jeudi 11 mai 2017

Pour que les élus achèvent leur mandat et respectent les électeurs

Puisque certains considèrent que les mandats électifs sont interchangeables, affichent un mépris total des citoyens et font fi des engagements pris, voici deux propositions simples en vue de la moralisation de la vie publique.

Nous avons vu un candidat, et non des moindres, se faire élire à l'élection présidentielle et mettre en oeuvre une politique allant à l'encontre de ses engagements de campagne. Le dépit et le dégoût suscités chez les électeurs fut à la hauteur des espoirs levés et continuent à alimenter le rejet de l'ensemble de la classe politique.

Nous voyons désormais un candidat se faire élire à une élection municipale en promettant la mise en oeuvre d'un programme pendant toute la durée du mandat, puis partir un cours de route pour courir une autre élection, régionale celle-ci, en promettant là aussi la mise en oeuvre d'un programme pendant tout un mandat, pour finalement ne pas achever non plus ce second mandat et revenir au premier... 
Ce genre de pratiques retire toute crédibilité à la politique et donne raison aux abstentionnistes. Les mandats ne sont pas interchangeables et une candidature électorale est un engagement moral vis-à-vis des citoyens. 
Nous voyons également une candidate renoncer à son mandat pour convenance personnelle et familiale, sans justifier d'une situations exceptionnelles ou d'un cas de force majeure.
On ne peut prétendre servir l'intérêt général en bradant ses mandats et ses engagements au grès de ses envies.
Puisque le non cumul des mandats est contourné avant même son entrée en vigueur, puisque la proposition de révocation des élus est dans ce cas inopérante et puisque les élus en question ne semblent pas se sentir tenus par leur engagements moraux vis-à-vis des électeurs, je soumets deux propositions pour contribuer à la moralisation de la vie publique :
1. Qu'un élu qui n'a pas achevé son mandat de façon volontaire et sans justifier d'un cas de force majeure ou d'une situation exceptionnelle rembourse l'intégralité des indemnités perçues pour ce mandat.
2. Qu'un élu exerçant un mandat exécutif local ne puisse pas être candidat à un autre mandat exécutif local tant qu'il n'a pas achevé son mandat en cours s'il ne justifie pas d'un cas de force majeure ou d'une situation exceptionnelle.
J'ajoute, en tant que niçois, qu'il est intolérable de constater que Nice et les Niçois soient considérés comme de simples variables d'ajustement dans une carrière politique, quelle qu'elle soit. 

lundi 8 mai 2017

8 mai 2017, le jour d'après

Félicitons l'ensemble des citoyens qui ont empêché l'extrême droite d'accéder au pouvoir et notamment ceux qui sont passés outre leur opposition au candidat élu pour préserver la démocratie en France. Nous avons accompli notre devoir citoyen et nous pouvons en être fiers. Pour autant, de nombreuses questions se posent, comme autant de chantiers ouverts à traiter sans tabou ni faux-semblants...

En ce 8 mai mes pensées vont aux morts pour la France et la fin de l'oppression nazie. Mes pensées vont également aux morts de Sétif, de Guelma et de Kherrata.
En ce 8 mai 2017, au lendemain de la défaire de Marine Le Pen à l'élection présidentielle, félicitons l'ensemble des citoyens qui ont empêché l'extrême droite d'accéder au pouvoir, et notamment ceux qui sont passés outre leur opposition au candidat élu pour préserver la démocratie en France. 
Nous avons accompli notre devoir citoyen et nous pouvons en être fiers.
De très nombreuses questions se posent désormais à nous, comme autant de chantiers ouverts que nous devons affronter sans tabou et sans faux semblants : la fabrique surréaliste d'un président totalement inconnu du grand public quatre ans auparavant ; l'inaptitude crasse de la gauche à se rassembler, le poids des egos et la guerre des appareils qui nous ont directement mené à la possibilité du pire ; la progression d'une abstention militante et la non prise en compte totalement irresponsable du vote blanc ; le choix de onze millions d'électeurs de voter pour un parti xénophobe, 73 ans après la chute du régime de Vichy...
Nous avons élu Emmanuel Macron par devoir, tout en sachant que nous devrons combattre sa politique. Nous devons maintenant faire preuve de la plus grande vigilance, d'une opposition de combat, ferme et constructive, tant sur nos acquis sociaux que sur l'exercice du pouvoir et le maintien des contre-pouvoirs démocratiques, sans pour autant tomber dans l'opposition systématique et stérile qui a fait tant de mal à la politique par le passé.
A l'heure où les étiquettes et les familles politiques ont volé en éclat devant la cupidité, l'avidité du pouvoir et les ambitions personnelles, à l'heure où triomphe en France, sur "le vieux continent", un libéralisme intégral doublé d'un capitalisme aveugle, la composition de l'Assemblée Nationale s'avère plus que jamais déterminante pour ce nouveau quinquennat. L'échec du rassemblement de la gauche et des écologistes à la présidentielle démontre l'impérative nécessité d'une convergence pour les législatives et la présence d'une seule candidature réellement de gauche par circonscription.
Le temps de la refondation a sonné pour la gauche et pour l'écologie politique. Elle passera, plus largement, par la réappropriation de nos idéaux de solidarité, d'égalité, de tolérance et d'humanisme. Elle passera immanquablement, nous le savons, par l'action citoyenne, libre, responsable, vivante et perpétuellement revivifiante.

lundi 24 avril 2017

Billet d'entre-deux-tours, tourments d'entre-deux-maux

Le non rassemblement de la gauche ne nous laisse de choix qu'entre l'abstention, le vote blanc, l'ultralibéralisme ou l'extrême droite. Chacun votera en conscience mais la transparence et le courage politique imposent de dire ce que l'on va faire soi-même, à titre individuel, et la situation nous impose de penser, collectivement, la refondation de la gauche.

L'absence de rassemblement de la gauche nous a privé de second tour. Pire, elle ne nous laisse le choix qu'entre l'abstention, le vote blanc, l'ultralibéralisme ou l'extrême droite.
Poids des égos ? Des postures politiques ? Des partis ? Ce non rassemblement prévisible entraîne une défaite prévisible et lourdes de conséquences.
En l'absence de rassemblement chacun a voté en conscience pour le ou la candidat(e) de son choix. La plupart a voté Melenchon, d'autres, dont je fais partie, ont voté Hamon, d'autres encore ont voté Arthaud ou Poutou. Au sortir de l'immense gâchis du quinquennat Hollande la gauche pèse moins de 30% en France. Malgré ce faible score global un accord nous aurait mathématiquement garanti la présence de nos idées et de nos valeurs au second tour.
Nous avons pourtant signé des appels pour le rassemblement, organisé des apéros citoyens, des manifestations, nous avons prêché dans le désert et nous avons échoué à convaincre. Mais nos idées font du chemin et le triste résultat du 23 avril 2017 nous donne malheureusement raison. 
Nous avons appelé à un rassemblement de la gauche et des écologistes à court (présidentielles), moyen (législatives), et long terme. Nous devons désormais oeuvrer au rassemblement pour les législatives : une seule candidature de gauche par circonscription ! Le poids de nos représentants à l'Assemblée Nationale s'avérera déterminant que ce soit l'ultralibéralisme ou que ce soit l'extrême droite qui accède au pouvoir.
Mais, avant cela, se pose l'épineuse question du second tour. Là encore chacun votera en conscience et il n'y a pas à donner de consignes aux consciences. Pour autant, la transparence et le courage en politique imposent de dire ce que l'on va faire soi-même, à titre individuel. 
J'ai voté Benoît Hamon car c'est le candidat dont les idées sont les plus proches des miennes et dont le projet politique est à mon sens le meilleur pour notre pays. Je remercie Benoît Hamon pour sa campagne digne, courageuse et résolument novatrice. Il a subi les trahisons des élites dites socialistes, celles qui n'ont pas toléré notre "fronde" passée alors que nous ne faisions que défendre les engagements donnés aux français et les valeurs du socialisme véritable.
Nous savons ce qu'est la politique d'Emmanuel Macron puisqu'il a été conseiller à l'Élysée puis ministre durant deux ans. Deux ans durant lesquels les lois libérales Macron et Macron 2, rebaptisée El-Khomri pour préserver le futur candidat, ont été imposées toutes deux aux forceps du 49-3 et au mépris du pouvoir législatif.
Voter Macron c'est voter pour la victoire du modèle libéral anglo-saxon, un pur produit marketing servant les intérêts des puissants, la derégulation sociale, le désastre environnemental et toujours plus de vies brisées. 
In fine, le libéralisme intégrale mène à l'extrême droite car à force de déposséder le pouvoir politique au profit des intérêts économiques et de saigner sans cesse les plus faibles, les masses désoeuvrées se tournent vers ceux qui leur apparaissent comme les derniers recours possibles.
Voter pour Macron revient à voter pour tout ce que je combats et je vais pourtant le faire, par devoir citoyen. 
Je vais devoir voter Macron tout en sachant qu'il criera victoire et aura les mains libres comme Jacques Chirac avant lui en 2002.
Je vais devoir voter Macron tout en sachant que ses soutiens politiciens indignes, ceux qui incarnent tout ce qui discrédite l'action politique et avec qui je ne veux rien avoir à faire, vont crier victoire grâce à ma voix.
Je vais devoir voter Macron tout en sachant que je devrai combattre les mesures qu'il mettra en oeuvre grâce à mon vote. 
Je vais devoir voter Macron car, au-delà du tumulte du moment et des vicissitudes de la vie démocratique, ma décision s'inscrit dans l'Histoire de notre pays, et chacune de nos décisions individuelles constituent notre Histoire commune.
Le citoyen David Nakache que je suis se refuse, en m'abstenant ou en votant blanc, à laisser la France se doter d'un gouvernement d'extrême droite 73 ans après le régime de Vichy.
Si le libéralisme entraîne la ségrégation économique et sociale, l'extrême droite, économiquement libérale et politiquement xénophobe, réactionnaire et autoritaire, entraîne des dangers plus importants encore : en plus des ségrégations sociales et économiques, des discriminations pour ce que nous sommes : nos origines, nos croyances, nos engagements politiques, nos orientations sexuelles. 
C'est la survie de notre démocratie qui est remise en question.
Entre deux maux nous devons choisir le moindre car ne pas choisir revient à laisser choisir les autres. Entre deux maux je choisi le moindre et, du fait de notre faute politique collective et de notre incapacité à nous rassembler, je voterai Emmanuel Macron le 7 mai 2017.
Localement Marine Le Pen arrive en tête dans les Alpes-Maritimes et François Fillon à Nice. Reste désormais à poursuivre notre travail de convergence et de rassemblement de la gauche niçoise, azuréenne, française et européenne sur des lignes idéologiques claires et des bases structurelles saines.
Le temps n'est plus aux recompositions d'appareils et aux guerres de salons. Nous devons refonder la gauche en nous forgeant de nouvelles armes, en portant haut nos valeurs d'humanisme, de solidarité et de justice sociale.

lundi 17 avril 2017

Billet de campagne

En l'absence de rassemblement aux élections présidentielles et alors que la gauche hésite entre Hamon et Mélenchon, François Hollande choisit de faire le jeu du FN et finit son triste quinquennat de façon totalement irresponsable. Reste à chacun à faire son choix en conscience et à assumer ses positions, et je me plie à l'exercice...

On a tout dit et tout écrit sur cette folle campagne. Ecrire un papier pour appeler à voter pour untel ou untel serait presque faire insulte aux électeurs qui sont bien assez grands pour lire les programmes et choisir. Ecrire un papier pour dire pour qui l'on va voter, soi, est bien vaniteux, une voix parmi tant d'autres, quelle importance ? Je vais pourtant écrire un mot, au risque de ces deux écueils, par soucis de clarification et de franchise, pour que les choix de chacun soient clairement posés et totalement assumés ensuite.

Le rassemblement de la gauche et des écologistes

Je suis partisan du rassemblement de la gauche et des écologistes sur une base idéologique claire à court (présidentielles), moyen (législatives) et surtout long terme. Les appels, dont l'appel des 100 dont j'étais signataires, ont poussé à une convergence bien avant l'emballement médiatique de la campagne. L'accord entre Yannick Jadot et Benoit Hamon, s'il a mis du temps à éclore, est positif et constructif.
Au début de cette campagne, certains prônaient un rassemblement en espérant à demi-mots un ralliement de Jean-Luc Mélenchon à Benoit Hamon. Alors que le premier est désormais dans le quatuor de tête et le second très bas dans les sondages, d'autres demandent au second de se désister pour le premier. Le rassemblement, la convergence, n'a jamais été, dans ma conception des choses, une soumission de l'une à l'autre, mais toujours un accord entre les parties.
En l'absence de rassemblement aux présidentielles, la ligne à tenir est simple : que chacun vote selon sa conscience et que cela n'entrave pas notre profond travail de convergence.
Dans les Alpes-Maritimes, l'essentiel est de bâtir une plate-forme commune de rassemblement pour enfin changer la donne localement. Nous devons, ici plus qu'ailleurs encore, lutter contre les inégalités sociales, les dégâts environnementaux, les atteintes aux libertés fondamentales, la xénophobie et la corruption. Nous posons des jalons pour l'avenir.

Hamon ou Mélenchon ?

Reste l'épineuse question du choix entre les candidats de gauche. Sans vouloir leur faire outrage, je ne parlerai pas ici de Nathalie Arthaud et Philippe Poutou pour me concentrer sur Mélenchon et Hamon.
Je suis de ceux qui votent selon leurs convictions et non selon les sondages et je voterai Benoît Hamon.
Je sais que ce choix peut surprendre puisque j'ai quitté le PS et que Benoit Hamon apparaît comme le candidat du PS, soutenu officiellement par le PS même si l'appareil ne fait pas campagne pour lui.
Je souhaitais, comme beaucoup, que Benoit Hamon, Arnaud Montebourg, Gérard Filoche et plus globalement les "frondeurs" quittent le PS il y a trois ans. Si certains me disaient pouvoir tolérer le virage libérale de la politique de l'offre et du CICE, personne ne pouvait (et ne devait) accepter le tournant de la tentative de rupture de l'égalité républicaine (déchéance de nationalité) et le non respect de l'équilibre des pouvoirs en France (pouvoir législatif en retrait par le 49.3, pouvoir judiciaire en retrait par la loi renseignement et l'état d'urgence). Ils auraient alors pu constituer un groupe indépendant à l'Assemblée et au Sénat, créer une nouvelle force politique sans aucune ambiguïté idéologique.
Je souhaitais, dans la même logique, des primaires de la gauche sans le PS, non organisées par le PS, ouvrant un large débat incluant EELV, le PG, Ensemble!, le PCF, ND, LO, le NPA (j'en oublie sûrement) et les frondeurs du PS.
Le PS est actuellement divisé entre un appareil aux mains des tenants de la ligne sécuritaro-libérale Valls-Hollande-Cambadelis, et un candidat désigné par les primaires sur une ligne réellement socialiste. J'ai quitté le PS et je n'ai pas le sentiment, en votant pour le projet politique auquel j'adhère, de renier quoique ce soit ou de donner quitus à l'appareil PS que j'ai combattu et dont je condamne les agissements, nationalement comme localement.
Je respecte le vote pour Jean-Luc Melenchon avec qui j'ai des très nombreux points d'accord et quelques divergences (politique internationale, Europe, populisme, modalités de mises en oeuvre de la VIème République).
Nous savons que le non rapprochement Hamon-Mélenchon risque de nous priver de voix au second tour. Pour autant, une victoire de Melenchon, comme une victoire d'Hamon, représenterait une chance déterminante pour notre pays et permettrait aux tenants des deux lignes politiques qu'ils incarnent de travailler ensemble.
Je regrette que l'annonce de mon choix ait suscité des invectives et quelques insultes venant de camarades avec qui j'ai pourtant partagé de nombreux combats. Ce choix, soutenir le candidat le plus proche de mes idées envers et contre les sondages du moment, reviendrait à priver la gauche d'un accès au pouvoir et moi et tous ceux qui ferions ce choix en serions les principaux responsables...
J'entends le calcul parfaitement rationnel fait en fonction des lignes éditoriales des commentateurs et des "enquêtes" d'opinions, mais quelque chose me retient, quelque chose de profond qui fait que je ne serais pas en accord avec moi même si je ne votais pas pour ce que je crois être le meilleur pour notre pays. Certes, l'ensemble des médias a disqualifié d'avance le candidat qui porte les idées auxquelles je crois, mais je vais rester fidèle à mes idées, et advienne que pourra.
Pour le second tour, si Hamon est absent :
- Je voterai Mélenchon avec satisfaction s'il est présent, qui que ce soit en face.
- Si Macron est présent face à Le Pen, entre l'ultra-libéralisme et l'extrême droite, je voterai ultra-libéral, la mort dans l'âme.
- Si Fillon est face à Le Pen, entre droite extrême et extrême droite, je ne choisirai pas et voterai blanc.

Hollande, faire encore et toujours le jeu du FN

Revenons maintenant sur un dernier événement de campagne. Outre le fait que Le Pen et Fillon auraient dû être disqualifiés suites aux affaires les concernant, un autre fait mérite effectivement attention : une candidate à l'élection présidentielle tient des propos révisionnistes et remet en question la responsabilité de la France dans la rafle du Val d'Hiv. La polémique enfle trois jours, puis retombe. Comme pour allumer un contre feu éculé on taxe un candidat opposé de "communiste" et bientôt de bolchevique, oh la belle affaire !
La réalité, c'est que Marine Le Pen est au XXIème siècle ce que sont père fût au XXème : une candidature révisionniste et xénophobe, dangereuse pour la démocratie, une candidature qui devrait être interdite.
Que François Hollande critique davantage Melenchon que Marine Le Pen, revient clairement, pour le chef de l'Etat, à faire le jeu du FN, et, oui, il y a du Mitterrand chez cet homme là...
De fait, les attaques d'un président soumis à la finance ne font que renforcer le vote Mélenchon. François Hollande, qui n'a toujours pas compris que personne ne voulait de son soutien, ne comprend pas également que plus il vous critique, plus vous progressez.
Alors que son retrait de la course à la présidence avait pu faire croire à certains à un ultime retour de dignité de la part de l'homme du Bourget, c'est sur cette posture irresponsable que s'achèvera son triste quinquennat.
Nous sommes à l'aube d'un possible. Le changement n'a pas à être un "maintenant", mais à durer longtemps, à s'installer dans la durée et à transformer en profondeur notre société. Comme l'écrivait Gide, "savoir se libérer n'est rien ; l'ardu, c'est savoir être libre".

dimanche 26 mars 2017

Pour une refondation de la gauche azuréenne

L’opportunisme électoral des ralliements à Emmanuel Macron contribue au "tous pourris" qui fracture le lien de confiance en citoyens et élus. Il masque de plus une conversion au libéralisme intégral qui prépare à termes l'avènement de l'extrême droite. Dans les Alpes-Maritimes, plus qu'ailleurs encore, un rassemblement de la gauche et des écologistes est une absolue nécessité.

La gauche azuréenne est dans un état critique. Le Parti Socialiste, longtemps première force politique de gauche des Alpes-Maritimes, est en déliquescence.
Patrick Allemand, leader de l’opposition municipale niçoise, a rallié Emmanuel Macron, contre le candidat démocratiquement élu par les primaires.
Xavier Garcia, 1er secrétaire fédéral du PS 06, travaille à des alliances pour les législatives avec le camp Macron, sapant lui aussi la campagne du candidat désigné par les primaires qu’il a lui-même organisé dans le département.
Le PRG 06 ne semble pas suivre la décision nationale et ne fait pas campagne pour Benoit Hamon.
Au-delà des personnes, le ralliement à Emmanuel Macron masque en réalité une conversion à un libéralisme aveugle, qui, sous couvert de barrage à l'extrême droite, n'en n'est pas moins dangereuse pour la France. 
Partout où le libéralisme intégral a été mis en œuvre, les politiques se sont trouvés privés de toute marge de manœuvre et de tout pouvoir réel. Partout les conditions de vie se sont dégradées, la désespérance a gagné du terrain et a jeté ceux qui souffrent dans les bras d'une extrême droite apparaissant à leurs yeux comme la seule alternative. Tout en prétendant être le seul rempart face au FN, la conversion au libéralisme prépare en réalité, de façon totalement irresponsable et, je l’espère, inconsciente, son avènement.
Déjà, la tendance vallsiste avait instauré une ligne politique arc-boutée sur l’obsession identitaire, une laïcité falsifiée à des fins islamophobes, un quitus donné à la tentative de déchéance de nationalité et s’était perdue, sous-couvert de peur des attentats, dans un soutien coupable à la politique ultra-sécuritaire locale.
Le manquement à la parole donnée, le non-respect des engagements pris et les trahisons à répétition constituent un manque d’éthique flagrant. Ils contribuent au « tous pourris » qui jette l’opprobre sur l’ensemble des élus et accentue la fracture entre les citoyens et leurs représentants. En pleines affaires Le Pen et Fillon, ils donnent le sentiment que la classe politique dans son ensemble n’est pas digne de confiance. Ces reniements successifs sont insupportables. Nous n’en pouvons plus. Nous avons atteint notre seuil éthique de tolérance.
Nationalement, Yannick Jadot et Benoit Hamon ont eu l’intelligence collective de dépasser les égos et de conclure une alliance. EELV a su retirer sa candidature pour faire porter plus efficacement ses idées et ses propositions pour le pays.
Le poids des partis et des égos empêche une alliance entre Benoit Hamon et Jean-Luc Melenchon, alors que leurs programmes et, plus encore que telle ou telle mesure, leur façon d’appréhender les mutations profondes de notre société et de penser les solutions à mettre en œuvre sont très proches.
Mais localement, un rassemblement de la gauche et des écologistes est possible comme l’ont montré Cécile Dumas et Arnaud Delcasse dans la 7ème circonscription. Un appel citoyen a récemment été lancé en ce sens. Je vous invite à le signer ici.
Les succès de l’apéro-citoyen du 4 mars et du rassemblement du 11 mars à Nice ont été l’expression d’une volonté commune, forte et déterminée. Il s'agit d'agir à court, moyen et long terme en oeuvrant pour :
- Une candidature unique à gauche pour l'élection présidentielle et à un accord entre Benoît Hamon et Jean-Luc Melenchon
- Des candidatures uniques, réellement à gauche, aux élections législatives
- Bâtir une alternative à gauche dans les Alpes-Maritimes
Personne ne peut prédire l'issue d'un suffrage, encore moins après le Brexit et la prise de pouvoir de Donald Trump. Si le pire arrive pour la France, nous devrons nous poser la question : "Avons-nous réellement tout fait pour éviter cela ?"
Et que dire de l'absurdité consistant à attendre d'être à quelques mois d'une élection présidentielle pour savoir ce sur quoi nous sommes d'accord ou non ? Les différentes forces de gauche doivent se parler tout au long de l'année, unir leurs efforts sur des causes communes tout en gardant chacune leur spécificité et leur liberté d'action.
Sans un rassemblement de la gauche nos idées et nos valeurs ne seront pas représentées au second tour de l'élection présidentielle et les Français ne pourront choisir qu'entre, au mieux un libéralisme intégral, au pire la droite extrême ou l'extrême droite.
Sans un rassemblement de la gauche dans les Alpes-Maritimes les voix seront à nouveau divisées en juin et nous resterons un département sans aucun député de gauche pour nous représenter à l'Assemblée Nationale.
Sans un rassemblement de la gauche nous, citoyens solidaires et humanistes, serons à nouveau condamnés à rester spectateurs sans pouvoir peser réellement sur le destin des Alpes-Maritimes.
Dans notre département comme dans le reste de la France, la recomposition de la gauche et de l’écologie politique est en cours. A nous d’en faire une refondation.

jeudi 23 mars 2017

Notre seuil éthique de tolérance

Certains élus se comportent comme une caste privilégiée protégeant les siens : manquement à la parole donnée, mensonge, fraude, corruption, le tout en nous donnant des leçons de probité et en demandant aux plus pauvres de faire toujours plus de sacrifices. L'effarement, la colère puis la nausée nous assaillent. Nous n'en pouvons plus. Nous avons atteint notre seuil éthique de tolérance.

Aux obsèques d'André Tosel m'est revenue en mémoire une discussion que nous avions eu jadis. Je lui expliquais laborieusement ce pourquoi je ne pouvais plus rester adhérent du parti au sein duquel je militais. Après m'avoir longuement écouté, il résuma en une phrase simple et limpide le déluge verbal auquel je m'étais livré dans le marasme d'une situation qui me semblait alors inextricable : "vous avez atteint votre seuil éthique de tolérance."
Si la sagacité du philosophe m'a alors marqué, ses mots résonnent encore en mon esprit. Mais, bien au-delà de ma situation personnelle et de la déliquescence du Parti Socialiste que j'ai quitté depuis, c'est notre société dans son ensemble qui a atteint, aujourd'hui, son "seuil éthique de tolérance".
Violence inouïe du terrorisme et peur permanente des attentats, crise écologique majeure, crise humanitaire des réfugiés politiques, économiques et écologiques, injustices sociales et captation des richesses par le plus petit nombre, discriminations organisées par les autorités elles-mêmes, partout, populisme, xénophobie, repli identitaire et rejet de l'autre. La haine est là, palpable, prête à exploser sous le moindre prétexte.
A ce sombre tableau s'ajoute l'impunité totale d'une classe dirigeante infecte. Certains de nos représentants, pourtant démocratiquement élus, se comportent comme une caste privilégiée protégeant les siens : manquement à la parole donnée, mensonge, indignité, fraude, corruption, le tout en donnant des leçons de probité à la terre entière et en demandant aux plus pauvres de faire toujours plus de sacrifices.
L'effarement devant de tels comportements fait place à la colère devant tant de morgue. La colère cède à son tour devant la nausée qui nous prend et nous submerge. Nous n'en pouvons plus.
Oui, nous avons bien souvent l'impression de nous battre contre des moulins à vent. Oui, la tentation est grande de baisser les bras, de se retirer du monde ou de tenter de le subir le moins possible dans un sauve-qui-peut généralisé. Mais nous savons, au fond de nous, que nous ne pouvons pas ne pas agir, que nous devons faire face. Nous devons alors faire le pari de l'empathie, de la bienveillance et de l'humain. Nous devons revenir à nos fondamentaux d'humanisme et de solidarité, chacun apportant sa part. 
Mais, dans l'urgence d'une élection présidentielle, nous devons avant tout et au minimum sanctionner le mensonge et la corruption. Le maintien des candidatures de Marine Le Pen et de François Fillon est tellement aberrant qu'on nous pousse presque à remercier Bruno Le Roux d'avoir démissionné. Cette situation est surréaliste.
L'assainissement des pratiques publiques et de l'usage du pouvoir est la condition de possibilité d'une démocratie saine et active. C'est l'une des clefs de la lutte contre l'abstentionnisme et donc de l'indispensable barrage à l'extrême droite. Oui, nous avons bel et bien atteint notre seuil éthique de tolérance. Et l'avènement de la VIème République n'en n'est que plus urgent et plus indispensable encore.

lundi 13 mars 2017

La conversion au libéralisme

Il y a deux ans j'ai dû quitter le parti socialiste afin de rester socialiste. Ceux-là même qui vidaient le Parti Socialiste de son âme, qui trahissaient les idéaux du socialisme et qui me reprochaient ma "fronde" appellent aujourd'hui à voter contre le candidat du PS, actant ainsi une conversion au libéralisme lourde de conséquences.

Il y a deux ans j'ai dû quitter le parti socialiste afin de rester socialiste et de mettre mes actes  en conformité avec mes valeurs.
Ceux-là même qui vidaient le Parti Socialiste de son âme, ceux-là même qui trahissaient les idéaux du socialisme et qui me reprochaient mes prises de position et ma "fronde" appellent aujourd'hui à voter contre le candidat du PS, pourtant désigné légitimement par une primaire ouverte à laquelle ils ont participé et dont ils doivent respecter les règles.
Je respecte les personnes mais je m'oppose aux décisions politiques néfastes pour notre pays. 
La conversion au libéralisme intégrale est certes généralisée, certes faite sous couvert de barrage à l'extrême droite, elle n'en n'est que plus dangereuse pour la France. 
Partout où le libéralisme aveugle a été mis en oeuvre, les politiques se sont trouvés privés de toute marge de manoeuvre et de tout pouvoir réel. Partout les conditions de vie se sont dégradées, la désespérance a gagné du terrain et a jeté ceux qui souffrent dans les bras d'une extrême droite apparaissant à leurs yeux comme la seule alternative.
Chacun agit en son âme et conscience. Mais une véritable conscience collective doit nous mener non pas vers le chacun pour soi libéral, mais vers l'émancipation individuelle et collective, le progrès et la justice sociale.