lundi 17 avril 2017

Billet de campagne

En l'absence de rassemblement aux élections présidentielles et alors que la gauche hésite entre Hamon et Mélenchon, François Hollande choisit de faire le jeu du FN et finit son triste quinquennat de façon totalement irresponsable. Reste à chacun à faire son choix en conscience et à assumer ses positions, et je me plie à l'exercice...

On a tout dit et tout écrit sur cette folle campagne. Ecrire un papier pour appeler à voter pour untel ou untel serait presque faire insulte aux électeurs qui sont bien assez grands pour lire les programmes et choisir. Ecrire un papier pour dire pour qui l'on va voter, soi, est bien vaniteux, une voix parmi tant d'autres, quelle importance ? Je vais pourtant écrire un mot, au risque de ces deux écueils, par soucis de clarification et de franchise, pour que les choix de chacun soient clairement posés et totalement assumés ensuite.

Le rassemblement de la gauche et des écologistes

Je suis partisan du rassemblement de la gauche et des écologistes sur une base idéologique claire à court (présidentielles), moyen (législatives) et surtout long terme. Les appels, dont l'appel des 100 dont j'étais signataires, ont poussé à une convergence bien avant l'emballement médiatique de la campagne. L'accord entre Yannick Jadot et Benoit Hamon, s'il a mis du temps à éclore, est positif et constructif.
Au début de cette campagne, certains prônaient un rassemblement en espérant à demi-mots un ralliement de Jean-Luc Mélenchon à Benoit Hamon. Alors que le premier est désormais dans le quatuor de tête et le second très bas dans les sondages, d'autres demandent au second de se désister pour le premier. Le rassemblement, la convergence, n'a jamais été, dans ma conception des choses, une soumission de l'une à l'autre, mais toujours un accord entre les parties.
En l'absence de rassemblement aux présidentielles, la ligne à tenir est simple : que chacun vote selon sa conscience et que cela n'entrave pas notre profond travail de convergence.
Dans les Alpes-Maritimes, l'essentiel est de bâtir une plate-forme commune de rassemblement pour enfin changer la donne localement. Nous devons, ici plus qu'ailleurs encore, lutter contre les inégalités sociales, les dégâts environnementaux, les atteintes aux libertés fondamentales, la xénophobie et la corruption. Nous posons des jalons pour l'avenir.

Hamon ou Mélenchon ?

Reste l'épineuse question du choix entre les candidats de gauche. Sans vouloir leur faire outrage, je ne parlerai pas ici de Nathalie Arthaud et Philippe Poutou pour me concentrer sur Mélenchon et Hamon.
Je suis de ceux qui votent selon leurs convictions et non selon les sondages et je voterai Benoît Hamon.
Je sais que ce choix peut surprendre puisque j'ai quitté le PS et que Benoit Hamon apparaît comme le candidat du PS, soutenu officiellement par le PS même si l'appareil ne fait pas campagne pour lui.
Je souhaitais, comme beaucoup, que Benoit Hamon, Arnaud Montebourg, Gérard Filoche et plus globalement les "frondeurs" quittent le PS il y a trois ans. Si certains me disaient pouvoir tolérer le virage libérale de la politique de l'offre et du CICE, personne ne pouvait (et ne devait) accepter le tournant de la tentative de rupture de l'égalité républicaine (déchéance de nationalité) et le non respect de l'équilibre des pouvoirs en France (pouvoir législatif en retrait par le 49.3, pouvoir judiciaire en retrait par la loi renseignement et l'état d'urgence). Ils auraient alors pu constituer un groupe indépendant à l'Assemblée et au Sénat, créer une nouvelle force politique sans aucune ambiguïté idéologique.
Je souhaitais, dans la même logique, des primaires de la gauche sans le PS, non organisées par le PS, ouvrant un large débat incluant EELV, le PG, Ensemble!, le PCF, ND, LO, le NPA (j'en oublie sûrement) et les frondeurs du PS.
Le PS est actuellement divisé entre un appareil aux mains des tenants de la ligne sécuritaro-libérale Valls-Hollande-Cambadelis, et un candidat désigné par les primaires sur une ligne réellement socialiste. J'ai quitté le PS et je n'ai pas le sentiment, en votant pour le projet politique auquel j'adhère, de renier quoique ce soit ou de donner quitus à l'appareil PS que j'ai combattu et dont je condamne les agissements, nationalement comme localement.
Je respecte le vote pour Jean-Luc Melenchon avec qui j'ai des très nombreux points d'accord et quelques divergences (politique internationale, Europe, populisme, modalités de mises en oeuvre de la VIème République).
Nous savons que le non rapprochement Hamon-Mélenchon risque de nous priver de voix au second tour. Pour autant, une victoire de Melenchon, comme une victoire d'Hamon, représenterait une chance déterminante pour notre pays et permettrait aux tenants des deux lignes politiques qu'ils incarnent de travailler ensemble.
Je regrette que l'annonce de mon choix ait suscité des invectives et quelques insultes venant de camarades avec qui j'ai pourtant partagé de nombreux combats. Ce choix, soutenir le candidat le plus proche de mes idées envers et contre les sondages du moment, reviendrait à priver la gauche d'un accès au pouvoir et moi et tous ceux qui ferions ce choix en serions les principaux responsables...
J'entends le calcul parfaitement rationnel fait en fonction des lignes éditoriales des commentateurs et des "enquêtes" d'opinions, mais quelque chose me retient, quelque chose de profond qui fait que je ne serais pas en accord avec moi même si je ne votais pas pour ce que je crois être le meilleur pour notre pays. Certes, l'ensemble des médias a disqualifié d'avance le candidat qui porte les idées auxquelles je crois, mais je vais rester fidèle à mes idées, et advienne que pourra.
Pour le second tour, si Hamon est absent :
- Je voterai Mélenchon avec satisfaction s'il est présent, qui que ce soit en face.
- Si Macron est présent face à Le Pen, entre l'ultra-libéralisme et l'extrême droite, je voterai ultra-libéral, la mort dans l'âme.
- Si Fillon est face à Le Pen, entre droite extrême et extrême droite, je ne choisirai pas et voterai blanc.

Hollande, faire encore et toujours le jeu du FN

Revenons maintenant sur un dernier événement de campagne. Outre le fait que Le Pen et Fillon auraient dû être disqualifiés suites aux affaires les concernant, un autre fait mérite effectivement attention : une candidate à l'élection présidentielle tient des propos révisionnistes et remet en question la responsabilité de la France dans la rafle du Val d'Hiv. La polémique enfle trois jours, puis retombe. Comme pour allumer un contre feu éculé on taxe un candidat opposé de "communiste" et bientôt de bolchevique, oh la belle affaire !
La réalité, c'est que Marine Le Pen est au XXIème siècle ce que sont père fût au XXème : une candidature révisionniste et xénophobe, dangereuse pour la démocratie, une candidature qui devrait être interdite.
Que François Hollande critique davantage Melenchon que Marine Le Pen, revient clairement, pour le chef de l'Etat, à faire le jeu du FN, et, oui, il y a du Mitterrand chez cet homme là...
De fait, les attaques d'un président soumis à la finance ne font que renforcer le vote Mélenchon. François Hollande, qui n'a toujours pas compris que personne ne voulait de son soutien, ne comprend pas également que plus il vous critique, plus vous progressez.
Alors que son retrait de la course à la présidence avait pu faire croire à certains à un ultime retour de dignité de la part de l'homme du Bourget, c'est sur cette posture irresponsable que s'achèvera son triste quinquennat.
Nous sommes à l'aube d'un possible. Le changement n'a pas à être un "maintenant", mais à durer longtemps, à s'installer dans la durée et à transformer en profondeur notre société. Comme l'écrivait Gide, "savoir se libérer n'est rien ; l'ardu, c'est savoir être libre".

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire