mercredi 16 octobre 2019

Combattre le terrorisme, pas les musulmans

Nous faisons face, sous couvert de défense de la laïcité et de lutte contre le terrorisme, à un déferlement de haine islamophobe et, désormais, à une institutionnalisation de l'islamophobie par Emmanuel Macron et son gouvernement. Il nous revient, à nous, citoyennes et citoyens, de lutter sans relâche contre l'islamophobie, partout et sous toutes ses formes.

En quelque jours ont eu lieu plusieurs événements consécutifs concourant à une légitimation et une institutionnalisation de l'islamophobie en France (par islamophobie j'entends toute stigmatisation ou discrimination à l'encontre de personnes en raison de leur croyance réelle ou supposée à l'islam).

Lors de son discours du 8 octobre 2019, Emmanuel Macron a appelé tous les Français à être vigilants et à signaler tout comportement de radicalisation "à l'école, au travail, dans les lieux de cultes, près de chez soi", au risque de basculer d'une "société de vigilance" à une société de délation généralisée.

Ce même 8 octobre, Christophe Castaner, ministre de l'intérieur, auditionné par la commission des lois de l'Assemblée Nationale, énonce une liste de comportements indiquant une radicalisation parmi lesquels le port de la barbe et le fait, pour un homme, de refuser de faire la bise à une femme.

Le conseiller régional du rassemblement national Julien Odoul a interpellé, en séance du Conseil Régional de Bourgogne-Franche-Comté le 11 octobre, la présidente du Conseil Régional pour contraindre une maman voilée accompagnant une sortie scolaire à retirer son voile, provoquant les larmes de son fils. 

Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, indique le 13 octobre, que "le voile n'est pas souhaitable dans notre société" et explique que l'éducation nationale doit signaler tout comportement anormal parmi lesquels celui d'un petit garçon qui, à l'école, refuserait de donner la main à une petite fille.

Les élus LR, de Christian Jacob à Eric Ciotti, se succèdent depuis sur les plateaux de télévision pour valider la position frontiste et demander l'interdiction du port du voile par les accompagnatrices de sorties scolaires.

Nous sommes confrontés d'une part, sous couvert de défense de la laïcité, à un déferlement de haine islamophobe de la part de la droite et de l'extrême droite et, d'autre part, sous couvert de lutte contre le terrorisme, à une légitimation, une organisation et une institutionnalisation de l'islamophobie par le Président de la République et par son gouvernement.

En réalité on se trompe d'ennemi. Une mère de famille n'est pas l'ennemie de la Nation, les terroristes oui. On ne combat pas le terrorisme en stigmatisant mamans et enfants. On ne combat pas le terrorisme en travestissant la laïcité. On ne lutte par contre le terrorisme en appelant à une société de délation généralisée. On ne lutte contre le terrorisme ni en divisant la société française ni en renonçant à nos libertés individuelles.

Il semble en conséquence nécessaire de rappeler quelques évidences.

1. La laïcité n'est pas un antidote au terrorisme

Imaginons qu'une laïcité intransigeante soit adoptée en France en modifiant ou en abrogeant la loi du 9 décembre 1905. Imaginons que tout signe religieux soit interdit dans l'espace public, au travail et dans les administrations. Plus de voile, de burka, de burkini, plus la moindre coiffe de nonne, croix, kippa ou étoile de David. Les attentats cesseront-ils en France ? A l'évidence non, et la laïcité la plus rude n'empêchera jamais le fanatisme de frapper.

Nous faisons donc erreur en pensant que la laïcité est un instrument de lutte contre le terrorisme. Pire, nous dénaturons la laïcité et les tenants d'une laïcité intransigeante, en réalité, ne défendent pas la laïcité mais la sécularisation.

La laïcité n'est pas la négation du fait religieux, elle garantit la liberté de culte et de conscience de chacun dans le respect de la loi. Elle demeure avant tout un principe émancipatoire.

La laïcité doit être traitée pour elle-même et ne doit servir ni de compensation à notre frustration collective à ne pouvoir éradiquer la menace terroriste, ni de prétexte pour réaffirmer la prédominance de l'identité religieuse chrétienne de la France contre l’islam, ni de paravent à un racisme anti-arabe qui profite aujourd’hui de la peur des attentats pour se répandre en toute impunité.

Le lien sous-jacent entre laïcité et terrorisme est le concept de radicalisation. On pose par erreur le présupposé selon lequel en limitant par une laïcité devenue sécularisation les manifestations publiques d'appartenance à l'islam on combattrait le phénomène de radicalisation qui mènerait de l'islam à l'islam politique, l'islamisme et le terrorisme.

2. Ne plus parler de "radicalisation" 

Parler de "radicalisation" et d'islam "radical" laisse penser qu'il n'y a qu'une différence de degrés et non une différence de nature entre l'islam et l'islamisme, entre l'islam et le terrorisme. On serait musulman et on pourrait devenir peu à peu islamiste ou terroriste. Pire, tout musulman serait un terroriste potentiel. Et comme tout maghrébin est, dans l'inconscient collectif, supposé être musulman, le jeu des amalgames amène à banaliser le racisme anti-arabe sous-couvert de lutte contre le terrorisme. 

Il ne s'agit pas ici de soutenir que le terrorisme islamiste n'a rien à voir avec l'islam puisqu'à l'évidence il s'en réclame. Pour autant, force est de constater que le passage à l'acte terroriste est un phénomène éminemment complexe, pluriel et protéiforme.  Toute personne écrivant sur le sujet doit l’admettre : aucune explication ne s’avère suffisante en soi, personne ne détient « la » solution parce qu’il n’existe pas « une » explication mais une concomitance de facteurs multiples et interdépendants. Le terrorisme touche tout autant des adeptes de théories d'extrême droite suprémacistes que des djihadistes. Certains terroristes ne semblent recourir au djihad que pour légitimer leur passage à l'acte et il est bien difficile de déterminer si certains actes meurtriers relèvent du fanatisme religieux et sont diligentés de l'étranger ou relèvent de comportement pathologiques déconnectés d'une véritable entreprise terroriste quand bien même ils s'en réclament.

Pour ceux qui ont développé une réelle adhésion aux thèses djihadistes, parler de "djihadisation" serait plus juste que de parler de "radicalisation", en se référant non au djihad spirituel ou au djihad défensif mais au djihad offensif et aux thèses djihadistes revendiquées par Al Qaida et Daech. 

3. Ne plus parler d'islam "politique"

Si des attentats sont revendiqués au nom d’une religion, cela ne veut pas dire que cette religion soit elle-même en cause et contiendrait intrinsèquement le germe de son dévoiement. L'instrumentalisation d'une croyance pour asseoir une domination politique n'est pas un phénomène nouveau. Que l’on se souvienne des conversions forcées, des Croisades, de la Reconquista, de la torture sous l’Inquisition ou de la Saint Barthélémy. On ne parlait pas à l'époque et l'on ne parle pas, rétrospectivement, d'un "christianisme politique". De même lorsque l'Etat l’Israël mène une politique d'extension des colonies juives dans les territoires occupés, on ne parle pas de "judaïsme politique". Il s'agit d'entreprises politiques qui cherchent dans la religion une justification à leur tentatives de dominations. Pourquoi dans le cadre de l'islam parlerait-on "d'islam politique" ?

Tout comme le terme de radicalisation, le terme d'islam politique laisse penser que l'islam contient en elle-même une potentialité terroriste. Nous avons ainsi vu des personnalités comme Michel Onfray soutenir que l'islam serait incompatible avec la république car le Coran contenait des appels au meurtres, oubliant la violence de certains passages bibliques, oubliant qu'on a pu également se livrer à des massacres au nom d'une religion prônant l'amour de son prochain. 

En réalité, on peut tenter de justifier toute tentative de domination politique et toute exaction par une religion ou une idéologie quelle qu'elle soit en la dénaturant et en l'instrumentalisant. Que l'on se souvienne également pour cela de l'idéal communiste et des goulags staliniens... 

4. Ne pas légitimer, organiser ni institutionnaliser l'islamophobie

La plupart des terroristes ayant commis ou tenté de commettre des attentats sur le sol français ces dernières années sont passés par l’école de la République, étaient suivi par les services sociaux et par le renseignement français, et ont été détenu dans les prisons françaises. Très peu fréquentaient assidûment les mosquées. On ne combat pas une organisation militaire, une idéologie totalitaire et des dérives sectaires en stigmatisant une religion.

Diviser la société française en discriminant une partie de la population, c'est affaiblir la France et c'est faire le jeu du terrorisme. Car, très précisément, le terrorisme islamiste cherche à détruire le modèle républicain et laïque français. Il combat la possibilité du vivre ensemble, il combat les libertés individuelles et notamment celles des femmes. Renoncer à nos libertés individuelles et rendre impossible le vivre ensemble en organisant la stigmatisation des citoyens français de confessions musulmane, c'est très précisément faciliter la tâche du terrorisme.

Alors que les millions de français de confession musulmane démontrent au quotidien que la pratique de leur foi ne menace par la Nation, la légitimation, l'organisation et l'institutionnalisation de l'islamophobie en France par le Président de la République et par le gouvernement constitue une faute politique majeure. 

Aller signaler et donc ficher un homme parce qu'il ne fait pas la bise aux femmes, aller signaler et donc ficher un petit garçon qui ne tient pas la main des petites filles est absurde et dangereux. Ériger la lutte contre la radicalisation en politique publique en y mettant un contenu aussi aléatoire et discrétionnaire touche au grotesque mais peut avoir des conséquences lourdes et dangereuses.

Cette islamophobie d'Etat devrait faire bondir l'ensemble de la classe politique progressiste et humaniste. Elle devrait susciter un tollé généralisé. L'absence de réaction à la hauteur de la gravité des faits cités montre que ces amalgames et cette confusion touchent la gauche comme la droite et l'ensemble de la société. Nous avons d'ailleurs vu récemment, avec consternation, Henry Pena-Ruiz affirmer que l'on avait "le droit d'être islamophobe" pour tenter ensuite d'expliquer son propos sans parvenir à convaincre.

Il nous revient à nous, citoyennes et citoyens, de ne pas nous leurrer sur ces sujets, de nous mobiliser et de nous élever contre les stigmatisations et discriminations subies par nos concitoyens de confession musulmane, de lutter sans relâche contre l'islamophobie, sous toutes ses formes, qu'elle émane de forces politiques ou de personnalités de gauche comme de droite et bien sûr d'extrême droite, ou qu'elle émane du gouvernement et des pouvoirs publics eux-mêmes.

dimanche 6 octobre 2019

Nice, le grillageur fou a encore frappé !

 Vous ne connaissez pas le grillageur fou de Nice ?

Non, ce n'est pas un homme ayant perdu la raison et se promenant dans la ville en posant des grillages partout où il peut. C'est bien pire que cela...

- Des SDF devant Acropolis ?

Réponse de Christian Estrosi : des grilles !

- De la drogue square Marshall ?

... des grille !

- Des SDF devant le Palais de Justice ?

... doubles grilles !

- Des plaintes place des Cigalusa ?

... des grilles !

Ce n'est plus un maire, c'est un grillageur fou... qui déplace les problèmes au lieu de les régler. Cachez cette misère que je ne saurais voir !

Une succession d'enclaves "sécurisées" ne fait pas une ville sûre. En prétendant protéger les Niçois, il les enferme.

Ce n'est pas cela le vivre ensemble.

lundi 30 septembre 2019

RASSEMBLEMENT CITOYEN POUR UNE ALTERNATIVE A NICE EN 2020

 Communiqué

UN RASSEMBLEMENT CITOYEN

POUR UNE ALTERNATIVE A NICE EN 2020

«Nous, citoyennes et citoyens de Nice, engagés dans le mouvement associatif ou syndical, militants ou non d'une force politique*, soutenons une démarche de rassemblement citoyen, unitaire et populaire pour les élections municipales de mars 2020 Nice.

Depuis le mois de juin, ce mouvement se réunit en vue de construire une alternative démocratique, écologique, sociale et solidaire.

Les Niçoises et les Niçois ont de plus en plus de mal à se loger dans leur propre ville, ville où sous notre ciel bleu azur, l’air est plus pollué qu’à Paris. Pour cause : une politique de transports en commun désastreuse, un plan vélo inexistant, sur fond de farandole d’avions et de bateaux de croisière. Le tout, au détriment de la santé des habitantes et des habitants de la métropole de Nice.

Nous souhaitons que les citoyennes et citoyens de la ville de Nice puissent profiter de la beauté de leur ville, de sa culture, de ses activités et de son rayonnement.

Pour ces raisons et tant d’autres, ce collectif a mis en place divers groupes de travail pour faire émerger des solutions.

Par ce communiqué, nous invitons toutes celles et ceux révoltés par les inégalités et les discriminations, indignés de la prédation politique des barons locaux, du clientélisme et de l’indifférence de la majorité municipale à l’égard des Niçoises et des Niçois, à nous rejoindre.

C’est un appel à vous, membres d’associations, de partis, sans partis, gilets jaunes, verts, rouge ou arc-en-ciel, ignorés, oubliés ou abandonnés.»

Contactez-nous : nissassemblee2020@gmail.com

*PCF, FI, Ensemble !, EELV, GRAF, Libertaires, Gilets Jaunes, Indépendants, PG, NPA

mercredi 25 septembre 2019

Nice : 10 après, la réhabilitation du quartier Vernier - Notre Dame à l'arrêt ?

Des 73 millions d'euros promis pour la réhabilitation du centre ville niçois, qu'a fait précisément le maire de Nice et son équipe ? Pietonnisation au rabais, locaux commerciaux vides, habitants délaissés et non informés, 10 ans après son lancement tonitruant, le temps de la transparence est venu pour le Programme National de Requalification des Quartiers Anciens Dégradés à Nice.

Le Programme National de Requalification des Quartiers Anciens Dégradés (PNRQAD) est un programme d'Etat salutaire destiné à réhabiliter les centres villes délabrés et à lutter contre l'habitat indigne. Il vise à cartographier les logements offrant des conditions de vie inadaptées voire dangereuses, les détruire et les reconstruire ou, selon les cas, les rénover. Il a également pour but de réaménager l'espace public afin d'augmenter la qualité de vie des habitants sans pour autant y augmenter le coût de la vie et de revitaliser les quartiers vieillissants. 

A Nice, le PNRQAD concerne le périmètre allant de la rue Vernier jusqu'à la rue d'Italie, englobant le quartier de la gare Thiers, et s'étendant, à l'est, jusqu'à Lépante. Lors de son lancement avec clairons et trompettes en juillet 2009, Christian Estrosi annonçait fièrement que 149,8 millions d'euros seraient débloqués. Six mois plus tard l'enveloppe tombait à 90 millions pour au final se stabiliser à 73 millions, les deux tiers à la charge de l'Etat, l'ANAH et les bailleurs sociaux et le tiers restant à la charge des collectivités locales. 

10 ans après, quel est le bilan de ce beau projet, bénéficiant d'un financement tout de même conséquent, pour changer la vie des niçois du centre ville ? 

Une dynamique commerciale entravée 

Dans le cadre du PNRQAD, la Ville a la possibilité de préempter les locaux vides afin de choisir le type de commerce qu'elle souhaite voir s'implanter dans le quartier. Il s'agit de dynamiser et revitaliser le commerce de proximité, et notamment les commerces de bouche. Or la sélection drastique pratiquée par la ville au non de la "diversification" et la "mixité" des activités est telle que plus d'une dizaine de locaux commerciaux restent vides sur une zone restreinte, après de longues années, plongeant le quartier de la gare dans une sorte de laisser-aller et, pour les habitants, de sentiment d'abandon. Le maire de Nice s'était alors lancé dans une diatribe anti-kebab clairement stigmatisante. Si la rue de Suisse a été piétonnisée, l'animation commerciale n'est pas au rendez-vous et les habitants et touristes faisant leurs courses sur l'avenue Jean Médecin sont bien peu nombreux à prendre cette perpendiculaire et à s'aventurer au-delà du Café Malongo. La sélection opérée par l'équipe du maire de Nice, selon des critères obscures, constitue une entrave à la dynamique d'entreprise à laquelle le commerce de proximité contribue pourtant fortement.

Un embellissement toujours inachevé

Si la reconversion du parking situé derrière l'Eglise Notre Dame en jardin public est une réussite pour la partie jardin d'enfant, une moitié de l'espace du "Jardin Notre Dame" demeure quasi inoccupée et étrangement vide, sans banc, sans fonction précise, laissant un gout d'inachevé dans cette réhabilitation. Le volontarisme de Christian Estrosi semble s'être arrêté au bout de ce jardin et la réhabilitation de la suite des rues d'Italie et de Suisse vers l'ouest, du bas de la rue d'Angleterre et de la rue Paganini semblent bel et bien enterrée. La rue Auber attend toujours son embellissement. La rue Trachel est un chantier perpétuel et invivable. Le projet de la Ville pour Trachel et Vernier demeure illisible et suscite l'incompréhension. Les habitants de Raimbaldi et des rues situées entre Jean Médecin et Lépantes ont le sentiment d'être les perpétuels oubliés de l'équipe municipale. La revégétalisation et la transition écologique de la ville de Nice seraint en marche, mais toujours pas dans ce périmètre pourtant en cours de réhabilitation...

Une piétonnisation au rabais ou à l'arrêt ?

Si l'on peut légitimement contester les immanquables dalles grises foncées importées de Chine (à quel coût et pour quel bilan carbone ?) qui assombrissent inutilement le quartier, au moins, la piétonnisation du début de la rue de Suisse côté Jean Médecin a redonné un sentiment de "propre" et de "neuf" aux riverains. Mais tout le monde n'est pas logé à la même enseigne. La piétonnisation du haut de la rue de Belgique et de la rue d'Angleterre a été faite à la va-vite, avec un inélégant revêtement ocre et sans finition. Les habitants et commerçants sont dans le flou. La Ville aurait dit à certains que ce n'était que temporaire. Mais ce temporaire dure et risque de devenir définitif. Pourquoi poser un revêtement pour le changer ensuite ? L'immeuble à l'angle des rues de Belgique et d'Angleterre aurait "bougé" disent d'autres et la Ville attendrait de le sécuriser. Beaucoup se sentent délaissés et ont l'impression désagréable de ne bénéficier que d'une piétonnisation au rabais. Le dynamisme commercial, lui, est au rendez-vous et les restaurateurs sortant leurs tablent en terrasse font vivre ces rues donnant vers la gare et vers Jean Médecin. Mais leurs efforts ne sont pas aidés par une municipalité muette et inconséquente.

Illustration 1
Illustration 2

Une lutte contre l'habitat indigne opaque et incertaine

Des logements sociaux ont été rénovés rues Trachel, Vernier, Lafayette ou cour Bensa, ce qui est une très bonne chose. Mais, profitant de cette rénovation, la Ville a transformé, Bd Raimbaldi, des logements de 4 et 5 pièces, destinés aux familles, en logements pour actifs, de une à deux pièces, poursuivant ainsi sa politique d'éloignement des familles précaires du centre ville vers la périphérie. Des logements sur le haut de la rue de Belgique, débouchant sur la gare, restent murés dans l'attente d'une réhabilitation. Combien de logements indignes, combien de logements insalubres et combien d'immeubles faisant l'objet d'arrêtés de périls ont été cartographiés ? Combien ont déjà été réhabilités et combien en reste-il encore à traiter ? Les habitants de ces logements ont-ils été relogés sur place après réhabilitation ou ont-ils été déplacés ? L'une des contraintes fixées par le PNRQAD est de ne pas faire fuir les habitants des quartiers rénovés. L'enjeu est d'améliorer leurs conditions de vie sur place, sans les obliger à partir et de rénover leurs appartements à loyer constant. Or bien souvent les impôts locaux augmentent et la population en précarité doit au final partir, permettant aux municipalités d'installer dans les quartiers ainsi réhabilités et "boboïsés" des actifs solvables. La Ville de Nice manque clairement de transparence dans sa politique de rénovation de logements. De nombreux niçois souffrent de mal logement dans ces quartiers et la Ville ne leur donne pas de perspectives claires sur leur avenir et leurs conditions de vie.

Le bon usage des fonds

Quelle part de l'enveloppe budgétaire initiale de 73 millions d'euros a-t-elle été consommée ? Combien reste-t-il de disponible, quand et comment cet argent sera-t-il utilisé ? Autant de questions pour lesquelles les Niçois ont le droit d'avoir des réponses et à propos desquelles la Ville de Nice demeure étrangement silencieuse.

mercredi 18 septembre 2019

Nouveau réseau de transports en commun à Nice : le fiasco

La Ville de Nice a commis cinq erreurs majeures : modifier le réseau à la rentrée, oublier des quartiers entiers, imposer trop de correspondances, faire détester le tramway et oublier la concertation. Ceux qui sont le plus habilités à parler des transports en commun sont ceux qui les utilisent. Il est temps de faire vivre la démocratie locale à Nice et de miser enfin sur l'intelligence collective.

La mairie de Nice nous demande de laisser le temps aux usagers de s'habituer au nouveau réseau de transport en commun de Nice avant de le juger. Lancé le 1er septembre, quel bilan deux semaines plus tard ? 

La ville de Nice et Ligne Azur ont commis cinq erreurs majeures :

 1. Chambouler le réseau à la rentrée des classes

La rentrée est un moment de stress pour les parents, les enfants, et l'ensemble de la communauté éducative. Pourquoi diable modifier toutes les lignes de transports en commun en même temps que la rentrée des classes ? Ne pouvait-on attendre le 1er janvier ou une autre date ? Les parents d'élèves qui accompagnent leurs enfants et les élèves qui vont seuls au collège ou au lycée avaient bien d'autre chose à penser que de s'adapter à un nouveau parcours pour se rendre sur le lieu d'apprentissage, avec plus de changements de transports qu'avant.

 2. Oublier des quartiers entiers et des points névralgiques

Comment peut-on prétendre "repenser" un réseau de transport en commun en oubliant de desservir des quartiers entiers de Nice, la gare SNCF centrale ou un IUT ?  Ligne azur a beau se rattraper au coup par coup en rajoutant des lignes non prévues, ces oublis constituent une incroyable bévue qui montre le degré d'impréparation et la précipitation avec laquelle la Ville de Nice gère les transports en commun, le quotidien des Niçois et la question environnementale. On oublie Riquier et on rajoute une ligne en catastrophe, on oublie le Parc Impérial où les habitants voulant se rendre à la gare doivent faire deux changements pour y accéder. On oublie même la gare Thiers ! Je n'ose imaginer le nombre d'heures de travail des équipes d'ingénieurs, d'heures de réunions, de comités de pilotages, de validations techniques puis de validation politique par l'équipe municipale et par le maire lui-même pour constater au final de telles aberrations.

Oublier, à Nice, que se déplacer pour des personnes âgées ou des personnes à mobilité réduite est un enjeu central de leur qualité de vie est tout simplement une faute politique.

3. Imposer un parcours du combattant aux Niçois

L'idée centrale de faire converger les lignes de bus vers le tramway afin de limiter la pollution en centre-ville est une bonne idée. Mais il faut se donner les moyens de la mettre en œuvre en prévoyant une capacité et une cadence suffisante des lignes de tramway. Elle présente également un inconvénient majeur pour les usagers : faire davantage de correspondances et donc perdre un temps précieux.

Partir d'un point A de la ville pour arriver à un point B ne se situant par sur le tracé direct du tram veut dire prendre un premier bus, changer pour prendre le tram, parfois changer de tram entre la L1 et la L2, et enfin prendre un second bus pour parvenir à destination. Or faire deux à trois changements est tout simplement long et pénible. Les actifs qui pointent le matin doivent partir plus tôt, avoir moins de repos, moins de temps pour la vie de famille le soir. Et que dire des déplacements hors de Nice ? Ceux qui souhaitent se rendre dans une autre ville ou venir d'une autre ville pour rejoindre le centre-ville niçois sont obligés de prendre une correspondance au Parc Phoenix. Le centre de la Métropole devient inaccessible de façon directe. Que l'on souhaite rendre un centre-ville difficilement accessible aux voitures individuelles pour pousser les usagers à prendre un transport en commun à l'entrée d'une métropole, cela se comprend et est souvent indispensable pour lutter contre la pollution. Mais que l'on entrave l'accès direct à un centre-ville en transports en communs est une bêtise.

Un réseau de transport en commun ne s'évalue pas seulement à l'aune de son coût ou de l'étendue de la zone couverte, il s'évalue aussi à son degré de pénibilité. Le constat est simple : aujourd'hui, prendre les transports en commun à Nice, c'est pénible. L'effort environnemental demandé aux Niçois devient une corvée quotidienne alors que nous sommes tous volontaires pour préserver notre environnement et notre santé et que l'on aurait pu à l'évidence faire autrement.

4. Faire détester le tramway

Avant, prendre le tramway à Nice était un plaisir. Il était parfois bondé, parfois encombré avec des difficultés pour les poussettes et les personnes en fauteuils roulant, mais dans l'ensemble prendre le tramway n'était pas une corvée. Aujourd'hui c'est tout l'inverse. Le tramway est tellement saturé que c'est à dégouter les plus courageux ! Alors que ce transport en commun est l'un des moins polluants et que l'arrivée du tram dans un quartier permet non seulement de le désenclaver mais aussi de le réhabiliter, la Ville de Nice a trouvé le moyen de le rendre impopulaire. C'est comme si l'on cherchait par tous les moyens à rendre l'écologie détestable alors que la transition de nos villes est indispensable.

On se demande comment il est possible que personne n'ait anticipé le fait que faire converger toutes les lignes de bus vers le tram allait automatiquement faire augmenter sa fréquentation. Ne pouvait-on faire une estimation préalable du nombre de voyageur supplémentaires en calculant le nombre de voyageurs de ces lignes de bus ? Certains niçois usagers des transports en commun en viennent à reprendre leur voiture !

Le tramway est un moyen efficace pour améliorer la qualité des habitants. Miser sur le "tout tramway" sans anticiper la hausse mécanique de sa fréquentation est totalement contre-productif.

J'ajoute que l'on ne peut prétendre lutter contre les violences faites aux femmes et, dans le même temps, laisser les trams et les bus bondés où la promiscuité est telle qu'elle favorise le phénomène des "frotteurs" dans les transports en commun.

5. Passer en force et oublier la concertation

Les personnes les plus habilitées à parler des transports en commun sont celles qui les utilisent. Les usagers ont une expertise, au quotidien, en tant qu'usagers. On ne peut repenser leur réseau et leur mode de déplacement quotidien sans leur demander leur avis.  On ne peut prétendre concevoir un service public sans se pencher sur les besoins de ses usagers. Or c'est très précisément ce qu'a fait la Ville de Nice.

Il est plus que temps de faire vivre la démocratie locale à Nice et de miser, enfin, sur l'intelligence collective.

vendredi 19 juillet 2019

Rachat de Nice Matin : un danger pour la démocratie locale

 Communiqué de presse du 16 juillet 2019 de l'association Tous citoyens :

"Rachat de Nice Matin : un danger pour la démocratie locale"

"Nice Matin est en phase d'être racheté et l'une des deux offres en lice aurait pour conséquence directe des "synergies de contenus" avec l'hebdomadaire Valeurs Actuelles. Cette offre est celle du groupe Prinvinvest Medias présidé par Étienne Mougeotte, et de sa société Valmonde Presse, propriété d'Iskandar Safa, détentrice de Valeurs Actuelles.
Valeurs Actuelles propose une ligne éditoriale ouvertement réactionnaire et xénophobe, alimentant de façon récurrente les thèses de l'invasion migratoire et du grand remplacement.
Nice Matin est le seul quotidien payant à Nice et se trouve, de fait, dans une situation de monopole, ce qui lui confère une responsabilité accrue quant à l'équilibre de sa ligne éditoriale. Sa situation financière n'a pu être sauvée que par l'action collective et coopérative de ses salariés constitués en SCIC.
Une mainmise de Valeurs Actuelles sur Nice Matin constituerait une plateforme quotidienne de diffusion massive de thèses d'extrême droite dans la 5ème ville de France à un an des élections municipales. Cette perspective devrait inquiéter bien au-delà des frontières de Nice et des Alpes-Maritimes.

Les thèses d'extrême droite sont aujourd'hui banalisées, légitimées et parfois institutionnalisées. Il revient à tout citoyen œuvrant pour le vivre ensemble, attaché aux valeurs de notre République, "Liberté, égalité, fraternité", de les combattre.

La presse locale est l'un des acteurs déterminants du débat public et de la démocratie locale. Il revient à tout défenseur de la démocratie de soutenir une presse la plus libre et la plus indépendante possible.
Nous appelons l'ensemble des acteurs en mesure de contribuer à empêcher le rachat de Nice Matin par Iskandar Safa à prendre leurs responsabilités et à tout mettre en œuvre pour cela."

L'association "Tous citoyens !"

jeudi 18 juillet 2019

Légitimer les violences policières, une stratégie irresponsable

Christophe Castaner a décoré les gradés responsables des violences policières récentes. Au lieu d'appeler à la retenue, il donne une prime à la violence. Au lieu d'attendre le résultat des enquêtes en cours, il passe outre l'autorité judiciaire. Au lieu de promouvoir l'unité nationale, ce gouvernement rompt toute confiance possible entre le citoyen et l'Etat.

Nous assistons depuis plusieurs mois à des violences policières sur des militants pacifistes, totalement injustifiées, totalement abjectes. Si le ministre de l'intérieur garantissait, au début du conflit des Gilets Jaunes, savoir distinguer les dangereux casseurs et les Black Blocs des manifestants "légitimes" et "bon enfants", les faits montrent à l'inverse des violences commises par la police contre des personnes ne constituant pas une menace pour l'ordre public, ce qui est le cas de Geneviève Legay à Nice ou des écologistes gazés sur le pont de Sully à Paris et, bien évidemment, des jeunes gazés lors de la fête de la musique à Nantes.

Christophe Castaner vient, au nom de la France, de décorer de la médaille de la sécurité intérieure les gradés responsables des principales violences policières récentes dans une "exceptionnelle promotion Gilets Jaunes 2018-2019."

Cet acte constitue une véritable prime à la violence qui, au lieu d'appeler les forces de l'ordre à la retenue, laisse libre court à toutes les dérives. Il officialise également, puisque plusieurs de ces violences font l'objet d'enquête judiciaires en cours, une atteinte délibérée à la séparation des pouvoirs et l'autorité judiciaire en France. Enfin, en légitimant les violences policières, il acte une rupture grave du pacte républicain qui unit citoyens et gouvernants et symbolise l'avènement d'un pouvoir liberticide.

1. Une prime à la violence

Nos forces de l'ordre sont à bout, elles sont épuisées. Les suicides de policiers, de plus en plus nombreux, dramatiques, sont la partie visible de l'iceberg. Les actes de violences policières commis par certains nuisent à l'ensemble de la profession et en donnent une image déplorable, à l'opposé du devoir de protection qui est au cœur de leurs missions. Décerner une médaille aux gradés responsables d'actes de violences policières comme au commissaire Rabah Souchi à Nice, c'est valider la réponse répressive disproportionnée, c'est cautionner une violence policière non contrôlée, les excès, les abus et les fautes professionnelles. Cette véritable prime à la violence est un acte profondément irresponsable de la part du gouvernement qui devrait au contraire appeler les policiers à la mesure et à la maîtrise. Ce faisant, il nuit à l'ensemble des forces de l'ordre en leur retirant le crédit et la confiance de la population.

2. Une atteinte à la séparation des pouvoirs

De nombreux actes de violences commis sous l'autorité de gradés qui viennent d'être décorés au ministère font l'objet d'une procédure judiciaire en cours. La posture habituelle du gouvernement est d'attendre que justice soit faite pour récompenser ou blâmer ensuite ses agents. Les décorer sans attendre le verdict de la justice, c'est porter délibérément atteinte à l'autorité judiciaire, c'est empiéter volontairement sur la séparation des pouvoirs en France. Si l'un de ces gradés est condamné dans les semaines ou les mois à venir, le ministère lui retira-t-il sa médaille ? Pourquoi ne pas tout simplement attendre que les jugements soient rendus ? La réalité est tellement simple qu'elle en est déconcertante : ce gouvernement fait fi de la séparation des pouvoirs, il fait fi de la justice, il fait fi de l'opinion. Il réduit la réponse républicaine à une répression aveugle et récompense ceux qui l'ont mise en œuvre.

3. Une rupture républicaine

En légitimant les violences policières, le gouvernement pousse à une rupture totale entre le citoyen et l'Etat. Il brise tout lien de confiance possible du citoyen envers ceux qui incarnent le pouvoir. Cette défiance du citoyen, alimentée sciemment par le ministre de l'intérieur, a des répercussions dont nous ne pouvons encore mesurer l'impact, notamment sur la jeunesse. Et l'on s'étonnera ensuite du taux d'abstention et du refus d'une partie de la population de cautionner un système que le gouvernement décrédibilise lui-même !

Ajoutée au mépris réitéré du Président envers les plus faibles à grand coups de petites phrases assassines, cette violence récompensée vient parachever le sentiment qu'il est inutile et vain de vouloir participer à la chose publique, à la République elle-même. L'appartenance à une communauté nationale n'est en effet pas envisageable sans équité ni justice. L'impunité des auteurs et commanditaires de violences policières rend impossible, pour beaucoup, toute adhésion à la communauté nationale.

Adossé à ces actes de répression, un dispositif législatif entérine des atteintes au droit de manifester et aux libertés individuelles et acte un véritable tournant liberticide du quinquennat. Le pouvoir macronien conforte l'idée d'un pouvoir au-dessus des lois, autoritaire, n'apportant comme réponse à la colère populaire qu'une répression aveugle et bafouant, de fait, l'idéal démocratique de la France.

Le président de la République, son gouvernement et sa majorité, devenus irrémédiablement irresponsables, rendent impossible toute unité nationale.