vendredi 13 novembre 2015

Manuel Valls, fossoyeur

Que d'éminentes personnalités politiques s'étonnent publiquement de la stratégie de Manuel Valls de fusion des listes régionales socialistes avec les listes "Les Républicains", relève au mieux d'une sidérante naïveté, au pire d'un cynisme assumé.
Manuel Valls, fossoyeur libéral et sécuritaire d'une gauche agonisante, poursuit méthodiquement son oeuvre.
Mais revenons un instant sur la stratégie de la défaite proposée par le premier ministre.
Le projet d'un Front Républicain n'est envisageable qu'avec de véritables républicains, ce que le parti politique "Les Républicains" n'est pas.
L'UMP est progressivement passée d'une droite décomplexée à une droite extrême ne faisant que promouvoir des thèses nationalistes et xénophobes. Puis elle s'est renommée, comme si porter le nom de "républicain" la dispensait définitivement de l'être.
Pour faire barrage au FN et l'empêcher de diriger des régions, le 1er ministre n'envisage apparemment pas un seul instant de faire une campagne suffisamment convainquante pour l'emporter, alors qu'il reste encore trois semaines avant le 1er tour, que de nombreux électeurs sont incertains, qu'ils connaissent mal le rôle des régions et que les abstentionnistes à convaincre de venir voter sont légion.
Non, il acte désormais la défaite au 1er tour et propose à tous les candidats une stratégie de second tour. En clair, il leur annonce, ainsi qu'à tous les militants faisant actuellement campagne, que leurs efforts sont vains, que la cause est déjà perdue.
Et que propose-t-il ? De fusionner les listes socialistes avec les listes "LR". Cela veut certes dire, si cela fonctionne, empêcher le FN de diriger des régions et conserver des élus, mais cela implique surtout de co-gérer des collectivités avec "Les Républicains". Or la possibilité de cette cogestion valide ce que le FN dit depuis des années  : que la gauche et la droite se valent et mènent la même politique, que le PS et l'UMP ne font plus qu'un, l'UMPS. Cela revient à pousser encore un peu plus les électeurs dans les bras du FN.
Face à la stratégie vallsienne de la fusion, certains vaillant défenseurs de la gauche oppose un héroïsme politique aussi noble que suicidaire : le désistement. Concrètement, le retrait des listes de gauche pour faire élire "Les Républicains" à la place du FN aurait pour conséquence d'avoir un conseil régional dirigé par la droite extrême avec l'extrême droite comme seule opposante et la gauche absente, puisqu'un retrait de liste signifie n'avoir aucun élu. A moins bien sûr que la gauche non socialiste, elle, se maintienne. Cela implique de toute façon, pour le Parti Socialiste et ses alliés, de renoncer à défendre les intérêts des citoyens à l'échelle régionale durant les cinq prochaines années.
Si Manuel Valls souhaite réellement faire barrage au FN il lui reste une autre solution dont il n'est étrangement fait écho nulle part : démissionner, laisser la place à un 1er ministre de gauche, menant une politique réellement de gauche, susceptible de redonner espoir aux électeurs en rétablissant la justice sociale en France sans avoir à tenter la politique du pire.
A bon entendeur...

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