lundi 19 janvier 2015

Non Monsieur Estrosi, les maires ne doivent pas décider du contenu de l'Histoire de France !

Suite aux attentats récents, Christian Estrosi vient de proposer, ce matin, en Conseil Municipal, 14 mesures visant à renforcer la sécurité parmi lesquelles la proposition 10 prévoit des cours d'Histoire de France et d'instruction civique dispensés durant le temps périscolaire à Nice : « Nous proposons également que 45 minutes des temps d'accueil extrascolaires soient consacrées à des séances sur l'Histoire de France et l'instruction civique ».
Trois remarques rapides :
1. Le contenu des cours d'Histoire et de d'instruction civique est un sujet extrêmement sensible qui relève exclusivement de l'éducation nationale. Permettre à chaque maire de décider, dans la très riche Histoire de notre pays, ce qui doit être enseigné et mis en avant, c'est prendre un risque considérable. 
Quelle vision du colonialisme sera-t-elle enseignée à Béziers, sous l'égide de Robert Ménard, ou d'en d'autres villes gérées par le FN ? 
Quelle vision du vivre ensemble sera-t-elle enseignée à Nice, où le maire, Christian Estrosi, a déclaré "l'islam incompatible avec la démocratie", entretenant ainsi un amalgame dangereux entre Islam et islamisme radical ?
Non, Monsieur Estrosi, le contenu de l'Histoire de France et de l'éducation civique doit rester une prérogative de l'éducation nationale. 
2. Les cours d'instruction civique dispensés par l'éducation nationale sont effectués par des enseignants diplômés et formés. Les interrogations des enfants, les craintes et les sources de confusions sont nombreuses, nous venons de le constater dans les jours qui ont suivi les attentats. Seul du personnel formé peut répondre de façon adéquate aux élèves et prendre en charge ce questionnment.
Les détenteurs du seul BAFA qui encadrent actuellement les activités périscolaires sont-ils suffisamment qualifiés pour donner des cours d'Histoire de France et d'éducation civique ? Prendre en charge le questionnement et parfois la détresse de certains élèves ?
Non, Monsieur Estrosi, les cours d'Histoire de France et d'instruction civique ne doivent être dispensés que par des enseignants dîplomés et formés pour cela, et non par des titulaires du BAFA.
3. Si, malgré les arguments avancés précédemment, on enseigne l'éducation civique durant le temps périscolaire, ces cours doivent être accessibles à tous. 
A Nice, les activités périscolaires coûtent 15 € par mois et par enfant, avec demi tarif pour les familles en difficultés. De nombreuses familles niçoises y renoncent en raison de ce coût exorbitant. 
Dispenser une sensibilisation supplémentaire à l'éducation civique dans le temps périscolaire sans rendre gratuites les activités périscolaires revient purement et simplement à une discrimination financière. 
Si l'éducation civique doit être enseignée à tous les enfants, y compris ceux issus de familles en difficultés, et si l'on souhaite l'enseigner durant le temps périscolaire, alors les activités périscolaires doivent être intégralement gratuites.
Monsieur Estrosi, si vous souhaitez modifier la mise en oeuvre des activités périscolaires à Nice, commencez par les rendre gratuites et accessibles à tous !
Enfin, si nous devons unir les efforts de tous pour lutter efficacement contre le terrorisme, gardons-nous de légiférer et de prendre des mesures, même locales, dans l'urgence et la précipitation.
Additif - 19 janvier, 17h :
Rétropédalage de l'équipe de communication du maire de Nice : suppression du tweet annonçant la proposition 10 et reformulation de la mesure, dans le récapitulatif publié sur Facebook, en faisant disparaitre toute référence à l'enseignement de l'Histoire durant le temps périscolaire, contrairement à ce que Christian Estrosi a déclaré en séance ! Mais la disposition demeure concernant l'instruction civique...

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