dimanche 2 novembre 2025

Nice : du mésusage de la protection fonctionnelle


Nice : du mésusage de la protection fonctionnelle


Christian Estrosi est coutumier des procédures bâillons, ces procédures visant à faire taire des opposants politiques, des journaliste d’investigation ou toute voix remettant en question le récit politique qu’il tente d’imposer. Il a ainsi intenté de nombreuses actions en justice contre les journalistes David Thomson (prix Albert Londres 2017), Elise Lucet, Loïc Tanant et Hélène Constanty, contre Séverine Tessier (porte-parole d’Anticor), contre des opposants politiques comme Patrick Allemand, Jean Christophe Picard, Juliette Chesnel, Christelle d’Intorni, et, à deux reprises, contre moi-même.

Ces procédures ont pour conséquence de judiciariser le débat public et d’encombrer inutilement les tribunaux. Elles amputent le débat public en réglant au tribunal ce qui devrait être débattu sur la place publique. Elles dissuadent par la peur d'un procès tout citoyen qui voudrait défendre des revendications fortes et elles portent atteinte à la liberté d’expression. Elles constituent de véritables procédés d'intimidation pour réduire des opposants au silence. Elles ne devraient pas avoir leur place en démocratie. 

Dans le cadre de ces procédures bâillons Christian Estrosi a fréquemment recours à la protection fonctionnelle. La protection fonctionnelle est une disposition légale utile et souvent indispensable qui sert à protéger les agents publics et les élus contre les attaques ou les mises en causes pénales dont ils peuvent être l'objet dans le cadre de l'exercice de leurs fonctions ou de leurs mandats. L’administration concernée prend alors en charge la défense ainsi que les frais de justice et les frais d'avocats nécessaires. Or dans ces affaires, le maire de Nice ne demande pas la protection fonctionnelle pour se défendre lorsqu’il est attaqué en justice mais lorsqu'il choisit délibérément d’attaquer lui-même des journalistes ou des opposants.

Il s'agit clairement là d'un usage abusif de la protection fonctionnelle, détournée de son objet premier, pour servir des intérêts personnels et électoralistes. 

Dans les deux procédures que Christian Estrosi a engagées et a perdues contre moi, il aurait, selon ce qui a été déclaré en séance du conseil municipal, fait dépenser plus de  23 000 € aux contribuables niçois. Combien Christian Estrosi a-t-il gaspillé d’argent public sur l’ensemble des procédures en justice qu’il a lui-même intentées ? 

Les Niçoises et les Niçois n'ont pas à payer l'acharnement politique du maire de Nice contre ses opposants. 

Lors du conseil métropolitain du 22 octobre 2025 le maire de Nice a sollicité la protection fonctionnelle pour engager une action en justice contre Éric Ciotti. Si certains élus se sont opposés avec constance au détournement de l’usage de la protection fonctionnelle (Jean-Christophe Picard, Juliette Chesnel et, à l’autre bout de l’échiquier politique, Philippe Vardon), d'autres, proches du président de l’UDR, semblent avoir soudain découvert la question du bon usage des fonds publics en la matière. Mais, qu’il s’agisse de procédures engagées à l'encontre d'Eric Ciotti comme de toute autre personne, la protection fonctionnelle ne doit pas être instrumentalisée et les contribuables niçois n'ont pas à financer les règlements de compte politiciens du maire de Nice.

Le mésusage récurrent de la protection fonctionnelle à Nice, par le maire lui-même et sa majorité, soulève un double questionnement : sur le bon usage des fonds publics d'une part et, de l'autre, sur le dévoiement des dispositifs légaux et des fonctions électives à des fins personnelles.


Nice, le 3 novembre 2025
David Nakache

mercredi 29 octobre 2025

Journal d'un bénévole, 27 octobre 2025

Comment une jeune fille, ayant subi une excision, des violences sexuelles et un naufrage en Méditerranée, peut elle être passée par un foyer de l'Aide Sociale à l'Enfance des Alpes-Maritimes sans avoir vu ni gynécologue, ni psychologue ?

Parce qu'elle est guinéenne et étiquetée "migrante" ?

Ecœurement.

Journal d'un bénévole, 27 octobre 2025

David Nakache
Association Tous citoyens

Esplanade du 14 juillet 2016

L'association Tous citoyens, le rassemblement citoyen Viva et la liste Nice Front Populaire soutiennent la proposition faite par des victimes du terrorisme de nommer le parvis du futur hôtel de police de Nice "Esplanade du 14 juillet 2016" : une proposition digne, pleinement légitime, et de nature à faire consensus.

La proposition de Célia Viale et Thierry Vimal : 

ESPLANADE DU 14 JUILLET 2016
Puisqu’au lendemain de l’attentat du 14 juillet 2016, les services de la ville et les services de l’État se sont violemment rejeté la responsabilité du drame (les archives en ce sens abondent),
Puisque les deux protagonistes semblent s’être finalement réconciliés autour de la création d’un hôtel de police qui rassemblera sous un même toit police nationale et police municipale,
Puisque glorifier Nicolas Sarkozy à l’heure même de sa condamnation représenterait a contrario une nouvelle rupture entre le pouvoir local et l’Institution nationale,
Puisque l’attentat du 14 juillet 2016 et celui du 29 octobre 2020 ont fait de Nice l’une des villes françaises les plus meurtries par le terrorisme,
et que M. Sarkozy a été condamné en première instance pour avoir, entre autres, envoyé en 2005 des émissaires pactiser avec le commanditaire lybien de l’attentat contre le DC-10 d’UTA, qui avait coûté la vie à 170 personnes, dont 54 citoyens français,
Puisque, donc, la mise à l’honneur de M. Sarkozy à Nice sera perçue comme une violence par l’immense majorité des familles des victimes de terrorisme, niçoises ou non,
Et puisque, enfin, 2026 sera l’année du dixième anniversaire de la tragédie du 14 juillet 2016, qui fit 86 morts, des centaines de blessés physiques et des milliers de blessés psychiques,
il nous paraîtrait décent et respectueux de ne pas nommer l’esplanade située devant le nouvel Hôtel de police de Nice
Esplanade Nicolas Sarkozy,
mais plutôt
ESPLANADE DU 14 JUILLET 2016
Célia VIALE
Thierry VIMAL


La presse s'est largement fait écho de cette proposition :

France 3 Côte d'Azur : 



BFM Nice : 





Le Parisien :



lundi 27 octobre 2025

Parvis Sarkozy : "J'appelle Christian Estrosi à revenir à la raison, à la décence"

 Article France 3 Côte d'Azur :

"J'appelle Christian Estrosi à revenir à la raison, à la décence. Il faut qu'il revienne sur cette idée qui choque tout le monde, à la fois les familles de victimes des attentats terroristes et toutes celles et ceux qui ne supportent plus qu'on honore, à Nice, à répétition, des personnes qui ont été condamnées par la justice", assure David Nakache, président de l'association Tous Citoyens ! et numéro 4 de la liste Nice Front Populaire.


Article complet ici : https://france3-regions.franceinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/alpes-maritimes/nice/parvis-nicolas-sarkozy-a-nice-les-membres-de-familles-de-victimes-de-l-attentat-de-nice-proposent-de-nommer-le-parvis-14-juillet-2016-3239755.html

mardi 21 octobre 2025

Non au "parvis Sarkozy" : vsite guidée anti-corruption à Nice !

Nice Front Populaire a organisé une "visite guidée unique au monde" : le parcours des rues, cours, statue et futur parvis, à Nice, honorant des personnes corrompues.

Un grand merci et un grand bravo à toutes et tous avec un mention spéciale à notre guide, Jonathan Gensburger !

Quelques photos (cliquez sur la photo pour l'agrandir) :


 



 

 


Quelques retours presse :





lundi 20 octobre 2025

« En finir avec la corruption à Nice »

 

« En finir avec la corruption à Nice »

(mise à jour octobre 2025)

 

Lorsque, durant la campagne des élections municipales 2020, j’ai déclaré « Il faut en finir avec la corruption à Nice », Christian Estrosi, se sentant directement visé, m’a attaqué en justice pour diffamation. Il a fallu deux ans de procédure pour que je sois définitivement relaxé. Sujet sensible, quiconque dénonce la corruption à Nice peut se retrouver soi-même sur le banc des accusés…

En réalité, il faut lever le tabou de la corruption, reconnaitre l’étendue du problème et se donner les moyens de lutter efficacement contre ce phénomène. La lutte contre la corruption doit devenir une priorité de l’action publique locale.

Depuis plusieurs décennies les affaires de corruption se multiplient. A Nice, les années 1990 ont été marquées par les condamnations, la fuite en Uruguay puis l’arrestation de Jacques Médecin à la suite d’un mandat d’arrêt international (délit d’ingérence, détournement de fonds, abus de biens sociaux…). Les années 2000 ont été rythmées par l’affaire Vialatte (détournement de fonds), la condamnation du juge Renard (violation du secret professionnel) puis celle du groupe Thalès (corruption active dans l’affaire de la ligne 1 du tramway). Mais Nice n’est pas la seule où la corruption sévit : rien qu’en Provence Alpes-Côte d’Azur, l’affaire Guerini, dont la condamnation vient d’être définitivement confirmée, a profondément marqué Marseille. Rappelons la condamnation définitive et l’inéligibilité du maire de Toulon, Hubert Falco, ou celle de l’ancien maire de Cannes, Bernard Brochand, etc.

Il y a actuellement plus d'une douzaine d'« affaires majeures » concernant la Ville de Nice, la Métropole Nice Côte d'Azur, le Département 06 ou, directement, certains de leurs élus respectifs. 

Ces "affaires" sont de natures bien différentes mais toutes liée à la gestion de l'action publique locale :

- Cumul d'emplois
Un rapport de la Cour Régionale des Comptes de décembre 2023 (chapitre 5.6.2) relève que quatre collaborateurs de cabinet et deux agents du Département 06 qui exerçaient également leurs fonctions au sein du cabinet ont été, dans le même temps, assistants parlementaires d'Eric Ciotti à l’Assemblée nationale. Ces cumuls d'emplois ne sont pour certains pas légaux et, pour d'autres, auraient pu l'être mais les autorisations nécessaires n'ont pas été demandées ni délivrées.

13.05.2024 : enquête préliminaire ouverte par le procureur de Nice pour détournement de fonds publics. 

- Détournement de déchets : 
Suite à un reportage de la chaine M6 dévoilant le détournement illégal de 26 000 tonnes de déchets vers l’Espagne, une enquête judiciaire a été déclenchée. Enjeux : l'exécution des marchés publics. Le producteur de déchets (la Métropole Nice Côte d'Azur) doit en garantir la traçabilité jusqu'à l'exutoire final, même s'il en a confié ou délégué la gestion a un prestataire.

30.06.2024 : perquisition dans les locaux de la Métropole

27.06.2025 : six personnes mises en examen dont une placée en détention provisoire
- Emplois fictifs : 
Soupçons d’emplois fictifs au Centre Départemental de Gestion de la fonction publique des Alpes-Maritimes (organisme de formation du personnel de la fonction publique territoriale), à la suite d’un rapport de la Cour Régionale des comptes de 2020 (chapitre 6.7) visant deux proches du maire de Nice actuellement Adjoint à la Ville de Nice et la Métropole Nice Côte d'Azur pour l'un et Directeur de cabinet pour l'autre.

24.11.2020 : ouverture d'une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics par le procureur de Marseille

- Fichage d'administrés :
Soupçons de fichage illégal d'administrés. L'affaire a été révélée par le journal Libération : le député et conseiller départemental aurait fiché sans leur consentement plus de 800 personnes avec des données sensibles et des mentions spécifiques : "sourde", "non voyant", "confession juive", "protestant", "propriétaire foncier". En outre, les fichiers mentionneraient également les personnes ayant bénéficié d'interventions positives "crèche", "emploi", "terrain"... ce qui s'apparente clairement à une démarche clientéliste. 

12.08.2025 : perquisition dans les locaux du Département 06

 13.10.2025 : dépôt de plainte de la LDH et l'association ADN

- Favoritisme :
Charles Ange Ginesy, président du Département 06 est soupçonné de favoritisme en ayant signé en 2017 un bail incluant plus de 500.000 euros de travaux pour reloger les salariés du SICTIAM, syndicat qu’il présidait, sans appel d’offres pour une part des travaux (331.000 euros), ce qui est contraire aux règles de la commande publique.

03.07.2025 : le procureur de la République requiert à l'encontre du président du Département 06 une peine de 18 mois de prison avec sursis, trois ans d’inéligibilité ainsi qu'une une amende de 35 000 €.

29.09.2025 : le tribunal correctionnel de Marseille prononce la relaxe de Charles Ange Ginesy. Reste à savoir si le Parquet fera appel de cette décision. 


- GIP Grand Prix de Formule 1 : 
Soupçons d’irrégularités comptables avec 32 millions de dettes à la clef dans la gestion du Grand Prix de Formule 1 par le Groupement d'Intérêt Public dont Christian Estrosi était le président et qui est placé depuis en liquidation. L'enquête vise également des frais de bouches et des voyages de Christian Estrosi dont un voyage de 3 jours pour 10 personnes à Abu Dhabi dans le cadre du Grand Prix chiffré à 70 000 €. 
Christian Estrosi a par ailleurs fait voter, en tant que président de la Métropole, une subvention de 12 millions d’euros alors que le Grand prix se déroulait… au Castellet dans le Var.
Septembre 2023 : ouverture d'une enquête judiciaire pour favoritisme et détournement de fonds. 

 - Hopman Cup : 

Enquête préliminaire menée par le Parquet National Financier pour détournements de fonds publics concernant la gestion du tournoi de tennis Hopman Cup en juillet 2023. 
Le "Nice Lawn Tennis Club" aurait reçu 800 000 € de la mairie et 150 000 € de l'office de tourisme mais pourrait ne pas avoir été, sur le plan légal, le réel organisateur du tournoi.

22.05.2024 : perquisitions à la mairie de Nice et à l'office du tourisme

- Loi SRU : 

Enquête pour concussion visant l’ancien préfet des Alpes-Maritimes, Bernard Gonzalez, qui aurait dû faire payer des pénalités à la Ville de Nice qui ne produit pas assez de logements sociaux et ne respecte pas la loi SRU. 

- Nice Climate Summit et l’Eurovision Junior :

Laura Tenoudji-Estrosi et Christian Estrosi visés par une enquête pour prise illégale d’intérêts et détournement de fonds publics. 
L'épouse du maire a co animé la cérémonie d'ouverture de l'Eurovision junior alors que la ville de Nice aurait contribué à l'événement à hauteur de 605 000 €.
Laura Tenoudji-Estrosi devait également animer le Nice Climate Summit mais y a renoncé suite à la polémique suscitée par cette annonce.

03.04.2025 : perquisition à la mairie de Nice et dans les locaux de la Métropole

30.06.2025 : Christian Estrosi et son épouse sont placés 13h en garde à vue.

Voir à ce sujet mon interview BFM Nice Côte d'Azur


- Parking du port de Nice :
Soupçons de détournements de fonds publics concernant la mise à disposition gratuite de cartes de parking par la CCI 06 entre 2021 et 2023 au bénéficie d'Eric Ciotti et de plusieurs de ses collaborateurs, notamment durant la campagne des législatives de 2022.

31.05.2024, enquête préliminaire pour détournements de fonds publics par le procureur de Nice 

20.11.2024 : perquisition au port de Nice 


- Projets immobiliers « Iconic » et « Avant-Scène » : 
Enquête pour trafic d’influence, escroquerie en bande organisée, abus de bien sociaux, faux et usage de faux. L’Avant-Scène, construit face à la nouvelle gare Saint Augustin, dans une zone longtemps classée inondable, s’est enfoncé de 16 cm dans le sol (communiqué Tous citoyens).

26.01.2024 : perquisitions dans les locaux de la Métropole

29.06.2024 : seconde perquisitions dans les locaux de la Métropole

- Tempête Alex : 
Enquête pour escroquerie en bande organisée, détournement de fonds publics, faux et usage de faux, blanchiment en bande organisée, prise illégale d’intérêts et recel.

La tempête Alex, en octobre 2020, a fait 11 décès et 8 disparus. Le passage de la tempête Aline en octobre 2023, a démontré que les structures de reconstruction en dur avaient tenues mais que les structures provisoires avaient été emportées. Si la tempête Aline avait été plus forte il y aurait vraisemblablement eu de nouveaux décès. 

L’enquête porte sur des travaux de reconstruction financés par la Métropole de Nice mais non réalisés ou réalisés partiellement. On estime le préjudice financier à plus de 8 millions d’euros. En question, le suivi et l’application des marchés publics de la Métropole niçoise.
Au niveau de la Métropole, trois niveaux de responsabilités sont possibles (interview BFM) :
  • Les services et les élus n’ont rien vu (défaillance ? défaut de compétence ? manque de moyens dédiés au suivi des marchés ?)
  • Ils ont laissé faire (complicité)
  • Ils ont participé (culpabilité directe)
21.12.2023 : perquisition dans les locaux de la Métropole

15.03.2024 : 21 personnes placées en garde à vue, dont des chefs d’entreprises du BTP, le Directeur de Cabinet, le Directeur Général des Services et la Présidente de la Commission d’Appels d’Offres de la Métropole. 6,5 M€ et des véhicules saisis.

- Richard Orlinski : 
Enquête du Parquet National Financier sur des cadeaux qu'aurait reçu Christian Estrosi de la part du sculpteur Orlinski alors que la Ville de Nice a passé pour 170 000 € de commande publique avec lui.
18.03.2025 : perquisitions dans les locaux de la mairie de Nice et au domicile de Christian Estrosi

- Statue de Jeanne d'Arc :

14.01.2025 : le tribunal administratif de Nice prononce l'annulation du marché public conclu entre la Régie Parcs d'Azur  et l'atelier Missor pour 170 000 € car ce marché a été passé sans publicité ni mise en concurrence. La Régie doit rembourser la somme versée et déboulonner la statue.

28.01.2025 : perquisitions dans les bureaux de la Régie Parcs Azur dans le cadre d'une enquête pour favoritisme.

17.07.2025 : la cour administrative d'appel de Marseille donne raison à la Régie Parc Azur et annule la décision du tribunal administratif de Nice. La préfecture étudie l'opportunité d'un pourvoi.

Non liée à la gestion des fonds publics mais pouvant avoir des retombées sur l'image de la Ville de Nice :

- "Projet fou"

20.10.2025 : Nice Matin révèle que Christian Estrosi et son épouse, Laura Tenoudji, sont visés par une plainte concernant la facturation de plus de 1,5 millions d'euros d'honoraires par leurs sociétés respectives Hopkins & Hopkins et Startup Story.

Il faut, dans chacune de ces affaires, respecter la présomption d’innocence et attendre la fin des procédures. Mais cette accumulation d’enquêtes judiciaires en cours interroge.

Ce qui est frappant c’est que malgré la multiplication des des enquêtes judiciaires en cours visant aussi bien la Ville et la Métropole de Nice que le Département 06, malgré les perquisitions à répétition, le placement en gardes à vues du maire de Nice lui-même, malgré la gravité des sujets en jeu, la lutte contre la corruption n’est toujours pas devenue un enjeu majeur du débat public local.

Face à la corruption à Nice, que faire ?

A minima, quelques pistes :

1. Lever les tabous et faire de la lutte contre la corruption une priorité de l’action publique locale. 
La corruption, au sens large du terme, gangrène l'ensemble de l'action municipale et métropolitaine. Elle renforce l'idée du "tous pourris" et contribue à rompre le lien entre les citoyens et les pouvoirs publics. 
2. Rétablir de l’éthique en politique : la ville de Nice doit cesser d’honorer, célébrer ou attribuer des noms de rues à des personnalités ayant été condamnées pour des faits liés à la corruption (Jacques Médecin, Charles Pasqua, Jacques Chirac…).

3. Respecter et tenir compte des décisions de justice : le maire, officier de police judiciaire, ne peut déclarer choisir délibérément de ne pas appliquer un jugement s’imposant à lui (sens de la circulation au port).
Nommer comme responsable de la police municipale un homme condamné en première instance pour violences policières (nomination de Rabah Souchi) est également un signal fort de non respect du travail judiciaire.

4. Imposer un minimum de probité aux élus. Des mesures fermes doivent être prises et être suivies d’effet dans la durée. 
Une charte éthique contraignante ou un règlement intérieur doivent être imposés pour que tout élu condamné pour un délit d’atteinte à la probité dans l’exercice de ses fonctions se voit retirer ses délégations et ne bénéficie pas d’un « reclassement opportun » dans une administration connexe (charte éthique proposée par Viva)
Au titre du principe de précaution, tout élu mis en examen pour de tels faits devrait être suspendu. De même toute entreprise privée ayant fait l’objet de condamnation ou étant sous le coup d’une procédure en cours ne devrait pas pouvoir bénéficier de la commande publique.

5. Garantir la transparence de toutes les procédures : usage des fonds publics, subventions, passation et suivi des marchés publics, procédures d’attribution des logements sociaux, des places de crèches ou des places en Ehpad municipal, etc.
Le clientélisme est le début de la corruption et il faut tout faire pour en limiter au maximum le développement.

6. Mettre fin à la frénésie de projets lancés à la va vite dans une surenchère communicationnelle permanente.
Les services administratifs n’ont pas le temps de mettre en œuvre correctement un projet que plusieurs sont déjà lancés en urgence, la communication prenant le pas sur la faisabilité technique.
L’obsession de l’attractivité permanente rend impossible une modernisation raisonnée et un aménagement progressif d’un territoire. Or, très souvent, c’est dans le suivi des marchés publics et dans la mise en œuvre effective des projets que se nichent les faits de corruption.

7. Lutter contre le poids des lobbys : des mesures phares qui pourraient améliorer la vie des habitants de la Métropole, comme l’encadrement des loyers, sont bloquées par des lobbys à qui l’on donne trop d’importance.
Le politique cède face aux pressions économiques et perd le sens de l’intérêt général.

8. Une véritable prise de conscience citoyenne : les citoyennes et les citoyens ne peuvent continuer à élire (ou laisser élire en s’abstenant) des personnes présentant des signes forts de manque d’éthique.
La démocratie, le "gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple", implique et nécessite, pour être effective, une responsabilité citoyenne. 
Il revient aux citoyennes et aux citoyens d’imposer aux politiques des pratiques dignes et éthiques. Si certains profitent et abusent du système, c’est aussi parce qu’on les laisse faire.

dimanche 19 octobre 2025

Le Paillon : face au risque, un immobilisme coupable !



Communiqué de presse NiFP

Le Paillon : face au risque, un immobilisme coupable !


Le jour de l’inauguration de l’extension de la coulée verte, sur le Paillon, Christian Estrosi déclare dans la presse locale « Un jour le Paillon débordera ». Il se veut ensuite rassurant en avançant l’argument que « l’eau (du Paillon) puisse s’écouler (vers la mer) sur une surface libérée »

Sur quoi se base le maire pour être si rassurant ? Mystère. Car, s’il y a bien un sujet tabou dans cette affaire, c’est bien le Paillon lui-même.

En effet concernant les risques de submersion, il y a un document majeur qui fait l’objet d'études, d’une enquête publique avant d'être approuvé par les services de l’Etat constituant une servitude d'utilité publique annexé au plan local d'urbanisme, le PPRI-Nice Paillon (Plan Prévention Risques d’Inondation).

Mais nous sommes confrontés à une lenteur coupable dans la révision de ce document majeur. Le plan actuel a été adopté, au siècle dernier, le 17 novembre 1999. C’est le plus ancien du département et sans doute un des plus anciens en France et les études datent de 1996. Il y a près de 30 ans, une époque où nous n’envisagions pas l’ampleur des conséquences du réchauffement climatique. Un arrêté préfectoral, en date de mars 2020, avait lancé la révision de ce document. Mais la ville de Nice n'ayant pas fait le nécessaire, la préfecture a dû prendre un nouvel arrêté en date du 14 janvier 2025.

A ce jour, aucune information. Où en sont les études sur les risques et les niveaux de submersion ? Un retard qui repousse encore plus loin les prises de décisions pour prendre les mesures pour réduire les risques liés aux crues du Paillon. Un retard qui prive les habitantes et les habitants de nos territoires du droit à l’information concernant ce risque majeur (1).

De plus, Christian Estrosi a annoncé en conseil municipal, le 13 octobre 2023, qu'il demandait à la Région le déplacement du Lycée Apollinaire en raison du risque de submersion, sur la base d'une étude qu'il n'a jamais rendue publique. La Région a récemment déclaré qu'il n'y avait aucun risque mais sans produire, elle non plus, d'étude étayant sa position.

Pourquoi détruire le TNN et Acropolis en laissant le lycée Apollinaire et le Palais des expositions, qui sont les deux bâtiments les plus exposés en cas de submersion ? Tout cela mérite explications et clarté.

Nous demandons au préfet et au maire de Nice de faire toute la transparence sur la révision de PPRI et sur les risques auxquels sont exposés le Lycée Apollinaire et le Palais des expositions. Sans préjuger des implications de cette révision et des mesures à prendre, les habitant·es ont le droit d’être informé-es.

 
Nice, le 19 octobre 2025

Nice Front Populaire

 


1/ Code de l’Environnement Article L125-2

(https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000044375243)

Modifié par LOI n°2021-1520 du 25 novembre 2021 - art. 10

(https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/LEGIARTI000044368598/2021-11-27)

I.-Toute personne a un droit à l'information sur les risques majeurs auxquels elle est soumise dans certaines zones du territoire et sur les mesures de sauvegarde qui la concernent. Ce droit s'applique aux risques technologiques et aux risques naturels prévisibles.