mercredi 31 juillet 2013

Police municipale: les consignes de Christian Estrosi sont elles légales?

Christian Estrosi a fait de la sécurité son domaine de prédilection. Il a décidé, au début de son mandat municipal, de faire de la Ville de Nice le "laboratoire de la sécurité" et a équipé ses policiers de Tasers. Bientôt au terme de son mandat, il a fait de Nice l'une des villes comptant le plus de caméras de vidéosurveillance et de policier municipaux par habitant de France. 

Sans revenir sur les résultats chiffrés de cette politique, toujours controversés, ni sur le fond de la récente polémique sur les Gens du voyage, déjà évoquée sur ce blog (lire ici), il convient de s'interroger sur la nature du rôle que Christian Estrosi demande de jouer à sa police municipale : le harcèlement.
Lors de la violente altercation verbale l'opposant à des Gens du voyages, le député maire de Nice a déclaré : "J’en ai maté d’autres, je vous materai, vous êtes des voyous en infraction, vous avez une heure pour partir ! (...) Sinon, on mettra en place un dispositif pour vous pourrir la vie jour et nuit avec électricité et eau coupés et surveillance par caméras mobiles" (Métro, édition Nice Cannes du 30.06.13). Il a ensuite envoyé son mode d'emploi à d'autres maires de France pour lutter contre la présence illégale de Gens du voyages sur des terrains municipaux ou privés.

lundi 8 juillet 2013

Christian Estrosi, l'autre droite extrême

La fable du gaullisme social et le vernis de l'élu républicain n'auront pas tenu longtemps (lire ici). Les masques sont tombés. La surenchère populiste sur les Roms et l'Islam entre le FN et Christian Estrosi a révélé le vrai visage de ce dernier.
En effet, Christian Estrosi est devenu coutumier des déclarations "limites" et entretient des "confusions lexicales" pour le moins gênantes et récurentes. Accumulation de bêtises et d'erreurs grossières de la part du motodidacte niçois ou dérapages contrôlés d'une droite extrême dans une stratégie calculée d'asphyxie électorale du FN en vue des prochaines municipales ?
Décryptage.
Christian Estrosi a déclaré récemment que donner le droit de votes aux étrangers reviendrait à donner le droit de vote à "des gens qui haissent la France" (lire ici). Il a lancé, en marge d'une manifestation, un retantissant "Vive l'Algérie française" dans une stratégie de conquête d'un électorat pied-noir supposé frontiste (lire ici et ici). Dans sa gestion de la ville de Nice, il n'a eu de cesse, à grand renfort d'arrêtés municipaux sécuritaires, de stigmatiser et de repousser à la périphérie les populations ne cadrant pas avec la carte postale de la capitale azuréenne (lire ici).

jeudi 4 juillet 2013

Christian Estrosi ou le gaullisme de pacotille

Christian Estrosi, ancien ministre, député, maire de Nice, président de la Métropole Nice Côte d'azur et président de l'association des "Amis de Nicolas Sarkozy", ayant fait de la sécurité son crédo et des déclarations dignes du FN son habitude, aime à s'auto-proclamer "gaulliste social".
Qu'en est-il exactement ? De quel gaullisme parle-t-on ? Quelle est la cohérence idéologique du "fils de Nice" ?
1. La fable du gaullisme social
Le gaullisme social dont se targue Christian Estrosi est, au mieux, une fable, au pire, une mauvaise farce. Un seul exemple suffira à le démontrer : sa proposition de loi sur les allocations familiales.
En juin 2011, le député Estrosi propose de verser les allocations familiale dès le premier enfant, alors qu'elle ne le sont actuellement qu'à compter de la naissance du second. Vieille revendication des associations de défense des familles, cette idée correspond à un réel besoin, les dépenses étant toujours très importantes à l'arrivée du premier enfant. Pour autant, elle se heurtait à une difficulté budgétaire : comment verser les allocations dès le premier enfant tout en restant à budget constant ?
La solution estrosienne est simple : baisser les allocations à partir du 3ème enfant  : moins 90 € par mois pour 3 enfants, moins 160 € par mois pour 4 enfants, etc ! Ainsi, sous couvert d'une mesure sociale attendue (les allocations dès le 1er enfant), Christian Estrosi propose une régression sociale majeure (baisser les allocations des familles nombreuses). Ainsi va la fable du gaullisme sociale... (pour plus de détails, lire ici).

jeudi 27 juin 2013

Montebourg vs Barroso : défendre les peuples européens face à l'austérité

Bien mal connaître Arnaud Montebourg serait de penser que la polémique l'opposant à José Manuel Barroso n'est qu'une question de personne et non un clivage politique profond.

Si beaucoup se sont émus de la formule du Ministre du Redressement Productif français selon laquelle le Président de la Commission Européenne était le "carburant du Front National", peu ont écouté sa déclaration complète (voir ici, à partir de 6'20").

Interrogé sur les résultats électoraux de Villeneuve sur Lot, Arnaud Montebourg a identifié la pression exercée par l'Union Européenne sur des gouvernements démocratiquement élus comme étant la principale cause de la montée du Front National en France et, plus largement, de l'extrême droite en Europe, les empêchant de répondre aux attentes des peuples européens. La politique d'austérité de l'UE donne raison à tous les partis souverainistes et populistes anti-européens, en Italie comme en Allemagne. Il s'agit désormais de tirer les conséquences économiques mais aussi politiques de cette pression.

Si Arnaud Montebourg a cité José Manuel Barroso, c'est en réaction aux déclarations de ce dernier disant que la défense de l'exception culturelle française, et donc la critique de la mondialisation, est une posture réactionnaire. M. Barroso fait partie de ces dirigeants qui ont "institutionnalisé" l'Union Européenne comme une structure allant contre les peuples européens. C'est en ce sens qu'il est le "carburant" du FN.

mercredi 29 mai 2013

Emprunts toxiques de la Ville de Nice : pour que Christian Estrosi dise toute la vérité !

Christian Estrosi a déclaré, le 27 mai 2013, qu'il attaquerait Dexia en justice concernant le dernier emprunt toxique de la ville de Nice.
Le solde de l'emprunt en question (n°448), basé sur le taux de change entre l'euro et le franc suisse, s'élève encore à 19 millions d'euros.
Se faisant, Christian Estrosi énonce trois contre-vérités :
1. Il décrète que les finances de la ville sont assainies, ce qui est faux, puisqu'une large partie de la dette de la ville de Nice n'a pas été résorbée mais simplement transférée à la Métropole Nice Côte d'Azur, elle-même surendettée (plus d'un milliard d'euros de dette). Peut-il prétendre avoir assaini les finances de la Métropole Nice Côte d'Azur ?
2. Il déclare vouloir faire annuler le dernier emprunt toxique de la ville avant la fin de son mandat. Or ce n'est pas le dernier. Qu'il nous explique comment et dans quels délais il va solder les deux autres emprunts structurés en cours !
3. Il affirme, toujours lors de sa conférence de presse, qu'en cas de jugement favorable "nous économiserons 18 millions d'euros". Or ce n'est pas vrai. Et là, pour bien comprendre la situation, un peu d'histoire locale s'impose : 
  • En juin 2010, lorsque l'opposition, en la personne de Yann Librati, président PS de la commission des finances de la ville de Nice, dénonce la présence d'emprunts toxiques dans les finances de la ville, souscrits sous l'ère Peyrat, et demande à Christian Estrosi de les renégocier ou d'attaquer Dexia en justice, ce dernier nie le problème. Il reconnait qu'il y a des emprunts structurés, certes, mais il récuse même, en conseil municipal, le qualificatif de "toxique" ! Puis, à force de persévérance, il admet la réalité de leur dangerosité... mais ne fait toujours rien. 
  • Sous la pression politique et médiatique, il renégocie enfin l'emprunt 448 en le gelant, c'est-à-dire en le convertissant temporairement en emprunt à taux fixe. 
  • Le Collectif pour un Audit Citoyen de la dette et Anticor mettent à leur tour la pression sur le maire de Nice et l'interpellent sur la nécessité d'une action en justice avant la prescription, rendant toute action impossible. 
  • In extremis, Christian Estrosi cède et décide enfin d'attaquer Dexia, annonçant haut et fort qu'il va économiser ainsi 18 millions d'euros. 

dimanche 12 mai 2013

Hold up sur la VIème République : ne Mélenchon pas tout !

Le mot d'ordre de la marche citoyenne du 5 mai 2013 organisée par Jean-Luc Mélenchon était un appel à la VIème République... mais sans jamais définir la VIème République en question.

Jean-Luc Mélenchon a tenu, durant cette manifestation, un triple discours : à la fois anti-austérité, anti-Hollande et pour la VIème République.
Précisons d'emblée que ces trois discours sont légitimes, mais pris séparément. Nous pouvons à bon droit rejeter la politique économique d'austérité de l'Union Européenne et je m'associe à ce rejet. Je comprends très bien les "déçus du changement" qui espéraient tant de la première année du quinquennat de François Hollande, même si je ne partage pas les critiques de Jean-Luc Mélenchon à l'égard du gouvernement et du Président de la République. Je soutiens l'action d'Arnaud Montebourg et l'idée d'une VIème République pour en finir avec les dérives du présidentialisme français et, a priori, voir cette idée reprise et diffusée est une satisfaction.
Pour autant, en superposant les discours, on brouille le message. Cette confusion, si elle ne porte pas atteinte aux arguments contre l'austérité en Europe ou contre la politique de François Hollande, porte atteinte à l'idée de VIème République en France et, de fait, nuit à sa possible mise en oeuvre. La démarche s'avère, en définitive, contre productive.

samedi 6 avril 2013

Christian Estrosi et l'instrumentalisation du vote pied-noir (suite)

En mars dernier je publiais sur ce site un article intitulé "Christian Estrosi, le vote pied-noir et la tentation communautariste" qui a suscité de nombreuses réactions et a provoqué un débat constructif sur l'hégémonie réelle ou supposée d'un vote pied-noir à Nice.
Christian Estrosi, maire de Nice, vient de franchir un pas supplémentaire dans l'instrumentalisation du vote pied-noir en inaugurant (avec les deniers des contribuables niçois) une plaque commémorative aux victimes tuées après le 19 mars et en annonçant le lancement d'une pétition contre la loi du 6 décembre 2012 instaurant le 19 mars comme "journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc".
Pour mémoire, Christian Estrosi avait refusé d'appliquer la loi et d'organiser une commémoration le 19 mars à Nice. Ne lui en déplaise, la loi a bien été appliquée et la commémoration a eu lieu, organisée par le Préfet.
Je précise qu'il n'est pas ici question de contester les drames survenus après le 19 mars ni de prétendre que les accords d'Evian marquent la fin réelle du conflit. Cela relève du travail des historiens et il leur revient de trancher ces questions.