vendredi 23 juin 2017

Nice, acharnement contre la mosquée En-nour et les Niçois de confession musulmane

La Ville de Nice et la Préfecture des Alpes-Maritimes reprennent leur acharnement administratif et judiciaire contre la mosquée niçoise En-nour. Dans leur entreprise aveugle et purement idéologique le Maire et le Préfet ont juste oublié deux petits détails qui font que la France est un état de droit et un état laïque : le respect de la loi et la liberté de culte.

Alors que la Ville de Nice a déjà été condamnée par le Conseil d’Etat pour atteinte aux libertés fondamentales et excès de pouvoir contre l'Institut Niçois En-nour, et que l'entrave à la liberté de culte a, à Nice, un lourd passé (lire ici et ici), le maire de Nice, poussé par le Préfet des Alpes-Maritimes, va déposer une seconde déclaration d'utilité publique (DUP) pour obtenir l'expropriation du lieu de culte.
Si nous devons tous lutter contre la propagation du djihadisme en France, rappelons qu'aucun élément probant attestant de radicalisation ou de promotion de doctrines fondamentalistes par l'Institut Niçois En-nour n'a été ne serait-ce qu'évoqué dans le dossier.
De plus, l'Institut En-nour est désormais propriétaire des locaux et ne peut donc plus être taxé d'ingérence étrangère.
Rappelons enfin que les Niçois de confession musulmane, comme tous citoyens, ont le droit d'exercer leur culte dans des conditions décentes et que l'Institut Niçois En-nour, contribuant ainsi à apaiser un sentiment d'injustice, facilite le vivre ensemble à Nice.
Le Maire de Nice et le Préfet des Alpes-Maritimes, dans leur entreprise aveugle et purement idéologique, ont donc juste oublié deux petits détails qui font que la France est un état de droit et un état laïque : le respect de la loi et la liberté de culte.

dimanche 28 mai 2017

Demandeurs d'asile à Nice : la dangereuse stratégie de l'Etat

Le périple niçois des demandeurs d'asile venus avec Cédric Herrou le mercredi 24 mai 2017 est révélateur à bien des égards. Une stratégie dangereuse, en trois temps, a été sciemment mise en œuvre par les pouvoirs publics : le pourrissement, le défaussement et le harcèlement. L'État doit assumer ses responsabilités et ne pas laisser les citoyens gérer seuls cette crise humanitaire.

Le périple niçois des demandeurs d'asile venus avec Cédric Herrou mercredi 24 mai 2017 est révélateur à bien des égards.
Quand on arrive en ville...Quand on arrive en ville...
Ne pouvant gérer l'afflux de migrants arrivant chez lui, Cédric Herrou les a accompagnés à Nice afin qu'ils puissent enregistrer leur pré-demande d'asile et obtenir un rendez-vous dans une préfecture pour déposer leur demande d'asile.
Ces migrants viennent principalement du Soudan, du Tchad ou du Kenya et ont mis un an et demi à deux ans pour arriver en France.
Les pré-demandes sont délivrées à la Plateforme d'accueil des demandeurs d'asile (PADA), boulevard François Grosso à Nice, par l'association Forum Réfugiés habilitée par l'État.
Une vingtaine seulement de demandes pouvant être saisies mercredi, il a été demandé de revenir vendredi, après le pont de l'Ascension. 
Les 53 demandeurs d'asile non enregistrés se sont, dans l'attente, installés au parc Estienne d'Orves.
Une stratégie en trois temps a alors été sciemment mise en œuvre par les pouvoirs publics : le pourrissement, le défaussement et le harcèlement.
1. Le pourrissement
La Préfecture aurait très bien pu réquisitionner du personnel d'astreinte pour enregistrer l'ensemble des pré-demandes dans la journée de mercredi.
Au lieu de cela, elle a laissé les demandeurs d'asile dans l'attente jusqu'à la réouverture des bureaux, après le pont de l'Ascension, le vendredi matin.
Et si le personnel de l'association Forum Réfugiés ne s'était pas démené pour enregistrer les 53 demandeurs vendredi, il aurait fallu attendre le week-end et revenir le lundi suivant.
Le préfet des Alpes-Maritimes, continuellement informé, a donc délibérément choisi de laisser pourrir la situation.
2. Le défaussement 
La préfecture, la ville de Nice ou le département étaient en mesure d'ouvrir un gymnase, une école ou tout bâtiment public adéquat pour héberger les demandeurs d'asile et gérer humainement cette crise.
Au lieu de cela, les pouvoirs publics se sont entièrement défaussés sur les citoyens pour subvenir aux besoins des demandeurs d'asile. 
Ni eau, ni nourriture, ni hébergement n'ont à aucun moment été proposés.
C'est la seule générosité de particuliers et d'associations qui a permis de les accompagner durant ces trois jours passés à Nice, de les nourrir et de les héberger. 
3. Le harcèlement
Pire, les forces de l'ordre se sont livrées à un harcèlement continu durant deux jours.
Si le personnel policier n'est pas en cause, ne faisant qu'appliquer les consignes données, nous devons dénoncer ici très clairement cette ligne de conduite indigne, irresponsable et dangereuse.
Les demandeurs d'asile ont été expulsés du parc Estienne d'Orves. Nous nous sommes dirigés vers le palais préfectoral.
Les policiers nous ont barré la route, nous empêchant d'y accéder.
Nous nous sommes alors installés place du palais de justice. Les forces de l'ordre ont tenté de nous déloger de force et un demandeur d'asile a été blessé lors d'une chute, puis transporté à l'hôpital. 
Les migrants ont finalement dormi à même le sol, devant le palais de justice.
Le lendemain, après qu'a été négociée une installation dans un parc public, bd Franck Pilatte, cinq cars de CRS sont arrivés et il nous a été demandé d'évacuer.
L'alternative était claire : être déplacés de gré ou de force toutes les deux heures, ou accepter d'être cantonnés au Mont Boron !
Ce n'est que grâce à l'accueil du Secours catholique pour la journée, puis d'associations et de particuliers pour la nuit que nous avons échappé à une errance continue toutes les deux heures.
Le lendemain, les 53 demandeurs ont pu obtenir leur pré-demandes grâce au volontarisme et au professionnalisme du personnel de Forum Réfugiés. Mais ce n'est qu'une étape dans le long parcours administratif pour faire valoir leur droit à l'asile.
Remercions ici l'ensemble de cette belle chaîne de solidarité qui s'est mobilisée : Roya Citoyenne, le Secours catholique, Emmaüs, La Croix rouge, Un geste pour tous, Un toit pour toi, la FMS, Amnesty, la LDH, le MRAP, Tous citoyens... et j'en oublie forcément... Sans compter les citoyens solidaires venus spontanément aider, les uns accompagnant les migrants, quitte à veiller sur eux toute la nuit place du palais de justice, les autres faisant une soixantaine de sandwichs en 2 heures pour les ravitailler, tel particulier allant acheter savons et brosses à dents, tel autre apportant du thé... 
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À court terme et très concrètement :
- Les pré-demandes d'accueil enregistrées à Nice auraient pu l'être à Breil ou Menton, ce qui aurait évité ce périple. Si l'association Forum Réfugiés bénéficiait de moyens suffisants, une plateforme d'accueil des demandeurs d'asile itinérante pourrait tenir des permanences dans la Roya ou à Menton.
- Un Centre d'accueil et d'orientation doit être créé à Menton ou à Nice. 
L'État doit cesser de se défausser sur les citoyens et de les laisser gérer seuls cette crise humanitaire.
De façon plus globale, la France doit prouver qu'elle est toujours le pays des droits de l'homme en accueillant dignement les demandeurs.
Nous savons que le préfet ne prend pas seul ses décisions sur un dossier aussi médiatisé. Il est donc évident que le nouveau ministre de l'intérieur, le nouveau premier ministre, voire le nouveau président de la République suivent ce dossier.
Emmanuel Macron a déclaré à plusieurs reprises durant sa campagne que la France devait accueillir dignement les demandeurs d'asile. Il est temps de passer des promesses aux actes.
Demandeurs d'asile à Nice (priés de rester cachés) © bobpretendstobeblind
Nice : l'attente se poursuit pour les demandeurs d'asile © AZUR TV
Nice : la mobilisation se poursuit pour les demandeurs d'asile © AZUR TV

samedi 20 mai 2017

Ecosocialisme et humanisme

Les étiquettes ont volé en éclats. Les logos, bannières et drapeaux veulent dire bien peu de choses aujourd'hui. Qui est qui ? Qui pense quoi ? Qui fera ou ne fera pas ce pour quoi il a été élu ? De gauche ? De droite ? "Et de gauche et de droite" ? Et avides de gloire et avides de pouvoir ? Deux lignes de fond sous-tendent nos divergences profondes...

Les étiquettes ont volé en éclats. Les logos, bannières et drapeaux veulent dire bien peu de choses aujourd'hui. Qui est qui ? Qui pense quoi ? Qui fera ou ne fera pas ce pour quoi il a été élu ? De gauche ? De droite ? "Et de gauche et de droite" ? Et avides de gloire et avides de pouvoir ? 
Deux lignes de fond sous-tendent nos divergences profondes.
La première est une irrémédiable fracture entre ceux qui acceptent et ceux qui s'opposent au libéralisme économique sans frein, se traduisant par un capitalisme dérégulé, une recherche effrénée du profit, cupidité, avidité, démesure toujours plus excessive dans un processus morbide nous menant à notre propre perte à force de surconsommer toujours plus vite nos ressources fondamentales. Globalisation financière et marchande, néocolonialisme, délocalisations, pollutions, exploitation de la nature et de l'homme par l'homme, ce libéralisme-là est l'une des causes premières des crises sociales et des désastres environnementaux.
La seconde est une ligne de démarcation entre ceux qui renoncent et ceux qui refusent de transiger avec nos libertés et nos droits fondamentaux. Partout le repli identitaire, profitant de la menace terroriste et de la peur de la mort violente, reprend la marche sécuritaire du renoncement à certaines libertés sous prétexte de lutter contre ceux-là même qui cherchent à détruire nos libertés. Le différentialisme culturel, le retour de l'assimilationnisme xénophobe, la persistance de l'antisémitisme et le développement de l'islamophobie, le rejet de l'autre sous couvert de roman national, le rejet des migrants et la pénalisation de la solidarité, le populisme et la démagogie, le retour de l'ordre, de l'autorité, le culte du chef, tout cela forme un tout très tentant, se nourrissant des angoisses collectives et nous poussant à croire en une différence de nature entre "nous" et "eux", nous faisant oublier que, tous humains, nous ne faisons en réalité que nous autodétruire.
Refuser le libéralisme effréné et ses dégâts sociaux et environnementaux c'est poser une ligne idéologique basée à la fois sur une pensée de l'égalité sociale et sur une pensée écologique. Que l'on nomme cela écologie sociale, écologie politique, écosocialisme, cela importe peu. 
Combattre le repli identitaire et xénophobe c'est réaffirmer l'égale dignité des êtres humains, l'universalisme des droits et l'humanisme.
Nous pouvons nous perdre en d'interminables débats terminologiques, les bases sont là et s'imposent à nous. Écosocialisme et humanisme sont les deux facettes d'une même ligne de conduite qui doit nous guider dans les tourments de nos consciences politiques et les turpitudes du moment.

jeudi 11 mai 2017

Pour que les élus achèvent leur mandat et respectent les électeurs

Puisque certains considèrent que les mandats électifs sont interchangeables, affichent un mépris total des citoyens et font fi des engagements pris, voici deux propositions simples en vue de la moralisation de la vie publique.

Nous avons vu un candidat, et non des moindres, se faire élire à l'élection présidentielle et mettre en oeuvre une politique allant à l'encontre de ses engagements de campagne. Le dépit et le dégoût suscités chez les électeurs fut à la hauteur des espoirs levés et continuent à alimenter le rejet de l'ensemble de la classe politique.

Nous voyons désormais un candidat se faire élire à une élection municipale en promettant la mise en oeuvre d'un programme pendant toute la durée du mandat, puis partir un cours de route pour courir une autre élection, régionale celle-ci, en promettant là aussi la mise en oeuvre d'un programme pendant tout un mandat, pour finalement ne pas achever non plus ce second mandat et revenir au premier... 
Ce genre de pratiques retire toute crédibilité à la politique et donne raison aux abstentionnistes. Les mandats ne sont pas interchangeables et une candidature électorale est un engagement moral vis-à-vis des citoyens. 
Nous voyons également une candidate renoncer à son mandat pour convenance personnelle et familiale, sans justifier d'une situations exceptionnelles ou d'un cas de force majeure.
On ne peut prétendre servir l'intérêt général en bradant ses mandats et ses engagements au grès de ses envies.
Puisque le non cumul des mandats est contourné avant même son entrée en vigueur, puisque la proposition de révocation des élus est dans ce cas inopérante et puisque les élus en question ne semblent pas se sentir tenus par leur engagements moraux vis-à-vis des électeurs, je soumets deux propositions pour contribuer à la moralisation de la vie publique :
1. Qu'un élu qui n'a pas achevé son mandat de façon volontaire et sans justifier d'un cas de force majeure ou d'une situation exceptionnelle rembourse l'intégralité des indemnités perçues pour ce mandat.
2. Qu'un élu exerçant un mandat exécutif local ne puisse pas être candidat à un autre mandat exécutif local tant qu'il n'a pas achevé son mandat en cours s'il ne justifie pas d'un cas de force majeure ou d'une situation exceptionnelle.
J'ajoute, en tant que niçois, qu'il est intolérable de constater que Nice et les Niçois soient considérés comme de simples variables d'ajustement dans une carrière politique, quelle qu'elle soit. 

lundi 8 mai 2017

8 mai 2017, le jour d'après

Félicitons l'ensemble des citoyens qui ont empêché l'extrême droite d'accéder au pouvoir et notamment ceux qui sont passés outre leur opposition au candidat élu pour préserver la démocratie en France. Nous avons accompli notre devoir citoyen et nous pouvons en être fiers. Pour autant, de nombreuses questions se posent, comme autant de chantiers ouverts à traiter sans tabou ni faux-semblants...

En ce 8 mai mes pensées vont aux morts pour la France et la fin de l'oppression nazie. Mes pensées vont également aux morts de Sétif, de Guelma et de Kherrata.
En ce 8 mai 2017, au lendemain de la défaire de Marine Le Pen à l'élection présidentielle, félicitons l'ensemble des citoyens qui ont empêché l'extrême droite d'accéder au pouvoir, et notamment ceux qui sont passés outre leur opposition au candidat élu pour préserver la démocratie en France. 
Nous avons accompli notre devoir citoyen et nous pouvons en être fiers.
De très nombreuses questions se posent désormais à nous, comme autant de chantiers ouverts que nous devons affronter sans tabou et sans faux semblants : la fabrique surréaliste d'un président totalement inconnu du grand public quatre ans auparavant ; l'inaptitude crasse de la gauche à se rassembler, le poids des egos et la guerre des appareils qui nous ont directement mené à la possibilité du pire ; la progression d'une abstention militante et la non prise en compte totalement irresponsable du vote blanc ; le choix de onze millions d'électeurs de voter pour un parti xénophobe, 73 ans après la chute du régime de Vichy...
Nous avons élu Emmanuel Macron par devoir, tout en sachant que nous devrons combattre sa politique. Nous devons maintenant faire preuve de la plus grande vigilance, d'une opposition de combat, ferme et constructive, tant sur nos acquis sociaux que sur l'exercice du pouvoir et le maintien des contre-pouvoirs démocratiques, sans pour autant tomber dans l'opposition systématique et stérile qui a fait tant de mal à la politique par le passé.
A l'heure où les étiquettes et les familles politiques ont volé en éclat devant la cupidité, l'avidité du pouvoir et les ambitions personnelles, à l'heure où triomphe en France, sur "le vieux continent", un libéralisme intégral doublé d'un capitalisme aveugle, la composition de l'Assemblée Nationale s'avère plus que jamais déterminante pour ce nouveau quinquennat. L'échec du rassemblement de la gauche et des écologistes à la présidentielle démontre l'impérative nécessité d'une convergence pour les législatives et la présence d'une seule candidature réellement de gauche par circonscription.
Le temps de la refondation a sonné pour la gauche et pour l'écologie politique. Elle passera, plus largement, par la réappropriation de nos idéaux de solidarité, d'égalité, de tolérance et d'humanisme. Elle passera immanquablement, nous le savons, par l'action citoyenne, libre, responsable, vivante et perpétuellement revivifiante.

lundi 24 avril 2017

Billet d'entre-deux-tours, tourments d'entre-deux-maux

Le non rassemblement de la gauche ne nous laisse de choix qu'entre l'abstention, le vote blanc, l'ultralibéralisme ou l'extrême droite. Chacun votera en conscience mais la transparence et le courage politique imposent de dire ce que l'on va faire soi-même, à titre individuel, et la situation nous impose de penser, collectivement, la refondation de la gauche.

L'absence de rassemblement de la gauche nous a privé de second tour. Pire, elle ne nous laisse le choix qu'entre l'abstention, le vote blanc, l'ultralibéralisme ou l'extrême droite.
Poids des égos ? Des postures politiques ? Des partis ? Ce non rassemblement prévisible entraîne une défaite prévisible et lourdes de conséquences.
En l'absence de rassemblement chacun a voté en conscience pour le ou la candidat(e) de son choix. La plupart a voté Melenchon, d'autres, dont je fais partie, ont voté Hamon, d'autres encore ont voté Arthaud ou Poutou. Au sortir de l'immense gâchis du quinquennat Hollande la gauche pèse moins de 30% en France. Malgré ce faible score global un accord nous aurait mathématiquement garanti la présence de nos idées et de nos valeurs au second tour.
Nous avons pourtant signé des appels pour le rassemblement, organisé des apéros citoyens, des manifestations, nous avons prêché dans le désert et nous avons échoué à convaincre. Mais nos idées font du chemin et le triste résultat du 23 avril 2017 nous donne malheureusement raison. 
Nous avons appelé à un rassemblement de la gauche et des écologistes à court (présidentielles), moyen (législatives), et long terme. Nous devons désormais oeuvrer au rassemblement pour les législatives : une seule candidature de gauche par circonscription ! Le poids de nos représentants à l'Assemblée Nationale s'avérera déterminant que ce soit l'ultralibéralisme ou que ce soit l'extrême droite qui accède au pouvoir.
Mais, avant cela, se pose l'épineuse question du second tour. Là encore chacun votera en conscience et il n'y a pas à donner de consignes aux consciences. Pour autant, la transparence et le courage en politique imposent de dire ce que l'on va faire soi-même, à titre individuel. 
J'ai voté Benoît Hamon car c'est le candidat dont les idées sont les plus proches des miennes et dont le projet politique est à mon sens le meilleur pour notre pays. Je remercie Benoît Hamon pour sa campagne digne, courageuse et résolument novatrice. Il a subi les trahisons des élites dites socialistes, celles qui n'ont pas toléré notre "fronde" passée alors que nous ne faisions que défendre les engagements donnés aux français et les valeurs du socialisme véritable.
Nous savons ce qu'est la politique d'Emmanuel Macron puisqu'il a été conseiller à l'Élysée puis ministre durant deux ans. Deux ans durant lesquels les lois libérales Macron et Macron 2, rebaptisée El-Khomri pour préserver le futur candidat, ont été imposées toutes deux aux forceps du 49-3 et au mépris du pouvoir législatif.
Voter Macron c'est voter pour la victoire du modèle libéral anglo-saxon, un pur produit marketing servant les intérêts des puissants, la derégulation sociale, le désastre environnemental et toujours plus de vies brisées. 
In fine, le libéralisme intégrale mène à l'extrême droite car à force de déposséder le pouvoir politique au profit des intérêts économiques et de saigner sans cesse les plus faibles, les masses désoeuvrées se tournent vers ceux qui leur apparaissent comme les derniers recours possibles.
Voter pour Macron revient à voter pour tout ce que je combats et je vais pourtant le faire, par devoir citoyen. 
Je vais devoir voter Macron tout en sachant qu'il criera victoire et aura les mains libres comme Jacques Chirac avant lui en 2002.
Je vais devoir voter Macron tout en sachant que ses soutiens politiciens indignes, ceux qui incarnent tout ce qui discrédite l'action politique et avec qui je ne veux rien avoir à faire, vont crier victoire grâce à ma voix.
Je vais devoir voter Macron tout en sachant que je devrai combattre les mesures qu'il mettra en oeuvre grâce à mon vote. 
Je vais devoir voter Macron car, au-delà du tumulte du moment et des vicissitudes de la vie démocratique, ma décision s'inscrit dans l'Histoire de notre pays, et chacune de nos décisions individuelles constituent notre Histoire commune.
Le citoyen David Nakache que je suis se refuse, en m'abstenant ou en votant blanc, à laisser la France se doter d'un gouvernement d'extrême droite 73 ans après le régime de Vichy.
Si le libéralisme entraîne la ségrégation économique et sociale, l'extrême droite, économiquement libérale et politiquement xénophobe, réactionnaire et autoritaire, entraîne des dangers plus importants encore : en plus des ségrégations sociales et économiques, des discriminations pour ce que nous sommes : nos origines, nos croyances, nos engagements politiques, nos orientations sexuelles. 
C'est la survie de notre démocratie qui est remise en question.
Entre deux maux nous devons choisir le moindre car ne pas choisir revient à laisser choisir les autres. Entre deux maux je choisi le moindre et, du fait de notre faute politique collective et de notre incapacité à nous rassembler, je voterai Emmanuel Macron le 7 mai 2017.
Localement Marine Le Pen arrive en tête dans les Alpes-Maritimes et François Fillon à Nice. Reste désormais à poursuivre notre travail de convergence et de rassemblement de la gauche niçoise, azuréenne, française et européenne sur des lignes idéologiques claires et des bases structurelles saines.
Le temps n'est plus aux recompositions d'appareils et aux guerres de salons. Nous devons refonder la gauche en nous forgeant de nouvelles armes, en portant haut nos valeurs d'humanisme, de solidarité et de justice sociale.

lundi 17 avril 2017

Billet de campagne

En l'absence de rassemblement aux élections présidentielles et alors que la gauche hésite entre Hamon et Mélenchon, François Hollande choisit de faire le jeu du FN et finit son triste quinquennat de façon totalement irresponsable. Reste à chacun à faire son choix en conscience et à assumer ses positions, et je me plie à l'exercice...

On a tout dit et tout écrit sur cette folle campagne. Ecrire un papier pour appeler à voter pour untel ou untel serait presque faire insulte aux électeurs qui sont bien assez grands pour lire les programmes et choisir. Ecrire un papier pour dire pour qui l'on va voter, soi, est bien vaniteux, une voix parmi tant d'autres, quelle importance ? Je vais pourtant écrire un mot, au risque de ces deux écueils, par soucis de clarification et de franchise, pour que les choix de chacun soient clairement posés et totalement assumés ensuite.

Le rassemblement de la gauche et des écologistes

Je suis partisan du rassemblement de la gauche et des écologistes sur une base idéologique claire à court (présidentielles), moyen (législatives) et surtout long terme. Les appels, dont l'appel des 100 dont j'étais signataires, ont poussé à une convergence bien avant l'emballement médiatique de la campagne. L'accord entre Yannick Jadot et Benoit Hamon, s'il a mis du temps à éclore, est positif et constructif.
Au début de cette campagne, certains prônaient un rassemblement en espérant à demi-mots un ralliement de Jean-Luc Mélenchon à Benoit Hamon. Alors que le premier est désormais dans le quatuor de tête et le second très bas dans les sondages, d'autres demandent au second de se désister pour le premier. Le rassemblement, la convergence, n'a jamais été, dans ma conception des choses, une soumission de l'une à l'autre, mais toujours un accord entre les parties.
En l'absence de rassemblement aux présidentielles, la ligne à tenir est simple : que chacun vote selon sa conscience et que cela n'entrave pas notre profond travail de convergence.
Dans les Alpes-Maritimes, l'essentiel est de bâtir une plate-forme commune de rassemblement pour enfin changer la donne localement. Nous devons, ici plus qu'ailleurs encore, lutter contre les inégalités sociales, les dégâts environnementaux, les atteintes aux libertés fondamentales, la xénophobie et la corruption. Nous posons des jalons pour l'avenir.

Hamon ou Mélenchon ?

Reste l'épineuse question du choix entre les candidats de gauche. Sans vouloir leur faire outrage, je ne parlerai pas ici de Nathalie Arthaud et Philippe Poutou pour me concentrer sur Mélenchon et Hamon.
Je suis de ceux qui votent selon leurs convictions et non selon les sondages et je voterai Benoît Hamon.
Je sais que ce choix peut surprendre puisque j'ai quitté le PS et que Benoit Hamon apparaît comme le candidat du PS, soutenu officiellement par le PS même si l'appareil ne fait pas campagne pour lui.
Je souhaitais, comme beaucoup, que Benoit Hamon, Arnaud Montebourg, Gérard Filoche et plus globalement les "frondeurs" quittent le PS il y a trois ans. Si certains me disaient pouvoir tolérer le virage libérale de la politique de l'offre et du CICE, personne ne pouvait (et ne devait) accepter le tournant de la tentative de rupture de l'égalité républicaine (déchéance de nationalité) et le non respect de l'équilibre des pouvoirs en France (pouvoir législatif en retrait par le 49.3, pouvoir judiciaire en retrait par la loi renseignement et l'état d'urgence). Ils auraient alors pu constituer un groupe indépendant à l'Assemblée et au Sénat, créer une nouvelle force politique sans aucune ambiguïté idéologique.
Je souhaitais, dans la même logique, des primaires de la gauche sans le PS, non organisées par le PS, ouvrant un large débat incluant EELV, le PG, Ensemble!, le PCF, ND, LO, le NPA (j'en oublie sûrement) et les frondeurs du PS.
Le PS est actuellement divisé entre un appareil aux mains des tenants de la ligne sécuritaro-libérale Valls-Hollande-Cambadelis, et un candidat désigné par les primaires sur une ligne réellement socialiste. J'ai quitté le PS et je n'ai pas le sentiment, en votant pour le projet politique auquel j'adhère, de renier quoique ce soit ou de donner quitus à l'appareil PS que j'ai combattu et dont je condamne les agissements, nationalement comme localement.
Je respecte le vote pour Jean-Luc Melenchon avec qui j'ai des très nombreux points d'accord et quelques divergences (politique internationale, Europe, populisme, modalités de mises en oeuvre de la VIème République).
Nous savons que le non rapprochement Hamon-Mélenchon risque de nous priver de voix au second tour. Pour autant, une victoire de Melenchon, comme une victoire d'Hamon, représenterait une chance déterminante pour notre pays et permettrait aux tenants des deux lignes politiques qu'ils incarnent de travailler ensemble.
Je regrette que l'annonce de mon choix ait suscité des invectives et quelques insultes venant de camarades avec qui j'ai pourtant partagé de nombreux combats. Ce choix, soutenir le candidat le plus proche de mes idées envers et contre les sondages du moment, reviendrait à priver la gauche d'un accès au pouvoir et moi et tous ceux qui ferions ce choix en serions les principaux responsables...
J'entends le calcul parfaitement rationnel fait en fonction des lignes éditoriales des commentateurs et des "enquêtes" d'opinions, mais quelque chose me retient, quelque chose de profond qui fait que je ne serais pas en accord avec moi même si je ne votais pas pour ce que je crois être le meilleur pour notre pays. Certes, l'ensemble des médias a disqualifié d'avance le candidat qui porte les idées auxquelles je crois, mais je vais rester fidèle à mes idées, et advienne que pourra.
Pour le second tour, si Hamon est absent :
- Je voterai Mélenchon avec satisfaction s'il est présent, qui que ce soit en face.
- Si Macron est présent face à Le Pen, entre l'ultra-libéralisme et l'extrême droite, je voterai ultra-libéral, la mort dans l'âme.
- Si Fillon est face à Le Pen, entre droite extrême et extrême droite, je ne choisirai pas et voterai blanc.

Hollande, faire encore et toujours le jeu du FN

Revenons maintenant sur un dernier événement de campagne. Outre le fait que Le Pen et Fillon auraient dû être disqualifiés suites aux affaires les concernant, un autre fait mérite effectivement attention : une candidate à l'élection présidentielle tient des propos révisionnistes et remet en question la responsabilité de la France dans la rafle du Val d'Hiv. La polémique enfle trois jours, puis retombe. Comme pour allumer un contre feu éculé on taxe un candidat opposé de "communiste" et bientôt de bolchevique, oh la belle affaire !
La réalité, c'est que Marine Le Pen est au XXIème siècle ce que sont père fût au XXème : une candidature révisionniste et xénophobe, dangereuse pour la démocratie, une candidature qui devrait être interdite.
Que François Hollande critique davantage Melenchon que Marine Le Pen, revient clairement, pour le chef de l'Etat, à faire le jeu du FN, et, oui, il y a du Mitterrand chez cet homme là...
De fait, les attaques d'un président soumis à la finance ne font que renforcer le vote Mélenchon. François Hollande, qui n'a toujours pas compris que personne ne voulait de son soutien, ne comprend pas également que plus il vous critique, plus vous progressez.
Alors que son retrait de la course à la présidence avait pu faire croire à certains à un ultime retour de dignité de la part de l'homme du Bourget, c'est sur cette posture irresponsable que s'achèvera son triste quinquennat.
Nous sommes à l'aube d'un possible. Le changement n'a pas à être un "maintenant", mais à durer longtemps, à s'installer dans la durée et à transformer en profondeur notre société. Comme l'écrivait Gide, "savoir se libérer n'est rien ; l'ardu, c'est savoir être libre".