samedi 2 mars 2013

Primaires ouvertes : contre "la démocratie à géographie variable"

Le Parti Socialiste s'apprête à décider de faire des primaires "à la carte", là où ça l'arrange, là où cela ne dérange pas trop ses barons locaux.
Les primaires ouvertes aux élections locales ? "On en fera par ici, on n'en fera pas par là !"
On ne décide pas d'un mode de désignation des candidats, et donc d'un mode de scrutin, en fonction des candidats du moment. On ne négocie pas la démocratie par des petits arrangements entre amis. Ce n'est pas comme cela que l'on doit faire de la politique.
Les primaires ouvertes aux élections locales sont une chance à la fois pour la rénovation du Parti Socialiste et pour celle des pratiques démocratiques françaises. Elles permettraient :
  • D'innover et de renouer avec l'élan brisé de la rénovation et de l'exemplarité démocratique alors que les élections de mi-mandat sont traditionnellement un revers pour le parti au pouvoir.
  • D'accélérer le renouvellement du personnel politique et d'améliorer la représentativité des élus, en alliant les primaires ouvertes à la non investiture des cumulards.
  • De donner aux candidats de la gauche aux élections municipales une légitimité nouvelle et d'en finir avec le soupçon permanent qui entoure la question des investitures : le vainqueur aura été choisi par un grand nombre d'électeurs et non par une poignée d'adhérents aux ordres de leurs courants internes. 
  • D'ancrer dans nos pratiques une saine émulation entre candidats et non des querelles d'égo étalant au grand jour petites phrases et coups bas : si la composition de la liste est le strict reflet des suffrages (un candidat obtenant 20% des voix ayant automatiquement 20% des places sur la liste, y compris des places éligibles), les candidats aux primaires locales, tout en faisant campagne les uns contre les autres, sauront qu'ils devront siéger ensuite ensemble pendant six ans et travailler au sein d'un même groupe d'élus, ce qui les empêchera de s'entre-déchirer durant la primaire.
  • De redonner le pouvoir au peuple et faire vivre la démocratie locale : plus besoin d'être encarté pour choisir son candidat à la mairie ! Il faut lancer un processus participatif de désignation des candidats pour renforcer l'implication citoyenne dans la vie locale.
  • De rompre avec la défiance des citoyens vis à vis des appareils politiques, accentuée par les fraudes lors des récentes élections internes à l'UMP : le recours au suffrage universel direct est la condition de possibilité du retour de la confiance entre candidats et citoyens.
Les Français ne comprendraient pas que le Parti Socialiste abandonne le flambeau de la rénovation, de transparence et du changement. Ils ne comprendraient pas que l'on n'applique pas les mêmes règles partout, que l'on instaure une "démocratie à géographie variable".
Il faut organiser des primaires ouvertes aux élections locales dans des conditions identiques pour tous, avec une règle claire et applicable partout dans les mêmes conditions, du type : des primaires ouvertes dans toutes les villes de plus de 100 000 habitants où un maire de gauche sortant ne se représente pas, en appliquant à la composition de la liste la proportionnelle intégrale des suffrages exprimés.
On me demandait récemment "mais alors, à quoi sert un parti politique s'il ne désigne plus ses candidats ?" Excellente question. Un parti politique sert à faire émerger la démocratie, à l'alimenter et en garantir le libre exercice. Il ne sert pas à capter le pouvoir et le confisquer par des maoeuvres d'appareil.

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