vendredi 10 janvier 2014

Nice: rejoindre une liste de droite, renier ses valeurs de gauche

Marc Concas et Jean-Christophe Picard viennent de rejoindre la liste menée par Olivier Bettati pour l'élection municipale à Nice. Si je rechigne habituellement à commenter les tactiques politiciennes des uns et des autres, je souhaite, cette fois, clarifier les choses et montrer les conséquences de telles inconséquences.
Je précise que je n'ai aucun grief personnel ni contre Marc Concas ni contre Jean-Christophe Picard. Je connais peu le premier. J''ai fait campagne, lors des primaires citoyennes de 2011, face au second, lui en tant que représentant de Jean-Michel Baylet et moi en tant que représentant d'Arnaud Montebourg. Nous avons ensuite fait campagne ensemble pour François Hollande.
Faire dissidence à gauche et rejoindre une liste de droite sont deux actes politiques de natures différentes. La première option consiste à marquer une différence sans renier ses valeurs et se respecte. La seconde consiste à renier ses engagements, sa parole publique, et, au final, ses valeurs.
L'argument selon lequel il s'agit d'une liste "au dessus des partis" est un leurre. Olivier Bettati, "Bébé Médecin" revendiqué, ancien adjoint de Christian Estrosi, est proche de Jean-François Copé : la droite décomplexée, celle des "pains au chocolat", celle qui réclame le retour au droit du sang, qui organise un débat sur l'identité nationale, qui stigmatise le port de la burqa ou l'alimentation hallal pour occuper l'espace médiatique, qui dresse les français les uns contre les autres au lieu de favoriser le vivre ensemble. Benoit Kandel, lui, déjeune avec Marine Le Pen lorsqu'il se fâche avec Estrosi. Il se dit proche des idées du Front National. Cette droite là n'est pas une droite républicaine.
Le débat politique, surtout lorsque l'on prétend être en mesure de gérer la ville, nécessite un minimum de cohérence politique. Olivier Bettati a voté favorablement toutes les décisions de Christian Estrosi jusqu'à sa dissidence. Benoit Kandel les a scrupuleusement appliquées jusqu'à son limogeage. Marc Concas et Jean-Christophe Picard s'y sont, eux, ouvertement opposés. Quelle logique ? Quelle cohérence ?
Olivier Bettati et Benoit Kandel n'ont eu de cesse de critiquer l'action du gouvernement et notamment la réforme pénale menée par Christiane Taubira, alors que Marc Concas et Jean-Christophe Picard l'ont défendue. Quelle logique, quelle cohérence ?
Marc Concas a été élu grâce au Parti Socialiste, siège au Conseil Général grâce au Parti Socialiste, et fait désormais campagne contre le Parti Socialiste. Quelle logique, quelle cohérence ?
Jean-Christophe Picard est président du PRG 06, parti allié du Parti Socialiste et membre de la majorité gouvernementale, et est désormais opposé au Parti Socialiste des Alpes-Maritimes. Quelle logique, quelle cohérence ?
Jean-Christophe Picard est responsable d'Anticor 06 et aujourd'hui allié à un "Bébé Médecin". En tant que responsable d'Anticor, il demande à tous les candidats aux élections municipales de signer la "charte éthique" d'Anticor. Cette démarche exige de n'être pas soi même candidat pour évaluer de façon impartiale, de l'extérieur, leurs engagements et le respects de ceux-ci. Il devient désormais juge et parti.
En ma qualité de membre d'Anticor 06, je demande à la direction nationale d'Anticor de suspendre Jean-Christophe Picard de ses fonctions.
Ce type de liste contribue à décrisibiliser l'action politique et met en avant les ambitions personnelles au détriment de la constance et la fidélité à ses valeurs. Elle donne raison à ceux qui ne voient plus de différence entre droite et gauche, et constatent que les égos l'emportent sur les idées.
La légende raconte qu'Henri IV aurait prononcé la célèbre formule "Paris vaut bien une messe" en acceptant de se convertir pour obtenir la couronne. Et bien non, aucune place de conseiller municipal, même à Nice, ne vaut de renier ses valeurs.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire