jeudi 27 juin 2013

Montebourg vs Barroso : défendre les peuples européens face à l'austérité

Bien mal connaître Arnaud Montebourg serait de penser que la polémique l'opposant à José Manuel Barroso n'est qu'une question de personne et non un clivage politique profond.

Si beaucoup se sont émus de la formule du Ministre du Redressement Productif français selon laquelle le Président de la Commission Européenne était le "carburant du Front National", peu ont écouté sa déclaration complète (voir ici, à partir de 6'20").

Interrogé sur les résultats électoraux de Villeneuve sur Lot, Arnaud Montebourg a identifié la pression exercée par l'Union Européenne sur des gouvernements démocratiquement élus comme étant la principale cause de la montée du Front National en France et, plus largement, de l'extrême droite en Europe, les empêchant de répondre aux attentes des peuples européens. La politique d'austérité de l'UE donne raison à tous les partis souverainistes et populistes anti-européens, en Italie comme en Allemagne. Il s'agit désormais de tirer les conséquences économiques mais aussi politiques de cette pression.

Si Arnaud Montebourg a cité José Manuel Barroso, c'est en réaction aux déclarations de ce dernier disant que la défense de l'exception culturelle française, et donc la critique de la mondialisation, est une posture réactionnaire. M. Barroso fait partie de ces dirigeants qui ont "institutionnalisé" l'Union Européenne comme une structure allant contre les peuples européens. C'est en ce sens qu'il est le "carburant" du FN.

Et l'UE, par sa politique d'austérité empêche le retour de la croissance.

Depuis, Cécile Duflot a pris position et a déclaré que M. Barroso donne "une image de l'Europe qui est une image dévastatrice, pour l'Europe elle-même" (lire ici).

Claude Bartolone a précisé qu'en fin de mandat, J.M. Barroso était "décomplexé" : "chassez le naturel, et son libéralisme revient au galop" (lire ici). 

Benoit Hamon, à son tour, confirme que M. Barroso contribue à entretenir "une distance avec le projet européen", une politique de "casse du modèle social" qui mène à "la désespérance". (voir ici)

Enfin, le gouvernement, par la voix de sa porte parole Najat Vallaud-Belkacem, a confirmé, au sortir du conseil des ministres, son accord "sur le fond" avec les déclarations d'Arnaud Montebourg : "Sur le fond du propos, c'est-à-dire le rappel fait à la Commission européenne que les gouvernements européens et les peuples qu'ils représentent ont tout leur rôle à jouer sur la scène européenne, (...) c'est un propos que nous partageons." Elle a précisé que la déclaration d'Arnaud Montebourg venait "en réaction à une phrase pour le moins malheureuse prononcée par le président de la Commission européenne au sujet desdits réactionnaires qui se seraient opposés à ce que l'exception culturelle soit retirée du texte de l'accord avec les États-Unis." "Si on remet tout cela dans son contexte, je crois que ce qui est problématique à l'origine, c'est clairement les propos de José Manuel Barroso" (...) et le président de la République, François Hollande, "a eu l'occasion de le lui dire en direct".

La déclaration d'Arnaud Montebourg n'est donc pas un propos lancé à la légère par un homme politique cherchant à faire le buzz médiatique. Elle n'est rien de plus que la défense des intérêts de la France et des peuples européens contre la politique d'austérité aveugle menée par les dirigeants actuels de l'Union Européenne. Elle entraîne une prise de position salutaire du Gouvernement et du Chef de l'Etat lui-même.

Enfin, nous sommes de plus en plus nombreux à espérer que ces déclarations de plusieurs ministres, du Président de l'Assemblée Nationale et du Gouvernement, témoignent d'un nouveau cap et d'une nouvelle orientation politique pour la France et, à terme, pour l'Europe.

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