mardi 26 août 2025

Des conditions d'accueil de mineurs indignes au Commissariat Auvare à Nice


 
Communiqué de presse de l'association Tous citoyens :

Des conditions d'accueil de mineurs indignes au Commissariat Auvare à Nice



Le jeune Mohamed M., Mineur Non Accompagné (MNA) somalien, a passé la nuit dans un box au commissariat Auvare à Nice, sans eau ni nourriture, et sans pouvoir aller aux toilettes. Au matin, la police ne lui a rien apporté à manger puis a refusé de lui donner le petit déjeuner que notre bénévole lui avait apporté.

Les faits :

Orienté par le Secours catholique, Mohamed M. s'est présenté le lundi 25 août 2025 à la caserne Auvare, mais les policiers l'ont refoulé en déclarant qu'il n'y avait pas de place. Le jeune Mohamed a donc erré en ville et s'est rendu à une maraude pour avoir à manger. Les bénévoles de l'association MIR l'ont ramené au commissariat en demandant sa prise en charge et, cette fois-ci, le jeune a pu entrer et être mis à l'abri. Mohamed a passé la nuit dans un box avec un autre Mineur Non Accompagné, sans eau ni nourriture. Il n'a pu aller aux toilettes que le lendemain matin et n'a rien eu à manger.

Notre association Tous citoyens a téléphoné au commissariat Auvare où l'on nous a expliqué ne disposer d’aucun budget pour donner à manger et à boire aux mineurs qui doivent parfois attendre très longtemps. Nous avons alors proposé de lui apporter à manger et le policier a accepté. L'un de nos bénévoles s'est donc rendu au commissariat mais l'agent présent a refusé de donner la nourriture au jeune et n'a accepté de transmettre que les bouteilles d'eau.

Un passage au commissariat inutile :

Ce passage au commissariat n'est pas une obligation légale et n'est imposé que par un protocole passé entre le Préfet, le Procureur et le Président du Conseil Départemental 06. Dans beaucoup d'autres départements, les jeunes migrants peuvent se présenter directement dans les locaux des Conseils Départementaux. Les policiers du commissariat Auvare se plaignent eux-mêmes de devoir gérer le passage des MNA dans leur locaux, passage qui, selon plusieurs d'entre eux, "ne sert à rien" puisque les jeunes ne font qu'y attendre l'arrivée d'un éducateur pour leur mise à l'abri puis leur évaluation de minorité.

Des conditions d'accueil indignes :

Il est très fréquent que des jeunes exilés se présentant seuls au commissariat soient refoulés et qu'ils ne soient acceptés que s'ils sont accompagnés par une association, ce qui est tout à fait anormal. Il est, de plus, totalement inadmissible d'accueillir des mineurs dans de telles conditions : sans eau, sans nourriture et sans pouvoir se rendre aux toilettes.

Rappelons que ces jeunes exilés ont subi des violences et le traumatisme de la migration. Ils n'ont commis aucun délit et font valoir leur droit à la protection de l'enfance. Ils sont en attente de leur évaluation de minorité par le Département 06 et doivent bénéficier de conditions d'accueil adaptées.

Nous condamnons fermement ces conditions d'accueil indignes et totalement inadaptées à la prise en charge de mineurs. Le présent signalement est adressé au préfet des Alpes-Maritimes, au procureur de la République, au président du Département 06 et au Défenseur des droits.


Nice, le 26.08.2025
Association Tous citoyens !

mercredi 16 juillet 2025

Toxicomanes, pauvres, exilé-es : une maltraitance sociale planifiée à Nice


 Communiqué de presse de l'association Tous citoyens !

Toxicomanes, pauvres, exilé-es : une maltraitance sociale planifiée à Nice



Après avoir tenté, en vain, en 2018, de couper l'eau place du Pin pour éloigner les SDF ; après avoir fermé les douches publiques du Vieux Nice en 2019 ; après avoir engrillagé plusieurs espaces publics en 2020 faute de parvenir à les sécuriser ; après avoir, en 2022, chassé les migrants qui dormaient sur la digue du port ou sous l'autopont ; après avoir tenté, en vain, en 2023, de chasser les exilées dormant devant l'église du Vœu ; ou supprimé des maraudes en centre-ville début 2025 ; après avoir régulièrement pris des arrêtés anti-SDF avant l'arrivée des touristes, la Ville de Nice a annoncé un ensemble de mesures destinées à chasser du centre-ville les "populations errantes" jugées indésirables.

La fermeture de la rue Tiranty

La décision du maire de Nice de fermer la rue Tiranty en raison de la présence de personnes toxicomanes est contre-productive pour plusieurs raisons :

  • D'un point de vue sécuritaire : la Ville de Nice n'est pas un centre commercial géant avec des vigiles à l'entrée et la sortie. Les riverains doivent pouvoir circuler librement et l'on doit défendre la liberté de circuler dans la ville. Les policiers municipaux ont d'autres missions à accomplir que de rester immobilisés à surveiller une seule rue. Notons par ailleurs que décider de fermer la rue Tiranty de 8h à 20h démontre que la Ville se soucie davantage des touristes qui seraient susceptibles de voir cette rue en passant avenue Jean Médecin que des habitants qui subissent davantage l'insécurité la nuit que le jour. Enfin, l'effet est de la mesure est déjà connu : fermer une rue, c'est déplacer le problème sur les rues voisines.
  • D'un point de vue social : la Ville de Nice a fermé le Centre d'Accueil et d'Accompagnement à la réduction des Risques pour Usagers de Drogues (CAARUD) rue Offenbach en 2012 et a soutenu les riverains Bd Tzarewitch qui s'opposaient à la création D'un CAARUD en 2022. Le maire avait également encouragé les riverains du centre-ville à s'opposer à l'ouverture de centre de soins psychiatriques de jour. Nous payons aujourd'hui de ce refus de prise en charge des personnes toxicomanes ou présentant des troubles de santé mentale. Chasser du centre-ville les personnes en souffrance et pénaliser les riverains n'est pas la solution. C'est d'une véritable politique sociale et d'une politique de soin adaptée dont nous avons besoin.

La fermeture du centre d'accueil et de soins rue Fodéré

Le centre de la rue Fodéré regroupe un accueil des familles géré par le Secours Populaire et le dispensaire médical de l'Ordre de Malte. Les familles aidées par le Secours Populaire sont en grandes difficultés et beaucoup, y compris avec des enfants en bas âges, dorment à la rue. Le dispensaire de l’Ordre de Malte dispose d’une équipe pluridisciplinaire complète (médecins généralistes, gynécologues, psychiatres, pédiatres, infirmières…). Or ce centre, à peine ouvert en septembre dernier, doit déjà partir sur ordre de la mairie. Cette décision est un non-sens tant l'utilité de cette double structure est importante. L'implantation des centres d'accueil et de soins nécessite un temps long pour habituer les personnes en grande précarité à y venir régulièrement. Trouver un nouveau local à Nice avant fin août pour ces deux associations est mission impossible. L'accompagnement social et médical des personnes à la rue est un enjeu collectif de santé publique et de vivre ensemble.

La réduction et le déplacement des maraudes alimentaires

Après l'arrêt de la maraude alimentaire place Garibaldi et celle de la rue Fodéré, le maire de Nice annonce la fin de la maraude du jardin Thiole. Le résultat de ces fermetures est que les structures restantes comme l'accueil de jour du XVème corps, sont et seront encore plus saturées. Une nouvelle maraude est annoncée rue Dabray, à proximité du centre d'accueil de nuit de la rue Trachel, ce qui devrait amplifier le regroupement des personnes en précarité en grand nombre au même endroit. Cette concentration organisée des personnes SDF ne peut qu'engendrer les mêmes conséquences : des nuisances accrues pour les riverains, puis de nouveaux déménagements des structures et lieux d'accueil et de distribution.

La traque des exilé-es de l'église du Vœu

En 2023 Ville de Nice avait tenté, en vain, de chasser les personnes dormant devant l'église du Vœu. Alors que Christian Estrosi et Anthony Borré dénonçaient la présence de "clandestins" il s'agissait très majoritairement de personnes en demande d'asile attendant le traitement de leur dossier. Rappelons ici que c'est parce qu'il n'y a pas assez de places dans les centres d'accueil pour demandeurs d'asile que ces personnes dorment devant l'église du Vœu et que le droit d’asile est internationalement reconnu par la convention de Genève et est inscrit dans la constitution française.
Le maire de Nice annonce engrillager prochainement le jardin attenant à l'église et créer un jardin d'enfant là où les exilé-es attendent durant la journée, sur la promenade du Paillon. Pire, il déclare à la presse que "Les gens ne supportent plus de voir des étrangers s'approprier les lieux destinés aux Niçoises et aux Niçois", exprimant à nouveau une hostilité envers les étrangers qui porte un nom, la "xénophobie".


La politique d'exclusion menée par la Ville de Nice depuis des années constitue une maltraitance sociale pensée, planifiée et mise délibérément en œuvre. Les nouvelles mesures annoncées renforcent cette traque organisée et sont inacceptables d'un point de vue moral, contre-productives d'un point de vue sécuritaire et désastreuses d'un point de vue social.


Nice, le 16 juillet 2025
Association Tous citoyens !

jeudi 26 juin 2025

Nice : capter les logements vacants depuis plus de 5 ans


« Nice : capter les logements vacants depuis plus de 5 ans »

Par Robert Injey et David Nakache


La crise du logement frappe la très grande majorité des Niçoises et des Niçois et une part importante du parc de logements reste toujours « gelée », c’est-à-dire ni utilisée comme résidence principale ou secondaire, ni proposée à la location, ni proposée à la vente, ce sont des logements « vacants ».

Selon la Fondation pour le Logement (ex Fondation Abbé Pierre), il y a 14 % de logements vacants à Nice, soit autant que de logements sociaux !

S’il n’est pas question de nier le droit à la propriété des personnes détenant ces logements vacants, il faut cependant donner toute son effectivité à un autre droit fondamental : le droit au logement pour toutes et tous.

Comme il l’a été proposé dans d’autres villes, et notamment par Ian Brossat à Paris, nous sommes favorables à une mise en œuvre pondérée, mesurée et juste du principe d’expropriation, selon la méthode suivante :
1. Faire l’inventaire précis des logements vacants à Nice selon la durée de vacance, c’est-à-dire déterminer depuis combien de temps ces logements sont inutilisés

2. Contacter l’ensemble des propriétaires de logements vacants depuis au moins 5 ans.

3. Laisser à ces propriétaires un délai d’un an pour remettre leur logement sur le marché de la location ou de l’acquisition, en leur proposant un accompagnement municipal avec cofinancement des travaux de remise en état si besoin.

4. Leur laisser un choix clair : soit le logement vacant est remis sur le marché soit, une fois le délai d’un an atteint, la procédure d'expropriation sera lancée par la municipalité pour le convertir en logement social.
A Nice, la préemption, la réquisition et l’expropriation des logements sont très peu utilisées. Or chaque logement disponible doit être mobilisé pour loger les Niçoises et les Niçois. 

Un recours  mesuré et juste à l'expropriation, avec un délai préalable et un accompagnement proposé, est l’un des leviers à mettre en œuvre pour garantir, enfin, le droit au logement pour toutes et tous à Nice.

mardi 17 juin 2025

Pour le retrait des drapeaux israéliens, interview BFM Nice

Interview BFM Nice Côte d’azur :
La posture du maire de Nice est "juridiquement intenable, politiquement intenable et, surtout, moralement inadmissible"