dimanche 6 janvier 2013

Nice : SDF, toxicomanie, soins psychologiques... cachez cette misère que je ne saurais voir !

Nice : trop, c'est trop. Une succession de décisions politiques prises par Christian Estrosi concourent à dessiner une stratégie aussi cohérente qu'odieuse et délibérément discriminatoire.
Cette stratégie se déroule en trois temps : 
1. Commençons par délimiter une zone "propre", un centre ville aseptisé où s'arrêteront les cars de touristes, une vitrine devenant la locomotive touristique et donc financière de la ville.
2. Ensuite, dotons cette zone privilégiée de tous les atouts, au détriment des zones périphériques : tram, vélos bleus, espaces verts, réhabilitations, zones piétonnes, vidéosurveillance et présence policière permanente... 
3. Enfin, chassons méthodiquement tout ce qui, dans cette zone, pourrait déplaire :  pauvres, SDF, drogués et, désormais, personnes nécessitant une prise en charge psychologique.
Vous doutez ? Trop gros pour être vrai ? Réponse locale : plus c'est gros, plus ça passe !
Regardons tout cela dans le détail :
Christian Estrosi a tout d'abord pris une succession d'arrêtés municipaux visant tous le remodelage du même périmètre du centre ville niçois : interdiction de vente d'alcool après 22h, interdiction de la mendicité, couvre feu pour les moins de 12 ans, interdiction des mariages bruyants... Qu'il y ait vente d'alcool, mendicité agressive ou gamin sans surveillance la nuit à la périphérie (vous savez, dans ces quartiers déjà dits "sensibles") ne gène pas le maire.. Mais surtout pas dans sa carte postale du centre ville niçois !
Les réhabilitations de logements sociaux, sous couvert de loger les étudiants et les jeunes actifs, on permis de casser des 4 et 5 pièces pour en faire des studios et des F1. Résultat : on chasse les familles nombreuses du centre ville pour les reloger en périphérie.
Il a ensuite déplacé les centres d'accueil des SDF pour les éloigner du centre ville. Qu'il y ait regroupements plus importants de SDF en périphérie est-il un problème ? Non ! Du moment que la carte postale reste intacte...
Il a, dans la foulée, déplacé le centre de prise en charge des toxicomanes pour essayer le repousser... toujours en périphérie.
Et lorsqu'il apprend que l'hôpital public veut ouvrir un centre médico-psychologique en centre ville pour apporter des soins aux personnes ne nécessitant pas un internement en hôpital psychiatrique mais ayant tout de même besoin d'une prise en charge, Christian Estrosi brandit l'arme de tout bon populiste : la peur !
Il a ainsi déclaré : "Ce projet est inquiétant tant pour la prise en charge de ces publics lourds que pour la population qui réside en coeur de ville". Il a dans la foulée demandé une concertation avec les acteurs locaux "en respect de la tranquillité et de la sécurité de tous les citoyens." (1)

Christian Estrosi, lorsqu'il ne peut par lui-même chasser les populations gênantes du centre ville, fait tout pour empêcher leur visibilité, y compris en faisant peur aux riverains. Toute personne souffrant de troubles psychologiques devient un danger potentiel dans un procédé stigmatisant et attisant la crainte de l'autre.

Pauvres, SDF, toxicomanes, personnes souffrant de troubles psychologiques... cachez cette misère que le maire ne veut pas que l'on voit !

(1) Article Nice Matin du 04.01.13

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