cinq reprises avant d’y parvenir, Éric Ciotti compte cinq personnes au lieu d’une ! L’extrême droite reprend ses chiffres et réclame une politique xénophobe similaire à celle de Giorgia Meloni en Italie.

Nous dénonçons fermement ces procédés de désinformation et ces appels à la haine. Nous demandons au Préfet des Alpes-Maritimes et au Président du Département 06 de divulguer, en toute transparence, les véritables chiffres dont ils disposent concernant les MNA :
  • Nombre de jeunes déclarant être mineurs mis à l'abri par l'ASE, par an depuis 5 ans
  • Nombre de jeunes reconnus mineurs après évaluation, par an depuis 5 ans
  • Nombre de jeunes placés dans les Alpes-Maritimes et nombre de jeunes envoyés dans d’autres départements, par an depuis 5 ans
  • Coût moyen de la prise en charge d’un MNA dans les Alpes-Maritimes et comparaison avec le coût moyen annuel en France, par an depuis 5 ans
  • Nombre de jeunes placés ayant obtenu un diplôme et validé leur formation, par an depuis 5 ans

Nous demandons une refonte complète de la prise en charge des MNA dans les Alpes-Maritimes pour que cessent les entraves à la reconnaissance de leurs droits et que leur soient garantis un accueil digne et une prise en charge adaptée à leurs besoins.


Signataires : CCFD-Terre Solidaire du 06, UD CGT 06, la Cimade 06, Habitat et citoyenneté, la LDH 06, le MRAP, le Réseau Education Sans Frontière 06, Roya citoyenne, le SNPES-PJJ/FSU, le Syndicat des Avocats de France, la section de Nice du Syndicat de la Magistrature, Tous citoyens !

lundi 10 avril 2023

À Nice, le logement social au mérite

 Article Médiapart, 9 avril 2023 - À Nice, le logement social au mérite

Alors que certains habitants du parc HLM de Nice vivent dans des conditions inquiétantes d’insalubrité, le bailleur social Côte d’Azur Habitat a lancé une gestion paternaliste et sécuritaire de son parc en brandissant la menace d’expulsion au moindre écart des habitants.



(...) Une convention signée en avril 2021 entre Côte d’Azur Habitat, la préfecture et le procureur de la République permet aussi un « partage d’information » sur les locataires. Selon ce texte, une expulsion peut être prononcée contre une famille dont l’un des membres aurait commis un délit ou n’en serait que soupçonné.

« Il suffit de faire l’objet de poursuites, donc d’être présumé innocent, pour être expulsé ainsi que sa famille. Mais expulser des enfants en bas âge parce que leur grand frère a basculé dans la délinquance, c’est de la punition collective », s’indigne David Nakache, président de l’association Tous citoyens, qui dénonce « un abus de pouvoir flagrant » de la part du bailleur.

« Si je suis locataire dans le privé et que mon fils commet un délit, mon propriétaire n’a pas à le savoir. Là, on s’arroge le droit de faire un signalement car il s’agit du logement social et donc de personnes sans grands moyens », relève-t-il.

Contacté, le procureur de la République de Nice, Xavier Bonhomme, précise aussi que « les mains courantes des forces de l’ordre et rapports d’intervention dressés par la police municipale pourront être communiqués en réponse à une demande formalisée par le bailleur social. La communication au bailleur social d’informations résultant de procédures judiciaires n’est donc pas automatique mais soumise à l’appréciation personnelle du procureur de la République ».

L’argument de Côte d’Azur Habitat est de dire que les habitants ont signé le règlement intérieur qui les soumet à ces nouvelles règles. Mais compte tenu de la rareté du logement social, ont-ils vraiment eu le choix ?

Pour David Nakache, le président de Côte d’Azur Habitat « a transformé le parc social en outil sécuritaire. Il y a déjà des critères précis pour obtenir un logement social, mais CAH y rajoute un critère moral sous-jacent ».

Dans une allocution publique, Anthony Borré avait affirmé qu’il ne fallait « pas de logement social pour les ennemis de la République ». Une formule choc qui avait quelque peu ému. « C’est le discours de Macron contre les djihadistes avec des amalgames insupportables », déplore David Nakache. (...)"

samedi 1 avril 2023

Le printemps des migrations maintenu malgré les pressions

 Nice Matin, 1er avril 2023

Le communiqué de la Ville de Nice contre le Printemps des migrations est "excessif et outrancier et montre une étroitesse de vue, un refus de s’ouvrir aux autres, un refus d’accepter la diversité. Que, dans une posture purement idéologique, le maire de Nice veuille empêcher l’événement est affligeant."