jeudi 27 juin 2013

Montebourg vs Barroso : défendre les peuples européens face à l'austérité

Bien mal connaître Arnaud Montebourg serait de penser que la polémique l'opposant à José Manuel Barroso n'est qu'une question de personne et non un clivage politique profond.

Si beaucoup se sont émus de la formule du Ministre du Redressement Productif français selon laquelle le Président de la Commission Européenne était le "carburant du Front National", peu ont écouté sa déclaration complète (voir ici, à partir de 6'20").

Interrogé sur les résultats électoraux de Villeneuve sur Lot, Arnaud Montebourg a identifié la pression exercée par l'Union Européenne sur des gouvernements démocratiquement élus comme étant la principale cause de la montée du Front National en France et, plus largement, de l'extrême droite en Europe, les empêchant de répondre aux attentes des peuples européens. La politique d'austérité de l'UE donne raison à tous les partis souverainistes et populistes anti-européens, en Italie comme en Allemagne. Il s'agit désormais de tirer les conséquences économiques mais aussi politiques de cette pression.

Si Arnaud Montebourg a cité José Manuel Barroso, c'est en réaction aux déclarations de ce dernier disant que la défense de l'exception culturelle française, et donc la critique de la mondialisation, est une posture réactionnaire. M. Barroso fait partie de ces dirigeants qui ont "institutionnalisé" l'Union Européenne comme une structure allant contre les peuples européens. C'est en ce sens qu'il est le "carburant" du FN.

mercredi 29 mai 2013

Emprunts toxiques de la Ville de Nice : pour que Christian Estrosi dise toute la vérité !

Christian Estrosi a déclaré, le 27 mai 2013, qu'il attaquerait Dexia en justice concernant le dernier emprunt toxique de la ville de Nice.
Le solde de l'emprunt en question (n°448), basé sur le taux de change entre l'euro et le franc suisse, s'élève encore à 19 millions d'euros.
Se faisant, Christian Estrosi énonce trois contre-vérités :
1. Il décrète que les finances de la ville sont assainies, ce qui est faux, puisqu'une large partie de la dette de la ville de Nice n'a pas été résorbée mais simplement transférée à la Métropole Nice Côte d'Azur, elle-même surendettée (plus d'un milliard d'euros de dette). Peut-il prétendre avoir assaini les finances de la Métropole Nice Côte d'Azur ?
2. Il déclare vouloir faire annuler le dernier emprunt toxique de la ville avant la fin de son mandat. Or ce n'est pas le dernier. Qu'il nous explique comment et dans quels délais il va solder les deux autres emprunts structurés en cours !
3. Il affirme, toujours lors de sa conférence de presse, qu'en cas de jugement favorable "nous économiserons 18 millions d'euros". Or ce n'est pas vrai. Et là, pour bien comprendre la situation, un peu d'histoire locale s'impose : 
  • En juin 2010, lorsque l'opposition, en la personne de Yann Librati, président PS de la commission des finances de la ville de Nice, dénonce la présence d'emprunts toxiques dans les finances de la ville, souscrits sous l'ère Peyrat, et demande à Christian Estrosi de les renégocier ou d'attaquer Dexia en justice, ce dernier nie le problème. Il reconnait qu'il y a des emprunts structurés, certes, mais il récuse même, en conseil municipal, le qualificatif de "toxique" ! Puis, à force de persévérance, il admet la réalité de leur dangerosité... mais ne fait toujours rien. 
  • Sous la pression politique et médiatique, il renégocie enfin l'emprunt 448 en le gelant, c'est-à-dire en le convertissant temporairement en emprunt à taux fixe. 
  • Le Collectif pour un Audit Citoyen de la dette et Anticor mettent à leur tour la pression sur le maire de Nice et l'interpellent sur la nécessité d'une action en justice avant la prescription, rendant toute action impossible. 
  • In extremis, Christian Estrosi cède et décide enfin d'attaquer Dexia, annonçant haut et fort qu'il va économiser ainsi 18 millions d'euros. 

dimanche 12 mai 2013

Hold up sur la VIème République : ne Mélenchon pas tout !

Le mot d'ordre de la marche citoyenne du 5 mai 2013 organisée par Jean-Luc Mélenchon était un appel à la VIème République... mais sans jamais définir la VIème République en question.

Jean-Luc Mélenchon a tenu, durant cette manifestation, un triple discours : à la fois anti-austérité, anti-Hollande et pour la VIème République.
Précisons d'emblée que ces trois discours sont légitimes, mais pris séparément. Nous pouvons à bon droit rejeter la politique économique d'austérité de l'Union Européenne et je m'associe à ce rejet. Je comprends très bien les "déçus du changement" qui espéraient tant de la première année du quinquennat de François Hollande, même si je ne partage pas les critiques de Jean-Luc Mélenchon à l'égard du gouvernement et du Président de la République. Je soutiens l'action d'Arnaud Montebourg et l'idée d'une VIème République pour en finir avec les dérives du présidentialisme français et, a priori, voir cette idée reprise et diffusée est une satisfaction.
Pour autant, en superposant les discours, on brouille le message. Cette confusion, si elle ne porte pas atteinte aux arguments contre l'austérité en Europe ou contre la politique de François Hollande, porte atteinte à l'idée de VIème République en France et, de fait, nuit à sa possible mise en oeuvre. La démarche s'avère, en définitive, contre productive.

samedi 6 avril 2013

Christian Estrosi et l'instrumentalisation du vote pied-noir (suite)

En mars dernier je publiais sur ce site un article intitulé "Christian Estrosi, le vote pied-noir et la tentation communautariste" qui a suscité de nombreuses réactions et a provoqué un débat constructif sur l'hégémonie réelle ou supposée d'un vote pied-noir à Nice.
Christian Estrosi, maire de Nice, vient de franchir un pas supplémentaire dans l'instrumentalisation du vote pied-noir en inaugurant (avec les deniers des contribuables niçois) une plaque commémorative aux victimes tuées après le 19 mars et en annonçant le lancement d'une pétition contre la loi du 6 décembre 2012 instaurant le 19 mars comme "journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc".
Pour mémoire, Christian Estrosi avait refusé d'appliquer la loi et d'organiser une commémoration le 19 mars à Nice. Ne lui en déplaise, la loi a bien été appliquée et la commémoration a eu lieu, organisée par le Préfet.
Je précise qu'il n'est pas ici question de contester les drames survenus après le 19 mars ni de prétendre que les accords d'Evian marquent la fin réelle du conflit. Cela relève du travail des historiens et il leur revient de trancher ces questions. 

dimanche 24 mars 2013

David Orrell et Tomas Sedlacek : "l'économie est une croyance comme une autre"

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"Le crépuscule de l'Homo Oeconomicus", publié en France en novembre 2012, est un dialogue vivant et décapant, auquel se livrent sous nos yeux un mathématicien canadien, professeur à Oxford, en Angleterre, et un économiste tchèque, ancien conseiller de Vaclav Havel.
Une grande convergence de pensée amène nos deux protagonistes à développer une analyse commune de la crise économique que nous pouvons synthétiser autour de quelques idées fortes :
- Malgré les crises successives, il n'y a pas eu de refonte des idées économiques ni des modèles mathématiques utilisés.
- La domination de la finance sur l'économie réelle est un facteur aggravant de la crise.
- Nous attribuons une valeur (quasi) religieuse aux chiffres et indicateurs économiques quand bien même nous savons qu'ils ne reflètent pas la réalité (ex : PIB). Nous entretenons ainsi l'illusion que tout est quantifiable et mesurable.
- Nous appliquons abusivement des modèles mathématiques à l'économie et ces modèles se sont avérés incapables de prédire les propriétés émergentes à l'origine de la crise. Or l'utilisation de modèles mathématiques inappropriés, alors précisément que nous les savions inappropriés, a contribué à renforcer une illusion de stabilité et de sécurité du système. Pourtant, dans un monde en perpétuel devenir, la stabilité économique est un leurre.
- Nous devons modifier notre foi en une croissance omnipotente et omniprésente.
- La raison véritable de l'utilisation persistante de modèles inadéquats dans un système économique défaillant en occultant toute remise en question véritable n'est autre que la recherche et la conservation du pouvoir.

jeudi 21 mars 2013

Christian Estrosi, le vote pied-noir et la tentation communautariste

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On ne peut que s'interroger sur la stratégie d'exacerbation permanente de la question pied-noire à Nice par Christian Estrosi.
De la stèle érigée sur la Promenade des Anglais symbolisant la fracture au lieu d'inciter à la réconciliation, du "vive l'Algérie française" lancé en marge d'une manifestation de rapatriés le 20 octobre 2012, au refus catégorique de commémorer le 19 mars, il est rare, de nos jours, que le réflexe communautariste pied-noir reçoive autant d’encouragements et de soutiens de la part d'un élu de la République.
La communauté pied-noire à Nice pèse lourd sur les échéances électorales et notamment municipales. Pire, elle vient peser de tout son poids... du côté du FN. Déjà en campagne pour 2014, Christian Estrosi n'a de cesse de flatter les Pieds-Noirs niçois pour siphonner le vote FN à Nice.
Surfant sur le rejet de la date du 19 mars, et quand bien même cette commémoration célèbre les victimes civiles et militaires des deux camps, de la guerre d'Algérie mais aussi des combats en Tunisie et au Maroc, le maire de Nice cultive le ressentiment, empêche volontairement les cicatrices de se refermer et souffle en permanence sur les braises de l'histoire à des fins électoralistes.

samedi 2 mars 2013

Primaires ouvertes : contre "la démocratie à géographie variable"

Le Parti Socialiste s'apprête à décider de faire des primaires "à la carte", là où ça l'arrange, là où cela ne dérange pas trop ses barons locaux.
Les primaires ouvertes aux élections locales ? "On en fera par ici, on n'en fera pas par là !"
On ne décide pas d'un mode de désignation des candidats, et donc d'un mode de scrutin, en fonction des candidats du moment. On ne négocie pas la démocratie par des petits arrangements entre amis. Ce n'est pas comme cela que l'on doit faire de la politique.
Les primaires ouvertes aux élections locales sont une chance à la fois pour la rénovation du Parti Socialiste et pour celle des pratiques démocratiques françaises. Elles permettraient :
  • D'innover et de renouer avec l'élan brisé de la rénovation et de l'exemplarité démocratique alors que les élections de mi-mandat sont traditionnellement un revers pour le parti au pouvoir.
  • D'accélérer le renouvellement du personnel politique et d'améliorer la représentativité des élus, en alliant les primaires ouvertes à la non investiture des cumulards.