lundi 8 juillet 2013

Christian Estrosi, l'autre droite extrême

La fable du gaullisme social et le vernis de l'élu républicain n'auront pas tenu longtemps (lire ici). Les masques sont tombés. La surenchère populiste sur les Roms et l'Islam entre le FN et Christian Estrosi a révélé le vrai visage de ce dernier.
En effet, Christian Estrosi est devenu coutumier des déclarations "limites" et entretient des "confusions lexicales" pour le moins gênantes et récurentes. Accumulation de bêtises et d'erreurs grossières de la part du motodidacte niçois ou dérapages contrôlés d'une droite extrême dans une stratégie calculée d'asphyxie électorale du FN en vue des prochaines municipales ?
Décryptage.
Christian Estrosi a déclaré récemment que donner le droit de votes aux étrangers reviendrait à donner le droit de vote à "des gens qui haissent la France" (lire ici). Il a lancé, en marge d'une manifestation, un retantissant "Vive l'Algérie française" dans une stratégie de conquête d'un électorat pied-noir supposé frontiste (lire ici et ici). Dans sa gestion de la ville de Nice, il n'a eu de cesse, à grand renfort d'arrêtés municipaux sécuritaires, de stigmatiser et de repousser à la périphérie les populations ne cadrant pas avec la carte postale de la capitale azuréenne (lire ici).
Lors d'un affrontement verbal musclé, il a mencé les Gens du voyages, leur lançant un ultimatum à la limite de la légalité : "J’en ai maté d’autres, je vous materai, vous êtes des voyous en infraction, vous avez une heure pour partir ! (...)  Sinon, on mettra en place un dispositif pour vous pourrir la vie jour et nuit avec électricité et eau coupés et surveillance par caméras mobiles" (lire ici). Jean-Marie Le Pen, alors en visite à Nice pour présenter sa candidate aux municipales de 2014 a déclaré que la présence des Roms à Nice était 'urticante et odorante" (lice ici). Ne voulant pas se laisser dépasser sur son extrême droite, le Maire de Nice vient de proposer sa méthode pour "mater" les Roms aux autres maires de France. Dans la foulée, il a déclaré l'Islam "incompatible" avec la démocratie (lire ici).
Que penser de ces excès ? 
Lorsque, comme Jean-Marie Le Pen, Christian Estrosi confond volontairement Roms et Gens du voyages, il entretient l'idée que les populations nomades sont des étrangers clandestins alors que la plupart des Gens du voyages sont français ou étrangers en situation régulière.
Lorsque Christian Estrosi confond volontairement Islam et islamisme il affirme que la religion musulmane est contraire à la démocratie, alors que de nombreux français pratiquent un islam modéré dans le plus grand respect du droit français. L'islam n'est pas l'islamisme ! L'islam est une religion et l'islamisme une pratique intégriste de cette religion, pouvant mener aux pires extrêmes, y compris au terrorisme. Tout comme Marine Le Pen, Christian Estrosi utilise en la détournant la notion de laicité. La laicité n'est pas anti-religion. La laicité garantit à chacun le libre exercice de son culte ou de sa liberté de conscience, dans un espace public laique neutre et dans le respect des lois. 
Lorsque Christian Estrosi confond volontairement les pouvoirs du maire (limités à la prévention) avec les prérogatives du Préfet (la répression), il entretient l'image d'un maire tout puissant dans sa ville et brouille, aux yeux du citoyens, la perception du "qui fait quoi" en matière de sécurité. François Lamy, ministre de la ville, le lui a d'ailleurs récemment rappelé : "Je ne nie pas l'excellent travail de la police municipale de Nice en lien avec la police nationale. Mais la politique de prévention ne peut se résumer uniquement à une action policière. Il y a des actions de cohésion sociale en faveur de l'emploi, de la formation professionnelle, de l'habitat social. Je discuterai aussi avec les maires qui ne sont pas encore aux 20% de logements sociaux. En matière de délinquance, de situation sociale, il vaut mieux prévenir que guérir." (Nice Matin, 17.05.13).
La réalité relève d'un triste calcul politicien. Nicolas Sarkozy, le chantre de la droite décomplexée, est englué dans l'invalidation de ses comptes de campagnes et dans les poursuites judiciaires. La campagne initiée par "les pains au chocolat" de Jean-François Copé, pourtant dans la droite ligne de la droite extrême surfant sur les thématiques chères au FN, ne prend pas. Marine Le Pen tente de normaliser le FN et s'abstient de toute déclaration limite venant s'ajouter à la perte de son immunité de députée européenne. Il ne reste plus qu'un Jean-Marie Le Pen vieillissant pour rivaliser avec les nouveaux ténors de la droite forte. Christian Estrosi, reprenant à son compte les thématiques et les dérapages contrôlés de l'ancien leader du FN, tente de s'imposer, dans la plus pure ligne Buisson, comme le nouveau chef de file d'une droite populiste et décomplexée. Une droite extrême plus dangereuse encore que l'extrême droite ?

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