lundi 10 octobre 2016

Communiqué de presse : "Non condamnation des actes islamophobes commis à Nice"

La Ville de Nice a été le lieu d'une nouvelle profanation devant la mosquée En-nour.

Si un tel acte avait été commis devant une église ou une synagogue, nul doute que l'ensemble des élus locaux se serait immédiatement et unanimement retrouvé pour le dénoncer avec vigueur.

Or cet acte n'a fait l'objet d'aucune déclaration du Maire de Nice ni du Président du Conseil Départemental.

Cet étrange silence pourraient être perçu par certains comme une approbation tacite et les renforcer dans leurs projets xénophobes.

Il est temps que nos élus condamnent fermement les actes islamophobes commis à Nice et montrent à nos concitoyens de confession musulmane qu'ils bénéficient du même respect et ont droit à la même protection que nos concitoyens d'autres confessions.

vendredi 23 septembre 2016

"Nos ancêtres les Gaulois", ou le retour de l'assimilationnisme xénophobe

Astérix chez les Pictes
La petite phrase de Nicolas Sarkozy, "Dès que l'on devient français, nos ancêtres sont gaulois", a fait couler beaucoup d'encre.

Indépendamment de son absence de réalité historique et outre la contradiction, chez l'ancien Président de la République, qui consiste à rappeler sans cesse les racines chrétiennes de la France pour soudain évoquer ses racines païennes, ce qu'il y a derrière cette phrase, c'est l'exigence d'assimilation d'une partie de la droite et désormais d'une partie de la gauche identitaire française.

Rappelons que l'assimilation c'est la perte de la culture d'origine pour un immigré. C'est la perte de toute culture jugée "différente" pour un français. 

L'intégration, c'est l'apprentissage de la langue, le respect du vivre ensemble, des lois et des valeurs de la République sans reniement de sa culture et de son identité personnelle. 

L'historien Yvan Gastaut a pointé les reculs successifs de la gauche sur l'intégration, "sacrifiée sous le mandat de François Hollande" et "quasiment prohibée du langage public". De "l'insertion" un temps utilisée à l'intégration, on passe à la "société inclusive" proposée par le rapport Tuot en 2013 puis à une absence de dénomination claire de la part du gouvernement pendant qu'un glissement progressif s'opère, même à gauche, vers une "assimilation" aux accents colonialistes.*

Alors que le débat des années 1980-1990 concernait l'intégration des personnes de nationalité étrangère arrivant en France, il porte désormais sur des personnes françaises, issus de familles françaises depuis trois à quatre générations.

Ce qui est alors désigné comme une culture étrangère à effacer pour être "pleinement" assimilé, c'est la pratique du culte musulman. Le philosophe Etienne Balibar explique que la "laïcité identitaire" tend à "l’assimilation des populations d’origine étrangère (ce qui veut dire en clair : coloniale et postcoloniale), toujours encore susceptibles, de par leurs croyances religieuses, de constituer un «corps étranger» au sein de la nation."**

Mais ne nous y trompons pas, l'assimilation sera l'un des enjeux majeurs de l'élection présidentielle. Elle vient parachever l'offensive identitaire sur la laïcité et est au cœur du projet de Nicolas Sarkozy. 

Et soyons très clairs : voir une partie de la gauche le rejoindre sur ce point est très inquiétant, car en réalité, même sous couvert d'adhésion à un prétendu "roman national", le discours assimilationniste n'est qu'une forme de racisme et de xénophobie.


* Yvan Gastaut "L'intégration, la fin d'un modèle ?", in Vers la guerre des identités ?, coll., 2016, La découverte.
** Etienne Balibar, "Laicité ou identité ?", Libération, 29.08.2016.

mardi 20 septembre 2016

Quand la Ville de Nice s'en prend à la vie associative

La Ville de Nice a récemment demandé à des associations utilisant la Maison des associations d'assurer à leurs frais la sécurité des participants à leurs événements par l'embauche d'un agent de sécurité d'une société privée agrée.*

La Maison des associations à Nice, comme bien d'autres structures équivalentes dans d'autres communes, a vocation à soutenir la vie associative locale. Mais, à travers la vie associative, c'est des citoyens dont il est question, de leur l'accès à la culture, à l'éducation populaire, à l'entraide, au vivre ensemble et à la citoyenneté. 
Or les citoyens payent déjà des impôts locaux dont une partie est destinée à leur sécurité et à la sécurisation des espaces et équipements publics (parcs et jardins, bibliothèques, piscines, salles municipales, etc).
Les associations de loi 1901 ont un but "non lucratif", ce qui veut dire qu'elles ne vivent que de leurs adhésions, des subventions publiques ou de la vente limitée de certains produits mais sans faire de "bénéfices" et sans rechercher de profits. 
Par ailleurs, l'accès aux salles de la Maison des associations à Nice, à la différence à d'autres villes, n'est pas gratuit. A titre d'exemple, la réservation de l'amphithéâtre place Garibaldi à Nice coûte déjà aux associations la modique somme de 150 € pour une simple conférence de 2h !
Si l'on suit la logique initiée par la Ville de Nice, cela voudrait dire que les associations devront bientôt payer, pour l'usage de toute salle municipale, un vigile pour la sécurité et pourquoi pas, demain, apporter leur propre poste de secours ou payer leur propre défibrillateur... Mais l'on sait pertinemment qu'un club de bridge, une association de lutte contre illettrisme ou une amicale d'anciens combattants ne pourront pas assumer de tels frais. 
La Ville de Nice cherche-t-elle à freiner la vie associative locale ? En quoi l'éducation populaire et la vie citoyenne inquiètent-elles le maire de Nice ?
Nice a été frappé par un terrible attentat le 14 juillet dernier, faisant 86 morts et plus de 400 blessés.
Les associations constituent un maillon essentiel du lien social et de la démocratie locale. Elles participent à l'indispensable effort collectif pour surmonter ce drame et favoriser l'unité et la solidarité qui font tant défaut dans la 5ème ville de France.
S'attaquer à la vie associative en lui imposant des contraintes financières qui relèvent de sa propre responsabilité est à l'évidence une faute qui témoigne d'une appréciation erronée de la situation. 
Gageons qu'il ne s'agisse que d'une maladresse qui sera rapidement corrigée et que nous n'en serons pas réduit, à Nice, à défendre à nouveau le droit de réunion et les plus élémentaires expressions de la vie démocratique locale.