lundi 24 avril 2017

Billet d'entre-deux-tours, tourments d'entre-deux-maux

Le non rassemblement de la gauche ne nous laisse de choix qu'entre l'abstention, le vote blanc, l'ultralibéralisme ou l'extrême droite. Chacun votera en conscience mais la transparence et le courage politique imposent de dire ce que l'on va faire soi-même, à titre individuel, et la situation nous impose de penser, collectivement, la refondation de la gauche.

L'absence de rassemblement de la gauche nous a privé de second tour. Pire, elle ne nous laisse le choix qu'entre l'abstention, le vote blanc, l'ultralibéralisme ou l'extrême droite.
Poids des égos ? Des postures politiques ? Des partis ? Ce non rassemblement prévisible entraîne une défaite prévisible et lourdes de conséquences.
En l'absence de rassemblement chacun a voté en conscience pour le ou la candidat(e) de son choix. La plupart a voté Melenchon, d'autres, dont je fais partie, ont voté Hamon, d'autres encore ont voté Arthaud ou Poutou. Au sortir de l'immense gâchis du quinquennat Hollande la gauche pèse moins de 30% en France. Malgré ce faible score global un accord nous aurait mathématiquement garanti la présence de nos idées et de nos valeurs au second tour.
Nous avons pourtant signé des appels pour le rassemblement, organisé des apéros citoyens, des manifestations, nous avons prêché dans le désert et nous avons échoué à convaincre. Mais nos idées font du chemin et le triste résultat du 23 avril 2017 nous donne malheureusement raison. 
Nous avons appelé à un rassemblement de la gauche et des écologistes à court (présidentielles), moyen (législatives), et long terme. Nous devons désormais oeuvrer au rassemblement pour les législatives : une seule candidature de gauche par circonscription ! Le poids de nos représentants à l'Assemblée Nationale s'avérera déterminant que ce soit l'ultralibéralisme ou que ce soit l'extrême droite qui accède au pouvoir.
Mais, avant cela, se pose l'épineuse question du second tour. Là encore chacun votera en conscience et il n'y a pas à donner de consignes aux consciences. Pour autant, la transparence et le courage en politique imposent de dire ce que l'on va faire soi-même, à titre individuel. 
J'ai voté Benoît Hamon car c'est le candidat dont les idées sont les plus proches des miennes et dont le projet politique est à mon sens le meilleur pour notre pays. Je remercie Benoît Hamon pour sa campagne digne, courageuse et résolument novatrice. Il a subi les trahisons des élites dites socialistes, celles qui n'ont pas toléré notre "fronde" passée alors que nous ne faisions que défendre les engagements donnés aux français et les valeurs du socialisme véritable.
Nous savons ce qu'est la politique d'Emmanuel Macron puisqu'il a été conseiller à l'Élysée puis ministre durant deux ans. Deux ans durant lesquels les lois libérales Macron et Macron 2, rebaptisée El-Khomri pour préserver le futur candidat, ont été imposées toutes deux aux forceps du 49-3 et au mépris du pouvoir législatif.
Voter Macron c'est voter pour la victoire du modèle libéral anglo-saxon, un pur produit marketing servant les intérêts des puissants, la derégulation sociale, le désastre environnemental et toujours plus de vies brisées. 
In fine, le libéralisme intégrale mène à l'extrême droite car à force de déposséder le pouvoir politique au profit des intérêts économiques et de saigner sans cesse les plus faibles, les masses désoeuvrées se tournent vers ceux qui leur apparaissent comme les derniers recours possibles.
Voter pour Macron revient à voter pour tout ce que je combats et je vais pourtant le faire, par devoir citoyen. 
Je vais devoir voter Macron tout en sachant qu'il criera victoire et aura les mains libres comme Jacques Chirac avant lui en 2002.
Je vais devoir voter Macron tout en sachant que ses soutiens politiciens indignes, ceux qui incarnent tout ce qui discrédite l'action politique et avec qui je ne veux rien avoir à faire, vont crier victoire grâce à ma voix.
Je vais devoir voter Macron tout en sachant que je devrai combattre les mesures qu'il mettra en oeuvre grâce à mon vote. 
Je vais devoir voter Macron car, au-delà du tumulte du moment et des vicissitudes de la vie démocratique, ma décision s'inscrit dans l'Histoire de notre pays, et chacune de nos décisions individuelles constituent notre Histoire commune.
Le citoyen David Nakache que je suis se refuse, en m'abstenant ou en votant blanc, à laisser la France se doter d'un gouvernement d'extrême droite 73 ans après le régime de Vichy.
Si le libéralisme entraîne la ségrégation économique et sociale, l'extrême droite, économiquement libérale et politiquement xénophobe, réactionnaire et autoritaire, entraîne des dangers plus importants encore : en plus des ségrégations sociales et économiques, des discriminations pour ce que nous sommes : nos origines, nos croyances, nos engagements politiques, nos orientations sexuelles. 
C'est la survie de notre démocratie qui est remise en question.
Entre deux maux nous devons choisir le moindre car ne pas choisir revient à laisser choisir les autres. Entre deux maux je choisi le moindre et, du fait de notre faute politique collective et de notre incapacité à nous rassembler, je voterai Emmanuel Macron le 7 mai 2017.
Localement Marine Le Pen arrive en tête dans les Alpes-Maritimes et François Fillon à Nice. Reste désormais à poursuivre notre travail de convergence et de rassemblement de la gauche niçoise, azuréenne, française et européenne sur des lignes idéologiques claires et des bases structurelles saines.
Le temps n'est plus aux recompositions d'appareils et aux guerres de salons. Nous devons refonder la gauche en nous forgeant de nouvelles armes, en portant haut nos valeurs d'humanisme, de solidarité et de justice sociale.

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