jeudi 4 juillet 2013

Christian Estrosi ou le gaullisme de pacotille

Christian Estrosi, ancien ministre, député, maire de Nice, président de la Métropole Nice Côte d'azur et président de l'association des "Amis de Nicolas Sarkozy", ayant fait de la sécurité son crédo et des déclarations dignes du FN son habitude, aime à s'auto-proclamer "gaulliste social".
Qu'en est-il exactement ? De quel gaullisme parle-t-on ? Quelle est la cohérence idéologique du "fils de Nice" ?
1. La fable du gaullisme social
Le gaullisme social dont se targue Christian Estrosi est, au mieux, une fable, au pire, une mauvaise farce. Un seul exemple suffira à le démontrer : sa proposition de loi sur les allocations familiales.
En juin 2011, le député Estrosi propose de verser les allocations familiale dès le premier enfant, alors qu'elle ne le sont actuellement qu'à compter de la naissance du second. Vieille revendication des associations de défense des familles, cette idée correspond à un réel besoin, les dépenses étant toujours très importantes à l'arrivée du premier enfant. Pour autant, elle se heurtait à une difficulté budgétaire : comment verser les allocations dès le premier enfant tout en restant à budget constant ?
La solution estrosienne est simple : baisser les allocations à partir du 3ème enfant  : moins 90 € par mois pour 3 enfants, moins 160 € par mois pour 4 enfants, etc ! Ainsi, sous couvert d'une mesure sociale attendue (les allocations dès le 1er enfant), Christian Estrosi propose une régression sociale majeure (baisser les allocations des familles nombreuses). Ainsi va la fable du gaullisme sociale... (pour plus de détails, lire ici).
2. Le gaullisme à mi-temps
On croyait Christian Estrosi adepte du gaullisme social. On le découvre moins social qu'il n'y parait et, au final, moins gaulliste aussi. En réalité, il est le valeureux fondateur d'un nouveau courant politique : le gaullisme à mi-temps.
En bon gaulliste, Christian Estrosi ne manque pas de célébrer tous les ans l'appel du 18 juin du Général de Gaulle en l'honneur duquel il a fait ériger une statue massive à Nice.
Mais, le 19 mars, journée nationale du souvenir en mémoire des victimes des deux camps, de la guerre d'Algérie et des conflits au Maroc et en Tunisie, date des accords d'Evian signés par ce même Général de Gaulle, Christian Estrosi s'oppose à toute commémoration. Soignant plus que de mesure son électorat pied-noir et ses relants pro "Algérie française", le maire de Nice a fait ériger une stèle symbolisant la fracture que représentent selon lui les accords d'Evian. Il alimente, à des fins purement électoralistes, un sentiment d'appartenance communautaire. Pour bien enfoncer le clou, il a fait poser une plaque à la mémoire des combattants morts... après le 19 mars (lire ici et ici) !
3. Les amis de Nicolas Sarkozy
Enfin, et c'est peut être là que réside les plus lourdes contradictions idéologiques, Christian Estrosi est le président de l'association des amis de Nicolas Sarkozy. Il ne manque d'ailleurs pas une occasion de rappeler son allégence à l'ancien président de la République et de défendre son bilan.
Sauf qu'à l'indépendance farouche du Général vis à vis des Etats-Unis, Nicolas Sarkozy a opposé un suivisme servile à l'administration Bush.
Alors que De Gaulle avait fait sortir la France de l'OTAN, le petit Nicolas s'est empressé de la faire réintégrer le dispositif militaire de cette organisation.
L'atlantisme des sarkozistes colle mal avec l'imagerie gaulliste de l'indépendance de la France.
Sur le plan économique, libéralisme décomplexé de Nicolas Sarkozy tranche avec l'interventionnisme du Général.
De même, la droiture gaulliste s'accomode difficilement du bilan "bling bling" du sarkozisme, entre Fouquet's et yacht de luxe, et de son affairisme avéré.
L'idée et la pratique de la fonction présidentielle offre également un contraste saisissant entre le président se voulant "au-dessus" des partis qu'était De Gaulle et le polémiste permanent qu'était Sarkozy, entre une vision de la République "une et indivisible", égalitaire et universaliste pour le premier et un communautarisme teinté de discrimination positive pour le second.
Telle est, au final, la cohérence idéologique du député-maire de Nice : un gaullisme de façade, à mi-temps, faussement social. En bref, un gaullisme de pacotille.

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