jeudi 27 septembre 2018

Boycottons les racismes de tous bords et ceux qui les médiatisent

On met à nouveau racisme anti-blancs et racisme anti-noirs et anti-arabes sur le même plan pour éviter de remettre en question la médiatisation du racisme. À nous, citoyens, de boycotter tous les porteurs de haines et de violences, de tous bords et d'où qu'ils viennent, ceux qui tiennent ces propos comme ceux qui les médiatisent.


Tout appel à la haine et au meurtre, toute incitation à la haine raciale et toute forme de racisme doivent être condamnés. Il n'est pas question de transiger sur ce principe, le clip "pendez les blancs" est interdit et le rappeur Nick Conrad doit s'expliquer devant la justice, et c'est une très bonne chose.
Par ailleurs, il n'est pas interdit de s'interroger sur l'empressement médiatico-politique à faire connaître un clip que quasi personne n'avait vu, un rappeur que quasi personne ne connaissait et qui ne représente rien pour à nouveau mettre le racisme anti-blancs au même plan que le racisme anti-noirs et anti-arabes.
Conrad ne vend pas de disques et n'est invité par aucun média. Zemmour vends beaucoup de livres et est surmédiatisé. Mais soudain c'est magique, on a trouvé un appel au racisme et au meurtre anti-blancs pour continuer à inviter Zemmour et ne pas se remettre en question.
À nous, citoyens, de boycotter tous les porteurs de haines et de violences, de tous bords et d'où qu'ils viennent, ceux qui tiennent ces propos comme ceux qui les médiatisent.

mardi 18 septembre 2018

Eric Zemmour : trop, c'est trop

 "Eric Zemmour : trop, c'est trop.

La légitimation de la torture "qui a permis d'éviter des attentats" contre la France et de l'assassinat de Maurice Audin "qui méritait 12 balles dans la peau" est absolument inadmissible.

J'ai suffisamment critiqué Emmanuel Macron par ailleurs pour saluer et son geste vis à vis de la famille de Maurice Audin et l'ouverture des archives concernant les disparus durant la guerre d'Algérie.

La censure est une question complexe et délicate, mais le racisme n'est pas une opinion, c'est un délit.

Ce n'est pas le prénom d'Hapsatou Sy qui "fait honte à la France", ce sont les propos d'Eric Zemmour.

Dans l'attente de condamnations par la justice de ses propos, j'espère des médias qu'ils auront la décence de ne plus l'inviter. J'espère des libraires que, s'ils continueront à vendre son livre, ils ne le placeront plus en tête de gondole. J'espère de ses lecteurs potentiels qu'ils n'iront pas acheter son livre.

Quelle est cette société qui permet la promotion de la haine et du meurtre ? Est-ce cela notre vivre ensemble ? Est-ce comme cela que nous voulons vivre ?

La société, la démocratie, la France elle-même n'est que ce que nous en faisons."

Fraternellement,

David Nakache

vendredi 31 août 2018

Réfugiés : l'imposture Macron

Il y a aujourd'hui, entre la politique migratoire de la France et de l'Italie, une différence de degrés et non de nature. Emmanuel Macron est illégitime à se dire opposant à l'axe Orban - Salvini et l'ensemble de son action depuis son élection le prouve. S'il veut prétendre incarner une Europe solidaire, respectant le droit d'asile et le devoir de secours, il doit en faire la preuve.

Il est peu de Président chez qui la dichotomie entre les paroles et les actes a été aussi profonde que chez Emmanuel Macron. Certains ont beaucoup promis étant candidats pour tenir peu de leurs engagements une fois élus. Emmanuel Macron, lui, dit et fait très précisément le contraire de ce qu'il dit une fois élu, en fonction. 

La conséquence de cette inconséquence se situe moins au niveau d'un sentiment de trahison des électeurs et des militants qu'au niveau du discrédit jeté sur la parole présidentielle et, de l'étranger, sur la France elle-même.

Il est un domaine où ce décalage permanent est des plus flagrants : le droit d'asile.

Aujourd'hui, l'Union Européenne, par le sort qu'elle réserve aux exilés, choisit son propre destin. Alors qu'elle s'est jusqu'à présent auto-censurée en refusant de devenir une réelle puissance politique et en privilégiant son développement économique, elle est confrontée à une décision morale et politique : le respect des droits fondamentaux et l'accueil des réfugiés ou, au contraire, leur rejet. La France doit désormais choisir son camp entre l'Europe néofasciste d'Orban et de Salvini et une Europe respectant le devoir de secours et le droit d'asile.

Comment Emmanuel Macron ose-t-il se déclarer opposant à Orban et Salvini alors que, dans les faits, tout démontre que la France mène une politique allant dans la même direction ? 

  • La France maintient abusivement la frontière franco-italienne fermée, faisant le jeu des passeurs qui y trouvent commerce et poussant les exilés à risquer leur vie pour passer : une vingtaine d'entre eux sont décédés en tentant de passer cette frontière. Le droit d'asile y est régulièrement bafoué. Comment la France peut-elle laisser en poste, dans les Alpes-Maritimes, un Préfet condamné à deux reprises pour atteinte au droit d'asile et à deux reprises pour atteinte à la protection de l'enfance ? Quand le gouvernement fera-t-il respecter le droit à la frontière franco-italienne ?
  • La France maintient les demandeurs d'asile dans des conditions de vie littéralement inhumaines. Il a fallu une condamnation par le Conseil d'Etat pour que l'Etat soit obligé, dans le Nord, de garantir l'accès à l'eau potable, à des toilettes et à des douches aux migrants.
  • La France a voté une loi qui constitue en réalité un mode d'emploi de l'entrave au droit d'asile. La loi asile-immigration instaure une justice de seconde zone pour les demandeurs d'asile et les empêchent matériellement de faire valoir leurs droits.
  • La France bafoue les droits des mineurs isolés et, non seulement ne respecte plus le droit d'asile, mais porte maintenant atteinte à la protection de l'enfance.
  • La France, pourtant condamnée par la Cours Européenne des droits de l'Homme à de nombreuses reprises, continue à enfermer des enfants dans des centres de rétention administrative.
  • La France a refusé d'ouvrir ses ports à l'Aquarius et aux autres bateaux secourant des migrants en mer. Elle enfreint le droit maritime et n'accomplit pas son devoir de secours.
  • La France criminalise la solidarité et poursuit des citoyens dont l'action de fraternité ne fait que pallier à ses propres carences.

Il y a entre la politique migratoire de la France et de l'Italie une différence de degrés et non de nature. Emmanuel Macron est illégitime à se dire opposant à l'axe Orban - Salvini.

Il ne suffit pas de proclamer les droits de l'Homme, de prononcer des beaux discours sur l'honneur de la France, il faut, dans les faits, sauver des vies, respecter le droit international, européen et français.

C'est aujourd'hui le gouvernement, pourtant garant de l'Etat de droit, sous la présidence d'Emmanuel Macron, qui enfreint le droit.

Si Emmanuel Macron veut se prétendre, à des fins électorales évidentes à l'approche des élections européennes, l'opposant à Orban et Salvini, il doit en faire la preuve. 

vendredi 24 août 2018

Tous défenseurs des droits, journal d'un citoyen

Plus les décideurs votent des lois iniques et plus les citoyens se mobilisent. Donner à manger devient un acte de résistance. Aujourd'hui en France, aider, c'est résister. Les citoyens sont les derniers défenseurs des droits, envers et contre des élus censés les représenter, envers et contre les prétendus garants de l'Etat de droit : tous humains, tous citoyens, tous défenseurs des droits.

Le 8 août 2018, à Nice, nous avons fêté une petite victoire : le rétablissement de l'eau d'une fontaine sur la Place du Pin, coupée par la mairie pour chasser les SDF. Rassemblement lancé le matin même, improvisé, festif, pour fêter une victoire au gout amère. Ces combats-là, personne ne devrait avoir à les mener. Il paraît que chaque génération se forge dans les combats de son époque. Il fut un temps où l'on se querellait pour savoir comment bâtir un monde meilleur.  Nous en sommes réduits à nous battre pour l'accès à l'eau potable pour tous, dans la cinquième ville de France, pays des droits de l'Homme, au 21ème siècle.  

Il n'en reste pas moins que cette victoire est belle, parce qu'elle est le fruit d'une mobilisation collective exemplaire. Quoiqu'en dise le maire de Nice, il n'avait pas prévu de rétablir l'accès à l'eau potable Place du Pin. Il n'avait pas davantage prévu de stopper l'application "Reporty", généralisant la défiance et la délation et portant à l'évidence atteinte à la vie privée. Il n'avait pas plus prévu de financer des Bus à Haut Niveau de Service à l'Ariane, lui qui refuse de desservir ce quartier défavorisé par le tram, entérinant encore un plus sa politique de ségrégation urbaine. Non, un maire ne peut agir contre l'intérêt général comme bon lui semble. La société civile veille. Les citoyens ne baisseront pas la garde.
Apporter des packs d'eau, rencontrer les riverains, rédiger un communiqué de presse, dialoguer avec les commerçants et les restaurateurs, donner des interviews, animer un rassemblement citoyen, parvenir à un texte commun de 22 organisations associatives, syndicales et politiques. Nous avons fait tout cela ensemble, entre citoyens qui pour certains ne se connaissaient pas auparavant mais qui ne pouvaient pas ne pas agir face à cet acte indigne. Oui, il fallait le faire et nous l'avons fait. Mais comment comprendre ce que nous venons de vivre ?
A Calais, il a fallu une décision du Conseil d'Etat pour obliger un Préfet à garantir de l'eau, de la nourriture, des toilettes et des douches à des exilés qui ont fui la guerre et la misère, qui ont pour beaucoup subi des sévices et ont vu leurs proches mourir durant leur terrible diaspora. A Vintimille il a fallu une mobilisation citoyenne pour que des êtres humains aient le droit de donner à manger à d'autres êtres humains, et pour que la municipalité ne reconduise pas son arrêt interdisant d'apporter à manger aux réfugiés. A Briançon, un secouriste est poursuivi pour avoir secouru des êtres humains en danger (une femme enceinte de huit mois et ses deux enfants !), simplement parce que ces êtres humains-là sont noirs, parce qu'ils sont étrangers, parce que nos démocraties sont rongées de l'intérieur par la peur de l'autre. Dans la vallée de la Roya des citoyens sont traînés en justice pour des actes de solidarité, pour de simples gestes d'humanisme.
Que cela révèle-t-il sur l'état de nos démocraties ? Que sommes-nous en train de devenir ?
Il suffit d'évoquer ces quelques cas pour montrer que ce processus est généralisé. Partout, la chasse aux pauvres, la traque des exilés, la criminalisation des solidaires. Partout, un degré d'inhumanité que l'on croyait consigné aux pages sombres de notre histoire est désormais banalisé, normé et normalisé. Partout, une banalité du mal intériorisée est devenue la nouvelle normalité des inhumains normaux. 

Le 13 août 2018, notre association "Tous citoyens !" a lancé une pétition pour l'ouverture du port de Nice à l'Aquarius et aux autres bateaux portant secours aux réfugiés. Cette pétition a déjà rassemblé plus de 17 000 signataires. Nous refusons que la France ne respecte pas le droit maritimes et le devoir de secours. Nous refusons que la France tourne le dos à sa tradition d'accueil et à son humanisme. Nous refusons que la France choisisse le camp des Orban et des Salvini. Nous refusons de voir le projet européen devenir une Europe forteresse et au final meurtrière. Nous refusons que la voix de la France se réduise à celle des Collomb et des Macron. Nous, citoyens, nous sommes aussi la France. 

A un ami qui me disait dans le rue "Ouah David, tu cartonnes avec ton association, c'est top", je ne su que répondre. "Cartonner" n'a aucun sens. Nous menons des actions qu'il ne devrait pas être nécessaire de mener. Nous combattons l'intolérable inhumanité de ceux qui nous représentent tout en tentant de ne pas céder au rejet de la démocratie représentative. Nous faisons entendre nos voix citoyennes et nous montrons à d'autres citoyens qu'ils ne sont pas seuls, qu'ils peuvent eux aussi s'exprimer, se mobiliser, agir.

Le 22 août 2018, après mes 8h de travail au bureau, j'ai entamé, comme beaucoup de bénévoles partout en France, ma seconde journée. 

Rencontre avec une famille albanaise de demandeurs d'asile, un couple et trois enfants de 2, 6  et 10 ans. Le plus jeune est atteint d'un retard de développement, ne vois pas à un mètre, ne tiens pas debout et à des problèmes d'équilibre. La petite de 6 ans est atteinte de surdité d'une oreille. Ils dorment à la rue depuis trois semaines. Le 115 considère que les enfants, puisqu'ils sont avec leurs parents, ne sont pas en danger. Ils dormiront pour quelques nuits à l'hôtel grâce à la solidarité citoyenne et seront normalement placés la semaine prochaine en CADA. Mais il est courant de voir à Nice des familles de demandeurs d'asile avec enfants à la rue. 

L'aide sociale ne considère comme vulnérable que les enfants de moins de six mois et les femmes enceintes qu'au huitième mois de grossesse. Et tout le monde trouve cela normal. Cela ne choque personne. Comment un travailleur social peut-il accepter de ne proposer à une famille à la rue un hébergement que pour le nourrisson et sa mère qui l'allaite en laissant le père et la plus grande fille de 5 ans à la rue, en séparant ainsi la famille ? Comment des élus peuvent-ils voter et entériner de tels dispositifs ?

Le même soir rencontre avec Ousmane, 16 ans, jeune ivoirien rescapé des geôles libyennes et de la traversée de la méditerranée, qu'il faut calmer, nourrir, puis accompagner au commissariat pour qu'il bénéficie de la protection de l'enfance et soit mis à l'abri. Dans les Alpes-Maritimes, la situation des mineurs non accompagnés est critique. A tous ces jeunes déracinés que l'on devrait accueillir avec du personnel formé et un suivi post-traumatique adapté, on offre les violences de la rue. Puis, s'ils entrent dans le circuit administratif et "social" de la prise en charge, le premier visage de la France sera un policier en armes et les murs du commissariat. Nous avons toujours eu des diatribes d'extrême droite sur le fantasme de l'invasion. On s'en prend désormais, au quotidien, à la protection de l'enfance.

Bref, une journée ordinaire de citoyen, en France, pendant que le gouvernement rentre de vacances et regarde ailleurs.  

Les Alpes-Maritimes sont une zone de non-droit institutionnel : les atteintes au droit sont le fait des pouvoirs publics eux-mêmes. Dans ce département, le Préfet, représentant de l'Etat, garant de l'ordre public, a été condamné à quatre reprises, deux fois pour atteinte au droit d'asile puis deux fois pour atteinte à la protection de l'enfance, suite aux refoulements abusifs à la frontière italienne de mineurs isolés étrangers. Plusieurs maires des Alpes-Maritimes ont été condamnés par le Conseil d'Etat pour atteinte grave et manifestement illégale aux libertés individuelles dans l'affaire du burkini. Le maire de Nice a été condamné pour atteinte à la liberté de culte dans l'affaire de la mosquée En-Nour. A chaque fois, ce sont des citoyens qui se sont élevés contre ces atteintes aux libertés fondamentales et qui ont fait triompher le droit. Envers et contre des élus censés les représenter, envers et contre le représentant de l'Etat, garant de l'Etat de droit, ils sont devenus les derniers défenseurs des droits, les derniers remparts pour défendre les libertés et la solidarité. 

Cette situation se répète un peu partout en France et en Europe. Chacun agit fasse à aux inégalités auxquelles il est confronté. Chacun agit et réagit comme il le peut. Mais plus nos décideurs votent des lois iniques et font appliquer des règlements discriminatoires ou meurtriers et plus les citoyens ouvrent leur portent, donnent à manger, se mobilisent partout et chacun à sa façon. Nous vivons à l'heure où regarder un être humain en être humain, avec humanité, où donner à boire à celle qui a soif, nourrir celui qui a faim, secourir ceux qui sont en danger devient des actes de résistance citoyenne. Aujourd'hui, en France, aider, c'est résister.

Le 23 août 2018 au soir, j'écris ces mots entre espoir et consternation. Tous humains, tous citoyens, tous défenseurs des droits.

lundi 13 août 2018

Pétition pour l'ouverture du port de Nice à l'Aquarius

Pétition à l'attention d'Emmanuel Macron, Edouard Philippe, Gérard Collomb et Chrisitan Estrosi afin d'ouvrir le port de Nice à l'Aquarius et aux bateaux secourant les migrants en mer.

L'Aquarius est à nouveau à la recherche d'un port d'accueil sûr. 

S.O.S. Méditerranée a lancé un appel aux pays européens, les appelant à la responsabilité, au respect du droit maritime et du devoir de secours.

La France doit répondre à cet appel, faire preuve d'humanisme et accueillir l'Aquarius.

Nice est l'un des ports d'accueil de taille suffisante les plus proches. 

Nous demandons l'ouverture du port de Nice à l'Aquarius et aux autres bateaux portant secours aux réfugiés."

Pour signer la pétition en ligne, cliquez ici.

Association "Tous citoyens !"

dimanche 5 août 2018

Mineurs isolés étrangers dans le 06 : la réponse du Défenseur des Droits

La décision du Défenseur des Droits du 25.04.18 sur la situation des MIE dans les Alpes-Maritimes confirme en tous points le constat dressé par l'association "Tous citoyens" : non respect des droits à la frontière, nécessaire prise en charge et suivi post traumatique, indispensable ouverture des établissements scolaires...

Le 29 mars 2018 l'association "Tous citoyens !" a rendu publiques six propositions pour un accueil digne des mineurs isolés étrangers dans les Alpes-Maritimes (consultables ici).

Ces propositions ont permis d'une part de dresser un état des lieux des carences et non respect du droit à la protection de l'enfance à chaque étape du parcours administratif, social et judiciaire des mineurs isolés dans notre département et, d'autre part, d'émettre des propositions concrètes pour répondre point par point à ces manquements.

Elles ont été adressées au Préfet des Alpes-Maritimes, au Président du Département 06, au Recteur d'académie et au Défenseur des Droits.

Le Défenseurs des Droits a répondu à l'association "Tous citoyens" le 18 mai 2018 et nous adresse copie de sa décision n°2018-100 rendue le 25 avril 2018, suite à une saisine par plusieurs associations et syndicats et à une instruction qui a durée plusieurs mois :

- Sur le renvoi en Italie de mineurs non accompagnés : le Défenseur des Droits rappelle que cette pratique est contraire au droit et demande instamment au Préfet d'y mettre fin. Tout mineur intercepté à un point de passage autorisé doit être placé en zone d'attente, bénéficier d'informations dans une langue qu'il comprend et pouvoir être accompagné d'un avocat. Le Préfet doit respecter un jour franc avant tout renvoi et informer le Procureur de la République pour que ce dernier puisse désigner un administrateur ad hoc (habilité à déposer une demande d'asile pour le mineur). Les renvois à la frontières doivent être formalisée par des décisions écrites pouvant faire l'objet d'un recours, ce qui n'est pas le cas actuellement.

Il demande au Ministre de l'intérieur de veiller à le bonne application de ces recommandations.

Ces recommandations confirment l'illégalité des renvois à la frontières des mineurs non accompagnés par la Police de l'Air et des Frontières et le non respect des droits des mineurs, notamment pouvoir être accompagné d'un avocat et pouvoir déposer un recours. Le Ministre de l'Intérieur est officiellement saisi et ne peut continuer à ignorer la situation des mineurs isolés dans les Alpes-Maritimes.

Sur les conditions d'accueil des mineurs non accompagnés : le Défenseur des Droits rappelle son opposition aux tests osseux qui ne doivent intervenir qu'en dernier recours. 

Il rappelle au Président du Département et au Foyer de l'enfance que les mineurs doivent bénéficier d'examens médicaux particulièrement importants suite aux conditions extrêmes de survie durant leur migration et la nécessaire prise en compte de l'impact sur leur santé physique et psychique.

Il rappelle également, notamment au services de l'Education Nationale, que ces mineurs doivent être scolarisés en priorité dans les établissements scolaires ordinaires.

Il demande au Président du Conseil Départemental d'informer réellement les mineurs de leurs voies de recours auprès du Tribunal pour enfant et de leur fournir une liste d'associations pouvant les accompagner dans leurs démarches.

Il lui demande également de finaliser dans les meilleurs délais un protocole avec le Préfet afin de garantir une meilleurs prise en compte des documents d'état civil détenus par les mineurs. 

Le Défenseur des Droits demande enfin au Ministre, au Préfet, au Président du Département, au Recteur et au Directeur du foyer de l'enfance de rendre compte des suites données à ces recommandations dans un délais de trois mois suivant la notification de sa décision (rendue le 25 avril 2018).

Cette décision du Défenseur des Droits confirme en tous points le constat dressé par l'association "Tous citoyens" et par de nombreux observateurs et acteurs de terrain, associations, partis politiques et syndicats. Il conforte le bien fondé de nos propositions notamment sur le non respect des droits des mineurs isolés à la frontière, sur la nécessaire prise en charge et suivi post traumatique suite aux sévices subis et drames vécus lors de la migration, et sur l'indispensable ouverture des établissements scolaires aux mineurs non accompagnés.

Le dernier point relatif à la prise en compte des documents d'état civil est une allusion directe aux disparitions étranges des actes de naissance des mineurs dans les locaux de la Police de l'Air et des Frontières et des falsifications répétées des dates de naissance déclarées par les jeunes.

Nous attendons désormais les réponses à nos six propositions du Préfet, du Président du Département et du Recteur d'académie.

Enfin, le Ministre de l'Intérieur, le Président du Département, le Recteur et le Directeur du foyer de l'enfance doivent rendre des comptes au Défenseur des Droits avant fin juillet des mesures mises en œuvres suite à sa décision. Nous les invitons fortement, par soucis de transparence, à rendre public leur rapport.

La réponse du Défenseur des Droits et sa décision 2018-100 sont consultables ici.

Mineurs isolés dans le 06 : la CNCDH confirme le diagnostic de "Tous citoyens !"

La reprise du diagnostic de l'association "Tous citoyens !" par la CNCDH l'urgence d'une remise à plat complète de la prise en charge des mineurs isolés étrangers dans les Alpes-Maritimes. Combien faudra-t-il de rapports, d'observations et d'interpellations pour que les pouvoirs publics locaux des Alpes-Maritimes respectent le droit français, européen et international ?

La Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme (CNCDH) a rendu le 19 juin 2018 son "Avis sur la situation des migrants à la frontière franco-italienne".

L'association "Tous citoyens !" a été auditionné par la CNCDH le 13 avril et lui a remis ses "Six propositions pour un accueil digne des mineurs isolés étrangers dans les Alpes-Maritimes".

La CNCDH reprend, parmi ses 23 recommandations, les six propositions de "Tous citoyens !" qui deviennent respectivement les recommandations 14 à 19 :

- L'arrêt des renvois de mineurs en Italie et le respect de leurs droits à la frontière

- Une évaluation de minorité dans des conditions dignes, sans inverser la charge de la preuve

- Une meilleure formation du personnel menant les évaluations des mineurs

- Une information et la possibilité de déposer un recours pour les jeunes "déminorisés"

- Une meilleure intégration des mineurs isolés par l'éducation nationale et un apprentissage renforcé du français

- Un bilan et si besoin une prise en charge médico-psychologique des mineurs

Cette reprise de notre diagnostic au niveau national par la CNCDH, en plus du rapport du Défenseur des droits, vient confirmer notre analyse et l'urgence d'une remise à plat complète de la prise en charge des mineurs isolés étrangers dans les Alpes-Maritimes.

Nous rappelons que le Président du Département 06, le Préfet des Alpes-Maritimes, le Procureur de la République et le Recteur d'Académie ne nous ont toujours pas reçu et refusent nos propositions répétées de dialogue et de concertation.

Les droits de ces jeunes déracinés sont bafoués. Les soins médico-psychologiques d'adolescents ayant subis des sévices en Libye et le traumatisme de la traversée de la méditerranée ne sont toujours pas assurés. 

Combien faudra-t-il de rapports, d'observations et d'interpellations pour que les pouvoirs publics locaux des Alpes-Maritimes respectent le droit français, européen et international ?

L'association "Tous citoyens !"