mercredi 16 juillet 2025

Toxicomanes, pauvres, exilé-es : une maltraitance sociale planifiée à Nice


 Communiqué de presse de l'association Tous citoyens !

Toxicomanes, pauvres, exilé-es : une maltraitance sociale planifiée à Nice



Après avoir tenté, en vain, en 2018, de couper l'eau place du Pin pour éloigner les SDF ; après avoir fermé les douches publiques du Vieux Nice en 2019 ; après avoir engrillagé plusieurs espaces publics en 2020 faute de parvenir à les sécuriser ; après avoir, en 2022, chassé les migrants qui dormaient sur la digue du port ou sous l'autopont ; après avoir tenté, en vain, en 2023, de chasser les exilées dormant devant l'église du Vœu ; ou supprimé des maraudes en centre-ville début 2025 ; après avoir régulièrement pris des arrêtés anti-SDF avant l'arrivée des touristes, la Ville de Nice a annoncé un ensemble de mesures destinées à chasser du centre-ville les "populations errantes" jugées indésirables.

La fermeture de la rue Tiranty

La décision du maire de Nice de fermer la rue Tiranty en raison de la présence de personnes toxicomanes est contre-productive pour plusieurs raisons :

  • D'un point de vue sécuritaire : la Ville de Nice n'est pas un centre commercial géant avec des vigiles à l'entrée et la sortie. Les riverains doivent pouvoir circuler librement et l'on doit défendre la liberté de circuler dans la ville. Les policiers municipaux ont d'autres missions à accomplir que de rester immobilisés à surveiller une seule rue. Notons par ailleurs que décider de fermer la rue Tiranty de 8h à 20h démontre que la Ville se soucie davantage des touristes qui seraient susceptibles de voir cette rue en passant avenue Jean Médecin que des habitants qui subissent davantage l'insécurité la nuit que le jour. Enfin, l'effet est de la mesure est déjà connu : fermer une rue, c'est déplacer le problème sur les rues voisines.
  • D'un point de vue social : la Ville de Nice a fermé le Centre d'Accueil et d'Accompagnement à la réduction des Risques pour Usagers de Drogues (CAARUD) rue Offenbach en 2012 et a soutenu les riverains Bd Tzarewitch qui s'opposaient à la création D'un CAARUD en 2022. Le maire avait également encouragé les riverains du centre-ville à s'opposer à l'ouverture de centre de soins psychiatriques de jour. Nous payons aujourd'hui de ce refus de prise en charge des personnes toxicomanes ou présentant des troubles de santé mentale. Chasser du centre-ville les personnes en souffrance et pénaliser les riverains n'est pas la solution. C'est d'une véritable politique sociale et d'une politique de soin adaptée dont nous avons besoin.

La fermeture du centre d'accueil et de soins rue Fodéré

Le centre de la rue Fodéré regroupe un accueil des familles géré par le Secours Populaire et le dispensaire médical de l'Ordre de Malte. Les familles aidées par le Secours Populaire sont en grandes difficultés et beaucoup, y compris avec des enfants en bas âges, dorment à la rue. Le dispensaire de l’Ordre de Malte dispose d’une équipe pluridisciplinaire complète (médecins généralistes, gynécologues, psychiatres, pédiatres, infirmières…). Or ce centre, à peine ouvert en septembre dernier, doit déjà partir sur ordre de la mairie. Cette décision est un non-sens tant l'utilité de cette double structure est importante. L'implantation des centres d'accueil et de soins nécessite un temps long pour habituer les personnes en grande précarité à y venir régulièrement. Trouver un nouveau local à Nice avant fin août pour ces deux associations est mission impossible. L'accompagnement social et médical des personnes à la rue est un enjeu collectif de santé publique et de vivre ensemble.

La réduction et le déplacement des maraudes alimentaires

Après l'arrêt de la maraude alimentaire place Garibaldi et celle de la rue Fodéré, le maire de Nice annonce la fin de la maraude du jardin Thiole. Le résultat de ces fermetures est que les structures restantes comme l'accueil de jour du XVème corps, sont et seront encore plus saturées. Une nouvelle maraude est annoncée rue Dabray, à proximité du centre d'accueil de nuit de la rue Trachel, ce qui devrait amplifier le regroupement des personnes en précarité en grand nombre au même endroit. Cette concentration organisée des personnes SDF ne peut qu'engendrer les mêmes conséquences : des nuisances accrues pour les riverains, puis de nouveaux déménagements des structures et lieux d'accueil et de distribution.

La traque des exilé-es de l'église du Vœu

En 2023 Ville de Nice avait tenté, en vain, de chasser les personnes dormant devant l'église du Vœu. Alors que Christian Estrosi et Anthony Borré dénonçaient la présence de "clandestins" il s'agissait très majoritairement de personnes en demande d'asile attendant le traitement de leur dossier. Rappelons ici que c'est parce qu'il n'y a pas assez de places dans les centres d'accueil pour demandeurs d'asile que ces personnes dorment devant l'église du Vœu et que le droit d’asile est internationalement reconnu par la convention de Genève et est inscrit dans la constitution française.
Le maire de Nice annonce engrillager prochainement le jardin attenant à l'église et créer un jardin d'enfant là où les exilé-es attendent durant la journée, sur la promenade du Paillon. Pire, il déclare à la presse que "Les gens ne supportent plus de voir des étrangers s'approprier les lieux destinés aux Niçoises et aux Niçois", exprimant à nouveau une hostilité envers les étrangers qui porte un nom, la "xénophobie".


La politique d'exclusion menée par la Ville de Nice depuis des années constitue une maltraitance sociale pensée, planifiée et mise délibérément en œuvre. Les nouvelles mesures annoncées renforcent cette traque organisée et sont inacceptables d'un point de vue moral, contre-productives d'un point de vue sécuritaire et désastreuses d'un point de vue social.


Nice, le 16 juillet 2025
Association Tous citoyens !

jeudi 26 juin 2025

Nice : capter les logements vacants depuis plus de 5 ans


« Nice : capter les logements vacants depuis plus de 5 ans »

Par Robert Injey et David Nakache


La crise du logement frappe la très grande majorité des Niçoises et des Niçois et une part importante du parc de logements reste toujours « gelée », c’est-à-dire ni utilisée comme résidence principale ou secondaire, ni proposée à la location, ni proposée à la vente, ce sont des logements « vacants ».

Selon la Fondation pour le Logement (ex Fondation Abbé Pierre), il y a 14 % de logements vacants à Nice, soit autant que de logements sociaux !

S’il n’est pas question de nier le droit à la propriété des personnes détenant ces logements vacants, il faut cependant donner toute son effectivité à un autre droit fondamental : le droit au logement pour toutes et tous.

Comme il l’a été proposé dans d’autres villes, et notamment par Ian Brossat à Paris, nous sommes favorables à une mise en œuvre pondérée, mesurée et juste du principe d’expropriation, selon la méthode suivante :
1. Faire l’inventaire précis des logements vacants à Nice selon la durée de vacance, c’est-à-dire déterminer depuis combien de temps ces logements sont inutilisés

2. Contacter l’ensemble des propriétaires de logements vacants depuis au moins 5 ans.

3. Laisser à ces propriétaires un délai d’un an pour remettre leur logement sur le marché de la location ou de l’acquisition, en leur proposant un accompagnement municipal avec cofinancement des travaux de remise en état si besoin.

4. Leur laisser un choix clair : soit le logement vacant est remis sur le marché soit, une fois le délai d’un an atteint, la procédure d'expropriation sera lancée par la municipalité pour le convertir en logement social.
A Nice, la préemption, la réquisition et l’expropriation des logements sont très peu utilisées. Or chaque logement disponible doit être mobilisé pour loger les Niçoises et les Niçois. 

Un recours  mesuré et juste à l'expropriation, avec un délai préalable et un accompagnement proposé, est l’un des leviers à mettre en œuvre pour garantir, enfin, le droit au logement pour toutes et tous à Nice.

mardi 17 juin 2025

Pour le retrait des drapeaux israéliens, interview BFM Nice

Interview BFM Nice Côte d’azur :
La posture du maire de Nice est "juridiquement intenable, politiquement intenable et, surtout, moralement inadmissible"



lundi 16 juin 2025

Drapeaux israéliens à la maire de Nice : "Pas en notre nom !"


Le nouveau préfet des Alpes-Maritimes, Laurent Hottiaux, a demandé au maire de Nice, Christian Estrosi, de retirer les drapeaux israéliens du fronton des bâtiments municipaux au nom de la neutralité du service public et je salue cette décision.
 
Christian Estrosi doit obtempérer et cesser d'entretenir des polémiques et tensions inutiles dans notre ville.

Cette situation relève d'une posture idéologique personnelle du maire de Nice, qui a pris ses décisions sans débat public ni vote au conseil municipal.


Dès le mois d'octobre 2023, nous demandions, avec le rassemblement citoyen Viva, de mettre fin à un un traitement totalement déséquilibré du conflit israélo-palestinien par la Ville de Nice :

En novembre 2024, à la suite du mandat d'arrêt international prononcé à l'encontre de Benyamin Netanyahu, nous avons à nouveau demandé le retrait de ces drapeaux :

Aujourd'hui Christian Estrosi place la Ville de Nice en porte à faux avec la politique étrangère française. Il fait de la Ville de Nice un soutien inconditionnel de la politique de Benyamin Netanyahu et rend notre Ville symboliquement complice des atrocités subies par les populations civiles de Gaza. Cette posture est totalement inadmissible.

Si Christian Estrosi maintient sa position, sans tenir compte d'une mobilisation citoyenne constante et du rappel à l'ordre par l'Etat, c'est qu'il est décidé à faire l'apologie des crimes de guerre, du crime contre l'humanité et du génocide en cours à Gaza. Christian Estrosi et sa majorité municipale en portent l'entière responsabilité juridique, politique et morale. Mais nous sommes de plus en plus nombreuses et nombreux, à Nice, à dire et à redire "pas en notre nom !"


Nice, le 17 juin 2025
David Nakache